Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1899-11-18
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 18 novembre 1899 18 novembre 1899
Description : 1899/11/18 (N186). 1899/11/18 (N186).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263385s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
4 " Année—S® 186 .
CINQ CENTIMES LE NUMERO
Samedi 18 Novembre 1899.
Organe du Parti Républicain Démocraxii^ue
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASIMIR-PÈRIER, 15
• Secrétaire de la Rédaction F. niOWïiEREl
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
1| Réclames... 50 > »
On traite à forfait
LES
au Conseil municipal
Il n’entre pas dans nos habitudes
d’excommunier ceux qui ne parta
gent pas notre manière de voir.
Nous estimons que toutes les opi
nions sont respectables, pourvu
qu’elles soient sincères, et nous
n’avons, pour notre part, aucune
prétention à l’infaillibilité.
Nous ne pouvons toutefois nous
empêcher de manifester notre
étonnement de ce qui s’est passé
récemment au Conseil municipal.
L’attitude de certains conseillers
est tout simplement déconcertante
en cette question des conditions
du travail dans les entreprises
ayant un caractère communal.
Nous nous étions habitués à con
sidérer la majorité démocratique
du Conseil comme disposée à appuyer
toute réforme ayant pour but de
protéger les travailleurs contre cer
taines exploitations dont ils sont
victimes. 11 paraît que nous nous
sommes trompés.
Certes, nous n’avons pas à nous
placer, en ce qui nous concerne, au
point de vue étroit envisagé par des
journaux comme Le Petit Havre
et le Journal du Havre. Ces feuilles
qui, avant 1895, ont toujours soutenu
des municipalités qui marchaient au
doigt et à l’œil, sous la férule d’un
Rispal, ne peuvent admettre qu’une
majorité ne fasse pas preuve de ser
vilisme. Leur idéal c’est le régime
de Mamelouks qui a régné trop long
temps à l’Hôtel de Ville. Quand
donc ces journaux se réjouissent de
ce que tout le monde n’est par d’ac
cord sur une question déterminée et
y voient une dislocation de la ma
jorité, ils sont dans leur rôle. Et l’on
peut dire, en passant, que c’est un
avertissement à certains démocra
tes qui font ainsi, tout au moins en
apparence, le jeu des clérico-oppor-
tunistes.
Mais tout en admettant comme
l’exercice normal du mandat muni
cipal les opinions divergentes, tout
en ayant le plus grand respect pour
les idées en conflit, nous sommes
en droit de nous demander si ceux
qui, au Conseil municipal, s’oppo
sent à l’application du décret Mille-
rand, et font coalition avec la droi
te, sont bien dans la tradition de
leur parti et dans les limites de leur
mandat électoral. Nous ne le croyons
pas.
Dans toutes les nuances de l’idée j
démocratique, en allant du simple
radical jusqu’au socialiste, il est de
règle de mettre à la disposition du
travailleur la protection légale, pour
rétablir l’équilibre trop longtemps et
trop souvent rompu par la législa
tion et par la fatalité des faits éco
nomiques. Si la société n’a pas pour
objet de mettre déplus en plus l’in
dividu en dehors et au-dessus des
atteintes de cette fatalité qui rava
lerait le salaire au rang d’une mar
chandises, on peut se demander à
quoi sert cette société tant vantée.
Voilà ce que ne paraissent pas
avoir compris certains membres du
Conseil municipal. Ils paraissent
avoir oublié que le mot Liberté ne
figure pas seule dans la devise répu
blicaine, et qu’il s’y trouve accolé
aux mots Egalité et Fraternité. Pré
coniser un régime ou l’on abandon
nerait ceux que l’on doit traiter
comme des frères, ce serait une pure
dérision. Il n’y faudrait voir qu’une
triste carricature de la République.
Encore une fois, il est très beau
de parler du libre jeu de la concur
rence, comme le font volontiers
MM. Acher et Sorel au sein du Conseil
municipal,où ils figurent comme indi
vidualistes forcenés. Individualisme
d’ailleurs purement théorique. Car,
est-il besoin de rappeler à ces hono
rables conseillers que la supériorité
sociale est faite très souvent de la
protection sociale contre laquelle ils
fulminent. Comment un médecin
pourrait-il parfaire son instruction
technique, si la société ne mettait à
sa disposition des Facultés, des clini
ques, des bibliothèques, dont tous les
contribuables, y compris les ou
vriers, font tous les frais ? Comment
pourrait-on s’enrichir dans la raffi
nerie, si l’Etat n’allait chercher dans
la poche des contribuables des pri
mes qui constituent une protection
d’une industrie qui, d’ailleurs, nous
vend le sucre deux ou trois fois plus
cher qu’à l’étranger ?
Comment expliquer une telle con
tradiction ? Serait-ce que MM. So
rel et Acher ne comprennent la pro
tection que lorsqu’ils en profitent, et
qu’ils la condamnent quand elle doit
profiter aux ouvriers ? Ce serait une
singulière façon d’interpréter la dé
claration des Droits de l’Homme.
N’y aurait-il au fond de tout cela
qu’une querelle d’intérêt personnel
et les grands mots de libre concur
rence, de non-interventionnisme, ne
seraient-ils que le masque d'un
égoïsme féroce et inhumain ? Un
conseiller municipal, M. Brot, l’a
déclaré dans une des dernières
séances : « les entrepreneurs qui siè
gent au Conseil paraissent lutter sur
tout pour un intérêt de boutique en
combattant le décret Millerand ».
Avait-il complètement tort ? Nous le
voudrions pour la bonne renommée
de tous ceux qui sont entrés au Con
seil avec le patronage du Comité
démocratique.
Espérons, dans tous les cas que la
f réflexion et l’étude produiront,
comme toujours, des résultats bien
faisants, et que l’intérêt particulier
saura s’incliner devant l’intérêt gé
néral. On évitera ainsi de commettre
une injustice doublée d’une faute
politique.
MACISTER.
LA SEMAINE
La rentrée des Chambres
La première journée a été excel
lente. Le cabinet a eu la bonne for
tune d’être attaqué par la droite dans
une série d’interpellations qui repro
duisaient les griefs déjà connus sur
la présence de M. Millerand dans le
ministère, sur les déplacemensts des
généraux; MM. DenysCochin,Grand-
maison, Lasies et Paul de Cassagnac
ont été les interprètes assez peu écou
tés de ces doléances. On a fort peu
parlé du complot. Ce qui n’est pas
très flatteur pour MM. Déroulède,
André Buffet et Jules Guérin qui sont
sous les verrous. f ,
L’événement de la seance a ete le
discours de M. le général de Galliffet.
Le brillant officier de cavalerie com
prend mieux que les prétendus défen
seurs de l’armée les devoirs de nos
généraux ; l’armée n’a pas le droit de
parler ; aussi, il ne regrette aucun de
ses actes ; il a frappé les officiers cou
pables, et il justifie toutes les mesures
qu’il a prises; étant le chef de Far
inée, il ne pouvait tolérer la moindre
infration à la discipline, et il a mon
tré le général de Négrier se mettant
en insurrection contre le gouverne
ment. "V"''-
Les prévisions favorables au cabinet
Waldeck-Rousseau se sont réalisées
au-delà de toute espérance dans la
deuxième journée. Les plus sympa
thiques au gouvernement actuel lui
accordaient une majorité certaine éva
luée à cent voix environ. Cent cinq
voix au contraire sont venues en
masse! 317 contre 212, c’est le cas
d’invoquer l’éloquence des chiffres.
La journée fat donc bonne pour la
République et pour le ministère. La
courageuse attitude du président du
Conseil a eu les plus heureux effets ;
aussi bien d’ailleurs l’intervention de
Méline n’a pas été faite pour diminuer
la majorité gouvernemeatale. L’ancien
chef du ministère, cher à la droite,
n’a eu qu’à se montrer à la tribune
pour fortifier davantage le parti répu
blicain proprement dit ; dans un pre
mier discours rapide, il a cru pouvoir
exercer une utile action sur son groupe,
il s’est amèrement trompé, et l’erreur
s’est encore aggravée quand, pour la
seconde fois, en moins d’une heure, jl
a essayé d’apporter de nouvelles dé
clarations. '■
Et le spectacle était curieux à con
sidérer de cet ancien chef de majorité
dont l’influence se dissipait comme à
plaisir pendant que l’autorite du titu
laire actuel du pouvoir grandissait à
chaque instant.
★
* *
La Haute-Cour
Il était visible que les avocats et
même les accusés, dans la mesure ou
cela leur serait possible, avaient pris
la résolution de ne soulever aucun
incident, de ne créer aucune agitation
tant que la question de compétence
ne serait pas tranchée ; le seul espoir
de la défense était que la Haute-Cour
se déclarât incompétente pour juger
un complot, et il ne fallait pas com
promettre cette chance.
Maintenant que cet espoir s’en est
allé à vau-l’eau, la Haute-Cour s’étant
déclarée compétente, toutes les digues
sont rompues. Les incidents vont suc
céder aux incidents, les moyens d’obs
truction aux moyens d obstruction.
I.’audience de lundi a inauguré cette
nouvelle tactique. M e Evain a déve
loppé des conclusions tendant à l’al
longement indéfini du procès ; et sa
ploidoirie, qui aurait été très complète
si elle n’avait duré qu’une heure, s’est
prolongée pendant trois heures. De
leur côté, MM. Déroulède et Guérin
ont essayé des petites manifestions
pour provoquer du tumulte.
L’iterrogatoire des prévenus a pu,
néanmoins, commencer jeudi dernier.
*
* *
Mesures contre les Assomptionistes
Le gouvernement s’est enfin décidé
à sévir contre les congrégations reli
gieuses qui, au mépris des lois, exer
cent un scandaleux commerce, tout
en travaillant à la désorganisation des
institutions républicaines.
On a perquisitionné chez les As
somptionistes, à l’imprimerie du jour
nal La Croix , et malgré les protesta
tions des bons pères, nous pouvons
assurer qu’il a été trouvé à la maison
de la bonne presse, une foule de do
cuments des plus intéressants.
Trois religieux sont actuellement
sous le coup des poursuites. Ce sont
les pères Bailly, Picard et Allez, les
grands maîtres de l’ordre religieux
qui a fait tant de mal à la France.
Espérons que ces directeurs de con
science recevont la juste punition que
comportent leurs crimes.
*
* *
La guerre Sud-Africaine
Le général Buller, qui avait conçu
le projet d’envahir le Transvaal par
l’Etat fibre d’Orange, a modifié son
plan.
Il envoie en toute hâte à Durban
les troupes qui viennent d’arriver au
Cap. Le généralissime veut, on le
voit, débloquer coûte que coûte Lady-
smith.
On ne publie à Londres aucune dé
pêche donnant des renseignements
précis sur la situation de cette ville.
Les Anglais disent que les Boers diri
gent une canonnade inoffensive, et
par une de ces contradictions qui leur
est coutumière, ils ajoutent que la
ville est en feu.
Les journaux sont cependant pleins
de confiance. S’ils n’émettent plus la
prétention de camper à Prétoria le
jourde Noël, ils ont au moins l’espoir
de débloquer avant la fin du mois le
général White.
Le War Office communique des
télégrammes de Mafeking datant de la
fin d’octobre. Les défenseurs, tout en
se vantant d’avoir remporté des vic
toires éclatantes, étaient contraints
d'avouer qu’à cette époque, les opéra
tions du siège étaient poussées avec
vigueur.
■<»-
Martineau a parlé !
Le Journal du Havre, ce vieil
lard qui se fait infuser de temps en
temps du sang nouveau, sous la
forme des pièces de cent sous de
MM. Dubosc et de ceux de ses amis
qui veulent bien chasser dans le
bois des Hallattes, au risque de leur
peau, n'a pas beaucoup de lecteurs.
Mais il entend se rattraper par la
joyeuseté de ses attitudes. On ne le
lit pas énormément, mais au moins
fait-il rire à ventre déboutonné ceux
qui imaginent de le lire.
Dans le temps, ce journal avait
Marteau. Aujourd’hui, il a Marti-
S’ Un t0Ut P6tit diminutif d e Mar-
à (Dre an’iitï'* ™,J°V rnali ste, c'est
a aire qu il savait ecnre. C’était un
artiste, ainsi qu’en témoignaient ses
chapeaux invraisemblables et sa
longue chevelure. Il n arpn „„--i , sa
couloirs des Chambres! y recueil
des potins qu’il racontait auTlec
JouLuuB aZ CSocTa’mat
Martineau, lui, plus heureux on»
Marteau, est député et membre^dn
Conseil d’Administration de la Com
S e ,fr; ais u e S;
% / a ac ^ e barreau. Il est
SETS
Rispal. Il a un style à i,,,- nt
inteprnmoMnc* * m, o. phrases
S?nn! b c ° mme le macaroni à
Italienne avec des formules values
et dubitatives et des naïvetés oui
orIge e use Un0 J e “ chaste et peu
£,“■ J® Consei1 municipal du Havre.
Nous étions sur la piste.
1 er, jeudi 16 novembre nous
^rittrT abie •Ans
flous y ! 'dmes ces cocasse
ries. «Il est infiniment probable
que le Gouvernement obtiendra une
rs ta “t e , maj0rité - Mais d est z
moins certain que les vérifahle»
dangers pour le Cabinet se preW
J t 0nt Pédant la-discussion du bud-
fens'Voni y. Payait aussi de
g ns « qui manifestent indirect?
de ces haute»
Il était évident tout d’abord m.e
J d ° urs ’ 11 ne serait pas jobard au point
de se payer un rédacteur pouvant
elucubrer dans le style ci-deWs
Poussant plus loin notre enrmâfo
nous n’éprouvâmes aucune surS’
d!nS naQt ’r Une mdlsS
!ré m?» , co ° 0lt oyens nous sauront
pie, que le Martineau qui annonce
Chutéd°u°rninS™!rf Prédit *
hautementlapommadeopportunlste 6
veux ést tout®“ r ?P° usser les che-
veux, est tout simplement M Imim
Bnndeau, député du Havre tJ?
arrive, hélas ! - ce mZ’ r ■
' certes^ wt n ^ ! 11
^estomac aussi grfnd'q^
mieux*nniMarthe™ ‘ 6tait moins 8* que
VÉRUS.
LEURS VOTES
Par 340 voix contre 215, la Cham
bre des Députés a accordé sa confiance
au Ministère présidé par M. Waldeck-
Rousseau.
Nous constatons une fois de plue
que les deux députés du Havre se sont
CINQ CENTIMES LE NUMERO
Samedi 18 Novembre 1899.
Organe du Parti Républicain Démocraxii^ue
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASIMIR-PÈRIER, 15
• Secrétaire de la Rédaction F. niOWïiEREl
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
1| Réclames... 50 > »
On traite à forfait
LES
au Conseil municipal
Il n’entre pas dans nos habitudes
d’excommunier ceux qui ne parta
gent pas notre manière de voir.
Nous estimons que toutes les opi
nions sont respectables, pourvu
qu’elles soient sincères, et nous
n’avons, pour notre part, aucune
prétention à l’infaillibilité.
Nous ne pouvons toutefois nous
empêcher de manifester notre
étonnement de ce qui s’est passé
récemment au Conseil municipal.
L’attitude de certains conseillers
est tout simplement déconcertante
en cette question des conditions
du travail dans les entreprises
ayant un caractère communal.
Nous nous étions habitués à con
sidérer la majorité démocratique
du Conseil comme disposée à appuyer
toute réforme ayant pour but de
protéger les travailleurs contre cer
taines exploitations dont ils sont
victimes. 11 paraît que nous nous
sommes trompés.
Certes, nous n’avons pas à nous
placer, en ce qui nous concerne, au
point de vue étroit envisagé par des
journaux comme Le Petit Havre
et le Journal du Havre. Ces feuilles
qui, avant 1895, ont toujours soutenu
des municipalités qui marchaient au
doigt et à l’œil, sous la férule d’un
Rispal, ne peuvent admettre qu’une
majorité ne fasse pas preuve de ser
vilisme. Leur idéal c’est le régime
de Mamelouks qui a régné trop long
temps à l’Hôtel de Ville. Quand
donc ces journaux se réjouissent de
ce que tout le monde n’est par d’ac
cord sur une question déterminée et
y voient une dislocation de la ma
jorité, ils sont dans leur rôle. Et l’on
peut dire, en passant, que c’est un
avertissement à certains démocra
tes qui font ainsi, tout au moins en
apparence, le jeu des clérico-oppor-
tunistes.
Mais tout en admettant comme
l’exercice normal du mandat muni
cipal les opinions divergentes, tout
en ayant le plus grand respect pour
les idées en conflit, nous sommes
en droit de nous demander si ceux
qui, au Conseil municipal, s’oppo
sent à l’application du décret Mille-
rand, et font coalition avec la droi
te, sont bien dans la tradition de
leur parti et dans les limites de leur
mandat électoral. Nous ne le croyons
pas.
Dans toutes les nuances de l’idée j
démocratique, en allant du simple
radical jusqu’au socialiste, il est de
règle de mettre à la disposition du
travailleur la protection légale, pour
rétablir l’équilibre trop longtemps et
trop souvent rompu par la législa
tion et par la fatalité des faits éco
nomiques. Si la société n’a pas pour
objet de mettre déplus en plus l’in
dividu en dehors et au-dessus des
atteintes de cette fatalité qui rava
lerait le salaire au rang d’une mar
chandises, on peut se demander à
quoi sert cette société tant vantée.
Voilà ce que ne paraissent pas
avoir compris certains membres du
Conseil municipal. Ils paraissent
avoir oublié que le mot Liberté ne
figure pas seule dans la devise répu
blicaine, et qu’il s’y trouve accolé
aux mots Egalité et Fraternité. Pré
coniser un régime ou l’on abandon
nerait ceux que l’on doit traiter
comme des frères, ce serait une pure
dérision. Il n’y faudrait voir qu’une
triste carricature de la République.
Encore une fois, il est très beau
de parler du libre jeu de la concur
rence, comme le font volontiers
MM. Acher et Sorel au sein du Conseil
municipal,où ils figurent comme indi
vidualistes forcenés. Individualisme
d’ailleurs purement théorique. Car,
est-il besoin de rappeler à ces hono
rables conseillers que la supériorité
sociale est faite très souvent de la
protection sociale contre laquelle ils
fulminent. Comment un médecin
pourrait-il parfaire son instruction
technique, si la société ne mettait à
sa disposition des Facultés, des clini
ques, des bibliothèques, dont tous les
contribuables, y compris les ou
vriers, font tous les frais ? Comment
pourrait-on s’enrichir dans la raffi
nerie, si l’Etat n’allait chercher dans
la poche des contribuables des pri
mes qui constituent une protection
d’une industrie qui, d’ailleurs, nous
vend le sucre deux ou trois fois plus
cher qu’à l’étranger ?
Comment expliquer une telle con
tradiction ? Serait-ce que MM. So
rel et Acher ne comprennent la pro
tection que lorsqu’ils en profitent, et
qu’ils la condamnent quand elle doit
profiter aux ouvriers ? Ce serait une
singulière façon d’interpréter la dé
claration des Droits de l’Homme.
N’y aurait-il au fond de tout cela
qu’une querelle d’intérêt personnel
et les grands mots de libre concur
rence, de non-interventionnisme, ne
seraient-ils que le masque d'un
égoïsme féroce et inhumain ? Un
conseiller municipal, M. Brot, l’a
déclaré dans une des dernières
séances : « les entrepreneurs qui siè
gent au Conseil paraissent lutter sur
tout pour un intérêt de boutique en
combattant le décret Millerand ».
Avait-il complètement tort ? Nous le
voudrions pour la bonne renommée
de tous ceux qui sont entrés au Con
seil avec le patronage du Comité
démocratique.
Espérons, dans tous les cas que la
f réflexion et l’étude produiront,
comme toujours, des résultats bien
faisants, et que l’intérêt particulier
saura s’incliner devant l’intérêt gé
néral. On évitera ainsi de commettre
une injustice doublée d’une faute
politique.
MACISTER.
LA SEMAINE
La rentrée des Chambres
La première journée a été excel
lente. Le cabinet a eu la bonne for
tune d’être attaqué par la droite dans
une série d’interpellations qui repro
duisaient les griefs déjà connus sur
la présence de M. Millerand dans le
ministère, sur les déplacemensts des
généraux; MM. DenysCochin,Grand-
maison, Lasies et Paul de Cassagnac
ont été les interprètes assez peu écou
tés de ces doléances. On a fort peu
parlé du complot. Ce qui n’est pas
très flatteur pour MM. Déroulède,
André Buffet et Jules Guérin qui sont
sous les verrous. f ,
L’événement de la seance a ete le
discours de M. le général de Galliffet.
Le brillant officier de cavalerie com
prend mieux que les prétendus défen
seurs de l’armée les devoirs de nos
généraux ; l’armée n’a pas le droit de
parler ; aussi, il ne regrette aucun de
ses actes ; il a frappé les officiers cou
pables, et il justifie toutes les mesures
qu’il a prises; étant le chef de Far
inée, il ne pouvait tolérer la moindre
infration à la discipline, et il a mon
tré le général de Négrier se mettant
en insurrection contre le gouverne
ment. "V"''-
Les prévisions favorables au cabinet
Waldeck-Rousseau se sont réalisées
au-delà de toute espérance dans la
deuxième journée. Les plus sympa
thiques au gouvernement actuel lui
accordaient une majorité certaine éva
luée à cent voix environ. Cent cinq
voix au contraire sont venues en
masse! 317 contre 212, c’est le cas
d’invoquer l’éloquence des chiffres.
La journée fat donc bonne pour la
République et pour le ministère. La
courageuse attitude du président du
Conseil a eu les plus heureux effets ;
aussi bien d’ailleurs l’intervention de
Méline n’a pas été faite pour diminuer
la majorité gouvernemeatale. L’ancien
chef du ministère, cher à la droite,
n’a eu qu’à se montrer à la tribune
pour fortifier davantage le parti répu
blicain proprement dit ; dans un pre
mier discours rapide, il a cru pouvoir
exercer une utile action sur son groupe,
il s’est amèrement trompé, et l’erreur
s’est encore aggravée quand, pour la
seconde fois, en moins d’une heure, jl
a essayé d’apporter de nouvelles dé
clarations. '■
Et le spectacle était curieux à con
sidérer de cet ancien chef de majorité
dont l’influence se dissipait comme à
plaisir pendant que l’autorite du titu
laire actuel du pouvoir grandissait à
chaque instant.
★
* *
La Haute-Cour
Il était visible que les avocats et
même les accusés, dans la mesure ou
cela leur serait possible, avaient pris
la résolution de ne soulever aucun
incident, de ne créer aucune agitation
tant que la question de compétence
ne serait pas tranchée ; le seul espoir
de la défense était que la Haute-Cour
se déclarât incompétente pour juger
un complot, et il ne fallait pas com
promettre cette chance.
Maintenant que cet espoir s’en est
allé à vau-l’eau, la Haute-Cour s’étant
déclarée compétente, toutes les digues
sont rompues. Les incidents vont suc
céder aux incidents, les moyens d’obs
truction aux moyens d obstruction.
I.’audience de lundi a inauguré cette
nouvelle tactique. M e Evain a déve
loppé des conclusions tendant à l’al
longement indéfini du procès ; et sa
ploidoirie, qui aurait été très complète
si elle n’avait duré qu’une heure, s’est
prolongée pendant trois heures. De
leur côté, MM. Déroulède et Guérin
ont essayé des petites manifestions
pour provoquer du tumulte.
L’iterrogatoire des prévenus a pu,
néanmoins, commencer jeudi dernier.
*
* *
Mesures contre les Assomptionistes
Le gouvernement s’est enfin décidé
à sévir contre les congrégations reli
gieuses qui, au mépris des lois, exer
cent un scandaleux commerce, tout
en travaillant à la désorganisation des
institutions républicaines.
On a perquisitionné chez les As
somptionistes, à l’imprimerie du jour
nal La Croix , et malgré les protesta
tions des bons pères, nous pouvons
assurer qu’il a été trouvé à la maison
de la bonne presse, une foule de do
cuments des plus intéressants.
Trois religieux sont actuellement
sous le coup des poursuites. Ce sont
les pères Bailly, Picard et Allez, les
grands maîtres de l’ordre religieux
qui a fait tant de mal à la France.
Espérons que ces directeurs de con
science recevont la juste punition que
comportent leurs crimes.
*
* *
La guerre Sud-Africaine
Le général Buller, qui avait conçu
le projet d’envahir le Transvaal par
l’Etat fibre d’Orange, a modifié son
plan.
Il envoie en toute hâte à Durban
les troupes qui viennent d’arriver au
Cap. Le généralissime veut, on le
voit, débloquer coûte que coûte Lady-
smith.
On ne publie à Londres aucune dé
pêche donnant des renseignements
précis sur la situation de cette ville.
Les Anglais disent que les Boers diri
gent une canonnade inoffensive, et
par une de ces contradictions qui leur
est coutumière, ils ajoutent que la
ville est en feu.
Les journaux sont cependant pleins
de confiance. S’ils n’émettent plus la
prétention de camper à Prétoria le
jourde Noël, ils ont au moins l’espoir
de débloquer avant la fin du mois le
général White.
Le War Office communique des
télégrammes de Mafeking datant de la
fin d’octobre. Les défenseurs, tout en
se vantant d’avoir remporté des vic
toires éclatantes, étaient contraints
d'avouer qu’à cette époque, les opéra
tions du siège étaient poussées avec
vigueur.
■<»-
Martineau a parlé !
Le Journal du Havre, ce vieil
lard qui se fait infuser de temps en
temps du sang nouveau, sous la
forme des pièces de cent sous de
MM. Dubosc et de ceux de ses amis
qui veulent bien chasser dans le
bois des Hallattes, au risque de leur
peau, n'a pas beaucoup de lecteurs.
Mais il entend se rattraper par la
joyeuseté de ses attitudes. On ne le
lit pas énormément, mais au moins
fait-il rire à ventre déboutonné ceux
qui imaginent de le lire.
Dans le temps, ce journal avait
Marteau. Aujourd’hui, il a Marti-
S’ Un t0Ut P6tit diminutif d e Mar-
à (Dre an’iitï'* ™,J°V rnali ste, c'est
a aire qu il savait ecnre. C’était un
artiste, ainsi qu’en témoignaient ses
chapeaux invraisemblables et sa
longue chevelure. Il n arpn „„--i , sa
couloirs des Chambres! y recueil
des potins qu’il racontait auTlec
JouLuuB aZ CSocTa’mat
Martineau, lui, plus heureux on»
Marteau, est député et membre^dn
Conseil d’Administration de la Com
S e ,fr; ais u e S;
% / a ac ^ e barreau. Il est
SETS
Rispal. Il a un style à i,,,- nt
inteprnmoMnc* * m, o. phrases
S?nn! b c ° mme le macaroni à
Italienne avec des formules values
et dubitatives et des naïvetés oui
orIge e use Un0 J e “ chaste et peu
£,“■ J® Consei1 municipal du Havre.
Nous étions sur la piste.
1 er, jeudi 16 novembre nous
^rittrT abie •Ans
flous y ! 'dmes ces cocasse
ries. «Il est infiniment probable
que le Gouvernement obtiendra une
rs ta “t e , maj0rité - Mais d est z
moins certain que les vérifahle»
dangers pour le Cabinet se preW
J t 0nt Pédant la-discussion du bud-
fens'Voni y. Payait aussi de
g ns « qui manifestent indirect?
de ces haute»
Il était évident tout d’abord m.e
J d ° urs ’ 11 ne serait pas jobard au point
de se payer un rédacteur pouvant
elucubrer dans le style ci-deWs
Poussant plus loin notre enrmâfo
nous n’éprouvâmes aucune surS’
d!nS naQt ’r Une mdlsS
!ré m?» , co ° 0lt oyens nous sauront
pie, que le Martineau qui annonce
Chutéd°u°rninS™!rf Prédit *
hautementlapommadeopportunlste 6
veux ést tout®“ r ?P° usser les che-
veux, est tout simplement M Imim
Bnndeau, député du Havre tJ?
arrive, hélas ! - ce mZ’ r ■
' certes^ wt n ^ ! 11
^estomac aussi grfnd'q^
mieux*nniMarthe™ ‘ 6tait moins 8* que
VÉRUS.
LEURS VOTES
Par 340 voix contre 215, la Cham
bre des Députés a accordé sa confiance
au Ministère présidé par M. Waldeck-
Rousseau.
Nous constatons une fois de plue
que les deux députés du Havre se sont
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