Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1901-11-16
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 16 novembre 1901 16 novembre 1901
Description : 1901/11/16 (N290). 1901/11/16 (N290).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263489s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
«* Année — f 298.
Samedi 16 Novembre 1901.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Organe du Parti Républicain Démocraiiciue
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE CASIMIR- PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction.... Alfired HENRI
L’Imprimeur-Gérant F. LE R©Y
Prix des Insertions :
Annonces
Réclames.
25 centimes la ligne
50 y>
On traite à forfait
Lire à la J e page
Les Vertus Capitales
Chronique humoristique et inédite
par Gustave GUITTON
LE
(Suite)
L’escadre française, après une
-démonstration énergique, dans les
eaux turques, a quitté son mouil
lage et continue ses évolutions jus
qu’à parfait accomplissement des
nouveaux engagements du Gouver
nement ottoman, avant de revenir
à Toulon.
La présence de quelques cuiras
sés et le débarquement d’une poi
gnée de marins à Mytilène, ont fait
comprendre au sultan rouge que la
patience a des bornes, que la dupli
cité diplomatique n’a qu’un temps et
qu’il peut être; dangereux de con
vertir indéfiniment'en force d’inertie,
des promesses formelles. Non seule
ment la Porte a fait droit aux pre
mières réclamations de la France,
mais elle s’est empressée encore
d’accepter ses nouvelles demandes.
L’affaire litigieuse Lorando-Tubini
est réglée définitivement ; de plus
la Porte :
« 1 1 Reconnaît l’existence légale
« de nos écoles actuelles et leur ac-
« corde les immunités douanières
« conformément aux traités et con-
« ventions en vigueur ;
« de nos établissements hospita-
« fiers et religieux actuels et leur
« accorde l’exonération de l’impôt
« foncier et les immunités douaniè-
« res, conformément aux traités et
« conventions en vigueur ;
« 3° Autorise les constructions,
« réparations ou agrandissement des
« établissements scolaires, hospita-
« fiers ou religieux endommagés ou
« détruits pendant les événements
< de 1894, 1895 et 1896 en Turquie
« d’Asie et à Constantinople ;
« 4° S’engage à considérer comme
« autorisés de plein droit, les fonda
it tions, agrandissements, construc-
« tions et réparations auxquels nous
« désirerions procéder à l’avenir, si,
« prévenu de notre intention, le
« Gouvernement impérial n’a pas y
« dans le délai de six mois, présenté
« d’objections ;
« 5° Sanctionne l’élection du pa-
« triarche chaldéen. »
Le respect des convenances, des
engagements internationaux, vient
d’être imposé au sultan rouge, sous
l’oeil inquiet des puissances rivales,
dans l’intérêt général par un gou
vernement que nos bons nationa
listes ne cessaient de taxer de
couardise, et l’Europe applaudit aux
succès de sa crâne initiative.
Au début, alors qu’il n’était ques
tion que d’opérations financières,
l’opposition reprochait au cabinet de
partir en guerre pour une affaire de
gros sous, de transformer le drapeau
français en exploit d’huissier ; des
feuilles chauffées à outrance, sont
allées jusqu’à prétendre qu’il y avait
au fond du litige des créances en
souffrance, des manoeuvres de ban
quiers cosmopolites, et à insinuer
même qu’il s’en exhalait un relent
de mine du Sud-Africain. Les pas
sions politiques ne sauraient pousser
plus loin le dénigrement, la malveil
lance.
Aujourd’hui, c’est une autre an
tienne : On reconnaît que l’attitude
de la France a eu une haute portée
politique, qu’il s’agit principalement
de la défense de populations placées
sous notre protection, d’un jalon
menaçant planté en prévision de
nouvelles humiliations, de nouvelles
tentatives de massacres ; mais on
fait au Cabinet, un grief de soutenir,
en Orient, les institutions religieuses
qu’au sein de notre pays, il a mo
lestées en les rappelant à leur de
voir ; comme si les missions étran
gères et d’influence poursuivie par
chaque nation, pouvaient être com
parées aux congrégations de l’inté
rieur toujours militantes, toujours
hostiles aux principes de liberté.
Il convient d’envisager la situa
tion telle qu’elle est véritablement,
avec impartialité, sans aucune pré
vention et d’apprécier les résultats
acquis avec leurs conséquences :
Abdul - Hamid, Vhomme malade
dont aucun État n’osait troubler la
somnolence, ni réprimer les résis
tances humiliantes, dans la crainte
de réveiller, en même temps, la
brûlante question d’Orient, méritait,
de l’aveu de tous, un sérieux avertis
sement, une leçon sévère ; la France,
à la.suite d’un déni de justice préju
diciable à ses droits et à sa dignité,
s’est chargée de remplir cette mis
sion toute d’honneur et d’humanité.
Qu'elle ait été la sentinelle avancée
de l’Europe, un gendarme autorisé
et délégué, si l’on veut, elle n’a pas
moins eu l’avantage et le mérite de
régler d’abord, à son entière satis
faction, ses affaires personnelles et
de sauvegarder ensuite, dans lame-
sure du possible, pour l’avenir, des
intérêts communs.
L’entente s’est faite sur le terrain
humanitaire et, tant quelle se main
tiendra à l’exclusion de toutes con
voitises, le sultan rouge et ses con
seillers se tiendront pour avertis;
ils se garderont bien de provoquer
de nouvelles menaces armées; ils
savent que si, cette fois, elles se
sont arrêtées à Mytilène, elles ne
manqueraient pas, en cas de réci
dive, de franchir les Dardanelles.
SENEX.
FÉDÉRATION RADICAL
de la Seine-Inférieure
Nous rappelons à nos amis poli
tiques que la prochaine Assemblée
générale aura lieu au Havre, salle du
Théâtre-Cirque, demain dimanche
17 courant, à trois heures de l’après-
midi.
Cette réunion, strictement privée,
à laquelle n’assisteront que les mem
bres de la Fédération — ne pas oublier
de se munir de la lettre d’invitation
qui sera réclamée à l’entrée de la salle
— présentera un vif intérêt, non seu
lement par suite de la présence d’un
grand nombre d’hommes politiques
exerçant une fonction élective dans
notre département, mais aussi par la
nature des questions qui vont y être
traitées.
Conformément aux décisions prises
lors de la dernière assemblée géné
rale qui s’est tenue le 28 août dernier,
les sections, formées dans chaque ar
rondissement, viennent de se réunir
ou vont se réunir pour examiner la
situation électorale en vue des élec
tions de 1902. Des rapports seront
faits à ce sujet, et lecture en sera
donnée au Havre dimanche prochain.
A l’approche des élections législa
tives, les républicains paraissent dis
posés à se ressaisir. Comprenant com
bien utile et indispensable est l’œuvre
poursuivie par la Fédération radicale,
ils lui envoient leur adhésion et de
précieux encouragements. Nous étions
300 il y a quelques mois. Aujourd’hui
la Fédération compte 726 adhérents,
sans compter les nombreuses deman
des d’admissions qui arrivent chaque
jour au secrétariat.
Nous invitons nos amis à être exacts
à cette réunion, qui présentera un
intérêt tout particulier.
Ceux des adhérents de la Fédéra
tion qui n’auraient pas reçu leurs
cartes, ou ceux qui désireraient adhé
rer à ce groupement des républicains,
radicaux et radicaux-socialistes, sont
invités à s’adresser au bureau du
journal où le nécessaire sera fait.
ORDRE DU JOUR :
Lecture des procès-verbaux ;
Admission de nouveaux adhérents ;
Compte rendu des travaux de la Fé
dération pendant le dernier trimestre ;
Rapport des sections sur l’organisa
tion locale et la campagne électorale ;
Organisation de Confèrences ;
Causerie.
Le Procès de M. Brot
Mercredi dernier est venu, devant
le Tribunal correctionnel, le procès
intenté par M. Brot à M. Denis Guil-
lot, pour une prétendue diffamation
qui aurait été commise dans la séance
du Conseil municipal du 30 août der
nier.
M. Brot qui, sur l’intervention des
frères Meyer, avait fait appel au con
cours de M. Clémenceau, avocat à
Paris, a essayé vainement de donner
des proportions à cette affaire. On sen
tait trop que c’était une sorte de re
vanche que l’on cherchait au succès
remporté aux élections cantonales par
M. Denis Guillot.
Le résultat, hélas ! n’a pas répondu
aux efforts de M. Brot qui demandait
5,000 francs de dommages-intérêts,
et 10 insertions nans les journaux du
département.
M e Jouvin, avocat au barreau de
Rouen, dans une plaidoirie des plus
spirituelles, a eu vite fait de crever
de quelques coups d’épingle le ballon
péniblement gonflé par M. Brot. La
légende de M. Brot persécuté par M.
Denis Guillot a remporté auprès de
l’assistance un succès de fou rire.
La loi interdisant le compte-rendu
des affaires de ce genre, nous nous
abstiendrons de donner des détails sur
le fond de ce procès. Disons toutefois
que M. Denis Guillot, avant de payer
à M. Brot les 25 fr. d’indemnité aux
quels a éié taxée sa réclamation, de
mandera à la Cour d’appel de Rouen
de décider si oui ou non, un conseil
ler municipal a le droit de poser des
questions à un contribuable, fût-il son
collègue, sur les contributions qu’il
paie ou ne paie pas. C’est un problème
de droit administratif des plus inté
ressants. La Cour de Rouen le tran
chera.
Donc l’affaire continue. M. Brot
n’aura ses cinq écus que si la juri
diction supérieure eu décide ainsi.
Un incident amusant qui a été omis
par nos confrères.
Avant de déposer, deux témoins de
M, Brot, MM. Déliot et Courtonne,
ont essayé de ne pas se soumettre
à la formule légale du serment. M.
Courtonne voulait même prêter ser
ment sur la tête de M® Jouvin, qu’il
prenait sans doute pour le Christ.
Ces messieurs ont parlé de leur
honneur, de leur conscience, etc...
Cette formule ayant paru insuffisante
au tribunal, iis ont juré comme tout
le monde, en levant la main.
Bref, ils ont raté leur effet, au mi
lieu des rires de l’auditoire.
M. Déliot a passé ce détail dans le
compte rendu paru dans l’organe offi
ciel du Comité radical-socialiste.
Vous connaissez ce Comité, celui
qui ne combat que les républicains
radicaux ?
MARINE MARCHANDE
Ou discute en ce moment à la Cham
bre un nouveau projet de loi sur la
Marine Marchande, modifiant la loi
de 1893 quant aux primes à la navi
gation, celles relatives à la construc
tion restant intactes.
Que sortira-t-il de cette loi nou
velle? Sans être grand prophète, on
peut à l’avance affirmer que, votée ou
non, telle qu’elle est présentée, elle
constituera à coup sûr une grosse
charge pour le Budget national.
D’une manière ou d’une autre, sous
un nom ou sous un autre, la France
paiera sa Marine Marchande.
C’est là un principe admis et indis
cuté ; est-il prouvé qu’il ne soit pas
discutable? Assurément non.
On peut, eu effet, s’étonner, en toute
équité, de l’obligation de l’Etat à
soutenir telle ou telle industrie ou
commerce, avec des espèces sonnan
tes ; aujourd’hui on invite les contri
buables à verser de beaux dividen
des aux sociétés de navigation; hier
on leur demandait des primes pour
les sucres, demain on leur eu exigera
pour les viticulteurs ; il n’y a aucune
raison de s’arrêter en chemin et cha
que branche de notre activité indus
trielle, commerciale, agricole, etc.,
peut demander à être subventionnée ;
ce que l’on accorde à l’un ne peut être
refusé à l’autre ; nous avons tous, à
cet égard, les mêmes droits au par
tage des finances nationales.
Ne voit-on pas vers quel abîme on
se précipite avec un pareil système ?
Malgré cela, malgré les expériences
nombreuses et néfastes déjà faites,
la Chambre va nous donner une nou
velle confirmation et une centième
affirmation de ces errements en votant
encore et toujours des primes, cette
fois en faveur de la Marine Mar
chande.
La Marine Marchande périclite, se
meurt, est morte, s’écrient les arma
teurs ; les statistiques, toujours fort
exactes, d’ailleurs, puisque suivant les
sources, elles sont différentes les unes
des autres, certifient, chiffres à l’appui,
que le fait est vrai.
Admettons le donc comme tel et
examinons la situation de cette pau
vre Marine Marchande !
Et tout d’abord qu’est-ce que la
Marine Marchande ? La Marine Mar
chande est un ensemble de transpor
teurs ; son but est de porter sur mer,
d’un point à un autre, des marchan
dises, du fret, au même titre qu’une
Compagnie de chemins de fer agit sur
terre. Or, que faut-il à la Marine
Marchande ou à la Compagnie de che
mins de fer pour être prospère ? Il lui
faut du fret, il lui faut des marchan
dises.
M. de la Palisse, dont il a été sou
vent question à la Chambre, ces jours
derniers, en aurait dit autant.
Dans ces conditions, il apparaît
clairement que pour venir en aide
utilement à la Marine Marchande il
est de toute nécessité de porter ses
efforts du côté du fret.
Pour cela, un grand nombre de
moyens, tous excellents, sont à la dis
position de l’Etat; les voies navigua-
blés intérieures, les canaux, les amé
liorations sérieuses et rapides de quel
ques grands ports, la création de ports
ou de zones franches, l’augmentation
du nombre des lignes de chemins de
fer, la révision de leurs tarifs, la pro
tection, pour notre pavillon, du trafic
colonial, etc., etc., sont là des fac
teurs heureux pour nos importations
et nos exportations et par conséquent
pour les transports maritimes.
Avec une bonne gestion, éclairée et
économe, chose assez rare en France,
dans la Marine Marchande, ne doit-
on pas supposer que les Compagnies
de navigation existantes et à naître
auraient de grandes chances de re
prendre aux navires étrangers une
part importante des 366 millions de
francs que nous leur payons annuelle
ment pour du fret transporté par eux ?
Et ces chances ne seraient-elles pas
encore augmentées si les améliora
tions énoncées pins haut étaient ac
complies ?
Est-il donc besoin d’une prime en
argent , payée par nous tous, pour
rendre fructueux les capitaux enga
gés dans les affaires maritimes ?
La plupart de nos législateurs, ar
mateurs ou intéressés dans la naviga
tion, ou représentants des intérêts
maritimes pensent que oui ; ils veu
lent ardemment qu’une bonne prime
à la navigation, mieux encore, qu’une
cynique compensation d’armement
viennent en aide à leurs amis ; l’Etat-
Rrovidence, telle est leur devise.
Eh bien, soit ! que l’Etat continue
à distribuer généreusement notre ar
gent puisque c’est la coutume en
France, mais alors, puisqu’on nous
demande l’aumône, faisons-là à bon
escient.
Jusqu’à maintenant, et on veut
persévérer dans cette voie, on a sub
ventionne le navire, l’outil, c’est-à-
Samedi 16 Novembre 1901.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Organe du Parti Républicain Démocraiiciue
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE CASIMIR- PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction.... Alfired HENRI
L’Imprimeur-Gérant F. LE R©Y
Prix des Insertions :
Annonces
Réclames.
25 centimes la ligne
50 y>
On traite à forfait
Lire à la J e page
Les Vertus Capitales
Chronique humoristique et inédite
par Gustave GUITTON
LE
(Suite)
L’escadre française, après une
-démonstration énergique, dans les
eaux turques, a quitté son mouil
lage et continue ses évolutions jus
qu’à parfait accomplissement des
nouveaux engagements du Gouver
nement ottoman, avant de revenir
à Toulon.
La présence de quelques cuiras
sés et le débarquement d’une poi
gnée de marins à Mytilène, ont fait
comprendre au sultan rouge que la
patience a des bornes, que la dupli
cité diplomatique n’a qu’un temps et
qu’il peut être; dangereux de con
vertir indéfiniment'en force d’inertie,
des promesses formelles. Non seule
ment la Porte a fait droit aux pre
mières réclamations de la France,
mais elle s’est empressée encore
d’accepter ses nouvelles demandes.
L’affaire litigieuse Lorando-Tubini
est réglée définitivement ; de plus
la Porte :
« 1 1 Reconnaît l’existence légale
« de nos écoles actuelles et leur ac-
« corde les immunités douanières
« conformément aux traités et con-
« ventions en vigueur ;
« fiers et religieux actuels et leur
« accorde l’exonération de l’impôt
« foncier et les immunités douaniè-
« res, conformément aux traités et
« conventions en vigueur ;
« 3° Autorise les constructions,
« réparations ou agrandissement des
« établissements scolaires, hospita-
« fiers ou religieux endommagés ou
« détruits pendant les événements
< de 1894, 1895 et 1896 en Turquie
« d’Asie et à Constantinople ;
« 4° S’engage à considérer comme
« autorisés de plein droit, les fonda
it tions, agrandissements, construc-
« tions et réparations auxquels nous
« désirerions procéder à l’avenir, si,
« prévenu de notre intention, le
« Gouvernement impérial n’a pas y
« dans le délai de six mois, présenté
« d’objections ;
« 5° Sanctionne l’élection du pa-
« triarche chaldéen. »
Le respect des convenances, des
engagements internationaux, vient
d’être imposé au sultan rouge, sous
l’oeil inquiet des puissances rivales,
dans l’intérêt général par un gou
vernement que nos bons nationa
listes ne cessaient de taxer de
couardise, et l’Europe applaudit aux
succès de sa crâne initiative.
Au début, alors qu’il n’était ques
tion que d’opérations financières,
l’opposition reprochait au cabinet de
partir en guerre pour une affaire de
gros sous, de transformer le drapeau
français en exploit d’huissier ; des
feuilles chauffées à outrance, sont
allées jusqu’à prétendre qu’il y avait
au fond du litige des créances en
souffrance, des manoeuvres de ban
quiers cosmopolites, et à insinuer
même qu’il s’en exhalait un relent
de mine du Sud-Africain. Les pas
sions politiques ne sauraient pousser
plus loin le dénigrement, la malveil
lance.
Aujourd’hui, c’est une autre an
tienne : On reconnaît que l’attitude
de la France a eu une haute portée
politique, qu’il s’agit principalement
de la défense de populations placées
sous notre protection, d’un jalon
menaçant planté en prévision de
nouvelles humiliations, de nouvelles
tentatives de massacres ; mais on
fait au Cabinet, un grief de soutenir,
en Orient, les institutions religieuses
qu’au sein de notre pays, il a mo
lestées en les rappelant à leur de
voir ; comme si les missions étran
gères et d’influence poursuivie par
chaque nation, pouvaient être com
parées aux congrégations de l’inté
rieur toujours militantes, toujours
hostiles aux principes de liberté.
Il convient d’envisager la situa
tion telle qu’elle est véritablement,
avec impartialité, sans aucune pré
vention et d’apprécier les résultats
acquis avec leurs conséquences :
Abdul - Hamid, Vhomme malade
dont aucun État n’osait troubler la
somnolence, ni réprimer les résis
tances humiliantes, dans la crainte
de réveiller, en même temps, la
brûlante question d’Orient, méritait,
de l’aveu de tous, un sérieux avertis
sement, une leçon sévère ; la France,
à la.suite d’un déni de justice préju
diciable à ses droits et à sa dignité,
s’est chargée de remplir cette mis
sion toute d’honneur et d’humanité.
Qu'elle ait été la sentinelle avancée
de l’Europe, un gendarme autorisé
et délégué, si l’on veut, elle n’a pas
moins eu l’avantage et le mérite de
régler d’abord, à son entière satis
faction, ses affaires personnelles et
de sauvegarder ensuite, dans lame-
sure du possible, pour l’avenir, des
intérêts communs.
L’entente s’est faite sur le terrain
humanitaire et, tant quelle se main
tiendra à l’exclusion de toutes con
voitises, le sultan rouge et ses con
seillers se tiendront pour avertis;
ils se garderont bien de provoquer
de nouvelles menaces armées; ils
savent que si, cette fois, elles se
sont arrêtées à Mytilène, elles ne
manqueraient pas, en cas de réci
dive, de franchir les Dardanelles.
SENEX.
FÉDÉRATION RADICAL
de la Seine-Inférieure
Nous rappelons à nos amis poli
tiques que la prochaine Assemblée
générale aura lieu au Havre, salle du
Théâtre-Cirque, demain dimanche
17 courant, à trois heures de l’après-
midi.
Cette réunion, strictement privée,
à laquelle n’assisteront que les mem
bres de la Fédération — ne pas oublier
de se munir de la lettre d’invitation
qui sera réclamée à l’entrée de la salle
— présentera un vif intérêt, non seu
lement par suite de la présence d’un
grand nombre d’hommes politiques
exerçant une fonction élective dans
notre département, mais aussi par la
nature des questions qui vont y être
traitées.
Conformément aux décisions prises
lors de la dernière assemblée géné
rale qui s’est tenue le 28 août dernier,
les sections, formées dans chaque ar
rondissement, viennent de se réunir
ou vont se réunir pour examiner la
situation électorale en vue des élec
tions de 1902. Des rapports seront
faits à ce sujet, et lecture en sera
donnée au Havre dimanche prochain.
A l’approche des élections législa
tives, les républicains paraissent dis
posés à se ressaisir. Comprenant com
bien utile et indispensable est l’œuvre
poursuivie par la Fédération radicale,
ils lui envoient leur adhésion et de
précieux encouragements. Nous étions
300 il y a quelques mois. Aujourd’hui
la Fédération compte 726 adhérents,
sans compter les nombreuses deman
des d’admissions qui arrivent chaque
jour au secrétariat.
Nous invitons nos amis à être exacts
à cette réunion, qui présentera un
intérêt tout particulier.
Ceux des adhérents de la Fédéra
tion qui n’auraient pas reçu leurs
cartes, ou ceux qui désireraient adhé
rer à ce groupement des républicains,
radicaux et radicaux-socialistes, sont
invités à s’adresser au bureau du
journal où le nécessaire sera fait.
ORDRE DU JOUR :
Lecture des procès-verbaux ;
Admission de nouveaux adhérents ;
Compte rendu des travaux de la Fé
dération pendant le dernier trimestre ;
Rapport des sections sur l’organisa
tion locale et la campagne électorale ;
Organisation de Confèrences ;
Causerie.
Le Procès de M. Brot
Mercredi dernier est venu, devant
le Tribunal correctionnel, le procès
intenté par M. Brot à M. Denis Guil-
lot, pour une prétendue diffamation
qui aurait été commise dans la séance
du Conseil municipal du 30 août der
nier.
M. Brot qui, sur l’intervention des
frères Meyer, avait fait appel au con
cours de M. Clémenceau, avocat à
Paris, a essayé vainement de donner
des proportions à cette affaire. On sen
tait trop que c’était une sorte de re
vanche que l’on cherchait au succès
remporté aux élections cantonales par
M. Denis Guillot.
Le résultat, hélas ! n’a pas répondu
aux efforts de M. Brot qui demandait
5,000 francs de dommages-intérêts,
et 10 insertions nans les journaux du
département.
M e Jouvin, avocat au barreau de
Rouen, dans une plaidoirie des plus
spirituelles, a eu vite fait de crever
de quelques coups d’épingle le ballon
péniblement gonflé par M. Brot. La
légende de M. Brot persécuté par M.
Denis Guillot a remporté auprès de
l’assistance un succès de fou rire.
La loi interdisant le compte-rendu
des affaires de ce genre, nous nous
abstiendrons de donner des détails sur
le fond de ce procès. Disons toutefois
que M. Denis Guillot, avant de payer
à M. Brot les 25 fr. d’indemnité aux
quels a éié taxée sa réclamation, de
mandera à la Cour d’appel de Rouen
de décider si oui ou non, un conseil
ler municipal a le droit de poser des
questions à un contribuable, fût-il son
collègue, sur les contributions qu’il
paie ou ne paie pas. C’est un problème
de droit administratif des plus inté
ressants. La Cour de Rouen le tran
chera.
Donc l’affaire continue. M. Brot
n’aura ses cinq écus que si la juri
diction supérieure eu décide ainsi.
Un incident amusant qui a été omis
par nos confrères.
Avant de déposer, deux témoins de
M, Brot, MM. Déliot et Courtonne,
ont essayé de ne pas se soumettre
à la formule légale du serment. M.
Courtonne voulait même prêter ser
ment sur la tête de M® Jouvin, qu’il
prenait sans doute pour le Christ.
Ces messieurs ont parlé de leur
honneur, de leur conscience, etc...
Cette formule ayant paru insuffisante
au tribunal, iis ont juré comme tout
le monde, en levant la main.
Bref, ils ont raté leur effet, au mi
lieu des rires de l’auditoire.
M. Déliot a passé ce détail dans le
compte rendu paru dans l’organe offi
ciel du Comité radical-socialiste.
Vous connaissez ce Comité, celui
qui ne combat que les républicains
radicaux ?
MARINE MARCHANDE
Ou discute en ce moment à la Cham
bre un nouveau projet de loi sur la
Marine Marchande, modifiant la loi
de 1893 quant aux primes à la navi
gation, celles relatives à la construc
tion restant intactes.
Que sortira-t-il de cette loi nou
velle? Sans être grand prophète, on
peut à l’avance affirmer que, votée ou
non, telle qu’elle est présentée, elle
constituera à coup sûr une grosse
charge pour le Budget national.
D’une manière ou d’une autre, sous
un nom ou sous un autre, la France
paiera sa Marine Marchande.
C’est là un principe admis et indis
cuté ; est-il prouvé qu’il ne soit pas
discutable? Assurément non.
On peut, eu effet, s’étonner, en toute
équité, de l’obligation de l’Etat à
soutenir telle ou telle industrie ou
commerce, avec des espèces sonnan
tes ; aujourd’hui on invite les contri
buables à verser de beaux dividen
des aux sociétés de navigation; hier
on leur demandait des primes pour
les sucres, demain on leur eu exigera
pour les viticulteurs ; il n’y a aucune
raison de s’arrêter en chemin et cha
que branche de notre activité indus
trielle, commerciale, agricole, etc.,
peut demander à être subventionnée ;
ce que l’on accorde à l’un ne peut être
refusé à l’autre ; nous avons tous, à
cet égard, les mêmes droits au par
tage des finances nationales.
Ne voit-on pas vers quel abîme on
se précipite avec un pareil système ?
Malgré cela, malgré les expériences
nombreuses et néfastes déjà faites,
la Chambre va nous donner une nou
velle confirmation et une centième
affirmation de ces errements en votant
encore et toujours des primes, cette
fois en faveur de la Marine Mar
chande.
La Marine Marchande périclite, se
meurt, est morte, s’écrient les arma
teurs ; les statistiques, toujours fort
exactes, d’ailleurs, puisque suivant les
sources, elles sont différentes les unes
des autres, certifient, chiffres à l’appui,
que le fait est vrai.
Admettons le donc comme tel et
examinons la situation de cette pau
vre Marine Marchande !
Et tout d’abord qu’est-ce que la
Marine Marchande ? La Marine Mar
chande est un ensemble de transpor
teurs ; son but est de porter sur mer,
d’un point à un autre, des marchan
dises, du fret, au même titre qu’une
Compagnie de chemins de fer agit sur
terre. Or, que faut-il à la Marine
Marchande ou à la Compagnie de che
mins de fer pour être prospère ? Il lui
faut du fret, il lui faut des marchan
dises.
M. de la Palisse, dont il a été sou
vent question à la Chambre, ces jours
derniers, en aurait dit autant.
Dans ces conditions, il apparaît
clairement que pour venir en aide
utilement à la Marine Marchande il
est de toute nécessité de porter ses
efforts du côté du fret.
Pour cela, un grand nombre de
moyens, tous excellents, sont à la dis
position de l’Etat; les voies navigua-
blés intérieures, les canaux, les amé
liorations sérieuses et rapides de quel
ques grands ports, la création de ports
ou de zones franches, l’augmentation
du nombre des lignes de chemins de
fer, la révision de leurs tarifs, la pro
tection, pour notre pavillon, du trafic
colonial, etc., etc., sont là des fac
teurs heureux pour nos importations
et nos exportations et par conséquent
pour les transports maritimes.
Avec une bonne gestion, éclairée et
économe, chose assez rare en France,
dans la Marine Marchande, ne doit-
on pas supposer que les Compagnies
de navigation existantes et à naître
auraient de grandes chances de re
prendre aux navires étrangers une
part importante des 366 millions de
francs que nous leur payons annuelle
ment pour du fret transporté par eux ?
Et ces chances ne seraient-elles pas
encore augmentées si les améliora
tions énoncées pins haut étaient ac
complies ?
Est-il donc besoin d’une prime en
argent , payée par nous tous, pour
rendre fructueux les capitaux enga
gés dans les affaires maritimes ?
La plupart de nos législateurs, ar
mateurs ou intéressés dans la naviga
tion, ou représentants des intérêts
maritimes pensent que oui ; ils veu
lent ardemment qu’une bonne prime
à la navigation, mieux encore, qu’une
cynique compensation d’armement
viennent en aide à leurs amis ; l’Etat-
Rrovidence, telle est leur devise.
Eh bien, soit ! que l’Etat continue
à distribuer généreusement notre ar
gent puisque c’est la coutume en
France, mais alors, puisqu’on nous
demande l’aumône, faisons-là à bon
escient.
Jusqu’à maintenant, et on veut
persévérer dans cette voie, on a sub
ventionne le navire, l’outil, c’est-à-
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