Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-03-04
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 04 mars 1893 04 mars 1893
Description : 1893/03/04 (N71). 1893/03/04 (N71).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263271d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
2 e Année — N° 71— Samedi 4 Mars 189 3
DIX CENTIMES LE NUMERO
2 e Année — 14 Ventôse An 101 — S° 71
Le Réveil du Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS |
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements 6 fr. 3 50 .-
ADMINISTRATION & RÉDACTION ]
15, RUE CAS IMIR-PÉRIER, 15
LE RÉ VE IL DU HA VUE paraît le Samedi \
PRIX DES INSERTIONS :
s
Annonces. 25 cent, la ligne
Réclames..., 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
L’ESCADRE
RUSSE. — UNE FAUSSE NOUVELLE
M. Jute Ferry
Ainsi qu’on devait s’y attendre, M. Jules
Ferry a parlé pour ne rien dire, en prenant
possession de la Présidence du Sénat. Son
discours est surtout un cantique d’actions de
grâces à ces aimables Sénateurs qui, ne trou
vant pas sans doute assez grand, le gâchis
parlementaire actuel, s’efforcent de le com
pliquer.
En dépit des colères et de l’étonnement que
cette élection ne pouvait manquer de provo
quer, elle est restée avec son véritable carac
tère de révolution de Palais.
Le suffrage universel est, en somme, médio
crement intéressé au remplacement de M. Le
Royer par M. Ferry ou par tout autre, à la
présidence d’une Assemblée qui est une ano
malie dans notre République. Ce changement
de personnes n’empêchera pas les républicains
qui ont quelque souci des principes, de récla
mer la révision d’une Constitution qui permet
à la Chambre haute de recueillir les épaves
du suffrage universel.
Nous savons, hélas ! par expérience, au
Havre même, comment se mènent les élections
sénatoriales, àquelsmarchandages dégradants,
à quels conllics d’ambitions elles donnent
lieu. Il n’y a certes pas lieu de perpétuer
une comédie électorale de ce genre. On est
maintenant édifié sur le mode de recrutement
du Sénat, et la présidence d’une telle Assem
blée n’est pas un honneur qui doive autrement
énorgueillir son homme.
Les journaux opportunistes qui, par amour
des courbettes et par haine des réformes
démocratiques, s’inclinent à nouveau devant
M. Ferry, ce soleil levant qu’on croyait une
vieille lune, et l’invoquent soir et matin comme
le champion des résistances bourgeoises à la'
marche du socialisme, sont dans leur rôle.
Nous n’imiterons pas leur parti-pris, pour
accabler leur idole.
Les récriminations sont inutiles et même
ridicules lorsqu’elles portent sur des histoires
trop anciennes. Celui qu’on a appelé le Tonki
nois et qui fut aussi le dénonciateur maladroit
du péril à gauche, commit, il y a quelques
années, des fautes qu'il a d’ailleurs expiées
en partie. A-t-il profité de cette leçon ? La
suite nous l’apprendra.
S'il est appelé à jouer un rôle dans les
événements qui se précipitent, il vaut mieux
attendre ses actes que de le juger sur ses inten
tions. Il est possible que, pécheur repentant,
il rentre dans la politique avec des visées
nouvelles, plus profitables à la République.
La carrière de M. Ferry est d’ailleurs, —
disons-le pour être justes, — un mélange
assez compliqué d’actes contradictoires. C’est
l’homme du Tonkin, mais c’est l’homme de la
Tunisie. C’est l’artisan de l’article 7 et des
Lois scolaires, mais c’est en même temps l’ad
versaire de la séparation des Eglises et de
l’Etat. A aucun point de vue, ce n’est un
simple, ce dont il paraît s’énorgueillir.
Nous sommes donc, pour notre part, dispo
sés à le considérer provisoirement comme un
homme nouveau et à applaudir au bien qu’il
pourra faire. S’il doit au contraire, cédant à
scs vieilles rancunes, dépenser à lutter contre
la démocratie une intelligence et une ténacité
trop rares chez nos autres hommes d’Etat,
nous souhaitons qu’il soit le chef reconnu de
ceux que le progrès social trouvera comme
adversaires. Sa vieille impopularité se lèvera
alors pour le terrasser, lui et ceux qui le dési
gnent déjà comme champion des résistances
bourgeoises, au courant réformateur.
La victoire de la démocratie en deviendra
plus facile.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Ainsi que nous le prévoyions il y a huit jours,
M. Jules Ferry a été nominé Président du Sénat,
par 148 voix, contre 39 voix données à M. Audren
de Kerdral et 2G voix à M. Magnin.
A
* *
Le projet de loi sur Ips Caisses de secours clés
employés et ouvriers , a été adopté, en deuxième
délibération, parle Sénat. Celui-ci ayant introduit
diverses modifications, la loi devra retourner à la
Chambre pour un nouvel examen.
A
* *
La Chambre a voté la réforme des patentes
et l’impôt sur les opérations de bourse.
Elle a, enfin, terminé l’examen du budget de
1893, après 7 ou 8 mois d’un examen des plus
relâchés !
Citons, comme impôts nouveaux, ceux sur les
pianos et sur les livrées, demandés par M. Robert
Mitchell.
La Chambre a également voté, après une dis
cussion assez confuse, le projet de loi sur l’armée
coloniale.
*
* *
Le groupe d’études a été saisi d’une proposition
de M. Beauquier, député du Doubs, tendant à
imposer à tout député, l’obligation de faire con
naître, à l’origine d’abord, et ensuite à la fin de
son mandat, Tétât de sa fortune, afin que l’on
puisse constater si celle-ci a augmenté ou dimi
nué.
M. Beauquier déposera sa proposition sous son
nom personnel, le groupe d’études ne voulant pas
en prendre la responsabilité.
ALLEMAGNE
Au cours de l’une des dernières" séances du
•Reichstag allemand, M. Bebel a soulevé la ques
tion de l'arbitrage international. Le compterendu
qu’en donne le Temps montre que ce procédé n’est
pas encore à la veille d’être adopté en Allemagne
à propos de l’Alsace-Lorraine !
M. Bebel s’est exprimé ainsi :
* J’ai pris surtout la parole pour dire quelques
mots de la question de la création de tribunaux
qui seraient appelés à résoudre les conflits inter
nationaux. En Angleterre, cette question est déjà
à l’ordre du jour ; en France, 120 députés se sont
prononcés pour cette création. Le Reichstag alle
mand ne peut pas rester en arrière, car la situation
dans laquelle se trouve actuellement l’Europe ne
peut pas durer. Qrçe cette idée rencontre des dif
ficultés, ainsi que le'disait un jour M. de Bœtticher,
je ne le comprendrais pas.
« Je ne comprends qu’une chose, c’est que
l’Allemagne n’aurai.t pas de meilleur moyen de
témoigner de son amour de la paix que de contri
buer à la réalisation de cette idée, et qu’elle se
concilierait toutes les sympathies, ■ tandis que,
maintenant, elle est considérée comme le trouble-
fête qui a commencé. Je crois qu’il serait digne du
Reichstag de s’occuper une fois de cette question,
même en courant le risque qu’un pareil tribunal
international soulève une fois la question de
l’Alsace-Lorraine. »
Le chancelier de Caprivi répond :
« Le député Bebel nous recommande les tribu
naux internationaux d’arbitrage. Il a admis la
possibilité qu’un pareil tribunal soulève un beau
jour la question Alsace-Lorraine. Il a insinué que
nous avons contribué à faire éclater la guerre de
1870, et qu’il y a des gens qui soutiennent cette
thèse avec plus de force et d’assurance encore crue
lui. Eh bien, si un tribunal se réunissait et faisait
connaître, à propos de n’importe quelle question,
son avis sur la question alsacienne-lorraine, et si
cet avis portait que l’Allemagne doit rendre l’Al
sace-Lorraine, je suis convaincu que l’Allemagne
ne se soumettrait jamais à cette décision (Assen
timent), et qu’elle aimerait mieux verser jusqu’à
la dernière goutte de son sang que de rendre l’Al
sace-Lorraine. (Vif assentiment). »
a M. Babel. — Quand on a de pareilles idées, il
est clair qu’on ne saurait admettre la création de
tribunaux internationaux.
« M. Baumbach. — Nous avons exclu complè
tement la question alsacienne-lorraine de la confé
rence internationale. Cette question a été tran
chée par des traités. Il ne saurait être question
pour l’Allemagne de rendre ce qu’elle a conquis
au prix du sang des meilleurs d’entre ses enfants.
(Assentiment.) Par conséquent, il ne s’agit pas de
résoudre ces questions-là dans les conférences in
ternationales. Nous voulons simplement, quand
un conflit s’élève entre divers peuples, tenter de
le résoudre au moyen d’une décision arbitrale,
avant de recourir à l'ultima ratio.
« Et si l’on cherche à mêler la question de
l’Alsace-Lorraine à ces autres questions, ce ne
peut être que par suite d’un malentendu, et je
voudrais prier le chancelier de l'empire d’accueil
lir avec plus de faveur l’idée des tribunaux inter
nationaux ».
M. Barth (liberal) demande si les gouvernements
de l’empire veulent joindre leurs efforts à ceux
que font l’Angleterre et les Etat-Unis ponr régler
au moyen d’arbitrages les différents internatio
naux.
M. de Marschall, secrétaire d’Etat, répond :
« Les Etats-Unis d’Amérique nous ont commu
niqué, il y a quelque temps, la décision du congrès
panaméricain, qui demande la création de tribu
naux internationaux pour la solution de questions
internationales. Comme à cette communication
n’a pas été jointe une demande précise, nous nous
sommes bornés à en accuser réception.
« À ma connaissance, les gouvernements euro
péens n'ont pas encore examiné la proposition, et
je ne crois pas qu’ils aient l’intention de l’exami
ner de si tôt. Pour ce qui est de l’Allemagne, nous
nous sommes déjà montrés prêts, dans beaucoup
de cas, à soumettre des questions litigieuses à des
tribunaux, et nous, nous continuerons à le faire
à l’avenir suivant les cas. Mais nous ne pouvons
prendre d’avance un engagement pour tous les
cas qui peuvent se présenter, surtout dans la si
tuation dans laquelle se trouve actuellement
l’Europe ».
A
¥ ¥
BELGIQUE
Dimanche dernier, à neuf heures du matin,
s’est ouvert, à Bruxelles et dans les faubourgs, le
referendum populaire organisé par les associa
tions libérales de l’agglomération sur le suffrage
universel. Plus de cent-dix mille personnes ont
été régulièrement convoquées à prendre part à la
consultation.
Comme on le sait, le Conseil communal de
Bruxelles a refusé de participer à l’organisation
de la votation, se ralliant ainsi à l’opinion du
gouvernement, qui a déclaré illégales toutes les
décisions prises par les Conseils communaux sur
le referendum.
Pour la ville de Bruxelles seule, quarante-neuf
bureaux électoraux ont été installés dans dés
bureaux de journaux, dans des cafés et dans des
locaux mis à la disposition des organisateurs par
des propriétaires complaisants.
Dans les faubourgs, le poil a été clôturé à six
heures et, en ville, à neuf heures. Dès neuf
heures du matin, les votants sont arrivés nom
breux, surtout dans les quartiers populaires. Les
murs de la ville étaient couverts d’affiches invi
tant les habitants à prendre part au vote.
Cinq questions étaient posées aux électeurs.
Etes-vous partisan ?
1° Du suffrage universel à vingt-et-un ans ?
(proposition Janson).
2° Du suffrage universel à vingt-cinq ans ?
(proposition Nothomb).
3° De l’exclusion des assistés et de ceux qui ne
savent ni lire, ni écrire ? (proposition Graux).
4° De l’habitation et du capacitariat combinés ?
(proposition du gouvernement).
5° De l’exclusion de ceux qui ne possèdent pas
les connaissances de l’instruction primaire ? (pro
position Frère-Orban).
Environ soixante mille citoyens, sur cent-dix
mille convoqués, ont voté, soit un peu plus de
50 0/0. L’abstention avait été recommandée par
les adversaires du suffrage universel. Celui-là a
réuni cinquante-six mille suffrages dans cette
consultation.
A
* *
ITALIE
Depuis les fêtes du Jubilé, le Pape donne
réceptions sur réceptions. Cela le fatigue consi
dérablement, paraît-il. Songez que récemment il
a dû assister à un défilé du pèlerinage populaire
italien, composé' d’environ quarante-deux mille
hommes, paysans des Abruzzes et de la Calabre !
Un journal religieux, cité par le Temps , repro
duit l’opinion du médecin de Léon XIII, à ce
sujet : « Le saint père a besoin de respirer un air
« très pur ; et ce jour là, et lors de la solennelle
« fonction de Saint-Pierre, il a été contraint de
« séjourner longuement dans un véritable enfer
Qui l’eût dit ? le Pape en enfer ! Vous en fré
missez, n’est-ce pas ?
LA VISITE
DE
L’ESCADRE RUSSE
Une fausse nouvelle
La prochaine visite de l’escadre russe au Havre,
annoncée par presque tous les journaux français,
a fait le tour de la presse européenne. Cette infor
mation s’était à ce point accréditée dans l’opinion,
que l’ambassadeur de Russie a cru bon de la faire
démentir par une note officielle. Certains journaux
se sont emparés de ce démenti pour établir une
connexité plus ou moins étroite entre le déclina
toire du gouvernement Russe et les scandales de
Panama.
Nous avons fait notre enquête sur ce point, efc
nous sommes en mesure de donner de cette nou
velle une explication inédite, dont flous garantis
sons l’absolue authenticité.
La nouvelle relative à la visite de l’escadre
russe est partie du Havre et elle est le résultat
d’un malentendu, ou plutôt le fruit de l’imagina
tion fertile d’un journaliste en quête d’informa
tions sensationnelles.
Nous précisons :
Il y a quelques semaines, un officier dn ^chas
seurs, de passage au Havre, déclara au cours
d’une conversation privée, que son régiment.aurait
sans doute, d’ici peu, l'occasion de se rendre dans
notre ville.
A cette conversation assistait le correspondant
au Havre d’une agence d’informations qui. a. fait
beaucoup parler d’elle , dans ces derniers
temps, plutôt en mal qu’en bien, et que nous
ne désignerons pas autrement qu’en rappelant
ses deux principaux exploits dans notre ré
gion. Lkmnée dernière, sur la foi du même
correspondant, elle annonçait la mort du docteur■
Piasecki, la veille de son décès , et dernièrement,
elle répandait la nouvelle fausse de la condam
nation du Progrès de- Bolbec à vingt mille francs,
de dommages-intérêts.
Ce correspondant bâtit sans tarder tout un
roman. Prenant sans doute les chasseurs du 12 &
pour des plongeurs à cheval, il s’empressa d’éta
blir une corrélation entre leur venue au Havre efc
la visite d’une escadre russe.
Et aussitôt, il télégraphia à son agence pour
lui annoncer cette nouvelle. L’agence s’empressa
de la transmettre aux quelques journaux qui font
encore appel à son concours. Les autres la répé
tèrent sans la contrôler.
Voilà pourtant les mystifications à la merci
desquelles peuvent se trouver les rapports diplo
matiques de deux grandes nations ! On n’agirait
pas autrement si l’on voulait nous faire regretter
l’ancienne loi qui punissait le délit de fausses
nouvelles.
Aujoutons, pour être complets, que la délé
gation, nommée par le Conseil municipal du
Havre, dans sa dernière séance, a dû ajourner sa
démarche, sur l’observation de M. Siegfried, qu’il
n’y avait pas lieu, quant à présent, de concevoir
d’espérances à ce sujet.
C’est vraiment dommage,, et nos concitoyens
qui escomptaient déjà avec joie ces fêtes qui n’eus
sent pas manqué de donner lieu, dans notre ville,
à des manifestations patriotiques trop rares, et
d’attirer ici une foule d’étrangers, regretteront
d’avoir été déçus dans leurs espérances.
RÉUNION ORS OUVRIERS MÉTALLURGISTES
AU CERCLE FRANKLIN
Dimanche dernier, un nombreux auditoire avait
répondu à l’appel qui lui avait été. adressé par le
Syndicat de la Métallurgie du Havre. La réunion
était présidée par le citoyen Desfeux, ayant à ses
côtés, les citoyens Belahaye et Agasse comme as
sesseurs ; secrétaire, Launay, et Monsallié comme
rapporteur.
Disons, tout d’abord, que le but si louahîe que
poursuivait le Syndicat a obtenu un complet suc
cès : il a même dépassé toute espérance, puisque
plus de deux cents nouveaux membres sont venus,
à l’issue de la réunion, se faire inscrire au tableau
du Syndicat.
Cet encourageant résultat place, désormais, le
Syndicat de la Métallurgie du Havre à l’avant-
garde de nos autres syndicats, d’abord à cause de
son nombre, et ensuite en raison des intelligences
qu’il compte dans ses rangs. On est frappé,
en effet, du raisonnement et du jugement de cer
tains de ces ouvriers, et de voir avec quelle facilité
ils élucident les questions les plus compliquées,
quoique n’ayant reçu, dans leur jeunesse, qu’une
instruction sommaire. Cela prouve qu’ils ont tra-
DIX CENTIMES LE NUMERO
2 e Année — 14 Ventôse An 101 — S° 71
Le Réveil du Havre
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PRIX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS |
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements 6 fr. 3 50 .-
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15, RUE CAS IMIR-PÉRIER, 15
LE RÉ VE IL DU HA VUE paraît le Samedi \
PRIX DES INSERTIONS :
s
Annonces. 25 cent, la ligne
Réclames..., 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
L’ESCADRE
RUSSE. — UNE FAUSSE NOUVELLE
M. Jute Ferry
Ainsi qu’on devait s’y attendre, M. Jules
Ferry a parlé pour ne rien dire, en prenant
possession de la Présidence du Sénat. Son
discours est surtout un cantique d’actions de
grâces à ces aimables Sénateurs qui, ne trou
vant pas sans doute assez grand, le gâchis
parlementaire actuel, s’efforcent de le com
pliquer.
En dépit des colères et de l’étonnement que
cette élection ne pouvait manquer de provo
quer, elle est restée avec son véritable carac
tère de révolution de Palais.
Le suffrage universel est, en somme, médio
crement intéressé au remplacement de M. Le
Royer par M. Ferry ou par tout autre, à la
présidence d’une Assemblée qui est une ano
malie dans notre République. Ce changement
de personnes n’empêchera pas les républicains
qui ont quelque souci des principes, de récla
mer la révision d’une Constitution qui permet
à la Chambre haute de recueillir les épaves
du suffrage universel.
Nous savons, hélas ! par expérience, au
Havre même, comment se mènent les élections
sénatoriales, àquelsmarchandages dégradants,
à quels conllics d’ambitions elles donnent
lieu. Il n’y a certes pas lieu de perpétuer
une comédie électorale de ce genre. On est
maintenant édifié sur le mode de recrutement
du Sénat, et la présidence d’une telle Assem
blée n’est pas un honneur qui doive autrement
énorgueillir son homme.
Les journaux opportunistes qui, par amour
des courbettes et par haine des réformes
démocratiques, s’inclinent à nouveau devant
M. Ferry, ce soleil levant qu’on croyait une
vieille lune, et l’invoquent soir et matin comme
le champion des résistances bourgeoises à la'
marche du socialisme, sont dans leur rôle.
Nous n’imiterons pas leur parti-pris, pour
accabler leur idole.
Les récriminations sont inutiles et même
ridicules lorsqu’elles portent sur des histoires
trop anciennes. Celui qu’on a appelé le Tonki
nois et qui fut aussi le dénonciateur maladroit
du péril à gauche, commit, il y a quelques
années, des fautes qu'il a d’ailleurs expiées
en partie. A-t-il profité de cette leçon ? La
suite nous l’apprendra.
S'il est appelé à jouer un rôle dans les
événements qui se précipitent, il vaut mieux
attendre ses actes que de le juger sur ses inten
tions. Il est possible que, pécheur repentant,
il rentre dans la politique avec des visées
nouvelles, plus profitables à la République.
La carrière de M. Ferry est d’ailleurs, —
disons-le pour être justes, — un mélange
assez compliqué d’actes contradictoires. C’est
l’homme du Tonkin, mais c’est l’homme de la
Tunisie. C’est l’artisan de l’article 7 et des
Lois scolaires, mais c’est en même temps l’ad
versaire de la séparation des Eglises et de
l’Etat. A aucun point de vue, ce n’est un
simple, ce dont il paraît s’énorgueillir.
Nous sommes donc, pour notre part, dispo
sés à le considérer provisoirement comme un
homme nouveau et à applaudir au bien qu’il
pourra faire. S’il doit au contraire, cédant à
scs vieilles rancunes, dépenser à lutter contre
la démocratie une intelligence et une ténacité
trop rares chez nos autres hommes d’Etat,
nous souhaitons qu’il soit le chef reconnu de
ceux que le progrès social trouvera comme
adversaires. Sa vieille impopularité se lèvera
alors pour le terrasser, lui et ceux qui le dési
gnent déjà comme champion des résistances
bourgeoises, au courant réformateur.
La victoire de la démocratie en deviendra
plus facile.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Ainsi que nous le prévoyions il y a huit jours,
M. Jules Ferry a été nominé Président du Sénat,
par 148 voix, contre 39 voix données à M. Audren
de Kerdral et 2G voix à M. Magnin.
A
* *
Le projet de loi sur Ips Caisses de secours clés
employés et ouvriers , a été adopté, en deuxième
délibération, parle Sénat. Celui-ci ayant introduit
diverses modifications, la loi devra retourner à la
Chambre pour un nouvel examen.
A
* *
La Chambre a voté la réforme des patentes
et l’impôt sur les opérations de bourse.
Elle a, enfin, terminé l’examen du budget de
1893, après 7 ou 8 mois d’un examen des plus
relâchés !
Citons, comme impôts nouveaux, ceux sur les
pianos et sur les livrées, demandés par M. Robert
Mitchell.
La Chambre a également voté, après une dis
cussion assez confuse, le projet de loi sur l’armée
coloniale.
*
* *
Le groupe d’études a été saisi d’une proposition
de M. Beauquier, député du Doubs, tendant à
imposer à tout député, l’obligation de faire con
naître, à l’origine d’abord, et ensuite à la fin de
son mandat, Tétât de sa fortune, afin que l’on
puisse constater si celle-ci a augmenté ou dimi
nué.
M. Beauquier déposera sa proposition sous son
nom personnel, le groupe d’études ne voulant pas
en prendre la responsabilité.
ALLEMAGNE
Au cours de l’une des dernières" séances du
•Reichstag allemand, M. Bebel a soulevé la ques
tion de l'arbitrage international. Le compterendu
qu’en donne le Temps montre que ce procédé n’est
pas encore à la veille d’être adopté en Allemagne
à propos de l’Alsace-Lorraine !
M. Bebel s’est exprimé ainsi :
* J’ai pris surtout la parole pour dire quelques
mots de la question de la création de tribunaux
qui seraient appelés à résoudre les conflits inter
nationaux. En Angleterre, cette question est déjà
à l’ordre du jour ; en France, 120 députés se sont
prononcés pour cette création. Le Reichstag alle
mand ne peut pas rester en arrière, car la situation
dans laquelle se trouve actuellement l’Europe ne
peut pas durer. Qrçe cette idée rencontre des dif
ficultés, ainsi que le'disait un jour M. de Bœtticher,
je ne le comprendrais pas.
« Je ne comprends qu’une chose, c’est que
l’Allemagne n’aurai.t pas de meilleur moyen de
témoigner de son amour de la paix que de contri
buer à la réalisation de cette idée, et qu’elle se
concilierait toutes les sympathies, ■ tandis que,
maintenant, elle est considérée comme le trouble-
fête qui a commencé. Je crois qu’il serait digne du
Reichstag de s’occuper une fois de cette question,
même en courant le risque qu’un pareil tribunal
international soulève une fois la question de
l’Alsace-Lorraine. »
Le chancelier de Caprivi répond :
« Le député Bebel nous recommande les tribu
naux internationaux d’arbitrage. Il a admis la
possibilité qu’un pareil tribunal soulève un beau
jour la question Alsace-Lorraine. Il a insinué que
nous avons contribué à faire éclater la guerre de
1870, et qu’il y a des gens qui soutiennent cette
thèse avec plus de force et d’assurance encore crue
lui. Eh bien, si un tribunal se réunissait et faisait
connaître, à propos de n’importe quelle question,
son avis sur la question alsacienne-lorraine, et si
cet avis portait que l’Allemagne doit rendre l’Al
sace-Lorraine, je suis convaincu que l’Allemagne
ne se soumettrait jamais à cette décision (Assen
timent), et qu’elle aimerait mieux verser jusqu’à
la dernière goutte de son sang que de rendre l’Al
sace-Lorraine. (Vif assentiment). »
a M. Babel. — Quand on a de pareilles idées, il
est clair qu’on ne saurait admettre la création de
tribunaux internationaux.
« M. Baumbach. — Nous avons exclu complè
tement la question alsacienne-lorraine de la confé
rence internationale. Cette question a été tran
chée par des traités. Il ne saurait être question
pour l’Allemagne de rendre ce qu’elle a conquis
au prix du sang des meilleurs d’entre ses enfants.
(Assentiment.) Par conséquent, il ne s’agit pas de
résoudre ces questions-là dans les conférences in
ternationales. Nous voulons simplement, quand
un conflit s’élève entre divers peuples, tenter de
le résoudre au moyen d’une décision arbitrale,
avant de recourir à l'ultima ratio.
« Et si l’on cherche à mêler la question de
l’Alsace-Lorraine à ces autres questions, ce ne
peut être que par suite d’un malentendu, et je
voudrais prier le chancelier de l'empire d’accueil
lir avec plus de faveur l’idée des tribunaux inter
nationaux ».
M. Barth (liberal) demande si les gouvernements
de l’empire veulent joindre leurs efforts à ceux
que font l’Angleterre et les Etat-Unis ponr régler
au moyen d’arbitrages les différents internatio
naux.
M. de Marschall, secrétaire d’Etat, répond :
« Les Etats-Unis d’Amérique nous ont commu
niqué, il y a quelque temps, la décision du congrès
panaméricain, qui demande la création de tribu
naux internationaux pour la solution de questions
internationales. Comme à cette communication
n’a pas été jointe une demande précise, nous nous
sommes bornés à en accuser réception.
« À ma connaissance, les gouvernements euro
péens n'ont pas encore examiné la proposition, et
je ne crois pas qu’ils aient l’intention de l’exami
ner de si tôt. Pour ce qui est de l’Allemagne, nous
nous sommes déjà montrés prêts, dans beaucoup
de cas, à soumettre des questions litigieuses à des
tribunaux, et nous, nous continuerons à le faire
à l’avenir suivant les cas. Mais nous ne pouvons
prendre d’avance un engagement pour tous les
cas qui peuvent se présenter, surtout dans la si
tuation dans laquelle se trouve actuellement
l’Europe ».
A
¥ ¥
BELGIQUE
Dimanche dernier, à neuf heures du matin,
s’est ouvert, à Bruxelles et dans les faubourgs, le
referendum populaire organisé par les associa
tions libérales de l’agglomération sur le suffrage
universel. Plus de cent-dix mille personnes ont
été régulièrement convoquées à prendre part à la
consultation.
Comme on le sait, le Conseil communal de
Bruxelles a refusé de participer à l’organisation
de la votation, se ralliant ainsi à l’opinion du
gouvernement, qui a déclaré illégales toutes les
décisions prises par les Conseils communaux sur
le referendum.
Pour la ville de Bruxelles seule, quarante-neuf
bureaux électoraux ont été installés dans dés
bureaux de journaux, dans des cafés et dans des
locaux mis à la disposition des organisateurs par
des propriétaires complaisants.
Dans les faubourgs, le poil a été clôturé à six
heures et, en ville, à neuf heures. Dès neuf
heures du matin, les votants sont arrivés nom
breux, surtout dans les quartiers populaires. Les
murs de la ville étaient couverts d’affiches invi
tant les habitants à prendre part au vote.
Cinq questions étaient posées aux électeurs.
Etes-vous partisan ?
1° Du suffrage universel à vingt-et-un ans ?
(proposition Janson).
2° Du suffrage universel à vingt-cinq ans ?
(proposition Nothomb).
3° De l’exclusion des assistés et de ceux qui ne
savent ni lire, ni écrire ? (proposition Graux).
4° De l’habitation et du capacitariat combinés ?
(proposition du gouvernement).
5° De l’exclusion de ceux qui ne possèdent pas
les connaissances de l’instruction primaire ? (pro
position Frère-Orban).
Environ soixante mille citoyens, sur cent-dix
mille convoqués, ont voté, soit un peu plus de
50 0/0. L’abstention avait été recommandée par
les adversaires du suffrage universel. Celui-là a
réuni cinquante-six mille suffrages dans cette
consultation.
A
* *
ITALIE
Depuis les fêtes du Jubilé, le Pape donne
réceptions sur réceptions. Cela le fatigue consi
dérablement, paraît-il. Songez que récemment il
a dû assister à un défilé du pèlerinage populaire
italien, composé' d’environ quarante-deux mille
hommes, paysans des Abruzzes et de la Calabre !
Un journal religieux, cité par le Temps , repro
duit l’opinion du médecin de Léon XIII, à ce
sujet : « Le saint père a besoin de respirer un air
« très pur ; et ce jour là, et lors de la solennelle
« fonction de Saint-Pierre, il a été contraint de
« séjourner longuement dans un véritable enfer
missez, n’est-ce pas ?
LA VISITE
DE
L’ESCADRE RUSSE
Une fausse nouvelle
La prochaine visite de l’escadre russe au Havre,
annoncée par presque tous les journaux français,
a fait le tour de la presse européenne. Cette infor
mation s’était à ce point accréditée dans l’opinion,
que l’ambassadeur de Russie a cru bon de la faire
démentir par une note officielle. Certains journaux
se sont emparés de ce démenti pour établir une
connexité plus ou moins étroite entre le déclina
toire du gouvernement Russe et les scandales de
Panama.
Nous avons fait notre enquête sur ce point, efc
nous sommes en mesure de donner de cette nou
velle une explication inédite, dont flous garantis
sons l’absolue authenticité.
La nouvelle relative à la visite de l’escadre
russe est partie du Havre et elle est le résultat
d’un malentendu, ou plutôt le fruit de l’imagina
tion fertile d’un journaliste en quête d’informa
tions sensationnelles.
Nous précisons :
Il y a quelques semaines, un officier dn ^chas
seurs, de passage au Havre, déclara au cours
d’une conversation privée, que son régiment.aurait
sans doute, d’ici peu, l'occasion de se rendre dans
notre ville.
A cette conversation assistait le correspondant
au Havre d’une agence d’informations qui. a. fait
beaucoup parler d’elle , dans ces derniers
temps, plutôt en mal qu’en bien, et que nous
ne désignerons pas autrement qu’en rappelant
ses deux principaux exploits dans notre ré
gion. Lkmnée dernière, sur la foi du même
correspondant, elle annonçait la mort du docteur■
Piasecki, la veille de son décès , et dernièrement,
elle répandait la nouvelle fausse de la condam
nation du Progrès de- Bolbec à vingt mille francs,
de dommages-intérêts.
Ce correspondant bâtit sans tarder tout un
roman. Prenant sans doute les chasseurs du 12 &
pour des plongeurs à cheval, il s’empressa d’éta
blir une corrélation entre leur venue au Havre efc
la visite d’une escadre russe.
Et aussitôt, il télégraphia à son agence pour
lui annoncer cette nouvelle. L’agence s’empressa
de la transmettre aux quelques journaux qui font
encore appel à son concours. Les autres la répé
tèrent sans la contrôler.
Voilà pourtant les mystifications à la merci
desquelles peuvent se trouver les rapports diplo
matiques de deux grandes nations ! On n’agirait
pas autrement si l’on voulait nous faire regretter
l’ancienne loi qui punissait le délit de fausses
nouvelles.
Aujoutons, pour être complets, que la délé
gation, nommée par le Conseil municipal du
Havre, dans sa dernière séance, a dû ajourner sa
démarche, sur l’observation de M. Siegfried, qu’il
n’y avait pas lieu, quant à présent, de concevoir
d’espérances à ce sujet.
C’est vraiment dommage,, et nos concitoyens
qui escomptaient déjà avec joie ces fêtes qui n’eus
sent pas manqué de donner lieu, dans notre ville,
à des manifestations patriotiques trop rares, et
d’attirer ici une foule d’étrangers, regretteront
d’avoir été déçus dans leurs espérances.
RÉUNION ORS OUVRIERS MÉTALLURGISTES
AU CERCLE FRANKLIN
Dimanche dernier, un nombreux auditoire avait
répondu à l’appel qui lui avait été. adressé par le
Syndicat de la Métallurgie du Havre. La réunion
était présidée par le citoyen Desfeux, ayant à ses
côtés, les citoyens Belahaye et Agasse comme as
sesseurs ; secrétaire, Launay, et Monsallié comme
rapporteur.
Disons, tout d’abord, que le but si louahîe que
poursuivait le Syndicat a obtenu un complet suc
cès : il a même dépassé toute espérance, puisque
plus de deux cents nouveaux membres sont venus,
à l’issue de la réunion, se faire inscrire au tableau
du Syndicat.
Cet encourageant résultat place, désormais, le
Syndicat de la Métallurgie du Havre à l’avant-
garde de nos autres syndicats, d’abord à cause de
son nombre, et ensuite en raison des intelligences
qu’il compte dans ses rangs. On est frappé,
en effet, du raisonnement et du jugement de cer
tains de ces ouvriers, et de voir avec quelle facilité
ils élucident les questions les plus compliquées,
quoique n’ayant reçu, dans leur jeunesse, qu’une
instruction sommaire. Cela prouve qu’ils ont tra-
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