Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1898-05-02
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 02 mai 1898 02 mai 1898
Description : 1898/05/02 (A18,N6439). 1898/05/02 (A18,N6439).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5253549r
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/01/2022
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az az m ma mars=st===z============ =r= ==========r===============
Elections Législatives
DU 8 MAI 1898
Arrondissement du Havre
Candidats Républicains
ire Circonscription
M. AUGUSTE RISPAL
Député Sortant
2° Circonscription
M. Louis BRINDEAU
Député Sortant
8° Circonscription
M. Ernest DELAUNAY
Député Sortant
Radicalisme Evanoui 1
M. Denis Guillot s’est enfin décidé à
sortir son manifeste aux électeurs
dont il brigue les suffrages.
Encore un peu, c’était une affiche de
la dernière heure.
De l’appel des trois anabaptistes qui
prêchent au nom du Comité démocrati
que, nous disions que c’était un spéci
men de l’art de parler pour ne rien
dire.
La proclamation de M. Denis Guillot
est de la même école et nous dirons, si
vous voulez, qu’elle est un modèle de
réticences.
En voici, du reste, le texte complet,
M. Denis Guillot reconnaîtra que nous
faisons bonne mesure à sa prose.
Mes chers concitoyens.
Le Comité républicain démocratique
m’a offert la candidature aux élections
législatives du 8 mai. J’ai accepté ce
poste d’honneur.
Les circonstances sont graves pour la
République tout entière, et en particu
lier pour le Havre et son port. Il faut
réagir avec énergie en faveur de nos in
térêts commerciaux et maritimes trop
longtemps compromis.
M. Méline, chef du ministère actuel,
l’homme des tarifs de 1892, le protection
niste à outrance, poursuit dans le pays
une politique de division et d’équivo-
ques. Il oppose les campagnes aux villes
en faisant aux premières? dans un but
électoral, des promesses irréalisables et
en représentant les secondes comme des
centres de révolution. Ancien membre
de la Commune, il agite aujourd’hui le
spectre rouge, et ses candidats suivent
son mot d’ordre.
Le paysan, que le protectionnisme ne
sauve pas de la misère, ouvre enfin les
yeux. Quant aux vides, elles réprouvent
une politique qui restreint les échanges,
et qui, en deux années, bien que servie
par une majorité docile, n’a su faire
aboutir aucune réforme fiscale.
Impuissance, compromissions, recul,
tel est le ministère Méline. Il s’effondre
ra, soyez-en sûrs, dans cette crise du
pain cher qui s’aggrave et dont vous
êtes en droit de demander compte à ce
ministère et à ceux qui l’ont soutenu
de leurs votes.
Voter contre le ministère Méline est
donc le premier devoir de votre élu.
Electeurs,
Les questions commerciales, indus
trielles et sociales ont aujourd’hui le pas
sur les questions de politique pure. En
fant du Havre, connaissant vos besoins,
je leur ai fait la plus large. place dans:
mon programme.
La première réforme qui s’impose est
celle de l’impôt. Il faut atteindre la for
tune acquise et ménager le petit contri
buable. Les taxes indirectes doivent
disparaître promptement, ainsi que les
contributions personnelle et mobilière
et des portes et fenêtres. La loi de 1816
sur la régie doit être largement modi
fiée.
Dans l’établissement de l’impôt, il faut,
bien entendu, respecter la liberté indivi
duelle et le domicile du contribuable. Je
pense avec M. Gavaignac « que nous ne
pouvons imposer la déclaration à l’in
dustriel et au commerçant, qu’il faut les
laisser maîtres de leur crédit et ne pas
les obliger à en livrer le secret ».
Le service militaire est une lourde
charge pour le pays, Je suis convaincu
que l’on peut réduire la durée du servi-
ce actif, sans compromettre la défense
nationale. L’armée qui aujourd’hui se
confond avec le pays, doit être mainte
nue forte et disciplinée. Elle doit être
tenue soigneusement en dehors des lut
tes de partis, si nous voulons conserver
en Europe notre prestige et l’espoir pa
triotique auquel nul de nous ne peut
renoncer.
Citoyens,
Depuis dix an- que vous m’avez envoyé
au Conseil municipal et au Conseil géné
ral, vous avez pu apprécier mes idées et
maligne dé conduite. J’ai été heureux
de m’associer à l’œuvre réparatrice de
l’Administration municipale, qui, en
moins de deux années, a reconstitué les
finances de la ville du Havre.
Vous me connaissez assez pour savoir
que, partisan de toutes les libertés, je
suis un ennemi de la violence et du dé-
sordre.
M. Henri Brisson, le président res
pecté de l’ancienne Chambre, dans le
discours de clôture qu’il a prononcé et
qui est un blâme évident à l’adresse du
Ministère Méline, s’exprimait ainsi : « De
puis vingt-cinq ans, notre démocratie a
montré une clairvoyance et une ténacité
admirables, déjouant tour à tour la vio
lence et la ruse. Elle ne se démentira
pas. Fidèle à ses illustres précédents,
elle saura, de sa main souveraine, écarter
les perfides. Bientôt, ses représentants
réunis reprendront le noble idéal des
promoteurs du suffrage-universel : faire
parvenir tous les citoyens sans commo
tion nouvelle, par l’action successive et
constante des institutions et des lois, à
un degré toujours plus élevé de bien
être, de lumière et de dignité morale «. •
Vous répondrez à cet éloquent appel
d’une voix autorisée. Ces idées sont les
miennes, et je m’efforcerai de les faire
prévaloir pour le plus, grand bien de la
République et de notre belle cité.
Vive le Havre 1 .
Vive la République Démocratique I
Denis Guillot.
Programme Politique
1. —• Liberté de conscience. — Indé
pendance absolue des religions et de la
politique.
2. — Réduction à deux ans du service
militaire actif, obligatoire et égal pour
tous. — Paiement par l’Etat dune in
demnité aux familles des réservistes né
cessiteux.
3. — Réformes judiciaires. — Réduc
tion des frais de justice. — Simplifica
tion de la procédure. — Création d’une
juridiction psur les employés de com-
merce.
4. — Amélioration de la situation des
instituteurs publics, notamment au point
de vue de leur classement et de leur in
dépendance.
5. — Décentralisation administrative.
— Indépendance du Havre, par la créa
tion du département de la Seine-Mari
time.
Programme Commercial et Econo
mique
1 .— Révision immédialie du régime
douanier dans un sens fibre-échangiste.
2.— Etablissement d’un impôt frap-
pant la fortune acquise et épargnant le
petit contribuable. — Suppression gra
duelle des taxes indirectes.
3.— Droits sur les successions. — Dé
grèvement des petits héritages.
4.— Marine.— Augmentation des pen
sions de demi-solde des inscrits mari-
times, avec retraite proportionnelle fa
cultative après quinze ans de service. —
Reconstitution de la Caisse des Invalides
de la marine. — Encouragements à la
marine marchande et à la construction.
.5.— Extension du droit de suffrage
pour les élections à la Chambre de com
merce.
6 .— Questions ouvrières : Liberté d’as
sociation.— Règlementation des heures
de travail dans la grande industrie, no
tamment dans les chemins de fer.
7 .—Création de pensions de retraites
pour lès vieillards et les invalides du
travail.
8 .— Prompte exécution de la ligne de
chemins de fer du Sud-Ouest, et des tra
vaux du port.
Ceux qui attendaient de M. Denis
Guillot la révélation d’un programme
qui justifiât la candidature qu’il pose
en face du candidat républicain pro
gressiste partageront la déception que
nous fait éprouver la lecture de cette
pâle et tardive préface électorale, ter
minée par un sommaire incertain, qui
n’est pas même le squelette d’un pro
gramme.
Nous avions cru, et nous croyons en
core, qu’en cette élection la division
existait entre républicains sur des
points bien précis.
Ces points, qui caractérisent le pro
gramme du parti radical — dont M.
Denis Guillot était censé faire partie,
— nous les avons déterminés pour en
faire la base de la campagne électorale
actuelle et pour permettre aux élec
teurs de départager les adversaires en
présence.
Ce sont :
L’impôt global sur le revenu, dont
les républicains progressistes sont les
adversaires résolus, parce qu’il est ar
bitraire et vexatoire.
La révision de la Constitution, dont
ils ne veulent pas davantage, la consi
dérant comme une porte qu’il ne faut
pas même entrouvrir aux adversaires
de la République.
Enfin, la renonciation sincère et
complète à toute compromission avec
le parti socialiste.
Sur tous ces points essentiels, la cir
culaire de notre adversaire est muette
et son drapeau reste soigneusement
plié dans sa serviette d’avocat. Le plus
modéré des modérés pourrait signer sa
vague profession de foi.
La reforme de l’impôt d’abord. M. De
nis Guillot déclare qu'elle doit « at
teindre la fortune acquise et ménager
le petit contribuable ». C’est aussi no
tre avis et celui de nos amis ; il n’en
résulte pas que l'impôt global progres
sif puisse seul atteindre ce résultat.
L’impôt « à la française », procédant
par cédules, en se basant sur les signes
extérieurs, l’obtiendra aussi sûrement.
Et n’est-ce pas abandonner le prin
cipe même de l'impôt global, que de
renoncer à la déclaration en affirmant
que « la liberté individuelle et le do
micile du contribuable doivent être
respectés ». L’impôt sur le revenu
sans déclaration ni exercice ne tient
pas debout.
Et cette contradiction prouve que M.
Denis Guillot n’ose pas se prononcer
nettement pour ou contre.
Au point de vue révisionniste, M.
Denis Guillot a reculé depuis 1893. A
cette époque, il réclamait encore une
révision a dose homéopathique « pour
assurer la rapidité du travail législa
tif ». Il ne parle plus du tout de révi
sion. Sans doute, il est rallié à l’avis
de ceux qui attendent d'une simple
réforme du règlement l’amélioration du
travail parlementaire.
Et M. Denis Guillot n’ose pas se pro
noncer sur la question du Sénat.
Même indécision au Sujet du socia
lisme, auquel les radicaux faisaient
hier les doux yeux. M. Denis Guillot
garde sur cette alliance compromet
tante un silence prudent. C’est donc
qu'il ne veut pas l’avouer ou qu'il s’en
éloigne, car il n’en parle pas plus que
si son ami Hubbard n’avait jamais
existé
En vérité cette phrase, que le plus
timide des ralliés pourrait signer, ne
saurait nous renseigner sur la pensée
de derrière la tête du candidat en ma
tière sociale :
« Vous me connaissez assez pour sa
voir que,partisan de toutes les libertés,
je suis un ennemi de la violence et du
désordre. »
Pour un peu. M. Denis Guillot di
rait : « L’ordre, j’en réponds ! »
Nous ne sommes donc pas plus avan
cés qu’au premier jour et M. Denis
Guillot n’a pas cru devoir dissiper les
obscurités amassées sur sa candida
ture par la déclaration de ses seuls ré
pondants, MM, Landrieu, Dubure et
Moreau.
Une seule chose résulte clairement
de la situation électorale dans la ir cir
conscription. C’est que la division ten-
tée par le Comité démocratique n’a
point de raison politique. La candida
ture Denis Guillot n’est produite et
soutenue que pour des raisons de ran-
cune personnelle.
Mais, quoiqu’on fasse pour donner à
la lutte un tour politique, les électeurs
ne s’y laisseront pas prendre. Ils ont
déjà gratté le radical et n’ont trouvé
que l’avocat d’une coterie, et M. Denis
Guillot aura de la peine à rendre sa
personnalité « prépondérante » sur cel
le de M. Rispal.
Nous voyons que son programme
lâche le radicalisme, évite le socialis
me et dédaigne les progressistes.
Si ce n’était le fait d’une aimable
philosophie, qui lui va bien du reste,
on pourrait soupçonner M. Denis Guil
lot d’un complet désintéressement de
sa propre candidature.
L’appel du Comité démocratique,
dans une intention spirituelle qui a
fait long feu, avait imaginé d’appeler
M. Rispal : « candidat effacé !»
Ne semble-t-il pas que M. Denis
Guillot est un candidat évanoui?
— -----4---—-—_
2e Circonscription du Havre
REUNIONS PUBLIQUES
Une réunion publique a eu lieu, hier
dimanche, à Octeville.
M. Brindeau y a rendu compte de son
mandat et exposé son programme en
présence de plus de deux cents person
nes. M. Recher, maire de la commune,
avait été désigné comme président par
l’assemblée, qui, à l’unanimité, a ap
prouvé les déclarations de M. Brindeau
et émis un vote favorable à sa candida
ture.
Une seconde réunion publique a eu
lieu, le même jour, à trois heures, à
Saint-Romain, dans la salle des réu
nions, sous la présidence de M. le doc-
teurCrouzet, président du Comité répu
blicain du canton.
En présence de trois cents électeurs,
M. Brindeau a rendu compte de son
mandat et exposé son programme.
La réunion, à l’unanimité a voté l’or
dre du jour suivant :
« Les électeurs du canton de Saint-
Romain, réunis à l’occasion de la pério
de électorale,donnent une entière appro
bation à la ligne de conduite suivie par
M. Brindeau a la Chambre des députés,
lui renouvellent leur confiance par ac
clamation et soutiennent énergiquement
sa candidature. »
Dans ces deux réunions,M. Brindeau a
déclaré qu’étant donné l’élévation des
cours du blé, il était partisan d’une di
minution temporaire du droit de douane
sur les blés et même de la suspension
temporaire du droit, et le cours actuel
du blé restait aussi élevé qu’il l’est ac
tuellement.
M. Laville à Sanvic
M. Laville, candidat socialiste dans la
2e circonscription du Havre, faisait hier
après-midi; à Sanvic, une conférence
électorale.
Il y avait tout juste soixante-dix élec
teurs présents. Le bureau était’composé
de MM. Buchard, président ; Bourgeais
et Chénot, assesseurs.
M. Laville a développé le programme
que l’on sait, mais en termes fort atté
nués. Il n’a point voulu paraître redou
table ; il s’est donné les apparences d’un
homme. « sensible », et c’est avec des
larmes dans la voix qu’il a prononcé son
petit « laïus ».
Le succès fut médiocre, ou plutôt, M.
Laville n’eût aucun succès. A peine les
applaudissements timides de six ou sept
assistants.,captivés par son éloquence.
Il semble d’ailleurs que M. Laville
s’était méfié de lui-même, car il avait eu
soin d’amener avec lui un avocat d’office.
Celui-ci à vrai dire, ne s’est pas mon
tré, dans-son discours, socialiste intran
sigeant — ou même simplement socia
liste.
Il s’est contenté de prôner la théorie
de l’impôt sur le revenu,dont l’insuccès,
en des monarchies comme l’Italie, n’a
rien d’encourageant,.
. Le succès de l’avocat d’office a été
aussi, éclatant qtie celui du candidat
qu’il soutenait — à peu près comme la
। corde soutient le pendu.
Et l’on s’est sépare sans qu’aucun or
dre.du jour eût été seulement proposé.
M. Buchard, président, ayant' fait ob
server,comme c'était son devoir, l’absen
ce de toute motion, M. Laville lui a ré-
pondu, d'un air détaché : « Nous n‘a-
vons pas besoin d’ordre du jour. »
Réunions publiques annoncées
M. Brindeau tiendra les réunions sui
vantes à 8 heures et demie du soir ;
Mardi, au Cercle Franklin.
Mercredi, à la Lyre Havraise.
Jeudi, à Montivilliers.
Vendredi, à Harfleur.
M. Laville développera son program
me à la même heure :
Lundi, à l’Ecole de garçons du quar
tier des Neiges.
Mardi, à l’Ecole de Graville.
Mercredi, au Cercle Franklin.
A LA MOURSE DU TRAVAIL
Le Havre, le 30 avril 1898.
Monsieur le rédacteur,
Vous insérez dans votre édition de ce
soir une lettre de M. Rathier concernant
la publication d’un ordre du jour voté
en réunion du Comité Général de la
Bourse du Travail (ordre du jour qui
vous a été envoyé par le secrétaire de la
Bourse et que j’ai signé comme prési
dent).
M. Rathier me fait un grief d’être
contre maître en même temps que prési
dent du bureau du Comité Général, dont
il est, lui, un des assesseurs.
S’il est vraiment malheureux de voir un
contre maître (diable ; c’est dangereux,
ces gens-là) à la présidence du bureau
du Comité général, je n’y puis rien ; dé
signé par le Syndicat des typographes
comme délélézué à la Bourse, les délé
gués des différents Syndicats qui y sont
adhérents ont cru devoir porter leurs
voix sur mon nom sans que je sollicite
en aucune façon cet honneur.
Pourquoi M. Rathier n’a-t-il pas pro
testé au moment de l’élection du bureau ?
Il n’ignorait pas cependant à ce moment-
là, je le suppose, du moins, que j’occu
pais un poste de confiance dans une im
primerie du Havre. Beaucoup d’autres
délégués, pour ne pas dire tous, né
l’ignoraient pas non plus; c’est donc en
pleine connaissance de cause qu’ils se
sont prononcés sur mon nom, quoique
relativement nouveau venu au Havre
(ainsi que je le disais dans le discours
prononcé à l’inauguration de la Bourse,
discours approuvé et signé par M, Rathier,
comme assesseur au bureau) et m’ont
préféré à M. Rathier, ancien patron élec-
tricien, autrefois et actuellement encore
Président du Syndicat des Marins.
J’ajoute que je n’ai des amis qu’en de
hors de la Bourse du Travail, car là c’est
mon opinion, dû moins, l’amitié dispa-
rait devant l’intérêt général des travail-
leurs.
Pour terminer, je déclare ne pas vou
loir discuter les paroles que M. Ratifier
dit avoir prononcées, la place que j’ai
l’honneur d’occuper, pour le moment, à
la Bourse du Travail, me fait un devoir
de ne pas le faire; j’ajouterai cependant-
que les délégués, qui ont voté l’ordre du
jour visant M. Rathier étaient présents
lorsqu’il a pris la parole ; ils se sont donc
prononcés malgré son absence, en toute
connaissance de cause, au moment du
vote.
Je vous prie, Monsieur le Rédacteur.
d’Insérer cette lettre (il est inutile de
faire appel à la loi, n’est-ce pas f) et d‘a-
gréer mes empressées salutations.
V. RAVEAU,
Contremaître pour... ceux qui l’ignorent.
—-—»— ————--
Nouvelles Politiques
À la suite de la promulgation de la loi
du 9 avril courant, relative à la repré
sentation commerciale, M, Henry Bou
cher, ministre du commerce, vient d’a
dresser aux membres des Chambres de
commerce une circulaire dont nous
extrayons le passage suivant :
« Grâce à l’association désormais légale
de leurs efforts, et à leur affranchisse
ment budgétaire, les Chambres de com
merce s’efforceront, à l’envi, de dévelop
per les institutions économiques appro
priées à leurs régions, d’enrichir notre
outillage public, d’encourager largement
les œuvres d’éducation professionnelle
et d’expansion commerciale.
» Elles le feront surtout en provoquant
par leur exemple et en, organisant les
initiatives locales ou régionales, avec le
souci de ne pas aggraver, sans une véri
table nécessité ou l’utilité générale la
plus démontrée, les charges déjà lourdes
qui pèsent sur lés patentes.
» L’esprit de prudence et de sage admi
nistration, qui a toujours guidé Ces com
pagnies, est un sûr garant qu’aucun
abus ne fera regretter les dispositions
Fibérales et décentralisatrices édictées
par le législateur de 1898. »
LE
Produit des Contributions indirectes
En 1897, les contributions indirectes
auront produit la somme énorme de
1,214,872,000 francs, elles procurent au
trésor 400 millions de plus que les taxes
correspondantes en Angleterre, pour
une population égale. Les octrois de
France, en 1895 — dernier résultat con
nu — ont produit 325 millions, soit, en
tout, 1,540 millions contre 800 en An
gleterre. De 1896 à 1897, l’augmentation
du produit des taxes est de 18 millions.
Toutes les branches de ces contribu
tions sont en plus-value, sauf la taxe sur
les cidres, la récolte ayant été mauvaise.
Les droits sur l’alcool ont donné à l’Etat
272 millions; les vins ont fourni 5 mil
lions déplus que l’année précédente;
cela résulte, non de la consommation,
mais du régime rigoureux auquel sont
astreints les vins de raisins secs. En tout
cas, l’impôt n’a pas souffert de la cam
pagne entreprise contre le vin par les
médecins.
Le droit sur les cartes à jouer a pro
duit 159,000 fr. d’excédent sur l’année
précédente; la taxe sur les vinaigres
680,000 fr. de plus-value ; les licences
sur les boissons 80,390 fr. d’excédent ;
la taxe sur la dynamite 106,000 fr.; les
poudres à feu 399,000 fr.
M. Leroy-Beaulieu, à qui nous em
pruntons ces renseignements, dans l’Eco
nomiste Français. estime que, si l’on vote
la réforme de l’impôt des boissons, la
consommation s’accroîtra rapidement. Il
lui semble impossible de surtaxer ac
tuellement quoi que ce soit : l’impôt
donne tout ce qu’il peut donner.
Si donc on prétend dégrever les im
pôts, car ils sont vraiment trop lourds,
il n’y a qu’un moyen de le faire, c’est
d’avoir une administration résolue à
réaliser des économies. 'Les plus-values
que l’on se procurerait par ce moyen, le
seul qui soit infaillible, seraient appli
quées à la réforme de l’impôt. On y con
sacrerait également les bonis des conver
sions de dettes, mais on sait que nos
Chambres ont jnsqu’ici d’autres visées.
Il importe que les députés nouveaux
travaillent sérieusement, sans se préoc
cuper uniquement de politique, modi
fient cet état de choses,
T. H.
RaseqgrorgntyeeanteccepsrgRRRGPRSGSSzASRSA.
LA GUERRE
Hispano - Américaine
L’escadre américaine se plaît mainte
nant à tirer chaque jour quelques coups
de canon sur la côte de Cuba.
Lundi, elle a pris de nouveau pour ob
jectif Matanzas, non pas précisément la
ville, mais une batterie en construction
située sur la pointe de Pentagorda. Cette
batterie fait partie du système de dé
fense du port de Matanzas, dont l’exécu-
tion avait été commencée avant la dé
claration de guerre et qui n’est pas en
core terminée.
Cette fois, les dépêches américaines
annonçant l’événement sont plus réser
vées et ne contiennent aucune de ces
exagérations qui avaient marqué le
compte rendu du premier bombarde
ment de Matanzas.
Au fond, toutes ces canotmades ne pré-
sentent aucune importance. Elles sem
blent destinées à servir d’une part
d’exercice à l’escadre et d’autre part à
tenir l’opinion publique en haleine en
attendant les futures grandes rencon
tres.
La première de ces rencontres semble
imminente aux Philippines.
Elle aura lieu probablement au
jourd’hui ou demain.
Lés puissances continuent à déclarer
leur neutralité. L’Autriche-Hongrie qui.
seule des grandes puissances européen
nes, n’avait pas encore fait connaitre ses
intentions, s’est décidée à parler. Il n’y
aura donc guère que l’Allemagne en Eu
rope qui fasse bande à part et se réserve
sa liberté. A ce propos, il est curieux de
signaler le mobile qui a dicté au gouver
nement allemand sa décision.
C’est dans un but pratique de lucre
que l’Allemagne a pris pour habitude
dans toutes les guerres de s’abstenir de
déclarer sa neutralité. En effet, en faisant
cette déclaration, l’Allemagne s’interdi-
rait de vendre des armes, des munitions
et des bateaux aux belligérants. Au con
traire, en ne la faisant point, elle ré
serve à ses fabricants de fructueuses af
faires.
Lors de la guerre sino-japonaise et gré-
co-turque, les Krupp, les Lœve et con
sorts ont fait de brillantes affaires. Le
gouvernement allemand espère qu’il en
sera de même pour la guerre actuelle.
C’est ce qui s’appelle être pratique.
LES HOSTILETÉS
Le gouverneur des Philippines télé-
graphie :
Les télégrammes officiels annoncent
que l’escadre espagnole, commandée
par l’amiral Montojo, a quitté la baie de
Subie pour rentrer dans la baie de Ma
nille où elle coopérera à la défense.
Le Libéral publie une dépêche de Ma
nille annonçant que l’escadre américai
ne est entrée dans la baie de Subie, le
lendemain du départ des Espagnols, et
qu’après une courte reconnaissance elle
est partie dans la direction de Manille.
On surveille les côtes de l’île Luzon,
pour prévenir leur débarquement, sur
tout à Bolinao, où le câble est atterri.
L’escadre volante d’Hampton roads,
commandée par le commodore Schley,
est partie avec des ordres cachetés. Ella
rallierait les meilleurs croiseurs qui
bloquent Cuba et se rendrait au devant
de l’escadre espagnole qui vient de quit
ter le cap Vert et dont on craint une ac
tion contre les côtes de Floride.
D’après le Herald, le corps expédition
naire de quelques milliers de nègres et
de réfugiés cubains, qui se concentre à
Tampa (Floride), partirait le 4 pour un
point de l’ile de Cuba.
Le général cubain Nunez, qui vient d’ar-
river avec une lettre du généralissime
américain Miles et a conféré avec le gé
néral Wade, qui commande les forces
réunies sur ce point, doit guider l’expé-
dition.
Le gouvernement américain a accepté
l offre de dix mille pigeons voyageurs
pour transmettre les nouvelles de l’es-
cadre.
EN ESPAGNE
Répondant, hier, aux Cortès, aux cri
tiques que les oppositions avaient faites
à propos de l’isolement de l’Espagne
dans le conflit actuel, le ministre des af-
faires étrangères a fait la déclaration sui
vante :
« Nous vivons à une époque de positi
visme dans laquelle les alliances se fon
dent sur les intérêts, et comme l’Espa-
gne peut offrir peu, on ne peut lui don
ner que peu. On ne peut nier toutefois
que l’Espagne ait obtenu des manifesta
tions de sympathie et de grandes preu
ves d’estime de la part des autres Etals.
Il faut faire constater que nous avons
tout fait seuls, en nous inspirant de
l’exemple de la souveraine qui personni
fie le devoir, le patriotisme et le dévoue
ment à l’Espagne. »
Aujourd’hui, l’opinion publique em
boîterait plus facilement le pas à un
gouvernement qui obtiendrait par une
alliance européenne, un concours nour
maintenir la domination espagnole aux
Antilles.
M. Silvela, chef des conservateurs li
béraux, a prononcé un remarquable
discours faisant entrevoir qu’il ne refu
serait pas, au cas échéant, les respon
sabilités du pouvoir et la succession
des libéraux. Il est prêt à l’exercer
presque comme un dictateur s’il le faut.
Il a fait de transparentes allusions à fi
possibilité de pénibles sacrifices.
M. Sagasta a dit que, malgré le bruit
contraire répandu à l’étranger, l’esca-
dre qui se trouvait au Cap-Vertest main
tenant en cours de navigation.
Le gouvernement évite toute allusion
sur la direction et la marche de l’esca
dre.
*
* *
Ce que va faire l’Escadre Espagnole
Interview de M. José Costa y RoselFo
député autonomiste de la Havane a la
Chambre espagnole publiée par le Gau-
lois ;
L’escadre espagnole est partie vendre
di du cap Saint-Vincent; va-t-éile, comme
le souhaitent l’amiral Sampson et 'os
journaux américains qui semblent con
naître son plan de campagne, se rendre
directement dans les eaux cubaines pour
y livrer la bataille à laquelle la convie
l’escadre américaine ? Sans avoir le don
de la prophétie, je puis dire que je ne i a
crois pas.
Je pense plutôt que les Etats-Unis n’au
ront rien perdu pour attendre.
L’amiral espagnol juge très sagement
selon moi, que la Havane, considérable-
Taa
8
Feuilleton du PETIT HAVRE 21
liais h PAUVRHS
Par Charles MÉROUVEL
THÉRÈSE MONTARON
DEUXIÈME PARTIE
Sas Père
T . dont vieilles femmes formaient,
nour ainsTdire. à l’hôtel de Corbière,
Pour fS la faction Beauvillars.
EÎles en étaient le côté mesquin. bour-
S à basses passions, aimant 1 argent
nar dessus tou t et n’ayant aucun des
gentimenis d’h onneurou fe’Œ?
nui se retrouvaient chez les. Cornière,
^différents degrés, au maximun chez
n’avait hérité que
des4anS qualités de sa race ; a un
des moindre 1 thez 10 capitaine de
Corbière qui ce pendant était mort en
somme àe Cœur. « réparant, nelet
ment une faute fac ileàcomprengre. et
qui sera éternelle ment pardonneene.
enfin avec le mini mum chez le comte
Gabriel, qai tenait autant des Beauvil-
arsque & s la r ' té -Mon^ro n ou des
Corbiere-I atouchy?,mais qizt dechi-
comme on les comprend aujourd'hui,
correct, suffisamment généreux, ayant
lé mépris de l’or et tenant, par-dessus
tout, à l'honneur de son nom.
La femme de chambre avait quitté le
salon pour se mettre à la recherche de
Launay, et dans l’escalier elle gromme
lait dés mots peu flatteurs à l’adresse
des deux vieilles :
— Qu’est-ce qu’elles ont encore à
machiner ensemble, ces tireuses de
cartes ?
Et une crainte venait à Mlle Félicie
dont la conscience n’était pas très
nette.
— Pourvu qu’elle ne se doute de
rien ! Elle a des yeux jusque dans le
dos, cette Launay !
Félicie pouvait être tranquille.
Les deux femmes ne s’occupaient pas
de ses peccadilles.
Elles avaient, comme on dit aux
champs, d’autres pois à lier.
La femme de chambre-tut rassuréé
dès quelle se trouva en présence de la
lingère qui lisait son journal dans le
très confortable cabinet qui lui servait
de bureau.
— Madame vous demande, Mademoi
selle, dit Félicie.
— Ah ! bien ! fit la lingère d’une
voix onctueuse comme un sirop. J’y
vais de ce pas, ma petite.
Sans se presser, elle plia son journal
proprement et le mit sur sa table.
C'était une personne d’ordre.
De plus, elle aimait à causer fami
lièrement avec les gens.
On ne sait pas ce qu’on en peut tirer,
avec un peu de finesse,
La lingère ne manquait pas d’esprit, j
mais on ne peut pas tout avoir. |
En revanche, elle était atrocement
laide.
La petite vérole avait creusé sa figure
d'une infinité de trous, mieux que de
trous, d’abîmes.
Un de ses yeux était plus petit que
l’autre.
Le nez finissait trop tôt et le menton,
très pointu, finissait trop tard.
La taille aussi était légèrement dé-1
viée et l’épine dorsale s’arrondissait
subitement à la troisième vertèbre au-
dessous du cou, ce qui la classait, à sa
grande confusion, dans la catégorie des
bossus.
Elle n'avait jamais dû connaître les
douceurs de l'amour.
C’est une privation qui a pour résul
tat d’aigrir les humeurs des vieilles
filles.
Chez Launay, l’aigreur restait en
dedans.
L’extérieur n’était que miel et sucre.
Mlle Félicie voulut elle flatter là ma
jordome ou jeter une pierre dans son
jardin ?
Au moment où Launay, au sortir de
son cabinet, allait mettre la clef dans sa
poche, la femme de chambre lui dit.:
— Je ne sais pas ce que vous avez
fait à Madame, mais elle ne peut pas se
passer de vous !
Launay sourit agréablement et, dévi
sageant Félicie de ses yeux inégaux,
elle répliqua :
— Mon Dieu ! Madame la comtesse
sait sans doute combien je lui suis dé
vouée, voilà tout.
Et du ton de la compassion.elle ajou
ta en maillèrede conseil :
— Prenez garde, mon enfant ! Vous
vous fatiguez trop, je vous assure.
Croyez-moi. ne faites pas d'impriden-
ce.?. Veillez moins... dormez mieux.
Tout ira bien,. .Depuis quelques jours,
je vous trouve un peu pâlotte.
Et après un simulacre de révérence
assez ironique, elle monta l'escalier
pour se rendre chez la comtesse.
— Vieille couleuvre ! songea la fem
me de chambré, j'avais bien tort de me
demander si elle savait quelque chose .
Elle sait tout !
Launay n’ignorait pas. en effet, que
Mlle Félicie, bien qu’elle eût depuis
longtemps dépassé l’âge de la raison,
n'en suivait pas les conseils et avait
des bontés pour le premier cocher de la
comtesse, un Anglais de cent dix kilo
grammes qui répondait au nom de Tom
Kipper.
Les imprudences auxquelles Launay
avait malignement fait allusion consis
taient en ceci, que plus d'une fois il
était arrivé à la soubrette de traverser
la cour d’honneur à des heures indues
poür rejoindre l’imposant cocher dont
le domicile particulier était au-dessus
des écuries.
Or, à l'hôtel de Corbière, cette cour
restait éclairée toute la nuit et Launay,
dont la Chambre donnait de ce côté, ne
dormait jamais que d’un œil et ouvrait
l’autre à la moindre alerte.
En outre, elle avait sa police.
Mais déjà elle ne songeait plus à
Félicie ni a ses courses nocturnes.
Pour le moment, elle avait déplus
hautes visées.
Elle aurait voulu prendre sa retraite
et auparavant arrondir soh magot qui
était déjà d’tme certaine ampleur.
Et le meilleur moyen, selon Launay,
o était de se mettre en possession des
secrets quelle pressentait et qui va-
laient toujours une certaine somme.
Or, à l’air du visage de Mme de Cor
bière, devenu plus sombre depuis quel
que temps, elle Supposait des compli
cations de nature à lui fournir l’occa
sion propice.
En entrant chez sa maîtresse, elle la
surprit la tête tournée vers la porte
avec des signes d'impatience.
— Vous m’avez fait appeler ? dit-
elle.
— En effet... Arrivez donc ?
— Que voulez-vous ?
—Savoir où va ma fille depuis quel
ques jours. Il me semble qu'elle sort
bien souvent seule...
— C’est très exact et je m’en suis in
quiétée. Mademoiselle, à qui j’en ai
parlé, m’a dit qu’elle va chez son frè
re, M. le comte Gapriel, et plus sou
vent chez la duchesse de Réville.
— Je sais... La petite de Réville est
son amie, mais j'ai appris qu’hier Fer
nande est allée chez les Reville et n’y
est restée qu’un instant... Or, elle a été
absente jusqu'au dîner.
— Que supposez-vous donc ?
— Rien de précis, seulement depuis
cette désastreuse aventure de Sologne,
vous comprenez que je sois facile à
alarmer.
— Vous avez raison, mais évidem
ment Mlle Fernande ne court aucun
danger... Paris n’est as une forêt.
— Et puis, enfin, quel remède ?...
Vous n'empêcherez pas Mademoiselle
de sortir... Elle a été élevée avec une
.liberté anglaise et il est trop tard pour
Fen déshabituer...
— Vous pourriez l'accompagner...
— Mademoiselle est très convenable
avec moi, mais..,
— Voulez-vous dire qu’elle aime au
tant une autre société que la vôtre ?
— Précisément. La jeunesse se plaît
avec la jeunesse.
— Il faudra la suivre alors...
— Elle a de bons chevaux et je me
demande quel fiacre pourrait marcher
d’une telle allure... D'ailleurs, elle
s’en apercevrait. Elle a beaucoup d’es
prit, Mlle Fernande...
— Et alors ?...
— Elle me prendrait en aversion, si
ce n'est déjà fait, et plus moyen d’en
rien obtenir.
La comtesse fit un geste de contra
riété.
— Je suis très inquiète, Launay, dit-
elle, très tourmentée. Depuis cette dé
plorable catastrophe, je ne vis plus.
Mme de Corbière exagérait.
Sa sensibilité n’était pas si vive.
Certainement la mort de son fils l'a-
vait accablée, mais elle avait du res
sort.
Elle s’était redressée.
Elle vivait et même elle vivait très
bien.
— Que savez-vous donc? dem
Launay. "nd
— Ce que je sais, le voici. '
Mme de Corbière allait enta
confidences, mais une
Fernande entra.
Ce fut comme un rayon lumineux
qui aurait envahi soudain le boudoir
La charmante enfant produisait entre
sa mère et cette haïssable Launay Per.,
fet d'une colombe entre deux orfraies.
— Je suis de trop ? demanda-t-en.
en faisant un mouvement pour bat...
en retraite.
— Non, non, dit vivement la mire .
Au contraire, je ne suis pas fâchée gne
tu saches ce que j’ai à confier à 1 an,
nay. u
— Alors, je reste.
— D'où viens-tu?
— De chez Gabriel.
— Il est chez lui ?
- Non... Je l’ai attendu en 1
des journaux dans son cabinet
perbe ce cabinet, avec des v'.^es
। un chic y • • M ne se refuse, • Y ages
briel .... Il vient encore dr . e naver
nu Rousseau, rien que ça, e' — y Paver
merveilleux... On ne sans .Un 11 on
lui.. ..Il n’est pas venu.T SfaueD
ques jours, je suis à se, ePNs “s.
il est introuvable Je r poursuite, mais
ce ai fait X o Tue sais, en vente,
vnil^ TTnnÿ ov temps... Et, ma
autre erlg,PCAnt, Jest tout Vous avez
_ on56 à me,'demander ?
wMlle. Fernande de Corbière était ra-
V, ante dans sa toilette de deuil, qui
—usait valoir la fimesse de ses trails et
rendait plus saisissante la blanc! eur
mate de son teint.
Elle approcha u n fauteuil de celt i de
sa mère, s’accouda t sous ‘la lampe A au
guéridon qui les séparait appuy:
menton sur sa mai, a aux
ÉDITION DD MATIN — 5 Centimes
18” Année — N 6459”(C)
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Elections Législatives
DU 8 MAI 1898
Arrondissement du Havre
Candidats Républicains
ire Circonscription
M. AUGUSTE RISPAL
Député Sortant
2° Circonscription
M. Louis BRINDEAU
Député Sortant
8° Circonscription
M. Ernest DELAUNAY
Député Sortant
Radicalisme Evanoui 1
M. Denis Guillot s’est enfin décidé à
sortir son manifeste aux électeurs
dont il brigue les suffrages.
Encore un peu, c’était une affiche de
la dernière heure.
De l’appel des trois anabaptistes qui
prêchent au nom du Comité démocrati
que, nous disions que c’était un spéci
men de l’art de parler pour ne rien
dire.
La proclamation de M. Denis Guillot
est de la même école et nous dirons, si
vous voulez, qu’elle est un modèle de
réticences.
En voici, du reste, le texte complet,
M. Denis Guillot reconnaîtra que nous
faisons bonne mesure à sa prose.
Mes chers concitoyens.
Le Comité républicain démocratique
m’a offert la candidature aux élections
législatives du 8 mai. J’ai accepté ce
poste d’honneur.
Les circonstances sont graves pour la
République tout entière, et en particu
lier pour le Havre et son port. Il faut
réagir avec énergie en faveur de nos in
térêts commerciaux et maritimes trop
longtemps compromis.
M. Méline, chef du ministère actuel,
l’homme des tarifs de 1892, le protection
niste à outrance, poursuit dans le pays
une politique de division et d’équivo-
ques. Il oppose les campagnes aux villes
en faisant aux premières? dans un but
électoral, des promesses irréalisables et
en représentant les secondes comme des
centres de révolution. Ancien membre
de la Commune, il agite aujourd’hui le
spectre rouge, et ses candidats suivent
son mot d’ordre.
Le paysan, que le protectionnisme ne
sauve pas de la misère, ouvre enfin les
yeux. Quant aux vides, elles réprouvent
une politique qui restreint les échanges,
et qui, en deux années, bien que servie
par une majorité docile, n’a su faire
aboutir aucune réforme fiscale.
Impuissance, compromissions, recul,
tel est le ministère Méline. Il s’effondre
ra, soyez-en sûrs, dans cette crise du
pain cher qui s’aggrave et dont vous
êtes en droit de demander compte à ce
ministère et à ceux qui l’ont soutenu
de leurs votes.
Voter contre le ministère Méline est
donc le premier devoir de votre élu.
Electeurs,
Les questions commerciales, indus
trielles et sociales ont aujourd’hui le pas
sur les questions de politique pure. En
fant du Havre, connaissant vos besoins,
je leur ai fait la plus large. place dans:
mon programme.
La première réforme qui s’impose est
celle de l’impôt. Il faut atteindre la for
tune acquise et ménager le petit contri
buable. Les taxes indirectes doivent
disparaître promptement, ainsi que les
contributions personnelle et mobilière
et des portes et fenêtres. La loi de 1816
sur la régie doit être largement modi
fiée.
Dans l’établissement de l’impôt, il faut,
bien entendu, respecter la liberté indivi
duelle et le domicile du contribuable. Je
pense avec M. Gavaignac « que nous ne
pouvons imposer la déclaration à l’in
dustriel et au commerçant, qu’il faut les
laisser maîtres de leur crédit et ne pas
les obliger à en livrer le secret ».
Le service militaire est une lourde
charge pour le pays, Je suis convaincu
que l’on peut réduire la durée du servi-
ce actif, sans compromettre la défense
nationale. L’armée qui aujourd’hui se
confond avec le pays, doit être mainte
nue forte et disciplinée. Elle doit être
tenue soigneusement en dehors des lut
tes de partis, si nous voulons conserver
en Europe notre prestige et l’espoir pa
triotique auquel nul de nous ne peut
renoncer.
Citoyens,
Depuis dix an- que vous m’avez envoyé
au Conseil municipal et au Conseil géné
ral, vous avez pu apprécier mes idées et
maligne dé conduite. J’ai été heureux
de m’associer à l’œuvre réparatrice de
l’Administration municipale, qui, en
moins de deux années, a reconstitué les
finances de la ville du Havre.
Vous me connaissez assez pour savoir
que, partisan de toutes les libertés, je
suis un ennemi de la violence et du dé-
sordre.
M. Henri Brisson, le président res
pecté de l’ancienne Chambre, dans le
discours de clôture qu’il a prononcé et
qui est un blâme évident à l’adresse du
Ministère Méline, s’exprimait ainsi : « De
puis vingt-cinq ans, notre démocratie a
montré une clairvoyance et une ténacité
admirables, déjouant tour à tour la vio
lence et la ruse. Elle ne se démentira
pas. Fidèle à ses illustres précédents,
elle saura, de sa main souveraine, écarter
les perfides. Bientôt, ses représentants
réunis reprendront le noble idéal des
promoteurs du suffrage-universel : faire
parvenir tous les citoyens sans commo
tion nouvelle, par l’action successive et
constante des institutions et des lois, à
un degré toujours plus élevé de bien
être, de lumière et de dignité morale «. •
Vous répondrez à cet éloquent appel
d’une voix autorisée. Ces idées sont les
miennes, et je m’efforcerai de les faire
prévaloir pour le plus, grand bien de la
République et de notre belle cité.
Vive le Havre 1 .
Vive la République Démocratique I
Denis Guillot.
Programme Politique
1. —• Liberté de conscience. — Indé
pendance absolue des religions et de la
politique.
2. — Réduction à deux ans du service
militaire actif, obligatoire et égal pour
tous. — Paiement par l’Etat dune in
demnité aux familles des réservistes né
cessiteux.
3. — Réformes judiciaires. — Réduc
tion des frais de justice. — Simplifica
tion de la procédure. — Création d’une
juridiction psur les employés de com-
merce.
4. — Amélioration de la situation des
instituteurs publics, notamment au point
de vue de leur classement et de leur in
dépendance.
5. — Décentralisation administrative.
— Indépendance du Havre, par la créa
tion du département de la Seine-Mari
time.
Programme Commercial et Econo
mique
1 .— Révision immédialie du régime
douanier dans un sens fibre-échangiste.
2.— Etablissement d’un impôt frap-
pant la fortune acquise et épargnant le
petit contribuable. — Suppression gra
duelle des taxes indirectes.
3.— Droits sur les successions. — Dé
grèvement des petits héritages.
4.— Marine.— Augmentation des pen
sions de demi-solde des inscrits mari-
times, avec retraite proportionnelle fa
cultative après quinze ans de service. —
Reconstitution de la Caisse des Invalides
de la marine. — Encouragements à la
marine marchande et à la construction.
.5.— Extension du droit de suffrage
pour les élections à la Chambre de com
merce.
6 .— Questions ouvrières : Liberté d’as
sociation.— Règlementation des heures
de travail dans la grande industrie, no
tamment dans les chemins de fer.
7 .—Création de pensions de retraites
pour lès vieillards et les invalides du
travail.
8 .— Prompte exécution de la ligne de
chemins de fer du Sud-Ouest, et des tra
vaux du port.
Ceux qui attendaient de M. Denis
Guillot la révélation d’un programme
qui justifiât la candidature qu’il pose
en face du candidat républicain pro
gressiste partageront la déception que
nous fait éprouver la lecture de cette
pâle et tardive préface électorale, ter
minée par un sommaire incertain, qui
n’est pas même le squelette d’un pro
gramme.
Nous avions cru, et nous croyons en
core, qu’en cette élection la division
existait entre républicains sur des
points bien précis.
Ces points, qui caractérisent le pro
gramme du parti radical — dont M.
Denis Guillot était censé faire partie,
— nous les avons déterminés pour en
faire la base de la campagne électorale
actuelle et pour permettre aux élec
teurs de départager les adversaires en
présence.
Ce sont :
L’impôt global sur le revenu, dont
les républicains progressistes sont les
adversaires résolus, parce qu’il est ar
bitraire et vexatoire.
La révision de la Constitution, dont
ils ne veulent pas davantage, la consi
dérant comme une porte qu’il ne faut
pas même entrouvrir aux adversaires
de la République.
Enfin, la renonciation sincère et
complète à toute compromission avec
le parti socialiste.
Sur tous ces points essentiels, la cir
culaire de notre adversaire est muette
et son drapeau reste soigneusement
plié dans sa serviette d’avocat. Le plus
modéré des modérés pourrait signer sa
vague profession de foi.
La reforme de l’impôt d’abord. M. De
nis Guillot déclare qu'elle doit « at
teindre la fortune acquise et ménager
le petit contribuable ». C’est aussi no
tre avis et celui de nos amis ; il n’en
résulte pas que l'impôt global progres
sif puisse seul atteindre ce résultat.
L’impôt « à la française », procédant
par cédules, en se basant sur les signes
extérieurs, l’obtiendra aussi sûrement.
Et n’est-ce pas abandonner le prin
cipe même de l'impôt global, que de
renoncer à la déclaration en affirmant
que « la liberté individuelle et le do
micile du contribuable doivent être
respectés ». L’impôt sur le revenu
sans déclaration ni exercice ne tient
pas debout.
Et cette contradiction prouve que M.
Denis Guillot n’ose pas se prononcer
nettement pour ou contre.
Au point de vue révisionniste, M.
Denis Guillot a reculé depuis 1893. A
cette époque, il réclamait encore une
révision a dose homéopathique « pour
assurer la rapidité du travail législa
tif ». Il ne parle plus du tout de révi
sion. Sans doute, il est rallié à l’avis
de ceux qui attendent d'une simple
réforme du règlement l’amélioration du
travail parlementaire.
Et M. Denis Guillot n’ose pas se pro
noncer sur la question du Sénat.
Même indécision au Sujet du socia
lisme, auquel les radicaux faisaient
hier les doux yeux. M. Denis Guillot
garde sur cette alliance compromet
tante un silence prudent. C’est donc
qu'il ne veut pas l’avouer ou qu'il s’en
éloigne, car il n’en parle pas plus que
si son ami Hubbard n’avait jamais
existé
En vérité cette phrase, que le plus
timide des ralliés pourrait signer, ne
saurait nous renseigner sur la pensée
de derrière la tête du candidat en ma
tière sociale :
« Vous me connaissez assez pour sa
voir que,partisan de toutes les libertés,
je suis un ennemi de la violence et du
désordre. »
Pour un peu. M. Denis Guillot di
rait : « L’ordre, j’en réponds ! »
Nous ne sommes donc pas plus avan
cés qu’au premier jour et M. Denis
Guillot n’a pas cru devoir dissiper les
obscurités amassées sur sa candida
ture par la déclaration de ses seuls ré
pondants, MM, Landrieu, Dubure et
Moreau.
Une seule chose résulte clairement
de la situation électorale dans la ir cir
conscription. C’est que la division ten-
tée par le Comité démocratique n’a
point de raison politique. La candida
ture Denis Guillot n’est produite et
soutenue que pour des raisons de ran-
cune personnelle.
Mais, quoiqu’on fasse pour donner à
la lutte un tour politique, les électeurs
ne s’y laisseront pas prendre. Ils ont
déjà gratté le radical et n’ont trouvé
que l’avocat d’une coterie, et M. Denis
Guillot aura de la peine à rendre sa
personnalité « prépondérante » sur cel
le de M. Rispal.
Nous voyons que son programme
lâche le radicalisme, évite le socialis
me et dédaigne les progressistes.
Si ce n’était le fait d’une aimable
philosophie, qui lui va bien du reste,
on pourrait soupçonner M. Denis Guil
lot d’un complet désintéressement de
sa propre candidature.
L’appel du Comité démocratique,
dans une intention spirituelle qui a
fait long feu, avait imaginé d’appeler
M. Rispal : « candidat effacé !»
Ne semble-t-il pas que M. Denis
Guillot est un candidat évanoui?
— -----4---—-—_
2e Circonscription du Havre
REUNIONS PUBLIQUES
Une réunion publique a eu lieu, hier
dimanche, à Octeville.
M. Brindeau y a rendu compte de son
mandat et exposé son programme en
présence de plus de deux cents person
nes. M. Recher, maire de la commune,
avait été désigné comme président par
l’assemblée, qui, à l’unanimité, a ap
prouvé les déclarations de M. Brindeau
et émis un vote favorable à sa candida
ture.
Une seconde réunion publique a eu
lieu, le même jour, à trois heures, à
Saint-Romain, dans la salle des réu
nions, sous la présidence de M. le doc-
teurCrouzet, président du Comité répu
blicain du canton.
En présence de trois cents électeurs,
M. Brindeau a rendu compte de son
mandat et exposé son programme.
La réunion, à l’unanimité a voté l’or
dre du jour suivant :
« Les électeurs du canton de Saint-
Romain, réunis à l’occasion de la pério
de électorale,donnent une entière appro
bation à la ligne de conduite suivie par
M. Brindeau a la Chambre des députés,
lui renouvellent leur confiance par ac
clamation et soutiennent énergiquement
sa candidature. »
Dans ces deux réunions,M. Brindeau a
déclaré qu’étant donné l’élévation des
cours du blé, il était partisan d’une di
minution temporaire du droit de douane
sur les blés et même de la suspension
temporaire du droit, et le cours actuel
du blé restait aussi élevé qu’il l’est ac
tuellement.
M. Laville à Sanvic
M. Laville, candidat socialiste dans la
2e circonscription du Havre, faisait hier
après-midi; à Sanvic, une conférence
électorale.
Il y avait tout juste soixante-dix élec
teurs présents. Le bureau était’composé
de MM. Buchard, président ; Bourgeais
et Chénot, assesseurs.
M. Laville a développé le programme
que l’on sait, mais en termes fort atté
nués. Il n’a point voulu paraître redou
table ; il s’est donné les apparences d’un
homme. « sensible », et c’est avec des
larmes dans la voix qu’il a prononcé son
petit « laïus ».
Le succès fut médiocre, ou plutôt, M.
Laville n’eût aucun succès. A peine les
applaudissements timides de six ou sept
assistants.,captivés par son éloquence.
Il semble d’ailleurs que M. Laville
s’était méfié de lui-même, car il avait eu
soin d’amener avec lui un avocat d’office.
Celui-ci à vrai dire, ne s’est pas mon
tré, dans-son discours, socialiste intran
sigeant — ou même simplement socia
liste.
Il s’est contenté de prôner la théorie
de l’impôt sur le revenu,dont l’insuccès,
en des monarchies comme l’Italie, n’a
rien d’encourageant,.
. Le succès de l’avocat d’office a été
aussi, éclatant qtie celui du candidat
qu’il soutenait — à peu près comme la
। corde soutient le pendu.
Et l’on s’est sépare sans qu’aucun or
dre.du jour eût été seulement proposé.
M. Buchard, président, ayant' fait ob
server,comme c'était son devoir, l’absen
ce de toute motion, M. Laville lui a ré-
pondu, d'un air détaché : « Nous n‘a-
vons pas besoin d’ordre du jour. »
Réunions publiques annoncées
M. Brindeau tiendra les réunions sui
vantes à 8 heures et demie du soir ;
Mardi, au Cercle Franklin.
Mercredi, à la Lyre Havraise.
Jeudi, à Montivilliers.
Vendredi, à Harfleur.
M. Laville développera son program
me à la même heure :
Lundi, à l’Ecole de garçons du quar
tier des Neiges.
Mardi, à l’Ecole de Graville.
Mercredi, au Cercle Franklin.
A LA MOURSE DU TRAVAIL
Le Havre, le 30 avril 1898.
Monsieur le rédacteur,
Vous insérez dans votre édition de ce
soir une lettre de M. Rathier concernant
la publication d’un ordre du jour voté
en réunion du Comité Général de la
Bourse du Travail (ordre du jour qui
vous a été envoyé par le secrétaire de la
Bourse et que j’ai signé comme prési
dent).
M. Rathier me fait un grief d’être
contre maître en même temps que prési
dent du bureau du Comité Général, dont
il est, lui, un des assesseurs.
S’il est vraiment malheureux de voir un
contre maître (diable ; c’est dangereux,
ces gens-là) à la présidence du bureau
du Comité général, je n’y puis rien ; dé
signé par le Syndicat des typographes
comme délélézué à la Bourse, les délé
gués des différents Syndicats qui y sont
adhérents ont cru devoir porter leurs
voix sur mon nom sans que je sollicite
en aucune façon cet honneur.
Pourquoi M. Rathier n’a-t-il pas pro
testé au moment de l’élection du bureau ?
Il n’ignorait pas cependant à ce moment-
là, je le suppose, du moins, que j’occu
pais un poste de confiance dans une im
primerie du Havre. Beaucoup d’autres
délégués, pour ne pas dire tous, né
l’ignoraient pas non plus; c’est donc en
pleine connaissance de cause qu’ils se
sont prononcés sur mon nom, quoique
relativement nouveau venu au Havre
(ainsi que je le disais dans le discours
prononcé à l’inauguration de la Bourse,
discours approuvé et signé par M, Rathier,
comme assesseur au bureau) et m’ont
préféré à M. Rathier, ancien patron élec-
tricien, autrefois et actuellement encore
Président du Syndicat des Marins.
J’ajoute que je n’ai des amis qu’en de
hors de la Bourse du Travail, car là c’est
mon opinion, dû moins, l’amitié dispa-
rait devant l’intérêt général des travail-
leurs.
Pour terminer, je déclare ne pas vou
loir discuter les paroles que M. Ratifier
dit avoir prononcées, la place que j’ai
l’honneur d’occuper, pour le moment, à
la Bourse du Travail, me fait un devoir
de ne pas le faire; j’ajouterai cependant-
que les délégués, qui ont voté l’ordre du
jour visant M. Rathier étaient présents
lorsqu’il a pris la parole ; ils se sont donc
prononcés malgré son absence, en toute
connaissance de cause, au moment du
vote.
Je vous prie, Monsieur le Rédacteur.
d’Insérer cette lettre (il est inutile de
faire appel à la loi, n’est-ce pas f) et d‘a-
gréer mes empressées salutations.
V. RAVEAU,
Contremaître pour... ceux qui l’ignorent.
—-—»— ————--
Nouvelles Politiques
À la suite de la promulgation de la loi
du 9 avril courant, relative à la repré
sentation commerciale, M, Henry Bou
cher, ministre du commerce, vient d’a
dresser aux membres des Chambres de
commerce une circulaire dont nous
extrayons le passage suivant :
« Grâce à l’association désormais légale
de leurs efforts, et à leur affranchisse
ment budgétaire, les Chambres de com
merce s’efforceront, à l’envi, de dévelop
per les institutions économiques appro
priées à leurs régions, d’enrichir notre
outillage public, d’encourager largement
les œuvres d’éducation professionnelle
et d’expansion commerciale.
» Elles le feront surtout en provoquant
par leur exemple et en, organisant les
initiatives locales ou régionales, avec le
souci de ne pas aggraver, sans une véri
table nécessité ou l’utilité générale la
plus démontrée, les charges déjà lourdes
qui pèsent sur lés patentes.
» L’esprit de prudence et de sage admi
nistration, qui a toujours guidé Ces com
pagnies, est un sûr garant qu’aucun
abus ne fera regretter les dispositions
Fibérales et décentralisatrices édictées
par le législateur de 1898. »
LE
Produit des Contributions indirectes
En 1897, les contributions indirectes
auront produit la somme énorme de
1,214,872,000 francs, elles procurent au
trésor 400 millions de plus que les taxes
correspondantes en Angleterre, pour
une population égale. Les octrois de
France, en 1895 — dernier résultat con
nu — ont produit 325 millions, soit, en
tout, 1,540 millions contre 800 en An
gleterre. De 1896 à 1897, l’augmentation
du produit des taxes est de 18 millions.
Toutes les branches de ces contribu
tions sont en plus-value, sauf la taxe sur
les cidres, la récolte ayant été mauvaise.
Les droits sur l’alcool ont donné à l’Etat
272 millions; les vins ont fourni 5 mil
lions déplus que l’année précédente;
cela résulte, non de la consommation,
mais du régime rigoureux auquel sont
astreints les vins de raisins secs. En tout
cas, l’impôt n’a pas souffert de la cam
pagne entreprise contre le vin par les
médecins.
Le droit sur les cartes à jouer a pro
duit 159,000 fr. d’excédent sur l’année
précédente; la taxe sur les vinaigres
680,000 fr. de plus-value ; les licences
sur les boissons 80,390 fr. d’excédent ;
la taxe sur la dynamite 106,000 fr.; les
poudres à feu 399,000 fr.
M. Leroy-Beaulieu, à qui nous em
pruntons ces renseignements, dans l’Eco
nomiste Français. estime que, si l’on vote
la réforme de l’impôt des boissons, la
consommation s’accroîtra rapidement. Il
lui semble impossible de surtaxer ac
tuellement quoi que ce soit : l’impôt
donne tout ce qu’il peut donner.
Si donc on prétend dégrever les im
pôts, car ils sont vraiment trop lourds,
il n’y a qu’un moyen de le faire, c’est
d’avoir une administration résolue à
réaliser des économies. 'Les plus-values
que l’on se procurerait par ce moyen, le
seul qui soit infaillible, seraient appli
quées à la réforme de l’impôt. On y con
sacrerait également les bonis des conver
sions de dettes, mais on sait que nos
Chambres ont jnsqu’ici d’autres visées.
Il importe que les députés nouveaux
travaillent sérieusement, sans se préoc
cuper uniquement de politique, modi
fient cet état de choses,
T. H.
RaseqgrorgntyeeanteccepsrgRRRGPRSGSSzASRSA.
LA GUERRE
Hispano - Américaine
L’escadre américaine se plaît mainte
nant à tirer chaque jour quelques coups
de canon sur la côte de Cuba.
Lundi, elle a pris de nouveau pour ob
jectif Matanzas, non pas précisément la
ville, mais une batterie en construction
située sur la pointe de Pentagorda. Cette
batterie fait partie du système de dé
fense du port de Matanzas, dont l’exécu-
tion avait été commencée avant la dé
claration de guerre et qui n’est pas en
core terminée.
Cette fois, les dépêches américaines
annonçant l’événement sont plus réser
vées et ne contiennent aucune de ces
exagérations qui avaient marqué le
compte rendu du premier bombarde
ment de Matanzas.
Au fond, toutes ces canotmades ne pré-
sentent aucune importance. Elles sem
blent destinées à servir d’une part
d’exercice à l’escadre et d’autre part à
tenir l’opinion publique en haleine en
attendant les futures grandes rencon
tres.
La première de ces rencontres semble
imminente aux Philippines.
Elle aura lieu probablement au
jourd’hui ou demain.
Lés puissances continuent à déclarer
leur neutralité. L’Autriche-Hongrie qui.
seule des grandes puissances européen
nes, n’avait pas encore fait connaitre ses
intentions, s’est décidée à parler. Il n’y
aura donc guère que l’Allemagne en Eu
rope qui fasse bande à part et se réserve
sa liberté. A ce propos, il est curieux de
signaler le mobile qui a dicté au gouver
nement allemand sa décision.
C’est dans un but pratique de lucre
que l’Allemagne a pris pour habitude
dans toutes les guerres de s’abstenir de
déclarer sa neutralité. En effet, en faisant
cette déclaration, l’Allemagne s’interdi-
rait de vendre des armes, des munitions
et des bateaux aux belligérants. Au con
traire, en ne la faisant point, elle ré
serve à ses fabricants de fructueuses af
faires.
Lors de la guerre sino-japonaise et gré-
co-turque, les Krupp, les Lœve et con
sorts ont fait de brillantes affaires. Le
gouvernement allemand espère qu’il en
sera de même pour la guerre actuelle.
C’est ce qui s’appelle être pratique.
LES HOSTILETÉS
Le gouverneur des Philippines télé-
graphie :
Les télégrammes officiels annoncent
que l’escadre espagnole, commandée
par l’amiral Montojo, a quitté la baie de
Subie pour rentrer dans la baie de Ma
nille où elle coopérera à la défense.
Le Libéral publie une dépêche de Ma
nille annonçant que l’escadre américai
ne est entrée dans la baie de Subie, le
lendemain du départ des Espagnols, et
qu’après une courte reconnaissance elle
est partie dans la direction de Manille.
On surveille les côtes de l’île Luzon,
pour prévenir leur débarquement, sur
tout à Bolinao, où le câble est atterri.
L’escadre volante d’Hampton roads,
commandée par le commodore Schley,
est partie avec des ordres cachetés. Ella
rallierait les meilleurs croiseurs qui
bloquent Cuba et se rendrait au devant
de l’escadre espagnole qui vient de quit
ter le cap Vert et dont on craint une ac
tion contre les côtes de Floride.
D’après le Herald, le corps expédition
naire de quelques milliers de nègres et
de réfugiés cubains, qui se concentre à
Tampa (Floride), partirait le 4 pour un
point de l’ile de Cuba.
Le général cubain Nunez, qui vient d’ar-
river avec une lettre du généralissime
américain Miles et a conféré avec le gé
néral Wade, qui commande les forces
réunies sur ce point, doit guider l’expé-
dition.
Le gouvernement américain a accepté
l offre de dix mille pigeons voyageurs
pour transmettre les nouvelles de l’es-
cadre.
EN ESPAGNE
Répondant, hier, aux Cortès, aux cri
tiques que les oppositions avaient faites
à propos de l’isolement de l’Espagne
dans le conflit actuel, le ministre des af-
faires étrangères a fait la déclaration sui
vante :
« Nous vivons à une époque de positi
visme dans laquelle les alliances se fon
dent sur les intérêts, et comme l’Espa-
gne peut offrir peu, on ne peut lui don
ner que peu. On ne peut nier toutefois
que l’Espagne ait obtenu des manifesta
tions de sympathie et de grandes preu
ves d’estime de la part des autres Etals.
Il faut faire constater que nous avons
tout fait seuls, en nous inspirant de
l’exemple de la souveraine qui personni
fie le devoir, le patriotisme et le dévoue
ment à l’Espagne. »
Aujourd’hui, l’opinion publique em
boîterait plus facilement le pas à un
gouvernement qui obtiendrait par une
alliance européenne, un concours nour
maintenir la domination espagnole aux
Antilles.
M. Silvela, chef des conservateurs li
béraux, a prononcé un remarquable
discours faisant entrevoir qu’il ne refu
serait pas, au cas échéant, les respon
sabilités du pouvoir et la succession
des libéraux. Il est prêt à l’exercer
presque comme un dictateur s’il le faut.
Il a fait de transparentes allusions à fi
possibilité de pénibles sacrifices.
M. Sagasta a dit que, malgré le bruit
contraire répandu à l’étranger, l’esca-
dre qui se trouvait au Cap-Vertest main
tenant en cours de navigation.
Le gouvernement évite toute allusion
sur la direction et la marche de l’esca
dre.
*
* *
Ce que va faire l’Escadre Espagnole
Interview de M. José Costa y RoselFo
député autonomiste de la Havane a la
Chambre espagnole publiée par le Gau-
lois ;
L’escadre espagnole est partie vendre
di du cap Saint-Vincent; va-t-éile, comme
le souhaitent l’amiral Sampson et 'os
journaux américains qui semblent con
naître son plan de campagne, se rendre
directement dans les eaux cubaines pour
y livrer la bataille à laquelle la convie
l’escadre américaine ? Sans avoir le don
de la prophétie, je puis dire que je ne i a
crois pas.
Je pense plutôt que les Etats-Unis n’au
ront rien perdu pour attendre.
L’amiral espagnol juge très sagement
selon moi, que la Havane, considérable-
Taa
8
Feuilleton du PETIT HAVRE 21
liais h PAUVRHS
Par Charles MÉROUVEL
THÉRÈSE MONTARON
DEUXIÈME PARTIE
Sas Père
T . dont vieilles femmes formaient,
nour ainsTdire. à l’hôtel de Corbière,
Pour fS la faction Beauvillars.
EÎles en étaient le côté mesquin. bour-
S à basses passions, aimant 1 argent
nar dessus tou t et n’ayant aucun des
gentimenis d’h onneurou fe’Œ?
nui se retrouvaient chez les. Cornière,
^différents degrés, au maximun chez
n’avait hérité que
des4anS qualités de sa race ; a un
des moindre 1 thez 10 capitaine de
Corbière qui ce pendant était mort en
somme àe Cœur. « réparant, nelet
ment une faute fac ileàcomprengre. et
qui sera éternelle ment pardonneene.
enfin avec le mini mum chez le comte
Gabriel, qai tenait autant des Beauvil-
arsque & s la r ' té -Mon^ro n ou des
Corbiere-I atouchy?,mais qizt dechi-
comme on les comprend aujourd'hui,
correct, suffisamment généreux, ayant
lé mépris de l’or et tenant, par-dessus
tout, à l'honneur de son nom.
La femme de chambre avait quitté le
salon pour se mettre à la recherche de
Launay, et dans l’escalier elle gromme
lait dés mots peu flatteurs à l’adresse
des deux vieilles :
— Qu’est-ce qu’elles ont encore à
machiner ensemble, ces tireuses de
cartes ?
Et une crainte venait à Mlle Félicie
dont la conscience n’était pas très
nette.
— Pourvu qu’elle ne se doute de
rien ! Elle a des yeux jusque dans le
dos, cette Launay !
Félicie pouvait être tranquille.
Les deux femmes ne s’occupaient pas
de ses peccadilles.
Elles avaient, comme on dit aux
champs, d’autres pois à lier.
La femme de chambre-tut rassuréé
dès quelle se trouva en présence de la
lingère qui lisait son journal dans le
très confortable cabinet qui lui servait
de bureau.
— Madame vous demande, Mademoi
selle, dit Félicie.
— Ah ! bien ! fit la lingère d’une
voix onctueuse comme un sirop. J’y
vais de ce pas, ma petite.
Sans se presser, elle plia son journal
proprement et le mit sur sa table.
C'était une personne d’ordre.
De plus, elle aimait à causer fami
lièrement avec les gens.
On ne sait pas ce qu’on en peut tirer,
avec un peu de finesse,
La lingère ne manquait pas d’esprit, j
mais on ne peut pas tout avoir. |
En revanche, elle était atrocement
laide.
La petite vérole avait creusé sa figure
d'une infinité de trous, mieux que de
trous, d’abîmes.
Un de ses yeux était plus petit que
l’autre.
Le nez finissait trop tôt et le menton,
très pointu, finissait trop tard.
La taille aussi était légèrement dé-1
viée et l’épine dorsale s’arrondissait
subitement à la troisième vertèbre au-
dessous du cou, ce qui la classait, à sa
grande confusion, dans la catégorie des
bossus.
Elle n'avait jamais dû connaître les
douceurs de l'amour.
C’est une privation qui a pour résul
tat d’aigrir les humeurs des vieilles
filles.
Chez Launay, l’aigreur restait en
dedans.
L’extérieur n’était que miel et sucre.
Mlle Félicie voulut elle flatter là ma
jordome ou jeter une pierre dans son
jardin ?
Au moment où Launay, au sortir de
son cabinet, allait mettre la clef dans sa
poche, la femme de chambre lui dit.:
— Je ne sais pas ce que vous avez
fait à Madame, mais elle ne peut pas se
passer de vous !
Launay sourit agréablement et, dévi
sageant Félicie de ses yeux inégaux,
elle répliqua :
— Mon Dieu ! Madame la comtesse
sait sans doute combien je lui suis dé
vouée, voilà tout.
Et du ton de la compassion.elle ajou
ta en maillèrede conseil :
— Prenez garde, mon enfant ! Vous
vous fatiguez trop, je vous assure.
Croyez-moi. ne faites pas d'impriden-
ce.?. Veillez moins... dormez mieux.
Tout ira bien,. .Depuis quelques jours,
je vous trouve un peu pâlotte.
Et après un simulacre de révérence
assez ironique, elle monta l'escalier
pour se rendre chez la comtesse.
— Vieille couleuvre ! songea la fem
me de chambré, j'avais bien tort de me
demander si elle savait quelque chose .
Elle sait tout !
Launay n’ignorait pas. en effet, que
Mlle Félicie, bien qu’elle eût depuis
longtemps dépassé l’âge de la raison,
n'en suivait pas les conseils et avait
des bontés pour le premier cocher de la
comtesse, un Anglais de cent dix kilo
grammes qui répondait au nom de Tom
Kipper.
Les imprudences auxquelles Launay
avait malignement fait allusion consis
taient en ceci, que plus d'une fois il
était arrivé à la soubrette de traverser
la cour d’honneur à des heures indues
poür rejoindre l’imposant cocher dont
le domicile particulier était au-dessus
des écuries.
Or, à l'hôtel de Corbière, cette cour
restait éclairée toute la nuit et Launay,
dont la Chambre donnait de ce côté, ne
dormait jamais que d’un œil et ouvrait
l’autre à la moindre alerte.
En outre, elle avait sa police.
Mais déjà elle ne songeait plus à
Félicie ni a ses courses nocturnes.
Pour le moment, elle avait déplus
hautes visées.
Elle aurait voulu prendre sa retraite
et auparavant arrondir soh magot qui
était déjà d’tme certaine ampleur.
Et le meilleur moyen, selon Launay,
o était de se mettre en possession des
secrets quelle pressentait et qui va-
laient toujours une certaine somme.
Or, à l’air du visage de Mme de Cor
bière, devenu plus sombre depuis quel
que temps, elle Supposait des compli
cations de nature à lui fournir l’occa
sion propice.
En entrant chez sa maîtresse, elle la
surprit la tête tournée vers la porte
avec des signes d'impatience.
— Vous m’avez fait appeler ? dit-
elle.
— En effet... Arrivez donc ?
— Que voulez-vous ?
—Savoir où va ma fille depuis quel
ques jours. Il me semble qu'elle sort
bien souvent seule...
— C’est très exact et je m’en suis in
quiétée. Mademoiselle, à qui j’en ai
parlé, m’a dit qu’elle va chez son frè
re, M. le comte Gapriel, et plus sou
vent chez la duchesse de Réville.
— Je sais... La petite de Réville est
son amie, mais j'ai appris qu’hier Fer
nande est allée chez les Reville et n’y
est restée qu’un instant... Or, elle a été
absente jusqu'au dîner.
— Que supposez-vous donc ?
— Rien de précis, seulement depuis
cette désastreuse aventure de Sologne,
vous comprenez que je sois facile à
alarmer.
— Vous avez raison, mais évidem
ment Mlle Fernande ne court aucun
danger... Paris n’est as une forêt.
— Et puis, enfin, quel remède ?...
Vous n'empêcherez pas Mademoiselle
de sortir... Elle a été élevée avec une
.liberté anglaise et il est trop tard pour
Fen déshabituer...
— Vous pourriez l'accompagner...
— Mademoiselle est très convenable
avec moi, mais..,
— Voulez-vous dire qu’elle aime au
tant une autre société que la vôtre ?
— Précisément. La jeunesse se plaît
avec la jeunesse.
— Il faudra la suivre alors...
— Elle a de bons chevaux et je me
demande quel fiacre pourrait marcher
d’une telle allure... D'ailleurs, elle
s’en apercevrait. Elle a beaucoup d’es
prit, Mlle Fernande...
— Et alors ?...
— Elle me prendrait en aversion, si
ce n'est déjà fait, et plus moyen d’en
rien obtenir.
La comtesse fit un geste de contra
riété.
— Je suis très inquiète, Launay, dit-
elle, très tourmentée. Depuis cette dé
plorable catastrophe, je ne vis plus.
Mme de Corbière exagérait.
Sa sensibilité n’était pas si vive.
Certainement la mort de son fils l'a-
vait accablée, mais elle avait du res
sort.
Elle s’était redressée.
Elle vivait et même elle vivait très
bien.
— Que savez-vous donc? dem
Launay. "nd
— Ce que je sais, le voici. '
Mme de Corbière allait enta
confidences, mais une
Fernande entra.
Ce fut comme un rayon lumineux
qui aurait envahi soudain le boudoir
La charmante enfant produisait entre
sa mère et cette haïssable Launay Per.,
fet d'une colombe entre deux orfraies.
— Je suis de trop ? demanda-t-en.
en faisant un mouvement pour bat...
en retraite.
— Non, non, dit vivement la mire .
Au contraire, je ne suis pas fâchée gne
tu saches ce que j’ai à confier à 1 an,
nay. u
— Alors, je reste.
— D'où viens-tu?
— De chez Gabriel.
— Il est chez lui ?
- Non... Je l’ai attendu en 1
des journaux dans son cabinet
perbe ce cabinet, avec des v'.^es
। un chic y • • M ne se refuse, • Y ages
briel .... Il vient encore dr . e naver
nu Rousseau, rien que ça, e' — y Paver
merveilleux... On ne sans .Un 11 on
lui.. ..Il n’est pas venu.T SfaueD
ques jours, je suis à se, ePNs “s.
il est introuvable Je r poursuite, mais
ce ai fait X o Tue sais, en vente,
vnil^ TTnnÿ ov temps... Et, ma
autre erlg,PCAnt, Jest tout Vous avez
_ on56 à me,'demander ?
wMlle. Fernande de Corbière était ra-
V, ante dans sa toilette de deuil, qui
—usait valoir la fimesse de ses trails et
rendait plus saisissante la blanc! eur
mate de son teint.
Elle approcha u n fauteuil de celt i de
sa mère, s’accouda t sous ‘la lampe A au
guéridon qui les séparait appuy:
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