Titre : L'Universel : l'Évangile c'est la liberté ! / direction H. Huchet
Auteur : Mouvement pacifique chrétien de langue française. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1931-07-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32885496v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 juillet 1931 01 juillet 1931
Description : 1931/07/01-1931/09/30. 1931/07/01-1931/09/30.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4565317h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-45090
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/09/2017
33 e ANNÉE
TRIMESTRIEL
3 e TRIMESTRE 1931
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
Fondé en
1898, supprimé par la censure militaire pendant la Guerre mondiale
Mouoement Pacifique Chrétien
« l’internationale de l’amour »
Président d'Honneur : Rév. Docteur M. J. ELLIOTT
CONSEIL :
M me Henriette DUMESNIL-HUCHET, Secrétaire du Journal et du M. P C.
P r Frédéric BONHOMME, Wilhem SCHWARZ, Henri NADEL, Pasteur Marcel BOURQUIN,
Henri SCHMITT, Louis GUÉTANT, Gaston MORMAL, Charles HAUS,
Miss P. H. PECKOVER, Claire GÉNIAUX, Mme MARFURT-TORFS,
M me MEYNARD-WIEDMER, A. STILMANT-OFFERS, E. LUYTEN-BLOCK.
Les articles Rengagent que la responsabilité des rédacteurs.
38, Avenue Marceau, COURBEVOIE (Seine). Réceptions de 2 h. à 5 h. : Mardi, Jeudi, Samedi.
ADMINISTRATION :
Abonnement
:
Chèques postaux :
Un an
5 francs.
O fr. 50
Docteur Marius DUMESNIL
PARIS n* 217.31
Le numéro.
Souscriptions :
Membre adhérent 1 O francs.
Membre actif... 20 francs.
Membre militant.... 50 francs
ide le PaGi
La tore t la Veulerie
Le treizième Président de la République a
été élu un 13. 11 a aussi pris le pouvoir un 13.
Pour les gens superstitieux, cela ne présage
rien de bon pour la France, encore moins
pour l’Europe. De plus, M. Doumer a eu
quatre fils tués à la guerre Or, si le chiffre
trois est le symbole divin celui de quatre est
considéré comme maléfique. Aussi le dicton
populaire affirme :
Ils étaient quatre qui voulaient se battre ,
Mais ils étaient trois qui ne le voulaient pas.
C’est un peu le pronostic du Congrès de
Versailles. Souhaitons que commencé dans
le bleu horizon, ce septennat ne finisse pas
dans le rouge bolchevique.
Bon courage au héros de la paix, au glo
rieux vaincu, frappé dans le dos par les
hérauts de la paix malpropre. Nous ne pou
vons mieux faire que de reproduire les ré
flexions que la Volonté a consacrées au Paci
fique breton, le Nantais sans peur et sans
reproche :
M. Briand, suivi de quelques amis fidèles, tra
verse la galerie des Bustes pour gagner son auto
mobile. Un silence fait de respect et peut-être
aussi de regret fut la seule manifestation qui l’ac
cueillit. Et il y avait dans cette attitude de la
foule des journalistes plus de grandeur que dans
des vivats déplacés.
Beaucoup se rendaient compte que le Parle
ment venait de commettre une faute peut-être
irréparable et que dans tous les cas l’homme qui
avait succombé dans la lutte ne méritait pas tant
d’injustice et d’ingratitude.
Les spectateurs de cette scène poignante dans
sa simplicité n’oublieront jamais ces quelques
minutes de recueillement.
L’homme qui s’en allait d’un pas lourd,
emportait avec lui bien des espoirs de paix.
Il avait mis au cœur de beaucoup de ses
compatriotes une foi profonde en des destinées
meilleures pour l’humanité désormais abritée
davantage contre les risques de guerre. On le
suivait avec émotion dans les combats pacifiques
qu’il menait pour la réconciliadon des peuples.
Et tous ceux qui étaient capables de préciser, se
demandaient si les certitudes entrevues n'étaient
point des illusions et des rêves.
Emouvant départ et presque symbolique, d’un
grand serviteur du pays qui représentait les véri
tables aspirations de la France vers le mieux et
qui personnifiait au pouvoir le grand bon sens
national, la modération de la race et ses tendan
ces humanitaires.
Non, franchement, il n’était pas désirable
que M. Aristide Briand, le Breton pacifique,
le grand Nantais, devint le Président de la
République française. On ne le voyait pas
officiant au culte sacro-national du 14 juillet,
de sainte Jeanne d’Arc, de l’immortelle Jeanne
Hachette et du bienheureux soldat inconnu,
sans parler de l’assistance morale à l’exécu
teur des Hautes-Œuvres et de la protection
accordée au Pari Mutuel.
Nous préférons le voir « ayant en main
le bâton de pèlerin » plutôt que porteur du
grand Cordon de la Légion d’Honneur.
L’homme qui a dit, naguère, à Genève,
« tant que je serai là, il n’y aura pas la
guerre », a confirmé, une fois de plus, à
Genève, sa résolution de vivre et de mourir
pour le salut de l’Humanité en déclarant à
ses collègues de la S. D. N. :
« Ici ou hors d’ici, comme représentant de
mon pays, ou comme propagandiste m’en
allant sur les routes avec le bâton du pèlerin,
que mes faibles mains de vieillard ne tien
dront peut-être pas aussi vigoureusement
que j’ai pu le tenir dans mes heures de jeu
nesse, j’aurai toujours devant moi l’idéal qui
nous est commun ; c’est toujours vers lui
que je marcherai, c’est toujours vers lui, sous
quelque forme que ce soit, que tendront tous
mes efforts. »
Tout n’est donc pas perdu, puisque l’hon
neur est sauf 1 H. H,
Si le vieil Ovide a dit vrai en affirmant
qne la nature fit à l’homme le présent d’un
visage sublime dirigé vers le ciel, il semble
que l’humanité subisse une singulière régres
sion tant est généralisée aujourd'hui l'espèce
de quadrupèdes humains plantigrades qui
baissent la tête et lèchent la poussière présen
tant surtout la partie de leur individu destinée
à reconnaître, comme le chantait le chœur
des Oiseaux :
le merveilleux pouvoir
du coup de pied au cul !
Trois Révolutions et une « guerre du droit »
qui a fait 15 millions de victimes ont abouti
à ce résultat qu’on peut aujourd'hui sans
crainte supprimer toute liberté, braver les lois,
railler l’honnêteté, piller l’épargne, déshonorer
le travail, ériger le bluff en système, instaurer
les plus viles dictatures et préparer ouverte
ment la guerre, sans que l’opinion publique
réagisse et que la ruasse des exploités esquisse
un geste de révolte.
Le paradoxe économique dans lequel nous
vivons renverse toutes les lois de l’éfconomie
sociale. La production est surabondante et
chacun est obligé de se restreindre. Les pay
sans de l’Europe Centrale sont dans la misère
à côté de leurs greniers pleins de blé qu’ils ne
peuvent arriver à vendre. Au Canada et aux
Etats-Unis on brûle des tas de cetle précieuse
céréale. Au Brésil on jette le café à la mer ou
bien il sert de combustible dans les foyers
des machines, cependant qu’on nous fait
payer toujours aussi cher un pain mauvais et
i 11 digeste el que sous le nom de café la plu
part des débitants nous servent un ignoble
«jus » qui ne rappelle que par sa noirceur
l’infusion des graines de caféier. Les prix de
gros s’effondrent et les prix de détail restent
les mêmes ou continuent leur ascension, en
réalité Le pouvoir d’achat de l’argent diminue
et pendant qu’on nous annonce la « prospé
rité » la vie devient de plus en plus difficile
pour ceux qui cherchent à la gagner par le
travail honnête, intellectuel ou manuel, et
non par la « combine ».
Car la « combine » est vraiment le moyen
up to date pour tous ceux qui sont «à la page».
Depuis la guerre cette faune variée a pris une
extension difficile à délimiter. La guerre fut
évidemment pour tous ces gens, débarrassés
du scrupule, une occasion unique de s’en
richir et la paix venue (à leur grand regret)
ils continuèrent leurs tripotages et trouvèrent
des imitateurs. Trafiquant entre des piles de
soucoupes sur la table d’un café, de mar
chandises qu’ils n’avaient souvent jamais eues
en main, spéculant sur les logements et les
fonds de commerce, sur les terrains, les
renards argentés ou les lapins de race, pro
posant aux commerçants crédules l’éblouis
sant mirage d’une publicité factice, faisant
argent de tout, le toupet tenant lieu d’argu
ments et le mensonge effréné de preuves, les
« combinards » ont écumé de toute façon le
travail et l’épargne, avec un style plus ou
moins grand dont le summum s’est exprimé
dans la Banque, Quelques scandales financiers
récents ont levé un pan du voile noir à l’abri
duquel se trament dans l’impunité les escro
queries de haute envergure qui razzient systé
matiquement le bon peuple. L’intermédiaire
inutile qui prélève des commissions, le para
site qui ne produit rien mais vit du travail
des autres, Le financier qui capte l’argent
contre lequel il distribue des papiers sans
valeur, sont devenus les axes d’une société af
folée qui a renversé les lois de la pesanteur.
On parle beaucoup de « rationalisation »
— cela fait bien — de politique du blé, de
politique du pétrole, on édifie des ententes
économiques (à bien courte vue) mais on ne
fait rien contre la spéculation, le jeu et la
corruption. Sans parler des courses, suppri
mées pendant la guerre et rétablies ensuite
comme une nécessité nationale, qui drainent
un nombre fantastique de millions, nous
voyons que la Pentecôte nous a amené la réou
verture du casino d’Enghien qu'ont autorisée
340 députés et 219 sénateurs. Là va se ruer
toute une population fascinée par la perspec
tive du gain facile, et vouée en réalité à la
ruine, an suicide, en passant par les vols,
abus de confiance, et malhonnêtetés de toute
sorte, recours habituel des joueurs en mal
d’argent.
Et quand les affaires marchent mal, se ra
battent sur l’Etat les mêmes gens qui ne
cessent de le dénigrer et qui repoussent son
intervention dans leurs affaires. Demandes de
pensions et de subventions de toutes sortes
assaillent les ministres, en même temps que
chaque groupement de producteurs ou de
commerçants réclamé des relèvements de
tarifs douaniers pour maintenir les prix au
cours le plus élevé, sans souci du consom
mateur. Ministres et députés accordent ces re
lèvements par crainte de l’électeur et sans
aucune conscience des répercussions, sans
plan d’ensemble, au petit bonheur, pour la
satisfaction des égoïsmes individuels ou col
lectifs.
Ainsi que l’écrivait récemment J. Caillaux :
a ce qui, dans tous les cas est insoutenable, ce
qui est désastreux pour la prospérité, pour la
vie même de notre pays, c’est la politique de
l’empirisme, c’est la politique sans espace,
sans horizon, la politique étroite des satisfac
tions distribuées à la ronde ».
« Politique sans horizon » c’est bien, hélas,
le fait de nos gouvernants aveugles et de leurs
gouvernés imbéciles et inertes. Les ministres,
harassés de sollicitations accordent une prime
à celui-ci, un bureau de tabac à celui-là, un
relèvement de droits de douane à tel groupe
de producteurs, un abaissement à tel autre.
Le député cherche à faire plaisir à ses électeurs
influents, surtout aux bistrots, grands agents
électoraux; les préfets, les maires ont à satis
faire des appétits individuels, et l’électeur,
pas plus que L’élu ne se soucie de l’intérêt
général, chacun n’a en vue que son profit
personnel immédiat.
Mais de cette compétition d’appétits indivi
duels que peut-il résulter sinon le gâchis? Les
ministères se succèdent au gré des majorités
éphémères, mais les grandes réformes néces
sitées parles besoins nouveaux restent en sus
pens et la politique sans principes est réduite
à n’être qu’un jeu d’expédients.
Cette politique à courte vue qui nous avait
conduit à la guerre de 1914, on pouvait espérer
qu’après la grande catastrophe elle céderait
le pas à des conceptions plus vastes réalisées
par des équiques nouvelles. Hélas ! nous avons
vu les vieillards de la guerre se maintenir au
pouvoir et continuer leurs errements, car ils
n’avaient rien appris ni rien compris. Les
14 points de Wilson étaient apparus soudain
dans les ténèbres de la politique comme une
lueur annonciatrice de temps nouveaux, le
point de départ d’une organisation inédite du
monde selon des principes de justice. Mais
l’idéalisme de Wilson qui ne s’appuyait pas
sur une connaissance suffisante de l’Europe,
sur une volonté inébranlable et sur une large
collaboration avec l'élite pacifique des pays en
cause, fut annihilé par les rusés compèresqui
parvinrent à mettre sur pied le monument de
sottise, d’ignorance et d’iniquité qui a nom.
traité de Versailles ; acte absurde qui porte en
lui toutes les semences de guerres non seule
ment futures, mais prochaines.
Parmi les hommes politiques d Europe, il
en est un à qui la guerre a appris quelque chose
et qui depuis dix ans s'efforce de réparer les
sottises accumulées, de tirer du chaos présent
ce qui doit devenir les Etats-Unis d’Europe.
Le pacifisme de Briand certes, reste bien en-
deça de nos revendications et nous aurions
voulu trouver parmi nos hommes d’Etat
quelqu’un qui eût la clairvoyance et le cou
rage nécessaires pour faire l’inventaire de la
situation, dénoncer les mensonges de la guerre
et proclamer la nécessité de réviser les traités.
Mais à défaut d’un tel héraut de la Paix il n’en
reste pas moins que Briand a droit à notre
admiration et à notre reconnaissance pour les
efforts qu’il a déployés dans l’œuvre de l’en
tente européenne. Trahi au moment de la
conférence de Cannes par Millerand, en butte
depuis lors aux injures, aux calomnies des
meutes nationalistes, Briand a montré à la
face du monde le meilleur visage de la France.
Après un si bel effort, on pouvait croire que
le Congrès de Versailles tiendrait à affirmer
les dispositions pacifiques de notre pays en
élevant à la présidence de la République,
l’homme d’Etat qui s’est acquis un prestige
unique en Europe. Mais là encore nos parle
mentaires ont voulu nous donner la triste et
significative démonstration de leur inintelli
gence et de leur veulerie. Le scrutin secret qui
facilite toutes les trahisons sous le couvert de
l’anonymat a permis aux millions de Coty et
du Comité des Forges conjugués avec les me
naces de Y Action Française de barrer la route
à l’homme de la Paix. Si Briand est grandi
par la bassesse de ses adversaires, la France
sortdiminuéede l’épreuve, etnonobstanttoutes
les arguties des folliculaires, elle fait figure
aux yeux de l’Europe d’une nation dont la ma
jorité des représentants sont opposés à la poli
tique de rapprochement inaugurée à Locarno
et à Genève. Le scrutin de Versailles donne une
arme puissante à ceux qui, à travers le monde,
dénoncent l’impérialisme français.
S’il nous est spécialement pénible de cons
tater en France un tel avilissement des carac
tères, nous sommes bien obligés de recon
naître que dans d'autres pays la « guerre du
droit» a eu le même effet anesthésiant sur les
consciences. Sans parler des états balkaniques
où les tyranneaux constitutionnels s’en
donnent à cœur-joie, nous voyons la Pologne
ressuscitéequi demeure sousunedictature mili
taire et le « gouvernement des colonels »
absorbe pour le budget de la guerre la moitié
des ressources du pays. En Hongrie la terreur
blanche a consolidé un régime dictatorial.
Mais le summum est atteint par l’Italie ou le
despote peut impunément multiplier ses
crimes, où l’arbitraire est la règle, la violence
la seule loi, la justice une ignoble parodie et
où sous la domination des « chemises noires »
les forces vives de la nation sont toutes ten
dues vers la préparation de la guerre.
D’un côté la violence, l’audace sans bornes
dps aventuriers nationalistes ; fascistes de tout
poil, hitlériens, apaches de Y Action Française ,
et de l’autre la résignation inconcevable, l'a
pathie mortelle des masses aux sentiments
pacifiques qui ne savent pas réduire au silence
ces semeurs de guerre. Quand par la faute de
tous ces trublions, les peuples endormis se
réveilleront à la lueur des bombes incendiaires
et à la bouffée suffocante des gaz asphyxiants,
ils diront commel’ex-kaiser : «Nous n’avons
pas voulu cela ». Usera trop tard. Leur erreur,
leur crime, sera précisément de n’civoir pas
voulu , car il ne sert de rien de souhaiter la
paix, si on ne la veut pas réellement de toutes
les forces de son être.
D 1 M. DUMESNIL.
NÉCROLOGIE
Le Mouvement Pacifique Chrétien a la tristesse
d’annoncer aux sympathisants, adhérents, actifs
et militants, le décès de son meilleur ami, de
son plus ancien conseiller international le
Pasteur HERMANN LUTTER
l’apôtre du Pacifisme chrétien en Suisse Alé
manique, l’auteur de Nous les Pasteurs et Dieu
les mène , ouvrages qui firent sensation, il y a
environ trente ans. La perte que nous déplorons
est irréparable. C’est le plus grand glas funèbre
depuis notre fondation. Aucun n’a mieux servi
la Vérité et la Paix dans l’Eglise que ce serviteur
de Christ.
Que sa famille reçoive, ici, l’expression du
deuil que portera IUniversel dans la personne
du signataire qui eut l’honneur d’être un de ses
disciples.
Henri HUCHET.
Union franco-allemande
laiina mânanp pacifique et naturiste à Franc-
UGUIIG IIIGIIÛIJG fort-sur-Mein, prend en pen
sion jeunes filles ou jeunes gens désirant apprendre
l’allemand, suivre des cours, etc. Prix de pension
.complète, y compris une leçon d’allemand par jour,
Reichsmark 150 par mois et par personne. Sur
demande, des leçons spéciales en anglais, espagnol
et portugais peuvent être données. Un piano est à la
disposition des élèves gratuitement. Pour tous les
renseignements et références morales, prière de s’a
dresser au M. P. C. (Direction de Y Universel).
TRIMESTRIEL
3 e TRIMESTRE 1931
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
Fondé en
1898, supprimé par la censure militaire pendant la Guerre mondiale
Mouoement Pacifique Chrétien
« l’internationale de l’amour »
Président d'Honneur : Rév. Docteur M. J. ELLIOTT
CONSEIL :
M me Henriette DUMESNIL-HUCHET, Secrétaire du Journal et du M. P C.
P r Frédéric BONHOMME, Wilhem SCHWARZ, Henri NADEL, Pasteur Marcel BOURQUIN,
Henri SCHMITT, Louis GUÉTANT, Gaston MORMAL, Charles HAUS,
Miss P. H. PECKOVER, Claire GÉNIAUX, Mme MARFURT-TORFS,
M me MEYNARD-WIEDMER, A. STILMANT-OFFERS, E. LUYTEN-BLOCK.
Les articles Rengagent que la responsabilité des rédacteurs.
38, Avenue Marceau, COURBEVOIE (Seine). Réceptions de 2 h. à 5 h. : Mardi, Jeudi, Samedi.
ADMINISTRATION :
Abonnement
:
Chèques postaux :
Un an
5 francs.
O fr. 50
Docteur Marius DUMESNIL
PARIS n* 217.31
Le numéro.
Souscriptions :
Membre adhérent 1 O francs.
Membre actif... 20 francs.
Membre militant.... 50 francs
ide le PaGi
La tore t la Veulerie
Le treizième Président de la République a
été élu un 13. 11 a aussi pris le pouvoir un 13.
Pour les gens superstitieux, cela ne présage
rien de bon pour la France, encore moins
pour l’Europe. De plus, M. Doumer a eu
quatre fils tués à la guerre Or, si le chiffre
trois est le symbole divin celui de quatre est
considéré comme maléfique. Aussi le dicton
populaire affirme :
Ils étaient quatre qui voulaient se battre ,
Mais ils étaient trois qui ne le voulaient pas.
C’est un peu le pronostic du Congrès de
Versailles. Souhaitons que commencé dans
le bleu horizon, ce septennat ne finisse pas
dans le rouge bolchevique.
Bon courage au héros de la paix, au glo
rieux vaincu, frappé dans le dos par les
hérauts de la paix malpropre. Nous ne pou
vons mieux faire que de reproduire les ré
flexions que la Volonté a consacrées au Paci
fique breton, le Nantais sans peur et sans
reproche :
M. Briand, suivi de quelques amis fidèles, tra
verse la galerie des Bustes pour gagner son auto
mobile. Un silence fait de respect et peut-être
aussi de regret fut la seule manifestation qui l’ac
cueillit. Et il y avait dans cette attitude de la
foule des journalistes plus de grandeur que dans
des vivats déplacés.
Beaucoup se rendaient compte que le Parle
ment venait de commettre une faute peut-être
irréparable et que dans tous les cas l’homme qui
avait succombé dans la lutte ne méritait pas tant
d’injustice et d’ingratitude.
Les spectateurs de cette scène poignante dans
sa simplicité n’oublieront jamais ces quelques
minutes de recueillement.
L’homme qui s’en allait d’un pas lourd,
emportait avec lui bien des espoirs de paix.
Il avait mis au cœur de beaucoup de ses
compatriotes une foi profonde en des destinées
meilleures pour l’humanité désormais abritée
davantage contre les risques de guerre. On le
suivait avec émotion dans les combats pacifiques
qu’il menait pour la réconciliadon des peuples.
Et tous ceux qui étaient capables de préciser, se
demandaient si les certitudes entrevues n'étaient
point des illusions et des rêves.
Emouvant départ et presque symbolique, d’un
grand serviteur du pays qui représentait les véri
tables aspirations de la France vers le mieux et
qui personnifiait au pouvoir le grand bon sens
national, la modération de la race et ses tendan
ces humanitaires.
Non, franchement, il n’était pas désirable
que M. Aristide Briand, le Breton pacifique,
le grand Nantais, devint le Président de la
République française. On ne le voyait pas
officiant au culte sacro-national du 14 juillet,
de sainte Jeanne d’Arc, de l’immortelle Jeanne
Hachette et du bienheureux soldat inconnu,
sans parler de l’assistance morale à l’exécu
teur des Hautes-Œuvres et de la protection
accordée au Pari Mutuel.
Nous préférons le voir « ayant en main
le bâton de pèlerin » plutôt que porteur du
grand Cordon de la Légion d’Honneur.
L’homme qui a dit, naguère, à Genève,
« tant que je serai là, il n’y aura pas la
guerre », a confirmé, une fois de plus, à
Genève, sa résolution de vivre et de mourir
pour le salut de l’Humanité en déclarant à
ses collègues de la S. D. N. :
« Ici ou hors d’ici, comme représentant de
mon pays, ou comme propagandiste m’en
allant sur les routes avec le bâton du pèlerin,
que mes faibles mains de vieillard ne tien
dront peut-être pas aussi vigoureusement
que j’ai pu le tenir dans mes heures de jeu
nesse, j’aurai toujours devant moi l’idéal qui
nous est commun ; c’est toujours vers lui
que je marcherai, c’est toujours vers lui, sous
quelque forme que ce soit, que tendront tous
mes efforts. »
Tout n’est donc pas perdu, puisque l’hon
neur est sauf 1 H. H,
Si le vieil Ovide a dit vrai en affirmant
qne la nature fit à l’homme le présent d’un
visage sublime dirigé vers le ciel, il semble
que l’humanité subisse une singulière régres
sion tant est généralisée aujourd'hui l'espèce
de quadrupèdes humains plantigrades qui
baissent la tête et lèchent la poussière présen
tant surtout la partie de leur individu destinée
à reconnaître, comme le chantait le chœur
des Oiseaux :
le merveilleux pouvoir
du coup de pied au cul !
Trois Révolutions et une « guerre du droit »
qui a fait 15 millions de victimes ont abouti
à ce résultat qu’on peut aujourd'hui sans
crainte supprimer toute liberté, braver les lois,
railler l’honnêteté, piller l’épargne, déshonorer
le travail, ériger le bluff en système, instaurer
les plus viles dictatures et préparer ouverte
ment la guerre, sans que l’opinion publique
réagisse et que la ruasse des exploités esquisse
un geste de révolte.
Le paradoxe économique dans lequel nous
vivons renverse toutes les lois de l’éfconomie
sociale. La production est surabondante et
chacun est obligé de se restreindre. Les pay
sans de l’Europe Centrale sont dans la misère
à côté de leurs greniers pleins de blé qu’ils ne
peuvent arriver à vendre. Au Canada et aux
Etats-Unis on brûle des tas de cetle précieuse
céréale. Au Brésil on jette le café à la mer ou
bien il sert de combustible dans les foyers
des machines, cependant qu’on nous fait
payer toujours aussi cher un pain mauvais et
i 11 digeste el que sous le nom de café la plu
part des débitants nous servent un ignoble
«jus » qui ne rappelle que par sa noirceur
l’infusion des graines de caféier. Les prix de
gros s’effondrent et les prix de détail restent
les mêmes ou continuent leur ascension, en
réalité Le pouvoir d’achat de l’argent diminue
et pendant qu’on nous annonce la « prospé
rité » la vie devient de plus en plus difficile
pour ceux qui cherchent à la gagner par le
travail honnête, intellectuel ou manuel, et
non par la « combine ».
Car la « combine » est vraiment le moyen
up to date pour tous ceux qui sont «à la page».
Depuis la guerre cette faune variée a pris une
extension difficile à délimiter. La guerre fut
évidemment pour tous ces gens, débarrassés
du scrupule, une occasion unique de s’en
richir et la paix venue (à leur grand regret)
ils continuèrent leurs tripotages et trouvèrent
des imitateurs. Trafiquant entre des piles de
soucoupes sur la table d’un café, de mar
chandises qu’ils n’avaient souvent jamais eues
en main, spéculant sur les logements et les
fonds de commerce, sur les terrains, les
renards argentés ou les lapins de race, pro
posant aux commerçants crédules l’éblouis
sant mirage d’une publicité factice, faisant
argent de tout, le toupet tenant lieu d’argu
ments et le mensonge effréné de preuves, les
« combinards » ont écumé de toute façon le
travail et l’épargne, avec un style plus ou
moins grand dont le summum s’est exprimé
dans la Banque, Quelques scandales financiers
récents ont levé un pan du voile noir à l’abri
duquel se trament dans l’impunité les escro
queries de haute envergure qui razzient systé
matiquement le bon peuple. L’intermédiaire
inutile qui prélève des commissions, le para
site qui ne produit rien mais vit du travail
des autres, Le financier qui capte l’argent
contre lequel il distribue des papiers sans
valeur, sont devenus les axes d’une société af
folée qui a renversé les lois de la pesanteur.
On parle beaucoup de « rationalisation »
— cela fait bien — de politique du blé, de
politique du pétrole, on édifie des ententes
économiques (à bien courte vue) mais on ne
fait rien contre la spéculation, le jeu et la
corruption. Sans parler des courses, suppri
mées pendant la guerre et rétablies ensuite
comme une nécessité nationale, qui drainent
un nombre fantastique de millions, nous
voyons que la Pentecôte nous a amené la réou
verture du casino d’Enghien qu'ont autorisée
340 députés et 219 sénateurs. Là va se ruer
toute une population fascinée par la perspec
tive du gain facile, et vouée en réalité à la
ruine, an suicide, en passant par les vols,
abus de confiance, et malhonnêtetés de toute
sorte, recours habituel des joueurs en mal
d’argent.
Et quand les affaires marchent mal, se ra
battent sur l’Etat les mêmes gens qui ne
cessent de le dénigrer et qui repoussent son
intervention dans leurs affaires. Demandes de
pensions et de subventions de toutes sortes
assaillent les ministres, en même temps que
chaque groupement de producteurs ou de
commerçants réclamé des relèvements de
tarifs douaniers pour maintenir les prix au
cours le plus élevé, sans souci du consom
mateur. Ministres et députés accordent ces re
lèvements par crainte de l’électeur et sans
aucune conscience des répercussions, sans
plan d’ensemble, au petit bonheur, pour la
satisfaction des égoïsmes individuels ou col
lectifs.
Ainsi que l’écrivait récemment J. Caillaux :
a ce qui, dans tous les cas est insoutenable, ce
qui est désastreux pour la prospérité, pour la
vie même de notre pays, c’est la politique de
l’empirisme, c’est la politique sans espace,
sans horizon, la politique étroite des satisfac
tions distribuées à la ronde ».
« Politique sans horizon » c’est bien, hélas,
le fait de nos gouvernants aveugles et de leurs
gouvernés imbéciles et inertes. Les ministres,
harassés de sollicitations accordent une prime
à celui-ci, un bureau de tabac à celui-là, un
relèvement de droits de douane à tel groupe
de producteurs, un abaissement à tel autre.
Le député cherche à faire plaisir à ses électeurs
influents, surtout aux bistrots, grands agents
électoraux; les préfets, les maires ont à satis
faire des appétits individuels, et l’électeur,
pas plus que L’élu ne se soucie de l’intérêt
général, chacun n’a en vue que son profit
personnel immédiat.
Mais de cette compétition d’appétits indivi
duels que peut-il résulter sinon le gâchis? Les
ministères se succèdent au gré des majorités
éphémères, mais les grandes réformes néces
sitées parles besoins nouveaux restent en sus
pens et la politique sans principes est réduite
à n’être qu’un jeu d’expédients.
Cette politique à courte vue qui nous avait
conduit à la guerre de 1914, on pouvait espérer
qu’après la grande catastrophe elle céderait
le pas à des conceptions plus vastes réalisées
par des équiques nouvelles. Hélas ! nous avons
vu les vieillards de la guerre se maintenir au
pouvoir et continuer leurs errements, car ils
n’avaient rien appris ni rien compris. Les
14 points de Wilson étaient apparus soudain
dans les ténèbres de la politique comme une
lueur annonciatrice de temps nouveaux, le
point de départ d’une organisation inédite du
monde selon des principes de justice. Mais
l’idéalisme de Wilson qui ne s’appuyait pas
sur une connaissance suffisante de l’Europe,
sur une volonté inébranlable et sur une large
collaboration avec l'élite pacifique des pays en
cause, fut annihilé par les rusés compèresqui
parvinrent à mettre sur pied le monument de
sottise, d’ignorance et d’iniquité qui a nom.
traité de Versailles ; acte absurde qui porte en
lui toutes les semences de guerres non seule
ment futures, mais prochaines.
Parmi les hommes politiques d Europe, il
en est un à qui la guerre a appris quelque chose
et qui depuis dix ans s'efforce de réparer les
sottises accumulées, de tirer du chaos présent
ce qui doit devenir les Etats-Unis d’Europe.
Le pacifisme de Briand certes, reste bien en-
deça de nos revendications et nous aurions
voulu trouver parmi nos hommes d’Etat
quelqu’un qui eût la clairvoyance et le cou
rage nécessaires pour faire l’inventaire de la
situation, dénoncer les mensonges de la guerre
et proclamer la nécessité de réviser les traités.
Mais à défaut d’un tel héraut de la Paix il n’en
reste pas moins que Briand a droit à notre
admiration et à notre reconnaissance pour les
efforts qu’il a déployés dans l’œuvre de l’en
tente européenne. Trahi au moment de la
conférence de Cannes par Millerand, en butte
depuis lors aux injures, aux calomnies des
meutes nationalistes, Briand a montré à la
face du monde le meilleur visage de la France.
Après un si bel effort, on pouvait croire que
le Congrès de Versailles tiendrait à affirmer
les dispositions pacifiques de notre pays en
élevant à la présidence de la République,
l’homme d’Etat qui s’est acquis un prestige
unique en Europe. Mais là encore nos parle
mentaires ont voulu nous donner la triste et
significative démonstration de leur inintelli
gence et de leur veulerie. Le scrutin secret qui
facilite toutes les trahisons sous le couvert de
l’anonymat a permis aux millions de Coty et
du Comité des Forges conjugués avec les me
naces de Y Action Française de barrer la route
à l’homme de la Paix. Si Briand est grandi
par la bassesse de ses adversaires, la France
sortdiminuéede l’épreuve, etnonobstanttoutes
les arguties des folliculaires, elle fait figure
aux yeux de l’Europe d’une nation dont la ma
jorité des représentants sont opposés à la poli
tique de rapprochement inaugurée à Locarno
et à Genève. Le scrutin de Versailles donne une
arme puissante à ceux qui, à travers le monde,
dénoncent l’impérialisme français.
S’il nous est spécialement pénible de cons
tater en France un tel avilissement des carac
tères, nous sommes bien obligés de recon
naître que dans d'autres pays la « guerre du
droit» a eu le même effet anesthésiant sur les
consciences. Sans parler des états balkaniques
où les tyranneaux constitutionnels s’en
donnent à cœur-joie, nous voyons la Pologne
ressuscitéequi demeure sousunedictature mili
taire et le « gouvernement des colonels »
absorbe pour le budget de la guerre la moitié
des ressources du pays. En Hongrie la terreur
blanche a consolidé un régime dictatorial.
Mais le summum est atteint par l’Italie ou le
despote peut impunément multiplier ses
crimes, où l’arbitraire est la règle, la violence
la seule loi, la justice une ignoble parodie et
où sous la domination des « chemises noires »
les forces vives de la nation sont toutes ten
dues vers la préparation de la guerre.
D’un côté la violence, l’audace sans bornes
dps aventuriers nationalistes ; fascistes de tout
poil, hitlériens, apaches de Y Action Française ,
et de l’autre la résignation inconcevable, l'a
pathie mortelle des masses aux sentiments
pacifiques qui ne savent pas réduire au silence
ces semeurs de guerre. Quand par la faute de
tous ces trublions, les peuples endormis se
réveilleront à la lueur des bombes incendiaires
et à la bouffée suffocante des gaz asphyxiants,
ils diront commel’ex-kaiser : «Nous n’avons
pas voulu cela ». Usera trop tard. Leur erreur,
leur crime, sera précisément de n’civoir pas
voulu , car il ne sert de rien de souhaiter la
paix, si on ne la veut pas réellement de toutes
les forces de son être.
D 1 M. DUMESNIL.
NÉCROLOGIE
Le Mouvement Pacifique Chrétien a la tristesse
d’annoncer aux sympathisants, adhérents, actifs
et militants, le décès de son meilleur ami, de
son plus ancien conseiller international le
Pasteur HERMANN LUTTER
l’apôtre du Pacifisme chrétien en Suisse Alé
manique, l’auteur de Nous les Pasteurs et Dieu
les mène , ouvrages qui firent sensation, il y a
environ trente ans. La perte que nous déplorons
est irréparable. C’est le plus grand glas funèbre
depuis notre fondation. Aucun n’a mieux servi
la Vérité et la Paix dans l’Eglise que ce serviteur
de Christ.
Que sa famille reçoive, ici, l’expression du
deuil que portera IUniversel dans la personne
du signataire qui eut l’honneur d’être un de ses
disciples.
Henri HUCHET.
Union franco-allemande
laiina mânanp pacifique et naturiste à Franc-
UGUIIG IIIGIIÛIJG fort-sur-Mein, prend en pen
sion jeunes filles ou jeunes gens désirant apprendre
l’allemand, suivre des cours, etc. Prix de pension
.complète, y compris une leçon d’allemand par jour,
Reichsmark 150 par mois et par personne. Sur
demande, des leçons spéciales en anglais, espagnol
et portugais peuvent être données. Un piano est à la
disposition des élèves gratuitement. Pour tous les
renseignements et références morales, prière de s’a
dresser au M. P. C. (Direction de Y Universel).
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