Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-07-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 juillet 1893 01 juillet 1893
Description : 1893/07/01 (N88). 1893/07/01 (N88).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263288p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
2* Année — N® 88 — Samedi 1 er Juillet 1893.
DIX CENTIMES LE NUMÉRO
2* Année — U Messidor An 101 — N® 88
Le Réveil dn Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
m\ m mmmms
Le Havre...
Département*
UN AN SIX. MOTS
5 IV. 3 fr.
6 fr. 3 50
ADMlMSTIlATlOiV & RÉDACTION
15, RU h; CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU IIA VREparaît le Samefr
VISITE A L’ESCAD
Depuis deux jours, l’escadre du Nord est
sur notre rade et les journaux du Havre
publiaient, mercredi soir, l’entrefilet suivant :
« Les autorités civiles et militaires se ren
dront demain matin, à dix heures et demie, à
bord du Suffren , à l'effet de présenter leurs
souhaits de bienvenue et leurs hommages à
M. l’amiral Lefèvre commandant l’escadre. »
A l’heure dite, les autorités civiles et mili
taires étaient réunies sur le Grand-Quai pour
accomplir la visite projetée, mais une décep
tion les attendait, il était impossible de
songer à se rendre à la nage à bord du Suffren
et cependant aucun navire ne se trouvait là
pour conduire à l’escadre M. le chef du ser
vice de la marine et Us invités.
11 paraît que M. Le Grix, qui était allé,
seul, mercredi, présenter ses hommages à M.
l’amiral Lefèvre et qui avait pçjs passage sur
le François-l er , mis gracieusement à sa dispo
sition, n’avait oublié qu’une chose, affréter
un navire pour transporter les autorités qui
qui devaient l’accompagner jeudi matin.
Comme organisation c’était tout à fait
réussi et les curieux venus pour assister à ce
départ ont pu admirer pendant trois quarts
d’heure les galons de M. Le Grix qui, comme
soeur Anne, interrogeait l’horizon, attendant
un moyen de transport qui s’obstinait à faire
défaut, bien qu’on eût donné l’ordre auFran-
çois-I er de quitter Ronfleur pour venir pren
dre les autorités restées en détresse.
Inutile d’ajouter que la plupart des invités
avaient filé à l’anglaise.
Enfin après bien des pourparlers et une
longue station sur le quai, en plein soleil, les
rares personnes qui étaient restées fidèles à
M. le Chef du service de la marine prirentplace
sur un remorqueur pour se rendre à bord du
Suffr en.
Que faisait pendant ce temps là, votre su
perbe baleinière, M. Le Grix?
C’était le moment de la faire sortir; si elle
n’avait pas été suffisante pour transporter
tout le monde, vous auriez demandé à M. le
Commandant du port de vous prêter la sienne.
Mais il paraît que ( cette belle baleinière ne
sort que le jour des régates et voilà pourquoi
M. le Chef du service de la marine n’a pû
procurer aux autorités l’ocuasion de leur faire
apprécier les qualités nautiques de cette em
barcation qui brave toutes les tempêtes, soigneu
sement remisée dans les magasins de VArsenal.
Allons, tout ceci prouve qu’il est plus facile
d’assister à l’inauguration de la crèche Sainte-
Marie que d'organiser une excursion en rade
et vous avez bèsoin M. Le Grix de prendre
une revanche !
PIC.
SEMAINE loLITÏBÏÏE
FRANCE
Election cantonale. — C’est avec une vive
satisfaction que nous enregistrons, en tête de no
tre Chronique politique, le succès obtenu par M.
René Berge, maire de Saint-Maurice-d’Etelan,
candidat républicain, qui a battu, aux élections
cantonales de Lillebonne, le 25 juin 1893, M. le
baron André Piérard, député conservateur, secré
taire de la Droite royaliste, membre influent (?) du
conseil intime du comte de Paris.
Cette journée a été une éclatante victoire pour
le parti républicain, qui, une fois de plus, a mon
tré sa force et sa discipline en présence d’un ad
versaire qui, pourtant, se croyait invulnérable,
autant par l’influence de ses sacs d’écus que par
l’appoint de ses relations de famille.
Ajoutons que cette élection est. dans notre ré
gion, du plus heureux augure pour les élections
législatives prochaines.
M. Léon Desgenétais remplacera aussi bientôt,
nous en avons la forme conviction, appuyée par
des résultats acquis, M. le baron Piérard à la
Chambre des Députés, afin de lui laisser tous les
loisirs voulus pour chasser le lapin sur ses terrains
domaniaux.
*
* -¥•
La date des Elections. — Cette fois c’est
bien arrêté, c’est le 20 août qu’il s’agira de se
prouoncer sur la politique qui dirigera les desti
nées de la République. Celle que nous devons
craindre le plus est assurément la politique oppor
tuniste.
Beaucoup de braves gens croient que l’opportu
nisme consiste à faire les choses à leur heure.
Mais ils se trompent.
Depuis qu’ils détiennent le pouvoir, leur théorie
s’applique à nier le lendemain leurs affirmations
de la veille. Ils'ne veulent de la séparation de
l’Eglise de l’Etat, ni entendre parler de la rupture
du Concordat. Cette Constitution bâtarde qu’ils
ont voté pour la garde de la République, ils la di
saient provisoire, bonne à durer tout au plus deux
ou trois ans, aujourd’hui, ils ne veulent à aucun
prix qu’on y touche. Et il en est ainsi pour presque
toutes les propositions qui font corps avec le pro-
g r a m m ed é m ocra tique.
Un seul, le grand parti de la Révolution, le
seul qui soit reste fidèle à ëes idées; à ses institu
tions, à son programme, ne s’est pas encore ma
nifesté comme il convient de le faire, à la veille
des élections. Un homme qui occupe une place
bien définie à la Chambre actuelle, M. Maujan,
dans un discours qu’il a prononcé à Reims, a fait
ressortir la nécessité de refaire ce parti :
« C’est ce parti, a-t-il dit, qui comprendra tous
les républicains qui se réclament de la Révolution,
tous les démocrates qui, loin de redouter le mou
vement socialiste, veulent se mettre à sa tête pour
lui donner line impulsion régulière, répondre par
des réformes larges et rapides à l’appel des tra
vailleurs, pour accomplir pacifiquement la Révo
lution économique et poursuivre l’oeuvre de l’or
ganisation sociale. »
Il serait, en effet, désirable que tous les élec
teurs soucieux de mettre une fin à l’état oligarchi
que dans lequel nous enlisent les omnipotents op-
portunards qui détiennent actuellement et depuis
trop longtemps le pouvoir, s’inspirent de ces prin
cipes, et ne jettent leurs bulletins dans l’urne,
qu’après avoir bien réfléchi sur la valeur morale
des candidats qui solliciteront leurs suffrages.
★
* ¥
Le Budget. — Ou prévoit, dès à présent, que
la discussion générale du Budget commencera
après le vote de la convention franco-russe, et
n’occupera pas plus de trois ou quatre séances.
La discussion du budget, cette année, ne pourra
guère, quoi qu’il arrrive, être qu’une pure for
malité. Que ce soit très fâcheux, c’est possible.
C’est, en tout cas, une chose à quoi il a fallu se
résigner, du jour où il a été entendu que la Cham
bre de 1889 voterait comme les précédentes son
quatrième budget. Donc, rien ou bien peu de chose
à perdre de ce chef. Dès lors, où serait la raison
d’hésiter ? La Chambre actuelle ne peut plus
rendre aucun service d’importance au pays ; les
électeurs n’attendent plus rien d’elle ; ce n’est pas
exagérer que dire que la période électorale est
virtuellement ouverte ; autant l’ouvrir tout de
suite effectivement.
*
-¥ *
La réforme des boissons. — M. Peytral,
ministre des finances, s’est rendu hier devant la
commission du budget pour lui faire connaître
l’avis du gouvernement sur la réforme des bois
sons telle qu’elle a été votée, sur rapport de M.
Salis, par la commission spécialement chargée de
l’étudier.
.M. Peytral a exprimé l’avis que le droit de dix
centimes par hectolitre proposé par le Sénat pour
les marchands de vins en gros, fût maintenu ou
réduit, tout au plus, à .cinq centimes.
La commission du budget, se ralliant aux obser
vations du ministre au sujet de l’alcool, a décidé
que le droit fixé par le Sénat à 195 francs serait
porté à 197.50. Par contre, sur l’insistance de
M. Salis, elle a supprimé le droit établi sur les
marchands de vins en gros.
M. Salis a déclaré qu’il serait en mesure de lire
son rapport aujourd’hui, à la commission. Le
dépôt en sera effectué le même jour sur le bureau
de la Chambre.-
Le Compte administratif de la Ville pour l’année 1892
C’est une chose bien étrange qu’un Conseil'
municipal votant sans examen, sans discussion, le
Compte administratif d’une grande ville comme
le Havre. Ce document, des plus intéressants, est
instructif au premier chef; c’est la base des bud
gets futurs, et il est fâcheux de le voir traiter avec
ce dédain par le Conseil et sa Commission des
finances.
Et cependant, il y aurait beaucoup à dire. On
trouve par exemple dans ce compte, une recette
imaginaire de cent trois mille francs à prélever
sur des recettes à réaliser en 1893. Ce sont là de
véritables finances d’opérette.
M. Aeher a bien risqué quelques timides obser
vations sur deux ou trois articles, entr’autres la
Caisse des Ecoles. Mais M. Brindeau, le rappor
teur M. Lefebvre et M. Persac, se sont réunis
pour lui dire qu’il était inouï de discuter, sans en
avoir prévenu préalablement l’Administration, un
document en discussion. S’il veut des renseigne
ments et des explications sur les chiffres du
compte, il n’a, d’après eux, qu’à aller les demander
aux employés de l’Hôtel de Ville; mais M. le maire
a bien le droit de ne pas être au courant, et il en
use.
Parmi les observations de M. Acher, il en est
pourtant une qui nous a frappé : il a demandé
quels étaient les bénéfices réalisés en 1892 sur la
vente des fournitures scolaires, et si ces bénéfices,
qui sont en principe attribués à la Caisse des
Ecoles étaient restés entre les mains de la Ville
ou avaient été versés à la Caisse des Ecoles. Car,
s’ils sont restés dans les mains de la Ville, ils
faussent pour autant le résultat du compte.
Nous estimons qu’il était du devoir du maire de
demander le renvoi de la discussion à la prochaine
séance, puisqu’il ne se sentait pas en mesure de
discuter son compte sans l’avoir étudié. Car il est
triste de voir un Conseil municipal se laisser
rabaisser avec docilité au rôle de simple chambre
d’enregistrement du travail plus ou moins bien
fait des employés de l’Hôtel de Ville.
ROC.
— «fr'
A M. PERSAC, Conseiller municipal
La parole est d'argent et le silence est d'or
Si M. Persac s’était souvenu de ce sage pro
verbe, il eut évité de commettre mercredi dernier,
au Conseil municipal, ce qu’on est convenu d’ap
peler une gaffe.
Le compte administratif était en discussion et
M. Acher posait à Monsieur le Maire une question
au sujet du boni provenant des fournitures sco
laires.
M. Brindeau venait d’y répondre, lorsque M.
Persac, intervenant, reprocha à M. Acher de tou
jours questionner M. le Maire plutôt que de
s’adresser aux services compétents qui lui au
raient fourni toutes les explications que M. Brin
deau pourrait ne pas être en mesure de lui donner
en séance.
Et M. Persac ajouta
« Croyez-vous que je pourrais répondre immé
diatement à tous les renseignements qu’on me de
manderait sur mon commerce ? »
Nous avouons ne pas comprendre et nous n’a-
vonâ 1 r pas à rechercher si M. Persac, négociant,
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
connaît ou non ses affaires, mais ce que nous pou
vons lui affirmer, car il paraît l’ignorer, c’est qu’un
maire est tenu de répondre aux questions qui peu
vent lui être posées au sujet de son compte admi
nistratif et que tout conseiller soucieux des inté
rêts de ses commettants a le devoir de vérifier ce
document avant de l’approuver.
Monsieur le Maire dont nous connaissons le ca
ractère conciliant a dû être médiocrement satis
fait de cette intervention inopportune et mala
droite.
Allons M. Persac relisez vos classiques et vous
verrez qu’il y a longtemps que le bon La Fontaine
à dit :
Rien n’est si dangereux qu’un ignorant ami.
Mieux vaudrait un sage ennemi.
M. LARDIN DE MUSSET
Préfet des Ardennes
C’est avec un profond regret, en même temps
qu’avec une joie toute sympathique que nous
avons appris que M. Lardin de Musset, sous-pré
fet du Havre, est nommé préfet du département des
Ardennes.
Cette séparation, à laquelle il fallait s’atten
dre incessamment et, — disons-le, — était même
prévue depuis quelque temps, causera, parmi nos
concitoyens ainsi que dans la région, des regrets
aussi sincères que nombreux.
Nous félicitons les Ardennois de l’excellent
choix que le gouvernement leur a réservé, car M.
Lardin de Musset, est un des rares fonctionnaires
qui aime et encourage les vrais principes de la
République.
Nous lui souhaitons autant de sympathie dans
son nouveau poste qu’il laisse des regrets dans
notre ville et dans son arrondissement.
Le nouveau sous-préfet du Havre est M. Marie,
sous-préfet de Lisieux.
Voici les états de service de M. Marie :
Conseiller de préfecture de la Corrèze, ie 21 fé
vrier 1877 ; vice-président du conseil de préfeç-
ture de la Corrèze, 6 mars 1879. Secrétaire géné-,
ral de la préfecture de la Nièvre, 25 juillet 1878.
Secrétaire général du département de.Saône-et-
Loire, 5 septembre 1881. Sous-préfet de Lisieux,
14 novembre 1886. Enfin, sous-préfet du Havre,
26 juin 1893.
Officier d’académie du 29 mai 1880 ; officier de
l’instruction publique du 10 janvier 1892. ’
UNE CATASTROPHE SCOLAIRE
/ - ’
Monsieur le Rédacteur,
Nous avons l’honneur de vous prier de bien
vouloir insérer la protestation suivante, dans les
colonnes de votre estimé journal :
Le 21 de ce mois, les examens du certificat
d’études primaires se passaient au Cercle Franklin,
sous la présidence de M. l’inspecteur primaire
Garsault. 540 candidats étaient entassés dans la
salle. Quand on connaît la résonnance de la pièce,,
il ne faut pas être prophète pour prédire que cer
tains enfants n’entendront pas la dictée, il n’est
pas nécessaire non plus d’être un puits de science
et de savoir si fond, sans s, vient de fundus ou
de fondum — d’après Molière, — il suffit de se
servir de son bon sens naturel, acte intellectuel
bien simple, et cependant, combien de gens n’en
sont pas capables et qui n’hésiteraient pas à don
ner une dictée à des milliers d’enfants, s’ils avaient
à leur disposition les arènes de Nîmes ou le colysée
de l’ancienne Rome.
Or, il est arrivé que beaucoup d’enfants n’ont
pas entendu, et que dans une dictée qui ne pré
sentait pas de sérieuses difficultés, eu égard sur
tout à la façon très sage dont les examinateurs
ont apprécié certaines fautes, on a relevé en masse
des choses comme celles-ci : visage pour avantage,
aveugle pour aveu, réplique pour implique, etc.,
de sorte que cette épreuve a causé une véritable
catastrophe.
Les élèves qui n’entendaient pas avaient beau
dire : « On n’entend pas, par ici, on n’entend
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2* Année — U Messidor An 101 — N® 88
Le Réveil dn Havre
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UN AN SIX. MOTS
5 IV. 3 fr.
6 fr. 3 50
ADMlMSTIlATlOiV & RÉDACTION
15, RU h; CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU IIA VREparaît le Samefr
VISITE A L’ESCAD
Depuis deux jours, l’escadre du Nord est
sur notre rade et les journaux du Havre
publiaient, mercredi soir, l’entrefilet suivant :
« Les autorités civiles et militaires se ren
dront demain matin, à dix heures et demie, à
bord du Suffren , à l'effet de présenter leurs
souhaits de bienvenue et leurs hommages à
M. l’amiral Lefèvre commandant l’escadre. »
A l’heure dite, les autorités civiles et mili
taires étaient réunies sur le Grand-Quai pour
accomplir la visite projetée, mais une décep
tion les attendait, il était impossible de
songer à se rendre à la nage à bord du Suffren
et cependant aucun navire ne se trouvait là
pour conduire à l’escadre M. le chef du ser
vice de la marine et Us invités.
11 paraît que M. Le Grix, qui était allé,
seul, mercredi, présenter ses hommages à M.
l’amiral Lefèvre et qui avait pçjs passage sur
le François-l er , mis gracieusement à sa dispo
sition, n’avait oublié qu’une chose, affréter
un navire pour transporter les autorités qui
qui devaient l’accompagner jeudi matin.
Comme organisation c’était tout à fait
réussi et les curieux venus pour assister à ce
départ ont pu admirer pendant trois quarts
d’heure les galons de M. Le Grix qui, comme
soeur Anne, interrogeait l’horizon, attendant
un moyen de transport qui s’obstinait à faire
défaut, bien qu’on eût donné l’ordre auFran-
çois-I er de quitter Ronfleur pour venir pren
dre les autorités restées en détresse.
Inutile d’ajouter que la plupart des invités
avaient filé à l’anglaise.
Enfin après bien des pourparlers et une
longue station sur le quai, en plein soleil, les
rares personnes qui étaient restées fidèles à
M. le Chef du service de la marine prirentplace
sur un remorqueur pour se rendre à bord du
Suffr en.
Que faisait pendant ce temps là, votre su
perbe baleinière, M. Le Grix?
C’était le moment de la faire sortir; si elle
n’avait pas été suffisante pour transporter
tout le monde, vous auriez demandé à M. le
Commandant du port de vous prêter la sienne.
Mais il paraît que ( cette belle baleinière ne
sort que le jour des régates et voilà pourquoi
M. le Chef du service de la marine n’a pû
procurer aux autorités l’ocuasion de leur faire
apprécier les qualités nautiques de cette em
barcation qui brave toutes les tempêtes, soigneu
sement remisée dans les magasins de VArsenal.
Allons, tout ceci prouve qu’il est plus facile
d’assister à l’inauguration de la crèche Sainte-
Marie que d'organiser une excursion en rade
et vous avez bèsoin M. Le Grix de prendre
une revanche !
PIC.
SEMAINE loLITÏBÏÏE
FRANCE
Election cantonale. — C’est avec une vive
satisfaction que nous enregistrons, en tête de no
tre Chronique politique, le succès obtenu par M.
René Berge, maire de Saint-Maurice-d’Etelan,
candidat républicain, qui a battu, aux élections
cantonales de Lillebonne, le 25 juin 1893, M. le
baron André Piérard, député conservateur, secré
taire de la Droite royaliste, membre influent (?) du
conseil intime du comte de Paris.
Cette journée a été une éclatante victoire pour
le parti républicain, qui, une fois de plus, a mon
tré sa force et sa discipline en présence d’un ad
versaire qui, pourtant, se croyait invulnérable,
autant par l’influence de ses sacs d’écus que par
l’appoint de ses relations de famille.
Ajoutons que cette élection est. dans notre ré
gion, du plus heureux augure pour les élections
législatives prochaines.
M. Léon Desgenétais remplacera aussi bientôt,
nous en avons la forme conviction, appuyée par
des résultats acquis, M. le baron Piérard à la
Chambre des Députés, afin de lui laisser tous les
loisirs voulus pour chasser le lapin sur ses terrains
domaniaux.
*
* -¥•
La date des Elections. — Cette fois c’est
bien arrêté, c’est le 20 août qu’il s’agira de se
prouoncer sur la politique qui dirigera les desti
nées de la République. Celle que nous devons
craindre le plus est assurément la politique oppor
tuniste.
Beaucoup de braves gens croient que l’opportu
nisme consiste à faire les choses à leur heure.
Mais ils se trompent.
Depuis qu’ils détiennent le pouvoir, leur théorie
s’applique à nier le lendemain leurs affirmations
de la veille. Ils'ne veulent de la séparation de
l’Eglise de l’Etat, ni entendre parler de la rupture
du Concordat. Cette Constitution bâtarde qu’ils
ont voté pour la garde de la République, ils la di
saient provisoire, bonne à durer tout au plus deux
ou trois ans, aujourd’hui, ils ne veulent à aucun
prix qu’on y touche. Et il en est ainsi pour presque
toutes les propositions qui font corps avec le pro-
g r a m m ed é m ocra tique.
Un seul, le grand parti de la Révolution, le
seul qui soit reste fidèle à ëes idées; à ses institu
tions, à son programme, ne s’est pas encore ma
nifesté comme il convient de le faire, à la veille
des élections. Un homme qui occupe une place
bien définie à la Chambre actuelle, M. Maujan,
dans un discours qu’il a prononcé à Reims, a fait
ressortir la nécessité de refaire ce parti :
« C’est ce parti, a-t-il dit, qui comprendra tous
les républicains qui se réclament de la Révolution,
tous les démocrates qui, loin de redouter le mou
vement socialiste, veulent se mettre à sa tête pour
lui donner line impulsion régulière, répondre par
des réformes larges et rapides à l’appel des tra
vailleurs, pour accomplir pacifiquement la Révo
lution économique et poursuivre l’oeuvre de l’or
ganisation sociale. »
Il serait, en effet, désirable que tous les élec
teurs soucieux de mettre une fin à l’état oligarchi
que dans lequel nous enlisent les omnipotents op-
portunards qui détiennent actuellement et depuis
trop longtemps le pouvoir, s’inspirent de ces prin
cipes, et ne jettent leurs bulletins dans l’urne,
qu’après avoir bien réfléchi sur la valeur morale
des candidats qui solliciteront leurs suffrages.
★
* ¥
Le Budget. — Ou prévoit, dès à présent, que
la discussion générale du Budget commencera
après le vote de la convention franco-russe, et
n’occupera pas plus de trois ou quatre séances.
La discussion du budget, cette année, ne pourra
guère, quoi qu’il arrrive, être qu’une pure for
malité. Que ce soit très fâcheux, c’est possible.
C’est, en tout cas, une chose à quoi il a fallu se
résigner, du jour où il a été entendu que la Cham
bre de 1889 voterait comme les précédentes son
quatrième budget. Donc, rien ou bien peu de chose
à perdre de ce chef. Dès lors, où serait la raison
d’hésiter ? La Chambre actuelle ne peut plus
rendre aucun service d’importance au pays ; les
électeurs n’attendent plus rien d’elle ; ce n’est pas
exagérer que dire que la période électorale est
virtuellement ouverte ; autant l’ouvrir tout de
suite effectivement.
*
-¥ *
La réforme des boissons. — M. Peytral,
ministre des finances, s’est rendu hier devant la
commission du budget pour lui faire connaître
l’avis du gouvernement sur la réforme des bois
sons telle qu’elle a été votée, sur rapport de M.
Salis, par la commission spécialement chargée de
l’étudier.
.M. Peytral a exprimé l’avis que le droit de dix
centimes par hectolitre proposé par le Sénat pour
les marchands de vins en gros, fût maintenu ou
réduit, tout au plus, à .cinq centimes.
La commission du budget, se ralliant aux obser
vations du ministre au sujet de l’alcool, a décidé
que le droit fixé par le Sénat à 195 francs serait
porté à 197.50. Par contre, sur l’insistance de
M. Salis, elle a supprimé le droit établi sur les
marchands de vins en gros.
M. Salis a déclaré qu’il serait en mesure de lire
son rapport aujourd’hui, à la commission. Le
dépôt en sera effectué le même jour sur le bureau
de la Chambre.-
Le Compte administratif de la Ville pour l’année 1892
C’est une chose bien étrange qu’un Conseil'
municipal votant sans examen, sans discussion, le
Compte administratif d’une grande ville comme
le Havre. Ce document, des plus intéressants, est
instructif au premier chef; c’est la base des bud
gets futurs, et il est fâcheux de le voir traiter avec
ce dédain par le Conseil et sa Commission des
finances.
Et cependant, il y aurait beaucoup à dire. On
trouve par exemple dans ce compte, une recette
imaginaire de cent trois mille francs à prélever
sur des recettes à réaliser en 1893. Ce sont là de
véritables finances d’opérette.
M. Aeher a bien risqué quelques timides obser
vations sur deux ou trois articles, entr’autres la
Caisse des Ecoles. Mais M. Brindeau, le rappor
teur M. Lefebvre et M. Persac, se sont réunis
pour lui dire qu’il était inouï de discuter, sans en
avoir prévenu préalablement l’Administration, un
document en discussion. S’il veut des renseigne
ments et des explications sur les chiffres du
compte, il n’a, d’après eux, qu’à aller les demander
aux employés de l’Hôtel de Ville; mais M. le maire
a bien le droit de ne pas être au courant, et il en
use.
Parmi les observations de M. Acher, il en est
pourtant une qui nous a frappé : il a demandé
quels étaient les bénéfices réalisés en 1892 sur la
vente des fournitures scolaires, et si ces bénéfices,
qui sont en principe attribués à la Caisse des
Ecoles étaient restés entre les mains de la Ville
ou avaient été versés à la Caisse des Ecoles. Car,
s’ils sont restés dans les mains de la Ville, ils
faussent pour autant le résultat du compte.
Nous estimons qu’il était du devoir du maire de
demander le renvoi de la discussion à la prochaine
séance, puisqu’il ne se sentait pas en mesure de
discuter son compte sans l’avoir étudié. Car il est
triste de voir un Conseil municipal se laisser
rabaisser avec docilité au rôle de simple chambre
d’enregistrement du travail plus ou moins bien
fait des employés de l’Hôtel de Ville.
ROC.
— «fr'
A M. PERSAC, Conseiller municipal
La parole est d'argent et le silence est d'or
Si M. Persac s’était souvenu de ce sage pro
verbe, il eut évité de commettre mercredi dernier,
au Conseil municipal, ce qu’on est convenu d’ap
peler une gaffe.
Le compte administratif était en discussion et
M. Acher posait à Monsieur le Maire une question
au sujet du boni provenant des fournitures sco
laires.
M. Brindeau venait d’y répondre, lorsque M.
Persac, intervenant, reprocha à M. Acher de tou
jours questionner M. le Maire plutôt que de
s’adresser aux services compétents qui lui au
raient fourni toutes les explications que M. Brin
deau pourrait ne pas être en mesure de lui donner
en séance.
Et M. Persac ajouta
« Croyez-vous que je pourrais répondre immé
diatement à tous les renseignements qu’on me de
manderait sur mon commerce ? »
Nous avouons ne pas comprendre et nous n’a-
vonâ 1 r pas à rechercher si M. Persac, négociant,
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
connaît ou non ses affaires, mais ce que nous pou
vons lui affirmer, car il paraît l’ignorer, c’est qu’un
maire est tenu de répondre aux questions qui peu
vent lui être posées au sujet de son compte admi
nistratif et que tout conseiller soucieux des inté
rêts de ses commettants a le devoir de vérifier ce
document avant de l’approuver.
Monsieur le Maire dont nous connaissons le ca
ractère conciliant a dû être médiocrement satis
fait de cette intervention inopportune et mala
droite.
Allons M. Persac relisez vos classiques et vous
verrez qu’il y a longtemps que le bon La Fontaine
à dit :
Rien n’est si dangereux qu’un ignorant ami.
Mieux vaudrait un sage ennemi.
M. LARDIN DE MUSSET
Préfet des Ardennes
C’est avec un profond regret, en même temps
qu’avec une joie toute sympathique que nous
avons appris que M. Lardin de Musset, sous-pré
fet du Havre, est nommé préfet du département des
Ardennes.
Cette séparation, à laquelle il fallait s’atten
dre incessamment et, — disons-le, — était même
prévue depuis quelque temps, causera, parmi nos
concitoyens ainsi que dans la région, des regrets
aussi sincères que nombreux.
Nous félicitons les Ardennois de l’excellent
choix que le gouvernement leur a réservé, car M.
Lardin de Musset, est un des rares fonctionnaires
qui aime et encourage les vrais principes de la
République.
Nous lui souhaitons autant de sympathie dans
son nouveau poste qu’il laisse des regrets dans
notre ville et dans son arrondissement.
Le nouveau sous-préfet du Havre est M. Marie,
sous-préfet de Lisieux.
Voici les états de service de M. Marie :
Conseiller de préfecture de la Corrèze, ie 21 fé
vrier 1877 ; vice-président du conseil de préfeç-
ture de la Corrèze, 6 mars 1879. Secrétaire géné-,
ral de la préfecture de la Nièvre, 25 juillet 1878.
Secrétaire général du département de.Saône-et-
Loire, 5 septembre 1881. Sous-préfet de Lisieux,
14 novembre 1886. Enfin, sous-préfet du Havre,
26 juin 1893.
Officier d’académie du 29 mai 1880 ; officier de
l’instruction publique du 10 janvier 1892. ’
UNE CATASTROPHE SCOLAIRE
/ - ’
Monsieur le Rédacteur,
Nous avons l’honneur de vous prier de bien
vouloir insérer la protestation suivante, dans les
colonnes de votre estimé journal :
Le 21 de ce mois, les examens du certificat
d’études primaires se passaient au Cercle Franklin,
sous la présidence de M. l’inspecteur primaire
Garsault. 540 candidats étaient entassés dans la
salle. Quand on connaît la résonnance de la pièce,,
il ne faut pas être prophète pour prédire que cer
tains enfants n’entendront pas la dictée, il n’est
pas nécessaire non plus d’être un puits de science
et de savoir si fond, sans s, vient de fundus ou
de fondum — d’après Molière, — il suffit de se
servir de son bon sens naturel, acte intellectuel
bien simple, et cependant, combien de gens n’en
sont pas capables et qui n’hésiteraient pas à don
ner une dictée à des milliers d’enfants, s’ils avaient
à leur disposition les arènes de Nîmes ou le colysée
de l’ancienne Rome.
Or, il est arrivé que beaucoup d’enfants n’ont
pas entendu, et que dans une dictée qui ne pré
sentait pas de sérieuses difficultés, eu égard sur
tout à la façon très sage dont les examinateurs
ont apprécié certaines fautes, on a relevé en masse
des choses comme celles-ci : visage pour avantage,
aveugle pour aveu, réplique pour implique, etc.,
de sorte que cette épreuve a causé une véritable
catastrophe.
Les élèves qui n’entendaient pas avaient beau
dire : « On n’entend pas, par ici, on n’entend
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