Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1892-03-05
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 05 mars 1892 05 mars 1892
Description : 1892/03/05 (N22). 1892/03/05 (N22).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263223b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
I re Année — N° 22 — Samedi 5 Mars 1892.
CINQ CENTIMES 1 LE NUMÉRO
**>
l re Année — 16 Ventôse An 190 — N° 22.
Le Révei 1 d u' Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABONNEMENTS :
\ UN AN SIX MOIS
Le Havre 3 f r . 2 fr.
Départements 4 fr. 2 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
1-5, RUE CASIMIR-PÉRTER, 15
LE RÉ VE IL DURA VRE paraît le Samedi
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent. la ligne
Réclames. 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
U DÉCilRÂTIQH
On a vu, depuis quelques années, tant de
déclarations ministérielles qu’on en est
arrivé à attribuer en général une importance
secondaire à cette première affirmation des
tendances d’un Cabinet.
Faire rentrer dans une douzaine de
phrases sentencieuses une bonne mesure de
promesses ayant pour but de contenter tout
le monde, ressemble assez, en effet, à un
travail d’équilibriste. Il n’y faut pas
chercher la formule précise d’une politique.
On attendait, cependant, avec une cer
taine impatience, la déclaration du ministère
Loubet. Pourquoi ? Parcq qu’il s’est formé
élans des conditions particulièrement déli
cates et que sa constitution a donné lieu à
des dA marc p eSj ü faut en convenir, assez
équivoques. On s’accordait encore a trouver
qu’il n’était guère besoin de renverser un
ministère pour le remplacer par les mêmes
hommes, vraisemblablement imbus des mêmes
principes.
La déclaration a été lue et elle a été
suivie d’un débat qui a permis a la Chambie
de donner au nouveau ministère une majo
rité. Quoique ce document ne paraisse pas
fait pour relever beaucoup le prestige du
genre, il faut convenir qu’on y trouve
résumée, avec une sincérité qui peut plaire,
l’état actuel de la législature élue en 1889 :
Volonté ferme de défendre ces œuvres
attaquées si violemment par la réaction : la
loi scolaire et la loi militaire ;
Ajournement de la séparation des églises
et de l’Etat pour laquelle il n’y a pas, cela
est de toute évidence, de majorité dans la
Chambre actuelle \ neutralité imposée au
clergé ; <
Eventualité de lois plus efficaces sur la
police des cultes, si le besoin s en fait
sentir ;
Désir de mener à bien l’œuvre législative,
notamment en ce qui concerne les lois rela
tives aux travailleurs ; et de s appuyer sur
le parti républicain pour faire aboutir ce
programme.
Cette dernière partie de la déclaration
mérite surtout d’être notée.
Le ministère y affirme, on doit lui en
savoir gré, son intention de s appuyer, pour
gouverner, sur tout le parti républicain.
On avait vraiment besoin de cette assurance,
à cette époque, où les modérés ne dédaignent
pas assez l’appui des conservateurs et répon
dent à leurs avances intéressées. Aurait-on
compris enfin que cette prétendue conci
liation recommandée par le groupe Piou
n’est qu’un piège tendu aux républicains
naïfs ?
Ne tirons pas de conséquences trop loin
taines d’une déclaration où il faut voir
surtout un faisceau de bonnes intentions.
Ne chicanons pas non plus le ministère
Loubet sur l’inconséquence qu'il y a à faire
promettre aux mômes ministres ce a quoi
ils ne voulaient pas s’engager sous la prési
dence de M. de Freycinet.
Il vaut mieux attendre. Nous pourrons
avant peu, sans doute, juger le nouveau
Cabinet sur ses actes. Puisse-t-il être plus
franc, moins ondoyant que celui qu’il rem
place. Puisse-t-il nous débarrasser de cette
question religieuse qu i vient compliquer, de
façon - si imprévue, l’ét ude des réformes socia-
Hes ! Pour y parvenir, qu’il fasse preuve de
fermeté et d’esprit de s; iite.
Un grand rôle incom, be, dans la nouvelle
combinaison, à un homt ne qui, à raison de
certains votes, a mérité d ’encourir les sarcas
mes des cléricaux. Si M. Ricard, ministre de
la justice et des cultes, a v oté à laUhambre la
suppression de l’Ambassade auprès du Vatican,
et si, plus récemment, il av oté l’ordre du jour
Pichon, il avait sans doute d’excellentes rai
sons pour le faire. Ces raiso ms n’ont pas dis
paru, et nous comptons bie m que le ministre
persistera dans l’opinion du s impie- député..
Il lui appartient, à raison 4 e l’attitude
nettement anticléricale qu’il a su prendre,
d’exercer sur le Cabinet et sur les Chambres
l’influence à laquelle il a droit. Qu’il en.pro
fite dans l'intérêt des principes rép ublïoains,
qui exigent la sujétion absolue d u pouvoir
religieux vis-à-vis du pouvoir civil.
Assez longtemps les cléricaux 0 nt troublé
la France de leurs criailleries e t dâ- leurs
attaques. S’il est démontré que la Chambre
actuelle ne peut faire cette séparation; de
l’Eglise et de FEtat qui s’imposera à las-Cham-
bre de 1893, qu’on fasse du moins cesser; cette
comédie, qui n’a que trop duré, du prêtre-
fonctionnaire injuriant l’Etat qui le paie.
Que les représentants des vieux dogmes
rentrent dans leurs temples pour y accomplir
leurs dévotions surannées et qu’ils laissent la
République poursuivre son œuvre de réformes
sociales. On se passera bien de leurs-conseils
et de leur approbation. En tout cas,. 011 les
paie assez cher pour avoir droit: à leur
silence.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Le nouveau ministère. — Après plus
d’uue semaine de pourparlers, M. Carnot a enfin
trouvé son ministère. En voici la composition :
MM. Emile Loubet, sénateur, ministre de l’Inté
rieur et président du Conseil ;
L. Ricard, député, Justice et des Cultes ;
Ribot, député, Affaires étrangères ;
Rouvier, député, Finances *,
de Freycinet, sénateur, Guerre ;
Godefroy Cavaignac, député, Marine ;
L. Bourgeois, député, Instruction publique
et Beaux-Arts ;
Viette, député, Travaux publics ;
Jules Roche, Commerce, Industrie et
Colonies ;
Develle, Agriculture,
Nous allons le voir à l’œuvre. Mais, dès à
présent, il ne nous paraît pas différer beaucoup de
la nuance de celui qu’il remplace.
Chronique électorale. — Election législa
tive du 28 février. — Scrutin de ballottage. —
Vienne. — l re circonscription de Poitiers.
MM. de Toucbimbert, réactionnaire 5,342 voix élu
Bazille, républicain, radical.. 4,716 »
Henri Deloncle, républicain.. 2,167 »
Nord. — Nous avons dit que le Congrès
républicain- avait désigné comme candidat à
l’élection sénatoriale du 13 mars. M. J.-B. Trys-
tram, ancien député. Un autre candidat vient de
se mettre également sur les rangs, M. Alfred
Outters, ancien député républicain d’Hazebrouck,
conseiller général du canton de Steenvoorde, qui
revendique, pour Ilazebrouck et son arrondisse
ment, le droit d’avoir un représentant.
Pas-de-Calais. — 2 mo circonscription de
Béthune. — Au scrutin du 21 février, M. Lamen-
din avait obtenu le plus grand nombre des voix
républicaines : M. Legillon,, venant après, s’est
désisté en vue du deuxième tour ; il n ’a, toutefois,
pas voulu recommander à ses électeu rs de voter
pour M. Lamemlm.
Il y a eu, dans les journaux de la circons
cription, une polémique assez- animée à ce sujet ;
mais M. Legillon reste muet et dit, not amment :
« Quant à me prononcer eatégoriquen lent pour
» M. Lamendin, je crois que vous renv ersez les
» rôles. C’est à M. Lamendm. à faire le; s décla-
» rations propres- à gagmer lès suffrages qui se
» sont portés sur-moi. »
Finistère.. — 3 m M. Lefebvre, qui’ avait déjà fait sa déclaration
de candidatu re l’élection législative de cette
circonscription, vient de retirer sa candidature.
M. d’Hulst paraît donc devoir rester l’unique
candidat.
Le Minis stêsre devant le: Parlement. —
La déclaration ministérielle a été lue jeudi, par
M. Ricard, a’Æ Sénat, et par M. Loubet à la
Chambre de;s députés.
Ce documen t r d’un caractère assez vague, ne
nous apprend rien de bien nouveau et ne nous
permet pas df î saisir encore ce qui distingue le
cabinet actuel de l’ancien.
A la Chaml >re, M. Rivet a interpelé le ministre
et demandé d es explications complémentaires sur
la,politique c pfentendait suivrele ministère dans
la question r eligieuse.
MM. Ribot et Loubet répondent et déclarent
qu’ils accep t,eut la politique religieuse ,du précé
dent cabine:t..
L’ordre -do jour Rivet, approuvant les déclara
tions gouve rnementales, est adopté par 341 voix
contre 91.
ÉTRANGER
Allemf igné : Le discours d'e V Empereur. —
Les troub les à Berlin. — L’empereur Guillaume II
a pronomeê, au banquet de la Diète de Brande
bourg, un discours dans lequel il a engagé les
mécontemtsUe son règne et des affaires d’Alle
magne ;'à émigrer, à secouer « la poussière de la
» terre allemande de leurs souliers », en faisant
cette (déclaration hautaine et provocante : « la
» dire.ction que je suis est lia bonne et nous
» continuerons à la suivre. »
A peine venait-il de formuler ce langage
autoritaire que, dans sa capitale même et sous
ses fenêtres, la réponse se produisait sous une
forme dont la gravité ne saurait échapper a
personne.
Des troubles ont éclaté h Berlin, le 25, dans |
l’après-midi. Plusieurs milliers d’ouvriers ont j
parcouru les rues en demandant du travail. Les
manifestations ont continué vendredi et samedi.
La police est intervenue- ;; des luttes ont eu lieu
en plusieurs endroits entre la population et la
force armée. Il y a eu des blessés en grand nombre-
et passablement d’arrestations.
Rappelons que des troubles sont survenus
récemment déjà sur d’à-utres points de l’empire,
à Dantzig, à Brunswick et autres contrées où
l’on signale une misère très grande.
Tous ces événements nous apparaissent comme
l’expression symptomatique d’un malaise politique
et social évident, que les fanfaronnades d’un
princé ne peuvent;parvenir à dissimuler.
Le peuple allemand souffre, c’est visible. Il
demande du travail et du pain ; on lui répond
par le gendarme, la loi scolaire et le bon dieu
obligatoire ! Heureux pays, va ! où fleurissent le
militarisme et le protestantisme !
Allemagne. — Traitements infligés aux
marins. — Après les mauvais traitements que
l'on fait subir aux soldats allemands, dont nous
avons entretenu nos lecteurs, voici un spécimen
de ceux infligés au marins, dans ce joli pays si
fier de sa civilisation ! 11 est cité par M. Metzger,
député socialiste, à l’occasion de la discussion du
budget de la marine au Reichstag :
Le 11 septembre, à bord du Mars, dans le
port de Wilhelmshawen, on a pu voir un homme
suspendu par une corde, au-dessus des flots,
pendant deux heures. Les officiers surveillèrent
eux-mêmes cette suspension. Quand l’homme
fut détaché, il fut assez gravement malade
par suite de cet arrêt dans la circulation du
sang.
Angleterre. — Grève des ouvriers mineurs.
— Les ouvriers de presque toutes les houilliêres
de l'Ecosse, du nord et du centre de l’Angleterre,
et du nord du pays de Galles, vont se mettre eu
grève à partir du 12 mars.
Le chômage devra durer huit jours, dans
î espoir d’épuiser les stocks, d’amener la hausse
du charbon et empêcher la diminution des salaires.
Des ouvriers d’autres industries manifestent
également l’intention de se mettre en grève,
pour se solidariser avec les ouvriers des mines.
Une grande émotion règne à Londres par suite
de ees résolutions et l’on y signale déjà; une
hausse sur le prix de la tonne du charbon.
Les cloches et
la neutralité scolaire.
Il faut avoir une forte dose- de naïveté
pour s’imaginer que l’on pratique, dans nos
écoles laïques, la neutralité scolaire qui. est
pourtant prescrite par la loi.
Nous en avons cité ici même plus dfune
violation. C’est généralement le fait d’insti
tuteurs,principalement de directeurs d’écoles,
qui s’entendent parfaitement à ménager la
chèvre cléricale et le chou démocratique.
O 11 nous signale un fait qui se passe
journellement dans une école laïque du Havre
et qui démontre- le sans-gêne du directeur.
Il s’agit naturellement — qui ne le
devine ? — de l’école dans laquelle trône
en potentat M. Desgenétàis, celui dont un
père de famille nous apprenait dernièrement
les hauts faits, dans une lettre que nous
avons insérée ici même, et qui a fait, paraît-
il, quelque bruit dans le Landerneau de
l’enseignement.
Dans l’école de la rue de F Observatoire,
©& a adopté diverses sonneries pour la
cloche :
Lorsque des parents se présentent à
l’école, on donne un coup de cloche.
M. l’inspecteur primaire Garsault a droit
à deux coups de cloche.
Quand se présente un des curés ou desser
vants des églises ou chapelles du quartier,
on sonne presque, à toute volée : trois coups
de cloche pour ees Messieurs. Il en est de
même pour le service du catéchisme.
Il est donc notoire que, dans le règlement
intérieur d’une de nos écoles laïques, en
dépit de la neutralité recommandée par la
loi,, le cléricalisme a ses grandes entrées.
Que pensent de tout cela les nombreux
administrateurs chargés du service de
l’instruction au Havre ? Que comptent faire
MM. Garsault, Génestal, Cardine et Hendlé ?
Et 11 e finiront-ils pas un jour par mettre
fin à ces trop fréquents abus ?
LE SOCIALISME DE M. THOMAS
M. Thomas, archevêque de Rouen, vient
de faire lire dans toutes les églises de son
diocèse, un mandement qui a pour sujet :
les Sociétés de secours mutuels.
La presse cléricale s’extasie naturellement
devant ce beau travail, où l’on trouve, assez
mal coordonnées d’ailleurs, un certain nom
bre de tirades d’un socialisme déclamatoire.
»
CINQ CENTIMES 1 LE NUMÉRO
**>
l re Année — 16 Ventôse An 190 — N° 22.
Le Révei 1 d u' Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABONNEMENTS :
\ UN AN SIX MOIS
Le Havre 3 f r . 2 fr.
Départements 4 fr. 2 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
1-5, RUE CASIMIR-PÉRTER, 15
LE RÉ VE IL DURA VRE paraît le Samedi
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent. la ligne
Réclames. 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
U DÉCilRÂTIQH
On a vu, depuis quelques années, tant de
déclarations ministérielles qu’on en est
arrivé à attribuer en général une importance
secondaire à cette première affirmation des
tendances d’un Cabinet.
Faire rentrer dans une douzaine de
phrases sentencieuses une bonne mesure de
promesses ayant pour but de contenter tout
le monde, ressemble assez, en effet, à un
travail d’équilibriste. Il n’y faut pas
chercher la formule précise d’une politique.
On attendait, cependant, avec une cer
taine impatience, la déclaration du ministère
Loubet. Pourquoi ? Parcq qu’il s’est formé
élans des conditions particulièrement déli
cates et que sa constitution a donné lieu à
des dA marc p eSj ü faut en convenir, assez
équivoques. On s’accordait encore a trouver
qu’il n’était guère besoin de renverser un
ministère pour le remplacer par les mêmes
hommes, vraisemblablement imbus des mêmes
principes.
La déclaration a été lue et elle a été
suivie d’un débat qui a permis a la Chambie
de donner au nouveau ministère une majo
rité. Quoique ce document ne paraisse pas
fait pour relever beaucoup le prestige du
genre, il faut convenir qu’on y trouve
résumée, avec une sincérité qui peut plaire,
l’état actuel de la législature élue en 1889 :
Volonté ferme de défendre ces œuvres
attaquées si violemment par la réaction : la
loi scolaire et la loi militaire ;
Ajournement de la séparation des églises
et de l’Etat pour laquelle il n’y a pas, cela
est de toute évidence, de majorité dans la
Chambre actuelle \ neutralité imposée au
clergé ; <
Eventualité de lois plus efficaces sur la
police des cultes, si le besoin s en fait
sentir ;
Désir de mener à bien l’œuvre législative,
notamment en ce qui concerne les lois rela
tives aux travailleurs ; et de s appuyer sur
le parti républicain pour faire aboutir ce
programme.
Cette dernière partie de la déclaration
mérite surtout d’être notée.
Le ministère y affirme, on doit lui en
savoir gré, son intention de s appuyer, pour
gouverner, sur tout le parti républicain.
On avait vraiment besoin de cette assurance,
à cette époque, où les modérés ne dédaignent
pas assez l’appui des conservateurs et répon
dent à leurs avances intéressées. Aurait-on
compris enfin que cette prétendue conci
liation recommandée par le groupe Piou
n’est qu’un piège tendu aux républicains
naïfs ?
Ne tirons pas de conséquences trop loin
taines d’une déclaration où il faut voir
surtout un faisceau de bonnes intentions.
Ne chicanons pas non plus le ministère
Loubet sur l’inconséquence qu'il y a à faire
promettre aux mômes ministres ce a quoi
ils ne voulaient pas s’engager sous la prési
dence de M. de Freycinet.
Il vaut mieux attendre. Nous pourrons
avant peu, sans doute, juger le nouveau
Cabinet sur ses actes. Puisse-t-il être plus
franc, moins ondoyant que celui qu’il rem
place. Puisse-t-il nous débarrasser de cette
question religieuse qu i vient compliquer, de
façon - si imprévue, l’ét ude des réformes socia-
Hes ! Pour y parvenir, qu’il fasse preuve de
fermeté et d’esprit de s; iite.
Un grand rôle incom, be, dans la nouvelle
combinaison, à un homt ne qui, à raison de
certains votes, a mérité d ’encourir les sarcas
mes des cléricaux. Si M. Ricard, ministre de
la justice et des cultes, a v oté à laUhambre la
suppression de l’Ambassade auprès du Vatican,
et si, plus récemment, il av oté l’ordre du jour
Pichon, il avait sans doute d’excellentes rai
sons pour le faire. Ces raiso ms n’ont pas dis
paru, et nous comptons bie m que le ministre
persistera dans l’opinion du s impie- député..
Il lui appartient, à raison 4 e l’attitude
nettement anticléricale qu’il a su prendre,
d’exercer sur le Cabinet et sur les Chambres
l’influence à laquelle il a droit. Qu’il en.pro
fite dans l'intérêt des principes rép ublïoains,
qui exigent la sujétion absolue d u pouvoir
religieux vis-à-vis du pouvoir civil.
Assez longtemps les cléricaux 0 nt troublé
la France de leurs criailleries e t dâ- leurs
attaques. S’il est démontré que la Chambre
actuelle ne peut faire cette séparation; de
l’Eglise et de FEtat qui s’imposera à las-Cham-
bre de 1893, qu’on fasse du moins cesser; cette
comédie, qui n’a que trop duré, du prêtre-
fonctionnaire injuriant l’Etat qui le paie.
Que les représentants des vieux dogmes
rentrent dans leurs temples pour y accomplir
leurs dévotions surannées et qu’ils laissent la
République poursuivre son œuvre de réformes
sociales. On se passera bien de leurs-conseils
et de leur approbation. En tout cas,. 011 les
paie assez cher pour avoir droit: à leur
silence.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Le nouveau ministère. — Après plus
d’uue semaine de pourparlers, M. Carnot a enfin
trouvé son ministère. En voici la composition :
MM. Emile Loubet, sénateur, ministre de l’Inté
rieur et président du Conseil ;
L. Ricard, député, Justice et des Cultes ;
Ribot, député, Affaires étrangères ;
Rouvier, député, Finances *,
de Freycinet, sénateur, Guerre ;
Godefroy Cavaignac, député, Marine ;
L. Bourgeois, député, Instruction publique
et Beaux-Arts ;
Viette, député, Travaux publics ;
Jules Roche, Commerce, Industrie et
Colonies ;
Develle, Agriculture,
Nous allons le voir à l’œuvre. Mais, dès à
présent, il ne nous paraît pas différer beaucoup de
la nuance de celui qu’il remplace.
Chronique électorale. — Election législa
tive du 28 février. — Scrutin de ballottage. —
Vienne. — l re circonscription de Poitiers.
MM. de Toucbimbert, réactionnaire 5,342 voix élu
Bazille, républicain, radical.. 4,716 »
Henri Deloncle, républicain.. 2,167 »
Nord. — Nous avons dit que le Congrès
républicain- avait désigné comme candidat à
l’élection sénatoriale du 13 mars. M. J.-B. Trys-
tram, ancien député. Un autre candidat vient de
se mettre également sur les rangs, M. Alfred
Outters, ancien député républicain d’Hazebrouck,
conseiller général du canton de Steenvoorde, qui
revendique, pour Ilazebrouck et son arrondisse
ment, le droit d’avoir un représentant.
Pas-de-Calais. — 2 mo circonscription de
Béthune. — Au scrutin du 21 février, M. Lamen-
din avait obtenu le plus grand nombre des voix
républicaines : M. Legillon,, venant après, s’est
désisté en vue du deuxième tour ; il n ’a, toutefois,
pas voulu recommander à ses électeu rs de voter
pour M. Lamemlm.
Il y a eu, dans les journaux de la circons
cription, une polémique assez- animée à ce sujet ;
mais M. Legillon reste muet et dit, not amment :
« Quant à me prononcer eatégoriquen lent pour
» M. Lamendin, je crois que vous renv ersez les
» rôles. C’est à M. Lamendm. à faire le; s décla-
» rations propres- à gagmer lès suffrages qui se
» sont portés sur-moi. »
Finistère.. — 3 m
de candidatu re l’élection législative de cette
circonscription, vient de retirer sa candidature.
M. d’Hulst paraît donc devoir rester l’unique
candidat.
Le Minis stêsre devant le: Parlement. —
La déclaration ministérielle a été lue jeudi, par
M. Ricard, a’Æ Sénat, et par M. Loubet à la
Chambre de;s députés.
Ce documen t r d’un caractère assez vague, ne
nous apprend rien de bien nouveau et ne nous
permet pas df î saisir encore ce qui distingue le
cabinet actuel de l’ancien.
A la Chaml >re, M. Rivet a interpelé le ministre
et demandé d es explications complémentaires sur
la,politique c pfentendait suivrele ministère dans
la question r eligieuse.
MM. Ribot et Loubet répondent et déclarent
qu’ils accep t,eut la politique religieuse ,du précé
dent cabine:t..
L’ordre -do jour Rivet, approuvant les déclara
tions gouve rnementales, est adopté par 341 voix
contre 91.
ÉTRANGER
Allemf igné : Le discours d'e V Empereur. —
Les troub les à Berlin. — L’empereur Guillaume II
a pronomeê, au banquet de la Diète de Brande
bourg, un discours dans lequel il a engagé les
mécontemtsUe son règne et des affaires d’Alle
magne ;'à émigrer, à secouer « la poussière de la
» terre allemande de leurs souliers », en faisant
cette (déclaration hautaine et provocante : « la
» dire.ction que je suis est lia bonne et nous
» continuerons à la suivre. »
A peine venait-il de formuler ce langage
autoritaire que, dans sa capitale même et sous
ses fenêtres, la réponse se produisait sous une
forme dont la gravité ne saurait échapper a
personne.
Des troubles ont éclaté h Berlin, le 25, dans |
l’après-midi. Plusieurs milliers d’ouvriers ont j
parcouru les rues en demandant du travail. Les
manifestations ont continué vendredi et samedi.
La police est intervenue- ;; des luttes ont eu lieu
en plusieurs endroits entre la population et la
force armée. Il y a eu des blessés en grand nombre-
et passablement d’arrestations.
Rappelons que des troubles sont survenus
récemment déjà sur d’à-utres points de l’empire,
à Dantzig, à Brunswick et autres contrées où
l’on signale une misère très grande.
Tous ces événements nous apparaissent comme
l’expression symptomatique d’un malaise politique
et social évident, que les fanfaronnades d’un
princé ne peuvent;parvenir à dissimuler.
Le peuple allemand souffre, c’est visible. Il
demande du travail et du pain ; on lui répond
par le gendarme, la loi scolaire et le bon dieu
obligatoire ! Heureux pays, va ! où fleurissent le
militarisme et le protestantisme !
Allemagne. — Traitements infligés aux
marins. — Après les mauvais traitements que
l'on fait subir aux soldats allemands, dont nous
avons entretenu nos lecteurs, voici un spécimen
de ceux infligés au marins, dans ce joli pays si
fier de sa civilisation ! 11 est cité par M. Metzger,
député socialiste, à l’occasion de la discussion du
budget de la marine au Reichstag :
Le 11 septembre, à bord du Mars, dans le
port de Wilhelmshawen, on a pu voir un homme
suspendu par une corde, au-dessus des flots,
pendant deux heures. Les officiers surveillèrent
eux-mêmes cette suspension. Quand l’homme
fut détaché, il fut assez gravement malade
par suite de cet arrêt dans la circulation du
sang.
Angleterre. — Grève des ouvriers mineurs.
— Les ouvriers de presque toutes les houilliêres
de l'Ecosse, du nord et du centre de l’Angleterre,
et du nord du pays de Galles, vont se mettre eu
grève à partir du 12 mars.
Le chômage devra durer huit jours, dans
î espoir d’épuiser les stocks, d’amener la hausse
du charbon et empêcher la diminution des salaires.
Des ouvriers d’autres industries manifestent
également l’intention de se mettre en grève,
pour se solidariser avec les ouvriers des mines.
Une grande émotion règne à Londres par suite
de ees résolutions et l’on y signale déjà; une
hausse sur le prix de la tonne du charbon.
Les cloches et
la neutralité scolaire.
Il faut avoir une forte dose- de naïveté
pour s’imaginer que l’on pratique, dans nos
écoles laïques, la neutralité scolaire qui. est
pourtant prescrite par la loi.
Nous en avons cité ici même plus dfune
violation. C’est généralement le fait d’insti
tuteurs,principalement de directeurs d’écoles,
qui s’entendent parfaitement à ménager la
chèvre cléricale et le chou démocratique.
O 11 nous signale un fait qui se passe
journellement dans une école laïque du Havre
et qui démontre- le sans-gêne du directeur.
Il s’agit naturellement — qui ne le
devine ? — de l’école dans laquelle trône
en potentat M. Desgenétàis, celui dont un
père de famille nous apprenait dernièrement
les hauts faits, dans une lettre que nous
avons insérée ici même, et qui a fait, paraît-
il, quelque bruit dans le Landerneau de
l’enseignement.
Dans l’école de la rue de F Observatoire,
©& a adopté diverses sonneries pour la
cloche :
Lorsque des parents se présentent à
l’école, on donne un coup de cloche.
M. l’inspecteur primaire Garsault a droit
à deux coups de cloche.
Quand se présente un des curés ou desser
vants des églises ou chapelles du quartier,
on sonne presque, à toute volée : trois coups
de cloche pour ees Messieurs. Il en est de
même pour le service du catéchisme.
Il est donc notoire que, dans le règlement
intérieur d’une de nos écoles laïques, en
dépit de la neutralité recommandée par la
loi,, le cléricalisme a ses grandes entrées.
Que pensent de tout cela les nombreux
administrateurs chargés du service de
l’instruction au Havre ? Que comptent faire
MM. Garsault, Génestal, Cardine et Hendlé ?
Et 11 e finiront-ils pas un jour par mettre
fin à ces trop fréquents abus ?
LE SOCIALISME DE M. THOMAS
M. Thomas, archevêque de Rouen, vient
de faire lire dans toutes les églises de son
diocèse, un mandement qui a pour sujet :
les Sociétés de secours mutuels.
La presse cléricale s’extasie naturellement
devant ce beau travail, où l’on trouve, assez
mal coordonnées d’ailleurs, un certain nom
bre de tirades d’un socialisme déclamatoire.
»
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.46%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.46%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k3263223b/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k3263223b/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k3263223b/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k3263223b
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k3263223b