Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1900-08-11
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 11 août 1900 11 août 1900
Description : 1900/08/11 (N224). 1900/08/11 (N224).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32634231
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
Samedi 11 Août 1990.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure ... ^. .par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, HUE CASIMIK-PÉS.IER, 15
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred HENRI
L’Imprimeur-Gérant ff. île r©y
Annonces 25 centimes la ligné
Réclames • 50 »
On traite à. forfait
I
A NOS LECTEURS Noailles propose, pour supprimer
‘les causes du désordre, l’abolition
I des corvées et main-morte, l’éera-
Nous commençons aujourd’hui la . lité de tous devant pi mp ôt
publication d’un article chronologique Le duc d ’Aiguill 0n fait une motion
sur le mois d'août , que nous recom- j semblable, et la salle retentit d’ap-
mandons à nos lecteurs. plaudissements. Après un discours
Tous les premiers numéros de chaque de Le Guen de Korengal, les députés
mois, nous continuerons la publication de la no blesse et du clergé se portent
de ces articles jusqu’à épuisement de la eü f ou } e ^ } a tribune C’est à oui
série des douze mois. ’ -
Nos lecteurs verront avec quel soin de
documentation ces travaux ont été
marquait Robespierre, Collot d’Her-
bois, Billaud-Varennes, M.-J. Ché
nier, Fabre d’Eglantine, Hébert,
Chaumette, Rossignol et tant d’au
tres. Le premier soin de cette
autorité révolutionnaire, fut de
nommer Santerre commandant de
la force armée, à la place de Mandat
qui est mis en arrestation et mas-
en foule à la tnoune. oesi. a sacré. Des 6 heures l insurrection
renoncera à ses privilèges : au mi-j s’organise et marche aux Tuileries,
-i- orrmiatinn I sous la conduite de Santerre, Wes-
termann, Danton, etc. Les chefs
/ tbUUO 1 1/ vx
écrits : Ils sont traités aux points de
vue de l’histoire, de l’agriculture et de la
littérature, selon la prédominance
qu’ont l’une ou Vautre de ces parties
dans le mois en cours>
LES JÆOIS
Août
Tous les artistes qui ont essayé
de symboliser le mois d’août, depuis
les imagiers naïfs des almanachs,
jusqu’aux dessinateurs de nos mo
dernes journaux d’illustration, l’ont
représenté sous l’aspect d’une jeune
femme couronnéee d’épis et tenant
en main une faucille. En effet, le
mois d’août est placé sous le signe
de la Vierge; et c’est, dans tous les
pays tempérés, le mois des moissons.
(Messidor, disait le calendrier répu
blicain). Nos aïeux disaient : « faire
son août », dans le sens de faire scs
provisions, rentrer sa récolte.
En ce mois, l’ouvrier des champs,
presque inactif pendant l’hiver, est
soumis à de rudes travaux. Il faut
rentrer les blés, les racines et les
récoltes de fout genre en de bonnes
conditions. C’est l’époque désirée ou
le citadin quitte le tumulte dés foules
et le souci des affaires, pour goûter
les charmes de la campagne et de la
forêt.
C’est la fin de l’été, c’est le mo-
iieu de cette touchante émulation
de sacrifices, tous les vieux abus,
les injustices séculaires sont énumé
rés un à un et foulés aux pieds. La
séance, commencée à six heures du
soir, se prolongea jusqu’à deux
heures après-minuit ; mais ces huit
heures furent bien employées. Elles
suffirent à parfaire l’anéantissement
e la féodalité, quatorze fois sécu-
aire.
La rédaction provisoire de foutes
es propositions faites fut votée à
/unanimité, au milieu d'un enthou
siasme délirant : abolition de la
qualité de serf, du droit-de main
morte, des j uridictions seigneuriales,
de tous les privilèges et immunités
pécuniaires, suppression du droit
exclusif de chasse, des colombiers
et des garennes, du droit de déport
et vacat, des annales, delà pluralité
des bénéfices, des pensions obtenues
sans titres ; faculté de rembourse
ment des droits seigneuriaux ; rem
placement de la dîme par une taxe
en argent, égalité d’impôts à comp
ter de 1789, admission de tous les
citoyens aux emplois publics ; sup
pression de la vénalité des offices
et gratuité de la justice; réforma
tion des jurandes; abandon des pri
vilèges particuliers des provinces et
des villes ; célébration d’un Te Deum
solennel ; titre donné à Louis XVI
de Restaurateur de la Liberté
française. Dans la séance du 11 eut
lieu' le vote de la rédaction défini
tive, qui est la même quant au
n’avait nas été sans de
y
de
trest ta mi fond. Ce n’avait pas
meut de la maturité des'fruits", c’est wes luttes. Les privilégiés, un peu
l’heure qui sépare l’été de l’automue, dégrisés le lendemain, avaient voulu
1 r . v t, revenir sur plusieurs articles, no
tamment celui des dîmes. Le clergé
s’était soulevé contre la qualification
de salarié que lui avait lancée Mira
beau, le tribun avait répondu par
ce mot resté célèbre \ « Je ne con
nais que trois manières d’exister
dans la société : il faut y être men
diant, voleur ou salarié ».
La journée du 10 août 1792
marque encore une étape de la
société actuelle, la chute complète
! de la royauté.
1 Heure (.juiscptuvi — _
c’est le moment ou la fermentation
des sèves et des idées atteint son
apogée et produit les résultats es
pérés.
Chez les Datins, le mois d’août
s’appelait sextilis, car il était le 6 e
mois de l’année qui n’en avait que
10, et commençait on mars. Ce fut
pour complaire à la vanité de l’em
pereur Auguste qu’on changea la
dénomination de sextilis en celle
d’Augustus, d’oti est dérivé le mot
août. C’était dans ce mois qu’Au-
août. C’était clans ce mui» 4U ^ ,
guste était devenu consul, que trois C’était au moment ou le manifeste
fois il était entré en triomphe dans insolent de Brunswick avait porte
'g 1 - Il’irritation au comble
IUIS 11 Chctxu
la Ville, qu’il avait soumis îa révolte
des soldats du Janicule et qu’il avait
subjugué l’Egypte. Mais il fit à son
mois ajouter un jour, qu’on prit à
février, lequel, par l’amour-propre
de l’empereur, fut réduit à 28 jours.
Dans l’histoire de la République,
le mois d’Août joue un grand rôle.
La nuit du 4 août 1789 établit les
assises de la société actuelle et jeta
bas la monarchie absolue. C’était au
moment ou toute la province se ré-
' T ~*~ -"’-nnne! rtû Qnn-
l’irritation au comble. L’invasion
étrangère était imminente, et
Louis XVI était généralement re
gardé comme le complice de
coalition. On demandait i
chéance dans une foule de pétitions.
Parmi les délégués des départe
ments venus à Paris pour assister
à la fédération du 14 juillet, ceux
de Marseille et de Brest manifes
taient hautement l’intention de ren
verser le trône avant de quitter la
J- T „
les châteaux qui,
leur avaient fait
si long-
sentir la
moment où toute la province se re- 1 y ci ovx av
voltait et où lés paysans ne son- ; capitale. L’acquittement de La-
geaient qu’à saccager, à piller et fayette précipita le dénouement. Les
- - -i-~ nui. si lonsr- sections, depuis plusieurs jours en
permanence, nommèrent dans la
nuit des délégués, avec des pouvoirs
illimités pour sauver la patrie. Ces
délégués se rendirent à l’Hôtel de
Ville et remplacèrent la municipa
lité. C’est ce qu’on appela depuis la
Commune du iO août. Là on re
brûler
temps,
tyrannie.
L’Assemblée nationale rédigeait
une proclamation destinée à apaiser
ces troubles. Le projet fut lu à l’ou
verture de la séance de nuit du 4
août. C’est alors que le vicomte de
ILI ULiUJUXJ.^
cherchent à parlementer avec les
Suisses qui gardaient le palais.
Ceux-ci font feu inopinément : on
se replie en ripostant. Les colonnes
des faubourgs arrivent : les artil-
eurs tournent leurs canons contre
e château qu’ils devaient défendre.
L’incendie commence. La foule pé
nètre dans les appartements, égor
geant tout ce qui résiste. Plus de
3,000 suisses et gardes nationaux
sont tués ; du côté du peuple, il ' T
eut 1,500 morts et le double
blessés.
Louis XVI, dès le début de cette
sanglante tragédie, avait quitté ses
appartements et s’était réfugié à
l’Assemblée nationale, en donnant
l’ordre mal suivi de cesser le feu.
Il put entendre prononcer sa propre
déchéance de la loge du logographe,
qui n’était autre chose que notre
moderne sténographe, oü on l’avait
rélégué. Le 10 août devint une fête
nationale qui s’est célébrée jusqu’à
l’époque du Consulat.
Le 7 août 1830 marque une dé
chéance analogue, celle de CharlesX.
Les amis du duc d’Orléans, l’ayant
nommé lieutenant-général, mirent
en avant sa candidature au trône :
ils firent placarder dans Paris des
affiches, mais voyant qu’elles ne
produisaient aucun effet, Lafayette
proposa de faire faire l'élection par
.a Chambre. Charles X trouva quel
ques défenseurs. M. de Conny fit
d’énergiques mais vains efforts pour
conserver au vieux monarque sa
couronne. Benjamin-Constant, par
une chaleureuse improvisation, rallia
les suffrages, et le vote de la dé
chéance eut lieu à une énorme
majorité. On modifia ensuite rapi
dement quelques articles de la charte.
Arrive la grande question, celle de
donner la couronne à Louis-Phi
lippe. M. Fleury, député de l’Orne,
émet le vœu de consulter la nation.
« Allons donc î > s’écrie Casimir-
Périer ; et l’on se hâte de passer
aux voix dont 186 sont pour et 33
contre. Les mécontents ont appelé
cela une monarchie bâclée. Deux
jours après, le 9, il y eut une séance
royale où Louis-Philippe prêta ser
ment.
L’empereur Napoléon I er , qui n’a-
ltl - vait pas de patron sur le calendrier
sa dé- * romain, et qui, à l’école de Brienne,
avait brusquement répondu à une
question* de l’aumônier que Napo
léon était un saint corse, avait choisi
le 15 août pour le jour de sa fête
patronale ; cette fête est devenue
celle de la dynastie napoléonienne,
comme la Saint-Louis était celle des
Bourbons.
Dans le calendrier républicain, le
1 er août correspondait au 13 ou 14
Thermidor, suivant les années.
Quoique l’énumération de ces sou
venirs soit forcément incomplète,
on voit que le mois d’août a, comme
les autres, son cortège de souvenirs
glorieux, pittoresques ou simplement
curieux. Il semble même qu’une
• j
sorte d’accord se soit mystérieuse
ment établi entre la somptuosité
des productions de l’été, fleurs lar
gement épanouies parmi les sombres
feuillages, épis lourds dont l’or sert
de diadème à la blonde Cérès — et
les faits que nous rappelle le mois
d’août. On peut dire que c’est un
mois impérial. Il a eu pour parrain ‘
le triomphant Auguste, et Napoléon!
y a placé la tête de sa famille et de
sa dynastie. Il ne manquera rien à
la noblesse des souvenirs qu’évoque
ce mois, si on se rappelle que l’abo
lition des privilèges généreusement
consentie par la noblesse, eut lieu
pendant une de ses nuits.
Gustave GUITTON.
Reproduction autorisée pour les journaux
ayant un traité avec la Société des Gens de
Lettres.
Ajoutons, pour compléter l’es
quisse de la journée du 10 août que
nous voudrions voir fête nationale,
qu’elle fut organisée surtout par
Danton et qu’elle assura le triomphe
de la République.
A. H.
PEU DÉSIRABLE
Les Chinois continuent à se moquer
du monde avec une audace que les
préparatifs militaires de l’Europe ne
paraissent pas décourager.
La machine européenne est longue
à se mettre en mouvement, et les
sinistres farceurs qui dirigent la di ■
plomatie chinoise en profitent pour
prolonger, jusqu’à l’abus, les mau
vaises plaisanteries dont ils régalent
périodiquement les chancelleries eu
ropéennes.
En vain l’Europe demande-t-elle à
communiquer directement avec ses
représentants officiels à Pékin ; tous
les huit ou dix jours le ministre chi-
' nois apporte un nouveau télégramme
officiel par lequel le gouvernement de
l’Empire Céleste informe ses corres
pondants que les ministres étrangers
sont en excellente santé, qu’il entre
tient avec eux les relations les plus
amicales, qu’il leur fait passer des
fruits, des légumes et autres douceuiv,
mais que, quant aux télégrammes, il
ne s’en charge pas. « La communica
tion, dit-il, en paraît peu désirable. »
Peu désirable pour vous, peut-être,
fourbes Asiatiques; mais plus que
désirable pour ees malheureux repré
sentants européens, menacés, séques
trés, gardés comme otages, au mépris
du droit des gens le plus élémentaire ;
plus que désirable aussi pour l'Euro
pe, qui a besoin de savoir ce qui se
passe en Chine et si ses délégués y
sont en sécurité.
La Chine n’a pas l’air de se douter
qu’en accumulant ainsi les témoi
gnages de sa mauvaise foi elle accu
mule aussi, et d’une façon formida
ble, ses responsabilités. Un jour ou
l’antre, elle paiera, et son compte sera
gros.
En attendant, M. Delcassé pourrait
bien inviter le ministre chinois à gar
der pour lui les lugubres facéties de
son gouvernement et lui intimer l’or
dre de ne se présenter au ministère
qu’après qu’on aura reçu une commu
nication directe de M. Picbon. (Le
Radical,)
S. L.
Les Incrits Maritimes
La grève qui a retardé pendant
quelques jours le départ de la Bre
tagne , vient déjà d’avoir une consé
quence heureuse pour les travailleurs
de la mer, elle a attiré l’attention de
la Presse sur l’inscription maritime et
sur son fonctionnement,
Cette institution, établie par Col
bert, a pu être excellente au XVII e
siècle et rendre de grands service ;
aujourd’hui, elle est devenue un
moyen d’oppression dont sont victi
mes tous les inscrits maritimes. Té
moin l’bistoire passablement exorbi
tante qui vient de se passer dans
notre ville. Rappelons les faits en deux
mots. Les charbonniers qui chargent
la houille sur les » transatlantiques »
s’étant mis en grève, la Compagnie
s’avisa de vouloir la faire transporter
sur le paquebot-poste la Bretagne , par
le personnel des machines, dont ce ne
sont pas les fonctions. Refus du per
sonnel, qui n’avait aucune raison de
s’exposer aux rancunes des charbon
niers, en s’acquittant bénévolement
de leur service. La-dessus, on convo
qua le tribunal d’exception dont relè
vent les inscrits maritimes, et il con
damna, séance tenante, les cinquante
et un récalcitrants à quinze jours de
prison.
La composition de ce tribunal
qu’on appelle «maritime commercial»
est étrange. Son président est M. le
commissaire ; or, ici, un commissaire
à cinq galons, a le grade de colonel.
A ses côtés siègent un membre du tri
bunal de commerce, un représentant
des armateurs et un capitaine au long-
cours. Aucun des juges n’est donc
jurisconsulte de profession.
On se trouve eu présence d’une
sorte de jury, dans lequel les patrons
seuls sont représentés. Dans les grands
ports, le membre de la Chambre de
commerce siégeant au tribunal com
mercial maritime est généralement un
armateur; quant au capitaine au long-
cours, il est, par sa fonction même,
dans la main de cette importante cor
poration
Rartout ailleurs, quand il s’agit de
tribunaux chargés de décider entre
salariés et patrons, on crut nécessaire
de faire représenter les deux éléments.
Ici, l’une des parties va juger l’autre.
Voilà à quel régime absurde et odieux
est encore soumis, au seuil du ving
tième siècle, notre personnel de ma
rins.
L’attitude du président du tribu
nal maritime a été révoltante ; cet
officier supérieur a un rôle multiple.
M. Camille Pelletau brosse un joli
portrait de cet important personnage :
Associé à l’amirauté, près de laquelle
il joue le rôle d’un intendant de grande
maison, très respectueux et très docile
(ce qui le distingue des autres corps de la
Marine, plus ou moins en querelle avec
elle), le commissaire partagé pleinement
les passions rétrogrades qui sont de tra
dition parmi les puissants seigneurs de
la flotte. Sa récompeuse est universelle :
il décide, pour les marchés, des questions
de droit, de mécanique, de physique, de
chimie ; un jour, il achètera du bétail ou
des farines ; le lendemain des appareils
électriques ; sans être spécial en rien, il
tranchera en tout. Avec quelles énormes
bévues, vous le devinez ! Ajoutez que
c’est lui qui a conservé avec un zèle in
traitable, un système de comptabilité qui
paraît imaginé dans une maison d’aliénés
(côté des pensionnaires), système qui
consiste à n’indiquer que les valeurs des
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure ... ^. .par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, HUE CASIMIK-PÉS.IER, 15
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred HENRI
L’Imprimeur-Gérant ff. île r©y
Annonces 25 centimes la ligné
Réclames • 50 »
On traite à. forfait
I
A NOS LECTEURS Noailles propose, pour supprimer
‘les causes du désordre, l’abolition
I des corvées et main-morte, l’éera-
Nous commençons aujourd’hui la . lité de tous devant pi mp ôt
publication d’un article chronologique Le duc d ’Aiguill 0n fait une motion
sur le mois d'août , que nous recom- j semblable, et la salle retentit d’ap-
mandons à nos lecteurs. plaudissements. Après un discours
Tous les premiers numéros de chaque de Le Guen de Korengal, les députés
mois, nous continuerons la publication de la no blesse et du clergé se portent
de ces articles jusqu’à épuisement de la eü f ou } e ^ } a tribune C’est à oui
série des douze mois. ’ -
Nos lecteurs verront avec quel soin de
documentation ces travaux ont été
marquait Robespierre, Collot d’Her-
bois, Billaud-Varennes, M.-J. Ché
nier, Fabre d’Eglantine, Hébert,
Chaumette, Rossignol et tant d’au
tres. Le premier soin de cette
autorité révolutionnaire, fut de
nommer Santerre commandant de
la force armée, à la place de Mandat
qui est mis en arrestation et mas-
en foule à la tnoune. oesi. a sacré. Des 6 heures l insurrection
renoncera à ses privilèges : au mi-j s’organise et marche aux Tuileries,
-i- orrmiatinn I sous la conduite de Santerre, Wes-
termann, Danton, etc. Les chefs
/ tbUUO 1 1/ vx
écrits : Ils sont traités aux points de
vue de l’histoire, de l’agriculture et de la
littérature, selon la prédominance
qu’ont l’une ou Vautre de ces parties
dans le mois en cours>
LES JÆOIS
Août
Tous les artistes qui ont essayé
de symboliser le mois d’août, depuis
les imagiers naïfs des almanachs,
jusqu’aux dessinateurs de nos mo
dernes journaux d’illustration, l’ont
représenté sous l’aspect d’une jeune
femme couronnéee d’épis et tenant
en main une faucille. En effet, le
mois d’août est placé sous le signe
de la Vierge; et c’est, dans tous les
pays tempérés, le mois des moissons.
(Messidor, disait le calendrier répu
blicain). Nos aïeux disaient : « faire
son août », dans le sens de faire scs
provisions, rentrer sa récolte.
En ce mois, l’ouvrier des champs,
presque inactif pendant l’hiver, est
soumis à de rudes travaux. Il faut
rentrer les blés, les racines et les
récoltes de fout genre en de bonnes
conditions. C’est l’époque désirée ou
le citadin quitte le tumulte dés foules
et le souci des affaires, pour goûter
les charmes de la campagne et de la
forêt.
C’est la fin de l’été, c’est le mo-
iieu de cette touchante émulation
de sacrifices, tous les vieux abus,
les injustices séculaires sont énumé
rés un à un et foulés aux pieds. La
séance, commencée à six heures du
soir, se prolongea jusqu’à deux
heures après-minuit ; mais ces huit
heures furent bien employées. Elles
suffirent à parfaire l’anéantissement
e la féodalité, quatorze fois sécu-
aire.
La rédaction provisoire de foutes
es propositions faites fut votée à
/unanimité, au milieu d'un enthou
siasme délirant : abolition de la
qualité de serf, du droit-de main
morte, des j uridictions seigneuriales,
de tous les privilèges et immunités
pécuniaires, suppression du droit
exclusif de chasse, des colombiers
et des garennes, du droit de déport
et vacat, des annales, delà pluralité
des bénéfices, des pensions obtenues
sans titres ; faculté de rembourse
ment des droits seigneuriaux ; rem
placement de la dîme par une taxe
en argent, égalité d’impôts à comp
ter de 1789, admission de tous les
citoyens aux emplois publics ; sup
pression de la vénalité des offices
et gratuité de la justice; réforma
tion des jurandes; abandon des pri
vilèges particuliers des provinces et
des villes ; célébration d’un Te Deum
solennel ; titre donné à Louis XVI
de Restaurateur de la Liberté
française. Dans la séance du 11 eut
lieu' le vote de la rédaction défini
tive, qui est la même quant au
n’avait nas été sans de
y
de
trest ta mi fond. Ce n’avait pas
meut de la maturité des'fruits", c’est wes luttes. Les privilégiés, un peu
l’heure qui sépare l’été de l’automue, dégrisés le lendemain, avaient voulu
1 r . v t, revenir sur plusieurs articles, no
tamment celui des dîmes. Le clergé
s’était soulevé contre la qualification
de salarié que lui avait lancée Mira
beau, le tribun avait répondu par
ce mot resté célèbre \ « Je ne con
nais que trois manières d’exister
dans la société : il faut y être men
diant, voleur ou salarié ».
La journée du 10 août 1792
marque encore une étape de la
société actuelle, la chute complète
! de la royauté.
1 Heure (.juiscptuvi — _
c’est le moment ou la fermentation
des sèves et des idées atteint son
apogée et produit les résultats es
pérés.
Chez les Datins, le mois d’août
s’appelait sextilis, car il était le 6 e
mois de l’année qui n’en avait que
10, et commençait on mars. Ce fut
pour complaire à la vanité de l’em
pereur Auguste qu’on changea la
dénomination de sextilis en celle
d’Augustus, d’oti est dérivé le mot
août. C’était dans ce mois qu’Au-
août. C’était clans ce mui» 4U ^ ,
guste était devenu consul, que trois C’était au moment ou le manifeste
fois il était entré en triomphe dans insolent de Brunswick avait porte
'g 1 - Il’irritation au comble
IUIS 11 Chctxu
la Ville, qu’il avait soumis îa révolte
des soldats du Janicule et qu’il avait
subjugué l’Egypte. Mais il fit à son
mois ajouter un jour, qu’on prit à
février, lequel, par l’amour-propre
de l’empereur, fut réduit à 28 jours.
Dans l’histoire de la République,
le mois d’Août joue un grand rôle.
La nuit du 4 août 1789 établit les
assises de la société actuelle et jeta
bas la monarchie absolue. C’était au
moment ou toute la province se ré-
' T ~*~ -"’-nnne! rtû Qnn-
l’irritation au comble. L’invasion
étrangère était imminente, et
Louis XVI était généralement re
gardé comme le complice de
coalition. On demandait i
chéance dans une foule de pétitions.
Parmi les délégués des départe
ments venus à Paris pour assister
à la fédération du 14 juillet, ceux
de Marseille et de Brest manifes
taient hautement l’intention de ren
verser le trône avant de quitter la
J- T „
les châteaux qui,
leur avaient fait
si long-
sentir la
moment où toute la province se re- 1 y ci ovx av
voltait et où lés paysans ne son- ; capitale. L’acquittement de La-
geaient qu’à saccager, à piller et fayette précipita le dénouement. Les
- - -i-~ nui. si lonsr- sections, depuis plusieurs jours en
permanence, nommèrent dans la
nuit des délégués, avec des pouvoirs
illimités pour sauver la patrie. Ces
délégués se rendirent à l’Hôtel de
Ville et remplacèrent la municipa
lité. C’est ce qu’on appela depuis la
Commune du iO août. Là on re
brûler
temps,
tyrannie.
L’Assemblée nationale rédigeait
une proclamation destinée à apaiser
ces troubles. Le projet fut lu à l’ou
verture de la séance de nuit du 4
août. C’est alors que le vicomte de
ILI ULiUJUXJ.^
cherchent à parlementer avec les
Suisses qui gardaient le palais.
Ceux-ci font feu inopinément : on
se replie en ripostant. Les colonnes
des faubourgs arrivent : les artil-
eurs tournent leurs canons contre
e château qu’ils devaient défendre.
L’incendie commence. La foule pé
nètre dans les appartements, égor
geant tout ce qui résiste. Plus de
3,000 suisses et gardes nationaux
sont tués ; du côté du peuple, il ' T
eut 1,500 morts et le double
blessés.
Louis XVI, dès le début de cette
sanglante tragédie, avait quitté ses
appartements et s’était réfugié à
l’Assemblée nationale, en donnant
l’ordre mal suivi de cesser le feu.
Il put entendre prononcer sa propre
déchéance de la loge du logographe,
qui n’était autre chose que notre
moderne sténographe, oü on l’avait
rélégué. Le 10 août devint une fête
nationale qui s’est célébrée jusqu’à
l’époque du Consulat.
Le 7 août 1830 marque une dé
chéance analogue, celle de CharlesX.
Les amis du duc d’Orléans, l’ayant
nommé lieutenant-général, mirent
en avant sa candidature au trône :
ils firent placarder dans Paris des
affiches, mais voyant qu’elles ne
produisaient aucun effet, Lafayette
proposa de faire faire l'élection par
.a Chambre. Charles X trouva quel
ques défenseurs. M. de Conny fit
d’énergiques mais vains efforts pour
conserver au vieux monarque sa
couronne. Benjamin-Constant, par
une chaleureuse improvisation, rallia
les suffrages, et le vote de la dé
chéance eut lieu à une énorme
majorité. On modifia ensuite rapi
dement quelques articles de la charte.
Arrive la grande question, celle de
donner la couronne à Louis-Phi
lippe. M. Fleury, député de l’Orne,
émet le vœu de consulter la nation.
« Allons donc î > s’écrie Casimir-
Périer ; et l’on se hâte de passer
aux voix dont 186 sont pour et 33
contre. Les mécontents ont appelé
cela une monarchie bâclée. Deux
jours après, le 9, il y eut une séance
royale où Louis-Philippe prêta ser
ment.
L’empereur Napoléon I er , qui n’a-
ltl - vait pas de patron sur le calendrier
sa dé- * romain, et qui, à l’école de Brienne,
avait brusquement répondu à une
question* de l’aumônier que Napo
léon était un saint corse, avait choisi
le 15 août pour le jour de sa fête
patronale ; cette fête est devenue
celle de la dynastie napoléonienne,
comme la Saint-Louis était celle des
Bourbons.
Dans le calendrier républicain, le
1 er août correspondait au 13 ou 14
Thermidor, suivant les années.
Quoique l’énumération de ces sou
venirs soit forcément incomplète,
on voit que le mois d’août a, comme
les autres, son cortège de souvenirs
glorieux, pittoresques ou simplement
curieux. Il semble même qu’une
• j
sorte d’accord se soit mystérieuse
ment établi entre la somptuosité
des productions de l’été, fleurs lar
gement épanouies parmi les sombres
feuillages, épis lourds dont l’or sert
de diadème à la blonde Cérès — et
les faits que nous rappelle le mois
d’août. On peut dire que c’est un
mois impérial. Il a eu pour parrain ‘
le triomphant Auguste, et Napoléon!
y a placé la tête de sa famille et de
sa dynastie. Il ne manquera rien à
la noblesse des souvenirs qu’évoque
ce mois, si on se rappelle que l’abo
lition des privilèges généreusement
consentie par la noblesse, eut lieu
pendant une de ses nuits.
Gustave GUITTON.
Reproduction autorisée pour les journaux
ayant un traité avec la Société des Gens de
Lettres.
Ajoutons, pour compléter l’es
quisse de la journée du 10 août que
nous voudrions voir fête nationale,
qu’elle fut organisée surtout par
Danton et qu’elle assura le triomphe
de la République.
A. H.
PEU DÉSIRABLE
Les Chinois continuent à se moquer
du monde avec une audace que les
préparatifs militaires de l’Europe ne
paraissent pas décourager.
La machine européenne est longue
à se mettre en mouvement, et les
sinistres farceurs qui dirigent la di ■
plomatie chinoise en profitent pour
prolonger, jusqu’à l’abus, les mau
vaises plaisanteries dont ils régalent
périodiquement les chancelleries eu
ropéennes.
En vain l’Europe demande-t-elle à
communiquer directement avec ses
représentants officiels à Pékin ; tous
les huit ou dix jours le ministre chi-
' nois apporte un nouveau télégramme
officiel par lequel le gouvernement de
l’Empire Céleste informe ses corres
pondants que les ministres étrangers
sont en excellente santé, qu’il entre
tient avec eux les relations les plus
amicales, qu’il leur fait passer des
fruits, des légumes et autres douceuiv,
mais que, quant aux télégrammes, il
ne s’en charge pas. « La communica
tion, dit-il, en paraît peu désirable. »
Peu désirable pour vous, peut-être,
fourbes Asiatiques; mais plus que
désirable pour ees malheureux repré
sentants européens, menacés, séques
trés, gardés comme otages, au mépris
du droit des gens le plus élémentaire ;
plus que désirable aussi pour l'Euro
pe, qui a besoin de savoir ce qui se
passe en Chine et si ses délégués y
sont en sécurité.
La Chine n’a pas l’air de se douter
qu’en accumulant ainsi les témoi
gnages de sa mauvaise foi elle accu
mule aussi, et d’une façon formida
ble, ses responsabilités. Un jour ou
l’antre, elle paiera, et son compte sera
gros.
En attendant, M. Delcassé pourrait
bien inviter le ministre chinois à gar
der pour lui les lugubres facéties de
son gouvernement et lui intimer l’or
dre de ne se présenter au ministère
qu’après qu’on aura reçu une commu
nication directe de M. Picbon. (Le
Radical,)
S. L.
Les Incrits Maritimes
La grève qui a retardé pendant
quelques jours le départ de la Bre
tagne , vient déjà d’avoir une consé
quence heureuse pour les travailleurs
de la mer, elle a attiré l’attention de
la Presse sur l’inscription maritime et
sur son fonctionnement,
Cette institution, établie par Col
bert, a pu être excellente au XVII e
siècle et rendre de grands service ;
aujourd’hui, elle est devenue un
moyen d’oppression dont sont victi
mes tous les inscrits maritimes. Té
moin l’bistoire passablement exorbi
tante qui vient de se passer dans
notre ville. Rappelons les faits en deux
mots. Les charbonniers qui chargent
la houille sur les » transatlantiques »
s’étant mis en grève, la Compagnie
s’avisa de vouloir la faire transporter
sur le paquebot-poste la Bretagne , par
le personnel des machines, dont ce ne
sont pas les fonctions. Refus du per
sonnel, qui n’avait aucune raison de
s’exposer aux rancunes des charbon
niers, en s’acquittant bénévolement
de leur service. La-dessus, on convo
qua le tribunal d’exception dont relè
vent les inscrits maritimes, et il con
damna, séance tenante, les cinquante
et un récalcitrants à quinze jours de
prison.
La composition de ce tribunal
qu’on appelle «maritime commercial»
est étrange. Son président est M. le
commissaire ; or, ici, un commissaire
à cinq galons, a le grade de colonel.
A ses côtés siègent un membre du tri
bunal de commerce, un représentant
des armateurs et un capitaine au long-
cours. Aucun des juges n’est donc
jurisconsulte de profession.
On se trouve eu présence d’une
sorte de jury, dans lequel les patrons
seuls sont représentés. Dans les grands
ports, le membre de la Chambre de
commerce siégeant au tribunal com
mercial maritime est généralement un
armateur; quant au capitaine au long-
cours, il est, par sa fonction même,
dans la main de cette importante cor
poration
Rartout ailleurs, quand il s’agit de
tribunaux chargés de décider entre
salariés et patrons, on crut nécessaire
de faire représenter les deux éléments.
Ici, l’une des parties va juger l’autre.
Voilà à quel régime absurde et odieux
est encore soumis, au seuil du ving
tième siècle, notre personnel de ma
rins.
L’attitude du président du tribu
nal maritime a été révoltante ; cet
officier supérieur a un rôle multiple.
M. Camille Pelletau brosse un joli
portrait de cet important personnage :
Associé à l’amirauté, près de laquelle
il joue le rôle d’un intendant de grande
maison, très respectueux et très docile
(ce qui le distingue des autres corps de la
Marine, plus ou moins en querelle avec
elle), le commissaire partagé pleinement
les passions rétrogrades qui sont de tra
dition parmi les puissants seigneurs de
la flotte. Sa récompeuse est universelle :
il décide, pour les marchés, des questions
de droit, de mécanique, de physique, de
chimie ; un jour, il achètera du bétail ou
des farines ; le lendemain des appareils
électriques ; sans être spécial en rien, il
tranchera en tout. Avec quelles énormes
bévues, vous le devinez ! Ajoutez que
c’est lui qui a conservé avec un zèle in
traitable, un système de comptabilité qui
paraît imaginé dans une maison d’aliénés
(côté des pensionnaires), système qui
consiste à n’indiquer que les valeurs des
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