Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1900-08-04
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 04 août 1900 04 août 1900
Description : 1900/08/04 (N223). 1900/08/04 (N223).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263422m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
5 e Année — N° 223.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi l Aoât 1900.
Organe du Parti Républicain Démocratique
ruam-vlitiai'iw n
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements.... » 4 fr.
—
m
ADMINISTRATION ET
RÉDACTION
I
=
I
15, RUE CJ^SIISÆXFL
-PÉRIER,
1 5
É5
Er
ü
m
Secrétaire de la Rédaction
Alfred HENRI
|
L’Imprimeur-Gérant
E. LE ROY
ses
fDÉPO/Æ
UH: -y ?
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne r -
Réclames 50 »
On traite à forfait
Mœurs Chinoises
Les graves événements qui se
passent en Extrême-Orient, donnent
un intérêt de circonstance à l’étude
de certaines particularités relatives
aux moeurs et aux coutumes de
l’Empire du Milieu.
La partie la plus curieuse en est,
au dire de tous les voyageurs ayant
parcouru ces contrées lointaines, le
Thibet.
Au Thibet, le Dalaï-Lama est roi
et pontife tout à la fois.
Toutefois, ce Dalaï-Lama est en
réalité un fonctionnaire chinois, car
c’est l’empereur de Chine qui lui
donne l’investiture.
La résidence du Dalaï-Lama est
Lhassa. Au nord de la ville s’élève
la montagne de Bouddha ; c’est sur
cette hauteur qu’est le palais du
souverain.
Les jours de grande cérémonie re
ligieuse, une foule innombrable, ve
nue de tous les points de TAsie,
vient apporter ses hommages au
Dalaï-Lama, représentant de Boud
dha.
Les Orientaux bouddhistes péle-
rinent à Lhassa comme les catho
liques occidentaux le font à Rome.
Pour se rendre compte de l’impor
tance des pèlerinages bouddhiques,
on peut, sans parler de la foule, se
baser sur la présence de plus de la
moitié des membres du clergé, et ce
dernier comprend environ cent
mille lamas on bonzes.
Il y a au Thibet, plus de 3,000
couvents. Quelle pige à nos congré
gations !
Ajoutons que Bouddha a, lui aussi,
scs moines baladeurs.
Les lamas de là-bas vont droit
devant eux sans but déterminé. Ils
parcourent indifféremment toutes
les contrées formant le vaste em
pire chinois et mendient comme de
vulgaires capucins.
Puisque nous venons de parler des
pèlerinages, il en est de fort curieux
et qui méritent d’être signalés.
Nous avons, ici, à la frontière de
France, dans le grand duché de
Luxembourg, la fameuse procession
dansante oh tous les fidèles exécutent
une gigue tout à fait réjouissante en
se rendant à la chapelle. Ils font, en
sautillant, deux pas en avant et un
en arrière. On croirait tous les pè
lerins atteints de la danse de Saint-
Guy.
Au Thibet, ils tournent en longue
file indienne autour des bronzeries,
se prosternant à chaque pas, les
mains jointes, le corps allongé sur
le ventre, le front dans la poussière
ou dans la boue. Qu’il pleuve, qu’il
vente ou qu’il neige, la prosternation
est de rigueur. Et cela dure pen
dant une longue journée.
Ceux qui ne peuvent pas s’allon
ger ont le droit de remplacerTexer-
cice du ventre-à-terre par la charge j
sur les épaules d’une lourde série de
livres de Dévotion.
Us commencent à l’aurore et sont
fourbus au crépuscule, mais Boud
dha considère qu’ils ont débité
toutes les prières contenues dans
lés livres de poids dont ils ont été
accablés pendant 12 ou 14 heures.
Il existe là-bas, comme ici, des
dévots roublards. Il en est qui ont
imaginé de se servir d’un moulin à
prières qu’ils secouent comme un
cri-cri. Il y a des prières écrites
sur ce tourniquet, appelé dans la
contrée Rchu-Kor ; chaque, tour
équivaut à une prière dite.
Un inventeur a même trouvé le
moulinet hydraulique. On expose le
tourniquet au courant d’une onde
pure et, sans douleur, on obtient ainsi
ses cinquante prières à l’heure en
moyenne.
Enfin, il existe encore une autre
mécanique à prières dont le système
consiste à mettre un tonneau en
mouvement, en ie faisant tourner,
il roule des prières, c’est tout à fait
ingénieux.
En payant un boy à l’heure pour
faire mouvoir le tonneau à prières,
on obtient les mêmes effets auprès
de Bouddha, qu’on en obtient de
Dieu, chez nous, quand on fait dire
des messes non pas à l’heure, mais
à la pièce, par les lamas de nos
bonzeries catholiques.
Un mot consacré aux supplices en
Chine, trouve ici une place d’autant
plus indiquée, que c’est peut être un
triste chapitre d'actualité que nous
allons écrire.
En Corée et dans la plupart des
pays soumis à la domination chi
noise, la torture existe encore, bien
qu’elle ait, depuis le siècle dernier,
suivi des atténuations très appré
ciables.
Au point de vue des supplices, les
Chinois n’ont pas suivi les progrès
réalisés par les peuples d’Occident.
On en est encore en Extrême-
Orient à des tortures presqu’aussi
cruelles que celles qu’avaient mises
en honneur dans la vieille Europe,
les prêtres de la Sainte-Inquisition.
À ce point de vue, la civilisation
importée là-bas par les missionnaires
n’a pas amélioré les Asiatiques
orientaux. Et pourtant, on a cer
tainement négligé de traduire aux
Chinois l’histoire de notre Eglise et
les supplices variés inventés par
l’esprit subtil des moines et des ec
clésiastiques des siècles derniers.
Uhe pareille lecture n’aurait pu
que stimuler l’imagination déjà
beaucoup trop fertile, des célestes,
sur ces matières.
Il nous reste à souhaiter du fond
du cœur que nos malheureux; com
patriotes en ce moment en Chine,
ne soient pas les victimes des abo
minables cruautés de ce peuple si
pacifique en temps ordinaire, mais
qui devient féroce sous les excita
tions de ses bonzes et dé ses natio
nalistes.
UN VŒU
Dans sa séance du 11 juillet, le
Conseil municipal d’Issoudun a adopté
à l’unanimité un vœu demandant la
séparation de l'Eglise de l'Etat, la
suppression du budget des cultes et le
retour aux communes des biens de
main-morte, le bénéfice de ces réfor
mes devant être employé à la création
de caisses de retraites pour les vieil
lards.
ONE ÉLECTION RÉPUBLICAINE
donné à M. Sarcirpn, malgré le gros
appoint à lui fourni par ses partisans
d’Aubusson, M. Renard a été élu,
battant son concurrent de 60 voix.
C’est une recrue excellente et sûre
pour le parti radical et une belle élec
tion républicaine.
A propos de la récente élection sé
natoriale de la Creuse, qui donna la
victoire au candidat radical. M. Re
nard élu par 321 voix contre 266 à
M. Sarciron, et 46 à un troisième
concurrent, M. Mazeron. Les inci
dents qui ont marqué cette élection
méritent d’être mis en lumière.
M. Sarciron, maire d’Aubusson,
était, dans l’élection sénatoriale du
29 juillet, le candidat dit de concen
tration, ou plutôt de compromission
républicaine. Aux dernières élections
municipales, il avait eu soin d’intro
duire dans sa liste des ralliés avérés
et de laisser trois places libres pour
MM. Clément, SaUandrouze et Jor-
rand, trois réactionnaires.
A l’élection sénatoriale, M. Sarci-
ron était le candidat des cléricaux,
qui lui avaient imposé de demander
le départ du préfet s’il était élu et de
faire sa campagne sur le dos dudit
préfet, ce à quoi il n’a pas manqué.
M. Mazeron, maire d’Auzances,
est républicain, mais il redoute de se
mettre à dos les curés, dont quelques-
uns entrent dans sa clientèle de mé
decin ; il avait une proposition de
foi très républicaine, mais fort mala
droitement soutenue.
La profusion de foi la plus courte,
la plus carrée, était celle de M. Re
nard, le troisième candidat. M. Re
nard est cultivateur et négociant en
vins. Il a toujours été républicain et
a toujours lutté contre les candidats
ou les élus qui n’étaient pas radi
caux.
C'est vers celui-ci que les électeurs
ont été.
Il n’a jamais fait doute que M. Sar
ciron, l’homme des cléricaux, serait
battu ; mais, dans les commencements
de l’élection, on pouvait croire que
M. Mazeron, qui avait déjà été can
didat, serait élu, c’est-à-dire qu’il
arriverait premier et que les voix de
M. Renard se reporteraient sur lui.
Dans les derniers jours de l’élection
tout était retourné, et l’élection de
M. Renard était assurée. M. Mazeron
cédant aux influences cléricales, lâ
chait la préfecture et ne faisait plus
de déclarations précises relativement
à la séparation des Eglises et de
l’Etat et de la reprise par l’Etat des
biens des congrégations. Au contraire,
M. Renard, principal point de mire
des cléricaux, restait inébranlable,
maintenait la nécessité de détruire les
éléments d’opposition, d’accord avec
le ministère, pour lequel il se décla
rait carrément, proclamait la néces
site de séparer l’Eglise de l’Etat et
de supprimer toutes les congrégations
religieuses ; enfin, il approiivait la po
litique radicale suivie par le préfet de
la Creuse, M. Edgar Monteil et de
mandait l’impôt progressif et global
sur le revçhu et là réduction du ser
vice militaire.
Malgré l'appoint des cléricàüX
LES DROITS DE L’HOMME
Dans sa dernière séance, le Conseil
municipal de Lyon vient d’émettre
un vœu ainsi conçu :
« Le Conseil municipal,
« Considérant qu’aux termes de la
loi du 28 mars 1882, l’enseignement
primaire comprend en première ligne
l’instruction morale et civique;
« Considérant que l’étude de la
déclaration des droits de l'homme et
du citoyen doit former la base de l’en
seignement civique dans notre démo
cratie ;
ce Que l’unité morale de la nation,
si précieuse pour la prospérité du
pays, ne peut être réalisée que par
l'adhésion de tous les Français aux
principes immortels proclamés par les
grands révolutionnaires de 1789;
« Emet le vœu :
« Qu’à l’examen pour l’obtention
du certificat d’études primaires, tous
les candidats soient obligatoirement
interrogés sur la déclaration des Droits
de l’Homme et du citoyen, et prie le
gouvernement de vouloir bien pren
dre des dispositions réglementaires
en ce sens ».
UN SCANDALE
Plaintes graves. — La fleur du
nationalisme. — On enquête
On s’entretenait beaucoup, avant-
hier spir, au Palais, d’une affaire qui,
si elle n’est pas étouffée, est appelée
à faire un certain tapage.
Il s’agit de plaintes déposées par
plusieurs actionnaires d'une impor
tante société industrielle contre les
administrateurs de cette société.
Il y aurait, d’après ce qu’on affirme,
une série d’actes des plus graves dont
les administrateurs se seraient rendus
coupables.
Ce qui ajoute encore au scandale,
c’est que trois des administrateurs
mis en cause sont des personnalités
très remuantes du parti nationaliste ;
l’uue d’elles appartiendrait au monde
politique.
11 paraît que le sabre et le gou
pillon se sont démenés pour empê
cher le scandale d’éclater, mais mal
gré tout les plaintes ont été envoyées ;
elles sont en ce moment au Parquet,
et un commissaire aux délégations
procède à une enquête préliminaire.
CONTRE
L’INST RUCTION LAÏQUE
Ce n’est pas seulement à Paris que
léà nationalistes's’efforcent de désor
ganiser l'œuvre républicaine de l’in
struction laïque. Les jésuites et les
assomptionnistes, qui ont payé dans
toute la France les frais des électeurs
hationalistes, savent très,bien ce qu’ils
font en demandant à leurs élus de
frapper ,de ce coté.
Voici, entre mille, deux exemples
rémarquables de la lutte, entreprise
contre l’instruction laïque. Ils se
passent tous deux dans le sud-ouest
ae la France.
A Saint-Jean-Pied-de-Port, où la
municipalité est nationaliste et réac
tionnaire, le crédit affecté à la Caisse
des écoles a été diminué de trente
francs. En revanche, une somme de
soixante-cinq a été attribuée aux
écoles des frères.
A Dax, dans la dernière séance du
Conseil municipal, présidée par le
maire, M. Théodore Denis, député
clérical et antisémite des Landes, la
manifestation contre les écoles laïques
de la ville a été plus caractéristique
encore.
Après avoir bien voulu décider
d’accorder au professeur de l’école de
dessin le tableau noir qu’il réclamait,
l'assemblée communale a carrément
refusé la boîte de craie qui aurait
permis à ce fonctionnaire d’utiliser le
dit tableau noir !
Mais voici qui est plus grave. Le
même Conseil municipal a cru devoir
réduire de 4,000 à 3,000 francs le
crédit annuel pour les fournitures
classiques aux élèves des écoles
laïques.
11 a, en outre, réduit de 1,150 fr.
à 1,000 francs le crédit annuel pour
les livres de prix destinés aux élèves
des mêmes écoles.
Enfin, il a supprimé deux de trois
cours d’adultes qui existaient dans les
divers quartiers de Dax, bien que le
nombre des élèves de ces cours eût
triplé.
Il convient de constater également
qu’un projet d’emprunt de 180,000
francs a été ajourné encore une fois
par le Maire, M. Théodore Denis. Cet
emprunt devait être principalement
affecté à la construction d’une école
laïque.
Tout cela n’est-il pas très édifiant 1
VICTOR-EMMANUEL III
Le nouveau roi est le fils aîné
d’Humbert 1 er , le prince de Naples,
qui vient d’être officiellement procla
mé roi d’Italie sous le nom de Victor-
Emmanuel 111. Il est né à Naples le
11 novembre 1869, il s’est marié le
24 octobre 1896 avec la princesse
Hélène de Monténégro, dont il n’a
pas eu d’enfants jusqu’ici.
L’héritier présomptif de la couronne
se trouve donc être actuellement le
fils aîné du deuxième ffils de Victor-
ti.
Emmanuel II, Amédée, duc d’Aoste,
né en 1869 et qui a épousé en 1895
la princesse Hélène, fille du comte de
Taris.
Tous ceux qui ont connu le nou
veau roi d’Italie le représentent com
me un esprit très ferme et très résolu.
Son père, avec qui il ne vécut pas
toujours en bonne intelligence, lui
avait fait donner la solide éducation
militaire qu’il avait reçue lui-même.
Il fut appelé d’abord à commander la,
garnison de Naples, puis la division
de Florence.
On se rappelle que c’est de ce der
nier poste qu’il accourut au Quirinal*
à la nouvelle du désastre d’Adoua,
pour supplier son père de renvoyer
M. Crispi, auquel il reprochait de
mener le pays à sa perte. Le roi Hum
bert infligea à son fils vingt-quatre
heures d’arrêts pour avoir quitté son
poste sans permission. Mais M. Crispi,
fut renvoyé.
Il doit à la reine ,Marguerite, .sa>
mère, une éducation accomplie^ très
affinée et très éclairée. Il parle par
faitement le ; français,;.;l’anglais efei.
l’allemand et est très épips des choses
d’art et de littérature.
/
I
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi l Aoât 1900.
Organe du Parti Républicain Démocratique
ruam-vlitiai'iw n
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements.... » 4 fr.
—
m
ADMINISTRATION ET
RÉDACTION
I
=
I
15, RUE CJ^SIISÆXFL
-PÉRIER,
1 5
É5
Er
ü
m
Secrétaire de la Rédaction
Alfred HENRI
|
L’Imprimeur-Gérant
E. LE ROY
ses
fDÉPO/Æ
UH: -y ?
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne r -
Réclames 50 »
On traite à forfait
Mœurs Chinoises
Les graves événements qui se
passent en Extrême-Orient, donnent
un intérêt de circonstance à l’étude
de certaines particularités relatives
aux moeurs et aux coutumes de
l’Empire du Milieu.
La partie la plus curieuse en est,
au dire de tous les voyageurs ayant
parcouru ces contrées lointaines, le
Thibet.
Au Thibet, le Dalaï-Lama est roi
et pontife tout à la fois.
Toutefois, ce Dalaï-Lama est en
réalité un fonctionnaire chinois, car
c’est l’empereur de Chine qui lui
donne l’investiture.
La résidence du Dalaï-Lama est
Lhassa. Au nord de la ville s’élève
la montagne de Bouddha ; c’est sur
cette hauteur qu’est le palais du
souverain.
Les jours de grande cérémonie re
ligieuse, une foule innombrable, ve
nue de tous les points de TAsie,
vient apporter ses hommages au
Dalaï-Lama, représentant de Boud
dha.
Les Orientaux bouddhistes péle-
rinent à Lhassa comme les catho
liques occidentaux le font à Rome.
Pour se rendre compte de l’impor
tance des pèlerinages bouddhiques,
on peut, sans parler de la foule, se
baser sur la présence de plus de la
moitié des membres du clergé, et ce
dernier comprend environ cent
mille lamas on bonzes.
Il y a au Thibet, plus de 3,000
couvents. Quelle pige à nos congré
gations !
Ajoutons que Bouddha a, lui aussi,
scs moines baladeurs.
Les lamas de là-bas vont droit
devant eux sans but déterminé. Ils
parcourent indifféremment toutes
les contrées formant le vaste em
pire chinois et mendient comme de
vulgaires capucins.
Puisque nous venons de parler des
pèlerinages, il en est de fort curieux
et qui méritent d’être signalés.
Nous avons, ici, à la frontière de
France, dans le grand duché de
Luxembourg, la fameuse procession
dansante oh tous les fidèles exécutent
une gigue tout à fait réjouissante en
se rendant à la chapelle. Ils font, en
sautillant, deux pas en avant et un
en arrière. On croirait tous les pè
lerins atteints de la danse de Saint-
Guy.
Au Thibet, ils tournent en longue
file indienne autour des bronzeries,
se prosternant à chaque pas, les
mains jointes, le corps allongé sur
le ventre, le front dans la poussière
ou dans la boue. Qu’il pleuve, qu’il
vente ou qu’il neige, la prosternation
est de rigueur. Et cela dure pen
dant une longue journée.
Ceux qui ne peuvent pas s’allon
ger ont le droit de remplacerTexer-
cice du ventre-à-terre par la charge j
sur les épaules d’une lourde série de
livres de Dévotion.
Us commencent à l’aurore et sont
fourbus au crépuscule, mais Boud
dha considère qu’ils ont débité
toutes les prières contenues dans
lés livres de poids dont ils ont été
accablés pendant 12 ou 14 heures.
Il existe là-bas, comme ici, des
dévots roublards. Il en est qui ont
imaginé de se servir d’un moulin à
prières qu’ils secouent comme un
cri-cri. Il y a des prières écrites
sur ce tourniquet, appelé dans la
contrée Rchu-Kor ; chaque, tour
équivaut à une prière dite.
Un inventeur a même trouvé le
moulinet hydraulique. On expose le
tourniquet au courant d’une onde
pure et, sans douleur, on obtient ainsi
ses cinquante prières à l’heure en
moyenne.
Enfin, il existe encore une autre
mécanique à prières dont le système
consiste à mettre un tonneau en
mouvement, en ie faisant tourner,
il roule des prières, c’est tout à fait
ingénieux.
En payant un boy à l’heure pour
faire mouvoir le tonneau à prières,
on obtient les mêmes effets auprès
de Bouddha, qu’on en obtient de
Dieu, chez nous, quand on fait dire
des messes non pas à l’heure, mais
à la pièce, par les lamas de nos
bonzeries catholiques.
Un mot consacré aux supplices en
Chine, trouve ici une place d’autant
plus indiquée, que c’est peut être un
triste chapitre d'actualité que nous
allons écrire.
En Corée et dans la plupart des
pays soumis à la domination chi
noise, la torture existe encore, bien
qu’elle ait, depuis le siècle dernier,
suivi des atténuations très appré
ciables.
Au point de vue des supplices, les
Chinois n’ont pas suivi les progrès
réalisés par les peuples d’Occident.
On en est encore en Extrême-
Orient à des tortures presqu’aussi
cruelles que celles qu’avaient mises
en honneur dans la vieille Europe,
les prêtres de la Sainte-Inquisition.
À ce point de vue, la civilisation
importée là-bas par les missionnaires
n’a pas amélioré les Asiatiques
orientaux. Et pourtant, on a cer
tainement négligé de traduire aux
Chinois l’histoire de notre Eglise et
les supplices variés inventés par
l’esprit subtil des moines et des ec
clésiastiques des siècles derniers.
Uhe pareille lecture n’aurait pu
que stimuler l’imagination déjà
beaucoup trop fertile, des célestes,
sur ces matières.
Il nous reste à souhaiter du fond
du cœur que nos malheureux; com
patriotes en ce moment en Chine,
ne soient pas les victimes des abo
minables cruautés de ce peuple si
pacifique en temps ordinaire, mais
qui devient féroce sous les excita
tions de ses bonzes et dé ses natio
nalistes.
UN VŒU
Dans sa séance du 11 juillet, le
Conseil municipal d’Issoudun a adopté
à l’unanimité un vœu demandant la
séparation de l'Eglise de l'Etat, la
suppression du budget des cultes et le
retour aux communes des biens de
main-morte, le bénéfice de ces réfor
mes devant être employé à la création
de caisses de retraites pour les vieil
lards.
ONE ÉLECTION RÉPUBLICAINE
donné à M. Sarcirpn, malgré le gros
appoint à lui fourni par ses partisans
d’Aubusson, M. Renard a été élu,
battant son concurrent de 60 voix.
C’est une recrue excellente et sûre
pour le parti radical et une belle élec
tion républicaine.
A propos de la récente élection sé
natoriale de la Creuse, qui donna la
victoire au candidat radical. M. Re
nard élu par 321 voix contre 266 à
M. Sarciron, et 46 à un troisième
concurrent, M. Mazeron. Les inci
dents qui ont marqué cette élection
méritent d’être mis en lumière.
M. Sarciron, maire d’Aubusson,
était, dans l’élection sénatoriale du
29 juillet, le candidat dit de concen
tration, ou plutôt de compromission
républicaine. Aux dernières élections
municipales, il avait eu soin d’intro
duire dans sa liste des ralliés avérés
et de laisser trois places libres pour
MM. Clément, SaUandrouze et Jor-
rand, trois réactionnaires.
A l’élection sénatoriale, M. Sarci-
ron était le candidat des cléricaux,
qui lui avaient imposé de demander
le départ du préfet s’il était élu et de
faire sa campagne sur le dos dudit
préfet, ce à quoi il n’a pas manqué.
M. Mazeron, maire d’Auzances,
est républicain, mais il redoute de se
mettre à dos les curés, dont quelques-
uns entrent dans sa clientèle de mé
decin ; il avait une proposition de
foi très républicaine, mais fort mala
droitement soutenue.
La profusion de foi la plus courte,
la plus carrée, était celle de M. Re
nard, le troisième candidat. M. Re
nard est cultivateur et négociant en
vins. Il a toujours été républicain et
a toujours lutté contre les candidats
ou les élus qui n’étaient pas radi
caux.
C'est vers celui-ci que les électeurs
ont été.
Il n’a jamais fait doute que M. Sar
ciron, l’homme des cléricaux, serait
battu ; mais, dans les commencements
de l’élection, on pouvait croire que
M. Mazeron, qui avait déjà été can
didat, serait élu, c’est-à-dire qu’il
arriverait premier et que les voix de
M. Renard se reporteraient sur lui.
Dans les derniers jours de l’élection
tout était retourné, et l’élection de
M. Renard était assurée. M. Mazeron
cédant aux influences cléricales, lâ
chait la préfecture et ne faisait plus
de déclarations précises relativement
à la séparation des Eglises et de
l’Etat et de la reprise par l’Etat des
biens des congrégations. Au contraire,
M. Renard, principal point de mire
des cléricaux, restait inébranlable,
maintenait la nécessité de détruire les
éléments d’opposition, d’accord avec
le ministère, pour lequel il se décla
rait carrément, proclamait la néces
site de séparer l’Eglise de l’Etat et
de supprimer toutes les congrégations
religieuses ; enfin, il approiivait la po
litique radicale suivie par le préfet de
la Creuse, M. Edgar Monteil et de
mandait l’impôt progressif et global
sur le revçhu et là réduction du ser
vice militaire.
Malgré l'appoint des cléricàüX
LES DROITS DE L’HOMME
Dans sa dernière séance, le Conseil
municipal de Lyon vient d’émettre
un vœu ainsi conçu :
« Le Conseil municipal,
« Considérant qu’aux termes de la
loi du 28 mars 1882, l’enseignement
primaire comprend en première ligne
l’instruction morale et civique;
« Considérant que l’étude de la
déclaration des droits de l'homme et
du citoyen doit former la base de l’en
seignement civique dans notre démo
cratie ;
ce Que l’unité morale de la nation,
si précieuse pour la prospérité du
pays, ne peut être réalisée que par
l'adhésion de tous les Français aux
principes immortels proclamés par les
grands révolutionnaires de 1789;
« Emet le vœu :
« Qu’à l’examen pour l’obtention
du certificat d’études primaires, tous
les candidats soient obligatoirement
interrogés sur la déclaration des Droits
de l’Homme et du citoyen, et prie le
gouvernement de vouloir bien pren
dre des dispositions réglementaires
en ce sens ».
UN SCANDALE
Plaintes graves. — La fleur du
nationalisme. — On enquête
On s’entretenait beaucoup, avant-
hier spir, au Palais, d’une affaire qui,
si elle n’est pas étouffée, est appelée
à faire un certain tapage.
Il s’agit de plaintes déposées par
plusieurs actionnaires d'une impor
tante société industrielle contre les
administrateurs de cette société.
Il y aurait, d’après ce qu’on affirme,
une série d’actes des plus graves dont
les administrateurs se seraient rendus
coupables.
Ce qui ajoute encore au scandale,
c’est que trois des administrateurs
mis en cause sont des personnalités
très remuantes du parti nationaliste ;
l’uue d’elles appartiendrait au monde
politique.
11 paraît que le sabre et le gou
pillon se sont démenés pour empê
cher le scandale d’éclater, mais mal
gré tout les plaintes ont été envoyées ;
elles sont en ce moment au Parquet,
et un commissaire aux délégations
procède à une enquête préliminaire.
CONTRE
L’INST RUCTION LAÏQUE
Ce n’est pas seulement à Paris que
léà nationalistes's’efforcent de désor
ganiser l'œuvre républicaine de l’in
struction laïque. Les jésuites et les
assomptionnistes, qui ont payé dans
toute la France les frais des électeurs
hationalistes, savent très,bien ce qu’ils
font en demandant à leurs élus de
frapper ,de ce coté.
Voici, entre mille, deux exemples
rémarquables de la lutte, entreprise
contre l’instruction laïque. Ils se
passent tous deux dans le sud-ouest
ae la France.
A Saint-Jean-Pied-de-Port, où la
municipalité est nationaliste et réac
tionnaire, le crédit affecté à la Caisse
des écoles a été diminué de trente
francs. En revanche, une somme de
soixante-cinq a été attribuée aux
écoles des frères.
A Dax, dans la dernière séance du
Conseil municipal, présidée par le
maire, M. Théodore Denis, député
clérical et antisémite des Landes, la
manifestation contre les écoles laïques
de la ville a été plus caractéristique
encore.
Après avoir bien voulu décider
d’accorder au professeur de l’école de
dessin le tableau noir qu’il réclamait,
l'assemblée communale a carrément
refusé la boîte de craie qui aurait
permis à ce fonctionnaire d’utiliser le
dit tableau noir !
Mais voici qui est plus grave. Le
même Conseil municipal a cru devoir
réduire de 4,000 à 3,000 francs le
crédit annuel pour les fournitures
classiques aux élèves des écoles
laïques.
11 a, en outre, réduit de 1,150 fr.
à 1,000 francs le crédit annuel pour
les livres de prix destinés aux élèves
des mêmes écoles.
Enfin, il a supprimé deux de trois
cours d’adultes qui existaient dans les
divers quartiers de Dax, bien que le
nombre des élèves de ces cours eût
triplé.
Il convient de constater également
qu’un projet d’emprunt de 180,000
francs a été ajourné encore une fois
par le Maire, M. Théodore Denis. Cet
emprunt devait être principalement
affecté à la construction d’une école
laïque.
Tout cela n’est-il pas très édifiant 1
VICTOR-EMMANUEL III
Le nouveau roi est le fils aîné
d’Humbert 1 er , le prince de Naples,
qui vient d’être officiellement procla
mé roi d’Italie sous le nom de Victor-
Emmanuel 111. Il est né à Naples le
11 novembre 1869, il s’est marié le
24 octobre 1896 avec la princesse
Hélène de Monténégro, dont il n’a
pas eu d’enfants jusqu’ici.
L’héritier présomptif de la couronne
se trouve donc être actuellement le
fils aîné du deuxième ffils de Victor-
ti.
Emmanuel II, Amédée, duc d’Aoste,
né en 1869 et qui a épousé en 1895
la princesse Hélène, fille du comte de
Taris.
Tous ceux qui ont connu le nou
veau roi d’Italie le représentent com
me un esprit très ferme et très résolu.
Son père, avec qui il ne vécut pas
toujours en bonne intelligence, lui
avait fait donner la solide éducation
militaire qu’il avait reçue lui-même.
Il fut appelé d’abord à commander la,
garnison de Naples, puis la division
de Florence.
On se rappelle que c’est de ce der
nier poste qu’il accourut au Quirinal*
à la nouvelle du désastre d’Adoua,
pour supplier son père de renvoyer
M. Crispi, auquel il reprochait de
mener le pays à sa perte. Le roi Hum
bert infligea à son fils vingt-quatre
heures d’arrêts pour avoir quitté son
poste sans permission. Mais M. Crispi,
fut renvoyé.
Il doit à la reine ,Marguerite, .sa>
mère, une éducation accomplie^ très
affinée et très éclairée. Il parle par
faitement le ; français,;.;l’anglais efei.
l’allemand et est très épips des choses
d’art et de littérature.
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