Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-06-03
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 03 juin 1893 03 juin 1893
Description : 1893/06/03 (N84). 1893/06/03 (N84).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32632841
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
2 e Année — N° 84 — Samedi S Juin 1892.
DIX CENTIMES LE NUMERO
2 e Année — 15 Prairi
01 — r 84.
Réveil
ORGANE RÉPUBLIC
Havre
l»UI\ DES ABOIEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements 6 fr. 3 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIEH, 15
LE RÉVEIL DU HA VRE ‘paraît le Samedi' 1 '
PRIX MS INSERTION ;
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent. la ligne
On traite â Forfait
AVIS A NOS ABONNÉS
Certaines irrégularités s’étant produi
tes dans les encaissements de nos abon
nements et annonces, nous prions ins
tamment nos abonnés de ne payer que
chez M. F. Le Roy, imprimeur, ou sur
quittance présentée par la poste.
A M. !e Ministre de la Marine
Monsieur le chef du service de la marine
Le Grix, qui ne manque jamais une occasion
de manifester ses sympathies pour le clan
réactionnaire et clérical de notre ville, a ho-
noréde sa présence l'inauguration de la Crèche
Sainte-Marie, placée sous la direction de l'an
cien personnel congrénatiste du Bureau de
bienfaisance.
Que Mme Le Grix encourage les œuvres clé
ricales et quête aux sermons du père Monsa-
bré, comme elle l’a fait à celui du 2 mars 1892,
prêché en faveur des écoles libres, passe encore,
mais que Monsieur le chef du service de la
marine se rang a publiquement sous la bannière
des cléricaux pour protester contre la décision
du Conseil municipal concernant la laïcisation
des services du Bureau de bienfaisance, nous
ne pouvons l’admettre.
11 ne peut y avoir de doute sur le caractère
de la manifestation de dimanche à laquelle
s’étaient abstenus de prendre part Monsieur
le sous-préfet et l’administration municipale
du Havre, malgré les pressantes invitations
faites par ceux qui avaient pris l’initiative de
la création de cette Crèche.
Si Monsieur Le Grix préfère les récaction-
naires aux républicains, qu’il mette ses actes
d’accord avec ses sentiments et qu'il quitte
l’Arsenal pour faire place à un administrateur
plus respectueux du gouvernement qui le
paie.
Nous espérons que M. l’amiral Rieunier
voudra bien rappeler à M. le chef du service
de la marine au Havre, que les fonctionnai
res de la République ont une toute autre
mission que celle d’entrer en lutte ouverte
avec les corps élus de la ville ou ils résident
et qu’il mettra un terme aux velléités de
combat dont paraît être animé M. Le Grix.
NOUVELLE VIOLATION
des
LOIS SCOLAIRES
La note suivante vient d’être remise aux direc
teurs des écoles publiques de l’arrondissement de
Rouen :
Note de Service
En vue de la visite pastorale du Cardinal-
Archevêque de Rouen , M. VInspecteur d’Aca
démie me charge de vous donner les instructions
suivantes :
« Les écoles seront fermées dans la commune
« où a lieu la confirmation. Le jour de cette
« cérémonie , liberté pleine et entière est laissée
« à Vinstituteur des communes voisines dont
« plusieurs élèves doivent être confirmés , de les
« accompagner à la confirmation, mais aucune
« obligation ne lui en est faite ; s'il juge à
« propos de faire la classe ce jour-la , personne
* ne songera à l'en blâmer.
* M. le préfet accorde le jour de congé qui
« peut lui être demandé par le Cardinal-Arche-
« vêque pour les écoles dont celui-ci aura côn
es. firme les élèves , sans que ni l'un ni l'autre de
a ces deux jours doive être remplacé par un
« jeudi.
« Il n’y a pas obligatoirement congé supplê -
« mentaire pour les maîtres et maîtresses qui
« ont conduit des enfants a la confirmation , et
« c’est dans le cas seulement où ce congé leur
« autorisés à le prendre. »
Je vous serai obligé de communiquer la pré
sente note au personnel de votre école.
L’Inspecteur primaire,
Proteau.
Lorsque ce document nous a été communiqué,
nous avons cru, à première vue, qu’il était apo
cryphe, et qu’un faussaire ou un mauvais plai
sant avait abusé de la signature de M. l’Inspec
teur primaire Proteau.
Eu effet, si depuis que la politique de conces
sions à outrance au cléricalisme prévaut dans les
conseils du gouvernement et dans nos adminis
trations publiques, particulièrement dans fadjni-
nistration préfectorale de la Seine-Inférieure,
nous avons assisté à bien des faits décourageants
pour le parti républicain, jamais cependant la
capitulation de l’autorité n'avait revêtu une forme
si complète et si humiliante. ;
Voilà, de par l’ordre de l’inspection académique
les instituteurs publics contraints à saluer, dans
la personne du cardinal-archevêque de Rouen, un
coadjuteur du recteur de l’Académie de Caen.
Dans toute commune où le cardinal ,ya pro
mener les pompes du culte catholique, les^écoles
participeront à ces manifestations. Elles- seront
fermées ce jour-là ; fermées aussi celles des com
munes voisines, alors même que comptant cent
élèves, seulement d’eux d’entre eux figureraient
parmi les enfants à confirmer. Sans doute on
n’ordonne pas aux instituteurs de les accompagner
à l’église, mais on leur laisse clairement entendre
qu’il serait de bon goût de leur part d’ajouter par
leur présence à l’importance de la solennité, et
que les récalcitrants peuvent s’attendre à être
dûment notés...
Ce n'est pas tout.
Il y aura congé d’abord le jour de la, confir
mation ; il y aura ensuite un second congé pour
les écoles auxquelles le Cardinal daignera oc
troyer cette faveur. Elle est accordée d’avance.
Il n’aura pas besoin d’en référer préalablement au
préfet"ni à l’inspecteur d’Académie ; il lui suffira
de dire à l'instituteur qui se sera humblement
prosterné devant sa barrette : « Je donne congé à
vos élèves. » Et ce sera comme si le ministre de
l’instruction publique lui-même avait parlé.
C’est incroyable, et pourtant cela est, puisque
nous avons sous les veux le texte de la note. Et
c’est avec l’autorisation formelle du préfet que ces
instructions, en réalité comminatoires, sont en
voyées au personnel des écoles laïques.
Que deviennent, dans cette répudiation offi
cielle de la neutralité de l’enseignement primaire,
les lois qui l’ont laïcisé? La religion d’Etat est
proclamée, et cette religion est exclusivement le
catholicisme. Le prêtre n est pas encore ouverte
ment autorisé à pénétrer dans les écoles, mais
déjà les écoles sont invitées à manifester publi
quement leur foi catholique dans les églises, a
solliciter les faveurs de Lévêque et à donner ainsi
aux populations l’impression de la toute-puis
sance du clergé romain. Voilà où en est le dépar
tement de la Seine-Inférieure.
Nous appelons sur cat état de choses l’attention
des républicains ; peut-être finiront-ils par penser
que la mesure est comble, et qu’il n’est que temps
de réagir énergiquement contre cette humiliante
politique d’asservissement au parti clérical.
(Le Petit Rouenhais).
SEMAIN E POL ITIQUE
FRANCE
Election sénatoriale du 28 Mai 1893
LOIR-ET-CHER :
MM. Tassin, député républicain... 333 voix, élu.
De Sonnier, modéré 126 —
De Rochambeau, conservât 1 '. 80 —
G. Martin, radical 64 —
Papillon, rallié 18 —
Il s’agissait de remplacer M. Bozérian, républi
cain, décédé.
Election législative de Vervins:
Voici les résultats du scrutin de ballottage :
MM. Denécheau, rédacteur en chef de Y Eclair,
républicain 6,335 voix, élu.
Furcy-Larue, révision 5,630 »
' *
* *
Commission du Budget de 1894. — C’est
M. Bardeau, ancien rapporteur général du budget
et ancien ministre de la marine, qui a été élu pré
sident de la commission du budget, par 18 voix
contre 11 données à M. Lockroy.
En prenant possession du fauteuil, M. Burdeau
a prononcé une allocution, dont voici les princi
paux passages :
.... Notre besogne, cette année, est particulièrement
délicate. Il ne s’agit pas seulement, comme d’ordinaire,
de préparer tous les éléments propres a éclairer la
Chambre dans l’exercice du plus essentiel de ses droits,
le droit de contrôle sur les dépenses et les charges pu
bliques.
If faut encore que ees éléments soient réunis et que
votre rapport soit prêt dans un délai exceptionnellement
bref.
Le vœu de la Chambre à cet égard est formel. Vous
pourrez y répondre sans rien sacrifier de ce qu’exige un
examen attentif et sévère, mais en faisant passer, avant
toute autre préoccupation, la volonté d’aboutir en temps
utile.
Nous contribuerons ainsi, pour la part qui nous in
combe, à assurer le jeu le plus normal, des institutions
parlementaires et à doter le pays, avant notre séparation,
de la loi de finances et des 'réformes fiscales sur les
quelles il est en droit de compter.
* *
Discussion générale du Budget. —Après
la répartition des rapports spéciaux, la discussion
générale a été ouverte.
A propos de la réforme du régime des boissons,
M. Rouvier a éprouvé le besoin de lancer la pointe
suivante à M. Peytrai :
Je suis heureux de constater que l’un des hommes
de cette Chambre qui se montraient naguère un des plus
ardents champions du dégrèvement total des boissons
hygiéniques, nous présente un projet qui se rapproche
beaucoup de celui que j’avGs moi-même élaboré et qu'il
a combattu. Il a senti qu’elles étaient les difficultés du
pouvoir.
M. Salis a ensuite soulevé une question de
droit constitutionnel. La commission doit-elle
attendre que le Sénat ait statué sur la réforme des
boissons pour s’en occuper elle-même, et d’abord
en est-elle saisie par le projet du gouvernement
où cette réforme ne figure que dans l’exposé des
motifs ?
La commission a décidé qu’elle statuerait au
jourd’hui, 2 juin, sur la question.
MM. Salis et Pèlletan doivent, à ce sujet, dé
poser une proposition tendant à ce que la commis
sion s’occupe de la réforme des boissons sans se
préoccuper du Sénat et rétablisse le dégrèvement
total des boissons hygiéniques.
Plusieurs autres commissaires ont ensuite pré
senté différentes observations sur l’ensemble du
projet de budget, et la discussion générale a été
close.
Encore un discours. — M. Constans, jaloux
du succès de M. Dupuy, prononcera, dit-on, très
prochainement un grand discours, dans lequel il
exposera son programme politique, à la veille des
élections générales.
Ce discours, disent nos confrères, se divisera en
quatre parties qui sont les suivantes :
1° La République doit être ouverte à tous les
ralliés sincères de façon à inaugurer une ère
d’apaisement ;
2° Maintien des lois scolaire et militaire, mais
avec une large tolérance dans leur application ;
3° Elaboration d’une loi contre les excès de la
presse ;
4° Répression des abus résultant du fonction
nement des syndicats professionnels.
D’après ce programme, il nous est permis de
croire que le discours de M. Constans ne vaudra
gaère mieux que celui de M. Dupuy.
Nous ne voulons pas discuter par anticipation
les déclarations sur lesquelles on ne nous fournit
que de très vagues données. En ce qui touche la
première partie du discours annoncé, peut-être
serons-nous d’accord avec l’ancien ministre ; la
République, nul ne le conteste, doit être ouverte
aux ralliés sincères ; il s’agit seulement de savoir
ce qu’on entend par « rallies sincères » et dans
quelle mesure ou veut-leur ouvrir la République.
Mais où M. Constans nous paraît manquer abso
lument de logique, c’est quand il réclame à la fois
une large tolérance dans l’application des lois
militaire et scolaire et l’observation rigoureuse de
la loi sur les syndicats professionnels.
Tant d’indulgence pour les ennemis de la Répu
blique ! Tant de sévérité pour des ouvriers en
grande majorité républicains!
Ce n’est pas que M. Constans ait jamais passé
pour un radical effréné, mais on lui avait reconnu
jusqu’à présent un certain gros bons sens politique
et c’est cette qualité, si rare chez tant d’hommes
d’Etat, qui lui a valu longtemps la confiance de la
majorité.
Bien certainement, les intentions qu’on lui
prête, ne ramèneront pas cette confiance.
■k
* *
Les Syndicats ouvriers. —Plusieurs jour
naux opportunistes, notamment le Temps , insis
tent pour que le gouvernement prennent des me
sures rigoureuses contre les Sindicats ouvriers, et
fasse, au besoin, modifier la loi pour restreindre
leur liberté.
Il ne faut pas oublier que les syndicats sont or
ganisés et fonctionnent ostensiblement depuis une
quinzaine d’années ; que depuis ces quinze ans,
tous les ministères les ayant laissé se mouvoir à
leur aise, ils n’ont jamais demandé autre chose
que de voir sanctionner leur existence par une loi,
d’être reconnus enfin comme personnalité civiles.
La loi est intervenue en 1884, mais naturelle
ment, la manie de réglementation, qui est un vice
bien français, a donné des résultats tels que cette
innovation libérale est devenue une restriction
au régime de tolérance accepté depuis plus de six
années.
Les syndicats n’ont cependant rien changé à
leur façon d’être.
Les divers ministères qui se sont succédé de
1884 jusqu’à 189*3, après le vote de la loi. n’ont
pas jugé à propos d’être plus exigeants que les mi
nistères qui, depuis 1878 à 1884, avaient fermé les
yeux sur la constitution des syndicats interdits.
C’est donc au bout de quinze ans de fonctionne
ment que M. Dupuy découvre, sous l’inspiration
de M. Yves Guyot, de prétendus excès qui n’onfc
frappé ni ses prédécesseurs ni le Parlement, com
posé à peu près des mêmes hommes que ceux qui
ont voté la loi de 1884.
Les législateurs qui avaient insisté pour les me
sures restrictives ont tellement estimé queVappli-
cation des mesures était inutile qu’aucun d’eux
n’a interpellé le ministère pour exiger Inexécution
stricte de la loi.
HARICOTS ET FROMAGES
Est-il vrai que M. Heu, adjoint au maire,
soit fournisseur des hospices et que les fourni
tures faites par cet édile ne fassent l’objet
d’aucune adjudication publique, bien qu’elles
s’élèvent au chiffre de plus de 12,000 francs
par an ?
A NOS LECTEURS
L’abbé Roussel, d’Auteuil, le héros d’un des plus
formidables scandales de ces derniers temps, inonde
en ce moment notre ville de brochures signées :
« Maxime du Camp, » dans lesquelles il sollicite
des offrandes pour sa trop fameuse œuvre.
Nos lecteurs ne sauraient trop se méfier de cefc
individu ; une seule p ige de sa brochure les fixera
a cet égard, c’est celle contenant un modèle de
testament pour les personnes désirant léguer
quelque chose à L’œuvre ; les legs faits d’après ce
modèle le sont au profit de M. Roussel seul , sans
désignation d’emploi aucun , et ce n’est qu’au cas
de prédécès de ce dernier que l’œuvre en profite.
Cela se passe de commentaires, n’est-ee-pas ?
Néammoins, comme nous ne sommes pas terri
bles, nous voulons bien donner uu conseil à M.
Roussel, qu’il soumet, son projet à un avocat ou
à un notaire, car un testament fait conforme serait
radicalement nul. — L’on ne saurait songer à
tout !
LA QUESTION DES VIANDES
Un sujet d’une importance incontestable et qui
peut se classer parmi ceux, que nos quotidiens (on
ne sait pourquoi), évitent autant que possible de
traiter, nous a paru d’assez grande utilité pour
l’enregistrer en toute vérité dans les colonnes de
notre journal.
Mercredi, une discussion s’élevait au Conseil
municipal, au sujet des boucheries hippopha
giques et des certains droits qu’elles s’arrogent.
Ici, nous sommes malheureusement obligés de
signaler les progrès grandissants de la consom
mation de la viande de cheval, et si, dans cer
taines villes, cet aliment a été accepté, c’est parce
que les bouchers, vendant de la viande de mouton
et de bœuf, ne trouvaient rien de mieux que de
faire passer aux yeux de leurs clients, de la
viande hippophagique comme viande de bœuf.
Mais si la tolérance de vente du ehevaî
a été donnée en vue de supprimer cette subs
titution frauduleuse, il est à déplorer qu’aii-
jourd’hui, nous soyons les dupes des restaura
teurs qui l’achètent en grande quantité et la re
vendent pour de la viande de bœuf, etc. Le client,
évidemment, ne peut, à première vue, distinguer
les deux espèces différentes, il est donc induit en
erreur, et si aujourd’hui les bouchers, débitant du
bœuf, mouton, veau, etc., sont obligés de payer
une certaine somme à l’octroi, pourquoi donc la
Viande hippophagique n’est-elle point aussi sou
mise à une taxe ?
Toutefois, si un monsieur bien connu pour faire
du plat et en fait du plat , voulait soutenir celui
dans lequel on sert de la vieille rosse à la place
de bœuf (quoique nous comprenions qu’on préfère
l’un à l’autre à cause des cornes du dernier), si ce
monsieur, dis-je, a voulu rejeter les objections
très louables de M. Bernard, compétent en la
matière et auquel on n’avait donné que deux
heures environ pour étudier cette question, nous
trouverons aussi les observations d’un autre
conseiller trop superflues, et nous avons approuvé
DIX CENTIMES LE NUMERO
2 e Année — 15 Prairi
01 — r 84.
Réveil
ORGANE RÉPUBLIC
Havre
l»UI\ DES ABOIEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements 6 fr. 3 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIEH, 15
LE RÉVEIL DU HA VRE ‘paraît le Samedi' 1 '
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nements et annonces, nous prions ins
tamment nos abonnés de ne payer que
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quittance présentée par la poste.
A M. !e Ministre de la Marine
Monsieur le chef du service de la marine
Le Grix, qui ne manque jamais une occasion
de manifester ses sympathies pour le clan
réactionnaire et clérical de notre ville, a ho-
noréde sa présence l'inauguration de la Crèche
Sainte-Marie, placée sous la direction de l'an
cien personnel congrénatiste du Bureau de
bienfaisance.
Que Mme Le Grix encourage les œuvres clé
ricales et quête aux sermons du père Monsa-
bré, comme elle l’a fait à celui du 2 mars 1892,
prêché en faveur des écoles libres, passe encore,
mais que Monsieur le chef du service de la
marine se rang a publiquement sous la bannière
des cléricaux pour protester contre la décision
du Conseil municipal concernant la laïcisation
des services du Bureau de bienfaisance, nous
ne pouvons l’admettre.
11 ne peut y avoir de doute sur le caractère
de la manifestation de dimanche à laquelle
s’étaient abstenus de prendre part Monsieur
le sous-préfet et l’administration municipale
du Havre, malgré les pressantes invitations
faites par ceux qui avaient pris l’initiative de
la création de cette Crèche.
Si Monsieur Le Grix préfère les récaction-
naires aux républicains, qu’il mette ses actes
d’accord avec ses sentiments et qu'il quitte
l’Arsenal pour faire place à un administrateur
plus respectueux du gouvernement qui le
paie.
Nous espérons que M. l’amiral Rieunier
voudra bien rappeler à M. le chef du service
de la marine au Havre, que les fonctionnai
res de la République ont une toute autre
mission que celle d’entrer en lutte ouverte
avec les corps élus de la ville ou ils résident
et qu’il mettra un terme aux velléités de
combat dont paraît être animé M. Le Grix.
NOUVELLE VIOLATION
des
LOIS SCOLAIRES
La note suivante vient d’être remise aux direc
teurs des écoles publiques de l’arrondissement de
Rouen :
Note de Service
En vue de la visite pastorale du Cardinal-
Archevêque de Rouen , M. VInspecteur d’Aca
démie me charge de vous donner les instructions
suivantes :
« Les écoles seront fermées dans la commune
« où a lieu la confirmation. Le jour de cette
« cérémonie , liberté pleine et entière est laissée
« à Vinstituteur des communes voisines dont
« plusieurs élèves doivent être confirmés , de les
« accompagner à la confirmation, mais aucune
« obligation ne lui en est faite ; s'il juge à
« propos de faire la classe ce jour-la , personne
* ne songera à l'en blâmer.
* M. le préfet accorde le jour de congé qui
« peut lui être demandé par le Cardinal-Arche-
« vêque pour les écoles dont celui-ci aura côn
es. firme les élèves , sans que ni l'un ni l'autre de
a ces deux jours doive être remplacé par un
« jeudi.
« Il n’y a pas obligatoirement congé supplê -
« mentaire pour les maîtres et maîtresses qui
« ont conduit des enfants a la confirmation , et
« c’est dans le cas seulement où ce congé leur
Je vous serai obligé de communiquer la pré
sente note au personnel de votre école.
L’Inspecteur primaire,
Proteau.
Lorsque ce document nous a été communiqué,
nous avons cru, à première vue, qu’il était apo
cryphe, et qu’un faussaire ou un mauvais plai
sant avait abusé de la signature de M. l’Inspec
teur primaire Proteau.
Eu effet, si depuis que la politique de conces
sions à outrance au cléricalisme prévaut dans les
conseils du gouvernement et dans nos adminis
trations publiques, particulièrement dans fadjni-
nistration préfectorale de la Seine-Inférieure,
nous avons assisté à bien des faits décourageants
pour le parti républicain, jamais cependant la
capitulation de l’autorité n'avait revêtu une forme
si complète et si humiliante. ;
Voilà, de par l’ordre de l’inspection académique
les instituteurs publics contraints à saluer, dans
la personne du cardinal-archevêque de Rouen, un
coadjuteur du recteur de l’Académie de Caen.
Dans toute commune où le cardinal ,ya pro
mener les pompes du culte catholique, les^écoles
participeront à ces manifestations. Elles- seront
fermées ce jour-là ; fermées aussi celles des com
munes voisines, alors même que comptant cent
élèves, seulement d’eux d’entre eux figureraient
parmi les enfants à confirmer. Sans doute on
n’ordonne pas aux instituteurs de les accompagner
à l’église, mais on leur laisse clairement entendre
qu’il serait de bon goût de leur part d’ajouter par
leur présence à l’importance de la solennité, et
que les récalcitrants peuvent s’attendre à être
dûment notés...
Ce n'est pas tout.
Il y aura congé d’abord le jour de la, confir
mation ; il y aura ensuite un second congé pour
les écoles auxquelles le Cardinal daignera oc
troyer cette faveur. Elle est accordée d’avance.
Il n’aura pas besoin d’en référer préalablement au
préfet"ni à l’inspecteur d’Académie ; il lui suffira
de dire à l'instituteur qui se sera humblement
prosterné devant sa barrette : « Je donne congé à
vos élèves. » Et ce sera comme si le ministre de
l’instruction publique lui-même avait parlé.
C’est incroyable, et pourtant cela est, puisque
nous avons sous les veux le texte de la note. Et
c’est avec l’autorisation formelle du préfet que ces
instructions, en réalité comminatoires, sont en
voyées au personnel des écoles laïques.
Que deviennent, dans cette répudiation offi
cielle de la neutralité de l’enseignement primaire,
les lois qui l’ont laïcisé? La religion d’Etat est
proclamée, et cette religion est exclusivement le
catholicisme. Le prêtre n est pas encore ouverte
ment autorisé à pénétrer dans les écoles, mais
déjà les écoles sont invitées à manifester publi
quement leur foi catholique dans les églises, a
solliciter les faveurs de Lévêque et à donner ainsi
aux populations l’impression de la toute-puis
sance du clergé romain. Voilà où en est le dépar
tement de la Seine-Inférieure.
Nous appelons sur cat état de choses l’attention
des républicains ; peut-être finiront-ils par penser
que la mesure est comble, et qu’il n’est que temps
de réagir énergiquement contre cette humiliante
politique d’asservissement au parti clérical.
(Le Petit Rouenhais).
SEMAIN E POL ITIQUE
FRANCE
Election sénatoriale du 28 Mai 1893
LOIR-ET-CHER :
MM. Tassin, député républicain... 333 voix, élu.
De Sonnier, modéré 126 —
De Rochambeau, conservât 1 '. 80 —
G. Martin, radical 64 —
Papillon, rallié 18 —
Il s’agissait de remplacer M. Bozérian, républi
cain, décédé.
Election législative de Vervins:
Voici les résultats du scrutin de ballottage :
MM. Denécheau, rédacteur en chef de Y Eclair,
républicain 6,335 voix, élu.
Furcy-Larue, révision 5,630 »
' *
* *
Commission du Budget de 1894. — C’est
M. Bardeau, ancien rapporteur général du budget
et ancien ministre de la marine, qui a été élu pré
sident de la commission du budget, par 18 voix
contre 11 données à M. Lockroy.
En prenant possession du fauteuil, M. Burdeau
a prononcé une allocution, dont voici les princi
paux passages :
.... Notre besogne, cette année, est particulièrement
délicate. Il ne s’agit pas seulement, comme d’ordinaire,
de préparer tous les éléments propres a éclairer la
Chambre dans l’exercice du plus essentiel de ses droits,
le droit de contrôle sur les dépenses et les charges pu
bliques.
If faut encore que ees éléments soient réunis et que
votre rapport soit prêt dans un délai exceptionnellement
bref.
Le vœu de la Chambre à cet égard est formel. Vous
pourrez y répondre sans rien sacrifier de ce qu’exige un
examen attentif et sévère, mais en faisant passer, avant
toute autre préoccupation, la volonté d’aboutir en temps
utile.
Nous contribuerons ainsi, pour la part qui nous in
combe, à assurer le jeu le plus normal, des institutions
parlementaires et à doter le pays, avant notre séparation,
de la loi de finances et des 'réformes fiscales sur les
quelles il est en droit de compter.
* *
Discussion générale du Budget. —Après
la répartition des rapports spéciaux, la discussion
générale a été ouverte.
A propos de la réforme du régime des boissons,
M. Rouvier a éprouvé le besoin de lancer la pointe
suivante à M. Peytrai :
Je suis heureux de constater que l’un des hommes
de cette Chambre qui se montraient naguère un des plus
ardents champions du dégrèvement total des boissons
hygiéniques, nous présente un projet qui se rapproche
beaucoup de celui que j’avGs moi-même élaboré et qu'il
a combattu. Il a senti qu’elles étaient les difficultés du
pouvoir.
M. Salis a ensuite soulevé une question de
droit constitutionnel. La commission doit-elle
attendre que le Sénat ait statué sur la réforme des
boissons pour s’en occuper elle-même, et d’abord
en est-elle saisie par le projet du gouvernement
où cette réforme ne figure que dans l’exposé des
motifs ?
La commission a décidé qu’elle statuerait au
jourd’hui, 2 juin, sur la question.
MM. Salis et Pèlletan doivent, à ce sujet, dé
poser une proposition tendant à ce que la commis
sion s’occupe de la réforme des boissons sans se
préoccuper du Sénat et rétablisse le dégrèvement
total des boissons hygiéniques.
Plusieurs autres commissaires ont ensuite pré
senté différentes observations sur l’ensemble du
projet de budget, et la discussion générale a été
close.
Encore un discours. — M. Constans, jaloux
du succès de M. Dupuy, prononcera, dit-on, très
prochainement un grand discours, dans lequel il
exposera son programme politique, à la veille des
élections générales.
Ce discours, disent nos confrères, se divisera en
quatre parties qui sont les suivantes :
1° La République doit être ouverte à tous les
ralliés sincères de façon à inaugurer une ère
d’apaisement ;
2° Maintien des lois scolaire et militaire, mais
avec une large tolérance dans leur application ;
3° Elaboration d’une loi contre les excès de la
presse ;
4° Répression des abus résultant du fonction
nement des syndicats professionnels.
D’après ce programme, il nous est permis de
croire que le discours de M. Constans ne vaudra
gaère mieux que celui de M. Dupuy.
Nous ne voulons pas discuter par anticipation
les déclarations sur lesquelles on ne nous fournit
que de très vagues données. En ce qui touche la
première partie du discours annoncé, peut-être
serons-nous d’accord avec l’ancien ministre ; la
République, nul ne le conteste, doit être ouverte
aux ralliés sincères ; il s’agit seulement de savoir
ce qu’on entend par « rallies sincères » et dans
quelle mesure ou veut-leur ouvrir la République.
Mais où M. Constans nous paraît manquer abso
lument de logique, c’est quand il réclame à la fois
une large tolérance dans l’application des lois
militaire et scolaire et l’observation rigoureuse de
la loi sur les syndicats professionnels.
Tant d’indulgence pour les ennemis de la Répu
blique ! Tant de sévérité pour des ouvriers en
grande majorité républicains!
Ce n’est pas que M. Constans ait jamais passé
pour un radical effréné, mais on lui avait reconnu
jusqu’à présent un certain gros bons sens politique
et c’est cette qualité, si rare chez tant d’hommes
d’Etat, qui lui a valu longtemps la confiance de la
majorité.
Bien certainement, les intentions qu’on lui
prête, ne ramèneront pas cette confiance.
■k
* *
Les Syndicats ouvriers. —Plusieurs jour
naux opportunistes, notamment le Temps , insis
tent pour que le gouvernement prennent des me
sures rigoureuses contre les Sindicats ouvriers, et
fasse, au besoin, modifier la loi pour restreindre
leur liberté.
Il ne faut pas oublier que les syndicats sont or
ganisés et fonctionnent ostensiblement depuis une
quinzaine d’années ; que depuis ces quinze ans,
tous les ministères les ayant laissé se mouvoir à
leur aise, ils n’ont jamais demandé autre chose
que de voir sanctionner leur existence par une loi,
d’être reconnus enfin comme personnalité civiles.
La loi est intervenue en 1884, mais naturelle
ment, la manie de réglementation, qui est un vice
bien français, a donné des résultats tels que cette
innovation libérale est devenue une restriction
au régime de tolérance accepté depuis plus de six
années.
Les syndicats n’ont cependant rien changé à
leur façon d’être.
Les divers ministères qui se sont succédé de
1884 jusqu’à 189*3, après le vote de la loi. n’ont
pas jugé à propos d’être plus exigeants que les mi
nistères qui, depuis 1878 à 1884, avaient fermé les
yeux sur la constitution des syndicats interdits.
C’est donc au bout de quinze ans de fonctionne
ment que M. Dupuy découvre, sous l’inspiration
de M. Yves Guyot, de prétendus excès qui n’onfc
frappé ni ses prédécesseurs ni le Parlement, com
posé à peu près des mêmes hommes que ceux qui
ont voté la loi de 1884.
Les législateurs qui avaient insisté pour les me
sures restrictives ont tellement estimé queVappli-
cation des mesures était inutile qu’aucun d’eux
n’a interpellé le ministère pour exiger Inexécution
stricte de la loi.
HARICOTS ET FROMAGES
Est-il vrai que M. Heu, adjoint au maire,
soit fournisseur des hospices et que les fourni
tures faites par cet édile ne fassent l’objet
d’aucune adjudication publique, bien qu’elles
s’élèvent au chiffre de plus de 12,000 francs
par an ?
A NOS LECTEURS
L’abbé Roussel, d’Auteuil, le héros d’un des plus
formidables scandales de ces derniers temps, inonde
en ce moment notre ville de brochures signées :
« Maxime du Camp, » dans lesquelles il sollicite
des offrandes pour sa trop fameuse œuvre.
Nos lecteurs ne sauraient trop se méfier de cefc
individu ; une seule p ige de sa brochure les fixera
a cet égard, c’est celle contenant un modèle de
testament pour les personnes désirant léguer
quelque chose à L’œuvre ; les legs faits d’après ce
modèle le sont au profit de M. Roussel seul , sans
désignation d’emploi aucun , et ce n’est qu’au cas
de prédécès de ce dernier que l’œuvre en profite.
Cela se passe de commentaires, n’est-ee-pas ?
Néammoins, comme nous ne sommes pas terri
bles, nous voulons bien donner uu conseil à M.
Roussel, qu’il soumet, son projet à un avocat ou
à un notaire, car un testament fait conforme serait
radicalement nul. — L’on ne saurait songer à
tout !
LA QUESTION DES VIANDES
Un sujet d’une importance incontestable et qui
peut se classer parmi ceux, que nos quotidiens (on
ne sait pourquoi), évitent autant que possible de
traiter, nous a paru d’assez grande utilité pour
l’enregistrer en toute vérité dans les colonnes de
notre journal.
Mercredi, une discussion s’élevait au Conseil
municipal, au sujet des boucheries hippopha
giques et des certains droits qu’elles s’arrogent.
Ici, nous sommes malheureusement obligés de
signaler les progrès grandissants de la consom
mation de la viande de cheval, et si, dans cer
taines villes, cet aliment a été accepté, c’est parce
que les bouchers, vendant de la viande de mouton
et de bœuf, ne trouvaient rien de mieux que de
faire passer aux yeux de leurs clients, de la
viande hippophagique comme viande de bœuf.
Mais si la tolérance de vente du ehevaî
a été donnée en vue de supprimer cette subs
titution frauduleuse, il est à déplorer qu’aii-
jourd’hui, nous soyons les dupes des restaura
teurs qui l’achètent en grande quantité et la re
vendent pour de la viande de bœuf, etc. Le client,
évidemment, ne peut, à première vue, distinguer
les deux espèces différentes, il est donc induit en
erreur, et si aujourd’hui les bouchers, débitant du
bœuf, mouton, veau, etc., sont obligés de payer
une certaine somme à l’octroi, pourquoi donc la
Viande hippophagique n’est-elle point aussi sou
mise à une taxe ?
Toutefois, si un monsieur bien connu pour faire
du plat et en fait du plat , voulait soutenir celui
dans lequel on sert de la vieille rosse à la place
de bœuf (quoique nous comprenions qu’on préfère
l’un à l’autre à cause des cornes du dernier), si ce
monsieur, dis-je, a voulu rejeter les objections
très louables de M. Bernard, compétent en la
matière et auquel on n’avait donné que deux
heures environ pour étudier cette question, nous
trouverons aussi les observations d’un autre
conseiller trop superflues, et nous avons approuvé
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