Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1913-11-14
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 14 novembre 1913 14 novembre 1913
Description : 1913/11/14 (A33,N11805). 1913/11/14 (A33,N11805).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t526386340
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
Année
N° 11,806
(O Pages)
5 Centimes
EDITION DU MATIN — s Centimes
(6 Pages)
Administrateur - Délégué
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne l'Administratics
a M. O. RANDOLET
35, Rue Fontenelle, 35
Adresse Télégraphique : RANDOLET Havz
Administration, Impressions et Annonces, TBL 10.47
Petit
================== ' IL -==--=----=-==============
ANNONCES
avis
| AU HAVRE
| A PARIS .. .
Bureau du Journal, 112, bout 4 de Strasbourg.
L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, «si
seule chargée de recevoir les Annonces pour
le Journal.
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Vendredi 14 Novembre 1943
=========mm====G=======================
Rédacteur en Chef. Gérant
lPPoLYTE FÉNOUX
dresser tout ce qui concerne la Rédaction
à M. IIIPPOLYTE FÉNOUY
85, Rue Fontenelle, 35
Téléphoné : Rédaction, No 7.60
Le PETIT HA VUE est désigné pour les Annonces judiciaires et légales
== == === =
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
ABONNEMENTS
Le Havre. la Seine-Inférieure, l’Eure. 1
l’Oise et la Somme
Autres Départements...
Union Postale
[Trois Mois
€ p*.
20 6
Six Mois
Un AN
Fr.
*0
Fr.
18 Fr.
ss »
A P a
On st '^ bonrie également, SANS FHiJS, dans tous los Buraasx d Posa = prass, “
CUrC
PARIS, TROIS HEURES MATIN
DEPECHES COMMERCIALES
NEW-YORK, 13 NOVEMBRE
Cetons s décembre, hausse 4 points ;
janvier, hausse 4 points ; mars, haussa
7 points ; mai, hausse 6 points.— Soutenu.
Calés a baisse 18 à 23 points.
La Situation Financière
et Monétaire de l’Allemagne
E n Cas de Guerre
(d'après une étude de M. André E. Sayous)
METAUX
LONDRES, 13 Novembre, Dépêche de 4 h. 30
CUIVRE
TON
COURS
HAUSSE
BAISSE
Comptant .,
calme
£ 68 -/-
-/-
B mois
£ 67 10/-
-/-
-F
ETAIN
Comptant .
ferme
s 481 15/-
25/-
-1-
B mois
s 182 10/-
20/-
-1-
FER
Comptant ..
calme
s 49/6
-/-
-F
} mois
£ 50/3
-/-
-/-
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
au 42 novembre 1H3.
NEW-YORK, 18 NOVEMBRE
Cuivre Standard disp
— janvier .
Amalganat. Cop...
Fer
t. 50 JOEX
o. mciorar
14 50
14 25
14 50
15 25
70 1/8
70 3 4
15 75
15 75
== ======== = ========== === =======
CHICAGO, 13 NOVEMBRE
Blé sur
Mais sur
Saindoux sur.
C. DU JOUR
c. PRECED
Décembre.
86 1 8
85 3/4
Mai.
91 w/»
90 5 8
Décembre.
69 1/4
69 »/»
Mai
70 1/4
70 »/»
Janvier...
10 90
10 77
Mai
==== ===
41 07
======
10 95
sesagescen=a
M, Poincaré à la Chambre
de Commerce de Paris
M. Raymond Poincaré a présidé hier soir
le dîner de la Chambre de Commerce de
Paris.
Parmi les convives, on remarquait MM.
David-Meunet, président de la Chambre de
Commerce ; Paul Deschanel, président de la
Chambre des députés ; Antonin Dubost, pré
sident du Sénat ; Massé, Etienne, Thierry,
Ratier, ministres ; Bourély, Paul Morel, Jean
Morel, de Monzie, sou s-secrétaires d'Etat ;
les anciens ministres du commerce et de
nombreux sénateurs et députés.
La musique de la Garde républicaine s’est
fait entendre pendant le repas.
Au dessert, M. David-Menet a exprimé le
profond attachement que professe le monde
économique pour la personne du président
et du gouvernement de la République.
Faisant allusion aux sacrifices financiers
nécessités par la nouvelle loi militaire, le
president de la Chambre de commerce a de
mandé que les impôts n’excèdent pas les
facultés des contribuables et il a prié les
pouvoirs publics de repousser tout régime
fiscal pouvant conférer aux agents de l’Ad
ministration le contrôle des affaires et la
manière d’établir le bilan des commerçants.
M. Poincaré a ensuite prononcé un dis
cours.
Il a dit que c’était l’honneur de la Répu
blique d’avoir émancipé les Chambres de
commerce qui sont devenues d'incompara-
blés ouvrières du progrès,
La Chambre de commerce de Paris ne se
contente pas de s’associer à ce mouvement
général, elle a l’ambition de servir de mo
dèle aux autres Chambres de commerce
françaises.
M. Poincaré la félicite particulièrement de
la création des écoles commerciales et des
cours du soir.
Les commerçants, quels qu’ils soient, —
— patrons et employés — affronteraient la
fuite dans un état d'infériorité funeste sans
une patiente préparation professionnelle.
Grâce à l’action vigoureuse des commer
çants, notre commerce extérieur est en pro
gression constante ; il s’est encore accru de
800 millions en 1912.
Pour maintenir son rang parmi les gran
des puissances commerciales, la France a be
soin d’ordre et de sécurité à l’intérieur.
Le gouvernement de la République ne
manquera pas de garantir cette sécurité.
Les pouvoirs publics établiront les lois fis
cales de manière à sauvegarder le dévelop
pement des affaires commerciales.
En ce qui concerne la paix extérieure, la
République a fait ce qui dépendait d’elle
pour écarter des grandes puissances euro
péennes les causes ou les occasions de con
flits.
Le président termine en levant son verre
en l'honneur de la Chambre de commerce
de Paris et il boit à la prospérité du com
merce français.
M. Poincaré a quitté l'hôtel de la Chambre
de commerce à 10 h. 30, respectueusement
salué par toutes les personnes présentes.
UN PRESBYTÈRE SACCAGÉ
Nancy.— Le presbytère de Belleville dont
le curé, M. Fabry, a des démêlés judiciaires
avec certains de ses paroissiens, a été assiégé
par deux cents personnes environ.
Le curé a réussi à s’échapper en passant
par une porte dérobée.
Les assiégeants pénétrèrent alors dans le
presbytère et saccagèrent le mobilier qui s’y
trouvait.
Le curé s’est réfugié dans sa famille qui
habite Custines.
L'ARRESTATION DE GIRINON
Lyon. -- Le Parquet a reçu confirmation
de l'arrestation de Girinon. .
Celui-ci se cachait à Lavallette, sous le
nom de Jimbert, soi disant employé dans
une compagnie anglaise et habitant rue du
Congrès, à Bruxelles.
Naturellement, à cette adresse, Jimbert
est inconnu.
LES AFFAIRES D'ORIENT
La Paix Gréco-Turque est signée
Athènes. — La paix entre la Grèce et la
Turquie a été signée hier matin.
-===-5% -----»
DRAME DE LA JALOUSIE
Dunkerque. — Le nommé Charles Scheers-
sen, 18 ans, a tué à coups de revolver une
jeune fille de 19 ans, Zélie Vatkenaert, qui
était sa maîtresse.
La jalousie serait le mobile du crime.
L'AVIATEUR DAUCOURT
A CONSTANTINOPLE
Constantinople. — En raison d’un fort
vent du Sud, l’aviateur Daucourt a retardé
son départ qui devait être effectué hier
matin.
Daucourt espère pouvoir partir ce matin à
la première heure et atteindre Eskishenir
avant le coucher du soleil.
UH TRAIN TOMBE D'UN PONT
20 morts. — 250 blessés
MONTGOMMERY (Alabama). — Un train de la
ligne du Georgia Central est tombé hier ma
tin d’un pont, près de Clayton.
Il y a eu 20 tués et 250 blessés.
ARRESTATION D'UN MEURTRIER
Limoges. — Le parquet d'Ussel afaitécrouer
hier soir un jeune domestique, âgé de 18 ans
Paul Martin, originaire de Paris, qui, en
l’absence de son maître, a tué à coups de
fusil en pleine figure, une petite bonne,
âgée de 14 ans, qui était également restée au
domicile de leur maître.
AU COMITÉ EXÉCUTIF
DU PARTI RADICAL
Le bureau du Comité exécutif du Parti ra
dical et radical-socialiste s'est réuni hier
soir sous la présidence de M. Caillaux.
Il a entendu les rapports des Commissions
d’administration, des élections et d’organisa
tion du Parti et il a décidé de se consacrer à
la propagande.
La prochaine réunion a été fixée à jeudi
prochain.
UN ABORDAGE
Casablanca. — Le vapeur allemand Las-
Palmas a abordé pendant la dernière nuit
Je transatlantique Basse-Terre auquel il a
fait une déchirure qui a déterminé une voie
d’eau.
Le commandant du Basse-Terre espère
pouvoir atteindre Gibraltar.
ÉTATS-UNIS ET MEXIQUE
AU CONSEIL SUPÉRIEUR Dü TRAVAIL
Dans sa séance d’hier matin, le Conseil su
périeur du Travail a poursuivi la discussion
générale des rapports de MM. Briat et Praton
sur la réduction de la journée de travail le
samedi (semaine anglaise).
La discussion continuera aujourd’hui.
LA NOCE EMPOISONNÉE
Le ministre de l’intérieur a décidé d’en-
voyer à Cholet le professeur Chantemesse,
conseiller sanitaire au ministère de l’inté
rieur, pour y faire une enquête scientifique.
TERRIBLE DRAME DE FAMILLE
TERRITET (Suisse). — Un nommé Alfred
Crausaz, employé dans une compagnie de
navigation et spécialement attaché au débar
cadère de Territet, a tué à coups de revolver
sa femme, sa fille, âgée de 15 ans et son fils,
âgé de 14 ans.
Crausaz s’est ensuite donné la mort en se
tirant un coup de revolver.
Son cadavre a été découvert hier après-
midi sur le lac, près de Villeneuve, attaché
au fond d’un capot.
Lorsqu’on voulut prévenir la famille, on
découvrit les cadavres des victimes de Crau
saz.
Les constatations ont permis d’établir que
MmeCrauzas avait succombé après une lutte
terrible avec son meurtrier,
Crauzas passait pour cire un bon père de
famille ; on se perd en conjectures sur les
causes du drame.
L’Ultimatum américain au président
Huerta
Mexico, 13 novembre.
Un ultimatum a été remis par le chargé
d’affaires des Etats-Unis au général Huerta.
Par cet ultimatum, le gouvernement amé
ricain a fait savoir à M. Huerta que s’il ne
remettait pas avant six heures du soir, hier
mercredi, une réponse déclarant qu’il em
pêcherait le Congrès récemment élu de se
réunir, et s'il ne notifiait pas celte décision
aux membres du corps diplomatique avant
minuit, les Etats-Unis cesseraient tous pour
parlers avec le gouvernement mexicain. M.
Lind a attendu hier jusqu’à six heures du
soir et, ne recevant aucune réponse, il a
pris le train de huit heures pour la Vera-
Cruz.
On annonce cependant que, si le président
Huerta prenait la décision réclamée avant
minuit, les Etats-Unis ne lui feraient pas
grief de ce retard ; mais M. Lind, ajoute t-
on, n’avait pas de raisons de croire que M.
Huerta ait eu l’intention de se rendre à cette
demande. L’opinion publique étant très exci
tée dans la capitale mexicaine s’attendait à
voir le personnel entier de l’ambassade
prendre le train du soir pour la Vera-Cruz.
On déclare que M. Lind reçut plusieurs
messages de la Vera-Cruz lui conseillant d'y
retourner imédiatement, car il était à crain
dre que la voie du chemin de fer ne fût
coupée.
Les rebelles auraient en effet commencé à
interrompre, mardi soir, le trafic entre Mexi
co et la Vera-Cruz, et ont arrêté un train du
chemin de fer transcontinental à 160 kilo
mètres au Sud de Mexico. Il se sont empa
rés d’un million de piastres appartenant au
gouvernement et ont dépouillé les voya-
L geurs de leurs objets de valeur.
I.
M, André-E. Sayous, le distingué secré
taire général de la Fédération des indus
triels et commerçants de France, a fait ré
cemment, à l’Académie des Sciences mo
rales et politiques, une intéressante com-
munication sur la situation financière et
monétaire de l’Allemagne en cas de guerre,
et il vient de résumer ses conclusions sur
le sujet dans deux articles qu’a publiés
E Information des 21 et 24 octobre derniers.
Comme suite aux articles qui ont paru ici
même sur le billet de banque en temps de
guerre, je crois utile d’analyser rapide
ment les observations et les idées d’un éco
nomiste toujours fort bien renseigné.
L’argent est de plus en plus le nerf de la
guerre, et à mesure que les années passent
les sommes à prévoir pour faire face aux
besoins d’un conflit apparaissent de plus en
plus formidables. Dès le lendemain du
traité de Francfort les Allemands s’étaient
préoccupés de la question, et l’on sait qu’ils
avaient prélevé sur l’indemnité de cinq mil
liards une somme de 120 millions de marks
en or, trésor de guerre qui reste enfermé
depuis celte époque dans la tour de Span
dau. Ils ont d’autre part conçu la Banque
d'Empire essentiellement comme une ban
que de guerre (kriegsbankfOn. ne peut donc
dire que nos rivaux ont été imprévoyants.
Mais ont-ils réussi à résoudre le problème ?
C’est une autre affaire.
Nul n’ignore, malgré son évidente pros
périté, le manque d’équilibre économique
de l’Allemagne. Les crises y sont plus gra
ves qu'ailleurs, et l’insuffisante élasticité
de son organisation financière se manifeste
à chaque défilé un peu difficile. On peut
dire, sans exagérer, que nos voisins souf
frent à peu près constamment d'une crise
latente : crise de croissance sans doute et
qui souligne leur remarquable activité, mais
qui les mettrait en cas de guerre dans une
situation vraiment difficile. La vérité est.
que l’Allemagne assied une activité exces
sive sur une base de capital trop étroite :
d’où un emploi intensif des capitaux prêtés
aux banques, une exagération manifeste du
crédit, un abus chronique des immobilisa
tions. La guerre étant, par excellence, le
temps des mobilisations financières, il est
certain que, dans sa situation actuelle,
l’Allemagne y est financièrement assez mal
préparée.
Le problème ne manque pas d’inquiéter
les responsables, de l’autre côté du Rhin.
Si la confiance reste grande dans le peuple,
elle est moindre chez les dirigeants. Le
trouble extrême provoqué par l’incident
d’Agadir n’a pas été oublié. Actuellement,
la Banque d’Empire semble avant tout sou
cieuse de se préparer au côté spécialement
guerrier de son rôle : il y a là, chez elle,
toute une politique, et l’on a l’impression
que ses chefs travaillent comme en vertu
d’une consigne venue de haut.
Les remèdes ou les expédients imaginés
par la Banque d’Empire sont les suivants.
Elle a cherché d’abord à décider les ban
ques de dépôt à modifier leurs procédés, à
a vérité très dangereux. On sait en effet
que les dépôts des banques allemandes sont
largement engagés dans l’industrie, c’est-à-
dire difficiles à réaliser, du moins rapide
ment ; plusieurs krachs sont nés de celte
union trop intime de la banque et de l’in
dustrie. Pour rendre moins précaire la si
tuation au lendemain d’une déclaration de
guerre, la Banque d’Empire a exercé une
pression sévère sur les banques privées,
allant jusqu’à les menacer du vote d’une
loi sur les dépôts en banque, pour le cas
où elles n’écouteraient
lions.
On s’est avisé d’autre
de la Banque était trop
ne manquerait pas d’y
pas ses Sugges-
part que l’encaisse
faible. La guerre
faire une saignée
épouvantable ; ce n’est pas, en outre, avec
une encaisse médiocre qu’il est possible
d’émettre les quantités énormes de billets
dont on aurait besoin pour conduire la
lutte. Aussi, depuis le commencement de
l’année, voit-on la Banque chercher à atti
rer dans ses caisses le plus d’or possible.
Profitant de ce que la balance commerciale
est plus favorable que d’habitude, elle a
réussi à augmenter son encaisse de cinq
cents millions de francs d’or environ.
Ces mesures toutefois n’ont pas encore
paru suffisantes, et l’on en a pris d’autres
qui ressemblent fort à des expédients. C’est
ainsi que la Banque a décidé de retirer pro
gressivement de la circulation 420 millions
de marks d’or, en émettant comme contre
partie des petites coupures de 5 et 10 marks
de bons de caisse ; le trésor de guerre est
augmenté d’autant. D’autre part on a frappé
pour 150 millions de marks de'monnaie
d’argent, réserve « pour besoins exception
nels ». L’expédient, on le voit, consiste à
doubler le trésor de la Tour de Spandau,
sans autres frais que le coût de l’émission
matérielle des nouveaux bons. On prépare
en outre, pour le prix de cinquante-trois ou
quatre millions de marks une monnaie d’ar
gent ayant une valeur nominale de cent
vingt millions de marks, qu’en circonstan
ces graves on espère pouvoir donner au pu-
blic-en place et à défaut d’or.
Le caractère illusoire de ce procédé ou
plus exactement de cet expédient pour
grossir le Trésor de guerre ne peut guère
être contesté. Les 120 millions destinés à
la Tour de Spandau sont en réalité prélevés
sur le stock métallique de la Banque ; en
cas de guerre, les bons de caisse demeure
raient effectivement sans garantie. Quant à
la frappe des monnaies d’argent qu’on fait
ensuite passer dans le public à leur cours
nominal, sinon réel, c’est de la finance à la
Philippe le Bel. On peut donc douter que
cette dernière partie du programme de la
Banque d’Empire ait réellement amélioré
la situation.
Quoi qu’il en soit, il ressort de ces di
verses mesures que l’Allemagne s’occupe
avec soin et avec suite des éventualités
financières d’un conflit. Elle a fait, à cet
égard, dans ces derniers temps, de sérieux
progrès. Mais sont-ils suffisants pour lui
permettre d’envisager désormais sans in
quiétude l’effroyable charge d’une guerre ?
(4 suivre)
ANDRÉ Siegfried
BULLETIN MILITAIRE
Le Relèvement des Soldes
Après la Commission du budget qui
bornée à adopter les chiffres du gour
s’est
u gouverne
ment avec un relèvement de 200 francs pour
les lieutenants, la Commission de t’armée va
examiner le projet relatif à l'augnentation
de la solde des officiers et sous-officiers.
M. Garat, député des Basses-Pyrénées, a
été chargé de préparer un rapport sur la
question.
Ahn d'arriver à un texte unique, il a réuni
mercredi à la Chambre, les auteurs des di
vers contre-projets : MM. Paté, Dalbiez, gé
néral Pédoya, Rognon. Après échange de
vues, on s'est mis d’accord sur les chiffres
suivants qui sont supérieurs à ceux que pro
pose le gouvernement et que la Commission
du budget a adoptés :
Sous-lieutenants : 3.060 fr.
Lieutenants : 1er echalon, 3.600 ir.; 2e éche-
lon, 4.140 fr. ; 3e échelon, 4,360 fr. ; 4» éche
lon, 5,409 fr.
CapiUmes : 1er échelon, 6,000 fr. ; 2e éche
lon, 6,480 fr. ; 3e échelon, 6,840 fr. : 4e éche
lon, 7.200 fr.
Commandants : 1er échelon,7,560 fr.;Qeéche-
lon, 8.100 fr.
Lieutenants-colonels : 8,000 fr.
Colonels : 12,060 fr.
Généraux de brigade : 14.400 fr.
Généraux de division : 19,980 fr.
Les indemnités de déménagement seraient
pour les oficiers subalternes, chefs de fa-
mille, de 250 francs ; pour les célibataires,
de 80 francs ; pour les officiers supérieurs et
généraux, chefs de famille, de 300 francs ;
pour les officiers supérieurs célibataires, de
100 francs ; pour les généraux célibataires,
de 120 francs.
Voici les chiffres arrêtés, en ce qui con
cerne la solde des sous-officiers :
ie échelon, de 6 ans à 8 ans de service :
Sergent : 1,642 fr. 50 ; sergent-major : 1,781
francs ; adjudant : 2,120 fr.
2e échelon, de 9 à 11 ans de service : Ser
gent : 1,742 fr. 50 ; Sergent-major: 1,900 fr. ;
adjudant : 2,400 fr.
3e échelon, de 12 à 20 ans de service : Ser-
geat : 1,900 tr. ; sergent-major : 2,098 fr. ;
adjudant : 2,602 fr.
4e échelon, à partir de 20 ans : Sergent :
2,199 tr. ; sergent-major : 2,300 fr. ; adju-
dant : 2,800 fr.
Adjudant chef : 2,901 francs.
Les indemnités de déménagement seront
de 100 francs pour les adjudants, chets de
famille ; de 80 francs pour les sergents-ma
jors, chefs de famille, et de 40 francs pour
les brigadiers, caporaux et soldats, cheis de
famille. Elle serait de 40 et 50 fr. pour les
célibataires.
Le « Courbet » et le « Jean-Bart »
dans la Méditerranée
Le Courbet et le lean-Bart viennent d’arri
ver en Méditerranée.
Leur arrivée porte à 21 le nombre des na
vires du type dreadnought, cuirassés ou
croiseurs, en service dans cette mer. L'année
dernière, à pareille époque, il n’y en avait
pas un seul ; l’Autriche, l’Italie, la France en
avaient à divers degrés d’achèvement, mais
aucun n’avait encore arboré la flamme dis
tinctive du bâtiment de guerre.
Les nations qui possèdent des dread-
noughts, definitivement ou. temporairement,
dans la Méditerranée, sont au nombre de
six : l’Angleterre, les Etats-Unis, l’Italie,
l’Autriche, l’Allemagne et la France.
L’Angleterre y est représentée d’abord par
le Dreadnought, le prototype de la série mo
derne des cuirassés ; quatre autres cuiras
sés, Bellerophon, Temeraire, Superb et Colling-
wood, et trois croiseurs, Inflexible, Indompta
ble et Invincible ; ce dernier a salué le roi
d’Espagne et M. Poincaré à Cirthagène. Les
sept dreadnoughts anglais présentent en
semble un déplacement de 137,000 tonnes et
ont 74 canons de 305. Les dreadnoughts ac
tuellement dans la Méditerranée portent
tous des canons de 305, sauf le dreadnought
allemand, qui est muni de 280.
Les États Unis ont cinq dre adnoughts : Wyo-
ming, Arkansas, Florida, Utah et Delawarre,
portant ensemble 64 canons et déplaçant
124,600 tonnes ; l’Italie compte trois dread-
noughts, le Dànte-Alghiert, le Giulio Césure et
le Leonardo-da-Vinci, avec 38 canons et un
déplacement de 65,000 tonnes ; l’Autriche a
le Viribas-Unilis et le Tegelhoff, avec 24 ca
nons et un déplacement de 42,000 tonnes ;
la France a le Courbet et le Jean-Bart, 47,000
tonneaux et 24 canons ; enfin, l’Allemagne
est représentée par le croiseur Gœben de
23,000 tonneaux, qui porte 10 canons de
280.
Somme toute, les eaux de la Méditerranée
voient une formidable flotte de 21 dread
noughts, déplaçant ensemble 439,400 tonnes
et portant 234 gros canons ; ces 21 dread
noughts pourraient d’une seule bordée lan
cer le poids énorme de 87,086 kilos d’acier.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
à la HIBHRIRIE ITERMMTTIOKNLE
208, rue Saint-Lazare, 108
(immeuble de T HOTEL TERmiNÿ^
Dans la rue du Grand-Croissant un Homme est
assassiné et une Femme grièvement blessée.
C’est la vengeance d’un Amant délaissé.
Arrestation du Coupable. — On
recherche ses complices.
Cliché HetU Havre
Fhoto Pet.t Havre
En haut, à gauche : L'Assassin, Alfred Billoteau, — & droite : La Maison du Crime
Eû bas : La Parquet vient de faire les constatations
Une terrible affaire s’est produite à une
heure et demie du matin, dans la nuit de
mercredi à jeudi, dans le quartier Saint-
François.
Un repris de justice des plus dangereux se
rendit chez un individu qui avait donné
asile à sa maîtresse. Il pénétra dans la cham
bre un couteau à la main et assassina le loca
taire du lieu en lui plantant son arme dans
le ventre. Il tenta de faire subir le même sort
à sa maîtresse, mais ne réussit qu’à la blesser
grièvement.
Bien que ce drame se soit passé entre in
dividus dénués de tout scrupule, dans un
monde interlope, on conçoit qu’il ait pro
duit un très vit émoi dans ce quartier popu
leux.
L’enquête que nous avons faite hier matin
nous permet de décrire les phases de cette
sanglante tuerie, et nous allons les détailler,
malgré le caractère souvent répugnant de ces
choses et de ces gens.
Trisle Toupie
Il y a quelque temps, une fille Charlotte
Robinson, âgée de 18 ans, connue dans le
monde de la basse galanterie sous le nom
de « la petite Anglaise », avait fait la con
naissance d’un apache, repris de justice,
nommé Alfred-Constant Billoteau, âgé de
23 ans, habitant le quartier Notre-Dame.
Violent et tyrannique, Billoteau faisait
passer à sa concubine de tristes moments,
la battant comme plâtre, presque journelle
ment.
La fille Robinson se décida à quitter ce
maître barbare et s’enfuit, il y a quelques
jours, de la chambre qu’elle habitait avec
lui au numéro 20 de la rue Jules-Masurier,
pour aller habiter ailleurs.
Mais elle n’était pas sans rencontrer cha
que jour le farouche apache qui lui deman
dait de revenir avec lui, car il commençait à
se trouver sans ressource. Chaque fois, elle
opposait un refus formel, ce qui mettait
l’apache dans de violentes colères.
Une scène de ce genre se produisit hier
soir dans le quartier Notre-Dame, près de la
rue de l’Eca.
Billoteau ayant rencontré à cet endroit la
fille Robinson, se jeta sur elle, lui porta
force coups de pied et de poing et la menaça
de lui faire son affaire.
Le visage meurtri, les bras et les jambes
couverts d’ecchymoses, la malheureuse
s’enfuit. Après avoir erré du quartier Notre-
Dame au quartier Saint-François, elle se
trouvait, vers dix heures du soir, dans la
rue du Grand-Croissant.
Elle savait que son amant l’avait suivie, et
si, pour un instant, elle avait réussi à lui
faire perdre sa trace, elle craignait de le voir
surgir d’un moment à l’autre.
Dans la rue du Grand-Croissant, elle se
souvint qu’elle avait des amis. Dans l’im
meuble portant le numéro 66, au deuxième
étage, habite un couple chez lequel elle
s’était souvent rendue.
Dans une petite chambre le nommé Jo
seph-Auguste Moulin, âgé de 19 ans, rési
dait depuis six mois avec sa maîtresse la fille
Blanche Cardon, âgée de 20 ans.
Charlotte Robinson résolut de leur deman
der asile. Son ex-amant après l’avoir cher
chée toute la soirée, apprit sa retraite par
des camarades de sa trempe. Il résolut dal
1er la chercher chez Moulin et prémédita de
se venger cruellement. Il engagea meme
plusieurs apaches de sa connaissance, tous
repris de justice, à le suivre ot 1 aider dans
. cette terrible besogne.
Le ciwnbre Sanglante
Nous allons maintenant donner la parole
à un témoin oculaire du drame qui quel
ques instants après, détailla à M. Guillaume,
commissaire de police, la terrible scène d‘é-
pouvante.
Ce témoin est un jeune russe, Ernest Ri-
ben, âgé de 18 ans, venu en France pour
chercher du travail. Il logeait depuis un
mois dans la petite chambre de Joseph Mou
lin, car d’après lui, ce dernier avait bon
cœur et ne savait refuser asile à qui le lui
demandait. Il arrivait parfois que dans cette
chambre de la rue du Grand-Croissant, cinq
ou six personnes des deux sexes couchaient
pêle-mêle, sur des toiles étendues sur la
pavé. La plupart étaient malheureusement
des gens sans aveu.
Le jeune russe était arrivé dans la cham
bre de son ami Moulin vers dix heures du
soir. Il n’y avait personue.
« Vers onze heures et quart, a-t-il dit, j’en’
tendis frapper discrètement à la porte. J’ou
vris et me trouvai en présence de Suzanne
Robinson, « la petite anglaise ».
» Elle me conta qu’elle avait été pour
chassée par son amant Alfred Billoteau et ma
demanda de la cacher pour échapper à ce
bandit qui voulait la tuer.
» Je lui fis remarquer que je n’étais pas
chez moi, mais comme je savais qu’elle con
naissait Joseph Moulin, je lui permis de
rester.
» — Il fait un temps affreux, me dit-elle,
et je ne sais où me rendre. Puis je n’ai pas
mangé!
» — Il y a du pain et du fromage, lui ré
pondis-je, mais je ne suis pas autorisé à vous
les donner. Acceptez plutôt quelques sous
pour acheter de quoi vous restaurer.
» — J’ai peur de sortir, s‘exclama-t elle. IL
veut me tuer !
» À ce moment, Joseph Moulin arriva avec
sa maîtresse. Moulin dit à Charlotte Robin
son d’essayer d’aller chez ses parents, solu
tion préférable que celle de rester chez lui.
Mais la peur la tenait et, après avoir mangé
un peu de nain et de fromage, elle dit qu'elle
un peu de pain et de fromage, elle dit qu’
serait très bien à dormir sur les paillassons
qui se trouvaient sur le pavé de la chambre.
Elle s’étendit là, sa croyant en sûreté, et ne
devait s’en aller qu’au milieu de la nuit afin
d’être sûre de ne rencontrer personne.
» Pendant ce temps, Moulin et sa maîtres
se Blanche Caron s'étaient couchés dans
leur lit. Je m’étais accoudé à la table et me
mis à lire un journal en attendant le départ
de Charlotte Robinson.
» Vers une heure un quart j’entendis
frapper à la porte qui donne sur l escalier.
Cela me surprit car je n’avais pas entendu
monter.
» Qui est là ? dis-je.
» Pas deréponse, par trois fois on frappa
de la même façon sans donner d'indica-
tion.
» Alors je pris le parti d’éveiller Moulin et
sa maîtresse.
» Qui est-ce qui frappe ? dit à son toul
Moulin.
» Cette fois on répondit : « C’est moi ».
» — Qui ça toi, je ne connais pas ta voix.
Dis-moi ton nom, au moins.
» Mais oui tu me connais, ouvre toujours
ou j’enfonce la porte.
» Personne de nous connaissait cette voix,
mais nous pensâmes que ce pouvait être
Billoteau qui venait chercher sa maîtresse.
» Comme on commençait à ébranler a
N° 11,806
(O Pages)
5 Centimes
EDITION DU MATIN — s Centimes
(6 Pages)
Administrateur - Délégué
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne l'Administratics
a M. O. RANDOLET
35, Rue Fontenelle, 35
Adresse Télégraphique : RANDOLET Havz
Administration, Impressions et Annonces, TBL 10.47
Petit
================== ' IL -==--=----=-==============
ANNONCES
avis
| AU HAVRE
| A PARIS .. .
Bureau du Journal, 112, bout 4 de Strasbourg.
L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, «si
seule chargée de recevoir les Annonces pour
le Journal.
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Vendredi 14 Novembre 1943
=========mm====G=======================
Rédacteur en Chef. Gérant
lPPoLYTE FÉNOUX
dresser tout ce qui concerne la Rédaction
à M. IIIPPOLYTE FÉNOUY
85, Rue Fontenelle, 35
Téléphoné : Rédaction, No 7.60
Le PETIT HA VUE est désigné pour les Annonces judiciaires et légales
== == === =
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
ABONNEMENTS
Le Havre. la Seine-Inférieure, l’Eure. 1
l’Oise et la Somme
Autres Départements...
Union Postale
[Trois Mois
€ p*.
20 6
Six Mois
Un AN
Fr.
*0
Fr.
18 Fr.
ss »
A P a
On st '^ bonrie également, SANS FHiJS, dans tous los Buraasx d Posa = prass, “
CUrC
PARIS, TROIS HEURES MATIN
DEPECHES COMMERCIALES
NEW-YORK, 13 NOVEMBRE
Cetons s décembre, hausse 4 points ;
janvier, hausse 4 points ; mars, haussa
7 points ; mai, hausse 6 points.— Soutenu.
Calés a baisse 18 à 23 points.
La Situation Financière
et Monétaire de l’Allemagne
E n Cas de Guerre
(d'après une étude de M. André E. Sayous)
METAUX
LONDRES, 13 Novembre, Dépêche de 4 h. 30
CUIVRE
TON
COURS
HAUSSE
BAISSE
Comptant .,
calme
£ 68 -/-
-/-
B mois
£ 67 10/-
-/-
-F
ETAIN
Comptant .
ferme
s 481 15/-
25/-
-1-
B mois
s 182 10/-
20/-
-1-
FER
Comptant ..
calme
s 49/6
-/-
-F
} mois
£ 50/3
-/-
-/-
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
au 42 novembre 1H3.
NEW-YORK, 18 NOVEMBRE
Cuivre Standard disp
— janvier .
Amalganat. Cop...
Fer
t. 50 JOEX
o. mciorar
14 50
14 25
14 50
15 25
70 1/8
70 3 4
15 75
15 75
== ======== = ========== === =======
CHICAGO, 13 NOVEMBRE
Blé sur
Mais sur
Saindoux sur.
C. DU JOUR
c. PRECED
Décembre.
86 1 8
85 3/4
Mai.
91 w/»
90 5 8
Décembre.
69 1/4
69 »/»
Mai
70 1/4
70 »/»
Janvier...
10 90
10 77
Mai
==== ===
41 07
======
10 95
sesagescen=a
M, Poincaré à la Chambre
de Commerce de Paris
M. Raymond Poincaré a présidé hier soir
le dîner de la Chambre de Commerce de
Paris.
Parmi les convives, on remarquait MM.
David-Meunet, président de la Chambre de
Commerce ; Paul Deschanel, président de la
Chambre des députés ; Antonin Dubost, pré
sident du Sénat ; Massé, Etienne, Thierry,
Ratier, ministres ; Bourély, Paul Morel, Jean
Morel, de Monzie, sou s-secrétaires d'Etat ;
les anciens ministres du commerce et de
nombreux sénateurs et députés.
La musique de la Garde républicaine s’est
fait entendre pendant le repas.
Au dessert, M. David-Menet a exprimé le
profond attachement que professe le monde
économique pour la personne du président
et du gouvernement de la République.
Faisant allusion aux sacrifices financiers
nécessités par la nouvelle loi militaire, le
president de la Chambre de commerce a de
mandé que les impôts n’excèdent pas les
facultés des contribuables et il a prié les
pouvoirs publics de repousser tout régime
fiscal pouvant conférer aux agents de l’Ad
ministration le contrôle des affaires et la
manière d’établir le bilan des commerçants.
M. Poincaré a ensuite prononcé un dis
cours.
Il a dit que c’était l’honneur de la Répu
blique d’avoir émancipé les Chambres de
commerce qui sont devenues d'incompara-
blés ouvrières du progrès,
La Chambre de commerce de Paris ne se
contente pas de s’associer à ce mouvement
général, elle a l’ambition de servir de mo
dèle aux autres Chambres de commerce
françaises.
M. Poincaré la félicite particulièrement de
la création des écoles commerciales et des
cours du soir.
Les commerçants, quels qu’ils soient, —
— patrons et employés — affronteraient la
fuite dans un état d'infériorité funeste sans
une patiente préparation professionnelle.
Grâce à l’action vigoureuse des commer
çants, notre commerce extérieur est en pro
gression constante ; il s’est encore accru de
800 millions en 1912.
Pour maintenir son rang parmi les gran
des puissances commerciales, la France a be
soin d’ordre et de sécurité à l’intérieur.
Le gouvernement de la République ne
manquera pas de garantir cette sécurité.
Les pouvoirs publics établiront les lois fis
cales de manière à sauvegarder le dévelop
pement des affaires commerciales.
En ce qui concerne la paix extérieure, la
République a fait ce qui dépendait d’elle
pour écarter des grandes puissances euro
péennes les causes ou les occasions de con
flits.
Le président termine en levant son verre
en l'honneur de la Chambre de commerce
de Paris et il boit à la prospérité du com
merce français.
M. Poincaré a quitté l'hôtel de la Chambre
de commerce à 10 h. 30, respectueusement
salué par toutes les personnes présentes.
UN PRESBYTÈRE SACCAGÉ
Nancy.— Le presbytère de Belleville dont
le curé, M. Fabry, a des démêlés judiciaires
avec certains de ses paroissiens, a été assiégé
par deux cents personnes environ.
Le curé a réussi à s’échapper en passant
par une porte dérobée.
Les assiégeants pénétrèrent alors dans le
presbytère et saccagèrent le mobilier qui s’y
trouvait.
Le curé s’est réfugié dans sa famille qui
habite Custines.
L'ARRESTATION DE GIRINON
Lyon. -- Le Parquet a reçu confirmation
de l'arrestation de Girinon. .
Celui-ci se cachait à Lavallette, sous le
nom de Jimbert, soi disant employé dans
une compagnie anglaise et habitant rue du
Congrès, à Bruxelles.
Naturellement, à cette adresse, Jimbert
est inconnu.
LES AFFAIRES D'ORIENT
La Paix Gréco-Turque est signée
Athènes. — La paix entre la Grèce et la
Turquie a été signée hier matin.
-===-5% -----»
DRAME DE LA JALOUSIE
Dunkerque. — Le nommé Charles Scheers-
sen, 18 ans, a tué à coups de revolver une
jeune fille de 19 ans, Zélie Vatkenaert, qui
était sa maîtresse.
La jalousie serait le mobile du crime.
L'AVIATEUR DAUCOURT
A CONSTANTINOPLE
Constantinople. — En raison d’un fort
vent du Sud, l’aviateur Daucourt a retardé
son départ qui devait être effectué hier
matin.
Daucourt espère pouvoir partir ce matin à
la première heure et atteindre Eskishenir
avant le coucher du soleil.
UH TRAIN TOMBE D'UN PONT
20 morts. — 250 blessés
MONTGOMMERY (Alabama). — Un train de la
ligne du Georgia Central est tombé hier ma
tin d’un pont, près de Clayton.
Il y a eu 20 tués et 250 blessés.
ARRESTATION D'UN MEURTRIER
Limoges. — Le parquet d'Ussel afaitécrouer
hier soir un jeune domestique, âgé de 18 ans
Paul Martin, originaire de Paris, qui, en
l’absence de son maître, a tué à coups de
fusil en pleine figure, une petite bonne,
âgée de 14 ans, qui était également restée au
domicile de leur maître.
AU COMITÉ EXÉCUTIF
DU PARTI RADICAL
Le bureau du Comité exécutif du Parti ra
dical et radical-socialiste s'est réuni hier
soir sous la présidence de M. Caillaux.
Il a entendu les rapports des Commissions
d’administration, des élections et d’organisa
tion du Parti et il a décidé de se consacrer à
la propagande.
La prochaine réunion a été fixée à jeudi
prochain.
UN ABORDAGE
Casablanca. — Le vapeur allemand Las-
Palmas a abordé pendant la dernière nuit
Je transatlantique Basse-Terre auquel il a
fait une déchirure qui a déterminé une voie
d’eau.
Le commandant du Basse-Terre espère
pouvoir atteindre Gibraltar.
ÉTATS-UNIS ET MEXIQUE
AU CONSEIL SUPÉRIEUR Dü TRAVAIL
Dans sa séance d’hier matin, le Conseil su
périeur du Travail a poursuivi la discussion
générale des rapports de MM. Briat et Praton
sur la réduction de la journée de travail le
samedi (semaine anglaise).
La discussion continuera aujourd’hui.
LA NOCE EMPOISONNÉE
Le ministre de l’intérieur a décidé d’en-
voyer à Cholet le professeur Chantemesse,
conseiller sanitaire au ministère de l’inté
rieur, pour y faire une enquête scientifique.
TERRIBLE DRAME DE FAMILLE
TERRITET (Suisse). — Un nommé Alfred
Crausaz, employé dans une compagnie de
navigation et spécialement attaché au débar
cadère de Territet, a tué à coups de revolver
sa femme, sa fille, âgée de 15 ans et son fils,
âgé de 14 ans.
Crausaz s’est ensuite donné la mort en se
tirant un coup de revolver.
Son cadavre a été découvert hier après-
midi sur le lac, près de Villeneuve, attaché
au fond d’un capot.
Lorsqu’on voulut prévenir la famille, on
découvrit les cadavres des victimes de Crau
saz.
Les constatations ont permis d’établir que
MmeCrauzas avait succombé après une lutte
terrible avec son meurtrier,
Crauzas passait pour cire un bon père de
famille ; on se perd en conjectures sur les
causes du drame.
L’Ultimatum américain au président
Huerta
Mexico, 13 novembre.
Un ultimatum a été remis par le chargé
d’affaires des Etats-Unis au général Huerta.
Par cet ultimatum, le gouvernement amé
ricain a fait savoir à M. Huerta que s’il ne
remettait pas avant six heures du soir, hier
mercredi, une réponse déclarant qu’il em
pêcherait le Congrès récemment élu de se
réunir, et s'il ne notifiait pas celte décision
aux membres du corps diplomatique avant
minuit, les Etats-Unis cesseraient tous pour
parlers avec le gouvernement mexicain. M.
Lind a attendu hier jusqu’à six heures du
soir et, ne recevant aucune réponse, il a
pris le train de huit heures pour la Vera-
Cruz.
On annonce cependant que, si le président
Huerta prenait la décision réclamée avant
minuit, les Etats-Unis ne lui feraient pas
grief de ce retard ; mais M. Lind, ajoute t-
on, n’avait pas de raisons de croire que M.
Huerta ait eu l’intention de se rendre à cette
demande. L’opinion publique étant très exci
tée dans la capitale mexicaine s’attendait à
voir le personnel entier de l’ambassade
prendre le train du soir pour la Vera-Cruz.
On déclare que M. Lind reçut plusieurs
messages de la Vera-Cruz lui conseillant d'y
retourner imédiatement, car il était à crain
dre que la voie du chemin de fer ne fût
coupée.
Les rebelles auraient en effet commencé à
interrompre, mardi soir, le trafic entre Mexi
co et la Vera-Cruz, et ont arrêté un train du
chemin de fer transcontinental à 160 kilo
mètres au Sud de Mexico. Il se sont empa
rés d’un million de piastres appartenant au
gouvernement et ont dépouillé les voya-
L geurs de leurs objets de valeur.
I.
M, André-E. Sayous, le distingué secré
taire général de la Fédération des indus
triels et commerçants de France, a fait ré
cemment, à l’Académie des Sciences mo
rales et politiques, une intéressante com-
munication sur la situation financière et
monétaire de l’Allemagne en cas de guerre,
et il vient de résumer ses conclusions sur
le sujet dans deux articles qu’a publiés
E Information des 21 et 24 octobre derniers.
Comme suite aux articles qui ont paru ici
même sur le billet de banque en temps de
guerre, je crois utile d’analyser rapide
ment les observations et les idées d’un éco
nomiste toujours fort bien renseigné.
L’argent est de plus en plus le nerf de la
guerre, et à mesure que les années passent
les sommes à prévoir pour faire face aux
besoins d’un conflit apparaissent de plus en
plus formidables. Dès le lendemain du
traité de Francfort les Allemands s’étaient
préoccupés de la question, et l’on sait qu’ils
avaient prélevé sur l’indemnité de cinq mil
liards une somme de 120 millions de marks
en or, trésor de guerre qui reste enfermé
depuis celte époque dans la tour de Span
dau. Ils ont d’autre part conçu la Banque
d'Empire essentiellement comme une ban
que de guerre (kriegsbankfOn. ne peut donc
dire que nos rivaux ont été imprévoyants.
Mais ont-ils réussi à résoudre le problème ?
C’est une autre affaire.
Nul n’ignore, malgré son évidente pros
périté, le manque d’équilibre économique
de l’Allemagne. Les crises y sont plus gra
ves qu'ailleurs, et l’insuffisante élasticité
de son organisation financière se manifeste
à chaque défilé un peu difficile. On peut
dire, sans exagérer, que nos voisins souf
frent à peu près constamment d'une crise
latente : crise de croissance sans doute et
qui souligne leur remarquable activité, mais
qui les mettrait en cas de guerre dans une
situation vraiment difficile. La vérité est.
que l’Allemagne assied une activité exces
sive sur une base de capital trop étroite :
d’où un emploi intensif des capitaux prêtés
aux banques, une exagération manifeste du
crédit, un abus chronique des immobilisa
tions. La guerre étant, par excellence, le
temps des mobilisations financières, il est
certain que, dans sa situation actuelle,
l’Allemagne y est financièrement assez mal
préparée.
Le problème ne manque pas d’inquiéter
les responsables, de l’autre côté du Rhin.
Si la confiance reste grande dans le peuple,
elle est moindre chez les dirigeants. Le
trouble extrême provoqué par l’incident
d’Agadir n’a pas été oublié. Actuellement,
la Banque d’Empire semble avant tout sou
cieuse de se préparer au côté spécialement
guerrier de son rôle : il y a là, chez elle,
toute une politique, et l’on a l’impression
que ses chefs travaillent comme en vertu
d’une consigne venue de haut.
Les remèdes ou les expédients imaginés
par la Banque d’Empire sont les suivants.
Elle a cherché d’abord à décider les ban
ques de dépôt à modifier leurs procédés, à
a vérité très dangereux. On sait en effet
que les dépôts des banques allemandes sont
largement engagés dans l’industrie, c’est-à-
dire difficiles à réaliser, du moins rapide
ment ; plusieurs krachs sont nés de celte
union trop intime de la banque et de l’in
dustrie. Pour rendre moins précaire la si
tuation au lendemain d’une déclaration de
guerre, la Banque d’Empire a exercé une
pression sévère sur les banques privées,
allant jusqu’à les menacer du vote d’une
loi sur les dépôts en banque, pour le cas
où elles n’écouteraient
lions.
On s’est avisé d’autre
de la Banque était trop
ne manquerait pas d’y
pas ses Sugges-
part que l’encaisse
faible. La guerre
faire une saignée
épouvantable ; ce n’est pas, en outre, avec
une encaisse médiocre qu’il est possible
d’émettre les quantités énormes de billets
dont on aurait besoin pour conduire la
lutte. Aussi, depuis le commencement de
l’année, voit-on la Banque chercher à atti
rer dans ses caisses le plus d’or possible.
Profitant de ce que la balance commerciale
est plus favorable que d’habitude, elle a
réussi à augmenter son encaisse de cinq
cents millions de francs d’or environ.
Ces mesures toutefois n’ont pas encore
paru suffisantes, et l’on en a pris d’autres
qui ressemblent fort à des expédients. C’est
ainsi que la Banque a décidé de retirer pro
gressivement de la circulation 420 millions
de marks d’or, en émettant comme contre
partie des petites coupures de 5 et 10 marks
de bons de caisse ; le trésor de guerre est
augmenté d’autant. D’autre part on a frappé
pour 150 millions de marks de'monnaie
d’argent, réserve « pour besoins exception
nels ». L’expédient, on le voit, consiste à
doubler le trésor de la Tour de Spandau,
sans autres frais que le coût de l’émission
matérielle des nouveaux bons. On prépare
en outre, pour le prix de cinquante-trois ou
quatre millions de marks une monnaie d’ar
gent ayant une valeur nominale de cent
vingt millions de marks, qu’en circonstan
ces graves on espère pouvoir donner au pu-
blic-en place et à défaut d’or.
Le caractère illusoire de ce procédé ou
plus exactement de cet expédient pour
grossir le Trésor de guerre ne peut guère
être contesté. Les 120 millions destinés à
la Tour de Spandau sont en réalité prélevés
sur le stock métallique de la Banque ; en
cas de guerre, les bons de caisse demeure
raient effectivement sans garantie. Quant à
la frappe des monnaies d’argent qu’on fait
ensuite passer dans le public à leur cours
nominal, sinon réel, c’est de la finance à la
Philippe le Bel. On peut donc douter que
cette dernière partie du programme de la
Banque d’Empire ait réellement amélioré
la situation.
Quoi qu’il en soit, il ressort de ces di
verses mesures que l’Allemagne s’occupe
avec soin et avec suite des éventualités
financières d’un conflit. Elle a fait, à cet
égard, dans ces derniers temps, de sérieux
progrès. Mais sont-ils suffisants pour lui
permettre d’envisager désormais sans in
quiétude l’effroyable charge d’une guerre ?
(4 suivre)
ANDRÉ Siegfried
BULLETIN MILITAIRE
Le Relèvement des Soldes
Après la Commission du budget qui
bornée à adopter les chiffres du gour
s’est
u gouverne
ment avec un relèvement de 200 francs pour
les lieutenants, la Commission de t’armée va
examiner le projet relatif à l'augnentation
de la solde des officiers et sous-officiers.
M. Garat, député des Basses-Pyrénées, a
été chargé de préparer un rapport sur la
question.
Ahn d'arriver à un texte unique, il a réuni
mercredi à la Chambre, les auteurs des di
vers contre-projets : MM. Paté, Dalbiez, gé
néral Pédoya, Rognon. Après échange de
vues, on s'est mis d’accord sur les chiffres
suivants qui sont supérieurs à ceux que pro
pose le gouvernement et que la Commission
du budget a adoptés :
Sous-lieutenants : 3.060 fr.
Lieutenants : 1er echalon, 3.600 ir.; 2e éche-
lon, 4.140 fr. ; 3e échelon, 4,360 fr. ; 4» éche
lon, 5,409 fr.
CapiUmes : 1er échelon, 6,000 fr. ; 2e éche
lon, 6,480 fr. ; 3e échelon, 6,840 fr. : 4e éche
lon, 7.200 fr.
Commandants : 1er échelon,7,560 fr.;Qeéche-
lon, 8.100 fr.
Lieutenants-colonels : 8,000 fr.
Colonels : 12,060 fr.
Généraux de brigade : 14.400 fr.
Généraux de division : 19,980 fr.
Les indemnités de déménagement seraient
pour les oficiers subalternes, chefs de fa-
mille, de 250 francs ; pour les célibataires,
de 80 francs ; pour les officiers supérieurs et
généraux, chefs de famille, de 300 francs ;
pour les officiers supérieurs célibataires, de
100 francs ; pour les généraux célibataires,
de 120 francs.
Voici les chiffres arrêtés, en ce qui con
cerne la solde des sous-officiers :
ie échelon, de 6 ans à 8 ans de service :
Sergent : 1,642 fr. 50 ; sergent-major : 1,781
francs ; adjudant : 2,120 fr.
2e échelon, de 9 à 11 ans de service : Ser
gent : 1,742 fr. 50 ; Sergent-major: 1,900 fr. ;
adjudant : 2,400 fr.
3e échelon, de 12 à 20 ans de service : Ser-
geat : 1,900 tr. ; sergent-major : 2,098 fr. ;
adjudant : 2,602 fr.
4e échelon, à partir de 20 ans : Sergent :
2,199 tr. ; sergent-major : 2,300 fr. ; adju-
dant : 2,800 fr.
Adjudant chef : 2,901 francs.
Les indemnités de déménagement seront
de 100 francs pour les adjudants, chets de
famille ; de 80 francs pour les sergents-ma
jors, chefs de famille, et de 40 francs pour
les brigadiers, caporaux et soldats, cheis de
famille. Elle serait de 40 et 50 fr. pour les
célibataires.
Le « Courbet » et le « Jean-Bart »
dans la Méditerranée
Le Courbet et le lean-Bart viennent d’arri
ver en Méditerranée.
Leur arrivée porte à 21 le nombre des na
vires du type dreadnought, cuirassés ou
croiseurs, en service dans cette mer. L'année
dernière, à pareille époque, il n’y en avait
pas un seul ; l’Autriche, l’Italie, la France en
avaient à divers degrés d’achèvement, mais
aucun n’avait encore arboré la flamme dis
tinctive du bâtiment de guerre.
Les nations qui possèdent des dread-
noughts, definitivement ou. temporairement,
dans la Méditerranée, sont au nombre de
six : l’Angleterre, les Etats-Unis, l’Italie,
l’Autriche, l’Allemagne et la France.
L’Angleterre y est représentée d’abord par
le Dreadnought, le prototype de la série mo
derne des cuirassés ; quatre autres cuiras
sés, Bellerophon, Temeraire, Superb et Colling-
wood, et trois croiseurs, Inflexible, Indompta
ble et Invincible ; ce dernier a salué le roi
d’Espagne et M. Poincaré à Cirthagène. Les
sept dreadnoughts anglais présentent en
semble un déplacement de 137,000 tonnes et
ont 74 canons de 305. Les dreadnoughts ac
tuellement dans la Méditerranée portent
tous des canons de 305, sauf le dreadnought
allemand, qui est muni de 280.
Les États Unis ont cinq dre adnoughts : Wyo-
ming, Arkansas, Florida, Utah et Delawarre,
portant ensemble 64 canons et déplaçant
124,600 tonnes ; l’Italie compte trois dread-
noughts, le Dànte-Alghiert, le Giulio Césure et
le Leonardo-da-Vinci, avec 38 canons et un
déplacement de 65,000 tonnes ; l’Autriche a
le Viribas-Unilis et le Tegelhoff, avec 24 ca
nons et un déplacement de 42,000 tonnes ;
la France a le Courbet et le Jean-Bart, 47,000
tonneaux et 24 canons ; enfin, l’Allemagne
est représentée par le croiseur Gœben de
23,000 tonneaux, qui porte 10 canons de
280.
Somme toute, les eaux de la Méditerranée
voient une formidable flotte de 21 dread
noughts, déplaçant ensemble 439,400 tonnes
et portant 234 gros canons ; ces 21 dread
noughts pourraient d’une seule bordée lan
cer le poids énorme de 87,086 kilos d’acier.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
à la HIBHRIRIE ITERMMTTIOKNLE
208, rue Saint-Lazare, 108
(immeuble de T HOTEL TERmiNÿ^
Dans la rue du Grand-Croissant un Homme est
assassiné et une Femme grièvement blessée.
C’est la vengeance d’un Amant délaissé.
Arrestation du Coupable. — On
recherche ses complices.
Cliché HetU Havre
Fhoto Pet.t Havre
En haut, à gauche : L'Assassin, Alfred Billoteau, — & droite : La Maison du Crime
Eû bas : La Parquet vient de faire les constatations
Une terrible affaire s’est produite à une
heure et demie du matin, dans la nuit de
mercredi à jeudi, dans le quartier Saint-
François.
Un repris de justice des plus dangereux se
rendit chez un individu qui avait donné
asile à sa maîtresse. Il pénétra dans la cham
bre un couteau à la main et assassina le loca
taire du lieu en lui plantant son arme dans
le ventre. Il tenta de faire subir le même sort
à sa maîtresse, mais ne réussit qu’à la blesser
grièvement.
Bien que ce drame se soit passé entre in
dividus dénués de tout scrupule, dans un
monde interlope, on conçoit qu’il ait pro
duit un très vit émoi dans ce quartier popu
leux.
L’enquête que nous avons faite hier matin
nous permet de décrire les phases de cette
sanglante tuerie, et nous allons les détailler,
malgré le caractère souvent répugnant de ces
choses et de ces gens.
Trisle Toupie
Il y a quelque temps, une fille Charlotte
Robinson, âgée de 18 ans, connue dans le
monde de la basse galanterie sous le nom
de « la petite Anglaise », avait fait la con
naissance d’un apache, repris de justice,
nommé Alfred-Constant Billoteau, âgé de
23 ans, habitant le quartier Notre-Dame.
Violent et tyrannique, Billoteau faisait
passer à sa concubine de tristes moments,
la battant comme plâtre, presque journelle
ment.
La fille Robinson se décida à quitter ce
maître barbare et s’enfuit, il y a quelques
jours, de la chambre qu’elle habitait avec
lui au numéro 20 de la rue Jules-Masurier,
pour aller habiter ailleurs.
Mais elle n’était pas sans rencontrer cha
que jour le farouche apache qui lui deman
dait de revenir avec lui, car il commençait à
se trouver sans ressource. Chaque fois, elle
opposait un refus formel, ce qui mettait
l’apache dans de violentes colères.
Une scène de ce genre se produisit hier
soir dans le quartier Notre-Dame, près de la
rue de l’Eca.
Billoteau ayant rencontré à cet endroit la
fille Robinson, se jeta sur elle, lui porta
force coups de pied et de poing et la menaça
de lui faire son affaire.
Le visage meurtri, les bras et les jambes
couverts d’ecchymoses, la malheureuse
s’enfuit. Après avoir erré du quartier Notre-
Dame au quartier Saint-François, elle se
trouvait, vers dix heures du soir, dans la
rue du Grand-Croissant.
Elle savait que son amant l’avait suivie, et
si, pour un instant, elle avait réussi à lui
faire perdre sa trace, elle craignait de le voir
surgir d’un moment à l’autre.
Dans la rue du Grand-Croissant, elle se
souvint qu’elle avait des amis. Dans l’im
meuble portant le numéro 66, au deuxième
étage, habite un couple chez lequel elle
s’était souvent rendue.
Dans une petite chambre le nommé Jo
seph-Auguste Moulin, âgé de 19 ans, rési
dait depuis six mois avec sa maîtresse la fille
Blanche Cardon, âgée de 20 ans.
Charlotte Robinson résolut de leur deman
der asile. Son ex-amant après l’avoir cher
chée toute la soirée, apprit sa retraite par
des camarades de sa trempe. Il résolut dal
1er la chercher chez Moulin et prémédita de
se venger cruellement. Il engagea meme
plusieurs apaches de sa connaissance, tous
repris de justice, à le suivre ot 1 aider dans
. cette terrible besogne.
Le ciwnbre Sanglante
Nous allons maintenant donner la parole
à un témoin oculaire du drame qui quel
ques instants après, détailla à M. Guillaume,
commissaire de police, la terrible scène d‘é-
pouvante.
Ce témoin est un jeune russe, Ernest Ri-
ben, âgé de 18 ans, venu en France pour
chercher du travail. Il logeait depuis un
mois dans la petite chambre de Joseph Mou
lin, car d’après lui, ce dernier avait bon
cœur et ne savait refuser asile à qui le lui
demandait. Il arrivait parfois que dans cette
chambre de la rue du Grand-Croissant, cinq
ou six personnes des deux sexes couchaient
pêle-mêle, sur des toiles étendues sur la
pavé. La plupart étaient malheureusement
des gens sans aveu.
Le jeune russe était arrivé dans la cham
bre de son ami Moulin vers dix heures du
soir. Il n’y avait personue.
« Vers onze heures et quart, a-t-il dit, j’en’
tendis frapper discrètement à la porte. J’ou
vris et me trouvai en présence de Suzanne
Robinson, « la petite anglaise ».
» Elle me conta qu’elle avait été pour
chassée par son amant Alfred Billoteau et ma
demanda de la cacher pour échapper à ce
bandit qui voulait la tuer.
» Je lui fis remarquer que je n’étais pas
chez moi, mais comme je savais qu’elle con
naissait Joseph Moulin, je lui permis de
rester.
» — Il fait un temps affreux, me dit-elle,
et je ne sais où me rendre. Puis je n’ai pas
mangé!
» — Il y a du pain et du fromage, lui ré
pondis-je, mais je ne suis pas autorisé à vous
les donner. Acceptez plutôt quelques sous
pour acheter de quoi vous restaurer.
» — J’ai peur de sortir, s‘exclama-t elle. IL
veut me tuer !
» À ce moment, Joseph Moulin arriva avec
sa maîtresse. Moulin dit à Charlotte Robin
son d’essayer d’aller chez ses parents, solu
tion préférable que celle de rester chez lui.
Mais la peur la tenait et, après avoir mangé
un peu de nain et de fromage, elle dit qu'elle
un peu de pain et de fromage, elle dit qu’
serait très bien à dormir sur les paillassons
qui se trouvaient sur le pavé de la chambre.
Elle s’étendit là, sa croyant en sûreté, et ne
devait s’en aller qu’au milieu de la nuit afin
d’être sûre de ne rencontrer personne.
» Pendant ce temps, Moulin et sa maîtres
se Blanche Caron s'étaient couchés dans
leur lit. Je m’étais accoudé à la table et me
mis à lire un journal en attendant le départ
de Charlotte Robinson.
» Vers une heure un quart j’entendis
frapper à la porte qui donne sur l escalier.
Cela me surprit car je n’avais pas entendu
monter.
» Qui est là ? dis-je.
» Pas deréponse, par trois fois on frappa
de la même façon sans donner d'indica-
tion.
» Alors je pris le parti d’éveiller Moulin et
sa maîtresse.
» Qui est-ce qui frappe ? dit à son toul
Moulin.
» Cette fois on répondit : « C’est moi ».
» — Qui ça toi, je ne connais pas ta voix.
Dis-moi ton nom, au moins.
» Mais oui tu me connais, ouvre toujours
ou j’enfonce la porte.
» Personne de nous connaissait cette voix,
mais nous pensâmes que ce pouvait être
Billoteau qui venait chercher sa maîtresse.
» Comme on commençait à ébranler a
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 86.44%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 86.44%.
- Auteurs similaires Fénoux Hippolyte Fénoux Hippolyte /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Fénoux Hippolyte" or dc.contributor adj "Fénoux Hippolyte")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/6
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bd6t526386340/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bd6t526386340/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bd6t526386340/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bd6t526386340
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bd6t526386340
Facebook
Twitter