Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-01-14
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 14 janvier 1893 14 janvier 1893
Description : 1893/01/14 (N64). 1893/01/14 (N64).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32632648
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
T Année — S® 84 — Samedi 14 Janvier 1893.
DIX CENTIMES LE NUMERO
2 e Sisaéc — 24 livôsc An 104 — N°
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre
Départements.
UN an six MOIS
5 fr. 3 fr.
6 fr. 3 50
ADMINISTRATION Si RÉDACTION
15, RUE CÆSIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉ VE IL DU HA VRE parait le Samedi
GACHIS
L'année 1893 qui vient à peine de com
mencer paraît ne le céder en rien à 1892,
nti point de vue de la rapidité déconcertante
des événements.
En moins de quinze Jours, nous avons déjà
vu deux ministères, dont le premier, disloqué
sans que l’opposition ait été pour rien dans
son infortune, a fait place à une combinaison
qui ne semble guère plus solide.
C'est qu’elle est vraiment vertigineuse
cette consommation d’hommes politiques que
Don fait depuis la divulgation des scandales
de Panama ! Ministres en exercice, députés,
anciens ministres, sénateurs, tout y passe, on
dirait une de ces machines infernales, dévo-
ratrices, telles que ce Moloch que Flaubert
nous montre dans Salammbô, et qui, d’un
mouvement automatique et fatal, engouffrait
pêle-mêle des tas de victimes humaines.
L’affolement est tel, non-seulement parmi
les coupables, mais encore parmi les inno
cents, que le monde politique lui-même ne
sait plus où il va.
Qu’on en juge plutôt :
Après avoir permis l’avènement d’un mi
nistère présidé par M. Ribot et où cet homme
politique, ancien procureur impérial, s’était
réservé les Affaires étrangères, la Chambre
paraît autoriser ce modéré — connu comme
modérément républicain — à prendre l’In
térieur.
Ribot à l’Intérieur, voilà où nous en
sommes arrivés cent ans apres Danton ! La
réaction peut être tranquille, voilà, grâce au
ciel, un homme qui ne lui sera jamais mortel
et qui saura danser avec les acrobates du
centre droit — nos pères les appelaient les
grenouilles du Marais, — le pas de la ré
conciliation ...
Cette belle besogne, à laquelle l’Elysée
prête la main, a son colloraire à la Chambre.
On renverse Floquet, dénoncé par les cléri
caux, comme un danger pour la République
chère à M. Fiou. Et par qui le remplace-t-on?
Par M. Casimir-Périer, l’orléaniste de race
qui donna, on s’en souvient, sa démission de
député, lors de l’expulsion des princes.
Si la réaction n’était pas satisfaite, elle
serait en vérité bien difficile. Aussi se garde-
t-elle de bouder certains républicains, en
présence de telles dispositions et de pareils
gages. Ne parle-t-on pas déjà de M. Casimir-
Périer, actuel président d’une chambre dé
considérée, comme d’un futur président de la
République ?
Attendons-nous donc à voir bientôt rentrer
tous les princes sans emploi, tous les men
diants de couronnes.
Si ce n’est pas de la démence toute pure
de la part d’upe fraction du Parlement, on
peut se demander si ceux qui ont vendu leur
vote à la Compagnie de Panama, ne se
disposent pas à le vendre aux ennemis de la
République pour la renverser.
Comme tout est possible dans des cerveaux
malades, physiquement, et moralement, nous
voyons éclore, non sans stupéfaction, chaque
matin, les projets les plus imprévus. Et nous
entendons même lancer dans la mêlée, par des
républicains qu’on croyait mieux équilibrés,
ce mot d’ordre : Dissolution !
N’en déplaise à ceux qui se contentent,
en politique, de formules vagues et' retentis
santes et qui, comme dit Louis Blanc, vivent
et meurent « en criant des mots inconnus* »,
nous croyons que le moment est mal choisi
pour parler de dissolution.
Dissoudre ? Quand le parti républicain est
attaqué chaque jour par les royalistes et les
bonapartistes qui, dans cette campagne dont
ils tiennent toutes les positions, négligent de
désigner leurs amis coupables de corruption?
Dissoudre ? Quarfd tant d’hommes en vu©
de notre parti, sont accusés et n’ont pu encore
comparaître devant leurs juges ?:
Dissoudre ? Quand le chef de l’Etat lui*—
même, après les Sans-Leroy, les Rouvier, les-
Maret, les Thévenet, les Baïhaut et tant
d’autres, est mis sur la sellette ?
Avant de dissoudre, il faut juger les-
accusés et frapper les criminels. Quand la-*
police correctionnelle, la cour d?Assises et lai
Commission d’enquête se seront prononcées
et auront fait la lumière aussi bien dans-
l’armée assiégeante des réactionnaires que
dans le camp assiégé des républicains, alors,,
mais alors seulement, le pays pourra se
prononcer.
Consulter les électeurs sans leur avoir-
procuré au préalable des éléments d’appré
ciation, cg serait commettre plus qu’une
faut" . >n tre la République : un crime contre
Phonneuv * On n’a pas le droit de jeter en
pâture aux lût tes électorales des- citoyens
contre lesquels J P soupçon, même injuste,
crée un premier préjugé. Ils doivent être
jugés avant d’être candidats.
Nous ne comprendrions la, dissolution
immédiate qu’à cette condition la Chambre
actuelle serait déclarée en masse inéligible.
Cela aurait l’avantage de déblayer le terrain
électoral de la question de Panama»
La Révolution nous offre un exemple de ce
désintéressement d’une assemblée renonçant
à la réélection. Mais nos pères, détachés des
préoccupations électorales, mettaient au-
dessus de leur intérêt propre celui de la
Patrie.
Combien de députés seraient capables,
aujourd’hui, de ce sacrifice ?
#
—.——— • ~-ni!ÿsg*-
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Election sénatoriale du 8 Janvier 1893
Haute-Savoie
MM. le docteur Francoz, conseiller général ré-
républicain 407 voix, Elu.
Folliet, député républicain.. 185 » »
Il s’agissait de remplacer M. Chaumontel, ré
publicain.
*
* *
Election législative du 8 Janvier 4893
Tarn
Deuxième circonscription d’Albi
MM. Jean Jaurès, anc.dép., socialiste 4,660 voix.
Heral, anc. député, répubicain 4,407 »
Soulié, maire de Rosières, social. 1,060* »
Viguier, le Terrible , candidat
« humanitaire » 217 *
(Il y a ballottage).
Il Vagissait de remplacer le marquis de Solages,
royaliste, démissionnaire.
*
* *
Le Sénat et la Chambre des députés ont repris
mardi dernier leurs travaux.
M. Théry, doyen d’âge, a prononcé au Sénat, un
discours réactionnaire de la plus belle nuance ca
tholique !
Puis on essayé de nommer le bureau, mais vu ?
.le petit nombre de sénateurs présent, on a levé la.
iSéancè, et tenu - le même jour à quatre heures, une*
•deuxième séance, dans laquelle on- a élu :
MM. Le Royer^ président 162 voix.
Merlin, -vice-président 125 »
Bardoux, « ....... 125 «
Demôle,. » 117 »
Challemel Lacour, vice-président. 115 »
M. Le Royer a prononcé l’allocution suivante ::
« Messieurs les sèsatèursy
« L’heure n’est pas aux discours-, je dois mé
contenter de vous remercier du fond du cœur
de la preuve de confiance que, pose la douzième
fois, vous avez * bien voulu m’accorder ; il m’est
cependant impossible de ne pas faire allusion A
des faits qui nous attristent, mais qpi ne doivent
amener chez nous aucune défaillance..
« L’honneur de la France n’est pas- atteint par
la faiblesse de* quelques-uns. La* République
; aurait dû être à l’abri des misères-que tous les-
régimes ont connues. Elle a été frappée, mais ni.
son honneur ni celui de la- France n’ont jamais,
été impressionnés. La justice est diailleurs sai
sie et nous devons attendre- ses arrêts en si
lence.
« Je remercie le bureau provisoirô'd’avoir bien
voulu diriger nos premières- séances-.. Nous aidons
reprendre nos travaux sans-autre préoccupât ion,
accomplissons notre tâche sans faiblesse et mous
aurons fait notre devoir. »
★
*-
A la Chambre des.- députés,, c’est M. Pi erre
Blanc qui a été président d’âge.
Un scrutin a. été ouvert pour la nominatio n du
président définitif. Le nombre dès votants n’a yant
été que de 217, le scrutin a.été nuL
Une deuxième séance à-eu lieu dansîaqueïle M.,
Casimir-Périer, a ,été nommé président pa r 254,
voix, contre 67,voix donnés à.M.. de Mahy.
Le lendemain, mercredi, la Chambre a ‘élu ses.
quatre vice-présidents, qpi sont ::
MM»,de Mahy ..... 3€û voix.
Beytral ...... 298 »
Félix Faure 198 »
Etienne ..... 174 »
Il y & eu, le jour de la rentrée des Chambres-,,
une petite émotion ministérielle. Elle a été de peu
de durée. Le cabinet Ribot a donné sa démission*;
il été remplacé par le cabinet... Ribot. Dans oe
deuxième, ne figurent plus MM. Loubet, de Frey
cinet st Burdeau qui faisaient partie du premier.
Voici la composition de ce nouveau ministère :
MM. Ribot, intérieur et présidence et Conseil ;
Develle, affaires étrangères ;
Le général Loizillon, guérre ;
Tlrard, finances ;
Bourgeois, justice ;
Dupuy, instruction publique;
Viette, travaux publics ;
Jules Siegfried, commerce et colonies;
Viger, agriculture ;
Rieunier, marine.
FAUX BRUITS
Nous pouvons informer nos lecteurs que les
bruits qui ont couru, avec tant de persistance,
dans les journées d’hier et d’avant hier, que
quatre des membres du Parlement contre lesquels
des poursuites avaient été intentées du chef de
corruption allaient être l’objet d’une ordonnan
ce de non-lieu, sont sans fondement. Nous
croyons savoir queque M. Franqueville n’a
pris encore aucune détermination de cette na
ture et, qu’avant plusieurs jours, il ne sera
même pas apporté de modification à la situa
tion juridique des députés et des sénateurs en
ce moment inculpés. Le gouvernement, d’autre
part, s’est très correctement abstenu d'exercer,
soit dans un sens, soit dans l’autre, aucune pres
sion sur le magistrat chargé de cette affaire, et il
va de soi que, sauf le droit d’appel, en tout état de
cause réservé au chef du parquet, le juge d’in
struction demeure maître de ses actes. Il n’en est
pas moins certain qu’une mesure semblable à celle
PRIX DES INSERTIONS:
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
annoncée prématurément ne saurait être prise
sans entraîner des conséquences politiques et
sans, qu’aux yeux du public, la responsabilité du
gouvernement fût, en fait, engagée.
Non seulement, en effet, l’opinion s’étonnerait
à bon droit de voir mettre si rapidement hors de
cause certaines personnalités contre lesquelles il
n’est pas douteux que des charges graves ont été
recueillies ; elle se demanderait comment les con
tradictions flagrantes qui existent, par exemple,
entre les déclarations portées à la tribune de la
Chambre, par un ancien ministre, et les témoigna
ges reçus par la commission d’enquête ont pu être
expliqués; elle se dirait, au surplus, que si les
accusations de vénalité portées contre plusieurs
élus du suffrage universel reposaient sur des bases
tellement fragiles qu’une instruction de quelques
jours suffit à faire tomber «tous les soupçons, le
gouvernement avait vraiment agi avec une bien
coupable légèreté, en troublant inopportunément
le pays par ce coup de théâtre de la demande en
autorisation de poursuites, qu’avec un peu de
sang-froid il était si facile d’éviter.
Et c’est pourquoi nous pensons que le cabinet
qui vient de prendre la direction des affaires
commettrait une grave erreur s’il pensait pouvoir
se désintéresser complètement des résultats de
l’informatiou judiciaire confiée aux soins de M.
Franqueville. Il y a gros à parier, au contraire,
que de ces résultats dépend, en grande partie, sa
destinée, et que, s’ils étaient de nature à tromper
Fattènte du pays, qui veut que bonne justice soit
faite des prévaricateurs, ce serait lui qui paierait
pour les coupables épargnés.
M. CASIMIR-PÉRIER
On lit dans-Je Radical :
« Tous les journaux ont fait,, hier, dans-leurs
commentaires- sur l’élection du président de la
Chambre, un portrait de* M. Gàsimir-Périer..
« La presse réactionnaire ne lui a pas été
hostile et nos confrères conservateurs semblent
assez satisfaits du vote des députés*
« Ces deux petits passages de l’article du
Gaulois valent d’être reproduits :
« Le nouveau président de la Chambre est y
€ naturellement, républicain ; mais il ne fendrait
« point gratter beaucoup pour retrouver,. sous
« l’écorce républicaine,, la sève orléaniste dsu
€ tronc des Périer.
« Toute la famille,, père, mère et enfants, se
« rend, chaque dimanche,.au service religieux de
« Saint-Pierre de Chaillot. On les verra mainte-
* liant — et encore tous ensemble, n’est-ce pas ?
« — à l’église Sainte-Clotilde. »
« La, Droite sera* probablement enchanté© de
savoir que le nouveau, président ne manque pas
de religion. Les républicains qui ont donné leur
voix à M. Casimk-Périec- en éprouveront, sans
doute* moins de joie. »
\
MANIFESTE S0CIAUSTE
Le groupe socialiste- de la Chambre vient do
publier le manifeste suivant.
Quoique partageant, en somme, les idées qui s’y
trouvent exprimées sur la nécessité t de réformes
politiques et économiques, dont les scandales
actuels démontrent l’urgence, nous ne pouvons nous
empêcher de constater avec peine qu’à côté de
noms justement honorés dans le parti républi
cain, comme ceux de MM. Mifierand et Chassaing,
on y voit figurer des personnages qui paraissent
avoir peu d’autorité en matière de moralité poli
tique. Nous mentionnerons MM. Laisant, Laporte,
Gousset, Ernest Roche, anciens conspirateurs en,
dictature.
Au surplus, la vérité, même en politique, paraît
indépendante de ceux qui la formulent, et il faut
la prendre et la noter, d’où qu’elle vienne.
Voici ce document :
Français,
Comme l’empire, comme la monarchie de juillet,
comme touô les régimes qui depuis un siècle n’onl
DIX CENTIMES LE NUMERO
2 e Sisaéc — 24 livôsc An 104 — N°
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre
Départements.
UN an six MOIS
5 fr. 3 fr.
6 fr. 3 50
ADMINISTRATION Si RÉDACTION
15, RUE CÆSIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉ VE IL DU HA VRE parait le Samedi
GACHIS
L'année 1893 qui vient à peine de com
mencer paraît ne le céder en rien à 1892,
nti point de vue de la rapidité déconcertante
des événements.
En moins de quinze Jours, nous avons déjà
vu deux ministères, dont le premier, disloqué
sans que l’opposition ait été pour rien dans
son infortune, a fait place à une combinaison
qui ne semble guère plus solide.
C'est qu’elle est vraiment vertigineuse
cette consommation d’hommes politiques que
Don fait depuis la divulgation des scandales
de Panama ! Ministres en exercice, députés,
anciens ministres, sénateurs, tout y passe, on
dirait une de ces machines infernales, dévo-
ratrices, telles que ce Moloch que Flaubert
nous montre dans Salammbô, et qui, d’un
mouvement automatique et fatal, engouffrait
pêle-mêle des tas de victimes humaines.
L’affolement est tel, non-seulement parmi
les coupables, mais encore parmi les inno
cents, que le monde politique lui-même ne
sait plus où il va.
Qu’on en juge plutôt :
Après avoir permis l’avènement d’un mi
nistère présidé par M. Ribot et où cet homme
politique, ancien procureur impérial, s’était
réservé les Affaires étrangères, la Chambre
paraît autoriser ce modéré — connu comme
modérément républicain — à prendre l’In
térieur.
Ribot à l’Intérieur, voilà où nous en
sommes arrivés cent ans apres Danton ! La
réaction peut être tranquille, voilà, grâce au
ciel, un homme qui ne lui sera jamais mortel
et qui saura danser avec les acrobates du
centre droit — nos pères les appelaient les
grenouilles du Marais, — le pas de la ré
conciliation ...
Cette belle besogne, à laquelle l’Elysée
prête la main, a son colloraire à la Chambre.
On renverse Floquet, dénoncé par les cléri
caux, comme un danger pour la République
chère à M. Fiou. Et par qui le remplace-t-on?
Par M. Casimir-Périer, l’orléaniste de race
qui donna, on s’en souvient, sa démission de
député, lors de l’expulsion des princes.
Si la réaction n’était pas satisfaite, elle
serait en vérité bien difficile. Aussi se garde-
t-elle de bouder certains républicains, en
présence de telles dispositions et de pareils
gages. Ne parle-t-on pas déjà de M. Casimir-
Périer, actuel président d’une chambre dé
considérée, comme d’un futur président de la
République ?
Attendons-nous donc à voir bientôt rentrer
tous les princes sans emploi, tous les men
diants de couronnes.
Si ce n’est pas de la démence toute pure
de la part d’upe fraction du Parlement, on
peut se demander si ceux qui ont vendu leur
vote à la Compagnie de Panama, ne se
disposent pas à le vendre aux ennemis de la
République pour la renverser.
Comme tout est possible dans des cerveaux
malades, physiquement, et moralement, nous
voyons éclore, non sans stupéfaction, chaque
matin, les projets les plus imprévus. Et nous
entendons même lancer dans la mêlée, par des
républicains qu’on croyait mieux équilibrés,
ce mot d’ordre : Dissolution !
N’en déplaise à ceux qui se contentent,
en politique, de formules vagues et' retentis
santes et qui, comme dit Louis Blanc, vivent
et meurent « en criant des mots inconnus* »,
nous croyons que le moment est mal choisi
pour parler de dissolution.
Dissoudre ? Quand le parti républicain est
attaqué chaque jour par les royalistes et les
bonapartistes qui, dans cette campagne dont
ils tiennent toutes les positions, négligent de
désigner leurs amis coupables de corruption?
Dissoudre ? Quarfd tant d’hommes en vu©
de notre parti, sont accusés et n’ont pu encore
comparaître devant leurs juges ?:
Dissoudre ? Quand le chef de l’Etat lui*—
même, après les Sans-Leroy, les Rouvier, les-
Maret, les Thévenet, les Baïhaut et tant
d’autres, est mis sur la sellette ?
Avant de dissoudre, il faut juger les-
accusés et frapper les criminels. Quand la-*
police correctionnelle, la cour d?Assises et lai
Commission d’enquête se seront prononcées
et auront fait la lumière aussi bien dans-
l’armée assiégeante des réactionnaires que
dans le camp assiégé des républicains, alors,,
mais alors seulement, le pays pourra se
prononcer.
Consulter les électeurs sans leur avoir-
procuré au préalable des éléments d’appré
ciation, cg serait commettre plus qu’une
faut" . >n tre la République : un crime contre
Phonneuv * On n’a pas le droit de jeter en
pâture aux lût tes électorales des- citoyens
contre lesquels J P soupçon, même injuste,
crée un premier préjugé. Ils doivent être
jugés avant d’être candidats.
Nous ne comprendrions la, dissolution
immédiate qu’à cette condition la Chambre
actuelle serait déclarée en masse inéligible.
Cela aurait l’avantage de déblayer le terrain
électoral de la question de Panama»
La Révolution nous offre un exemple de ce
désintéressement d’une assemblée renonçant
à la réélection. Mais nos pères, détachés des
préoccupations électorales, mettaient au-
dessus de leur intérêt propre celui de la
Patrie.
Combien de députés seraient capables,
aujourd’hui, de ce sacrifice ?
#
—.——— • ~-ni!ÿsg*-
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Election sénatoriale du 8 Janvier 1893
Haute-Savoie
MM. le docteur Francoz, conseiller général ré-
républicain 407 voix, Elu.
Folliet, député républicain.. 185 » »
Il s’agissait de remplacer M. Chaumontel, ré
publicain.
*
* *
Election législative du 8 Janvier 4893
Tarn
Deuxième circonscription d’Albi
MM. Jean Jaurès, anc.dép., socialiste 4,660 voix.
Heral, anc. député, répubicain 4,407 »
Soulié, maire de Rosières, social. 1,060* »
Viguier, le Terrible , candidat
« humanitaire » 217 *
(Il y a ballottage).
Il Vagissait de remplacer le marquis de Solages,
royaliste, démissionnaire.
*
* *
Le Sénat et la Chambre des députés ont repris
mardi dernier leurs travaux.
M. Théry, doyen d’âge, a prononcé au Sénat, un
discours réactionnaire de la plus belle nuance ca
tholique !
Puis on essayé de nommer le bureau, mais vu ?
.le petit nombre de sénateurs présent, on a levé la.
iSéancè, et tenu - le même jour à quatre heures, une*
•deuxième séance, dans laquelle on- a élu :
MM. Le Royer^ président 162 voix.
Merlin, -vice-président 125 »
Bardoux, « ....... 125 «
Demôle,. » 117 »
Challemel Lacour, vice-président. 115 »
M. Le Royer a prononcé l’allocution suivante ::
« Messieurs les sèsatèursy
« L’heure n’est pas aux discours-, je dois mé
contenter de vous remercier du fond du cœur
de la preuve de confiance que, pose la douzième
fois, vous avez * bien voulu m’accorder ; il m’est
cependant impossible de ne pas faire allusion A
des faits qui nous attristent, mais qpi ne doivent
amener chez nous aucune défaillance..
« L’honneur de la France n’est pas- atteint par
la faiblesse de* quelques-uns. La* République
; aurait dû être à l’abri des misères-que tous les-
régimes ont connues. Elle a été frappée, mais ni.
son honneur ni celui de la- France n’ont jamais,
été impressionnés. La justice est diailleurs sai
sie et nous devons attendre- ses arrêts en si
lence.
« Je remercie le bureau provisoirô'd’avoir bien
voulu diriger nos premières- séances-.. Nous aidons
reprendre nos travaux sans-autre préoccupât ion,
accomplissons notre tâche sans faiblesse et mous
aurons fait notre devoir. »
★
*-
A la Chambre des.- députés,, c’est M. Pi erre
Blanc qui a été président d’âge.
Un scrutin a. été ouvert pour la nominatio n du
président définitif. Le nombre dès votants n’a yant
été que de 217, le scrutin a.été nuL
Une deuxième séance à-eu lieu dansîaqueïle M.,
Casimir-Périer, a ,été nommé président pa r 254,
voix, contre 67,voix donnés à.M.. de Mahy.
Le lendemain, mercredi, la Chambre a ‘élu ses.
quatre vice-présidents, qpi sont ::
MM»,de Mahy ..... 3€û voix.
Beytral ...... 298 »
Félix Faure 198 »
Etienne ..... 174 »
Il y & eu, le jour de la rentrée des Chambres-,,
une petite émotion ministérielle. Elle a été de peu
de durée. Le cabinet Ribot a donné sa démission*;
il été remplacé par le cabinet... Ribot. Dans oe
deuxième, ne figurent plus MM. Loubet, de Frey
cinet st Burdeau qui faisaient partie du premier.
Voici la composition de ce nouveau ministère :
MM. Ribot, intérieur et présidence et Conseil ;
Develle, affaires étrangères ;
Le général Loizillon, guérre ;
Tlrard, finances ;
Bourgeois, justice ;
Dupuy, instruction publique;
Viette, travaux publics ;
Jules Siegfried, commerce et colonies;
Viger, agriculture ;
Rieunier, marine.
FAUX BRUITS
Nous pouvons informer nos lecteurs que les
bruits qui ont couru, avec tant de persistance,
dans les journées d’hier et d’avant hier, que
quatre des membres du Parlement contre lesquels
des poursuites avaient été intentées du chef de
corruption allaient être l’objet d’une ordonnan
ce de non-lieu, sont sans fondement. Nous
croyons savoir queque M. Franqueville n’a
pris encore aucune détermination de cette na
ture et, qu’avant plusieurs jours, il ne sera
même pas apporté de modification à la situa
tion juridique des députés et des sénateurs en
ce moment inculpés. Le gouvernement, d’autre
part, s’est très correctement abstenu d'exercer,
soit dans un sens, soit dans l’autre, aucune pres
sion sur le magistrat chargé de cette affaire, et il
va de soi que, sauf le droit d’appel, en tout état de
cause réservé au chef du parquet, le juge d’in
struction demeure maître de ses actes. Il n’en est
pas moins certain qu’une mesure semblable à celle
PRIX DES INSERTIONS:
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
annoncée prématurément ne saurait être prise
sans entraîner des conséquences politiques et
sans, qu’aux yeux du public, la responsabilité du
gouvernement fût, en fait, engagée.
Non seulement, en effet, l’opinion s’étonnerait
à bon droit de voir mettre si rapidement hors de
cause certaines personnalités contre lesquelles il
n’est pas douteux que des charges graves ont été
recueillies ; elle se demanderait comment les con
tradictions flagrantes qui existent, par exemple,
entre les déclarations portées à la tribune de la
Chambre, par un ancien ministre, et les témoigna
ges reçus par la commission d’enquête ont pu être
expliqués; elle se dirait, au surplus, que si les
accusations de vénalité portées contre plusieurs
élus du suffrage universel reposaient sur des bases
tellement fragiles qu’une instruction de quelques
jours suffit à faire tomber «tous les soupçons, le
gouvernement avait vraiment agi avec une bien
coupable légèreté, en troublant inopportunément
le pays par ce coup de théâtre de la demande en
autorisation de poursuites, qu’avec un peu de
sang-froid il était si facile d’éviter.
Et c’est pourquoi nous pensons que le cabinet
qui vient de prendre la direction des affaires
commettrait une grave erreur s’il pensait pouvoir
se désintéresser complètement des résultats de
l’informatiou judiciaire confiée aux soins de M.
Franqueville. Il y a gros à parier, au contraire,
que de ces résultats dépend, en grande partie, sa
destinée, et que, s’ils étaient de nature à tromper
Fattènte du pays, qui veut que bonne justice soit
faite des prévaricateurs, ce serait lui qui paierait
pour les coupables épargnés.
M. CASIMIR-PÉRIER
On lit dans-Je Radical :
« Tous les journaux ont fait,, hier, dans-leurs
commentaires- sur l’élection du président de la
Chambre, un portrait de* M. Gàsimir-Périer..
« La presse réactionnaire ne lui a pas été
hostile et nos confrères conservateurs semblent
assez satisfaits du vote des députés*
« Ces deux petits passages de l’article du
Gaulois valent d’être reproduits :
« Le nouveau président de la Chambre est y
€ naturellement, républicain ; mais il ne fendrait
« point gratter beaucoup pour retrouver,. sous
« l’écorce républicaine,, la sève orléaniste dsu
€ tronc des Périer.
« Toute la famille,, père, mère et enfants, se
« rend, chaque dimanche,.au service religieux de
« Saint-Pierre de Chaillot. On les verra mainte-
* liant — et encore tous ensemble, n’est-ce pas ?
« — à l’église Sainte-Clotilde. »
« La, Droite sera* probablement enchanté© de
savoir que le nouveau, président ne manque pas
de religion. Les républicains qui ont donné leur
voix à M. Casimk-Périec- en éprouveront, sans
doute* moins de joie. »
\
MANIFESTE S0CIAUSTE
Le groupe socialiste- de la Chambre vient do
publier le manifeste suivant.
Quoique partageant, en somme, les idées qui s’y
trouvent exprimées sur la nécessité t de réformes
politiques et économiques, dont les scandales
actuels démontrent l’urgence, nous ne pouvons nous
empêcher de constater avec peine qu’à côté de
noms justement honorés dans le parti républi
cain, comme ceux de MM. Mifierand et Chassaing,
on y voit figurer des personnages qui paraissent
avoir peu d’autorité en matière de moralité poli
tique. Nous mentionnerons MM. Laisant, Laporte,
Gousset, Ernest Roche, anciens conspirateurs en,
dictature.
Au surplus, la vérité, même en politique, paraît
indépendante de ceux qui la formulent, et il faut
la prendre et la noter, d’où qu’elle vienne.
Voici ce document :
Français,
Comme l’empire, comme la monarchie de juillet,
comme touô les régimes qui depuis un siècle n’onl
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