Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-03-11
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 11 mars 1893 11 mars 1893
Description : 1893/03/11 (N72). 1893/03/11 (N72).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
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Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263272t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
I
2 e Année — N° 72 — Samedi il Mars 1898.
DIX CENTIMES LE NUMÉRO
2 e Année — 21 Ventôse An 101 — N° 72.
Réveil
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements » 6 fr. 3 50
LE PROCÈS
DE
CORRU PTION
La politique d’affaires
Le procès qui se déroule, depuis trois jours,
devant la Cour d’Assises de la Seine, est
fertile en enseignements. Tous ceux qui ont
à cœur le triomphe de la démocratie sur
l’oligarchie financière, y trouveront plus d’un
argument en faveur de sérieuses réformes
ayant pour but d’empêcher le pouvoir de
tomber dans les mains des tripoteurs.
Quoi de plus lamentable, en effet, que ce
spectacle d’administrateurs d’une grande en
treprise assiégeant les membres du gouver
nement et les parlementaires d’une nuée de
courtiers, plus ou moins interlopes, chargés
de négocier l’achat des influences et des
votes ? Estimant sans doute que l’œuvre de
Panama ne se recommandait pas assez d’elle-
même, ils voulaient, coûte que coûte, faire
adopter par les Chambres un projet qui pa
raissait assurer le succès de l’entreprise. Et
les millions, fruit de l’épargne nationale,
sortirent de la caisse pour aller s’éparpiller
en des distributions inavouables et, pour ce(t3
raison, clandestines.
Le malheur est que, dans la circonstance,
en face des hommes disposés à acheter Lis
consciences, se rencontrèrent quelques con
sciences prêtes à se vendre.
Le débat, actuellement ouvert devant les
jurés de la Seine, n’a pas encore donné
toutes les révélations qu’on est en droit d’at
tendre de l’enquête publique, et des dépo
sitions importantes qu’on y puisera.
Un seul point paraît avoir été, quant à
présent, la préoccupation des divers accusés.
Qui l’emportera des corrupteurs ou des cor
rompus ? Laquelle de ces deux catégories peu
intéressantes pourra rejeter sur l’autre l’o
dieux, la responsabilité et la peine que doi
vent entraîner de tels actes ?
Et c’est pourquoi l'attention se concentre
sur deux hommes : Charles de Lesseps et
Baïhaut.
Ecoutez Charles de Lesseps : « On nous a
volés comme au coin d’un bois. On nous a fait
chanter ». Tel est son système depuis le début
de l’affaire de Panama.
Ecoutez Baïhaut : « On m’a sollicité. Cir
convenu par les agents de la Compagnie, je
n’ai pas eu le courage de repousser leurs of
fres. Dans un moment de faiblesse, j’ai eu le
tort de succomber ! »
Les belles explications, en vérité ! Et les
belles mœurs financières et politiques !
Comment ! Voilà le chef d’une entreprise,
qui a assume la responsabilité de 1,500millions
d’épargnes confiées à sa garde, et il trouve
tout naturel de fausser, avec cet argent, les
rouages politiques du pays qui lui a fait
crédit ?
Et voyez ce Baïhaut. Pris la main dans le
sac, ce parfait opportuniste daigne se repentir I
Il va de soi que, si la chose n’avait pas
été découverte, il jouirait sans remords du
produit de ses rapines, qu’en bon patriote il
avait converties en rentes italiennes ! Et il
verse devant le jury des larmes de crocodile,
se frappant la poitrine par trois fois et par
lant des services qu’il a rendus au pays et à
la République.
Que peut avoir de commun avec cet homme
la République exploitée et trahie par lui ? Et
n’y a-t-il pas intérêt, au nom de la Répu
blique même, à frapper sans pitié ceux qui se
sont servis de leurs titres et des honneurs que
le suffrage universel leur a confiés pour s’en
faire des moyens de s’enrichir.
Le jury de la Seine ne se laissera pas pren
dre, nous l’espérons, à ces regrets tardifs ni à
ces jérémiades. Il saura frapper rigoureuse
ment corrupteurs et corrompus. Il faut un
exemple.
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉKIER, 15
LE RÉVEIL DU II A VRE paraît le Samedi
Que le suffrage universel fasse à son tour
son profit de ces événements. Il y a trop long
temps que, pour couvrir leur modérantisme
bourgeois et rétrograde d’une étiquette pra
tique, certains soi-disant républicains oppo
sent la politique d’affaires à la politique de
principes.
La politique de principes a donné le suffrage
universel et la République. Qu’a donné au
pays la politique d’affaires ? Les scandales de
Panama, un des plus grands dont l’histoire
contemporaine fasse mention.
On a voulu considérer le Parlement comme
une Bourse et l’on a fait la cote des conscien
ces. Le salon de la Paix est devenu une cor
beille, plus discrète et moins bruyante que
l’autre, mais non moins immorale.
Il va falloir, sans pitié, chasser de ce qu’on
a appelé un peu pompeusement le Temple des
Lois, les vendeurs et les acheteurs. Et ensuite
lorsqu’on aura été au plus pressé et qu’on aura
purgé les Chambres et la politique de tous
ceux qui, à un titre quelconque, ont été com
promis dans cette honteuse affaire, il faudra
aller plus.loin et mettre un frein à cette puis
sance de l’argent, à cette suprématie de la
haute banque qui, si on en tolérait davantage
les abus, seraient mortelles à la démocratie.
La féodalité financière, trop forte aujour
d’hui, a besoin d’être réfrénée. Car, sans avoir
les qualités de vaillance de l'ancienne féoda
lité nobiliaire, qui achetait une partie de ses
privilèges par l’accomplissement de certains
devoirs patriotiques, elle a hérité de tous ses
vices. Et, par son affectation d’inhumanité, de
grossièreté et par son manque de scrupules,
elle a aggravé le poids qui pèse, de plus en
plus lourd, sur les opprimés et sur les faibles.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Le Sénat a décidé de disjoindre le budget de la
réforme des boissons, restant entendu qu’aussitôt
le budget voté, on reprendra la discussion de la
réforme des boissons, de façon à ce qu’on arrive à
une résolution, autant que possible, avant la dis
cussion du budget 1894.
La Chambre des députés a commencé la seconde
délibération sur les projets et propositions relatifs
aux Caisses d’épargne.
M. Alfred Naquet a développé un contre-projet
qui a été repoussé.
Elle a également examiné le projet de loi sur la
presse, qui a donné lieu à plusieurs discours et que
la Chambre a finalement adop té.
ESPAGNE
Les élections pour la Chambre des députés ont
eu lieu dans toute l’Espagne, dimanche dernier.
Elles se sont faites dans un très grand calma à
Madrid. Sur certains autres points, quelques dé
sordres se sont produits, qui ont été facilement
réprimés.
Il y a eu beaucoup d’abstentions ; la moitié à
peine des électeurs a pris part au vote.
A Madrid, sur les huit sièges, les républicains
en ont obtenu six.
Le résultat général a été plus favorable aux ré
publicains que ne l’espérait le gouvernement, les
républicains coalisés ont obtenu 27 sièges en Es
pagne et deux à Cuba ; les républicains possibili
tés, avec M. Castelar ont obtenu 14 sièges. Dans
la dernière Chambre, les républicains de toute
nuance n’étaient que de 24.
*
" * *
ÉTATS-UNIS
M. Claveland s’est installé, le 4 mars, à la pré
sidence des Etats-Unis, à laquelle il avait été élu
le 11 novembre dernier.
Le cortège se composait de 40,000 hommes de
troupes et d’une vingtaine de mille civils de
toutes natures, des gouverneurs d’Etat, des mem
bres des clubs démocrates, des pompiers, des
délégations de loges maçonniques, etc.
Après avoir baisé la Bible, il a prononcé le
discours d’inauguration qui promet beaucoup de
choses, notamment la condamnation du protec
tionnisme d’Etat, du paternalisme, produit mal
sain qui est un poison pour les institutions répu
blicaines ; la révision ' de cette extravagante
dépense des pensions, « qui prostitue à des fins
vicieuses la orofinpte et généreuse disposition du
peuple à aider ceux qui ont été blessés dans la
défense de leur pays » ; l’économie dans les dé
penses ; la réforme du service civil ; la justice
dans les tarifs et les impôts.
Le nouveau président a pris l’engagement de
vant Dieu de se consacrer avec dévouement à son
pays.
L'IMPOT ET LE RAMCAUSIE
L’équilibre du budget a lieu de préoccuper sé
rieusement les contribuables, car, de quelque côté
qu’ils se retdurnent, ils trouvent invariablement le
fisc à leurs côtés. Toutes les matières imposables
sérieuses payent depuis longtemps des redevances
au Trésor public et nous voyons avec regret le
Parlement chercher de nouveaux impôts dans la
catégorie des choses somptuaires. Nous avions
déjà l’impôt sur les chiens, sur les chevaux, sur
les voitures, sur les billards ; nous allons avoir
maintenant l’impôt sur les pianos, sur les véloci
pèdes et enfin sur la livrée des gens de service.
Il n’y aura bientôt plus de raison de s’arrêter
dans cette voie et nous verrons les Chambres fran
çaises qui ont aboli l’impôt des portes et fenêtres,
l’impôt de l’air, trouver une matière imposable
dans les chapeaux et les chaussures de luxe. Les
chapeaux-gibus et les bottines vernies devront
fournir uii aliment important pour équilibrer un
budget de trois millards. Ce chiffre prodigieux
est, hélas ! trop véritable et nullement fantas
tique.
On est effrayé des charges prodigieuses que
supportent les contribuables français et qui dépas
sent celles des autres pays civilisés. Mais il ne
s’en suit pas de ce fait que si la France est riche,
toutes ses ressources ne doivent servir qu’à ali
menter l’impôt, il y a aussi à penser aux pauvres
travailleurs qui ne payent plus cet impôt qu’avec
peine et se verront bientôt obligés de succomber
sous le faix si l’on ne vient promptement à leur
aide.
Ah ! il est bien beau de prononcer d’éloquents
discours, de prononcer des tirades dithyrambiques
sur la richesse du pays, le dévouement des ou
vriers, leur abnégation, leur affection pour la
République, mais cela ne pourra bientôt plus
suffire. L’ouvrier ne se contentera plus de paroles
et il faudra que les députés changent de tactique
s’ils veulent être réélus. Le peuple veut des actes
maintenant, et ce qu’il réclame avant tout, c’est la
diminution des impôts. Il ne s’arrêtera pas à un
vain simulacre de lois somptuaires qui produiront
quelques millions à peine et qui nécessiteront
des frais de perception presque équivalents, avec
ce double désavantage de forcer les agents dur tré
sor à pénétrer dans les intérieurs de maisons pour
établir l’assiette de l’impôt. Chacun protestera
sans nul doute, contre cette nouvelle inquisition.
En vérité, l’équilibre budgétaire n’est pas dif
ficile à opérer. Il est complètement inutile d’aug
menter les recettes; il suffit de diminuer les dépen
ses. Malheureusement, le parti radical n’est pas
écouté, et, cependant, chaque année, lors du vote
du budget, ses membres les plus éminents ne
cessent de signaler les nombreux articles où des
diminutions considérables de dépenses pourraient
avoir lieu. Leur voix n’a pas d’écho, et si parfois
on veut bien rendre justice à leurs talents ora
toires, c’est tout ce qu’on leur accorde.
Espérons donc qu’aux prochaines élections lé
gislatives, le parti radical se disciplinera et par
une campagne hardie et intelligente saura con
quérir parmi les populations ouvrières la majorité
qui lui est nécessaire pour diminuer les charges
du peuple et faire aimer cette République, dont
les maximes humanitaires sont si belles, mais
hélas, presque toujours méconnues et oubliées.
VICTOR HUGO ET M. MICHAUX
Il est fortement question en ce moment d’élever
une statue à M. Michaux.
Connaissiez-vous M. Michaux?
Non, eh ! bien, moi non plus, mais il paraît, ce
pendant que ce fut une gloire française ; c’est du
moins l’opinion du Comité qui vient de se former
en vue de l’érection d’une statue.
M. Michaux est l’inventeur de la pédale vêloci-
pédique. Nous comprenons fort bien, qu’à cet
égard, il mérite l’admiration de tous les vélocipé-
distes, mais de là à le couler en bronze, il y a loin.
Songer qu’on va peut-être élever une statue à ce
grand inconnu, et que Victor Hugo, le poète de
génie, l’auteur de : La Légende des Siècles , d’Her-
nani, des Misérables, des Châtiments, etc., etc.,
attend toujours la sienne, cela ne fait-il pas fré
mir ?
Il est vrai que l’abus qu’on en a fait depuis quel
ques années, ne contribue pas peu à faire hésiter
ceux qui se mettraient en avant, pour faire les
honneurs du bronze à notre poète national.
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
Ils doivent se dire que Victor Hugo restera
grand par son œuvre, et que cela suffit. — C’est
aussi notre avis.
RÉUNION DES OUVRIERS MÉTALLURGISTES
AU CERCLE FRANKLIN
RAPPORT DE M. MONSALLIÉ.
(Suite)
Si les hommes d’action du prolétariat doivent
bien se pénétrer de leur rôle de conseillers, les
masses, elles aussi, doivent se considérer comme
indispensables pour la réussite des revendications
qui sont faites pour elles par l’appui moral que
donne le nombre à toutes les réclamations.
Pour nous, travailleurs, le développement des
Chambres syndicales est le seul moyen pratique
que nous devons poursuivre avec énergie ; lui
seul peut nous donner la force nécessaire pour
lutter avec avantage contre l’arbitraire et la mau
vaise volonté, dont font preuve la plupart de nos
fonctionnaires publics et industriels.
Organisons nos syndicats de toutes professions
sur des bases nouvelles, puisque l’expérience
nous démontre que les moyens employés jusqu’à
q,e jour pour rallier les travailleurs ne sont pas
efficaces.
Abordons franchement un programme nouveau,
là est le salut, car il est indéniable pour toute
personne qui veut voir ce qui est, que quoi que
l’on ait fait pour le développement des syndicats
ouvriers, sauf un nombre restreint d’exceptions
heureuses, ils ne sont rien moins que prospères,
et que loin de compte parmi leurs adhérents la
majorité des ouvriers de leur profession, ils n’en,
réunissent qu’une minorité dérisoire. Les cham
bres syndicales ouvrières, se fondent, tombent, se
relèvent, brillent d’un éclat passager et retom
bent.
. C’est un fait qui s’est produit assez souvent
pour être connu de tout le monde, et assez grave
pour que l’on en recherche les causes exactes.
Elles sont de plusieurs natures.
En général, on a conclu que la Chambre syn
dicale n’offrait pas assez d’avantages immédiate
ment réalisables aux yeux des adhérents ; par
tant de là, on est entré dans la voie la plus
funeste à notre avis pour les associations ou
vrières et la propagande socialiste.
On a dit que Y intérêt social n’était que la
résultante des intérêts individuels, et que c’était
à ces intérêts individuels qu’il fallait s’adresser
pour attirer un grand nombre d’adhérents et faire
leur éducation sociale.
Là-dessus, les chambres syndicales se sont
faités'tour à tour et à la fois, bureaux de placement,
sociétés de secours mutuels, caisses d’épargne,
de prévoyance ou de crédit, enfin sociétés coopé
ratives. Cependant, rien n’y fait : les vides se
creusant de plus en plus, l’union et la solidarité
entre travailleurs restent toujours à l’ordre du
jour.
Les chambres syndicales, suivant nous, ont été
mal inspirées en faisant appel aux intérêts per
sonnels; en promettant la réalisation à bref délai
de l’âge d’or, car elles n’ont pu tenir leurs pro
messes, et les intérêts déçus se sont séparés plus
rapidement qu’ils ne s’étaient groupés.
Il est, d’ailleurs, dans la nature de l’intérêt de
diviser beaucoup plus que de réunir ; s’il
groupe, c’est pour un temps limité et un acte
déterminé, tandis que nous avons besoin d’une
association permanente perpétuelle.
Nous ne devons pas oublier que les chambres
syndicales ne doivent poursuivre de réformes
matérielles, intellectuelles ou morales, que celles
dont pourront bénéficier, en même temps, toutes
les corporations ralliées ou non.
Si les promesses irréalisées sont une cause
d’abstention dans les groupements ouvriers, il en
est une autre aussi qui mérite toute notre atten
tion. Beaucoup de nos amis considèrent les cham
bres syndicales, comme des écoles socialistes-
révolutionnaires, et ils redoutent les conséquences
de leur adhésion.
Les masses, en général, sont peu portées aux
aventures, et les exemples fâcheux qui se sont
produits dans quelques-unes ne sont pas faits
pour les engager à venir à nous.
Il s’est produit dans les ^groupements ouvriers
des profondes scissions, des malentendus regret
tables causés tous par les divergences d’opinions
qui existent aussi bien chez les membres du pro
létariat que dans les masses, et aussi longtemps
que cet état de choses durera, le même fait se
reproduira.
Il est à remarquer que les écoles soci alistes quelles
qu’elles soient, depuis la plus pacifique jusqu’à la
plus radicale, convergent toutes vers les mêmes
désirs, que l’on peut formuler ainsi : la paix, la
prospérité industrielle, la possibilité de vivre en
travaillant, l’économie dans les dépenses publi
ques, le bon emploi de l’impôt, etc.
Toutes sont, nous le répétons, d’accord sur ces
points fondamentaux; d’où viennent alors ces dissen
timents si profonds et ces divisions si préjudi-
2 e Année — N° 72 — Samedi il Mars 1898.
DIX CENTIMES LE NUMÉRO
2 e Année — 21 Ventôse An 101 — N° 72.
Réveil
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements » 6 fr. 3 50
LE PROCÈS
DE
CORRU PTION
La politique d’affaires
Le procès qui se déroule, depuis trois jours,
devant la Cour d’Assises de la Seine, est
fertile en enseignements. Tous ceux qui ont
à cœur le triomphe de la démocratie sur
l’oligarchie financière, y trouveront plus d’un
argument en faveur de sérieuses réformes
ayant pour but d’empêcher le pouvoir de
tomber dans les mains des tripoteurs.
Quoi de plus lamentable, en effet, que ce
spectacle d’administrateurs d’une grande en
treprise assiégeant les membres du gouver
nement et les parlementaires d’une nuée de
courtiers, plus ou moins interlopes, chargés
de négocier l’achat des influences et des
votes ? Estimant sans doute que l’œuvre de
Panama ne se recommandait pas assez d’elle-
même, ils voulaient, coûte que coûte, faire
adopter par les Chambres un projet qui pa
raissait assurer le succès de l’entreprise. Et
les millions, fruit de l’épargne nationale,
sortirent de la caisse pour aller s’éparpiller
en des distributions inavouables et, pour ce(t3
raison, clandestines.
Le malheur est que, dans la circonstance,
en face des hommes disposés à acheter Lis
consciences, se rencontrèrent quelques con
sciences prêtes à se vendre.
Le débat, actuellement ouvert devant les
jurés de la Seine, n’a pas encore donné
toutes les révélations qu’on est en droit d’at
tendre de l’enquête publique, et des dépo
sitions importantes qu’on y puisera.
Un seul point paraît avoir été, quant à
présent, la préoccupation des divers accusés.
Qui l’emportera des corrupteurs ou des cor
rompus ? Laquelle de ces deux catégories peu
intéressantes pourra rejeter sur l’autre l’o
dieux, la responsabilité et la peine que doi
vent entraîner de tels actes ?
Et c’est pourquoi l'attention se concentre
sur deux hommes : Charles de Lesseps et
Baïhaut.
Ecoutez Charles de Lesseps : « On nous a
volés comme au coin d’un bois. On nous a fait
chanter ». Tel est son système depuis le début
de l’affaire de Panama.
Ecoutez Baïhaut : « On m’a sollicité. Cir
convenu par les agents de la Compagnie, je
n’ai pas eu le courage de repousser leurs of
fres. Dans un moment de faiblesse, j’ai eu le
tort de succomber ! »
Les belles explications, en vérité ! Et les
belles mœurs financières et politiques !
Comment ! Voilà le chef d’une entreprise,
qui a assume la responsabilité de 1,500millions
d’épargnes confiées à sa garde, et il trouve
tout naturel de fausser, avec cet argent, les
rouages politiques du pays qui lui a fait
crédit ?
Et voyez ce Baïhaut. Pris la main dans le
sac, ce parfait opportuniste daigne se repentir I
Il va de soi que, si la chose n’avait pas
été découverte, il jouirait sans remords du
produit de ses rapines, qu’en bon patriote il
avait converties en rentes italiennes ! Et il
verse devant le jury des larmes de crocodile,
se frappant la poitrine par trois fois et par
lant des services qu’il a rendus au pays et à
la République.
Que peut avoir de commun avec cet homme
la République exploitée et trahie par lui ? Et
n’y a-t-il pas intérêt, au nom de la Répu
blique même, à frapper sans pitié ceux qui se
sont servis de leurs titres et des honneurs que
le suffrage universel leur a confiés pour s’en
faire des moyens de s’enrichir.
Le jury de la Seine ne se laissera pas pren
dre, nous l’espérons, à ces regrets tardifs ni à
ces jérémiades. Il saura frapper rigoureuse
ment corrupteurs et corrompus. Il faut un
exemple.
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉKIER, 15
LE RÉVEIL DU II A VRE paraît le Samedi
Que le suffrage universel fasse à son tour
son profit de ces événements. Il y a trop long
temps que, pour couvrir leur modérantisme
bourgeois et rétrograde d’une étiquette pra
tique, certains soi-disant républicains oppo
sent la politique d’affaires à la politique de
principes.
La politique de principes a donné le suffrage
universel et la République. Qu’a donné au
pays la politique d’affaires ? Les scandales de
Panama, un des plus grands dont l’histoire
contemporaine fasse mention.
On a voulu considérer le Parlement comme
une Bourse et l’on a fait la cote des conscien
ces. Le salon de la Paix est devenu une cor
beille, plus discrète et moins bruyante que
l’autre, mais non moins immorale.
Il va falloir, sans pitié, chasser de ce qu’on
a appelé un peu pompeusement le Temple des
Lois, les vendeurs et les acheteurs. Et ensuite
lorsqu’on aura été au plus pressé et qu’on aura
purgé les Chambres et la politique de tous
ceux qui, à un titre quelconque, ont été com
promis dans cette honteuse affaire, il faudra
aller plus.loin et mettre un frein à cette puis
sance de l’argent, à cette suprématie de la
haute banque qui, si on en tolérait davantage
les abus, seraient mortelles à la démocratie.
La féodalité financière, trop forte aujour
d’hui, a besoin d’être réfrénée. Car, sans avoir
les qualités de vaillance de l'ancienne féoda
lité nobiliaire, qui achetait une partie de ses
privilèges par l’accomplissement de certains
devoirs patriotiques, elle a hérité de tous ses
vices. Et, par son affectation d’inhumanité, de
grossièreté et par son manque de scrupules,
elle a aggravé le poids qui pèse, de plus en
plus lourd, sur les opprimés et sur les faibles.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Le Sénat a décidé de disjoindre le budget de la
réforme des boissons, restant entendu qu’aussitôt
le budget voté, on reprendra la discussion de la
réforme des boissons, de façon à ce qu’on arrive à
une résolution, autant que possible, avant la dis
cussion du budget 1894.
La Chambre des députés a commencé la seconde
délibération sur les projets et propositions relatifs
aux Caisses d’épargne.
M. Alfred Naquet a développé un contre-projet
qui a été repoussé.
Elle a également examiné le projet de loi sur la
presse, qui a donné lieu à plusieurs discours et que
la Chambre a finalement adop té.
ESPAGNE
Les élections pour la Chambre des députés ont
eu lieu dans toute l’Espagne, dimanche dernier.
Elles se sont faites dans un très grand calma à
Madrid. Sur certains autres points, quelques dé
sordres se sont produits, qui ont été facilement
réprimés.
Il y a eu beaucoup d’abstentions ; la moitié à
peine des électeurs a pris part au vote.
A Madrid, sur les huit sièges, les républicains
en ont obtenu six.
Le résultat général a été plus favorable aux ré
publicains que ne l’espérait le gouvernement, les
républicains coalisés ont obtenu 27 sièges en Es
pagne et deux à Cuba ; les républicains possibili
tés, avec M. Castelar ont obtenu 14 sièges. Dans
la dernière Chambre, les républicains de toute
nuance n’étaient que de 24.
*
" * *
ÉTATS-UNIS
M. Claveland s’est installé, le 4 mars, à la pré
sidence des Etats-Unis, à laquelle il avait été élu
le 11 novembre dernier.
Le cortège se composait de 40,000 hommes de
troupes et d’une vingtaine de mille civils de
toutes natures, des gouverneurs d’Etat, des mem
bres des clubs démocrates, des pompiers, des
délégations de loges maçonniques, etc.
Après avoir baisé la Bible, il a prononcé le
discours d’inauguration qui promet beaucoup de
choses, notamment la condamnation du protec
tionnisme d’Etat, du paternalisme, produit mal
sain qui est un poison pour les institutions répu
blicaines ; la révision ' de cette extravagante
dépense des pensions, « qui prostitue à des fins
vicieuses la orofinpte et généreuse disposition du
peuple à aider ceux qui ont été blessés dans la
défense de leur pays » ; l’économie dans les dé
penses ; la réforme du service civil ; la justice
dans les tarifs et les impôts.
Le nouveau président a pris l’engagement de
vant Dieu de se consacrer avec dévouement à son
pays.
L'IMPOT ET LE RAMCAUSIE
L’équilibre du budget a lieu de préoccuper sé
rieusement les contribuables, car, de quelque côté
qu’ils se retdurnent, ils trouvent invariablement le
fisc à leurs côtés. Toutes les matières imposables
sérieuses payent depuis longtemps des redevances
au Trésor public et nous voyons avec regret le
Parlement chercher de nouveaux impôts dans la
catégorie des choses somptuaires. Nous avions
déjà l’impôt sur les chiens, sur les chevaux, sur
les voitures, sur les billards ; nous allons avoir
maintenant l’impôt sur les pianos, sur les véloci
pèdes et enfin sur la livrée des gens de service.
Il n’y aura bientôt plus de raison de s’arrêter
dans cette voie et nous verrons les Chambres fran
çaises qui ont aboli l’impôt des portes et fenêtres,
l’impôt de l’air, trouver une matière imposable
dans les chapeaux et les chaussures de luxe. Les
chapeaux-gibus et les bottines vernies devront
fournir uii aliment important pour équilibrer un
budget de trois millards. Ce chiffre prodigieux
est, hélas ! trop véritable et nullement fantas
tique.
On est effrayé des charges prodigieuses que
supportent les contribuables français et qui dépas
sent celles des autres pays civilisés. Mais il ne
s’en suit pas de ce fait que si la France est riche,
toutes ses ressources ne doivent servir qu’à ali
menter l’impôt, il y a aussi à penser aux pauvres
travailleurs qui ne payent plus cet impôt qu’avec
peine et se verront bientôt obligés de succomber
sous le faix si l’on ne vient promptement à leur
aide.
Ah ! il est bien beau de prononcer d’éloquents
discours, de prononcer des tirades dithyrambiques
sur la richesse du pays, le dévouement des ou
vriers, leur abnégation, leur affection pour la
République, mais cela ne pourra bientôt plus
suffire. L’ouvrier ne se contentera plus de paroles
et il faudra que les députés changent de tactique
s’ils veulent être réélus. Le peuple veut des actes
maintenant, et ce qu’il réclame avant tout, c’est la
diminution des impôts. Il ne s’arrêtera pas à un
vain simulacre de lois somptuaires qui produiront
quelques millions à peine et qui nécessiteront
des frais de perception presque équivalents, avec
ce double désavantage de forcer les agents dur tré
sor à pénétrer dans les intérieurs de maisons pour
établir l’assiette de l’impôt. Chacun protestera
sans nul doute, contre cette nouvelle inquisition.
En vérité, l’équilibre budgétaire n’est pas dif
ficile à opérer. Il est complètement inutile d’aug
menter les recettes; il suffit de diminuer les dépen
ses. Malheureusement, le parti radical n’est pas
écouté, et, cependant, chaque année, lors du vote
du budget, ses membres les plus éminents ne
cessent de signaler les nombreux articles où des
diminutions considérables de dépenses pourraient
avoir lieu. Leur voix n’a pas d’écho, et si parfois
on veut bien rendre justice à leurs talents ora
toires, c’est tout ce qu’on leur accorde.
Espérons donc qu’aux prochaines élections lé
gislatives, le parti radical se disciplinera et par
une campagne hardie et intelligente saura con
quérir parmi les populations ouvrières la majorité
qui lui est nécessaire pour diminuer les charges
du peuple et faire aimer cette République, dont
les maximes humanitaires sont si belles, mais
hélas, presque toujours méconnues et oubliées.
VICTOR HUGO ET M. MICHAUX
Il est fortement question en ce moment d’élever
une statue à M. Michaux.
Connaissiez-vous M. Michaux?
Non, eh ! bien, moi non plus, mais il paraît, ce
pendant que ce fut une gloire française ; c’est du
moins l’opinion du Comité qui vient de se former
en vue de l’érection d’une statue.
M. Michaux est l’inventeur de la pédale vêloci-
pédique. Nous comprenons fort bien, qu’à cet
égard, il mérite l’admiration de tous les vélocipé-
distes, mais de là à le couler en bronze, il y a loin.
Songer qu’on va peut-être élever une statue à ce
grand inconnu, et que Victor Hugo, le poète de
génie, l’auteur de : La Légende des Siècles , d’Her-
nani, des Misérables, des Châtiments, etc., etc.,
attend toujours la sienne, cela ne fait-il pas fré
mir ?
Il est vrai que l’abus qu’on en a fait depuis quel
ques années, ne contribue pas peu à faire hésiter
ceux qui se mettraient en avant, pour faire les
honneurs du bronze à notre poète national.
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
Ils doivent se dire que Victor Hugo restera
grand par son œuvre, et que cela suffit. — C’est
aussi notre avis.
RÉUNION DES OUVRIERS MÉTALLURGISTES
AU CERCLE FRANKLIN
RAPPORT DE M. MONSALLIÉ.
(Suite)
Si les hommes d’action du prolétariat doivent
bien se pénétrer de leur rôle de conseillers, les
masses, elles aussi, doivent se considérer comme
indispensables pour la réussite des revendications
qui sont faites pour elles par l’appui moral que
donne le nombre à toutes les réclamations.
Pour nous, travailleurs, le développement des
Chambres syndicales est le seul moyen pratique
que nous devons poursuivre avec énergie ; lui
seul peut nous donner la force nécessaire pour
lutter avec avantage contre l’arbitraire et la mau
vaise volonté, dont font preuve la plupart de nos
fonctionnaires publics et industriels.
Organisons nos syndicats de toutes professions
sur des bases nouvelles, puisque l’expérience
nous démontre que les moyens employés jusqu’à
q,e jour pour rallier les travailleurs ne sont pas
efficaces.
Abordons franchement un programme nouveau,
là est le salut, car il est indéniable pour toute
personne qui veut voir ce qui est, que quoi que
l’on ait fait pour le développement des syndicats
ouvriers, sauf un nombre restreint d’exceptions
heureuses, ils ne sont rien moins que prospères,
et que loin de compte parmi leurs adhérents la
majorité des ouvriers de leur profession, ils n’en,
réunissent qu’une minorité dérisoire. Les cham
bres syndicales ouvrières, se fondent, tombent, se
relèvent, brillent d’un éclat passager et retom
bent.
. C’est un fait qui s’est produit assez souvent
pour être connu de tout le monde, et assez grave
pour que l’on en recherche les causes exactes.
Elles sont de plusieurs natures.
En général, on a conclu que la Chambre syn
dicale n’offrait pas assez d’avantages immédiate
ment réalisables aux yeux des adhérents ; par
tant de là, on est entré dans la voie la plus
funeste à notre avis pour les associations ou
vrières et la propagande socialiste.
On a dit que Y intérêt social n’était que la
résultante des intérêts individuels, et que c’était
à ces intérêts individuels qu’il fallait s’adresser
pour attirer un grand nombre d’adhérents et faire
leur éducation sociale.
Là-dessus, les chambres syndicales se sont
faités'tour à tour et à la fois, bureaux de placement,
sociétés de secours mutuels, caisses d’épargne,
de prévoyance ou de crédit, enfin sociétés coopé
ratives. Cependant, rien n’y fait : les vides se
creusant de plus en plus, l’union et la solidarité
entre travailleurs restent toujours à l’ordre du
jour.
Les chambres syndicales, suivant nous, ont été
mal inspirées en faisant appel aux intérêts per
sonnels; en promettant la réalisation à bref délai
de l’âge d’or, car elles n’ont pu tenir leurs pro
messes, et les intérêts déçus se sont séparés plus
rapidement qu’ils ne s’étaient groupés.
Il est, d’ailleurs, dans la nature de l’intérêt de
diviser beaucoup plus que de réunir ; s’il
groupe, c’est pour un temps limité et un acte
déterminé, tandis que nous avons besoin d’une
association permanente perpétuelle.
Nous ne devons pas oublier que les chambres
syndicales ne doivent poursuivre de réformes
matérielles, intellectuelles ou morales, que celles
dont pourront bénéficier, en même temps, toutes
les corporations ralliées ou non.
Si les promesses irréalisées sont une cause
d’abstention dans les groupements ouvriers, il en
est une autre aussi qui mérite toute notre atten
tion. Beaucoup de nos amis considèrent les cham
bres syndicales, comme des écoles socialistes-
révolutionnaires, et ils redoutent les conséquences
de leur adhésion.
Les masses, en général, sont peu portées aux
aventures, et les exemples fâcheux qui se sont
produits dans quelques-unes ne sont pas faits
pour les engager à venir à nous.
Il s’est produit dans les ^groupements ouvriers
des profondes scissions, des malentendus regret
tables causés tous par les divergences d’opinions
qui existent aussi bien chez les membres du pro
létariat que dans les masses, et aussi longtemps
que cet état de choses durera, le même fait se
reproduira.
Il est à remarquer que les écoles soci alistes quelles
qu’elles soient, depuis la plus pacifique jusqu’à la
plus radicale, convergent toutes vers les mêmes
désirs, que l’on peut formuler ainsi : la paix, la
prospérité industrielle, la possibilité de vivre en
travaillant, l’économie dans les dépenses publi
ques, le bon emploi de l’impôt, etc.
Toutes sont, nous le répétons, d’accord sur ces
points fondamentaux; d’où viennent alors ces dissen
timents si profonds et ces divisions si préjudi-
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