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Péron distingue bien les sujets d’études différents des deux artistes, les paysa
ges et les habitants pour Petit, les animaux pour Lesueur. Mais dans la pratique, leurs
travaux ne furent pas aussi nettement séparés. Petit a signé certains dessins zoologi
ques (le poisson 76307 par exemple), Lesueur des scènes de la vie des indigènes
(le 16008 de Lesueur représente des danses locales). Le doute restera donc toujours
quant à l’attribution des dessins non signés à l’un ou à l’autre de ces deux artistes,
bien que leurs styles différents permettent certaines conclusions.
La campagne a été dure, nous le savons, et Petit n’échappe pas au scorbut comme
tant d’autres. Péron (52) et Cuvier (53) écrivent qu’il fut attaqué trois fois par la terrible
maladie. Il ne figure pourtant pas dans la liste des scorbutiques admis à l’hôpital de
PorKJackson (54). Par contre, son mauvais état de santé est signalé par le Capitaine
(55) au départ de la 2 e escale à Timor. Bernier a «une maladie sérieuse», écrit-il, «de
même que le dessinateur Petit. L’un et l’autre s’étaient toujours bien portés pendant
la relâche et ce ne fut que 2 ou 3 jours avant notre départ qu’ils commencèrent à se
sentir légèrement indisposés. Ils eurent chacun un accès de fièvre assez violent et
qui parut ne pas avoir de suite suivant le rapport qui m’en fut fait à l’époque».
Dans sa relation du voyage (56), Péron cite parfois Petit pour ses dessins(57),
ou sa participation à telle ou telle exploration (58). Un de ces récits nous le montre
avec un caractère plein d’entrain. Au cours d’une entrevue avec les naturels de la
Terre de Diemen (59), pour donner le change à la surprise et à la gêne générale des
deux parties, «M. Petit exécuta devant eux quelques tours d’adresse et d’escamotage
qui les divertirent beaucoup et leur arrachèrent souvent des démonstrations des plus
bizarres».
L’expédition arrive à Lorient le 25 mars 1804. Nicolas-Martin s’installe alors à Paris,
dans le quartier de sa famille, au 16 rue de la Croix (60) et doit se marier quelques
mois plus tard (61). Il n’a malheureusement pas revu son père, mort peu de temps
avant (62). Dès le mois de mai, il présente ses dessins aux Professeurs du Muséum
(63) et leur demande dans deux lettres (64) consécutives la permission de les terminer
chez lui, ce qui lui sera accordé par le Ministre de la Marine. «Le Ministre, Messieurs,
me charge de vous faire connaître qu’il a pris en considération les observations que
vous lui avez adressées relativement au Sr Petit, qui ayant été embarqué au Havre
en qualité d’aide-canonnier sur la corvette Le Géographe commandée par le Capi
taine Baudin, a ensuite été destiné à remplacer les dessinateurs nommés par le Gou
vernement qui ont abandonné ce bâtiment à l’isle de France. Son Excellence a bien
voulu accorder à cet artiste un congé d’un an, tant pour lui laisser le temps de perfec
tionner ses dessins, que pour rétablir sa santé»...(65). Un accident malheureux en décide
autrement : Nicolas-Martin Petit meurt le 29 vendémiaire an XIII (21 octobre 1804) (66).
Lesueur annonce à son père (67) cette «nouvelle bien triste et bien fâcheuse. C’est
la mort de notre compagnon Petit. Une chute qu’il fit dans la rue pour éviter une voi
ture. Il eut une contusion au genou. Comme il n’était pas bien rétabli, la gangrène
s’y est mise»... Péron en informe les Professeurs du Muséum (68) avec beaucoup plus
de détails ; c’est le médecin qui parle : «Une nouvelle victime des fatigues de notre
expédition vient de tomber encore. Mr Petit n’est plus... Cet infortuné jeune homme
que vous avez vu traîner depuis son retour une existence languissante, eut le mal
heur, il y a quelques jours, en voulant éviter une voiture dans la rue, de se frapper
le genou droit contre une borne, il tomba dans la boue, et fut relevé presqu’évanoui.
Cependant il n’y avait qu’une forte contusion à la rotule avec division des téguments.
Cet accident, qui n’eut été rien sur une personne bien saine, dans une constitution
trois fois attaquée par le scorbut pendant notre voyage, détermina des accidents très
graves. Des dépôts gangreneux se formèrent en peu de temps, et dimanche au matin,
cet infortuné jeune homme expira»...
Dans la même lettre, Péron s’inquiète beaucoup d’un grand nombre de dessins
qui étaient chez Petit et «qu’un de ses amis était venu lui demander à emporter dans
les derniers jours de sa maladie». Il suggère que l’Assemblée des Professeurs veuille
Péron distingue bien les sujets d’études différents des deux artistes, les paysa
ges et les habitants pour Petit, les animaux pour Lesueur. Mais dans la pratique, leurs
travaux ne furent pas aussi nettement séparés. Petit a signé certains dessins zoologi
ques (le poisson 76307 par exemple), Lesueur des scènes de la vie des indigènes
(le 16008 de Lesueur représente des danses locales). Le doute restera donc toujours
quant à l’attribution des dessins non signés à l’un ou à l’autre de ces deux artistes,
bien que leurs styles différents permettent certaines conclusions.
La campagne a été dure, nous le savons, et Petit n’échappe pas au scorbut comme
tant d’autres. Péron (52) et Cuvier (53) écrivent qu’il fut attaqué trois fois par la terrible
maladie. Il ne figure pourtant pas dans la liste des scorbutiques admis à l’hôpital de
PorKJackson (54). Par contre, son mauvais état de santé est signalé par le Capitaine
(55) au départ de la 2 e escale à Timor. Bernier a «une maladie sérieuse», écrit-il, «de
même que le dessinateur Petit. L’un et l’autre s’étaient toujours bien portés pendant
la relâche et ce ne fut que 2 ou 3 jours avant notre départ qu’ils commencèrent à se
sentir légèrement indisposés. Ils eurent chacun un accès de fièvre assez violent et
qui parut ne pas avoir de suite suivant le rapport qui m’en fut fait à l’époque».
Dans sa relation du voyage (56), Péron cite parfois Petit pour ses dessins(57),
ou sa participation à telle ou telle exploration (58). Un de ces récits nous le montre
avec un caractère plein d’entrain. Au cours d’une entrevue avec les naturels de la
Terre de Diemen (59), pour donner le change à la surprise et à la gêne générale des
deux parties, «M. Petit exécuta devant eux quelques tours d’adresse et d’escamotage
qui les divertirent beaucoup et leur arrachèrent souvent des démonstrations des plus
bizarres».
L’expédition arrive à Lorient le 25 mars 1804. Nicolas-Martin s’installe alors à Paris,
dans le quartier de sa famille, au 16 rue de la Croix (60) et doit se marier quelques
mois plus tard (61). Il n’a malheureusement pas revu son père, mort peu de temps
avant (62). Dès le mois de mai, il présente ses dessins aux Professeurs du Muséum
(63) et leur demande dans deux lettres (64) consécutives la permission de les terminer
chez lui, ce qui lui sera accordé par le Ministre de la Marine. «Le Ministre, Messieurs,
me charge de vous faire connaître qu’il a pris en considération les observations que
vous lui avez adressées relativement au Sr Petit, qui ayant été embarqué au Havre
en qualité d’aide-canonnier sur la corvette Le Géographe commandée par le Capi
taine Baudin, a ensuite été destiné à remplacer les dessinateurs nommés par le Gou
vernement qui ont abandonné ce bâtiment à l’isle de France. Son Excellence a bien
voulu accorder à cet artiste un congé d’un an, tant pour lui laisser le temps de perfec
tionner ses dessins, que pour rétablir sa santé»...(65). Un accident malheureux en décide
autrement : Nicolas-Martin Petit meurt le 29 vendémiaire an XIII (21 octobre 1804) (66).
Lesueur annonce à son père (67) cette «nouvelle bien triste et bien fâcheuse. C’est
la mort de notre compagnon Petit. Une chute qu’il fit dans la rue pour éviter une voi
ture. Il eut une contusion au genou. Comme il n’était pas bien rétabli, la gangrène
s’y est mise»... Péron en informe les Professeurs du Muséum (68) avec beaucoup plus
de détails ; c’est le médecin qui parle : «Une nouvelle victime des fatigues de notre
expédition vient de tomber encore. Mr Petit n’est plus... Cet infortuné jeune homme
que vous avez vu traîner depuis son retour une existence languissante, eut le mal
heur, il y a quelques jours, en voulant éviter une voiture dans la rue, de se frapper
le genou droit contre une borne, il tomba dans la boue, et fut relevé presqu’évanoui.
Cependant il n’y avait qu’une forte contusion à la rotule avec division des téguments.
Cet accident, qui n’eut été rien sur une personne bien saine, dans une constitution
trois fois attaquée par le scorbut pendant notre voyage, détermina des accidents très
graves. Des dépôts gangreneux se formèrent en peu de temps, et dimanche au matin,
cet infortuné jeune homme expira»...
Dans la même lettre, Péron s’inquiète beaucoup d’un grand nombre de dessins
qui étaient chez Petit et «qu’un de ses amis était venu lui demander à emporter dans
les derniers jours de sa maladie». Il suggère que l’Assemblée des Professeurs veuille
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