Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1892-03-12
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 12 mars 1892 12 mars 1892
Description : 1892/03/12 (N23). 1892/03/12 (N23).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263224r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
l re Année — N° 23 — Samedi 12 Mars 1892.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
i* £
' /
l re Année — 23 Venlôse An 109 — N° 23,
Ré vei 1 d u Havr e
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABONNEMENTS :
Le Havre /.
Départements.
UN an six MOIS
3 fr. 2 fr,
4 fr. 2 50
Du 24 Avril
Un décret convoque pour le 24 avril
prochain, les électeurs sénatoriaux de la
Seine-Inférieure, à l’effet d’élire un séna
teur, en remplacement du regretté M. Lucien
Dautresme.
Les délégués seront nommés par les Conseils
municipaux, dans une réunion spéciale qui
aura lieu le 20 mars.
Quels principes devront présider au choix
du candidat républicain pour cette élection ?
Il n’est pas inutile de le rappeler, alors sur
tout que, dans un arrondissement assez éloi
gné du Havre, — celui de Dieppe, — on
paraît se mettre en campagne, dans des
conditions qu’il est permis de critiquer.
Lors des élections sénatoriales du 4 jan
vier 1891, qui assurèrent à la liste républi
caine une majorité respectable, il l'ut bien
convenu que le prochain siège vacant serait
attribué à l’arrondissement du Havre. Dans
les préliminaires du scrutin, aussi bien qu’à
la dernière heure, lorsque toutes les voix
républicaines se réunirent par discipline sur
le nom de M. Waddington, les adversaires les
plus résolus de la candidature Cazavan furent
unanimes sur ce point.
Les déclarations des représentants de l’ar
rondissement de Rouen eurent un caractère
particulier de netteté. Ils n’hésitèrent pas à
promettre leur concours à nos intérêts le jour
ou une vacance interviendrait. Lors du second
tour de scrutin, dans l’après-midi du 4 jan
vier 1891, ils prirent à ce sujet un engagement
formel.
Or, il advient que, dans le canton de Dieppe,
des comités se sont formés pour offrir la can
didature à M. Rouland, trésorier-payeur
général du département de l’Eure et conseiller
général de la Seine-Inférieure. On nous
apprend, par la voie des journaux, que
M. Rouland aurait accepté cette candidature.
Cette offre et cette acceptation nous ont
profondément surpris.
Il nous souvient, en effet, que, dans
une circonstance récente, M. Rouland avait
énergiquement décliné tout nouveau poste
électif. En 1889, alors que la République
avait besoin, pour lutter contre la coalition
monarchiste-boulangiste, de tous les dévoue
ments et de toutes les influences, M. Rouland
s’était déclaré inapte à soutenir la lutte et à
accepter une place au Parlement. Peut-être
trouvait-il d’ailleurs, par un mouvement de
modestie assez naturel, qu’il était mal préparé,
par son républicanisme de fraîche date, à
combattre aux premiers rangs.
Il nous semble donc qu’en lui proposant
la candidature certains groupes de l’arron
dissement de Dieppe ont été un peu vite, et
qu’il montre non moins de précipitation en
l’acceptant. Il est possible qu’il lui con
vienne, quelques mois avant sa mise à la
retraite, de se réserver au Sénat un fauteuil
qui d’avance lui paraît confortable. Mais les
convenances personnelles doivent fléchir
devant l’intérêt général, et aussi devant des
promesses aussi solennelles que l’ont été celles
des dernières élections sénatoriales.
Il importe donc que les délégués de l’ar
rondissement du Havre fassent choix d’un
ADMINISTRATION k RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIEB, 15
LE RÉVEIL DU II A VRE paraît le Samedi
candidat sérieux, dont le nom puisse être
accepté d’emblée par le Congrès républicain
qui se réunira prochainement à Rouen. Si la
bonne foi n’est pas un vain mot, le Congrès
ne peut manquer de donner une sanction
aux engagements antérieurs. Autrement, il
ne resterait plus à notre arrondissement,
constamment mis à l’écart, qu’à se désin
téresser complètement de tout ce qui se passe
dans notre département.
Nous apprenons qu’un groupe d’électeurs
sénatoriaux de notre arrondissement s’est
préoccupé de cette situation. Dans une réu
nion qui a eu lieu le mercredi 9 mars dernier,
ils ont admis le principe d’une candidature à
présenter par l’arrondissement du Havre. Le
choix provisoire des délégués en question
s’est porté sur M. Guerrand,, vice-président
du Conseil général, où il représente le 1 er
canton du Havre. Nous disons provisoire, car
les délégués n’ont jamais eu la prétention de
peser sur les déterminations de l’assemblée
plénière des délégués de notre arrondissement
qui aura lieu après les élections du 20 mars.
Toute liberté, tout pouvoir d’appréciation
leur sont réservés.
En ce qui concerne la candidature de
M. Gûerràiïd, nous pouvons nous prononcer
avec d’autant plus d’impartialité que cet
honorable Conseiller général n’appartient
pas à la nuance d’opinion qui aurait nos
sympathies. Il a même parfois combattu
certains de nos amis avec une réelle acri
monie. Mais nous le connaissons comme un
républicain de la veille. Dès 1865, il affirmait
ses opinions républicaines, et il peut justifier
de sérieux services rendus au parti répu
blicain.
Si sa candidature est adoptée par les
délégués de notre arrondissement, dans leur
réunion plénière, il faut espérer que le Con
grès lui fera, à son tour, un accueil favorable
et qu’il sera définitivement choisi comme
champion de tout le parti républicain qui
comptera, dès lors, une victoire de plus.
Le Congrès tiendra à cœur, nous en sommes
convaincus, de mettre d’accord l’intérêt de la
République et les légitimes aspirations de
notre arrondissement.
SEMA INE POLI TIQUE
FRANCE
Elections législatives du 6 mars 1892
FINISTÈRE
(3 me circonscription de Brest)
M. d’Hulst, vice-recteur de f univer
sité catholique de Paris 11,103 voix
Seul candidat, est élu en remplacement de
M. Freppel, décédé.
PAS-DE-CALAIS
(2 mc circonscription de Béthune)
Scrutin de ballottage
MM. Arthur Lamendin, secrétaire
général du Syndicat des
mineurs du Pas-de-Calais,
socialiste 8,780 voix élu
Dellisse, ancien dép.,conserv. 7,048 »
En remplacement de M. le docteur Haynant,
républicain,"décédé.
Chronique électorale. — Les conseils
municipaux des communes des départements de
la Seine-Inférieure, de l’Orne et de la Côte-d’Or,
sont convoqués pour le dimanche 20 mars, à
l’effet de nommer leurs délégués et suppléants
en vue de l’élection d’un sénateur, qui aura lieu,
dans chacun de ces départements, le dimanche
24 avril prochain.
Finistère. — On sait qu’une élection législa
tive doit avoir lieu le 27 mars, pour remplacer
M. Rouilly, décédé. Jusqu’à présent, Ton ne
connaît encore que la candidature républicaine
de M. Armand Jaouen, conseiller général du
canton de Plouigneau.
Les morts de la semaine. ■— Nous avons à
signaler plusieurs décès de célébrités.
Le vice-amiral Jurien de la Gr.avière, est mort
le 5 mars, à Paris, à l’àge de 80 ans. Il était né à
Brest en 1812. Elève de l’Ecole navale, il fut
nommé aspirant le 19 octobre 1828. Sa carrière
militaire fut longue et brillante ; il prit part à
toutes les grandes expéditions qui se sont faites
de son temps.
Pendant la guerre de 1870, il commanda l’esca
dre du Levant.
Il a écrit un grand nombre d’ouvràges, qui lui
valurent l’entrée à l’Académie française et à l’Aca
démie des sciences.
On annonce aussi la mort de M. Martel, séna
teur inamovible, qui était né à St-Omer en 1813.
Ancien centre droit à l’Assemblée nationale de
1871, où l’avait envoyé le Pas-de-Calais, il fut élu
le deuxième des sénateurs inamovibles, et nommé
vice-président du Sénat.
Il fut ministre de la justice et des cultes en 1876,
dans le Cabinet Jules Simon, qui fut renvoyé par
le maréchal M^-Mahoii, le 18 mai 1877.
En 1879, M. Martel fut nommé président du
Sénat, et, comme tel, présida le congrès qui élut,
le 30 janvier 1879, M. Grévy, Président de la
République.
Depuis cette époque, il est resté retiré de la vie
publique, vivant, malade, dans sa propriété près
d’Elbeuf, où il vient de mourir.
Nous avoiis à signaler également la mort de
M. Etienne Arago, homme de lettres, ancien
député, frère de l’astronome François Arago.
M. Arago était né à Perpignan le 9 février 1802.
Il a écrit un grand nombre de pièces, flont beau
coup en collaboration avec d’autres littérateurs.
De 1830 à 1840, il a été directeur du Vaudeville.
En 1848, le département des Pyrénées Orientales
l’envoyait à l’Assemblée constituante.
Après les journées de Juin, il se réfugia à
l’étranger et ne revint en France qu’en 1859.
Le 4 septembre 1870, il fut nommé maire de
Paris et donna sa démission après le 31 Octobre.
Il fut élu le 8 février 1871, membre de l’Assem
blée nationale, mais ne siégea que peu de jours.
Il était conservateur du Musée du Luxembourg
depuis 1879.
Ses obsèques ont eu lieu civilement mardi der
nier, à Paris.
ÉTRANGER
Alsace-Lorraine. — Le Reichstag allemand
vient de discuter, en première délibération, le
projet de loi sur l’état de siège dans les pays an
nexés.
M. Pétri, député alsacien, et MM. de Wollmar
et Singer, députés socialistes, ont pris la parole
pour combattre le projet. M. de Wollmar, notam
ment, a rappelé que les socialistes allemands ont
combattu l’annexion de l’Alsace-Lorraine parce
qu’elle a été faite sans le consentement de la popu
lation.
M. Bosse, sous-secrétaire de la Justice, pour
justifier la mesure, s’appuie surtout sur des
raisons militaires que l’on fera connaître à la
commission mais qu’on- ne saurait produire à la
tribune. Mais il dit aussi que les provinces étant
plus exposées à des agitations que le reste de
l’empire, il faut des mesures exceptionnelles pour
les mettre à la raison !
Finalement, le projet est renvoyé à une commis
sion de 21 membres.
Allemagne. -— Les dépêches de Berlin nous
apprennent cette particularité que les séances du
Reichstag sont très irrégulièrement suivies par
ses membres ; aussi parle-t-on de clôturer la
session très prochainement, l’assemblée n’étant
jamais en nombre.
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
Voilà une singulière façon de remplir leur
devoir, de la part des représentants du pays mo
dèle ! Que dirait-on si cela se passait en France ?
IA RESPONSABILITE
DES ÉLECTEURS HAVRAIS
M point de vue économique
Quand un citoyen actif se donne consciencieu
sement beaucoup de mal pour amener ses amis à
suivre plus attentivement le mouvement des
choses, notamment dans la politique, il a généra
lement pour récompense la réputation de pointu
et de mécontent, que lesdits amis ne manquent
guère de lui faire ; et il arrive que ses efforts et
ses plaintes, à l’égard de l’indifférence de ses con
citoyens, pour les choses qui devraient les tenir
toujours en éveil, non-seulement se dépensent en
pure perte, mais encore passent, à la longue, pour
une disposition d’esprit, à laquelle il ne faut pas
donner trop d’importance.
L’homme aime à être trompé, et il tourne volon
tiers le dos à la vérité qui le blêsse ; mais comme
ce serait pour lui aussi pénible de la combattre
que de l’accepter, il se contente de dire qu’elle
l’ennuie. Et il a la naïveté de croire que cela n’a
pas de conséquences. On passe outre et les choses
vont d’elles-mêmes.
Pourtant tout a une fin, et quand la logique des
faits nous rejette brutalement dans les jambes ou
dans les yeux, la vérité méconnue ou dédaignée,
la foule s-’émeut et crie. Heureux encore qu’il en
soit ainsi, quand il en est ainsi, car trop souvent,
il faut que l’expérience se fasse bien dure pour que
la foulé s’impressionne des conséquences de ses
fautes.
Un avertissement significatif vient d’être donné
aux électeurs navrais par la chambre syndicale
des ouvriers voiliers. Espérons que sa courageuse
protestation contre l’application des nouveaux
tarifs douaniers ne restera pas sans écho. En se
ralliant au texte proposé par l’Union française
des associations ouvrières, le Syndicat des ou
vriers voiliers du Havre a donné un exemple utile
d’intelligente discipline. Cet exemple devrait être
suivi par tous les groupes ouvriers de la région,
et il nous paraît que le Syndicat des ouvriers voi
liers du Havre compléterait son œuvre en provo
quant une déclaration pareille de la part des autres
associations.
Ce n’est pas qu’on puisse se faire de grandes
illusions sur le sort réservé à cette pétition auprès
des pouvoirs publics ; mais on peut en faire un
moyen d’avertissement qui, s’il ne modifie pas les
dispositions tyranniquement protectionnistes du
moment, parviendra néanmoins à préparer le ter
rain pour un retour à des conditions plus saines.
Il ne faut pas qu’on oublie quelle lourde responsa
bilité pèse sur les électeurs qui tous, ou presque
tous, ont voté pour des programmes protection
nistes, et qui ont ainsi donné commission à leurs
députés en faveur de la réaction économique à
laquelle nous avons assisté. Mais on avouera qu’il
est triste, autant que piquant, d’avoir à demander
aujourd’hui à nos députés de manquer aux engage
ments qu’on leur à fait prendre en les nommant.
Cette palinodie ne serait rien qu’une blessure
d’amour-propre r blessure intime et inconnue de
tous le plus souvent ; mais ce qui serait .plus
grave, ce serait de se taire aujourd’hui, quand le
devoir parle aussi haut que les préjugés protec
tionnistes ont pu le faire à une autre époque.
C’est à des citoyens de cœur qu’il appartient de
donner un corps et une direction à ce sentiment
de regret et de blâme que fait naître à présent
l’application des nouvelles charges douanières.
Un pays comme le nôtre, où l’amour de la justice,
de la vérité et de la liberté a fait tant de prodiges,
ne saurait longtemps accepter un régime inique,
faux et oppresseur. Aux programmes auxquels la
Chambre actuelle a obéi, il faut que la prochaine
législature oppose des programmes plus libéraux,
conformes aux besoins des classes laborieuses.
Et pour atteindre ce résultat, on ne peut rien faire
qui soit plus efficace que des manifestations du
genre de celle que nous venons de rappeler, à.
l’honneur des citoyens qui en ont pris l’initiative.
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CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
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l re Année — 23 Venlôse An 109 — N° 23,
Ré vei 1 d u Havr e
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABONNEMENTS :
Le Havre /.
Départements.
UN an six MOIS
3 fr. 2 fr,
4 fr. 2 50
Du 24 Avril
Un décret convoque pour le 24 avril
prochain, les électeurs sénatoriaux de la
Seine-Inférieure, à l’effet d’élire un séna
teur, en remplacement du regretté M. Lucien
Dautresme.
Les délégués seront nommés par les Conseils
municipaux, dans une réunion spéciale qui
aura lieu le 20 mars.
Quels principes devront présider au choix
du candidat républicain pour cette élection ?
Il n’est pas inutile de le rappeler, alors sur
tout que, dans un arrondissement assez éloi
gné du Havre, — celui de Dieppe, — on
paraît se mettre en campagne, dans des
conditions qu’il est permis de critiquer.
Lors des élections sénatoriales du 4 jan
vier 1891, qui assurèrent à la liste républi
caine une majorité respectable, il l'ut bien
convenu que le prochain siège vacant serait
attribué à l’arrondissement du Havre. Dans
les préliminaires du scrutin, aussi bien qu’à
la dernière heure, lorsque toutes les voix
républicaines se réunirent par discipline sur
le nom de M. Waddington, les adversaires les
plus résolus de la candidature Cazavan furent
unanimes sur ce point.
Les déclarations des représentants de l’ar
rondissement de Rouen eurent un caractère
particulier de netteté. Ils n’hésitèrent pas à
promettre leur concours à nos intérêts le jour
ou une vacance interviendrait. Lors du second
tour de scrutin, dans l’après-midi du 4 jan
vier 1891, ils prirent à ce sujet un engagement
formel.
Or, il advient que, dans le canton de Dieppe,
des comités se sont formés pour offrir la can
didature à M. Rouland, trésorier-payeur
général du département de l’Eure et conseiller
général de la Seine-Inférieure. On nous
apprend, par la voie des journaux, que
M. Rouland aurait accepté cette candidature.
Cette offre et cette acceptation nous ont
profondément surpris.
Il nous souvient, en effet, que, dans
une circonstance récente, M. Rouland avait
énergiquement décliné tout nouveau poste
électif. En 1889, alors que la République
avait besoin, pour lutter contre la coalition
monarchiste-boulangiste, de tous les dévoue
ments et de toutes les influences, M. Rouland
s’était déclaré inapte à soutenir la lutte et à
accepter une place au Parlement. Peut-être
trouvait-il d’ailleurs, par un mouvement de
modestie assez naturel, qu’il était mal préparé,
par son républicanisme de fraîche date, à
combattre aux premiers rangs.
Il nous semble donc qu’en lui proposant
la candidature certains groupes de l’arron
dissement de Dieppe ont été un peu vite, et
qu’il montre non moins de précipitation en
l’acceptant. Il est possible qu’il lui con
vienne, quelques mois avant sa mise à la
retraite, de se réserver au Sénat un fauteuil
qui d’avance lui paraît confortable. Mais les
convenances personnelles doivent fléchir
devant l’intérêt général, et aussi devant des
promesses aussi solennelles que l’ont été celles
des dernières élections sénatoriales.
Il importe donc que les délégués de l’ar
rondissement du Havre fassent choix d’un
ADMINISTRATION k RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIEB, 15
LE RÉVEIL DU II A VRE paraît le Samedi
candidat sérieux, dont le nom puisse être
accepté d’emblée par le Congrès républicain
qui se réunira prochainement à Rouen. Si la
bonne foi n’est pas un vain mot, le Congrès
ne peut manquer de donner une sanction
aux engagements antérieurs. Autrement, il
ne resterait plus à notre arrondissement,
constamment mis à l’écart, qu’à se désin
téresser complètement de tout ce qui se passe
dans notre département.
Nous apprenons qu’un groupe d’électeurs
sénatoriaux de notre arrondissement s’est
préoccupé de cette situation. Dans une réu
nion qui a eu lieu le mercredi 9 mars dernier,
ils ont admis le principe d’une candidature à
présenter par l’arrondissement du Havre. Le
choix provisoire des délégués en question
s’est porté sur M. Guerrand,, vice-président
du Conseil général, où il représente le 1 er
canton du Havre. Nous disons provisoire, car
les délégués n’ont jamais eu la prétention de
peser sur les déterminations de l’assemblée
plénière des délégués de notre arrondissement
qui aura lieu après les élections du 20 mars.
Toute liberté, tout pouvoir d’appréciation
leur sont réservés.
En ce qui concerne la candidature de
M. Gûerràiïd, nous pouvons nous prononcer
avec d’autant plus d’impartialité que cet
honorable Conseiller général n’appartient
pas à la nuance d’opinion qui aurait nos
sympathies. Il a même parfois combattu
certains de nos amis avec une réelle acri
monie. Mais nous le connaissons comme un
républicain de la veille. Dès 1865, il affirmait
ses opinions républicaines, et il peut justifier
de sérieux services rendus au parti répu
blicain.
Si sa candidature est adoptée par les
délégués de notre arrondissement, dans leur
réunion plénière, il faut espérer que le Con
grès lui fera, à son tour, un accueil favorable
et qu’il sera définitivement choisi comme
champion de tout le parti républicain qui
comptera, dès lors, une victoire de plus.
Le Congrès tiendra à cœur, nous en sommes
convaincus, de mettre d’accord l’intérêt de la
République et les légitimes aspirations de
notre arrondissement.
SEMA INE POLI TIQUE
FRANCE
Elections législatives du 6 mars 1892
FINISTÈRE
(3 me circonscription de Brest)
M. d’Hulst, vice-recteur de f univer
sité catholique de Paris 11,103 voix
Seul candidat, est élu en remplacement de
M. Freppel, décédé.
PAS-DE-CALAIS
(2 mc circonscription de Béthune)
Scrutin de ballottage
MM. Arthur Lamendin, secrétaire
général du Syndicat des
mineurs du Pas-de-Calais,
socialiste 8,780 voix élu
Dellisse, ancien dép.,conserv. 7,048 »
En remplacement de M. le docteur Haynant,
républicain,"décédé.
Chronique électorale. — Les conseils
municipaux des communes des départements de
la Seine-Inférieure, de l’Orne et de la Côte-d’Or,
sont convoqués pour le dimanche 20 mars, à
l’effet de nommer leurs délégués et suppléants
en vue de l’élection d’un sénateur, qui aura lieu,
dans chacun de ces départements, le dimanche
24 avril prochain.
Finistère. — On sait qu’une élection législa
tive doit avoir lieu le 27 mars, pour remplacer
M. Rouilly, décédé. Jusqu’à présent, Ton ne
connaît encore que la candidature républicaine
de M. Armand Jaouen, conseiller général du
canton de Plouigneau.
Les morts de la semaine. ■— Nous avons à
signaler plusieurs décès de célébrités.
Le vice-amiral Jurien de la Gr.avière, est mort
le 5 mars, à Paris, à l’àge de 80 ans. Il était né à
Brest en 1812. Elève de l’Ecole navale, il fut
nommé aspirant le 19 octobre 1828. Sa carrière
militaire fut longue et brillante ; il prit part à
toutes les grandes expéditions qui se sont faites
de son temps.
Pendant la guerre de 1870, il commanda l’esca
dre du Levant.
Il a écrit un grand nombre d’ouvràges, qui lui
valurent l’entrée à l’Académie française et à l’Aca
démie des sciences.
On annonce aussi la mort de M. Martel, séna
teur inamovible, qui était né à St-Omer en 1813.
Ancien centre droit à l’Assemblée nationale de
1871, où l’avait envoyé le Pas-de-Calais, il fut élu
le deuxième des sénateurs inamovibles, et nommé
vice-président du Sénat.
Il fut ministre de la justice et des cultes en 1876,
dans le Cabinet Jules Simon, qui fut renvoyé par
le maréchal M^-Mahoii, le 18 mai 1877.
En 1879, M. Martel fut nommé président du
Sénat, et, comme tel, présida le congrès qui élut,
le 30 janvier 1879, M. Grévy, Président de la
République.
Depuis cette époque, il est resté retiré de la vie
publique, vivant, malade, dans sa propriété près
d’Elbeuf, où il vient de mourir.
Nous avoiis à signaler également la mort de
M. Etienne Arago, homme de lettres, ancien
député, frère de l’astronome François Arago.
M. Arago était né à Perpignan le 9 février 1802.
Il a écrit un grand nombre de pièces, flont beau
coup en collaboration avec d’autres littérateurs.
De 1830 à 1840, il a été directeur du Vaudeville.
En 1848, le département des Pyrénées Orientales
l’envoyait à l’Assemblée constituante.
Après les journées de Juin, il se réfugia à
l’étranger et ne revint en France qu’en 1859.
Le 4 septembre 1870, il fut nommé maire de
Paris et donna sa démission après le 31 Octobre.
Il fut élu le 8 février 1871, membre de l’Assem
blée nationale, mais ne siégea que peu de jours.
Il était conservateur du Musée du Luxembourg
depuis 1879.
Ses obsèques ont eu lieu civilement mardi der
nier, à Paris.
ÉTRANGER
Alsace-Lorraine. — Le Reichstag allemand
vient de discuter, en première délibération, le
projet de loi sur l’état de siège dans les pays an
nexés.
M. Pétri, député alsacien, et MM. de Wollmar
et Singer, députés socialistes, ont pris la parole
pour combattre le projet. M. de Wollmar, notam
ment, a rappelé que les socialistes allemands ont
combattu l’annexion de l’Alsace-Lorraine parce
qu’elle a été faite sans le consentement de la popu
lation.
M. Bosse, sous-secrétaire de la Justice, pour
justifier la mesure, s’appuie surtout sur des
raisons militaires que l’on fera connaître à la
commission mais qu’on- ne saurait produire à la
tribune. Mais il dit aussi que les provinces étant
plus exposées à des agitations que le reste de
l’empire, il faut des mesures exceptionnelles pour
les mettre à la raison !
Finalement, le projet est renvoyé à une commis
sion de 21 membres.
Allemagne. -— Les dépêches de Berlin nous
apprennent cette particularité que les séances du
Reichstag sont très irrégulièrement suivies par
ses membres ; aussi parle-t-on de clôturer la
session très prochainement, l’assemblée n’étant
jamais en nombre.
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
Voilà une singulière façon de remplir leur
devoir, de la part des représentants du pays mo
dèle ! Que dirait-on si cela se passait en France ?
IA RESPONSABILITE
DES ÉLECTEURS HAVRAIS
M point de vue économique
Quand un citoyen actif se donne consciencieu
sement beaucoup de mal pour amener ses amis à
suivre plus attentivement le mouvement des
choses, notamment dans la politique, il a généra
lement pour récompense la réputation de pointu
et de mécontent, que lesdits amis ne manquent
guère de lui faire ; et il arrive que ses efforts et
ses plaintes, à l’égard de l’indifférence de ses con
citoyens, pour les choses qui devraient les tenir
toujours en éveil, non-seulement se dépensent en
pure perte, mais encore passent, à la longue, pour
une disposition d’esprit, à laquelle il ne faut pas
donner trop d’importance.
L’homme aime à être trompé, et il tourne volon
tiers le dos à la vérité qui le blêsse ; mais comme
ce serait pour lui aussi pénible de la combattre
que de l’accepter, il se contente de dire qu’elle
l’ennuie. Et il a la naïveté de croire que cela n’a
pas de conséquences. On passe outre et les choses
vont d’elles-mêmes.
Pourtant tout a une fin, et quand la logique des
faits nous rejette brutalement dans les jambes ou
dans les yeux, la vérité méconnue ou dédaignée,
la foule s-’émeut et crie. Heureux encore qu’il en
soit ainsi, quand il en est ainsi, car trop souvent,
il faut que l’expérience se fasse bien dure pour que
la foulé s’impressionne des conséquences de ses
fautes.
Un avertissement significatif vient d’être donné
aux électeurs navrais par la chambre syndicale
des ouvriers voiliers. Espérons que sa courageuse
protestation contre l’application des nouveaux
tarifs douaniers ne restera pas sans écho. En se
ralliant au texte proposé par l’Union française
des associations ouvrières, le Syndicat des ou
vriers voiliers du Havre a donné un exemple utile
d’intelligente discipline. Cet exemple devrait être
suivi par tous les groupes ouvriers de la région,
et il nous paraît que le Syndicat des ouvriers voi
liers du Havre compléterait son œuvre en provo
quant une déclaration pareille de la part des autres
associations.
Ce n’est pas qu’on puisse se faire de grandes
illusions sur le sort réservé à cette pétition auprès
des pouvoirs publics ; mais on peut en faire un
moyen d’avertissement qui, s’il ne modifie pas les
dispositions tyranniquement protectionnistes du
moment, parviendra néanmoins à préparer le ter
rain pour un retour à des conditions plus saines.
Il ne faut pas qu’on oublie quelle lourde responsa
bilité pèse sur les électeurs qui tous, ou presque
tous, ont voté pour des programmes protection
nistes, et qui ont ainsi donné commission à leurs
députés en faveur de la réaction économique à
laquelle nous avons assisté. Mais on avouera qu’il
est triste, autant que piquant, d’avoir à demander
aujourd’hui à nos députés de manquer aux engage
ments qu’on leur à fait prendre en les nommant.
Cette palinodie ne serait rien qu’une blessure
d’amour-propre r blessure intime et inconnue de
tous le plus souvent ; mais ce qui serait .plus
grave, ce serait de se taire aujourd’hui, quand le
devoir parle aussi haut que les préjugés protec
tionnistes ont pu le faire à une autre époque.
C’est à des citoyens de cœur qu’il appartient de
donner un corps et une direction à ce sentiment
de regret et de blâme que fait naître à présent
l’application des nouvelles charges douanières.
Un pays comme le nôtre, où l’amour de la justice,
de la vérité et de la liberté a fait tant de prodiges,
ne saurait longtemps accepter un régime inique,
faux et oppresseur. Aux programmes auxquels la
Chambre actuelle a obéi, il faut que la prochaine
législature oppose des programmes plus libéraux,
conformes aux besoins des classes laborieuses.
Et pour atteindre ce résultat, on ne peut rien faire
qui soit plus efficace que des manifestations du
genre de celle que nous venons de rappeler, à.
l’honneur des citoyens qui en ont pris l’initiative.
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