Titre : L'Universel : l'Évangile c'est la liberté ! / direction H. Huchet
Auteur : Mouvement pacifique chrétien de langue française. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1933-10-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32885496v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 octobre 1933 01 octobre 1933
Description : 1933/10/01-1933/12/31. 1933/10/01-1933/12/31.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4565326g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-45090
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/09/2017
35 ANNEE
TRIMESTRIEL
4 e TRIIYIESTRE 1
9
Fondé en 1898, supprimé par la censure militaire pendant la Guerre mondiale
ORGANE DES AMIS DE LA VÉRITÉ ET DE LA IV'
« l’internationale de l’amour »
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
Président d'Honneur : Pasteur Frédéric BONHOMME
CONSEIL INTERNATIONAL
M me Henriette DUA1ESNIL-HUCHET, Secrétaire du Journal et du M. P. C.
M me J. MIEG-BAUMGARTNER, Wilhem SCHWARZ, Henri NADEL, Pasteur Marcel BOURQUIN,
Henri SC H M ITT, Louis GU ÉTANT, Gaston MORMAL, Charles HAUS, Pierre HÉRING
M med Marie FOUILLEIS', Claire GÉNIAUX, Mme MARFURT-TORFS,
M mpp R. ME YNARD-WIEDMER, A, STI LMANT-GFFERS, A .-C. LUYTEN-BLOCK.
ADMINISTRATION SOCIALE:
Abonnement :
Un an 5 trancs.
Le numéro O fr. 50
Chèques postaux :
Docteur Mauius DUMES?* Il
PARIS n* 217.3!
Souscriptions :
Membre adhérent 1 O francs.
Membre actif 20 francs.
Membre militant. . . . 50 francs
38, Avenue Marceau, COURBEVOIE (Seine). R éceptions de 2 h. à 5 h.
tardi. Jeudi. Samedi.
« Jamais je n aurais eu cet Idéal si je n avais eu
la foi du Celte. » Aristide BRIAND.
liiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiiiiimimmiiüiiiiiuiiimiiiimiiiiiiiiiiHiiiiimiiii
La Nouvelle -Idole
L’Europe retourne à l’idolâtrie.
Certes, on n’adore plus les dieux antiques,
dont le souvenir même achève de mourir, mais
une nouvelle idole est née et son culte est le
plus sanguinaire que de faux dieux aient ja
mais exigé des hommes. On chiffre par millions
le nombre des victimes humaines qui lui furent
sacrifiées de 1914 à 1918 et l’idole aux têtes
multiples a de nouveau soif.
Déjà ses prêtres préparent les peuples au
nouvel holocauste. A la foi chrétienne qui en
seigne que l’homme est sur terre pour servir
Dieu en aimant son prochain, on substitue
un autre commandement. L’homme ne dépend
plus de sa conscience. 11 appartient à la nation,
corps et âme. La nation est souveraine. Rien
n’est au-dessus de la nation. Elle enrégimente
Dieii.
Je n’exagère pas. Aux yeux des nationalistes,
c’est-à-dire de presque tous les dirigeants ac
tuels de l’Europe, les religions ne sont qu’un
moyen de gouvernement, et tel est le renver
sement des valeurs qu’on voit les chefs spiri
tuels, le pape au premier rang, pratiquer une
politique du moindre mal et composer avec
les idolâtres. Qu’ils sauvent ainsi quelques
prébendes, j’en conviens. Je ne vois que trop
ce que gagnent les clergés à ces tractations,
mais Dieu ?
Que reste-t-il de l’Evangile quand on le sou
met aux censures nationales ? quand ceux qui
se proclament disciples de Christ ne sont plus
que les valets de César ?
Lecteurs de Y Universel, chrétiens qui n’avez
pas trahi, n’adorez pas la nouvelle idole.
Les nations ne sont pas de droit divin. Elles
sont d’institution humaine et comme telles
relèvent de notre critique.
Instaurées par l’homme et pour l’homme,
elles ont mérité longtemps sa reconnaissance
parce que, succédant aux provinces, réduisant
ainsi les causes de guerre, elles lui assuraient
une vie plus ample et plus stable. Si, de nos jours
elles se révèlent offensives et meurtrières,
c’est qu’elles ne correspondent plus aux besoins
actuels et qu’elles doivent disparaître.
Déjà, sans doute, se seraient-elles transfor
mées si on ne les confondait communément
avec les patries.
Or, la, nation nest pas la patrie.
La. patrie, c’est la terre avec laquelle on a
fait amitié. La nation, c’est le résultat d’une
convention tacite entre les hommes d’un même
pays. Cette convention est donc sujette à révi
sion. Elle n’a pas toujours existé, elle se modifiera
certainement. L’intérêt de l’humanité exige
qu’elle se modifie au plus tôt.
Le machinisme, on l’a souvent constaté,
a réduit les distances. La France actuelle est
plus petite que la Bretagne de la duchesse
Anne. Il est, donc naturel qu’elle s’unisse aux
autres provinces de l’Europe dans une confédé
ration. Là seulement est le salut.
Tant qœ les nations se raidiront dans leur
amour propre, tant qu’elles ne voudront rien
abdiquer de leur souveraineté, elles conduiront
fatalement les peuples à la guerre. Et pour
justifier tant de sacrifices inutiles, les plus san
glantes hécatombes que le monde ait jamais
vues, on édifiera la cause du mal, car toute
institution que la raison ne défend plus n’a
qu’un moyen de se survivre, c’est d’apparaître
sacrée.
Chrétiens, il vous appartient de dénoncer
l’idole dévoratrice. Elle a non seulement dé
vasté la chrétienté, mais ce sont les principes
mêmes du christianisme qu’elle menace. Au
Dieu d’amour, elle oppose ses dieux de haine.
Défendez votre foi.
Henri NADEL.
aiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiifma
LETTRE OUVERTE
St-Gilles, le 1 er août ig33.
Cher Monsieur Huche!,
Je voudrais vous communiquer quelques
réflexions qui me viennent à la-lecture de
votie bel article « La mise au point » paru
dans Y Universel. Voici :
Les patriotes mettent la Nation «iiber ailes»
(« la Nation et Dieu », disent-ils, quand ils
sont croyants. Dieu vient d’ailleurs en second
rang.)
Les objecteurs de conscience, eux, mettent
l’individu « liber ailes. »
La Nation se targue de n’o.béirqu’à sa cons
cience collective — et c’est .pourquoi elle
repousse les sanctions supranationales. L’in
dividu prétend n’écouter que sa propre cons
cience— motif péremptoire, paraît-il, d’oppo
sition aux mêmes sanctions supranationales.
Je pense qu’il serait sage de se défaire de
ces conceptions absolutistes : souveraineté
collective de la Patrie d’une part ; souverai
neté individuelle d’autre part.
Oui, je sais, vous me répondrez qu’il y a
pourtant entre ces deux « absolutismes » une
différence essentielle : la collectivité s’arme et
tue les membres d’une collectivité voisine,
tandis que « l’objector » se refuse à tuer.
Soit 1 Mais voyons de plus près où conduit
en réalité un inébranlable attachement à un
principeabsolu. C’est parce qu’ils ont horreur
du sang répandu, que les objecteurs ont pris
position (avec un mâle acharnement) contre
le Tribunal international armé. Je les aurais
encore compris à moitié, s’ils m’avaient dit :
« Nous ne voulons pas nous occuper de poli-
« tique ; or, votre proposition tendant à ins
taurer un Tribunal armé et une suggestion
«d’ordre politique ; nous nous déclarons in
« compétents ; nous nous abstenons donc. »
Toutefois, je reconnais qu’on aurait pu lui
faire grief de pareille abstention, celle-ci res
semblant assez à une neutralité digne de Ponce
Pilate. Alors..» craignant par ailleurs un aban
don de'ieur principe fondamental, les objec
teurs ont répudié purement et simplement
toute idée de Tribunal i/iternational armé...
Ainsi leur soif d’absolu leur a fait prendre* à
l’égard des sanctions supranationales, exac
tement la même attitude négative que les hyper-
patriotes. Voilà le plus clair résultat des con
cepts absolutistes ! Et l’objection de cons
cience est devenue de ce chef, sans le savoir,
l’alliée du nationalisme !... J’insiste sur ce
point, parce que j’ai l’intime conviction que
si les « résistants à la guerre «saisissaientbien
la situation qu'ils ont créée, la paix serait
acquise ! Contre toute équité, nous exigeons,
en somme, que les non-pacifistes soient plus
éclairés, que les pacifistes admettent le prin
cipe de la Police Internationale (faisant échec
aux partisans de « la Patrie avant tout ») alors
que les pacifistes ne sont même pas d’accord
entre eux surce principe ! C’est, de notre part,
plutôt abusif !
Aussi bien, je crois ne pas trop m’aventurer
en disant que les premiers chrétiens eussent
approuvé (comme un moindre mal) une solu
tion désarmant les nations au profit d un
Tribunal armé. Si Jésus a conseillé (combien
prudemment d’ailleurs) d’éviter de recourir
aux Tribunaux, il n’a jamais dit, je crois :
«Supprimez le Tribunal » ; ou bien « J1 n’est
pasadmissible que le Tribunal soilarmé ; sup
primez donc les armes du Tribunal ». N’avons-
nous poinl là une exeellentedirective ?
Agréez, cher Monsieur fluch t, mes salu
tations toutes cordiales.
Gaston MORMAL.
NÉ CROLO GIE
Nous avons la douleur de faire connaître à
nos lecteurs que notre Président Honoraire le
Révérend M. J. Elliott, docteur en théologie,
est décédé à un. grand âge. L’âge des Justes.
Pendant vingt ans il a combattu avec ardeur
à la tête du Mouvement Pacifique Chrétien.
Avec le regretté docteur Evans Darby, il avait
pris la défense de VUniversel aux jours sombres
de la guerre, où nous étions traités en ennemis
de la Patrie parce que nous voulions demeu
rer humains.
Nousexprimonsà sa famille les condoléances
et les sympathies de tous nos Militants qui
saluent le combattant tombé au Champ de
l’Honneur Pacifique.
* *
Le décès de notre ami est l’objet de la pro
motion du Pasteur Frédé' ic Bonhomme comme
ancien des vétérans de la Paix, au litre de
Président d’Hor.neur et de Madame J. Mieg
Bauftigartner comme conseillère internatio
nale.
L’UNIVERSEL
(air de C Internationale)
I
Debout les hommes pacifiques,
Qui désirons que la bonté
Fasse taire les fanatiques
De sang et de férocité,
Effaçons le passé sinistre,
0 peuple qui tremble debout !
L’horrible guerre a pour ministre
La misère qui mène à tout.
Refrain
C’est la lutte nouvelle
Pour que règne demain
La Paix universelle
Sur tout le genre humain
(bis)
II
Riches ou pauvres, tous nous sommes
Frères du même genre humain.
Le monde n’appartient qu’aux hommes
Qui veulent se tendre la main.
Plus tard, le fer des baïonnettes
Servira d’outil pour les champs,
Les bastions seront des cachettes
Pour les oiseaux et les enfants.
L’ObjeGiion è Conscience
Dans cette question de l’objection de cons
cience, il faut surtout bien comprendre et en
quelque sorte soupeser les raisons qui font que
l’objecteur prend un engagement devant sa
conscience qui l’amène, s’il le faut, à sacrifier
sa liberté et même sa vie.
Pour l’objecteur de conscience, la guerre est
un crime et, ofïiéiellement, la guerre a été mise
hors la loi.
Pour lui, la guerre moderne est le résultat
de cupidités et d’intérêts, el presque toujours
elle est provoquée par les manœuvres des mar
chands de canons. L’Internationale sanglante ■
des armements n’est pas un vain mot, et on l’a
vu à l’œuvre, pendant la grande guerre de 1914-
1918, où les marchands de munitions échan
geaient entre eux,' par-dessus les frontières,
les matières premières ou produits qui leur fai
saient défaut.
La guerre ne peut qu’accumuler des ruines
morales et matérielles incalculables chez le&
vainqueurs, comme chez les vaincus.
Pour ne pas participer à de tels crimes, à de
telles catastrophes, l’objecteur, pour lutter
contre ce fléau qu’est la guerre, ne veut pas
porter les armes ; il n’a donc en vue que le bien
général et traiter de lâches clés gens qui font
preuve de tant de grandeur d’âme et de désin
téressement, est une ignominie ou une aberra
tion coupable.
On a dit et on a écrit dans certains milieux
catholiques : L’objection de conscience est un
.crime contre la Patrie. Tout doux ! ! Comment
se fait-il que les objecteurs de conscience ont
été canonisés par les Papes ; cherchez dans
les « Vies des Saints », vous en trouverez plus
d’un ; et sans remonter si loin, notre saint curé
d’Ars, si populaire dans notre région, s’est sauvé
pour ne pas être soldat et s’est caché longtemps
pour échapper aux recherches des gendarmes
lancés à sa poursuite, c’est de l’histoire cela !
Ça n’a pas empêché le Pape de déclarer « Saint »
un homme qui, d’après certains, avait commis
un crime ! crime du reste dont il n’a jamais ma
nifesté le moindre repentir.
Les Catholiques ne devraient pas ignorer que
l’Eglise, aux premiers siècles du Christianisme,
alors que la doctrine était encore dans toute
sa pureté, punissait sévèrement tous ceux
qui avaient fait la guerre à quelque titre que
ce soit. 11 ne faut pas l’oublier. *
En nous plaçant toujours sur le terrain ca
tholique, nous pouvons constater que depuis
environ une soixantaine d’années, des politi
ciens antireligieux et des capitalistes sans ver
gogne ont trouvé bon, en remplacement des
dogmes divins, d’instituer la Religion de la
Patrie, de leur part, cela se conçoit, ne faut-il
pas, pour maintenir les foules dans l’ordre
bourgeois, leur inculquer quelque fétichisme,
mais quant à nous, chrétiens, nous ne devons
pas nous faire les complices de cette lamentable
duperie ! ah non ! mille fois non ! !
A l’heure actuelle, tout le monde s’agenouille
devant le « Veau d’Or », l’Argent est roi, tout
se vend ; pourtant, en ce siècle de veulerie,
des hommes se lèvent qui, pour obéir à leur
raison, et, pour quelques-uns, à un ordre divin,
en un mot à leur conscience, préfèrent subir
des mois et des années de prison plutôt que de
transiger avec leur conscience. Si vous le jugez
à propos, n’en parlez pas, admirez-les en sdence,
mais ne les traitez pas de criminels ! ! ! Toutes
les casuistiques les'plus habiles ne peuvent rien
contre l’ordre divin : « Tu ne tueras pas. »
Qu’il me soit permis de soumettre ce cas de
conscience qui me liante parfois, moi, qui ai'
fait la guerre.
Celui qui était en face de moi pendant la
guerre, n’était comme moi qu’un pauvre être
humain, misérable lui aussi, et commis à la
plus effroyable des besognes, tuer sans répit,
besogne équivalente à la mienne, s’entretuer
réciproquement sans bien savoir pourquoi ? ? ?
Or, en tant que Catholique, avons-nous le
droit de tuer un homme et de précipiter ainsi
subitement, devant le Souverain Juge, une
âme qui peut se trouver en état de péché mortel,
alors que si cet homme était mort naturelle
ment, il aurait eu le temps de se réconcilier
avec son Dieu I ! Quelle terrible responsabilité
TRIMESTRIEL
4 e TRIIYIESTRE 1
9
Fondé en 1898, supprimé par la censure militaire pendant la Guerre mondiale
ORGANE DES AMIS DE LA VÉRITÉ ET DE LA IV'
« l’internationale de l’amour »
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
Président d'Honneur : Pasteur Frédéric BONHOMME
CONSEIL INTERNATIONAL
M me Henriette DUA1ESNIL-HUCHET, Secrétaire du Journal et du M. P. C.
M me J. MIEG-BAUMGARTNER, Wilhem SCHWARZ, Henri NADEL, Pasteur Marcel BOURQUIN,
Henri SC H M ITT, Louis GU ÉTANT, Gaston MORMAL, Charles HAUS, Pierre HÉRING
M med Marie FOUILLEIS', Claire GÉNIAUX, Mme MARFURT-TORFS,
M mpp R. ME YNARD-WIEDMER, A, STI LMANT-GFFERS, A .-C. LUYTEN-BLOCK.
ADMINISTRATION SOCIALE:
Abonnement :
Un an 5 trancs.
Le numéro O fr. 50
Chèques postaux :
Docteur Mauius DUMES?* Il
PARIS n* 217.3!
Souscriptions :
Membre adhérent 1 O francs.
Membre actif 20 francs.
Membre militant. . . . 50 francs
38, Avenue Marceau, COURBEVOIE (Seine). R éceptions de 2 h. à 5 h.
tardi. Jeudi. Samedi.
« Jamais je n aurais eu cet Idéal si je n avais eu
la foi du Celte. » Aristide BRIAND.
liiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiiiiimimmiiüiiiiiuiiimiiiimiiiiiiiiiiHiiiiimiiii
La Nouvelle -Idole
L’Europe retourne à l’idolâtrie.
Certes, on n’adore plus les dieux antiques,
dont le souvenir même achève de mourir, mais
une nouvelle idole est née et son culte est le
plus sanguinaire que de faux dieux aient ja
mais exigé des hommes. On chiffre par millions
le nombre des victimes humaines qui lui furent
sacrifiées de 1914 à 1918 et l’idole aux têtes
multiples a de nouveau soif.
Déjà ses prêtres préparent les peuples au
nouvel holocauste. A la foi chrétienne qui en
seigne que l’homme est sur terre pour servir
Dieu en aimant son prochain, on substitue
un autre commandement. L’homme ne dépend
plus de sa conscience. 11 appartient à la nation,
corps et âme. La nation est souveraine. Rien
n’est au-dessus de la nation. Elle enrégimente
Dieii.
Je n’exagère pas. Aux yeux des nationalistes,
c’est-à-dire de presque tous les dirigeants ac
tuels de l’Europe, les religions ne sont qu’un
moyen de gouvernement, et tel est le renver
sement des valeurs qu’on voit les chefs spiri
tuels, le pape au premier rang, pratiquer une
politique du moindre mal et composer avec
les idolâtres. Qu’ils sauvent ainsi quelques
prébendes, j’en conviens. Je ne vois que trop
ce que gagnent les clergés à ces tractations,
mais Dieu ?
Que reste-t-il de l’Evangile quand on le sou
met aux censures nationales ? quand ceux qui
se proclament disciples de Christ ne sont plus
que les valets de César ?
Lecteurs de Y Universel, chrétiens qui n’avez
pas trahi, n’adorez pas la nouvelle idole.
Les nations ne sont pas de droit divin. Elles
sont d’institution humaine et comme telles
relèvent de notre critique.
Instaurées par l’homme et pour l’homme,
elles ont mérité longtemps sa reconnaissance
parce que, succédant aux provinces, réduisant
ainsi les causes de guerre, elles lui assuraient
une vie plus ample et plus stable. Si, de nos jours
elles se révèlent offensives et meurtrières,
c’est qu’elles ne correspondent plus aux besoins
actuels et qu’elles doivent disparaître.
Déjà, sans doute, se seraient-elles transfor
mées si on ne les confondait communément
avec les patries.
Or, la, nation nest pas la patrie.
La. patrie, c’est la terre avec laquelle on a
fait amitié. La nation, c’est le résultat d’une
convention tacite entre les hommes d’un même
pays. Cette convention est donc sujette à révi
sion. Elle n’a pas toujours existé, elle se modifiera
certainement. L’intérêt de l’humanité exige
qu’elle se modifie au plus tôt.
Le machinisme, on l’a souvent constaté,
a réduit les distances. La France actuelle est
plus petite que la Bretagne de la duchesse
Anne. Il est, donc naturel qu’elle s’unisse aux
autres provinces de l’Europe dans une confédé
ration. Là seulement est le salut.
Tant qœ les nations se raidiront dans leur
amour propre, tant qu’elles ne voudront rien
abdiquer de leur souveraineté, elles conduiront
fatalement les peuples à la guerre. Et pour
justifier tant de sacrifices inutiles, les plus san
glantes hécatombes que le monde ait jamais
vues, on édifiera la cause du mal, car toute
institution que la raison ne défend plus n’a
qu’un moyen de se survivre, c’est d’apparaître
sacrée.
Chrétiens, il vous appartient de dénoncer
l’idole dévoratrice. Elle a non seulement dé
vasté la chrétienté, mais ce sont les principes
mêmes du christianisme qu’elle menace. Au
Dieu d’amour, elle oppose ses dieux de haine.
Défendez votre foi.
Henri NADEL.
aiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiifma
LETTRE OUVERTE
St-Gilles, le 1 er août ig33.
Cher Monsieur Huche!,
Je voudrais vous communiquer quelques
réflexions qui me viennent à la-lecture de
votie bel article « La mise au point » paru
dans Y Universel. Voici :
Les patriotes mettent la Nation «iiber ailes»
(« la Nation et Dieu », disent-ils, quand ils
sont croyants. Dieu vient d’ailleurs en second
rang.)
Les objecteurs de conscience, eux, mettent
l’individu « liber ailes. »
La Nation se targue de n’o.béirqu’à sa cons
cience collective — et c’est .pourquoi elle
repousse les sanctions supranationales. L’in
dividu prétend n’écouter que sa propre cons
cience— motif péremptoire, paraît-il, d’oppo
sition aux mêmes sanctions supranationales.
Je pense qu’il serait sage de se défaire de
ces conceptions absolutistes : souveraineté
collective de la Patrie d’une part ; souverai
neté individuelle d’autre part.
Oui, je sais, vous me répondrez qu’il y a
pourtant entre ces deux « absolutismes » une
différence essentielle : la collectivité s’arme et
tue les membres d’une collectivité voisine,
tandis que « l’objector » se refuse à tuer.
Soit 1 Mais voyons de plus près où conduit
en réalité un inébranlable attachement à un
principeabsolu. C’est parce qu’ils ont horreur
du sang répandu, que les objecteurs ont pris
position (avec un mâle acharnement) contre
le Tribunal international armé. Je les aurais
encore compris à moitié, s’ils m’avaient dit :
« Nous ne voulons pas nous occuper de poli-
« tique ; or, votre proposition tendant à ins
taurer un Tribunal armé et une suggestion
«d’ordre politique ; nous nous déclarons in
« compétents ; nous nous abstenons donc. »
Toutefois, je reconnais qu’on aurait pu lui
faire grief de pareille abstention, celle-ci res
semblant assez à une neutralité digne de Ponce
Pilate. Alors..» craignant par ailleurs un aban
don de'ieur principe fondamental, les objec
teurs ont répudié purement et simplement
toute idée de Tribunal i/iternational armé...
Ainsi leur soif d’absolu leur a fait prendre* à
l’égard des sanctions supranationales, exac
tement la même attitude négative que les hyper-
patriotes. Voilà le plus clair résultat des con
cepts absolutistes ! Et l’objection de cons
cience est devenue de ce chef, sans le savoir,
l’alliée du nationalisme !... J’insiste sur ce
point, parce que j’ai l’intime conviction que
si les « résistants à la guerre «saisissaientbien
la situation qu'ils ont créée, la paix serait
acquise ! Contre toute équité, nous exigeons,
en somme, que les non-pacifistes soient plus
éclairés, que les pacifistes admettent le prin
cipe de la Police Internationale (faisant échec
aux partisans de « la Patrie avant tout ») alors
que les pacifistes ne sont même pas d’accord
entre eux surce principe ! C’est, de notre part,
plutôt abusif !
Aussi bien, je crois ne pas trop m’aventurer
en disant que les premiers chrétiens eussent
approuvé (comme un moindre mal) une solu
tion désarmant les nations au profit d un
Tribunal armé. Si Jésus a conseillé (combien
prudemment d’ailleurs) d’éviter de recourir
aux Tribunaux, il n’a jamais dit, je crois :
«Supprimez le Tribunal » ; ou bien « J1 n’est
pasadmissible que le Tribunal soilarmé ; sup
primez donc les armes du Tribunal ». N’avons-
nous poinl là une exeellentedirective ?
Agréez, cher Monsieur fluch t, mes salu
tations toutes cordiales.
Gaston MORMAL.
NÉ CROLO GIE
Nous avons la douleur de faire connaître à
nos lecteurs que notre Président Honoraire le
Révérend M. J. Elliott, docteur en théologie,
est décédé à un. grand âge. L’âge des Justes.
Pendant vingt ans il a combattu avec ardeur
à la tête du Mouvement Pacifique Chrétien.
Avec le regretté docteur Evans Darby, il avait
pris la défense de VUniversel aux jours sombres
de la guerre, où nous étions traités en ennemis
de la Patrie parce que nous voulions demeu
rer humains.
Nousexprimonsà sa famille les condoléances
et les sympathies de tous nos Militants qui
saluent le combattant tombé au Champ de
l’Honneur Pacifique.
* *
Le décès de notre ami est l’objet de la pro
motion du Pasteur Frédé' ic Bonhomme comme
ancien des vétérans de la Paix, au litre de
Président d’Hor.neur et de Madame J. Mieg
Bauftigartner comme conseillère internatio
nale.
L’UNIVERSEL
(air de C Internationale)
I
Debout les hommes pacifiques,
Qui désirons que la bonté
Fasse taire les fanatiques
De sang et de férocité,
Effaçons le passé sinistre,
0 peuple qui tremble debout !
L’horrible guerre a pour ministre
La misère qui mène à tout.
Refrain
C’est la lutte nouvelle
Pour que règne demain
La Paix universelle
Sur tout le genre humain
(bis)
II
Riches ou pauvres, tous nous sommes
Frères du même genre humain.
Le monde n’appartient qu’aux hommes
Qui veulent se tendre la main.
Plus tard, le fer des baïonnettes
Servira d’outil pour les champs,
Les bastions seront des cachettes
Pour les oiseaux et les enfants.
L’ObjeGiion è Conscience
Dans cette question de l’objection de cons
cience, il faut surtout bien comprendre et en
quelque sorte soupeser les raisons qui font que
l’objecteur prend un engagement devant sa
conscience qui l’amène, s’il le faut, à sacrifier
sa liberté et même sa vie.
Pour l’objecteur de conscience, la guerre est
un crime et, ofïiéiellement, la guerre a été mise
hors la loi.
Pour lui, la guerre moderne est le résultat
de cupidités et d’intérêts, el presque toujours
elle est provoquée par les manœuvres des mar
chands de canons. L’Internationale sanglante ■
des armements n’est pas un vain mot, et on l’a
vu à l’œuvre, pendant la grande guerre de 1914-
1918, où les marchands de munitions échan
geaient entre eux,' par-dessus les frontières,
les matières premières ou produits qui leur fai
saient défaut.
La guerre ne peut qu’accumuler des ruines
morales et matérielles incalculables chez le&
vainqueurs, comme chez les vaincus.
Pour ne pas participer à de tels crimes, à de
telles catastrophes, l’objecteur, pour lutter
contre ce fléau qu’est la guerre, ne veut pas
porter les armes ; il n’a donc en vue que le bien
général et traiter de lâches clés gens qui font
preuve de tant de grandeur d’âme et de désin
téressement, est une ignominie ou une aberra
tion coupable.
On a dit et on a écrit dans certains milieux
catholiques : L’objection de conscience est un
.crime contre la Patrie. Tout doux ! ! Comment
se fait-il que les objecteurs de conscience ont
été canonisés par les Papes ; cherchez dans
les « Vies des Saints », vous en trouverez plus
d’un ; et sans remonter si loin, notre saint curé
d’Ars, si populaire dans notre région, s’est sauvé
pour ne pas être soldat et s’est caché longtemps
pour échapper aux recherches des gendarmes
lancés à sa poursuite, c’est de l’histoire cela !
Ça n’a pas empêché le Pape de déclarer « Saint »
un homme qui, d’après certains, avait commis
un crime ! crime du reste dont il n’a jamais ma
nifesté le moindre repentir.
Les Catholiques ne devraient pas ignorer que
l’Eglise, aux premiers siècles du Christianisme,
alors que la doctrine était encore dans toute
sa pureté, punissait sévèrement tous ceux
qui avaient fait la guerre à quelque titre que
ce soit. 11 ne faut pas l’oublier. *
En nous plaçant toujours sur le terrain ca
tholique, nous pouvons constater que depuis
environ une soixantaine d’années, des politi
ciens antireligieux et des capitalistes sans ver
gogne ont trouvé bon, en remplacement des
dogmes divins, d’instituer la Religion de la
Patrie, de leur part, cela se conçoit, ne faut-il
pas, pour maintenir les foules dans l’ordre
bourgeois, leur inculquer quelque fétichisme,
mais quant à nous, chrétiens, nous ne devons
pas nous faire les complices de cette lamentable
duperie ! ah non ! mille fois non ! !
A l’heure actuelle, tout le monde s’agenouille
devant le « Veau d’Or », l’Argent est roi, tout
se vend ; pourtant, en ce siècle de veulerie,
des hommes se lèvent qui, pour obéir à leur
raison, et, pour quelques-uns, à un ordre divin,
en un mot à leur conscience, préfèrent subir
des mois et des années de prison plutôt que de
transiger avec leur conscience. Si vous le jugez
à propos, n’en parlez pas, admirez-les en sdence,
mais ne les traitez pas de criminels ! ! ! Toutes
les casuistiques les'plus habiles ne peuvent rien
contre l’ordre divin : « Tu ne tueras pas. »
Qu’il me soit permis de soumettre ce cas de
conscience qui me liante parfois, moi, qui ai'
fait la guerre.
Celui qui était en face de moi pendant la
guerre, n’était comme moi qu’un pauvre être
humain, misérable lui aussi, et commis à la
plus effroyable des besognes, tuer sans répit,
besogne équivalente à la mienne, s’entretuer
réciproquement sans bien savoir pourquoi ? ? ?
Or, en tant que Catholique, avons-nous le
droit de tuer un homme et de précipiter ainsi
subitement, devant le Souverain Juge, une
âme qui peut se trouver en état de péché mortel,
alors que si cet homme était mort naturelle
ment, il aurait eu le temps de se réconcilier
avec son Dieu I ! Quelle terrible responsabilité
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