Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-01-07
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 janvier 1893 07 janvier 1893
Description : 1893/01/07 (N63). 1893/01/07 (N63).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263263v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
2 e Année — Ji° 62 — Samedi 7 Janvier 1892.
DIX CENTIMES LE NUMÉRO
2 e Année — 17 Nivôse An 101 — N° 82.
Réveil
ORGANE RÉPUBLICAIN
rmx DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements 6 fr. 3 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RE VE IL DU HA VRE paraît le Samedi
PRIX DES INSERTIONS:
Annonces 25 cent, la ligné
Réclames 50 cent, la ligne
On traita à Forfait
LEUR PLAN
Pour ceux qui se souviennent de la tacti
que suivie par les réactionnaires, lors des
élections de 1885 et de 1889, il ne peut y
avoir aucun doute sur la ligne de conduite
que les adversaires de la République vont
adopter lors de la prochaine consultation du
suffrage universel.
Le plan général d’attaque de nos institu
tions, après s’être dessiné il y a quelques
mois, se déroule aujourd'hui avec une admi
rable régularité. y
Les cléricaux ont, tout d’abord, pour
endormir l’opinion et pour inviter les répu
blicains à la quiétude et à l’indifférence,
manifesté leur intention de se rallier à la
République. En même temps, ils continuaient
de l’injurier dans les organes officiels de leur
parti et de réclamer à cor et à cri l’abrogation
des « lois scélérates » sur l’enseignement et
le service militaire.
Puis ont éclaté, sur la dénonciation de qui
l’on sait, les scandales de Panama. Et alors,
le mouvement tournant s’accuse avec la der
nière évidence.
Après avoir attaqué en bloc toute la majorité
républicaine du Parlement, après avoir dé
noncé comme le vice même du régime ce qui
n’est que la faute de quelques-uns, après
avoir écarté prudemment les charges qui pèsent
sur certains membres de la Droite, nos adver
saires prennent en détail les hommes les plus
connus, et les représentent, journellement,
dans leurs feuilles, comme ayant fait ou laissé
faire cette série d’escroqueries ou de détour
nements, ces actes de corruption qui four
millent dans la comptabilité de Panama.
Sans doute il y a des coupables et d’aucuns
sont haut placés. Mais les Delahayé, les Dru-
mont et les Andrieux, ces honnêtes gens dou
blés d’esprits subtils, n’entendent pas perdre
leur temps à faire des distinctions. Ils l’ont
dit eux-mêmes, ils accusent. Aux accusés de
se défendre s’ils peuvent contre des imputa
tions d’autant plus difficiles à réfuter qu’elles
manquent trop souvent de précision.
Rien n’est plus aisé, il faut en convenir,
que ce rôle d’accusateurs publics que se sont
arrogé certains hommes qui font un choix
habile, mais incomplet, dans des dossiers dont
ils ont eu la garde comme policiers. En atta
quant, ils risquent moins que ne le font, en se
défendant, les victimes qu’ils ont choisies.
Car, de là calomnie il reste toujours quelque
chose, et le calomniateur en est quitte pour
détourner sur un autre point l’attention des
badauds.
Le cléricalisme monarchiste au profit de qui
s’effectue ce travail de démolition et de consi
dération, compte bien sur le résultat d’une
telle campagne. Il lui paraît certain qu’en
habituant les électeurs à entendre dire que
tous les républicains en vue sont individuel
lement des escrocs et d’abominables gredins,
le régime qu’ils défendent ne doit pas valoir
cher. Et il espère, grâce à cette manœuvre et
en intéressant à sa cause les intérêts matériels
que les administrateurs de Panama ont sacri
fiés, dégoûter à tout jamais le pays d’un régime
sous lequel de tels abus sont possibles.
Le pays pourrait s’y laisser prendre, s’il
ne savait depuis longtemps ce que valent les
indignations réactionnaires et de quels tripo-
——BQ—BBBH» Tffl IIM llflll—Ma—BSBBgBîWBM—a——I
tages sont capables, lorsqu’ils sont au pou
voir, les hommes de la royauté et de l’Em
pire.
Nous avons donc confiance dans l’opinion
du pays. Il aura la sagesse de déjouer les
manœuvres des réactionnaires qui s’engagent
déjà à la Bourse et jouent à la hausse et à
la baisse avec les événements de Panama, au
risque d’ébranler le crédit "public, moins
intéressant que la restauration du régime
qui leur est cher.
Le pays, en exigeant la punition des cou
pables, quels qu’ils soient, saura, comme il
l’a fait en 1889, affirmer sa volonté de mettre
la République à l’abri de nouvelles attaques
et repousser ce dernier assaut des réactions
coalisées.
Comme en 1889, le devoir des républicains
consiste à redoubler de vigilance. S’il s’est
trouvé dans les rangs, et même parfois à
leur tête, des corrompus ou des corrupteurs,
ils seront les premiers à exiger des châtiments
exemplaires.
Mais, loin de se laisser abattre pas la tris
tesse que comportent ces exécutions néces
saires, ils trouveront, dans leur amour de la
vérité et leur culte de la justice égalitaire et
implacable, le courage indispensable pour
combattre en face ceux qui voudraient se
faire une arme contre la République, de la
défaillance de quelques-uns.
SEMAIN E POL ITIQUE
FRANCE
Election législative du 1 er Janvier 1893
[Drôme'( arrondissement de Dié)
Deuxième tour de scrutin
MM. Blanc, cons. général, répub 6,961 v. élu
Reyaaud, ancien directeur du
cabinet au Ministère de l’inté
rieur, républicain. 6,345
Il s’agissait de remplacer M. Chevandier, répu
blicain, élu sénateur.
! -,| dLvu-l-i. * ■ *■ ■* * ; • ;■ ' ^ ' V ’’ * i
— La semaine est à peu près nulle, au point de
vue politique. Les réactionnaires essaient bien
encore de vomir leur bave sur la République, mais
cela ne prend plus. On a vu trop bien leur jeu, et,
aujourd’hui, c’est usé.
Pour le Panama, du moins.
Aussi, vont-ils essayer de se tourner d’un autre
côté, et déjà songent-ils à s’attaquer au Crédit
foncier !
En attendant, le monde politique a fait ses
réceptions et ses visites de nouvel au, et les minis
tres ont décoré de nombreuses poitrines.
Les réceptions de nouvel an ! C’est une occasion
de compliments officiels, sans grand sens bien
précis et généralement très innocents.
Quant aux décorations, nous y sommes per
sonnellement opposé ; nous croyons que le mérite
doit trouver sa récompense dans la satisfaction dm
devoir accompli. Mais nous savons que tout le
monde n’est pas de notre avis, et nous n’insistons
pas ; toutes les opinions sont libres, surtout dans
le Réveil !
Nous n’avons pas l’intention de passer en revue
les noms de tous les nouveaux croisés ; ce serait
trop long, d'abord, et puis, voici huit jours que le.
public ha vrais ne parle que de cela !
ALLEMAGNE
Le fond guelfe est le Panama allemand !
Le journal socialiste le Vorwacrts, vient de
soulever un lièvre qui met tout le monde politique
allemand sur les dents.
D’après ce journal, de hauts fonctionnaires,
dans l'armée, dans la magistrature, à la cour,
dans le Parlement, des journalistes, auraient reçu
de l’argent provenant du fonds guelfe.
Il y a là un scandale peu fait pour satisfaire nos
voisins qui, dans ces derniers temps et suivant
leur habitude, nous sermonnaient et nous nar
guaient effrontément à propos de nos récentes
affaires financières.
DERNIÈRES INFORMATIONS
Les Caisses d’Epargne
Les achats de rentes de la Caisse d’Epargne
n’ont cessé que parce que les versements se sont
momentanément arrêtés.
Nous tenons, de source certaine, qu’il n’y a
pas d’autes causes à la cessation de ces achats.
L’absence de trois ministres au Conseil des
Ministres d’avant-hier, et l’indisposition subite de
M. Bourgeois, ont été très commentées.
Le Panama et les Classes populaires
On commente beaucoup dans les milieux poli
tiques les divers articles de journaux, affirmant
l’existence de graves dissentiments entre les mem
bres du cabinet.
C’est toujours l’affaire du Panama qui en serait
la cause ; certains ministres voulant accroître le
nombre des hommes politiques poursuivis ; d’au
tres ministres désirant voir cette triste affaire
aboutir rapidement et sans nouveaux scandales.
Il est à remarquer que l’on se fait dans les
milieux politiques et bourgeois de grosses illu
sions sur l’état d’esprit des classes populaires.
Les paysans sont tous plus ou moins propriétaires
et susceptibles de placer des économies dans des
affaires financières ; aussi sont-ils furieux contre
les députés et sénateurs coupables d’avoir vendu
leur vote ; mais, détail curieux, ils. ne leur
reprochent pas d’avoir, par ce vote, permis à
M. de Lesseps de prolonger une situation mau
vaise et mangé quelques centaines de millions de
plus ; non, ils sont furieux, parce que ces députés
ont pris à la Compagnie du Panama quelques
millions qui auraient sans cela grossi les bénéfices
de quelques entrepreneurs.
Quant aux ouvriers des villes, beaucoup plus
intelligents et sceptiques, ils ne s’émotionnent
pas et, haussant les épaules avec mépris, décla
rent à ceux qui les interrogent, que c’est bien
naturel et que des bourgeois corrompus sont
capables de tout.
D'ailleurs, pour eux, l’affaire du Panama est le
juste châtiment des petits capitalistes spécu
lateurs.
Au fond l’affaire du Panama est une excel
lente occasion pour les socialistes, et les mesures
prises pour la journée de mardi par le Gouver
nement, si elles créent un obstacle sérieux aux
désordres dans la rue, n’empêcheront pas l’orga
nisation du parti de se perfectionner en vue du
grand soir.
Il y a là de l’ouvrage pour les Ministres de
l’Intérieur à venir.
La Petite Bourse à subi hier soir le contre coup
de l’arrestation de M. Blondin, fondé de pouvoirs
du Crédit Lyonnais, bien que cette arrestation
n’ait aucun rapport avec cet établissement lai-
même.
On a parlé également de l’arrestation du ban
quier allemand Oberndœrferr et la Libre Parole
dit que le bruit a couru de l’arrestation imminente
deM.Clémenceau. D’après ce même journal on doit
s’attendre aujourd’hui à des arrestations sensa
tionnelles.
Le Figaro dit que des mesures d’une gravité
exceptionnelle et qui surprendront beaucoup, se
ront prises par le parquet soit avant le dix janvier,
soit immédiatement après.
Le Gaulois dit que le bruit court qu’il sera pris
ce matin au Conseil de Cabinet, des résolutions
d’autant plus graves que nous sommes à la veille
de la rentrée des Chambres. Il ajoute qu’il y a
des dissentiments profonds au sein du Ministère.
Sous ce titre Le Chapitre des Restitutions, le
Gil Blas donne un tableau d’où il ressort que sur
426.798.233 fr. dépensés par le Panama pour les
diverses entreprises de travaux, le montant des
restitutions à réclamer aux entrepreneurs devrait
s’élever à 237.308.000 fr.
Le Journal annonce que sur la demande du mi
nistre de la justice, M. Cornélius Herz vient d’être
rayé des contrôle de la Légion d’IIonneur.
Plusieurs journaux annoncent que, contraire*
ment au bruit qui avait couru, M. Floquet
restera candidat à la présidence de la Chambre ;
d’après la Lanterne et le XIX e Siècle, sa réélec
tion ne paraît pas douteuse.
M. Andrieux, interviewé par le Gaulois , dit
que la nomination de M. Floquet est celle qui
servira le mieux les intérêts de la minorité.
L’Eclair dit qu’il ne peut être question de
dislocation ministérielle, l’accord n’ayant jamais
cessé d’être complet sur toutes les questions entre
les membres du Gouvernement.
L’Election présidentielle aux Etats-Unis
On mande de New-York :
D’après un minutieux pointage des voix pour
l’élection présidentielle aux Etats-Unis, M.
Cleveland obtiendrait 276 voix ; M. Harrisson,
144 voix, et le général Weaver 24 voix.
L’Industrie en Chine
Le Gouvernement chinois est entré en pour
parlers avec le Syndicat du coke de la Westphalie
pour une livraison de coke très importante, desti
née aux hauts fourneaux de Wutschang.
Buenos-Ayres. — L’insurrection deCorrientes
se continue, et les insurgés assiègent Caseros qui
leur fait une sérieuse résistance.
New-York. — Il est inexact que le.Gouver
nement américain veuille acquérir la concession
du Panama, même au cas où la France l’aban
donnerait.
Saint-Pétersbourg. — Le Nouveau-Temps
prévoit qu’avec l’appui de la nation, le Gouver
nement français prendra des mesures énergiques
pour rétablir la tranquillité ; par contre, la
Gazette de Saint-Pétersbourg dit qu’un coup
d’Etat en France serait facile.
Le Times demande la réoccupation graduelle
du Soudan.
On télégraphie de Constantinople :
Un drame sombre vient de se passer au harem
du Sultan. Parmi les plusieurs centaines d’oda
lisques que renferme le palais, Abduî-Hamid,
depuis quelque temps, distinguait trois femmes
d’une manière toute particulière, dont deux étaient'
circassiennes et la troisième albanaise. Elles
étaient continuellement comblées de faveurs et de
présents par le commandeur des croyants, ce qui,
bien entendu, excitait'chez leurs compagnes des
haines et des jalousies féroces, allant parfois
jusqu’à des protestations bruyantes. Or, avant-
hier matin, on trouva les trois favorites mortes
dans leurs lits. On constata qu’elles avaient été
empoisonnées.
L'ANNÉE A 893
Les craintes d’un vieux démocrate
L’année 1892 a fini bien tristement ; celle qui
commence me paraît s’annoncer d’une manière
bien sombre : l’orage gronde, menaçant, et s’il
éclate, ce sera la faute de ceux qui, placés à la
tête des affaires publiques, pouvaient amener la
paix sociale par une conduite probe et en don
nant, de bonne volonté, aux prolétaires, les satis
factions auxquelles ils avaient droit et qu’ils ont
attendu si patiemment ; aux ploutocrates gou
vernementaux, la responsabilité des événements !
(Vernaison, I er Janvier 1893).
QUESTIONS DU PORT
L’article paru le 24 décembre, sous ce titre,
dans nos colonnes, a eu un grand retentissement.
DIX CENTIMES LE NUMÉRO
2 e Année — 17 Nivôse An 101 — N° 82.
Réveil
ORGANE RÉPUBLICAIN
rmx DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements 6 fr. 3 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RE VE IL DU HA VRE paraît le Samedi
PRIX DES INSERTIONS:
Annonces 25 cent, la ligné
Réclames 50 cent, la ligne
On traita à Forfait
LEUR PLAN
Pour ceux qui se souviennent de la tacti
que suivie par les réactionnaires, lors des
élections de 1885 et de 1889, il ne peut y
avoir aucun doute sur la ligne de conduite
que les adversaires de la République vont
adopter lors de la prochaine consultation du
suffrage universel.
Le plan général d’attaque de nos institu
tions, après s’être dessiné il y a quelques
mois, se déroule aujourd'hui avec une admi
rable régularité. y
Les cléricaux ont, tout d’abord, pour
endormir l’opinion et pour inviter les répu
blicains à la quiétude et à l’indifférence,
manifesté leur intention de se rallier à la
République. En même temps, ils continuaient
de l’injurier dans les organes officiels de leur
parti et de réclamer à cor et à cri l’abrogation
des « lois scélérates » sur l’enseignement et
le service militaire.
Puis ont éclaté, sur la dénonciation de qui
l’on sait, les scandales de Panama. Et alors,
le mouvement tournant s’accuse avec la der
nière évidence.
Après avoir attaqué en bloc toute la majorité
républicaine du Parlement, après avoir dé
noncé comme le vice même du régime ce qui
n’est que la faute de quelques-uns, après
avoir écarté prudemment les charges qui pèsent
sur certains membres de la Droite, nos adver
saires prennent en détail les hommes les plus
connus, et les représentent, journellement,
dans leurs feuilles, comme ayant fait ou laissé
faire cette série d’escroqueries ou de détour
nements, ces actes de corruption qui four
millent dans la comptabilité de Panama.
Sans doute il y a des coupables et d’aucuns
sont haut placés. Mais les Delahayé, les Dru-
mont et les Andrieux, ces honnêtes gens dou
blés d’esprits subtils, n’entendent pas perdre
leur temps à faire des distinctions. Ils l’ont
dit eux-mêmes, ils accusent. Aux accusés de
se défendre s’ils peuvent contre des imputa
tions d’autant plus difficiles à réfuter qu’elles
manquent trop souvent de précision.
Rien n’est plus aisé, il faut en convenir,
que ce rôle d’accusateurs publics que se sont
arrogé certains hommes qui font un choix
habile, mais incomplet, dans des dossiers dont
ils ont eu la garde comme policiers. En atta
quant, ils risquent moins que ne le font, en se
défendant, les victimes qu’ils ont choisies.
Car, de là calomnie il reste toujours quelque
chose, et le calomniateur en est quitte pour
détourner sur un autre point l’attention des
badauds.
Le cléricalisme monarchiste au profit de qui
s’effectue ce travail de démolition et de consi
dération, compte bien sur le résultat d’une
telle campagne. Il lui paraît certain qu’en
habituant les électeurs à entendre dire que
tous les républicains en vue sont individuel
lement des escrocs et d’abominables gredins,
le régime qu’ils défendent ne doit pas valoir
cher. Et il espère, grâce à cette manœuvre et
en intéressant à sa cause les intérêts matériels
que les administrateurs de Panama ont sacri
fiés, dégoûter à tout jamais le pays d’un régime
sous lequel de tels abus sont possibles.
Le pays pourrait s’y laisser prendre, s’il
ne savait depuis longtemps ce que valent les
indignations réactionnaires et de quels tripo-
——BQ—BBBH» Tffl IIM llflll—Ma—BSBBgBîWBM—a——I
tages sont capables, lorsqu’ils sont au pou
voir, les hommes de la royauté et de l’Em
pire.
Nous avons donc confiance dans l’opinion
du pays. Il aura la sagesse de déjouer les
manœuvres des réactionnaires qui s’engagent
déjà à la Bourse et jouent à la hausse et à
la baisse avec les événements de Panama, au
risque d’ébranler le crédit "public, moins
intéressant que la restauration du régime
qui leur est cher.
Le pays, en exigeant la punition des cou
pables, quels qu’ils soient, saura, comme il
l’a fait en 1889, affirmer sa volonté de mettre
la République à l’abri de nouvelles attaques
et repousser ce dernier assaut des réactions
coalisées.
Comme en 1889, le devoir des républicains
consiste à redoubler de vigilance. S’il s’est
trouvé dans les rangs, et même parfois à
leur tête, des corrompus ou des corrupteurs,
ils seront les premiers à exiger des châtiments
exemplaires.
Mais, loin de se laisser abattre pas la tris
tesse que comportent ces exécutions néces
saires, ils trouveront, dans leur amour de la
vérité et leur culte de la justice égalitaire et
implacable, le courage indispensable pour
combattre en face ceux qui voudraient se
faire une arme contre la République, de la
défaillance de quelques-uns.
SEMAIN E POL ITIQUE
FRANCE
Election législative du 1 er Janvier 1893
[Drôme'( arrondissement de Dié)
Deuxième tour de scrutin
MM. Blanc, cons. général, répub 6,961 v. élu
Reyaaud, ancien directeur du
cabinet au Ministère de l’inté
rieur, républicain. 6,345
Il s’agissait de remplacer M. Chevandier, répu
blicain, élu sénateur.
! -,| dLvu-l-i. * ■ *■ ■* * ; • ;■ ' ^ ' V ’’ * i
— La semaine est à peu près nulle, au point de
vue politique. Les réactionnaires essaient bien
encore de vomir leur bave sur la République, mais
cela ne prend plus. On a vu trop bien leur jeu, et,
aujourd’hui, c’est usé.
Pour le Panama, du moins.
Aussi, vont-ils essayer de se tourner d’un autre
côté, et déjà songent-ils à s’attaquer au Crédit
foncier !
En attendant, le monde politique a fait ses
réceptions et ses visites de nouvel au, et les minis
tres ont décoré de nombreuses poitrines.
Les réceptions de nouvel an ! C’est une occasion
de compliments officiels, sans grand sens bien
précis et généralement très innocents.
Quant aux décorations, nous y sommes per
sonnellement opposé ; nous croyons que le mérite
doit trouver sa récompense dans la satisfaction dm
devoir accompli. Mais nous savons que tout le
monde n’est pas de notre avis, et nous n’insistons
pas ; toutes les opinions sont libres, surtout dans
le Réveil !
Nous n’avons pas l’intention de passer en revue
les noms de tous les nouveaux croisés ; ce serait
trop long, d'abord, et puis, voici huit jours que le.
public ha vrais ne parle que de cela !
ALLEMAGNE
Le fond guelfe est le Panama allemand !
Le journal socialiste le Vorwacrts, vient de
soulever un lièvre qui met tout le monde politique
allemand sur les dents.
D’après ce journal, de hauts fonctionnaires,
dans l'armée, dans la magistrature, à la cour,
dans le Parlement, des journalistes, auraient reçu
de l’argent provenant du fonds guelfe.
Il y a là un scandale peu fait pour satisfaire nos
voisins qui, dans ces derniers temps et suivant
leur habitude, nous sermonnaient et nous nar
guaient effrontément à propos de nos récentes
affaires financières.
DERNIÈRES INFORMATIONS
Les Caisses d’Epargne
Les achats de rentes de la Caisse d’Epargne
n’ont cessé que parce que les versements se sont
momentanément arrêtés.
Nous tenons, de source certaine, qu’il n’y a
pas d’autes causes à la cessation de ces achats.
L’absence de trois ministres au Conseil des
Ministres d’avant-hier, et l’indisposition subite de
M. Bourgeois, ont été très commentées.
Le Panama et les Classes populaires
On commente beaucoup dans les milieux poli
tiques les divers articles de journaux, affirmant
l’existence de graves dissentiments entre les mem
bres du cabinet.
C’est toujours l’affaire du Panama qui en serait
la cause ; certains ministres voulant accroître le
nombre des hommes politiques poursuivis ; d’au
tres ministres désirant voir cette triste affaire
aboutir rapidement et sans nouveaux scandales.
Il est à remarquer que l’on se fait dans les
milieux politiques et bourgeois de grosses illu
sions sur l’état d’esprit des classes populaires.
Les paysans sont tous plus ou moins propriétaires
et susceptibles de placer des économies dans des
affaires financières ; aussi sont-ils furieux contre
les députés et sénateurs coupables d’avoir vendu
leur vote ; mais, détail curieux, ils. ne leur
reprochent pas d’avoir, par ce vote, permis à
M. de Lesseps de prolonger une situation mau
vaise et mangé quelques centaines de millions de
plus ; non, ils sont furieux, parce que ces députés
ont pris à la Compagnie du Panama quelques
millions qui auraient sans cela grossi les bénéfices
de quelques entrepreneurs.
Quant aux ouvriers des villes, beaucoup plus
intelligents et sceptiques, ils ne s’émotionnent
pas et, haussant les épaules avec mépris, décla
rent à ceux qui les interrogent, que c’est bien
naturel et que des bourgeois corrompus sont
capables de tout.
D'ailleurs, pour eux, l’affaire du Panama est le
juste châtiment des petits capitalistes spécu
lateurs.
Au fond l’affaire du Panama est une excel
lente occasion pour les socialistes, et les mesures
prises pour la journée de mardi par le Gouver
nement, si elles créent un obstacle sérieux aux
désordres dans la rue, n’empêcheront pas l’orga
nisation du parti de se perfectionner en vue du
grand soir.
Il y a là de l’ouvrage pour les Ministres de
l’Intérieur à venir.
La Petite Bourse à subi hier soir le contre coup
de l’arrestation de M. Blondin, fondé de pouvoirs
du Crédit Lyonnais, bien que cette arrestation
n’ait aucun rapport avec cet établissement lai-
même.
On a parlé également de l’arrestation du ban
quier allemand Oberndœrferr et la Libre Parole
dit que le bruit a couru de l’arrestation imminente
deM.Clémenceau. D’après ce même journal on doit
s’attendre aujourd’hui à des arrestations sensa
tionnelles.
Le Figaro dit que des mesures d’une gravité
exceptionnelle et qui surprendront beaucoup, se
ront prises par le parquet soit avant le dix janvier,
soit immédiatement après.
Le Gaulois dit que le bruit court qu’il sera pris
ce matin au Conseil de Cabinet, des résolutions
d’autant plus graves que nous sommes à la veille
de la rentrée des Chambres. Il ajoute qu’il y a
des dissentiments profonds au sein du Ministère.
Sous ce titre Le Chapitre des Restitutions, le
Gil Blas donne un tableau d’où il ressort que sur
426.798.233 fr. dépensés par le Panama pour les
diverses entreprises de travaux, le montant des
restitutions à réclamer aux entrepreneurs devrait
s’élever à 237.308.000 fr.
Le Journal annonce que sur la demande du mi
nistre de la justice, M. Cornélius Herz vient d’être
rayé des contrôle de la Légion d’IIonneur.
Plusieurs journaux annoncent que, contraire*
ment au bruit qui avait couru, M. Floquet
restera candidat à la présidence de la Chambre ;
d’après la Lanterne et le XIX e Siècle, sa réélec
tion ne paraît pas douteuse.
M. Andrieux, interviewé par le Gaulois , dit
que la nomination de M. Floquet est celle qui
servira le mieux les intérêts de la minorité.
L’Eclair dit qu’il ne peut être question de
dislocation ministérielle, l’accord n’ayant jamais
cessé d’être complet sur toutes les questions entre
les membres du Gouvernement.
L’Election présidentielle aux Etats-Unis
On mande de New-York :
D’après un minutieux pointage des voix pour
l’élection présidentielle aux Etats-Unis, M.
Cleveland obtiendrait 276 voix ; M. Harrisson,
144 voix, et le général Weaver 24 voix.
L’Industrie en Chine
Le Gouvernement chinois est entré en pour
parlers avec le Syndicat du coke de la Westphalie
pour une livraison de coke très importante, desti
née aux hauts fourneaux de Wutschang.
Buenos-Ayres. — L’insurrection deCorrientes
se continue, et les insurgés assiègent Caseros qui
leur fait une sérieuse résistance.
New-York. — Il est inexact que le.Gouver
nement américain veuille acquérir la concession
du Panama, même au cas où la France l’aban
donnerait.
Saint-Pétersbourg. — Le Nouveau-Temps
prévoit qu’avec l’appui de la nation, le Gouver
nement français prendra des mesures énergiques
pour rétablir la tranquillité ; par contre, la
Gazette de Saint-Pétersbourg dit qu’un coup
d’Etat en France serait facile.
Le Times demande la réoccupation graduelle
du Soudan.
On télégraphie de Constantinople :
Un drame sombre vient de se passer au harem
du Sultan. Parmi les plusieurs centaines d’oda
lisques que renferme le palais, Abduî-Hamid,
depuis quelque temps, distinguait trois femmes
d’une manière toute particulière, dont deux étaient'
circassiennes et la troisième albanaise. Elles
étaient continuellement comblées de faveurs et de
présents par le commandeur des croyants, ce qui,
bien entendu, excitait'chez leurs compagnes des
haines et des jalousies féroces, allant parfois
jusqu’à des protestations bruyantes. Or, avant-
hier matin, on trouva les trois favorites mortes
dans leurs lits. On constata qu’elles avaient été
empoisonnées.
L'ANNÉE A 893
Les craintes d’un vieux démocrate
L’année 1892 a fini bien tristement ; celle qui
commence me paraît s’annoncer d’une manière
bien sombre : l’orage gronde, menaçant, et s’il
éclate, ce sera la faute de ceux qui, placés à la
tête des affaires publiques, pouvaient amener la
paix sociale par une conduite probe et en don
nant, de bonne volonté, aux prolétaires, les satis
factions auxquelles ils avaient droit et qu’ils ont
attendu si patiemment ; aux ploutocrates gou
vernementaux, la responsabilité des événements !
(Vernaison, I er Janvier 1893).
QUESTIONS DU PORT
L’article paru le 24 décembre, sous ce titre,
dans nos colonnes, a eu un grand retentissement.
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