Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1901-11-09
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 novembre 1901 09 novembre 1901
Description : 1901/11/09 (N289). 1901/11/09 (N289).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263488c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
6 e ÂBnée — N” 289.
Samedi 9 Novembre 1901.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
Organe du Parti Républicain Démocrau^ue
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure. par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction. ... Alft*cd Henri
LTmprimeur-Gérant.; . w . LE ROY
*
Prix des Insertions :
Annonces > 25 centimes la ligne
Réclames 50 >
On traite à forfait
LE
SULTAN ROUGE
L’Europe, profondément divisée et
préoccupée, avant tout, de ses in
térêts matériels, a assisté, sans in
tervenir autrement que par des
protestations platoniques, aux exé
crables massacres des Arméniens,
comme elle assiste aujourd’hui, im
passible, à l’égorgement d’un peuple
dont la résistance désespérée étonne
le monde entier.
Il reste encore des chrétiens à
exterminer en Asie-Mineure et le
sultan rouge débordé par le fana
tisme musulman, circonvenu par
les courtisans qui lui ferment les
yeux, ne peut arrêter le bras des
oppresseurs : de nouveaux massa
cres sont imminents, les capitula
tions, les traités sont foulés aux
pieds et les puissances rivales, dé
tournant encore leurs regards de ce
spectacle lamentable, se bornent à
surveiller leurs entreprises com
merciales, l’établissement de leur
chemin de fer de pénétration, leur
expansion sans fin et la prédomi
nance de leur influence respective.
Le Gouvernement français vient
de prendre l’initiative d’une déter
mination énergique, comminatoire,
et il est facile de prévoir qu’il ne
s’agit pas seulement aujourd’hui des
quais de Constantinople, des créances
litigieuses de Lorando et Turbini,
mais bien aussi de l’exécution d’en
gagements solennels que la diplo
matie ottomane, aussi cauteleuse
que celle du Céleste Empire, s’é
vertue à éluder.
Cette attitude de la France, sen
tinelle avancée du monde civilisé,
paraît avoir été approuvée par plu
sieurs nations contractantes, ce qui
impliquerait une entente tacite et il
ne s’est élevé, jusqu’à présent du
moins, aucune note sérieusement
discordante.
• •
Notre ministre des affaires étran
gères, interpellé à la Chambre,
après le départ des forces navales
pour une destination inconnue, a été
aussi explicite que le comportait la
situation; il ressort clairement de
ses déclarations que, si le Gouver
nement a l’intention bien arrêtée de
soutenir les droits financiers de ses
protégés, il a également la ferme
volonté de contribuer à faire res
pecter les capitulations et à imposer
à Abdul-Hamid la réalisation des ré
formes édictées par le traité de
Berlin.
La Chambre, dans un ordre du
jour qui accorde pleine confiance au
Ministère, voté par 305 voix éma
nant du grand parti républicain, a
approuvé l’envoi de la division cui
rassée dans les eaux turques ; elle a
écarté les distinctions subtiles, les li
mites étroites dans lesquelles l’oppo
sition prétendait l’enfermer et lui a
laissé une ample latitude pour faire
respecter oc les droits et l’honneur
de la France. »
Il est regrettable que les démo
crates dissidents aient voté contre
cet ordre du jour d’essence purement
nationale, n’ayant aucun rapport
avec leurs revendications ni avec la
question des grèves, objet de leur
ressentiment irréductible contre le
Cabinet.
Il n’est pas moins déplorable que
les deux députés de notre arrondis
sement se soient associés, dans la
circonstance, aux collectivistes pour
faire échec au Gouvernement, en
lui refusant leur concours : « Tous
« les députés de la Seine-Inférieure
« se sont abstenus, à l’exception de
« MM. Breton et Ricard qui ont
« voté pour. > (Ordre du jour Chas-
tenet et Rivet.)
* • •
Nos deux députés, émanation de
l’ancien cabinet Méline, n’ont qu’un
but : le renversement du Ministère
actuel ; ils n’ont jamais cessé de lui
reprocher avec leurs amis les natio
nalistes, d’essuyer, sans sourciller,
les affronts venant du dehors et ils
acceptent maintenant, d’un cœur
léger, les humiliations et les violen
ces du sultan rouge. Lorsqu’il s’agit
de démonstrations tendant à la
mettre à la raison, à lui faire res
pecter des conventions qui intéres
sent tous les Etats civilisés, ils ont
des scrupules, une prudence exces
sive et ils refusent leur confiance au
Ministère qu’ils accusaient de pusil
lanimité et qu’ils soupçonnent ac
tuellement d’être devenu trop belli
queux.
Le sultan rouge trouve une sau
vegarde dans le parti des nationa
listes français! C’est un défi à le
raison, le dernier échelon des insa
nités que peut atteindre l’égarement
des passions politiques. Fort heu
reusement leur étoile pâlit et ne
tardera pas à disparaître ; fort heu
reusement aussi, les vrais patriotes,
oubliant aux heures décisives, leurs
griefs, leurs divisions intestines,
continueront de soutenir tout gou
vernement démocratique qui saura
allier la prudence à la fermeté et
maintenir haut et ferme le drapeau
de la France.
SENEX.
FEDERATION RADICALE
de la Seine-Inférieure
La prochaine assemblée générale de
la Fédération aura lieu au Havre, salle
du café du Théâtre-Cirque, le dimanche
17 courant, à 3 heures de Vaprès-midi.
Ordre du jour : Lecture des procès -
verbaux. — Admission de nouveaux
adhérents. — Compte rendu des tra
vaux de la Fédération pendant le der
nier trimestre. — Rapport des sections
de Rouenj du Havre , de Neufchâtel et
d’Yvetot sur l’organisation locale et la
campagne électorale en vue des élec
tions législatives de 1902. — Organi
sation de conférences. — Causerie par
un membre du Comité exécutif.
LE SECRÉTAIRE.
LE BUDGET DE 1902
Le Rapport général de M. Merlou —
Dépenses et recettes — Les économies
réalisées — La suppression du budget
des cultes.
La discussion du budget de 1902
pourra commencer dans quelques
jours à la Chambre : les députés ont
reçu hier communication du rapport
général de M. Merlou.
Au début de son rapport, M. Mer
lou fait une comparaison entre le
budget de 1869 et celui de 1901 pour
répondre à cette critique que la Ré
publique est un régime de dépenses
excessives et injustifiées.
M. Merlou arrive à cette conclu
sion « que la République a géré plus
économiquement que les régimes an
térieurs le patrimoine de l’Etat,
qu’elle a d’ailleurs accru dans une
proportion considérable; qu’elle a
amélioré le sort de ceux ,qui se con
sacrent à son service, surtout des
plus humbles et des plus modestes,
qu’elle a fait l’effort le plus énergique
et le plus efficace pour donner au peu
ple ces deux choses essentielles, l’ins
truction et l’assistance ; qu’elle a en
fin consenti tous les sacrifices néces
saires pour maintenir la France à son
rang parmi les grandes nations, aussi
bien par la puissance de ses armées
que par l’éclat de ses sciences et de
ses arts ».
Mais le rapporteur général, après
avoir constaté que la France a des
ressources d’une puissance merveil
leuse, déclare qu’il faut songer aux
années difficiles :
Plus que jamais, dit-il, la plus
grande prudence s’impose dans la ges
tion des deniers publics : il importe
d’exercer un contrôle minutieux et
sévère sur les dépenses auxquelles
nous ne pouvons pas nous soustraire
et d’écarter impitoyablement toutes
celles qui ne se justifient pas. Il y va
de notre crédit, il y va de notre
avenir.
Examinant ensuite le budget du
prochain exercice, M. Merlou montre
combien les prévisions primitives se
sont modifiées depuis le dépôt du
projet du budget de 1902. Le gouver
nement a notamment demandé que le
service des garanties d’intérêts aux
Compagnies de chemin de fer fût re
levé de 18 millions en raison de la
diminution des recettes des Compa
gnies. Mais la Commission du budget
a opéré 18 millions d’économies, dont
23 millions provenant de la suppres
sion du budget des cultes.
Le rapporteur général déclare que
la séparation des Eglises et de l’Etat
est immédiatement réalisable.
Le Parlement, dit-il, a voté dans sa
dernière session la loi sur les associa
tions qui est la préface de la sépara
tion des Eglises et de l’Etat. 11 ap
partient maintenant au gouverne
ment de dénoncer le Concordat et au
Parlement d’élaborer une loi sur la
police des cultes et une loi réglant la
situation des personnes. Cette œuvre
n’est pas au-dessus des forces du Par
lement et la séparation des Eglises et
de l’Etat, inscrite dans le programme
de Gambetta, peut être accomplie
avant le l ,r janvier 1902, non par
simple suppression de crédit, mais
par voie législative.
La Commission avait donc le de
voir de traduire les effets de cette ré
forme dans les écritures budgétaires.
Sur les 42 millions affectés au budget
des cultes, elle a inscrit 19 millions
pour les dépenses nécessaires aux
charges que les conséquences de lâ
séparation des Eglises et de l’Etat
imposeront à ce dernier.
Le projet de budget de 1902 ainsi
établi par la Commission comporte
3,569,275,663 francs de dépenses que
la Commission déclare ramener à
3,525,275,063 francs par l’élimina
tion de 44 millions pour les garanties
d’intérêts inscrits à un compte spécial
auxquels on ferait face par l’émission
d’obligations à court terme.
Quant aux recettes, la Commission
les fixe à 3,533,045,582 francs.
Ce projet de budget comporterait
donc un excédent de recettes de
7,770,519 francs qui doit servir, dans
l’esprit de la Commission, à faire face
à de nouvelles dépenses pour le mi
nistère de la guerre.
LA MARINE MARCHANDE
La discussion du projet de loi sur
la marine marchande continue.
M. Antbime Ménard combat le
projet de loi. Avec la loi proposée,
dit-il, l'armateur aura toujours inté
rêt à s’adresser à un constructeur
étranger, à moins qu’il n’ait besoin
d’un voilier.
M. Allemane combat de son côté le
système des primes, dont il réclame
la suppression. Ce qu’il faudrait à
son avis, c’est que l’Etat n’allouât des
primes que dans le cas où le navire
acheté par l’armateur serait suscep
tible de rendre des services en temps
de guerre.
M. Allemane dépose une motion
tendant à établir un établissement
public de construction et de naviga
tion.
M. Mirman voudrait que la loi du
9 avril 1898 sur les accidents du tra
vail soit en principe appliquée aux
gens de mer, à la condition d’être re
maniée. La Commission de prévoyance
et d’assistance sociales a émis un vœu
dans ce sens.
M. Chastenet demande quelles se
ront les conséquences budgétaires du
projet de loi.
Le ministre des finances, M. Cail-
laux, explique qu’au point de vue
budgétaire, la loi de 1898 sur la ma
rine marchande est une des plus oné
reuses que la Chambre ait votées. Si
on n’arrêtait en ce moment le jeu de
cette loi, on passerait du chiffre de
25 millions au chiffre de 60 millions.
Et ceci pour tourner le dos à coût es
pèce de progrès, comme l’a indiqué le
ministre du commerce.
« L’effet de la loi, dit M. Caillaux,
sera en moyenne de 17 à 19 millions.
Cette charge serait cependant assez
considérable si elle ne devait se super
poser dans son intégralité à la charge
qui résulte actuellement de la loi de
1893.
« Certaines dispositions introduites
dans le projet de loi sont de nature à
réformer des abus qui méritent d’être
signalés à l’indignation de la Cham
bre. Deux amendements adoptés par
la commission mettent une limite aux
abus de la loi de 1893 ; le premier
est destiné à mettre un terme à l’in
dustrie de la cueillette des primes.
(Très bien ! très bien.) »
La discussion générale est close
après un discours de M. d’Agoult, et
le président met aux voix la motion
de M. Allemane, qui est repoussée
par 448 voix contre 109.
L’INCIDENT FRANCO-TURC
Constantinople, 5 novembre.
Aujourd’hui à midi il n’a encore
été fait aucune réponse par la Porte
aux notes de la France. Toutefois le
conseil des ministres a décidé de rem
bourser la créance Lorando par paie
ments mensuels de 25,000 livres, c’est-
à-dire sur la même base que l’arran
gement Tubini, bien qu’elle considère
comme douteux que la France accepte
maintenant une pareille solution.
Quand aux autres réclamations re
latives aux écoles et institutions de
bienfaisance, l’attitude actuelle, dans
les cercles officiels turcs, donne l’im
pression que la Porte hésitera à faire
des concessions générales.
Il importe pour cette question de
savoir l’attitude qu’adoptera la Rus
sie. On assure que l’ambassade de
Russie n’est pas défavorable à la Fran
ce, et aurait même conseillé à la Porte
de céder.
Dans les cercles diplomatiques, on
est généralement d’avis que la France
est complètement d’accord avec la
Russie, concernant ses réclamations,
au sujet desquelles une entente a déjà
été établie lors de l’entrevue de Com
pïègne.
Saint-Pétersbourg, 7 novembre.
La Novoïé Vrémia démontre qu’en
Orient la France et la Russie n’ont
nullement à craindre de se trouver en
conliit. Toutes les tentatives pour se
mer entre elles-même une ombre de
défiance sur ce terrain, échoueront
certainement.
Les Novosti observent que l’actuelle
action navale de la France ne cons
titue point un acte de guerre, mais
uniquement l’indispensable moyen
d’affermir son influence en Orient, et
de faire respecter ses droits.
Le Svet envisage l’action française
comme pouvant devenir le prélude de
graves événements et amener le réta
blissement de la croix orthodoxe sur
Sainte-Sophie.
La Rossia juge que la France rend
actuellement à l’Europe et à la Tur
quie elle-même un grand et double
service, en convainquant la Turquie
de l’inévitable nécessité où elle se
trouve de tenir enfin ses promesses,
et en dissipant cette croyance erronée
que l’Allemagne possède le pouvoir
de gouverner le monde.
La Gazette de la Bourse constate que
chaque sujet russe désire voir les
efforts actuels de la France aboutir à
une réelle garantie de l’immédiate
sécurité et du bien-être des chrétiens
de Turquie.
Le langage des petits journaux est
également approbatif de la conduite
de la France.
Tirnova, 7 novembre.
On mande de Constantinople, le 6
novembre :
Le gouvernement proposera le rè
glement de la créance Lorando par
mensualités de 25,000 livres turques
en délégation sur les douanes, à partir
du 1 er mars prochain.
M. Bapst a demandé à la Porte la
reconnaissance officielle, par écrit,
des écoles et institutions françaises en
Turquie, auxquelles le firman avait
été refusé jusqu’à ce jour.
Samedi 9 Novembre 1901.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
Organe du Parti Républicain Démocrau^ue
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure. par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction. ... Alft*cd Henri
LTmprimeur-Gérant.; . w . LE ROY
*
Prix des Insertions :
Annonces > 25 centimes la ligne
Réclames 50 >
On traite à forfait
LE
SULTAN ROUGE
L’Europe, profondément divisée et
préoccupée, avant tout, de ses in
térêts matériels, a assisté, sans in
tervenir autrement que par des
protestations platoniques, aux exé
crables massacres des Arméniens,
comme elle assiste aujourd’hui, im
passible, à l’égorgement d’un peuple
dont la résistance désespérée étonne
le monde entier.
Il reste encore des chrétiens à
exterminer en Asie-Mineure et le
sultan rouge débordé par le fana
tisme musulman, circonvenu par
les courtisans qui lui ferment les
yeux, ne peut arrêter le bras des
oppresseurs : de nouveaux massa
cres sont imminents, les capitula
tions, les traités sont foulés aux
pieds et les puissances rivales, dé
tournant encore leurs regards de ce
spectacle lamentable, se bornent à
surveiller leurs entreprises com
merciales, l’établissement de leur
chemin de fer de pénétration, leur
expansion sans fin et la prédomi
nance de leur influence respective.
Le Gouvernement français vient
de prendre l’initiative d’une déter
mination énergique, comminatoire,
et il est facile de prévoir qu’il ne
s’agit pas seulement aujourd’hui des
quais de Constantinople, des créances
litigieuses de Lorando et Turbini,
mais bien aussi de l’exécution d’en
gagements solennels que la diplo
matie ottomane, aussi cauteleuse
que celle du Céleste Empire, s’é
vertue à éluder.
Cette attitude de la France, sen
tinelle avancée du monde civilisé,
paraît avoir été approuvée par plu
sieurs nations contractantes, ce qui
impliquerait une entente tacite et il
ne s’est élevé, jusqu’à présent du
moins, aucune note sérieusement
discordante.
• •
Notre ministre des affaires étran
gères, interpellé à la Chambre,
après le départ des forces navales
pour une destination inconnue, a été
aussi explicite que le comportait la
situation; il ressort clairement de
ses déclarations que, si le Gouver
nement a l’intention bien arrêtée de
soutenir les droits financiers de ses
protégés, il a également la ferme
volonté de contribuer à faire res
pecter les capitulations et à imposer
à Abdul-Hamid la réalisation des ré
formes édictées par le traité de
Berlin.
La Chambre, dans un ordre du
jour qui accorde pleine confiance au
Ministère, voté par 305 voix éma
nant du grand parti républicain, a
approuvé l’envoi de la division cui
rassée dans les eaux turques ; elle a
écarté les distinctions subtiles, les li
mites étroites dans lesquelles l’oppo
sition prétendait l’enfermer et lui a
laissé une ample latitude pour faire
respecter oc les droits et l’honneur
de la France. »
Il est regrettable que les démo
crates dissidents aient voté contre
cet ordre du jour d’essence purement
nationale, n’ayant aucun rapport
avec leurs revendications ni avec la
question des grèves, objet de leur
ressentiment irréductible contre le
Cabinet.
Il n’est pas moins déplorable que
les deux députés de notre arrondis
sement se soient associés, dans la
circonstance, aux collectivistes pour
faire échec au Gouvernement, en
lui refusant leur concours : « Tous
« les députés de la Seine-Inférieure
« se sont abstenus, à l’exception de
« MM. Breton et Ricard qui ont
« voté pour. > (Ordre du jour Chas-
tenet et Rivet.)
* • •
Nos deux députés, émanation de
l’ancien cabinet Méline, n’ont qu’un
but : le renversement du Ministère
actuel ; ils n’ont jamais cessé de lui
reprocher avec leurs amis les natio
nalistes, d’essuyer, sans sourciller,
les affronts venant du dehors et ils
acceptent maintenant, d’un cœur
léger, les humiliations et les violen
ces du sultan rouge. Lorsqu’il s’agit
de démonstrations tendant à la
mettre à la raison, à lui faire res
pecter des conventions qui intéres
sent tous les Etats civilisés, ils ont
des scrupules, une prudence exces
sive et ils refusent leur confiance au
Ministère qu’ils accusaient de pusil
lanimité et qu’ils soupçonnent ac
tuellement d’être devenu trop belli
queux.
Le sultan rouge trouve une sau
vegarde dans le parti des nationa
listes français! C’est un défi à le
raison, le dernier échelon des insa
nités que peut atteindre l’égarement
des passions politiques. Fort heu
reusement leur étoile pâlit et ne
tardera pas à disparaître ; fort heu
reusement aussi, les vrais patriotes,
oubliant aux heures décisives, leurs
griefs, leurs divisions intestines,
continueront de soutenir tout gou
vernement démocratique qui saura
allier la prudence à la fermeté et
maintenir haut et ferme le drapeau
de la France.
SENEX.
FEDERATION RADICALE
de la Seine-Inférieure
La prochaine assemblée générale de
la Fédération aura lieu au Havre, salle
du café du Théâtre-Cirque, le dimanche
17 courant, à 3 heures de Vaprès-midi.
Ordre du jour : Lecture des procès -
verbaux. — Admission de nouveaux
adhérents. — Compte rendu des tra
vaux de la Fédération pendant le der
nier trimestre. — Rapport des sections
de Rouenj du Havre , de Neufchâtel et
d’Yvetot sur l’organisation locale et la
campagne électorale en vue des élec
tions législatives de 1902. — Organi
sation de conférences. — Causerie par
un membre du Comité exécutif.
LE SECRÉTAIRE.
LE BUDGET DE 1902
Le Rapport général de M. Merlou —
Dépenses et recettes — Les économies
réalisées — La suppression du budget
des cultes.
La discussion du budget de 1902
pourra commencer dans quelques
jours à la Chambre : les députés ont
reçu hier communication du rapport
général de M. Merlou.
Au début de son rapport, M. Mer
lou fait une comparaison entre le
budget de 1869 et celui de 1901 pour
répondre à cette critique que la Ré
publique est un régime de dépenses
excessives et injustifiées.
M. Merlou arrive à cette conclu
sion « que la République a géré plus
économiquement que les régimes an
térieurs le patrimoine de l’Etat,
qu’elle a d’ailleurs accru dans une
proportion considérable; qu’elle a
amélioré le sort de ceux ,qui se con
sacrent à son service, surtout des
plus humbles et des plus modestes,
qu’elle a fait l’effort le plus énergique
et le plus efficace pour donner au peu
ple ces deux choses essentielles, l’ins
truction et l’assistance ; qu’elle a en
fin consenti tous les sacrifices néces
saires pour maintenir la France à son
rang parmi les grandes nations, aussi
bien par la puissance de ses armées
que par l’éclat de ses sciences et de
ses arts ».
Mais le rapporteur général, après
avoir constaté que la France a des
ressources d’une puissance merveil
leuse, déclare qu’il faut songer aux
années difficiles :
Plus que jamais, dit-il, la plus
grande prudence s’impose dans la ges
tion des deniers publics : il importe
d’exercer un contrôle minutieux et
sévère sur les dépenses auxquelles
nous ne pouvons pas nous soustraire
et d’écarter impitoyablement toutes
celles qui ne se justifient pas. Il y va
de notre crédit, il y va de notre
avenir.
Examinant ensuite le budget du
prochain exercice, M. Merlou montre
combien les prévisions primitives se
sont modifiées depuis le dépôt du
projet du budget de 1902. Le gouver
nement a notamment demandé que le
service des garanties d’intérêts aux
Compagnies de chemin de fer fût re
levé de 18 millions en raison de la
diminution des recettes des Compa
gnies. Mais la Commission du budget
a opéré 18 millions d’économies, dont
23 millions provenant de la suppres
sion du budget des cultes.
Le rapporteur général déclare que
la séparation des Eglises et de l’Etat
est immédiatement réalisable.
Le Parlement, dit-il, a voté dans sa
dernière session la loi sur les associa
tions qui est la préface de la sépara
tion des Eglises et de l’Etat. 11 ap
partient maintenant au gouverne
ment de dénoncer le Concordat et au
Parlement d’élaborer une loi sur la
police des cultes et une loi réglant la
situation des personnes. Cette œuvre
n’est pas au-dessus des forces du Par
lement et la séparation des Eglises et
de l’Etat, inscrite dans le programme
de Gambetta, peut être accomplie
avant le l ,r janvier 1902, non par
simple suppression de crédit, mais
par voie législative.
La Commission avait donc le de
voir de traduire les effets de cette ré
forme dans les écritures budgétaires.
Sur les 42 millions affectés au budget
des cultes, elle a inscrit 19 millions
pour les dépenses nécessaires aux
charges que les conséquences de lâ
séparation des Eglises et de l’Etat
imposeront à ce dernier.
Le projet de budget de 1902 ainsi
établi par la Commission comporte
3,569,275,663 francs de dépenses que
la Commission déclare ramener à
3,525,275,063 francs par l’élimina
tion de 44 millions pour les garanties
d’intérêts inscrits à un compte spécial
auxquels on ferait face par l’émission
d’obligations à court terme.
Quant aux recettes, la Commission
les fixe à 3,533,045,582 francs.
Ce projet de budget comporterait
donc un excédent de recettes de
7,770,519 francs qui doit servir, dans
l’esprit de la Commission, à faire face
à de nouvelles dépenses pour le mi
nistère de la guerre.
LA MARINE MARCHANDE
La discussion du projet de loi sur
la marine marchande continue.
M. Antbime Ménard combat le
projet de loi. Avec la loi proposée,
dit-il, l'armateur aura toujours inté
rêt à s’adresser à un constructeur
étranger, à moins qu’il n’ait besoin
d’un voilier.
M. Allemane combat de son côté le
système des primes, dont il réclame
la suppression. Ce qu’il faudrait à
son avis, c’est que l’Etat n’allouât des
primes que dans le cas où le navire
acheté par l’armateur serait suscep
tible de rendre des services en temps
de guerre.
M. Allemane dépose une motion
tendant à établir un établissement
public de construction et de naviga
tion.
M. Mirman voudrait que la loi du
9 avril 1898 sur les accidents du tra
vail soit en principe appliquée aux
gens de mer, à la condition d’être re
maniée. La Commission de prévoyance
et d’assistance sociales a émis un vœu
dans ce sens.
M. Chastenet demande quelles se
ront les conséquences budgétaires du
projet de loi.
Le ministre des finances, M. Cail-
laux, explique qu’au point de vue
budgétaire, la loi de 1898 sur la ma
rine marchande est une des plus oné
reuses que la Chambre ait votées. Si
on n’arrêtait en ce moment le jeu de
cette loi, on passerait du chiffre de
25 millions au chiffre de 60 millions.
Et ceci pour tourner le dos à coût es
pèce de progrès, comme l’a indiqué le
ministre du commerce.
« L’effet de la loi, dit M. Caillaux,
sera en moyenne de 17 à 19 millions.
Cette charge serait cependant assez
considérable si elle ne devait se super
poser dans son intégralité à la charge
qui résulte actuellement de la loi de
1893.
« Certaines dispositions introduites
dans le projet de loi sont de nature à
réformer des abus qui méritent d’être
signalés à l’indignation de la Cham
bre. Deux amendements adoptés par
la commission mettent une limite aux
abus de la loi de 1893 ; le premier
est destiné à mettre un terme à l’in
dustrie de la cueillette des primes.
(Très bien ! très bien.) »
La discussion générale est close
après un discours de M. d’Agoult, et
le président met aux voix la motion
de M. Allemane, qui est repoussée
par 448 voix contre 109.
L’INCIDENT FRANCO-TURC
Constantinople, 5 novembre.
Aujourd’hui à midi il n’a encore
été fait aucune réponse par la Porte
aux notes de la France. Toutefois le
conseil des ministres a décidé de rem
bourser la créance Lorando par paie
ments mensuels de 25,000 livres, c’est-
à-dire sur la même base que l’arran
gement Tubini, bien qu’elle considère
comme douteux que la France accepte
maintenant une pareille solution.
Quand aux autres réclamations re
latives aux écoles et institutions de
bienfaisance, l’attitude actuelle, dans
les cercles officiels turcs, donne l’im
pression que la Porte hésitera à faire
des concessions générales.
Il importe pour cette question de
savoir l’attitude qu’adoptera la Rus
sie. On assure que l’ambassade de
Russie n’est pas défavorable à la Fran
ce, et aurait même conseillé à la Porte
de céder.
Dans les cercles diplomatiques, on
est généralement d’avis que la France
est complètement d’accord avec la
Russie, concernant ses réclamations,
au sujet desquelles une entente a déjà
été établie lors de l’entrevue de Com
pïègne.
Saint-Pétersbourg, 7 novembre.
La Novoïé Vrémia démontre qu’en
Orient la France et la Russie n’ont
nullement à craindre de se trouver en
conliit. Toutes les tentatives pour se
mer entre elles-même une ombre de
défiance sur ce terrain, échoueront
certainement.
Les Novosti observent que l’actuelle
action navale de la France ne cons
titue point un acte de guerre, mais
uniquement l’indispensable moyen
d’affermir son influence en Orient, et
de faire respecter ses droits.
Le Svet envisage l’action française
comme pouvant devenir le prélude de
graves événements et amener le réta
blissement de la croix orthodoxe sur
Sainte-Sophie.
La Rossia juge que la France rend
actuellement à l’Europe et à la Tur
quie elle-même un grand et double
service, en convainquant la Turquie
de l’inévitable nécessité où elle se
trouve de tenir enfin ses promesses,
et en dissipant cette croyance erronée
que l’Allemagne possède le pouvoir
de gouverner le monde.
La Gazette de la Bourse constate que
chaque sujet russe désire voir les
efforts actuels de la France aboutir à
une réelle garantie de l’immédiate
sécurité et du bien-être des chrétiens
de Turquie.
Le langage des petits journaux est
également approbatif de la conduite
de la France.
Tirnova, 7 novembre.
On mande de Constantinople, le 6
novembre :
Le gouvernement proposera le rè
glement de la créance Lorando par
mensualités de 25,000 livres turques
en délégation sur les douanes, à partir
du 1 er mars prochain.
M. Bapst a demandé à la Porte la
reconnaissance officielle, par écrit,
des écoles et institutions françaises en
Turquie, auxquelles le firman avait
été refusé jusqu’à ce jour.
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