Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1913-07-20
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 20 juillet 1913 20 juillet 1913
Description : 1913/07/20 (A33,N11694). 1913/07/20 (A33,N11694).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t526377719
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
1 53” Année
fi* 11,694
(8 Pages)
S Ventimes — EDITION DU MATIN — § Centimes
(8 Pages)
Dimanche 20 Juillet 1913
Administrateur-Délégué
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne l’Administration
à M. O. RANDOLET
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Le Petit Havre
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AU HAVRE
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Bureau du Journal, 112, bould de Strasbourg.
L'AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
seule chargée de recevoir les Annonces pour
le Journal.
Le PETIT HA VRE est désigné pour les Annonces judiciaires et légales
Paris, trois heures matin
DÉPÊCHES COMMERCIALES
NEW-YORK, 19 JUILLET
Cotons : juillet, hausse 1 point ; octobre,
hausse 5 points ; décembre, hausse 6 points ;
mars, hausse 8 points.
Cafés : hausse 15 à 22 points.
NEW-YORK, 19 JUILLET
(. DU ion
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
GURQNgQUE HAURAJSB
FEUILLETS DE BLOC-NOTES
d'un rayon. Une barbe blanche lui don
nait l’aspect des gens qu’on vénère même
sans rien connaître d’eux, parce qu’il est
d’usage que les poils blancs inspirent le
respect.
L’homme tendait aux passants des bouts
de chansons et sollicitait leur aumône. Par
fois même, il s’essayait à fredonner. Sa voix
grave d’ancêtre semblait cependant mal à
l’aise dans la frivolité des ritournelles ; mais
elle se reprit.
La cité en liesse s’agitait alors sous un
frissonnement d’étamine; la poudre des pé
tards s’esclaffait aux carrefours. Le chanteur
entama la Marseillaise.
Aux armes, citoyens 1
Formez vos bataillons î <
Marchons !
Marchons !
Le pauvre se bornait à
très. Fixé au pavé par la
cruauté des mux, il eut été
inciter les an-
détresse et la
bien incapable
d’abreuver les sillons. Il égrenait les rimes
Cuivre Standard disp.
— août
Amalgamat. Cop.. •
Fer
66 3/4
c. PRICEDEKT
14 31
14 18
67 1/4
1S 37
avec une sérénité triste d’aïeul abandonné,
sans paraître atteint par leur ironie.
Tyrtée lui-même était infirme.
ALBERT-HERRENSCHMIDT.
CHICAGO, 19 JUILLET
Blé sur
C. DD JOUR C. PRECED
Juillet.... 88»/» 86 4/8
Septembre 86 3/4 87 »/»
Juillet.... 614/8 61»/*
Septembre 62 »/» 61 7/8
Juillet.... 44 77 44 87
Septembre 44 87 44 92
Maïs sur
Saindoux sur.
Nouvelles Politiques
VOTES DE NOS DÉPUTÉS
Scrutin sur l’ensemble du projet de loi
concernant le recrutement de l’armée :
Tous les députés de la Seine-Inférieure ont
voté pour.
Conseil des Ministres
Les ministres se sont réunis hier matin en
Conseil à l’Elysée, sous la présidence de M.
Poincaré.
Ils se sont principalement occupés des
uestions qui restent à débattre dans la fin
e la loi militaire et des questions financiè
res qui vont être soulevées à la Chambre à
l’occasion du budget de 1913 et des lois de
couverture pour les dépenses militaires.
LES AFFAIRES D'ORIENT
L'attitude de l'Autriche
VIENNE. — Contrairement au bruit répan
du par un journal de Vienne, quel'Autriche-
Hongrie à la suite de l'entrevue du comte
Berchtold et de l’empereur, Chercherait à
jouer un rôle de médiateur entre les belligé-
rants, les milieux autorisés assurent que
l'Autriche ne songe nullement à abandonner
le point de vue de la neutralité absolue.
La Marche des Troupes turques
CONSTANTINOPLE. — Le généralissime Izzet
a télégraphié au Grand vizir que les cent vil
les et villages qu’il a visités sont entièrement
détruits.
On croit que l’avant garde de l’armée est
arrivée hier devant Andrinople.
Dans les milieux officiels on considère la
démarche des ambassadeurs comme une dé
marche de pure forme.
Si les Turcs occupent Andrinople, c’est
surtout pour obtenir des garanties sérieuses
pour la sécurité des musulmans.
A Constantinople
CONSTANTINOPLE. — Le Conseil des minis
tres a duré j usqu’à minuit.
M. Natchevitch aurait soumis au grand
vizir une nouvelle proposition bulgare re
portant la nouvelle frontière turco-bulgare
sur la rive gauche de l’Ergene.
Cette proposition aurait été rejetée.
Autour de Plevna
La légation de Bulgarie communique une
dépêche officielle disant que les troupes rou-
plaines ont détruit trois ponts sur la voie
ferrée autour de Plevna ; un pont sur le Vid
et un autre situé près du village de Kreta
ont été également détruits.
Une brigade bulgare faite prisonnière
Bucarest. — Une colonne de cavalerie et
d’artillerie à cheval a rencontré à Ferdinan-
dovo une brigade de la 9 e division du géné
ral Koutnitdhelf.
Après un court engagement, la brigade
bulgare avec son général et douze canons
s'est rendue.
Les troupes roumaines de l’Est occupent
la ligne de Tartukai-Baltchik ; elles pous
sent des reconnaissances vers le Sud et le
Sud-Est.
Les journaux officieux démentent for-
‘ —» -- question d’une inter-
mellement qu’il soit q
vention de l'Autriche-H
— pour la cessa ¬
tion de faction militaire roumaine.
LES GRÈVES ANGLAISES
HULL. — La grève a repris hier.
Le chômage est complet ; le travail est
complètement arrêté sur les navires.
ETRANG]
ANGLETERRE
Visite du Kaiser
1 Le Daily Mail déclare qu’il y a tout lieu de
eroire que l’empereur et l’impératrice se
gendront au cours du printemps prochain
en Angleterre pour y faire une visite ofi-
cielle aux souverains anglais.
; Le journal ajoute que le roi George a reçu
du kaiser une lettre dans laquelle celui ci se
de la crise orien-
félicite de ce que, au cours - .
taie, les deux cabinets allemand et anglais
aient réussi à travailler en complète harmo-
nie au maintien de la paix entre les grandes
puissances, .
Cette information produit une certaine
sensation à Berlin. Dans les milieux bien
informés, on considère comme très possi-
ble le projet du voyage prêté à l'empereur,
bien que jusqu’à présent on n'ait pas con
naissance qu’une décision ait été prise à cet
égard.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
k la HIBRARIE IHTZMMATIOHALE
108, rue St-Lazare, 108
(immeuble de !'HOTEL TERMINUS)
Photo Pct 1 Havre
Cliché l' 9 Et la tête haut dressée de l’aveugle semblait Malgré tout
demander
au ciel la charité d’un rayon.
Rédacteur en Chef, Gérant
HIPPOLYTE FÉNOUX
Adresser tout ce qui concerne la Rédaction
à M. HIPPOLYTE FÉNOUX
85, Rue Fontenelle, 35
TÉLÉPHONE: Rédaction, N 7.60
ABONNEMENTS
Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure
l’Oise et la Somme
Autres Départements...
Union Postale
Trois Mois
Six Mois
On s'abonne également, SANS FRfJS, dans tous les Bureaux
18 F.
2= »
44 »
de Poste de rranse
A la Chambre
L’Ensemble de la Loi est adopté
Ingratitude
Puis qu’une loi fatale veut que la gloire ait
ses caprices et ses fantaisies, pourquoi faut-
il qu’elle ait aussi ses injustices I
Par quelle singulière insouciance va-t-elle
poser son laurier sur le front qui ne l’atten
dait guère alors qu’elle passe ingrate et dé
daigneuse auprès de celui qui fit de son
mieux pour la séduire. Et pourquoi aussi à
l’insignifiance du geste vient souvent répon
dre l’excessif honneur de la consécration.
Galcaleum n’était qu’un humble fabricant
de drogues. Il vivait ignoré dans l’obscurité
de sa petite ville, derrière un rempart de bo
caux étiquetés où des ténias, maîtrisés et
captifs, montraient aux foules, même dans
l’inertie de la mort, le pouvoir triomphant
des spécifiques.
Longtemps, iLeut pu ainsi demeurer dans
la simplicité qui complaît aux sages.
Mais Galcaleum sut inventer des pilules
fameuses aux vertus affirmées et souverai
nes. Pour lui et à ses frais les trompes de la
Renommée chantèrent.Du haut des colonnes
des gazettes,elles sèmèrent à tous les échos,à
tous les vents du ciel, à tous les inquiets de
la terre les, propriétés surprenantes de la
pilule.
Sans trop y croire lui-même, mais avec
cette gravité impressionnante qui finit par
toucher les esprits et former le cœur des
apôtres, Galcaleum proclama qu’il guérissait
tous les maux, déchargeait le foie des hu
meurs peccantes, libérait le poumon des
asthmes obsédants, restaurait l’estomac et
ravivait ses glandes, lavait les reins et rin
çait l'intestin, incorporait enfin, par le mi
racle de son produit, le mystère de la vie
neuve aux êtres en mal de désorganisation.
Et Galcaleum devint célèbre. Son portrait
surgit sur les murs, sur les toits, sur les
feuilles publiques. Un ingénieux américain
eut même cette énorme idée de l’écrire un
jour sur les «nages ; et l’évocation hardie se
haussa jusqu’s l’ampleur du symbole.
Les nuages s'évanouirent, le nom disparut.
Mais la gloire de Galcaleum demeure dans la
mémoire des hommes, même à une époque
où l'on a perdu coutume d'ingurgiter matin
et soir ses pilules célèbres.
Un homme imagina un jour, pour distraire
les masses et les inviter à déposer un instant
leur fardeau d’ennui, des jeux fleuris d’ori
ginalité frappante.
Il eut ce génie de combiner tout à la fois,
pour le plaisir général, la naïveté des uns et
lé bon garecnuisme des autres, la confusion
burlesque des premiers improvisés acteurs
et la joie bruyante dès autres, grands ama
teurs de plaies et bosses. ,
Et tous les ans, aux fêtes de Juillet, quanu
il est d’usage que la rue s’amuse même des
insignifiances les moins folâtres, des jeunes
hommes aux muscles puissants, et résolus,
refont les gestes antiques, rééditent les ex
ploits de jadis...
Mais qui de nous songe seulement à sa
luer, avec la reconnaissance d’un plaisir
d’autant plus précieux qu’il est populaire,
les mânes de l'anonyme disparu ?
Qui se souvient, que dis-je, qui donc a
jamais connu le nom de ce bienfaiteur des
foules désœuvrées, en cette journée tricolore
du 14 Juillet?
Quel historiographe a donc conservé le
nom de l’inventeur du Baptême du tropique,
celui des Artilleurs de la pièce humide, ou
même de ce vénérable Mât de cocagne, dont
les valeureux Alexandre — Ses Alexandre
du Mât — redescendent triomphants et en-
savonnés, avec un petit morceau de gloire
dans la main, sous forme de gigot, de tim
bale ou simplement de saucisson ?
çades en renom les merveilles d’une pyro
technie harmonieuse et savante.
Le Théâtre, où couraient des lignes de
feu, dessinant dans le cadre des fenêtres
des festons, des torsades et des astragales, le
Théâtre souleva l’admiration exubérante de
mon compagnon de rencontre.
Et puis, il s’extasia devant les prodiges in
candescents des Galeries. Le monument
ruisselant d’étincelles d’or lui mit dans l’âme
des enthousiasmes débordants.
Il sourit des innovations, s’étonna des
choses, exigea de mon incompétence des
renseignements précis sur l’origine des lu
mières nouvelles, sur les lueurs électriques
qui teintaient de rose le faîte de la maison ;
il prit plaisir à louer ces machinations du feu
décoratif.
Il me dit :
— La Cité Françoise n’a-t-elle pas dans ses
armes une salamandre et des flammes?Igno
rer l’art de l’illumination serait méconnaî
tre, d’un cœur bien léger, les devoirs impo
sés par la tradition...
» Sachez plutôt, mon petit ami, que j’ai
salué ici Louis XV, aux côtés de M. de Saint-
Aignan. Des portiques, dont le nombre dé
passait cent trente, se dressaient devant les
maisons, surmontés et reliés entre eux par
des arceaux.
» Et quels pilastres ! Trente pieds d’éléva
tion sur six de large. Nous les avions coupés
par des traverses revêtues de lierre et de lau
rier. ainsi que les cintres. Le tout, mon petit
Monsieur, fut congrument garni de lam
pions.
» Pour faire face à la porte d’Ingouville,
nous avions placé au Nord un vaisseau dont
toutes les manœuvres étaient garnies de fa
naux et le corps couvert de lampions j usqu’au
niveau de l’eau... Mais que vois-je là ? »
Nous étions arrivés à l’extrémité de la rue
de Paris. Deux grandes masses blanches,
d’une architecture imprévue et bizarre, se
dressaient sur leur petit socle invraisem
blable. ..
— Ce sont nos pylônes, hasardai-je, un peu
confus.
— Vos pylônes?... Vous appelez ça des
pylônes ?
“Il s’approcha pour mieux voir, palpa la
toile peinte, puis examina ‘ensemble en dé
taillant successivement les quatre faces avec
une minutie un peu railleuse.
— Nous faisions mieux, dit-il simplement.
Et le petit bonhomme bouffonna encore,
indulgent et malin, tout en me tendant sa
tabatière.
Au Groupe d’Entente démocratique
Le groupe d’entente démocratique et so
ciale s’est réuni sous la présidence de M.
Fernand David, ancien ministre, et a admis
comme membres MM. Lépine et Veyssère.
Le groupe a ensuite chargé M. Joseph Rei-
nach de lire en son nom, au moment du
vote sur l’ensemble de la loi militaire, une
déclaration exposant les motifs pour lesquels
il a voté cette loi.
Le groupe s’est ensuite occupé de l’attitude
à observer lors de la fixation du jour de dis
cussion de l’interpellation de M. Malvy sur
la politique financière du gouvernement.
Il en demandera, dit-on, l’ajournement à
la rentrée d’octobre.
-------- ------------------ e ---------- • --
LES AFFAIRES D’ORIENT
* ©
Bélisaire
* $
L f Ancêtre
L’étrange petit bonhomme !...
Où diable ai-je déjà vu cette archaïque
silhouette, cette perruque altière et ce feu
tre élégant, et ce jabot de dentelle fine, et
cette lévite à l’anglaise, et ces bottes au re
vers fauve, et cette culotte de peau, comme
en portait, dit-on, M. le comte d’Artois...
Le singulier personnage, en effet, sem
blait évadé du Cabinet des Modh et prome
nait dans la nuit son savoureux anachro-
nisme. .
Il me happa au coin de la rue de Paris
déjà déserte.
Les bourgeois, las de tant de bruit et de
lumières, s’en étaient allés dormir. La voie
publique avait retrouvé son calme ; mais les
illuminations déplovaient encore sur les fa-
Chanter, n‘est-ce point briser sa douleur,
enguirlander de rires en fleurs la pointe des
flèches de la misère ?...
Sans doute, la pointe vous entre tout de
même au cœur, mais les fleurs de la ro
mance y laissent un parfum, pour quelques-
uns y mettent un baume. De là peut-être
que tant de ventres creux vont par les rues
et chantent... ,
Il y a des jours gris et maussades ou la
musique la plus banale a des influences dé
licieuses.
Vous donnez la chasse aux papillons noirs,
votre cervelle surmenée s’ingénie à dénicher
l’idée nouvelle, et plus l’effort pour la cap
ter se fait tenace, plus la rebelle s’applique
à disparaître, à se réfugier au fond d’une
retraite imprenable.
Harcelée, traquée, elle en sort enfin pour
tant, mais la rusée vous joue une farce.Nous
la rêviez pimpante et jolie, parée d’origina-
lité facile ; elle se livre à vous sous un dé
guisement de banalité déplorable... Il y a
des jours maussades où les couleurs les
plus éclatantes se voilent d’ennui.
Mais voici que par la fenêtre ouverte ar
rive tout à coup la chanson essoufflée d’un
orgue.
Il est à la fois comique et .lamentable, ce
pauvre air déchiqueté par la manivelle. Une
roue édentée le moud sans grâce ni souci de
mesure.Mais qu’importe! C’est une vieille ro
mance d’Italie ; elle parle d'amour, de gon
dole, de soleil d’aurore ; elle a dans ses no
tes lasses et vulgaires des restes de joie et de
soleil... Elle met un instant en fuite laronde
valsante des papillons de mauvais augure...
Tout à l’heure, au coin du pont, assis sur
le pavé, j’ai vu un fils des Muses. Il n’avait
pas même dans ses vieux yeux le reflet mor
ne des résignations suprêmes. La lumière
du jour se heurtait à ses paupières closes.
Et la tête haut dressée de l’aveugle semblait
malgré tout demander au ciel la chante
Le roi Ferdinand s’adresse à
François-Joseph. L’attitude de la Roumanie
Bucarest, 19 juillet.
Le roi Ferdinand s’adressant à l’empereur
d’Autriche pour lui demander de sauvegar
der la Bulgarie, a reçu cette réponse : « Je
regrette de ne pouvoir venir en aide à la
Bulgarie. Elle doit se mettre d’accord avec
la Roumanie, comme je l’ai conseillé cons
tamment ».
On considère maintenant comme certain
que la Bulgarie acceptera telle quelle la nou
velle frontière proposée par la Roumanie,
puisque celle-ci n’admet pas de discussion.
Il reste la question capitale des limites entre
la Grèce, la Serbie et la Bulgarie. Une der
nière chance pour celle-ci est de demander
immédiatement que les cinq belligérants se
réunissent pour discuter les préliminaires
de paix. La Roumanie offre pour cela l’at
mosphère la plus modérée.
Il est peu probable que la Bulgarie puisse
sauver Gavalla. Si le gouvernement bulgare
essaye de diviser les belligérants par un sys
tème d’ajournement, il se trompe profondé
ment et va droit au désastre.
L’armée roumaine avance sur toute la li
gne, sauf au-delà de Tartukaï-Biltchitch, où
elle s’est arrêtée sur la frontière qu’on pro
pose.
On attend à chaque moment que la Bulga
rie fasse des propositions de paix concrètes.
L’attitude du Monténégro
Gettigné, 49 juillet.
Le général Voukotitch, président du con
seil, n'a pas assisté à l’entrevue des deux
présidents du conseil serbe et grec, ayant
été retenu à la tête de la brigade qu’il com
mande par une attaque bulgare, qui d’ail
leurs a été repoussée.
Le gouvernement monténégrin reste en
parfait accord avec ses alliés. Le général
Voukotitch a été mis par télégraphe au cou
rant de la conversation de M. Venizelos et de
M. Pachitch.
La Roumanie fait une brigade bulgare
prisonnière
Bucarest, 19 juillet.
Le bureau de la guerre annonce qu’une
brigade de la 9» division bulgare a été faite
prisonnière par la division de cavalerie rou
maine qui lui prit douze canons.
Sur la Bregaluitza
Uskub, 49 juillet.
Pendant toute la journée du 48 une série
de combats a été livrée sur la ligne de Tzera-
Banyatchuka-Grelena-Tchukagolek-Tchouka,
parallèlement à la frontière bulgare, dans le
bassin supérieur de la Bregalnitza.
En raison de la nature accidentée du ter-
raiu, la marche en avant des Serbes s’est
opérée lentement. Cependant l’aile droite a
réussi, par un mouvemienttournant de flanc,
à tourner l’aile gauche bulgare et à prendre
position sur les hauteurs de Tchazka et de
Tsarevo-Selo.
Dans la région do Kustendil
On télégraphie de Belgrade le 48 :
Du côté d’Egri-Palanka, plusieurs engage
ments se sont produits et ont tourné a l a-
vantage des troupes serbes, qui se sont em
parées des hauteurs de Tsedilovo, sur la gau
che de la route d’Egri-Palanka à Kustendil.
Le détachement de Basilovgrad a encore
une fois été l’objet d’une attaque violente
opérée par des forces trois fois supérieures
en nombre détachées par la cinquième divi
sion bulgare concentrée à Kustendil.
Grâce aux positions excellentes qu occupe
ce détachement, il a résisté victorieusement,
et ayant reçu des troupes massées à la fron
tière deux bataillons de renforts, il a réussi
encore une fois, par une sortie vigoureuse, à
[ refouler les adversaires.
(DE NOTRE correspondant particulier).
Paris, 19 juillet
La loi militaire n’a fait que peu de pro
grès dans la séance de ce matin.
Dins la séance de l’après-midi, le duel de
M. Barthou et de M. Jaurès, placés à leur
banc respectif, a recommencé. M. Jaurès, au
milieu d’un tas de billevesées, a dit une
chose assez juste. Parlant des nombreuses
modifications apportées, il a déclaré que « le
pays aurait tout le passif de la loi de trois
ans, sans en avoir l’actif présumé. » A qui la
faute si la loi n’aura pas son plein effet, si le
gouvernement s’est vu obligé d’accepter une
foule de restrictions et de dépenses non
prévues?... Sinon au parti de M. Jaurès,
sinon aux amendements que ses amis et lui
ont déposés. Le leader de l'exirême-gauche
ne s’est pas aperçu qu’il indiquait lui-même
au Sénat la lâche qu’il devait accomplir.
Aujourd’hui, il a crié : — Victoire !... Vic
toire !... » Peut-être ne le criera-t-il plus de
main ?...
M. André Lefèvre a combattu vivement la
nouvelle rédaction de l’article 37 qui empê
che la loi d’être applicable à la classe de 1911
et à la classe de 1912.
Au moment où l’on passait aux dispositions
additionnelles, M. Briand,remis de son grave
accident d’automobile, est entré dans la salle
de séance. Sa présence a causé une véritable
sensation et beaucoup de ses collègues sont
venus lui serrer la main et le féliciter de sa
guérison. M. Briand a repris sa place habi
tuelle.
Les dispositions additionnelles n’ont géné
ralement pas eu grand succès devant la
Chambre qui n’a guère voté que celles que
la commission et le gouvernement accep
taient.
Par exemple, il en est une que M. Barthou
a repoussé avec indignation, celle de M. Bri-
zon qui permettrait aux soldats de choisir
les expéditions auxquelles ils voudraient
prendre part. Cet amendement n’a obtenu
que les voix des unifiés.
Peu à peu, la Chambre est devenue très
nerveuse, la discussion des amendements
s’éternisant et les propositions les plus étran
gères à une loi sur la durée du service dans
l’armée étant développées.
M. Emile Dumas demande que les soldats
mariés soient exemptés de la personnelle-
mobilière. ..
La Chambre, à mains levées, disjoint cet
amendement.
M. Rouanet présente une disposition accor
dant l’amnistie aux militaires condamnés ou
punis à la suite des manifestations contre le
maintien de la classe.
On demande la suspension de l audience,
mais cette suspension est repoussée.
Une grande discussion a alors lieu dans
l’hémicycle et les gestes sont très vifs.
On reprend la séance et la Chambre se dé
juge en acceptant sous une autre forme l’a
mendement de M. Emile Dumas qu’elle ve
nait de disjoindre.
Divers autres amendements sont encore
rejetés. —
Seule une proposition de M. Manger ten
dant à accorder aux familles des réservistes
et des territoriaux les avantages accordés
par l’article 12 est adoptée malgré 1 opposi
tion du ministre des finances.
Enfin, nous voici aux déclarations qui pré
cèdent les votes.
Il est 9 h. 30 du soir. .
Mais les orateurs ne sont ni plus courts ni
moins nombreux pour cela.
Cela dure jusqu'au moment ou M. Gaillaux
vient lire une protestation contre la loi que
M. Barthou a relevee au milieu de l’enthou
siasme de la majorité.
Après cette joute oratoire, il semblait que
tout fut terminé ; on a encore parlé assez
longuement et ce n’est qu’à onze heures que
le vote sur l’ensemble a enfin commencé. .
Le résultat n’était pas douteux : la loi mi
litaire a été votée avec ses qualités et ses de
fauts que le Sénat, dans son patriotisme
éclairé s’empressera sans doute de faire dls-
Ces divers amendements une fois discutés, on
a adopté 1 article 22 réglant la situation des jeunes
gens qui, âgés de 48 ans, veulent s’engager par
devancement d’appel.
On arrivait à l’article 37 et dernier qui est fort
important puisque c’est lui qui doit décider si la
nouvelle loi sera applicaple aux classes actuelle
ment sous les drapeaux, c’est-à-dire s’il y aura ré
troactivité.
m. le hérissé, président de la Commission, a
demandé que l'article soit renvoyé à la Commis,
sion afin de présenter un texte définitif.
On a dû lever la séance pour permettre à la
Commission de délibérer sur ce point.
(Séance de l’après-midi)
La séance est ouverte à 2 h. 43 sous la prési
dence de M. paul DESCHANEL président.
Ou reprend la loi de trois ans
m. pâté, rapporteur, donne lecture du nouvel
article 37 rédige dans la séance du matin de Is
Commission de l’armée.
Le premier article 37 concluait à la rétroactivité
de la loi ; depuis ce texte, la Chambre a décidé
l’incorporation de la classe 1913 a vingt ans, c’est-
à-dire dès l’hiver prochain. En conséquence
le nouvel article 37 conclut que la loi de trois
ans ne sera pas applicable aux classes 1910, 1914
et 1942.
m. pâté continue la lecture du nouvel article
37 aux termes duquel les jeunes gens de la clas
se 4912 qui se .sont engagés par devancement
d’appel ne feront également que deux ans.
m. Jaurès a la parole.
Je me félicite de l’accord intervenu entre le
gouvernement et la Commission sur l’article 37.
Il était impossible, matériellement et moralement,
de garder sous les drapeaux la classe libérable.
Cette impossibilité était plus marquée encore de-
puis l’incorporation de la classe 4913 à vingt ans.
Il n’était pas possible de garder quatre classes
sous les drapeaux ; mais alors considérez le che-
min parcouru. Quand le gouvernement a proposé
pour la première fois la loi de trois ans, il a dit
distinctement ceci : « Le Parlement comprend
qu’une pareille loi ne comporte ni délais dans
son application ni atténuations d’aucune sorte. »
Le cœur de la loi pour lui, c’était le maintien
sous les drapeaux pendant trois ans des classes
actuellement en service. Or on aboutit à procla
mer que les classes 4910, 1911 et 912 sont main
tenues sous Le régime de la loi de 1905. (Applau
dissements à l’extrême-gauche et sur divers
bancs a gauche).
Puisque jusqu’en octobre 4945, les effets de la
loi de trois ans et ceux de la loi de deux ans
sont identiques, vous auriez obtenu jusqu’en oc
tobre 1915 les mêmes effets qui vont résulter de
votre loi et alors,-je vous demande pourquoi vous
avez dit à ce pays qu’il y avait un intérêt pa
triotique et national à voter tout de suite la loi de
trois ans. (Nouveaux applaudissements sur Les
mêmes bancs.)
Vous aviez deux années pour assurer la défense
nationale dans des conditions plus conformes au
génie de la France. Mais non. Il vous suffit main
tenant d’une loi qui, en accumulant bois classes
mal instruites, en suspendant pendant trois ans la
vie du pays, impose à notre nation la charge de
la loi de trois ans sans lui assurer ses avantages
présumés. Au bilan de votre opération parlemen
taire, le pays aura tout le passif sans avoir l’actif
présumé par vous Vous vouliez avoir pour demain
des classes exercées et la conséquence immédiate
que n’avait pas prévue l’état-major c’est qu’à
tir d’octobre, pendant cette période que vous
qualifiée de critique et de tourmentée, c’est
masse de conscrits non instruits qui seront
par-
avez
une
dans
payé
(Ap-
nos régions frontières. Jamais pays n’aura
plus cher une plus déplorable mystification. . .
plaudissements à l’extrême gauche et sur divers
bancs à gauche.)
M. ANDRÉ lefèvre : Je demande à la Chambre
paraître.
T. H.
LES SÉANCES
(Séance du matin)
U LOI DE TROIS ANS
Dans sa séance du matin, la Chambre s’est pro
noncée sur différents articles additionnels àlar-
ticle 20 adopté hier. Puis elle a adopté 1 article 22
après avoir discuté les amendements qui s y rat
tachaient. „ .. an —
Comme article additionnel a I article 20, m.
georges bureau demandait qne les militaires
appartenant a des familles dépourvues de ressour
ces aient droit chaque année à un voyage gratuit
pour se rendre dans leurs foyers.
M. Étienne, ministre de la guerre, a rendu
hommage aux sentiments de générosité qui inspi
raient M. Bureau, mais a Ob’ecté qu il ne fallait
pas rendre la loi inapplicable en augmentant les
dépenses. L’amendement a été retiré.
M. BOUVERI demandait que les salariés de
l’industrie, du commerce, de l’agriculture soient,
pendant la durée de leurs 120 jours de congé, as
surés par les soins de l’Etat d’un travail corres-
pondant à leurs occupations antérieures, sinon
soient pourvus d une indemnité de deux francs
Par,’ jaurès a appuyé l’amendement, sinon les
permissions seront des permissions de miser-
Le ministre de la guerre a encore rendu hom
mage a ce sentiment généreux, mais a également
repoussé l’amendement. Par 426 voix contre 402,
il a 6t6 rejeté
m KEBOUL a demandé que les dépenses journa
lières de nourriture afférentes à chaque soldat
soient payées aux soldats nécessiteux en congé.
Rejeté par 447 voix contre 89.
M rognon a proposé de bloquer les trois mois
de congé à la fin te leur service pour les soldats
qui ne peuvent en profiter au cours de leurs trois
ans parce que leurs parents ne peuvent les rece
voir. Repoussé par 349 voix contre 200.
" M. LONG a obtenu que les militaires qui sont
dans les colonies et dans les pays de protectorat
obtiennent leurs 420 jours de congé en une seule
fois à la fin de leur service, c’est-à-dire soient, li-
bérés quatre mois avant leurs camarades lorsqu ils
n’auront pas pu, pour raisons de service ou faute
de ressources, bénéficier chaque année de 40 jours
dezerp dimposition, on le voit, vise en particulier
actuellement les soldats du Maroc.
de rétablir le texte initial de la Commission, c’est-
à-dire de maintenir la rétroactivité de la loi de
trois ans pour les classes 4911 et 1912.
On parle d’un contrat moral passé entre L’Etat
et les classes 1914 et 1912. On oublie qu’il y a des
considérations d’existence nationale qui sont au-
dessus d’un droit des citoyens isolés et d’ailleurs
il ne peut y avoir de contrat pareil passé. (Très
bien I Très bien I)
Quel nombre d’hommes de la classe 1913 de
vrez-vous donc incorporer pour atteindre les
chiffres que vous avez déclarés nécessaires f
Exactement 447,440. Sera-ce possible ? Je ne là
crois pas.
L’Aliemagne incorpore 19 0/0 de son effectif re
censé.
LE GÉNÉRAL JOFFRE : VOUS oubliez qu’en Alle-
magne une partie considérable de la population
ne fait aucun service militaire. Il n’est donc pas
exact de dire que l’Allemigne ne trouve dans son
contingent total que 19 0/0 d’sommes utilisables.
m. andré lefèvre : Oui, mais remarquez que
l’Allemagne n’incorpore son contingent qu’en trois
fois. G’est la preuve que dès la première année,
c’est-à-dire à 20 ans, une faible partie seulement
de ces hommes peut être utilisée.
le GÉNÉRAL legrand : Tout nous permet
d’espérer que nous pourrons incorporer dès cette
année 25 0/0 de la classe 1913. En tenant compte
des engagements et des rengagements, nous at
teindrons l’edfectif nécessaire. S’il y avait un det-
cit il serait très faible. Il n’y a donc pas lieu
d’imposer au pays la lourde charge de garder une
classe entière pendant toute une année.
Après une réplique de M. ANDRÉ LEFEVRE:
l’article 37 est adopté tel que le propose la com
mission. „ , . ,
m. BRETON défend un amendement tendant à
faire passer de droit dans la territoriale les réser
vistes pères de trois enfants vivants, et dans la
réserve de la territoriale les réservistes et terri
toriaux pères de cinq enfants.
La chambre passe aux articles additionnels.
M. le RAPPORTEUR dit que la Commission ac
cepte l’amendement de M. Lannes de Montebello
relatif aux élèves de l’Ecole polytechnique et du
l’Ecole de Saint-Cyr.
L’amendement est adopté. ,
M. breton rappelle que le projet du gouver
nement renfermait des dispositions en faveur des
nares de famille et des familles nombreuses.
m. Jaurès : Elles ont été supprimées avec rat
Son: breton dit qu’on a eu raison de ne pas
vouloir créer un privilège en faveur des familles
riches. Mais l’amendement qu il présente napas
ce caractère: dit uu’il est en contradiction avec
l’amendement Daniel Vincent. La Chambre a voté
dispositions en faveur des familles pauvres.
m breton dit qu’il est indispensable que la
Chambre fasse quelque chose, dans cette loi, en
faveur non seulement des familles nombreuses
mais aussi des familles normales.
L’amendement présenté par 1 orateur porte que
le père de 3 enfants sera versé de droit dans ta
territoriale et le père de 5 enfants dans la réserva
de la territoriale. .. , t n
Si l’on veut arrêter la dépopulation, il faut pro*
fiter de toutes les occasions pour alléger. 1
charges des familles nombreuses et pour les no
norer (ADDlaudissements sur divers bancs).
C’est là une question nationale. (Nouveaux ap*
-Ialssoments sur les mêmes bancs).
P m président fait connaître qu’il a reçu,
de M sonnevay, un sous-amendement substi-
tuant le chiffre 4 au chiffre 5. "
fi* 11,694
(8 Pages)
S Ventimes — EDITION DU MATIN — § Centimes
(8 Pages)
Dimanche 20 Juillet 1913
Administrateur-Délégué
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne l’Administration
à M. O. RANDOLET
35, Rue Fontenelle, 35
Adresse Télégraphique : RANDOLET Havro
Administration, Impressions et Annonces. TBL 10.47
Le Petit Havre
ANNONCE®
AU HAVRE
A PARIS
Bureau du Journal, 112, bould de Strasbourg.
L'AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
seule chargée de recevoir les Annonces pour
le Journal.
Le PETIT HA VRE est désigné pour les Annonces judiciaires et légales
Paris, trois heures matin
DÉPÊCHES COMMERCIALES
NEW-YORK, 19 JUILLET
Cotons : juillet, hausse 1 point ; octobre,
hausse 5 points ; décembre, hausse 6 points ;
mars, hausse 8 points.
Cafés : hausse 15 à 22 points.
NEW-YORK, 19 JUILLET
(. DU ion
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
GURQNgQUE HAURAJSB
FEUILLETS DE BLOC-NOTES
d'un rayon. Une barbe blanche lui don
nait l’aspect des gens qu’on vénère même
sans rien connaître d’eux, parce qu’il est
d’usage que les poils blancs inspirent le
respect.
L’homme tendait aux passants des bouts
de chansons et sollicitait leur aumône. Par
fois même, il s’essayait à fredonner. Sa voix
grave d’ancêtre semblait cependant mal à
l’aise dans la frivolité des ritournelles ; mais
elle se reprit.
La cité en liesse s’agitait alors sous un
frissonnement d’étamine; la poudre des pé
tards s’esclaffait aux carrefours. Le chanteur
entama la Marseillaise.
Aux armes, citoyens 1
Formez vos bataillons î <
Marchons !
Marchons !
Le pauvre se bornait à
très. Fixé au pavé par la
cruauté des mux, il eut été
inciter les an-
détresse et la
bien incapable
d’abreuver les sillons. Il égrenait les rimes
Cuivre Standard disp.
— août
Amalgamat. Cop.. •
Fer
66 3/4
c. PRICEDEKT
14 31
14 18
67 1/4
1S 37
avec une sérénité triste d’aïeul abandonné,
sans paraître atteint par leur ironie.
Tyrtée lui-même était infirme.
ALBERT-HERRENSCHMIDT.
CHICAGO, 19 JUILLET
Blé sur
C. DD JOUR C. PRECED
Juillet.... 88»/» 86 4/8
Septembre 86 3/4 87 »/»
Juillet.... 614/8 61»/*
Septembre 62 »/» 61 7/8
Juillet.... 44 77 44 87
Septembre 44 87 44 92
Maïs sur
Saindoux sur.
Nouvelles Politiques
VOTES DE NOS DÉPUTÉS
Scrutin sur l’ensemble du projet de loi
concernant le recrutement de l’armée :
Tous les députés de la Seine-Inférieure ont
voté pour.
Conseil des Ministres
Les ministres se sont réunis hier matin en
Conseil à l’Elysée, sous la présidence de M.
Poincaré.
Ils se sont principalement occupés des
uestions qui restent à débattre dans la fin
e la loi militaire et des questions financiè
res qui vont être soulevées à la Chambre à
l’occasion du budget de 1913 et des lois de
couverture pour les dépenses militaires.
LES AFFAIRES D'ORIENT
L'attitude de l'Autriche
VIENNE. — Contrairement au bruit répan
du par un journal de Vienne, quel'Autriche-
Hongrie à la suite de l'entrevue du comte
Berchtold et de l’empereur, Chercherait à
jouer un rôle de médiateur entre les belligé-
rants, les milieux autorisés assurent que
l'Autriche ne songe nullement à abandonner
le point de vue de la neutralité absolue.
La Marche des Troupes turques
CONSTANTINOPLE. — Le généralissime Izzet
a télégraphié au Grand vizir que les cent vil
les et villages qu’il a visités sont entièrement
détruits.
On croit que l’avant garde de l’armée est
arrivée hier devant Andrinople.
Dans les milieux officiels on considère la
démarche des ambassadeurs comme une dé
marche de pure forme.
Si les Turcs occupent Andrinople, c’est
surtout pour obtenir des garanties sérieuses
pour la sécurité des musulmans.
A Constantinople
CONSTANTINOPLE. — Le Conseil des minis
tres a duré j usqu’à minuit.
M. Natchevitch aurait soumis au grand
vizir une nouvelle proposition bulgare re
portant la nouvelle frontière turco-bulgare
sur la rive gauche de l’Ergene.
Cette proposition aurait été rejetée.
Autour de Plevna
La légation de Bulgarie communique une
dépêche officielle disant que les troupes rou-
plaines ont détruit trois ponts sur la voie
ferrée autour de Plevna ; un pont sur le Vid
et un autre situé près du village de Kreta
ont été également détruits.
Une brigade bulgare faite prisonnière
Bucarest. — Une colonne de cavalerie et
d’artillerie à cheval a rencontré à Ferdinan-
dovo une brigade de la 9 e division du géné
ral Koutnitdhelf.
Après un court engagement, la brigade
bulgare avec son général et douze canons
s'est rendue.
Les troupes roumaines de l’Est occupent
la ligne de Tartukai-Baltchik ; elles pous
sent des reconnaissances vers le Sud et le
Sud-Est.
Les journaux officieux démentent for-
‘ —» -- question d’une inter-
mellement qu’il soit q
vention de l'Autriche-H
— pour la cessa ¬
tion de faction militaire roumaine.
LES GRÈVES ANGLAISES
HULL. — La grève a repris hier.
Le chômage est complet ; le travail est
complètement arrêté sur les navires.
ETRANG]
ANGLETERRE
Visite du Kaiser
1 Le Daily Mail déclare qu’il y a tout lieu de
eroire que l’empereur et l’impératrice se
gendront au cours du printemps prochain
en Angleterre pour y faire une visite ofi-
cielle aux souverains anglais.
; Le journal ajoute que le roi George a reçu
du kaiser une lettre dans laquelle celui ci se
de la crise orien-
félicite de ce que, au cours - .
taie, les deux cabinets allemand et anglais
aient réussi à travailler en complète harmo-
nie au maintien de la paix entre les grandes
puissances, .
Cette information produit une certaine
sensation à Berlin. Dans les milieux bien
informés, on considère comme très possi-
ble le projet du voyage prêté à l'empereur,
bien que jusqu’à présent on n'ait pas con
naissance qu’une décision ait été prise à cet
égard.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
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(immeuble de !'HOTEL TERMINUS)
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demander
au ciel la charité d’un rayon.
Rédacteur en Chef, Gérant
HIPPOLYTE FÉNOUX
Adresser tout ce qui concerne la Rédaction
à M. HIPPOLYTE FÉNOUX
85, Rue Fontenelle, 35
TÉLÉPHONE: Rédaction, N 7.60
ABONNEMENTS
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18 F.
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de Poste de rranse
A la Chambre
L’Ensemble de la Loi est adopté
Ingratitude
Puis qu’une loi fatale veut que la gloire ait
ses caprices et ses fantaisies, pourquoi faut-
il qu’elle ait aussi ses injustices I
Par quelle singulière insouciance va-t-elle
poser son laurier sur le front qui ne l’atten
dait guère alors qu’elle passe ingrate et dé
daigneuse auprès de celui qui fit de son
mieux pour la séduire. Et pourquoi aussi à
l’insignifiance du geste vient souvent répon
dre l’excessif honneur de la consécration.
Galcaleum n’était qu’un humble fabricant
de drogues. Il vivait ignoré dans l’obscurité
de sa petite ville, derrière un rempart de bo
caux étiquetés où des ténias, maîtrisés et
captifs, montraient aux foules, même dans
l’inertie de la mort, le pouvoir triomphant
des spécifiques.
Longtemps, iLeut pu ainsi demeurer dans
la simplicité qui complaît aux sages.
Mais Galcaleum sut inventer des pilules
fameuses aux vertus affirmées et souverai
nes. Pour lui et à ses frais les trompes de la
Renommée chantèrent.Du haut des colonnes
des gazettes,elles sèmèrent à tous les échos,à
tous les vents du ciel, à tous les inquiets de
la terre les, propriétés surprenantes de la
pilule.
Sans trop y croire lui-même, mais avec
cette gravité impressionnante qui finit par
toucher les esprits et former le cœur des
apôtres, Galcaleum proclama qu’il guérissait
tous les maux, déchargeait le foie des hu
meurs peccantes, libérait le poumon des
asthmes obsédants, restaurait l’estomac et
ravivait ses glandes, lavait les reins et rin
çait l'intestin, incorporait enfin, par le mi
racle de son produit, le mystère de la vie
neuve aux êtres en mal de désorganisation.
Et Galcaleum devint célèbre. Son portrait
surgit sur les murs, sur les toits, sur les
feuilles publiques. Un ingénieux américain
eut même cette énorme idée de l’écrire un
jour sur les «nages ; et l’évocation hardie se
haussa jusqu’s l’ampleur du symbole.
Les nuages s'évanouirent, le nom disparut.
Mais la gloire de Galcaleum demeure dans la
mémoire des hommes, même à une époque
où l'on a perdu coutume d'ingurgiter matin
et soir ses pilules célèbres.
Un homme imagina un jour, pour distraire
les masses et les inviter à déposer un instant
leur fardeau d’ennui, des jeux fleuris d’ori
ginalité frappante.
Il eut ce génie de combiner tout à la fois,
pour le plaisir général, la naïveté des uns et
lé bon garecnuisme des autres, la confusion
burlesque des premiers improvisés acteurs
et la joie bruyante dès autres, grands ama
teurs de plaies et bosses. ,
Et tous les ans, aux fêtes de Juillet, quanu
il est d’usage que la rue s’amuse même des
insignifiances les moins folâtres, des jeunes
hommes aux muscles puissants, et résolus,
refont les gestes antiques, rééditent les ex
ploits de jadis...
Mais qui de nous songe seulement à sa
luer, avec la reconnaissance d’un plaisir
d’autant plus précieux qu’il est populaire,
les mânes de l'anonyme disparu ?
Qui se souvient, que dis-je, qui donc a
jamais connu le nom de ce bienfaiteur des
foules désœuvrées, en cette journée tricolore
du 14 Juillet?
Quel historiographe a donc conservé le
nom de l’inventeur du Baptême du tropique,
celui des Artilleurs de la pièce humide, ou
même de ce vénérable Mât de cocagne, dont
les valeureux Alexandre — Ses Alexandre
du Mât — redescendent triomphants et en-
savonnés, avec un petit morceau de gloire
dans la main, sous forme de gigot, de tim
bale ou simplement de saucisson ?
çades en renom les merveilles d’une pyro
technie harmonieuse et savante.
Le Théâtre, où couraient des lignes de
feu, dessinant dans le cadre des fenêtres
des festons, des torsades et des astragales, le
Théâtre souleva l’admiration exubérante de
mon compagnon de rencontre.
Et puis, il s’extasia devant les prodiges in
candescents des Galeries. Le monument
ruisselant d’étincelles d’or lui mit dans l’âme
des enthousiasmes débordants.
Il sourit des innovations, s’étonna des
choses, exigea de mon incompétence des
renseignements précis sur l’origine des lu
mières nouvelles, sur les lueurs électriques
qui teintaient de rose le faîte de la maison ;
il prit plaisir à louer ces machinations du feu
décoratif.
Il me dit :
— La Cité Françoise n’a-t-elle pas dans ses
armes une salamandre et des flammes?Igno
rer l’art de l’illumination serait méconnaî
tre, d’un cœur bien léger, les devoirs impo
sés par la tradition...
» Sachez plutôt, mon petit ami, que j’ai
salué ici Louis XV, aux côtés de M. de Saint-
Aignan. Des portiques, dont le nombre dé
passait cent trente, se dressaient devant les
maisons, surmontés et reliés entre eux par
des arceaux.
» Et quels pilastres ! Trente pieds d’éléva
tion sur six de large. Nous les avions coupés
par des traverses revêtues de lierre et de lau
rier. ainsi que les cintres. Le tout, mon petit
Monsieur, fut congrument garni de lam
pions.
» Pour faire face à la porte d’Ingouville,
nous avions placé au Nord un vaisseau dont
toutes les manœuvres étaient garnies de fa
naux et le corps couvert de lampions j usqu’au
niveau de l’eau... Mais que vois-je là ? »
Nous étions arrivés à l’extrémité de la rue
de Paris. Deux grandes masses blanches,
d’une architecture imprévue et bizarre, se
dressaient sur leur petit socle invraisem
blable. ..
— Ce sont nos pylônes, hasardai-je, un peu
confus.
— Vos pylônes?... Vous appelez ça des
pylônes ?
“Il s’approcha pour mieux voir, palpa la
toile peinte, puis examina ‘ensemble en dé
taillant successivement les quatre faces avec
une minutie un peu railleuse.
— Nous faisions mieux, dit-il simplement.
Et le petit bonhomme bouffonna encore,
indulgent et malin, tout en me tendant sa
tabatière.
Au Groupe d’Entente démocratique
Le groupe d’entente démocratique et so
ciale s’est réuni sous la présidence de M.
Fernand David, ancien ministre, et a admis
comme membres MM. Lépine et Veyssère.
Le groupe a ensuite chargé M. Joseph Rei-
nach de lire en son nom, au moment du
vote sur l’ensemble de la loi militaire, une
déclaration exposant les motifs pour lesquels
il a voté cette loi.
Le groupe s’est ensuite occupé de l’attitude
à observer lors de la fixation du jour de dis
cussion de l’interpellation de M. Malvy sur
la politique financière du gouvernement.
Il en demandera, dit-on, l’ajournement à
la rentrée d’octobre.
-------- ------------------ e ---------- • --
LES AFFAIRES D’ORIENT
* ©
Bélisaire
* $
L f Ancêtre
L’étrange petit bonhomme !...
Où diable ai-je déjà vu cette archaïque
silhouette, cette perruque altière et ce feu
tre élégant, et ce jabot de dentelle fine, et
cette lévite à l’anglaise, et ces bottes au re
vers fauve, et cette culotte de peau, comme
en portait, dit-on, M. le comte d’Artois...
Le singulier personnage, en effet, sem
blait évadé du Cabinet des Modh et prome
nait dans la nuit son savoureux anachro-
nisme. .
Il me happa au coin de la rue de Paris
déjà déserte.
Les bourgeois, las de tant de bruit et de
lumières, s’en étaient allés dormir. La voie
publique avait retrouvé son calme ; mais les
illuminations déplovaient encore sur les fa-
Chanter, n‘est-ce point briser sa douleur,
enguirlander de rires en fleurs la pointe des
flèches de la misère ?...
Sans doute, la pointe vous entre tout de
même au cœur, mais les fleurs de la ro
mance y laissent un parfum, pour quelques-
uns y mettent un baume. De là peut-être
que tant de ventres creux vont par les rues
et chantent... ,
Il y a des jours gris et maussades ou la
musique la plus banale a des influences dé
licieuses.
Vous donnez la chasse aux papillons noirs,
votre cervelle surmenée s’ingénie à dénicher
l’idée nouvelle, et plus l’effort pour la cap
ter se fait tenace, plus la rebelle s’applique
à disparaître, à se réfugier au fond d’une
retraite imprenable.
Harcelée, traquée, elle en sort enfin pour
tant, mais la rusée vous joue une farce.Nous
la rêviez pimpante et jolie, parée d’origina-
lité facile ; elle se livre à vous sous un dé
guisement de banalité déplorable... Il y a
des jours maussades où les couleurs les
plus éclatantes se voilent d’ennui.
Mais voici que par la fenêtre ouverte ar
rive tout à coup la chanson essoufflée d’un
orgue.
Il est à la fois comique et .lamentable, ce
pauvre air déchiqueté par la manivelle. Une
roue édentée le moud sans grâce ni souci de
mesure.Mais qu’importe! C’est une vieille ro
mance d’Italie ; elle parle d'amour, de gon
dole, de soleil d’aurore ; elle a dans ses no
tes lasses et vulgaires des restes de joie et de
soleil... Elle met un instant en fuite laronde
valsante des papillons de mauvais augure...
Tout à l’heure, au coin du pont, assis sur
le pavé, j’ai vu un fils des Muses. Il n’avait
pas même dans ses vieux yeux le reflet mor
ne des résignations suprêmes. La lumière
du jour se heurtait à ses paupières closes.
Et la tête haut dressée de l’aveugle semblait
malgré tout demander au ciel la chante
Le roi Ferdinand s’adresse à
François-Joseph. L’attitude de la Roumanie
Bucarest, 19 juillet.
Le roi Ferdinand s’adressant à l’empereur
d’Autriche pour lui demander de sauvegar
der la Bulgarie, a reçu cette réponse : « Je
regrette de ne pouvoir venir en aide à la
Bulgarie. Elle doit se mettre d’accord avec
la Roumanie, comme je l’ai conseillé cons
tamment ».
On considère maintenant comme certain
que la Bulgarie acceptera telle quelle la nou
velle frontière proposée par la Roumanie,
puisque celle-ci n’admet pas de discussion.
Il reste la question capitale des limites entre
la Grèce, la Serbie et la Bulgarie. Une der
nière chance pour celle-ci est de demander
immédiatement que les cinq belligérants se
réunissent pour discuter les préliminaires
de paix. La Roumanie offre pour cela l’at
mosphère la plus modérée.
Il est peu probable que la Bulgarie puisse
sauver Gavalla. Si le gouvernement bulgare
essaye de diviser les belligérants par un sys
tème d’ajournement, il se trompe profondé
ment et va droit au désastre.
L’armée roumaine avance sur toute la li
gne, sauf au-delà de Tartukaï-Biltchitch, où
elle s’est arrêtée sur la frontière qu’on pro
pose.
On attend à chaque moment que la Bulga
rie fasse des propositions de paix concrètes.
L’attitude du Monténégro
Gettigné, 49 juillet.
Le général Voukotitch, président du con
seil, n'a pas assisté à l’entrevue des deux
présidents du conseil serbe et grec, ayant
été retenu à la tête de la brigade qu’il com
mande par une attaque bulgare, qui d’ail
leurs a été repoussée.
Le gouvernement monténégrin reste en
parfait accord avec ses alliés. Le général
Voukotitch a été mis par télégraphe au cou
rant de la conversation de M. Venizelos et de
M. Pachitch.
La Roumanie fait une brigade bulgare
prisonnière
Bucarest, 19 juillet.
Le bureau de la guerre annonce qu’une
brigade de la 9» division bulgare a été faite
prisonnière par la division de cavalerie rou
maine qui lui prit douze canons.
Sur la Bregaluitza
Uskub, 49 juillet.
Pendant toute la journée du 48 une série
de combats a été livrée sur la ligne de Tzera-
Banyatchuka-Grelena-Tchukagolek-Tchouka,
parallèlement à la frontière bulgare, dans le
bassin supérieur de la Bregalnitza.
En raison de la nature accidentée du ter-
raiu, la marche en avant des Serbes s’est
opérée lentement. Cependant l’aile droite a
réussi, par un mouvemienttournant de flanc,
à tourner l’aile gauche bulgare et à prendre
position sur les hauteurs de Tchazka et de
Tsarevo-Selo.
Dans la région do Kustendil
On télégraphie de Belgrade le 48 :
Du côté d’Egri-Palanka, plusieurs engage
ments se sont produits et ont tourné a l a-
vantage des troupes serbes, qui se sont em
parées des hauteurs de Tsedilovo, sur la gau
che de la route d’Egri-Palanka à Kustendil.
Le détachement de Basilovgrad a encore
une fois été l’objet d’une attaque violente
opérée par des forces trois fois supérieures
en nombre détachées par la cinquième divi
sion bulgare concentrée à Kustendil.
Grâce aux positions excellentes qu occupe
ce détachement, il a résisté victorieusement,
et ayant reçu des troupes massées à la fron
tière deux bataillons de renforts, il a réussi
encore une fois, par une sortie vigoureuse, à
[ refouler les adversaires.
(DE NOTRE correspondant particulier).
Paris, 19 juillet
La loi militaire n’a fait que peu de pro
grès dans la séance de ce matin.
Dins la séance de l’après-midi, le duel de
M. Barthou et de M. Jaurès, placés à leur
banc respectif, a recommencé. M. Jaurès, au
milieu d’un tas de billevesées, a dit une
chose assez juste. Parlant des nombreuses
modifications apportées, il a déclaré que « le
pays aurait tout le passif de la loi de trois
ans, sans en avoir l’actif présumé. » A qui la
faute si la loi n’aura pas son plein effet, si le
gouvernement s’est vu obligé d’accepter une
foule de restrictions et de dépenses non
prévues?... Sinon au parti de M. Jaurès,
sinon aux amendements que ses amis et lui
ont déposés. Le leader de l'exirême-gauche
ne s’est pas aperçu qu’il indiquait lui-même
au Sénat la lâche qu’il devait accomplir.
Aujourd’hui, il a crié : — Victoire !... Vic
toire !... » Peut-être ne le criera-t-il plus de
main ?...
M. André Lefèvre a combattu vivement la
nouvelle rédaction de l’article 37 qui empê
che la loi d’être applicable à la classe de 1911
et à la classe de 1912.
Au moment où l’on passait aux dispositions
additionnelles, M. Briand,remis de son grave
accident d’automobile, est entré dans la salle
de séance. Sa présence a causé une véritable
sensation et beaucoup de ses collègues sont
venus lui serrer la main et le féliciter de sa
guérison. M. Briand a repris sa place habi
tuelle.
Les dispositions additionnelles n’ont géné
ralement pas eu grand succès devant la
Chambre qui n’a guère voté que celles que
la commission et le gouvernement accep
taient.
Par exemple, il en est une que M. Barthou
a repoussé avec indignation, celle de M. Bri-
zon qui permettrait aux soldats de choisir
les expéditions auxquelles ils voudraient
prendre part. Cet amendement n’a obtenu
que les voix des unifiés.
Peu à peu, la Chambre est devenue très
nerveuse, la discussion des amendements
s’éternisant et les propositions les plus étran
gères à une loi sur la durée du service dans
l’armée étant développées.
M. Emile Dumas demande que les soldats
mariés soient exemptés de la personnelle-
mobilière. ..
La Chambre, à mains levées, disjoint cet
amendement.
M. Rouanet présente une disposition accor
dant l’amnistie aux militaires condamnés ou
punis à la suite des manifestations contre le
maintien de la classe.
On demande la suspension de l audience,
mais cette suspension est repoussée.
Une grande discussion a alors lieu dans
l’hémicycle et les gestes sont très vifs.
On reprend la séance et la Chambre se dé
juge en acceptant sous une autre forme l’a
mendement de M. Emile Dumas qu’elle ve
nait de disjoindre.
Divers autres amendements sont encore
rejetés. —
Seule une proposition de M. Manger ten
dant à accorder aux familles des réservistes
et des territoriaux les avantages accordés
par l’article 12 est adoptée malgré 1 opposi
tion du ministre des finances.
Enfin, nous voici aux déclarations qui pré
cèdent les votes.
Il est 9 h. 30 du soir. .
Mais les orateurs ne sont ni plus courts ni
moins nombreux pour cela.
Cela dure jusqu'au moment ou M. Gaillaux
vient lire une protestation contre la loi que
M. Barthou a relevee au milieu de l’enthou
siasme de la majorité.
Après cette joute oratoire, il semblait que
tout fut terminé ; on a encore parlé assez
longuement et ce n’est qu’à onze heures que
le vote sur l’ensemble a enfin commencé. .
Le résultat n’était pas douteux : la loi mi
litaire a été votée avec ses qualités et ses de
fauts que le Sénat, dans son patriotisme
éclairé s’empressera sans doute de faire dls-
Ces divers amendements une fois discutés, on
a adopté 1 article 22 réglant la situation des jeunes
gens qui, âgés de 48 ans, veulent s’engager par
devancement d’appel.
On arrivait à l’article 37 et dernier qui est fort
important puisque c’est lui qui doit décider si la
nouvelle loi sera applicaple aux classes actuelle
ment sous les drapeaux, c’est-à-dire s’il y aura ré
troactivité.
m. le hérissé, président de la Commission, a
demandé que l'article soit renvoyé à la Commis,
sion afin de présenter un texte définitif.
On a dû lever la séance pour permettre à la
Commission de délibérer sur ce point.
(Séance de l’après-midi)
La séance est ouverte à 2 h. 43 sous la prési
dence de M. paul DESCHANEL président.
Ou reprend la loi de trois ans
m. pâté, rapporteur, donne lecture du nouvel
article 37 rédige dans la séance du matin de Is
Commission de l’armée.
Le premier article 37 concluait à la rétroactivité
de la loi ; depuis ce texte, la Chambre a décidé
l’incorporation de la classe 1913 a vingt ans, c’est-
à-dire dès l’hiver prochain. En conséquence
le nouvel article 37 conclut que la loi de trois
ans ne sera pas applicable aux classes 1910, 1914
et 1942.
m. pâté continue la lecture du nouvel article
37 aux termes duquel les jeunes gens de la clas
se 4912 qui se .sont engagés par devancement
d’appel ne feront également que deux ans.
m. Jaurès a la parole.
Je me félicite de l’accord intervenu entre le
gouvernement et la Commission sur l’article 37.
Il était impossible, matériellement et moralement,
de garder sous les drapeaux la classe libérable.
Cette impossibilité était plus marquée encore de-
puis l’incorporation de la classe 4913 à vingt ans.
Il n’était pas possible de garder quatre classes
sous les drapeaux ; mais alors considérez le che-
min parcouru. Quand le gouvernement a proposé
pour la première fois la loi de trois ans, il a dit
distinctement ceci : « Le Parlement comprend
qu’une pareille loi ne comporte ni délais dans
son application ni atténuations d’aucune sorte. »
Le cœur de la loi pour lui, c’était le maintien
sous les drapeaux pendant trois ans des classes
actuellement en service. Or on aboutit à procla
mer que les classes 4910, 1911 et 912 sont main
tenues sous Le régime de la loi de 1905. (Applau
dissements à l’extrême-gauche et sur divers
bancs a gauche).
Puisque jusqu’en octobre 4945, les effets de la
loi de trois ans et ceux de la loi de deux ans
sont identiques, vous auriez obtenu jusqu’en oc
tobre 1915 les mêmes effets qui vont résulter de
votre loi et alors,-je vous demande pourquoi vous
avez dit à ce pays qu’il y avait un intérêt pa
triotique et national à voter tout de suite la loi de
trois ans. (Nouveaux applaudissements sur Les
mêmes bancs.)
Vous aviez deux années pour assurer la défense
nationale dans des conditions plus conformes au
génie de la France. Mais non. Il vous suffit main
tenant d’une loi qui, en accumulant bois classes
mal instruites, en suspendant pendant trois ans la
vie du pays, impose à notre nation la charge de
la loi de trois ans sans lui assurer ses avantages
présumés. Au bilan de votre opération parlemen
taire, le pays aura tout le passif sans avoir l’actif
présumé par vous Vous vouliez avoir pour demain
des classes exercées et la conséquence immédiate
que n’avait pas prévue l’état-major c’est qu’à
tir d’octobre, pendant cette période que vous
qualifiée de critique et de tourmentée, c’est
masse de conscrits non instruits qui seront
par-
avez
une
dans
payé
(Ap-
nos régions frontières. Jamais pays n’aura
plus cher une plus déplorable mystification. . .
plaudissements à l’extrême gauche et sur divers
bancs à gauche.)
M. ANDRÉ lefèvre : Je demande à la Chambre
paraître.
T. H.
LES SÉANCES
(Séance du matin)
U LOI DE TROIS ANS
Dans sa séance du matin, la Chambre s’est pro
noncée sur différents articles additionnels àlar-
ticle 20 adopté hier. Puis elle a adopté 1 article 22
après avoir discuté les amendements qui s y rat
tachaient. „ .. an —
Comme article additionnel a I article 20, m.
georges bureau demandait qne les militaires
appartenant a des familles dépourvues de ressour
ces aient droit chaque année à un voyage gratuit
pour se rendre dans leurs foyers.
M. Étienne, ministre de la guerre, a rendu
hommage aux sentiments de générosité qui inspi
raient M. Bureau, mais a Ob’ecté qu il ne fallait
pas rendre la loi inapplicable en augmentant les
dépenses. L’amendement a été retiré.
M. BOUVERI demandait que les salariés de
l’industrie, du commerce, de l’agriculture soient,
pendant la durée de leurs 120 jours de congé, as
surés par les soins de l’Etat d’un travail corres-
pondant à leurs occupations antérieures, sinon
soient pourvus d une indemnité de deux francs
Par,’ jaurès a appuyé l’amendement, sinon les
permissions seront des permissions de miser-
Le ministre de la guerre a encore rendu hom
mage a ce sentiment généreux, mais a également
repoussé l’amendement. Par 426 voix contre 402,
il a 6t6 rejeté
m KEBOUL a demandé que les dépenses journa
lières de nourriture afférentes à chaque soldat
soient payées aux soldats nécessiteux en congé.
Rejeté par 447 voix contre 89.
M rognon a proposé de bloquer les trois mois
de congé à la fin te leur service pour les soldats
qui ne peuvent en profiter au cours de leurs trois
ans parce que leurs parents ne peuvent les rece
voir. Repoussé par 349 voix contre 200.
" M. LONG a obtenu que les militaires qui sont
dans les colonies et dans les pays de protectorat
obtiennent leurs 420 jours de congé en une seule
fois à la fin de leur service, c’est-à-dire soient, li-
bérés quatre mois avant leurs camarades lorsqu ils
n’auront pas pu, pour raisons de service ou faute
de ressources, bénéficier chaque année de 40 jours
dezerp dimposition, on le voit, vise en particulier
actuellement les soldats du Maroc.
de rétablir le texte initial de la Commission, c’est-
à-dire de maintenir la rétroactivité de la loi de
trois ans pour les classes 4911 et 1912.
On parle d’un contrat moral passé entre L’Etat
et les classes 1914 et 1912. On oublie qu’il y a des
considérations d’existence nationale qui sont au-
dessus d’un droit des citoyens isolés et d’ailleurs
il ne peut y avoir de contrat pareil passé. (Très
bien I Très bien I)
Quel nombre d’hommes de la classe 1913 de
vrez-vous donc incorporer pour atteindre les
chiffres que vous avez déclarés nécessaires f
Exactement 447,440. Sera-ce possible ? Je ne là
crois pas.
L’Aliemagne incorpore 19 0/0 de son effectif re
censé.
LE GÉNÉRAL JOFFRE : VOUS oubliez qu’en Alle-
magne une partie considérable de la population
ne fait aucun service militaire. Il n’est donc pas
exact de dire que l’Allemigne ne trouve dans son
contingent total que 19 0/0 d’sommes utilisables.
m. andré lefèvre : Oui, mais remarquez que
l’Allemagne n’incorpore son contingent qu’en trois
fois. G’est la preuve que dès la première année,
c’est-à-dire à 20 ans, une faible partie seulement
de ces hommes peut être utilisée.
le GÉNÉRAL legrand : Tout nous permet
d’espérer que nous pourrons incorporer dès cette
année 25 0/0 de la classe 1913. En tenant compte
des engagements et des rengagements, nous at
teindrons l’edfectif nécessaire. S’il y avait un det-
cit il serait très faible. Il n’y a donc pas lieu
d’imposer au pays la lourde charge de garder une
classe entière pendant toute une année.
Après une réplique de M. ANDRÉ LEFEVRE:
l’article 37 est adopté tel que le propose la com
mission. „ , . ,
m. BRETON défend un amendement tendant à
faire passer de droit dans la territoriale les réser
vistes pères de trois enfants vivants, et dans la
réserve de la territoriale les réservistes et terri
toriaux pères de cinq enfants.
La chambre passe aux articles additionnels.
M. le RAPPORTEUR dit que la Commission ac
cepte l’amendement de M. Lannes de Montebello
relatif aux élèves de l’Ecole polytechnique et du
l’Ecole de Saint-Cyr.
L’amendement est adopté. ,
M. breton rappelle que le projet du gouver
nement renfermait des dispositions en faveur des
nares de famille et des familles nombreuses.
m. Jaurès : Elles ont été supprimées avec rat
Son: breton dit qu’on a eu raison de ne pas
vouloir créer un privilège en faveur des familles
riches. Mais l’amendement qu il présente napas
ce caractère: dit uu’il est en contradiction avec
l’amendement Daniel Vincent. La Chambre a voté
dispositions en faveur des familles pauvres.
m breton dit qu’il est indispensable que la
Chambre fasse quelque chose, dans cette loi, en
faveur non seulement des familles nombreuses
mais aussi des familles normales.
L’amendement présenté par 1 orateur porte que
le père de 3 enfants sera versé de droit dans ta
territoriale et le père de 5 enfants dans la réserva
de la territoriale. .. , t n
Si l’on veut arrêter la dépopulation, il faut pro*
fiter de toutes les occasions pour alléger. 1
charges des familles nombreuses et pour les no
norer (ADDlaudissements sur divers bancs).
C’est là une question nationale. (Nouveaux ap*
-Ialssoments sur les mêmes bancs).
P m président fait connaître qu’il a reçu,
de M sonnevay, un sous-amendement substi-
tuant le chiffre 4 au chiffre 5. "
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