Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1892-04-16
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 16 avril 1892 16 avril 1892
Description : 1892/04/16 (N28). 1892/04/16 (N28).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263229t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
Art
l re Année — N° 28 — Samedi 16 Avril 1862.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
l re Année — 27 Germinal An 100 — N° 28.
Le Réveil du Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre........ 3 fr. 2 fr.
Départements. 4 fr. 2 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15 '
LE RÉVEIL DU HA VRE parait le Samedi
Une quinzaine seulement nous sépare des
élections municipales, et l’apathie est si
profonde dans le corps électoral, qu’on se
croirait à plus d’un an de cette consultation
du suffrage universel.
Faut-il attribuer cette inaction de nos
concitoyens à ce fait que les élections séna
toriales attirent toute l’attention ? On peut
en douter. Car, en somme, l’agitation qui
précède le scrutin du 24 avril est forcément
limitée aux électeurs sénatoriaux.
Nous croyons plutôt, pour être francs, que
cela provient de la désorganisation absolue
du parti démocratique dans notre ville. Il y
a quelques années, on a vivement combattu,
puis définitivement renversé les anciens
comités. A-t-on mis quelque chose à la
place ? Absolument rien. A-t-on cherché à
instituer, dans les rangs républicains, un
groupement quelconque destiné à défendre la
République contre les empiètements cléri
caux, à hâter l’accomplissement des réformes
qui figurent, depuis si longtemps, dans les
programmes ? On n’y paraît même pas
songer.
Pendant que nos amis s’endorment, les
réactionnaires veillent et se préparent à
recommencer l’assaut contre nos institutions.
Tantôt ouvertement, tantôt cachés sous le
masque républicain, ils agissent sans cesse.
Et ce qu’il y a de plus triste, c’est que, dans
tfos rangs, on n’a même pas l’air de s’en
douter.
Combien de temps encore durera cette
neutralité dangereuse des électeurs répu
blicains ? Ne comprendront-ils pas qu’il y va
de leur dignité, de leur indépendance, de
leur droit de contrôle, de se réunir pendant
la période électorale ?
La presse républicaine n’a-t-elle pas, elle
aussi, un rôle à jouer ? Et doit-il lui suffire
de publier, dans la dernière semaine, une
liste de trente-six noms recommandée à la
confiance du public ?
Pour notre part, nous avons peine à com
prendre ce mot d’ordre auquel tout le monde
semble obéir ici, de se croiser les bras. Alors
que, dans les villes voisines, on se réunit,
on agit, on fait, en un mot, quelque chose,
au Havre, on affecte la plus complète indiffé
rence ! Ce qui, d’ailleurs, n’empêche pas les
plus somnolents de secouer leur torpeur le
lendemain de l’élection et de pérorer, à tort
et à travers, en donnant à toute occasion des
conseils dont le moindre défaut est d’être un
peu tardifs.
Croit-on qu’il n’y ait rien à dire sur le
compte de nos affaires municipales ? N’y a-t-
il pas des enseignements à tirer du passé, des
projets à concevoir pour l’avenir ?
Depuis quatre ans que siège le Conseil
municipal actuel, des choses ont été faites
qui valent la peine d’être examinées. Critique
ou. approbation, éloge ou blâme, il faut
qu’une sanction intervienne de la part du
corps électoral. Agir autrement ne serait ni
sincère, ni prévoyant.
Les électeurs ont été au courant des ques
tions financières, politiques et religieuses qui
se sont agitées au sein du Conseil. Quelle
est leur opinion sur ces questions ? Voilà ce
qu’il est nécessaire de connaître. Des expli
cations sur ce point sont aussi intéressantes
pour le public que pour les conseillers qui
auront à se représenter, et pour les nouveaux
candidats qui ont besoin d’une indication.
C’est, en effet, une orientation qu’il faut,
et c’est aux électeurs qu’il appartient de la
donner.
Nous savons qu’on nous objectera les
inconvénients que présentent les conflits
d’hommes et d’idées, l’agitation, les vio
lences même de certaines périodes électorales.
Sans doute, il s’est passé parfois, à ce point
de vue, plus d’un incident regrettable. Mais
le mouvement et le débat, fussent-ils orageux,
ne valent-ils pas mieux que cette léthargie
à laquelle paraissent se résoudre nos conci
toyens ?
La discussion, qu’on ne l’oublie pas, est
de l’essence de la République : elle doit être
l’un des principaux moyens d’action du parti
démocratique. Y renoncer, c’est compromettre
les conquêtes de notre parti.
La parole est au corps électoral. Qu’il fasse
connaître ses volontés.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Election sénatoriale du 40 Avril 1892
YONNE
MM. Dethou, député radical 658 voix élu
le docteur Duché, conseiller
général, républicain 201 »
En remplacement de M. Oscar de Vallée, séna
teur inamovible, bonapartiste, décédé.
Elections législatives du 10 Avril 1892
HAUTE-GARONNE
(Arrondissement de Muret)
M. Pierre de Rémusat, conseiller général, répu
blicain, 18,890 voix, élu en remplacement de M.
Constant Germain, républicain, décédé.
RHONE
(2 me arrondissement de Lyon)
MM. Jean Clapot, conseiller gé
néral, républicain radical. 3.304 voix élu
de Leiris, avocat, républi
cain « 1.377 »
Marcel Gayet, avocat, répu
blicain modéré 841 «
Chanet, socialiste 730 »
En remplacement de M. Thévenet, républicain,
élu sénateur.
Chambre des Députés. — La semaine
parlementaire a été très agitée. Deux questions
ont surtout occupé nos députés et donné lieu à des
séances mouvementées.
Celle portée à la tribune par M. d’ITulst sur les
instructions données à la police à l’occasion des
troubles dans les églises, et transformée à la fin
de la séance en interpellation par M. Louis Jour
dan ; celle concernant notre situation au Soudan
et au Dahomey.
La question des églises a occupé toute la séance
du 9 avril. Sa partie la plus importante réside
dans le discours que M. Ricard, ministre de la
Justice et des Cultes, y a prononcé et qui consti
tue une déclaration des plus précieuses. M.
Ricard, dans cette circonstance, a fait preuve
d’une grande fermeté ; malgré les interruptions
continuelles de la droite, il a affirmé nettement et
énergiquement son intention bien arrêtée d’empê
cher les cléricaux de se mettre au-dessus ou en
travers de la loi.
M. Louis Jourdan avait donné lecture de la cir
culaire suivante de l’évêque de Mende, adressée à
tous les curés de son diocèse :
« A l’époque des dernières élections plusieurs
de mes prêtres ont été inquiétés pour le langage
qu’ils avaient tenu en chaire, sur ce sujet. Quel
ques-uns même ont vu leur traitement , supprimé.
Pour obvier à cet inconvénient, je vous prie de
lire en chaire la circulaire suivante sans y ajouter
un mot de commentaire :
« Votre bien humble serviteur Narcisse, évêque
de Mende ;
« Nos très chers frères, notre saint père le pape,
« ému de nos discordes politiques, plus ému
« encore de la guerre faite en France à la religion,
« nous engage à nous unir fortement pour soute-
« nir les intérêts de Dieu, de l’Eglise, des âmes.
« Or, les conseils municipaux ont à connaître
« de beaucoup de choses qui concernent la reli-
« gion, et plusieurs même dans notre Lozère ont
« pris des arrêtés contre la religion. Il est donc
« important que vous ne fassiez entrer dans la
« municipalité que de bons chrétiens.
« Vous devrez demander ou faire demander à
« chacun des candidats, de prendre l’engagement
« de soutenir en tout, dans le conseil, les intérêts
« de la religion ; si le candidat ne s’y engage pas
« nettement, vous êtes tenu, en conscience, à lui
« refuser votre vote.
« Sachez bien que si un candidat nommé par
« vous sans avoir fait cette promesse venait à
« proposer et faire adopter une mesure antireli-
« gieuse, vous seriez responsable de cette mesure
« devant Dieu, devant l’Eglise, devant votre con-
'« science et vous devriez vous accuser en confes-
« sion d’avoir porté au pouvoir un persécuteur de
« l’Eglise. »
Il avait signalé, en même temps, la propagande
politique qui, sous le manteau de la religion, est
faite par le clergé, non seulement en chaire, mais
dans la rue et au v confessionnal, dans-le départe
ment de Lozère, contre le gouvernement de la
République, contre ses lois et contre les répu
blicains.
Il demandait ce que le gouvernement comptait
faire envers des ministres du culte qui se condui
sent de cette sorte.
Nous voudrions pouvoir reproduire in-extenso
l’éloquente réponse de M. Ricard ; nous devons, à
notre grand regret, nous contenter d’une analyse
des plus succinctes.
« Je formerai, a-t-il dit, un recours pour abus
contre l’évêque de Mende, et en même temps,
j’userai vis-à-vis de ce prélat des pouvoirs disci
plinaires dont le gouvernement dispose, en sup
primant son traitement. »
Le ministre lit ensuite l’extrait d’une brochure
publiée dans la Lozère avec Vimprimatur de
l’évêque de Mende, à la date du 24 octobre 1891,
et qui attaque avec la dernière vigueur les lois
et les institutions républicaines.
« Nous ne sommes pas loin des élections du
1 er mai, et vous voudriez faire croire aux popula
tions françaises qu’il y a, comme on l’écrit dans
certains journaux, des sectaires assis sur ces bancs
n’ayant qu’une préoccupation, celle de persécuter
la religion.
« Vous savez très bien que cela n’est pas exact. »
Le ministre continue la lecture de la brochure
de l’évêque de Mende, répandue à 50,000 exem
plaire dans le département de la Lozère ; il vient
montrer en quels termes quelques-uns de ceux qui
devraient « être les pacificateurs entre tous, qui
devraient avoirpour mission d’apporter des paroles
de paix, peuvent passionner et troubler toute une
légion. »
On y lit, par exemple :
« Les confesseurs ont le devoir de refuser l’ab
solution aux parents qui ne tiendraient pas compte
de cette défense et confieraient leurs enfants à ces
écoles de perdition réprouvées par l’Eglise.
« Les écoles neutres sont des foyers d’impiété,
de corruption, de scandale. La candeur, l’inno
cence, ne brillent plus comme jadis sur ces jeunes
fronts, hélas ! trop tôt flétris par le souffle empoi
sonné de l’école ‘‘sans Dieu”. On dirait que
l’instinct du crime est entré dans ces cœurs d’où
la pureté est bannie. »
Or, est-il tolérable que dans notre pays, on puisse
qualifier ainsi les lois qui émanent de ses repré
sentants ?
En terminant, le ministre lit quelques lignes de
la bulle du pape, portant rectification du Concordat
et prescrivant à-tous les évêques, avant d’entrer
dans l’exercice de leurs fonctions, de prêter au
PRIX DES INSERTIONS:
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
gouvernement le serment de fidélité dont voici la
formule : « Je jure et promets à Dieu sur les saints
Evangiles de garder obéissance et fidélité au gou
vernement établi par la Constitution de la Répu
blique française. Je promets aussi de n’avoir
aucune intelligence, de n’assister à aucun conseil,
de n’entretenir aucune ligue, soit au dedans, soit
au dehors, qui soit contraire à la tranquillité
publique, et si, dans mon diocèse ou ailleurs,
j’apprends qu’il se trame quelque chose au préju
dice de l’Etat, je le ferai savoir au gouverne
ment. »
On comprend ce que des déclarations de ce
genre ont suscité de colères du côté de la Droite.
M. d’Hulst a essayé de répondre ; il l’a fait en
disant que l’Eglise prescrit le respect des lois,
toutes les fois que la loi humaine n’est pas en con
tradiction avec la conscience ; mais toutes les fois
que la loi humaine est en contradiction avec la
conscience , on doit lui résister.
La Chambre n’a pas goûté beaucoup cette ca
suistique et ce cri de révolte contre l’article 201
du Code pénal. La clôture est demandée et, à une
grande majorité, l’ordre du jour suivant, de M.
Jourdan, est adopté:
« La Chambre, approuvant les déclarations du
gouvernement et, confiante dans son énergie, or
donne l’affichage du discours de M. le ministre de
la justice et des cultes dans toutes les communes
de France. »
Les partisans de l’alliance cléricale sont-ils
enfin convaincus ?
★
* *
Il nous reste peu de place pour parler de la dis
cussion sur le Soudan et le Dahomey, qui a èu
lieu les 7 et 11 avril.
Lo gouvernement demandait 360,000 fr. pour
augmenter l’effectif militaire du Soudan, et 3
millions pour nous permettre de faire respecter
nos droits au Dahomey.
On sait que le roi du Dahomey, Behanzin, a
fait sur le territoire situé sous notre protection,
des incursions pendant lesquelles il a opéré des
razzias d’hommes et de femmes et d’une grande
quantité de bétail.
La discussion qui s’est engagée au sujet de ces
demandes a été vive ; de nombreux et souvent
fort intéressants discours ont été prononcés. La
politique coloniale a été examinée une fois de
plus ; les uns proposant l’abandon de l’une ou de
l’autre, ou même des deux parties africaines, les
autres, demandant au contraire, une extension ;
beaucoup ne réclamant que le maintient de l’état
actuel avec, grâce aux crédits, la possibilité de
faire respecter nos droits dans ces pays.
Mais nous devons constater que le gouverne
ment n’a pas été brillant dans cette discussion.
Son attitude a été incertaine, timorée ; il n’a pas
été net dans ses déclarations.
La Chambre a fini par adopter les crédits rela
tifs au Soudan, par 387 voix contre 107 ; ceux
relatifs au Dahomey, par 314 contre 177. La de
mande d’enquête de M. de Lamarzelle sur les
événements du Dahomey, est repoussée par 337
voix contre 149, et enfin, l’ordre du jour pur et
simple est.adopté par 270 voix contre 232, sur
l’interpellation faite par M. Hervieu sur le Da
homey.
A quand, à présent, le prochain incident colo
nial ? Car c’est la conséquence de cette politique,
de nous réserver des surprises, faites d’ennuis de
tous genres qui viennent nous inquiéter constam
ment. Le partage des pays noirs ou jaunes, c’est
la politique moderne des peuples que l’on appelle
civilisés ; politique que nous trouvons déplorable
et qui nous occasionnera bien des déboires.
*
* *
Le Sénat et la Chambre des Députés sont entrés
en vacances ; ils se sont ajournés au 17 mai.
L’ÉLECTION SÉNATORIALE
Les patrons de la candidature Rouland
poursuivent leur campagne, en inondant
littéralement le département dé. proclama
tions dont le lyrisme ferait sourire, si toute
cette agitation faite autour d’un réactionnaire
avéré n’était profondément triste.
On y voit des phrases de cet acabit : ce Mi
« Rouland l’a emporté au Congrès par sa
l re Année — N° 28 — Samedi 16 Avril 1862.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
l re Année — 27 Germinal An 100 — N° 28.
Le Réveil du Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre........ 3 fr. 2 fr.
Départements. 4 fr. 2 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15 '
LE RÉVEIL DU HA VRE parait le Samedi
Une quinzaine seulement nous sépare des
élections municipales, et l’apathie est si
profonde dans le corps électoral, qu’on se
croirait à plus d’un an de cette consultation
du suffrage universel.
Faut-il attribuer cette inaction de nos
concitoyens à ce fait que les élections séna
toriales attirent toute l’attention ? On peut
en douter. Car, en somme, l’agitation qui
précède le scrutin du 24 avril est forcément
limitée aux électeurs sénatoriaux.
Nous croyons plutôt, pour être francs, que
cela provient de la désorganisation absolue
du parti démocratique dans notre ville. Il y
a quelques années, on a vivement combattu,
puis définitivement renversé les anciens
comités. A-t-on mis quelque chose à la
place ? Absolument rien. A-t-on cherché à
instituer, dans les rangs républicains, un
groupement quelconque destiné à défendre la
République contre les empiètements cléri
caux, à hâter l’accomplissement des réformes
qui figurent, depuis si longtemps, dans les
programmes ? On n’y paraît même pas
songer.
Pendant que nos amis s’endorment, les
réactionnaires veillent et se préparent à
recommencer l’assaut contre nos institutions.
Tantôt ouvertement, tantôt cachés sous le
masque républicain, ils agissent sans cesse.
Et ce qu’il y a de plus triste, c’est que, dans
tfos rangs, on n’a même pas l’air de s’en
douter.
Combien de temps encore durera cette
neutralité dangereuse des électeurs répu
blicains ? Ne comprendront-ils pas qu’il y va
de leur dignité, de leur indépendance, de
leur droit de contrôle, de se réunir pendant
la période électorale ?
La presse républicaine n’a-t-elle pas, elle
aussi, un rôle à jouer ? Et doit-il lui suffire
de publier, dans la dernière semaine, une
liste de trente-six noms recommandée à la
confiance du public ?
Pour notre part, nous avons peine à com
prendre ce mot d’ordre auquel tout le monde
semble obéir ici, de se croiser les bras. Alors
que, dans les villes voisines, on se réunit,
on agit, on fait, en un mot, quelque chose,
au Havre, on affecte la plus complète indiffé
rence ! Ce qui, d’ailleurs, n’empêche pas les
plus somnolents de secouer leur torpeur le
lendemain de l’élection et de pérorer, à tort
et à travers, en donnant à toute occasion des
conseils dont le moindre défaut est d’être un
peu tardifs.
Croit-on qu’il n’y ait rien à dire sur le
compte de nos affaires municipales ? N’y a-t-
il pas des enseignements à tirer du passé, des
projets à concevoir pour l’avenir ?
Depuis quatre ans que siège le Conseil
municipal actuel, des choses ont été faites
qui valent la peine d’être examinées. Critique
ou. approbation, éloge ou blâme, il faut
qu’une sanction intervienne de la part du
corps électoral. Agir autrement ne serait ni
sincère, ni prévoyant.
Les électeurs ont été au courant des ques
tions financières, politiques et religieuses qui
se sont agitées au sein du Conseil. Quelle
est leur opinion sur ces questions ? Voilà ce
qu’il est nécessaire de connaître. Des expli
cations sur ce point sont aussi intéressantes
pour le public que pour les conseillers qui
auront à se représenter, et pour les nouveaux
candidats qui ont besoin d’une indication.
C’est, en effet, une orientation qu’il faut,
et c’est aux électeurs qu’il appartient de la
donner.
Nous savons qu’on nous objectera les
inconvénients que présentent les conflits
d’hommes et d’idées, l’agitation, les vio
lences même de certaines périodes électorales.
Sans doute, il s’est passé parfois, à ce point
de vue, plus d’un incident regrettable. Mais
le mouvement et le débat, fussent-ils orageux,
ne valent-ils pas mieux que cette léthargie
à laquelle paraissent se résoudre nos conci
toyens ?
La discussion, qu’on ne l’oublie pas, est
de l’essence de la République : elle doit être
l’un des principaux moyens d’action du parti
démocratique. Y renoncer, c’est compromettre
les conquêtes de notre parti.
La parole est au corps électoral. Qu’il fasse
connaître ses volontés.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Election sénatoriale du 40 Avril 1892
YONNE
MM. Dethou, député radical 658 voix élu
le docteur Duché, conseiller
général, républicain 201 »
En remplacement de M. Oscar de Vallée, séna
teur inamovible, bonapartiste, décédé.
Elections législatives du 10 Avril 1892
HAUTE-GARONNE
(Arrondissement de Muret)
M. Pierre de Rémusat, conseiller général, répu
blicain, 18,890 voix, élu en remplacement de M.
Constant Germain, républicain, décédé.
RHONE
(2 me arrondissement de Lyon)
MM. Jean Clapot, conseiller gé
néral, républicain radical. 3.304 voix élu
de Leiris, avocat, républi
cain « 1.377 »
Marcel Gayet, avocat, répu
blicain modéré 841 «
Chanet, socialiste 730 »
En remplacement de M. Thévenet, républicain,
élu sénateur.
Chambre des Députés. — La semaine
parlementaire a été très agitée. Deux questions
ont surtout occupé nos députés et donné lieu à des
séances mouvementées.
Celle portée à la tribune par M. d’ITulst sur les
instructions données à la police à l’occasion des
troubles dans les églises, et transformée à la fin
de la séance en interpellation par M. Louis Jour
dan ; celle concernant notre situation au Soudan
et au Dahomey.
La question des églises a occupé toute la séance
du 9 avril. Sa partie la plus importante réside
dans le discours que M. Ricard, ministre de la
Justice et des Cultes, y a prononcé et qui consti
tue une déclaration des plus précieuses. M.
Ricard, dans cette circonstance, a fait preuve
d’une grande fermeté ; malgré les interruptions
continuelles de la droite, il a affirmé nettement et
énergiquement son intention bien arrêtée d’empê
cher les cléricaux de se mettre au-dessus ou en
travers de la loi.
M. Louis Jourdan avait donné lecture de la cir
culaire suivante de l’évêque de Mende, adressée à
tous les curés de son diocèse :
« A l’époque des dernières élections plusieurs
de mes prêtres ont été inquiétés pour le langage
qu’ils avaient tenu en chaire, sur ce sujet. Quel
ques-uns même ont vu leur traitement , supprimé.
Pour obvier à cet inconvénient, je vous prie de
lire en chaire la circulaire suivante sans y ajouter
un mot de commentaire :
« Votre bien humble serviteur Narcisse, évêque
de Mende ;
« Nos très chers frères, notre saint père le pape,
« ému de nos discordes politiques, plus ému
« encore de la guerre faite en France à la religion,
« nous engage à nous unir fortement pour soute-
« nir les intérêts de Dieu, de l’Eglise, des âmes.
« Or, les conseils municipaux ont à connaître
« de beaucoup de choses qui concernent la reli-
« gion, et plusieurs même dans notre Lozère ont
« pris des arrêtés contre la religion. Il est donc
« important que vous ne fassiez entrer dans la
« municipalité que de bons chrétiens.
« Vous devrez demander ou faire demander à
« chacun des candidats, de prendre l’engagement
« de soutenir en tout, dans le conseil, les intérêts
« de la religion ; si le candidat ne s’y engage pas
« nettement, vous êtes tenu, en conscience, à lui
« refuser votre vote.
« Sachez bien que si un candidat nommé par
« vous sans avoir fait cette promesse venait à
« proposer et faire adopter une mesure antireli-
« gieuse, vous seriez responsable de cette mesure
« devant Dieu, devant l’Eglise, devant votre con-
'« science et vous devriez vous accuser en confes-
« sion d’avoir porté au pouvoir un persécuteur de
« l’Eglise. »
Il avait signalé, en même temps, la propagande
politique qui, sous le manteau de la religion, est
faite par le clergé, non seulement en chaire, mais
dans la rue et au v confessionnal, dans-le départe
ment de Lozère, contre le gouvernement de la
République, contre ses lois et contre les répu
blicains.
Il demandait ce que le gouvernement comptait
faire envers des ministres du culte qui se condui
sent de cette sorte.
Nous voudrions pouvoir reproduire in-extenso
l’éloquente réponse de M. Ricard ; nous devons, à
notre grand regret, nous contenter d’une analyse
des plus succinctes.
« Je formerai, a-t-il dit, un recours pour abus
contre l’évêque de Mende, et en même temps,
j’userai vis-à-vis de ce prélat des pouvoirs disci
plinaires dont le gouvernement dispose, en sup
primant son traitement. »
Le ministre lit ensuite l’extrait d’une brochure
publiée dans la Lozère avec Vimprimatur de
l’évêque de Mende, à la date du 24 octobre 1891,
et qui attaque avec la dernière vigueur les lois
et les institutions républicaines.
« Nous ne sommes pas loin des élections du
1 er mai, et vous voudriez faire croire aux popula
tions françaises qu’il y a, comme on l’écrit dans
certains journaux, des sectaires assis sur ces bancs
n’ayant qu’une préoccupation, celle de persécuter
la religion.
« Vous savez très bien que cela n’est pas exact. »
Le ministre continue la lecture de la brochure
de l’évêque de Mende, répandue à 50,000 exem
plaire dans le département de la Lozère ; il vient
montrer en quels termes quelques-uns de ceux qui
devraient « être les pacificateurs entre tous, qui
devraient avoirpour mission d’apporter des paroles
de paix, peuvent passionner et troubler toute une
légion. »
On y lit, par exemple :
« Les confesseurs ont le devoir de refuser l’ab
solution aux parents qui ne tiendraient pas compte
de cette défense et confieraient leurs enfants à ces
écoles de perdition réprouvées par l’Eglise.
« Les écoles neutres sont des foyers d’impiété,
de corruption, de scandale. La candeur, l’inno
cence, ne brillent plus comme jadis sur ces jeunes
fronts, hélas ! trop tôt flétris par le souffle empoi
sonné de l’école ‘‘sans Dieu”. On dirait que
l’instinct du crime est entré dans ces cœurs d’où
la pureté est bannie. »
Or, est-il tolérable que dans notre pays, on puisse
qualifier ainsi les lois qui émanent de ses repré
sentants ?
En terminant, le ministre lit quelques lignes de
la bulle du pape, portant rectification du Concordat
et prescrivant à-tous les évêques, avant d’entrer
dans l’exercice de leurs fonctions, de prêter au
PRIX DES INSERTIONS:
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
gouvernement le serment de fidélité dont voici la
formule : « Je jure et promets à Dieu sur les saints
Evangiles de garder obéissance et fidélité au gou
vernement établi par la Constitution de la Répu
blique française. Je promets aussi de n’avoir
aucune intelligence, de n’assister à aucun conseil,
de n’entretenir aucune ligue, soit au dedans, soit
au dehors, qui soit contraire à la tranquillité
publique, et si, dans mon diocèse ou ailleurs,
j’apprends qu’il se trame quelque chose au préju
dice de l’Etat, je le ferai savoir au gouverne
ment. »
On comprend ce que des déclarations de ce
genre ont suscité de colères du côté de la Droite.
M. d’Hulst a essayé de répondre ; il l’a fait en
disant que l’Eglise prescrit le respect des lois,
toutes les fois que la loi humaine n’est pas en con
tradiction avec la conscience ; mais toutes les fois
que la loi humaine est en contradiction avec la
conscience , on doit lui résister.
La Chambre n’a pas goûté beaucoup cette ca
suistique et ce cri de révolte contre l’article 201
du Code pénal. La clôture est demandée et, à une
grande majorité, l’ordre du jour suivant, de M.
Jourdan, est adopté:
« La Chambre, approuvant les déclarations du
gouvernement et, confiante dans son énergie, or
donne l’affichage du discours de M. le ministre de
la justice et des cultes dans toutes les communes
de France. »
Les partisans de l’alliance cléricale sont-ils
enfin convaincus ?
★
* *
Il nous reste peu de place pour parler de la dis
cussion sur le Soudan et le Dahomey, qui a èu
lieu les 7 et 11 avril.
Lo gouvernement demandait 360,000 fr. pour
augmenter l’effectif militaire du Soudan, et 3
millions pour nous permettre de faire respecter
nos droits au Dahomey.
On sait que le roi du Dahomey, Behanzin, a
fait sur le territoire situé sous notre protection,
des incursions pendant lesquelles il a opéré des
razzias d’hommes et de femmes et d’une grande
quantité de bétail.
La discussion qui s’est engagée au sujet de ces
demandes a été vive ; de nombreux et souvent
fort intéressants discours ont été prononcés. La
politique coloniale a été examinée une fois de
plus ; les uns proposant l’abandon de l’une ou de
l’autre, ou même des deux parties africaines, les
autres, demandant au contraire, une extension ;
beaucoup ne réclamant que le maintient de l’état
actuel avec, grâce aux crédits, la possibilité de
faire respecter nos droits dans ces pays.
Mais nous devons constater que le gouverne
ment n’a pas été brillant dans cette discussion.
Son attitude a été incertaine, timorée ; il n’a pas
été net dans ses déclarations.
La Chambre a fini par adopter les crédits rela
tifs au Soudan, par 387 voix contre 107 ; ceux
relatifs au Dahomey, par 314 contre 177. La de
mande d’enquête de M. de Lamarzelle sur les
événements du Dahomey, est repoussée par 337
voix contre 149, et enfin, l’ordre du jour pur et
simple est.adopté par 270 voix contre 232, sur
l’interpellation faite par M. Hervieu sur le Da
homey.
A quand, à présent, le prochain incident colo
nial ? Car c’est la conséquence de cette politique,
de nous réserver des surprises, faites d’ennuis de
tous genres qui viennent nous inquiéter constam
ment. Le partage des pays noirs ou jaunes, c’est
la politique moderne des peuples que l’on appelle
civilisés ; politique que nous trouvons déplorable
et qui nous occasionnera bien des déboires.
*
* *
Le Sénat et la Chambre des Députés sont entrés
en vacances ; ils se sont ajournés au 17 mai.
L’ÉLECTION SÉNATORIALE
Les patrons de la candidature Rouland
poursuivent leur campagne, en inondant
littéralement le département dé. proclama
tions dont le lyrisme ferait sourire, si toute
cette agitation faite autour d’un réactionnaire
avéré n’était profondément triste.
On y voit des phrases de cet acabit : ce Mi
« Rouland l’a emporté au Congrès par sa
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