Titre : "Les Petites A" : organe de la Fédération régionale havraise des amicales laïques : journal mensuel / rédaction M. M. Pimon
Auteur : Fédération régionale havraise des amicales laïques. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1933-10-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328381105
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 octobre 1933 01 octobre 1933
Description : 1933/10/01 (N84)-1933/10/31. 1933/10/01 (N84)-1933/10/31.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k982722x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-46425
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/06/2015
■w
mmam
A
Septième Année. — N° 84
Journal ne doit pas être vendu
Le réclamer au Siège de chaque Amicale
Octobre 1933
Présidents d’Honneur :
MM. BACH et L. MEYER.
Vice-Présidents d’Hcnneur:
MM. E. VITTECOQ
N. CAPPERON
G. LEFEBVRE
M“'‘ J. CANTOIS
L. DURIEZ
H. PIMONT
A. BOULINGUE
t. A. O. N» 3702
Organe de la Fédération Régionale Havraise des Amicales et des Œuvres Laïques
Publicité : A. CANDELLIER
5, Rue des Etoupiéres - LE HAVRE
JOURNA.L MENSUEL
Rédaction : M. PIMONT
109, rue Massillon - LE HAVRE - Tél. 96.91
r
Secrétaire Général de la Fédération :
Président actif :
Sec.rétarict < dna nistr a! if :
Trésorier Général de la Fédération :
M. CANDELLIER, Ecole des Etoupiéres - LE HAVRE
M. ARNAUDTIZON
Ecole de Filles
M. ROUSSEL, 36, rue Sadi-Carnot, SANVIC - Tél. 60-18
Xlphone 46.38
19, Bd Foch, LE HAVRE Tél. 66-51
Rue Dauphine - LE HAVRE
CTieci-u.es Postaux Rouen 6234
L’ÉCOLE LAÏQUE
Foyer de la Vie collective au Village
au Service de la Terre
« ...Nous avons surmonté victorieusement
les crises économiques les plus dangereuses.
Nous sommes vaillant,® dans l’adversité, cal
mes et modérés dans la bonne fortune. Nous
perdrions ce précieux privilège si l’exode des
campagnes vers les usines et vers les villes,
continuait : la misère des champs amènerait
la ruine des villes ; la France péricliterait. »
Georges Lbygues (Août 1932).
XXX
« ...L’école de campagne doit être animée
de l’esprit rural et l’enseignement doit y être
donné par des maîtres imbus du même es
prit... Pfacée ainsi dans sa véritable atmos
phère elle s’emploiera à maintenir à la pro
fession agricole sa noblesse ainsi que sa haute
fonction économique et sociale... »
Abel Gàrdey (7 Août 1982).
XXX
e ...Que chaque maître fasse pleinement et
hardiment ,son devoir, remplisse allègrement
sa tâche, ait le sentiment de coopérer enfin
à une œuvre constructive à quoi l’avenir est
promis. Qu’autour de l’Ecole les sympathies
se groupent et s’affirment, que les associa
tions foisonnent, qu’elle soit un Foyer rayon
nant et que personne ne regrette ou ne me
sure sa peine, sachant que justice lui sera
rendue... »
Marcel Déat
(L'Ecole, Libératrice, 12 nov. 1982V
*
* *
On ne saurait marquer avec plus de clarté
et de relief que ne l’a fait M. G. Leygues dans
les paroles citées plus haut, que la lutte con
tre l’exode rural est une nécessité impérieuse
et urgente qui emprunte son caractère au
devoir patriotique lui-mêrr.e.
Le gouvernement et le législateur parent au
danger immédiat par des mesures èt une lé
gislation appropriées de défense agricole. Mais
« les meilleures lois ne valent que dans la
mesure où les citoyens les comprennent et s’y
prêtent. Les anciens le savaient déjà qui écri
vaient : a A quoi servent les lois sans les
mœurs ? ». Or les mœurs c’est l’édneat ii"
plus que tout autre qui les fait. Attendons-
nous donc à être mis à contribution. L'acuité
de la crise agricole que M. Queuille a caracté
risée dans cette formule impressionnante : « Le
drame agricole » ne peut manquer d’aggravef
l’exode rural et — en voie de conséquence —
de susciter une croisade de défense. Or, une
croisade contre l’abandon des campagnes ne
sera pas entreprise et ne peut s’entreprendr
en vérité, sans le concours des instituteurs
ruraux.
Il convient donc de se demander : « Quelle
pierre un instituteur rural est-il en mesure
d’apporter à l’édifice ? » Autrement dit .
Comment par son enseignement, par son ac
tion post-scolaire, par l’autorité qu’il a ac
quise auprès de la population peut-il contri
buer à enrayer l’abandon des campagnes P
Nous avons sous les yeux un document par
ticulièrement saisissant qui montre quelle ac
tion décisive peut exercer l’instituteur rural.
Cadagne, village de Vaucluse, a passé en 18
ans de 85o habitants à 1.000 el de la médio
crité à une véritable prospérité économique.
é’Vst le résultat de l’effort persévérant de M
Buffier, instituteur et de M. Voltaire Garcin.
maire démocrate et profondément réaliste.
Ayant reconnu à la désertion du village des
causes économiques et des causes morales, il®
s’attaquèrent à remédier aux unes et aux au
tres. Ils travaillèrent avec succès à l’équipe-
Faites vos Achats chez
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Le mieux assorti en Montres et Bijoux
Remise 10 % à nos Sociétaires.
ment, l’outillage, l’embellissement de Gada-
gne, trouvèrent des débouchés pour la produc
tion agricole. Le maître agit dans sa classe
par un enseignement tout imprégné de l’am
biance e| de l’amour du terroir, hors de ®a
classe par tout un système d’œuvres post-sco-
Inires solidement rattachées à l’Ecole et cons
tituant dans son ensemble une organisation
aussi complète que rationnelle des plaisirs et
des loisirs à la campagne.
*
* *
A l’heure où l’agriculture traverse une cri
se des plus graves et qui menace d’une nou
velle \ague de fond ce qui lui reste de popu
lation ; à l’heure où contre ce péril les pou
voirs publics s’apprêtent à une lutte qui néces
sitera le concours de tous les instituteurs ru
raux ; — la meilleure conclusion, n’est-elle
pas de rappeler, à grands traits et en les géné
ralisant, les moyens qui ont réussi à Gadagne
et qui paraissent susceptibles d’être employés
par tous et partout ?
Les voici donc :
i° - Que l’instituteur, où qu’il soit, s’appli
que d’abord à améliorer les moyens d’existen
ce du paysan. Il y parviendra, de façon sûre,
en l’incitant à appliquer à la production les
méthodes les plus modernes (Rajeunir, réno
ver les méthodes de culture c’est, en effet,
accroître le rendement et abaisser ses frais de
production. C’est, par conséquent, diminuer
le prix de revient et augmenter son bénéfice).
Qu’à cette fin, l’instituteur pousse le paysan
à une plus large et rationnelle utilisation des
engrais, à l’emploi de l’oulillage le plus per
fectionné et surtout à la création d'institu
tions de crédit, de coopératives d’achat et de
vente.
2 0 - Qu’il soit dans son village l’agent du
progrès. (Un village où l’on trouve et le con
fort et l’agrément, un village « à la page »
on n’est pas tenté de le quitter). Qu’il ,s’eiti-
ploie donc à le faire doter des commodités
modernes : électricité, conduite d’eau, tout
à l’égout. Qu’il use de son influence sur !e
Conseil municipal pour que — au prix de
subventions si c’est nécessaire — les moyens
de transport rapides pénètrent dans le village.
Qu’il agisse enfin pour que le paysan embel
lisse son foyer afin qu’après son ingrate jour
née de travail il trouve du plaisir à se reposer.
Qu’il pousse à l’installation du chauffage cen
tral, de la salle de bains, de là T.S.F. et jus
qu’à l’acquisition de l’automobile.
8° Que l’instituteur s’emploie à fond pour
fournir aux jeunes gens les saines distrac
tions que leur âge exige et qu’ils vont cher
cher à la ville quand ils en sont privés au
village ; qu’il crée — s’il peut — une uni
versité populaire agricole où le paysan s’ins
truira même techniquement sans qu’il s’en
doute el même en s’amusant ; qu’il organise
— pour le moins — des soirées récréatives :
représentations théâtrales, séances de cinéma,
soirées de bal, et, annuellement, une excur
sion... Qu’il forme une société de sport. L-
sport est un levier puissant d’action sur les
jeunes gens. Il exerce sur eux un attrait dont
on peut tirer.le meilleur parti pour les fixer
au village.
4° - Que l’instituteur, dans sa classe, se
serve de toutes les disciplines pour inculque!
à ses élèves l’amour des champs, l’amour du
pays nalal et pour les orienter intellectuelle
ment vers la profession de leurs pères.
Nous ajouterons que ce n’est pas en chan
geant de poste tous les deux ou trois ans que
l’on peut poursuivre un dessein de cette en
vergure — ni en s’enfermant dans sa tour
d’ivoire ou même entre les quatre murs de sa
clause : il y faut de la suite et de la ténacité,
il faut payer de sa personne !
Nous ajouterons que l’instituteur qui en
treprendra une telle action sera payé de re
tour. Ce n’est point sans profit qu’il appren
dra à mieux connaître ce type exemplaire
d’humanité qu’est le paysan : plein de cœui
à l’ouvrage, de finesse dans l’esprit, de bon
sens pour prévoir le lendemain et retourner
ses chances, de cran et de ressort contre la
nature marâtre ; viril en tout — jusqu’en
son syndicalisme qui, contraire à son tempé
rament et datant d’hier, a su s’élever d’em
blée — pour encourager la belle production
et détruire la mauvaise — jusqu’à la hauteur
de la plus farouche discipline et de la plus
sévère justice ; viril jusqu’en sa manière de
vous manifester son affection fraternelle dans
les moments où l’on git assommé sous le coup
du malheur ; viril jusqu’en sa reconnaissance.
Le jour où, dans chaque vallon, un insti
tuteur laïque réalisant ainsi d’ailleurs le géné
reux espoir, le saint enthousiasme lesquels fu
rent au cœur des hommes de bonne volonté
qui, dans le passé luttèrent pour l’enssignc-
ment laïque et qui, quand ils n’allèrent pas
comme Victor Hugo jusqu’à prétendre qu'ou
vrir les écoles c’était fermer les prisons, \ou-
luient, pour le moins, voir dans chaque écob
la cellule et daqs chaque maître l’artisan d’un
monde nouveau plus harmonisé, plus humain,
plus fraternel. — Le jour où, dans chaque
vallon, dans chaque blanche école un insti
tuteur mettra fraternellement un peu de se®
loisirs au service du paysan — ce jour-là ceux
qui, sous couleur d’équilibre financier, mais
dans le secret dessein d’affaiblir, de dissocier
l’Etat ont entrepris de saper la fonction pu
blique en organisant contre ses agents, les
fonctionnaires, la croisade perfide que l’on
sait... ceux-là pourront arrêter leurs frais d’é
loquence...
Contre leurs dénigrements systématiques,
eonlre leurs intolérables provocations, comme
d’ailleurs eonlre toute atteinte, l’Ecole laïque
cl l’instituteur en particulier et les fonction
naires en général auront pour j,es défendre et
les soutenir dans leurs intérêts, matériels et
moraux, les vingt millions de paysans de
France.
PAUVRES PETITS
On compte en France environ 3o.ooo enfants
qui sont privés de la lumière du jour et qui
sont contraints aux douleurs d’une nuit per
pétuelle. La société abandonne ces malheu
reux aveugles aux initiatives privées de la
bienfaisance, louables certes, mais pas toujours
désintéressées.
La République HE prive du statut scoEice.
dont les autres enfants de France bénéficient
depuis le 28 Mars 1882.
Nous pouvons en dire autant des petits
sourd$-muets et des enfants arriérés ou anor
maux. Malgré l’existence de quelques établis
sements modèles et qui ont fait leurs preuves,
beaucoup de ces déshérités ou encombrent des
classes dans lesquelles ils ne peuvent faire au
cun progrq®, ou laissés à leurs familles cons
tituent une gêne pour la maman qui a besoin
de travailler à moins qu’ils ne soient aban
donnés à la rue plus redoutable encore pour
eux que pour les autres.
Notez que presque tous sont éducables ou
perfectibles. Sommes-nous trop riches en cn-
fanls ou espère-t-on quelque monstrueuse sé
lection naturelle ? Nous oublions que notre
devise parle d’Lgalité el de Fraternité.
NEUTRALITÉ
Nous avons eu plusieurs fois l’occasion de
souligner la neutralité qu’observent nos grou
pements, tant à l’égard des partis politiques
qu’en ce qui concerne les confessions.
Toutefois, nous avons également rappelé que
celle neutralité n’était nullement inconciliable
avec l’action défensive que' nous avons le de
voir d’organiser lorsque notre idéal est atta
qué.
Si, pour parler comme notre président Fran
çois Albert, les r. figions sont, dans l’Etat laï
que, l’objet de notre respectueuse indifférence
elles doivent, pour bénéficier de notre respect
et de notre neutralité, ne s’écarter en rien
du domaine qui leur appartient.
Mais la religion est, héla/s ! ce que les hom
mes la font. Les représentants de l’Eglise ca
tholique savent descendre dans l’arêne ; ils
se lancent dans la mêlée sociale pour se faire
les alliés des forces conservàtrrcep. Ils se sau
raient donc s’étonner de compter parmi leurs
adversaires des groupements qui, comme le®
nôtres, se réclament d’un idéal de progrès so
cial.
Et c’est pour nous l’occasion de souligner
la satisfaction que nous éprouvons en consla-
TRAVAUX & PRODUITS
pour
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« MILLET
112 et llU, rue Maréchal-Joffre
— - T
Développement du Film • ifp,
e/9
8 poses
lant que la Confédération Générale des Œu
vres laïques est maintenant en mesure de s’op
poser utilement, à la Fédération Nationale Ca
tholique.
C’est que l’activité des associations, aux des
tinées desquelles préside général de Castel
nau, ne se relâche pas. Le® comptes rendu.®
de leur i2 me Assemblée générale en témoi
gnent. Il nous suffira de reproduire l’extrait
suivant :
(c L’assemblée, à l’unanimité, a décidé que.
la propagande en faveur des principes d’égalité
et de justice, depuis longtemps posés devant
l’opinion publique, sera't poursuivie avec la
plus ferme persévérance ■ :
« i° Le droit d’enseigner pour tout Fran
çais qui présente les garanties nécessaires de
morale et de compétence ;
« 2 0 L’égalité de toutes les familles devant
les subsides de l’Etat, quelle que soit l’école
publique ou libre fréquentée par les enfants .
« 3° La lutte contre l’école unique chaque
fois qu’elle prendra l’aspect d’une atteinte à
la liberté d’enseignement ».
En ce qui concerne le premier point, le tex
te qst obscur ; cependant, on distingue aisé
ment le but poursuivi.
On peut tout d’abord s’étonner que la Fédé
ration catholique réclame un droit que les in
téressés se sont arrogé au mépris de la loi.
D'autre part, nous regrettons que les con
gressistes n’aienl pas précisé les « garantie®
de compétence » dont il convient de s’entou
rer. Peut-être alors auraient-ils, avec non®,
réclamé la disparition des vestiges de la
Falloux.
Quant à « l’égalité des familles devant le®
sifnsides die l’Etat », c’est la répartition pro
portionnelle scolaire que le législateur con
damne depuis cinquante ans.
Enfin, la résolution concernant, l’école uni
que mérite des commentaire^.
Il y a quelques années, la même Fédération
ne manquait pas d’affirmer et de faire publier
qu’Ecole unique et monopole de l’enseigne
ment étaient deux expressions semblables.
Celte réforme révolutionnaire devait porter
atteinte aux droits des familles ; tous les bons
Français devaient s’insurger contre un projet
aussi incohérent que démagogique. On igno
rait Condorcet, on reniait l’abbé Lemire, on
spéculait sur l’ignorance de la masse ; il fal
lait tromper l’opinion.
Mais les militants républicains ont réagi.
Une œuvre d’éducation s’imposait ; ils s’y
sonf. voués. Par des conférences, par des tracts,
par des articles reproduits dans les journaux,
le peuple a pu apprécier une réforme dont on
faisait un épouvantail. En apprenant à la con
naître, il a appris à l’aimer ; el son attache
ment à l’Ecole unique est si grand désormais
que la Fédération Catholique n’ose plus atta
quer le principe.
Ce changement d’attitude et, de lactique est
un hommage que nos adversaires rendent im
plicitement à la propagande laïque.
Clautk.
Jean Macé à Beblenheim
VIEUX SOUVENIRS
Beblenheim, où Jean Macé a passé une par
tie de sa vie, est un ancien village d’Alsace
dont les habitants cultivent tout ensemble le 1
blé vers la plaine du côté Est et la vigne sur
les coteaux sous-vosgiens à l’Ouest. Jusqu’en
1790, ce village dépendait de la seigneurie de
Biquewihr qui relevait, sous la souveraineté
français, du duché de Würtembcrg et dont les
officiers étaient nommés par la Régence xvür-
l< mbergeoise de Montbéliard. Or, en 1842, la
descendante d’un île ces officiers. Mlle Coralie
Vcrenet, qui désirait se consacrer à l’enseigne
ment des jeunes filles, fonda à Reblenheim un
pensionnat et fit élever, pour le loger, à l’ex
trémité Est du village, un grand bâtiment au
quel on donna le nom de Petit Château. Mlle
Vcrenet devint la bienfaitrice de la commune.
Beblenheim avait de bonnes écoles primaires,
mais on n’y recevait les enfants qu’à partir de
six ans. Pour les petits, Mlle Verenet créa, à
quelque distance du Petit Château, une salle
d’asile : nous disons aujourd’hui plus heureu
sement une école maternelle, ef cette salle
d’asile fut. inaugurée un beau dimanche du
mois d’octobre i85o.
Or, quelque temps auparavant, s’était pré
senté à Mlle Vcrenet un Parisien de trenle-
cinq ans qui faisait de la propagande', en Al- !
sace, pour le journal « Jm République », à une !
époque où la République était fort menacée ;
il était chargé par une mère d’une commission
près de la directrice. Ce Parisien '‘tait Jean
Macé. Il avait fait, comme boursier, de bril
lantes études secondaires au t.rès catholique
collège de Stanislas. De la classe de troisième
à celle de philosophie, il avait été lauréat au
concours général, puis il s’était lancé dans les
luttes politiques. Il avait combattu pour l'éta
blissement el le maintien de la Seconde Répu
blique. Après la journée du 12 Juin i84g, il
avait été réduit à se cacher ; après celle du 2
décembre i85i, il fut mis sur la liste des sus
pects ; bientôt il fut contraint de quitter Pa
ris et ses environs. Il se souvint alors de sa
visite à Beblenheim, en 1800, comme Mlle Ve-
i’'net se souvenait de lui. Elle lui offrit la pla
ce 1 de professeur principal dans son pensionnat
(jusqu’alors, les professeurs venaient, pour
chaque leçon, d e Colmar), et c’est ainsi que
Jean Macé arriva à Beblenheim, le 2 Janvier
185a, avec Mme Macé, car il venait de se ma
rier. On les logea dans le petit appartement
contigu a la salle d’asile et qui, en principe,
avait été destiné à la directrice de l’école en
fantine. Danp® cet appartement, Macé a logé de
Janvier i852 à septembre 1871 ; il y a fondé
la Ligue de l’Enseignement, et en frappant sur
le carreau qui séparait son appartement de la
salle d’asile, il a souvent rappelé à l’ordre les
bambins que nous étions.
Longtemps plus tard, en 1889, Jean Macé
écrivit : « Beblenheim ! Mon cœur se serre
quand se remuent en moi les souvenirs atta
chés a ec mot. Jour béni entre tous les jour®
de ma vie fut celui où ma course errante me
porta dans ce village qui n’avait alors d’alle-
m n d que le nom ». Et sans cesse, il parle de
la vie heureuse qu’il a menée dans son « cher
paradis » de Beblenheim. il y fut admirable
professeur. Tl y enseignait, au début, l’histoire
naturelle, qu’il connaissait fort bien ; mais
bientôt il attacha à son domaine l'arithméti
que, la littérature, l’histoire, la géographie,
Aille Y crenet n eut plus besoin de faire venir
ses professeurs de Colmar. Macé enseignait à
sa façon, cherchant avant tout à s e faire com
prendre de ses élèves, usant de toutes sortes de
comparaisons empruntées à la vie de tous les
joun®. De son enseignement sont sortis ses ou
vrages célèbres : L’Histoire d’une bouchée de
pain, Les serviteurs de l’estomac, L’Arithméti
que de Grand-pipa ; à Beblenheim, il a fondé
avec son ami Hetzel, le Magasin d’éducation el
de récréation. II y a créé une bibliothèque
communale dont les livres ont été les délices
de mon enfance ; il y a fondé, en 1864, la So
ciété des Bibliothèques communales du Haut-
Bliin, puis notre Ligue de l’Enseignement, qui
s’est développée et qst devenue une grande ins
titution. Le gouvernement impérial s’inquié-
lait et, à diverses reprises, s’adressait à la
Mairie du village pour l’inviter à une sorte de
surveillance.
Vint la guerre de 1870 : Mlle Verenet et
Jean Macé se retirèrent à Strasbourg, où ils
subirent le siège ; puis l’Alsace fut arrachée à
notre patrie. Ni Mlle Verenet, ni Jean Macé '
n’auraient pu se résigner à recevoir dans leur
cher pensionnat la visite d’un inspecteur alle
mand ; ils se décidèrent à le transporter de
1 autre coté des Vosges et cherchèrent long
temps un endroit propice. Or, il leur fallait
avoir quitté Beblenheim, avant l e i er octobre
1872, sous peine de se réveiller ce jour sujets
allemands. Le 3 septembre seulement, moins
d un mois avant l'échéance fatale, ils eurent
connaissance d’une maison à Monthiers, au
nord de Ghateau-1 hierry, où ils arrivèrent le
■29 au soir, avec ce qui leur restait de pension-
-naires, et c’est loin de leur chèr e Alsace que
s’éteignirent, en 1891, Mlle Verenet en 1894.
M. Macé. Devenu sénateur inamovible, Macé
venait de s’élever, au Sénat, contre l’expédition
de Madagascar ; il craignait qn’en créant un
empire colonial toujours plus étendu, la Fran
ce n’oubliât l’Alsace et ne se résignât à sa
perte. L Alsace l’a hanté à ses derniers mo
ments : 1 Alsace a eu sa dernière pensée.
A Beblenheim, on est demeuré fidèle à son
VÊTEMENTS
S. ilAB
il, Ru« Thi.r»
LE HAVIE
lois VOIS mmmim I GRAND BAZAR Sas fendant te Meilleur M
HAVRE - <21, Ram <*• Part. - LE HAVRE
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Septième Année. — N° 84
Journal ne doit pas être vendu
Le réclamer au Siège de chaque Amicale
Octobre 1933
Présidents d’Honneur :
MM. BACH et L. MEYER.
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MM. E. VITTECOQ
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G. LEFEBVRE
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L. DURIEZ
H. PIMONT
A. BOULINGUE
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Organe de la Fédération Régionale Havraise des Amicales et des Œuvres Laïques
Publicité : A. CANDELLIER
5, Rue des Etoupiéres - LE HAVRE
JOURNA.L MENSUEL
Rédaction : M. PIMONT
109, rue Massillon - LE HAVRE - Tél. 96.91
r
Secrétaire Général de la Fédération :
Président actif :
Sec.rétarict < dna nistr a! if :
Trésorier Général de la Fédération :
M. CANDELLIER, Ecole des Etoupiéres - LE HAVRE
M. ARNAUDTIZON
Ecole de Filles
M. ROUSSEL, 36, rue Sadi-Carnot, SANVIC - Tél. 60-18
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19, Bd Foch, LE HAVRE Tél. 66-51
Rue Dauphine - LE HAVRE
CTieci-u.es Postaux Rouen 6234
L’ÉCOLE LAÏQUE
Foyer de la Vie collective au Village
au Service de la Terre
« ...Nous avons surmonté victorieusement
les crises économiques les plus dangereuses.
Nous sommes vaillant,® dans l’adversité, cal
mes et modérés dans la bonne fortune. Nous
perdrions ce précieux privilège si l’exode des
campagnes vers les usines et vers les villes,
continuait : la misère des champs amènerait
la ruine des villes ; la France péricliterait. »
Georges Lbygues (Août 1932).
XXX
« ...L’école de campagne doit être animée
de l’esprit rural et l’enseignement doit y être
donné par des maîtres imbus du même es
prit... Pfacée ainsi dans sa véritable atmos
phère elle s’emploiera à maintenir à la pro
fession agricole sa noblesse ainsi que sa haute
fonction économique et sociale... »
Abel Gàrdey (7 Août 1982).
XXX
e ...Que chaque maître fasse pleinement et
hardiment ,son devoir, remplisse allègrement
sa tâche, ait le sentiment de coopérer enfin
à une œuvre constructive à quoi l’avenir est
promis. Qu’autour de l’Ecole les sympathies
se groupent et s’affirment, que les associa
tions foisonnent, qu’elle soit un Foyer rayon
nant et que personne ne regrette ou ne me
sure sa peine, sachant que justice lui sera
rendue... »
Marcel Déat
(L'Ecole, Libératrice, 12 nov. 1982V
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On ne saurait marquer avec plus de clarté
et de relief que ne l’a fait M. G. Leygues dans
les paroles citées plus haut, que la lutte con
tre l’exode rural est une nécessité impérieuse
et urgente qui emprunte son caractère au
devoir patriotique lui-mêrr.e.
Le gouvernement et le législateur parent au
danger immédiat par des mesures èt une lé
gislation appropriées de défense agricole. Mais
« les meilleures lois ne valent que dans la
mesure où les citoyens les comprennent et s’y
prêtent. Les anciens le savaient déjà qui écri
vaient : a A quoi servent les lois sans les
mœurs ? ». Or les mœurs c’est l’édneat ii"
plus que tout autre qui les fait. Attendons-
nous donc à être mis à contribution. L'acuité
de la crise agricole que M. Queuille a caracté
risée dans cette formule impressionnante : « Le
drame agricole » ne peut manquer d’aggravef
l’exode rural et — en voie de conséquence —
de susciter une croisade de défense. Or, une
croisade contre l’abandon des campagnes ne
sera pas entreprise et ne peut s’entreprendr
en vérité, sans le concours des instituteurs
ruraux.
Il convient donc de se demander : « Quelle
pierre un instituteur rural est-il en mesure
d’apporter à l’édifice ? » Autrement dit .
Comment par son enseignement, par son ac
tion post-scolaire, par l’autorité qu’il a ac
quise auprès de la population peut-il contri
buer à enrayer l’abandon des campagnes P
Nous avons sous les yeux un document par
ticulièrement saisissant qui montre quelle ac
tion décisive peut exercer l’instituteur rural.
Cadagne, village de Vaucluse, a passé en 18
ans de 85o habitants à 1.000 el de la médio
crité à une véritable prospérité économique.
é’Vst le résultat de l’effort persévérant de M
Buffier, instituteur et de M. Voltaire Garcin.
maire démocrate et profondément réaliste.
Ayant reconnu à la désertion du village des
causes économiques et des causes morales, il®
s’attaquèrent à remédier aux unes et aux au
tres. Ils travaillèrent avec succès à l’équipe-
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ment, l’outillage, l’embellissement de Gada-
gne, trouvèrent des débouchés pour la produc
tion agricole. Le maître agit dans sa classe
par un enseignement tout imprégné de l’am
biance e| de l’amour du terroir, hors de ®a
classe par tout un système d’œuvres post-sco-
Inires solidement rattachées à l’Ecole et cons
tituant dans son ensemble une organisation
aussi complète que rationnelle des plaisirs et
des loisirs à la campagne.
*
* *
A l’heure où l’agriculture traverse une cri
se des plus graves et qui menace d’une nou
velle \ague de fond ce qui lui reste de popu
lation ; à l’heure où contre ce péril les pou
voirs publics s’apprêtent à une lutte qui néces
sitera le concours de tous les instituteurs ru
raux ; — la meilleure conclusion, n’est-elle
pas de rappeler, à grands traits et en les géné
ralisant, les moyens qui ont réussi à Gadagne
et qui paraissent susceptibles d’être employés
par tous et partout ?
Les voici donc :
i° - Que l’instituteur, où qu’il soit, s’appli
que d’abord à améliorer les moyens d’existen
ce du paysan. Il y parviendra, de façon sûre,
en l’incitant à appliquer à la production les
méthodes les plus modernes (Rajeunir, réno
ver les méthodes de culture c’est, en effet,
accroître le rendement et abaisser ses frais de
production. C’est, par conséquent, diminuer
le prix de revient et augmenter son bénéfice).
Qu’à cette fin, l’instituteur pousse le paysan
à une plus large et rationnelle utilisation des
engrais, à l’emploi de l’oulillage le plus per
fectionné et surtout à la création d'institu
tions de crédit, de coopératives d’achat et de
vente.
2 0 - Qu’il soit dans son village l’agent du
progrès. (Un village où l’on trouve et le con
fort et l’agrément, un village « à la page »
on n’est pas tenté de le quitter). Qu’il ,s’eiti-
ploie donc à le faire doter des commodités
modernes : électricité, conduite d’eau, tout
à l’égout. Qu’il use de son influence sur !e
Conseil municipal pour que — au prix de
subventions si c’est nécessaire — les moyens
de transport rapides pénètrent dans le village.
Qu’il agisse enfin pour que le paysan embel
lisse son foyer afin qu’après son ingrate jour
née de travail il trouve du plaisir à se reposer.
Qu’il pousse à l’installation du chauffage cen
tral, de la salle de bains, de là T.S.F. et jus
qu’à l’acquisition de l’automobile.
8° Que l’instituteur s’emploie à fond pour
fournir aux jeunes gens les saines distrac
tions que leur âge exige et qu’ils vont cher
cher à la ville quand ils en sont privés au
village ; qu’il crée — s’il peut — une uni
versité populaire agricole où le paysan s’ins
truira même techniquement sans qu’il s’en
doute el même en s’amusant ; qu’il organise
— pour le moins — des soirées récréatives :
représentations théâtrales, séances de cinéma,
soirées de bal, et, annuellement, une excur
sion... Qu’il forme une société de sport. L-
sport est un levier puissant d’action sur les
jeunes gens. Il exerce sur eux un attrait dont
on peut tirer.le meilleur parti pour les fixer
au village.
4° - Que l’instituteur, dans sa classe, se
serve de toutes les disciplines pour inculque!
à ses élèves l’amour des champs, l’amour du
pays nalal et pour les orienter intellectuelle
ment vers la profession de leurs pères.
Nous ajouterons que ce n’est pas en chan
geant de poste tous les deux ou trois ans que
l’on peut poursuivre un dessein de cette en
vergure — ni en s’enfermant dans sa tour
d’ivoire ou même entre les quatre murs de sa
clause : il y faut de la suite et de la ténacité,
il faut payer de sa personne !
Nous ajouterons que l’instituteur qui en
treprendra une telle action sera payé de re
tour. Ce n’est point sans profit qu’il appren
dra à mieux connaître ce type exemplaire
d’humanité qu’est le paysan : plein de cœui
à l’ouvrage, de finesse dans l’esprit, de bon
sens pour prévoir le lendemain et retourner
ses chances, de cran et de ressort contre la
nature marâtre ; viril en tout — jusqu’en
son syndicalisme qui, contraire à son tempé
rament et datant d’hier, a su s’élever d’em
blée — pour encourager la belle production
et détruire la mauvaise — jusqu’à la hauteur
de la plus farouche discipline et de la plus
sévère justice ; viril jusqu’en sa manière de
vous manifester son affection fraternelle dans
les moments où l’on git assommé sous le coup
du malheur ; viril jusqu’en sa reconnaissance.
Le jour où, dans chaque vallon, un insti
tuteur laïque réalisant ainsi d’ailleurs le géné
reux espoir, le saint enthousiasme lesquels fu
rent au cœur des hommes de bonne volonté
qui, dans le passé luttèrent pour l’enssignc-
ment laïque et qui, quand ils n’allèrent pas
comme Victor Hugo jusqu’à prétendre qu'ou
vrir les écoles c’était fermer les prisons, \ou-
luient, pour le moins, voir dans chaque écob
la cellule et daqs chaque maître l’artisan d’un
monde nouveau plus harmonisé, plus humain,
plus fraternel. — Le jour où, dans chaque
vallon, dans chaque blanche école un insti
tuteur mettra fraternellement un peu de se®
loisirs au service du paysan — ce jour-là ceux
qui, sous couleur d’équilibre financier, mais
dans le secret dessein d’affaiblir, de dissocier
l’Etat ont entrepris de saper la fonction pu
blique en organisant contre ses agents, les
fonctionnaires, la croisade perfide que l’on
sait... ceux-là pourront arrêter leurs frais d’é
loquence...
Contre leurs dénigrements systématiques,
eonlre leurs intolérables provocations, comme
d’ailleurs eonlre toute atteinte, l’Ecole laïque
cl l’instituteur en particulier et les fonction
naires en général auront pour j,es défendre et
les soutenir dans leurs intérêts, matériels et
moraux, les vingt millions de paysans de
France.
PAUVRES PETITS
On compte en France environ 3o.ooo enfants
qui sont privés de la lumière du jour et qui
sont contraints aux douleurs d’une nuit per
pétuelle. La société abandonne ces malheu
reux aveugles aux initiatives privées de la
bienfaisance, louables certes, mais pas toujours
désintéressées.
La République HE prive du statut scoEice.
dont les autres enfants de France bénéficient
depuis le 28 Mars 1882.
Nous pouvons en dire autant des petits
sourd$-muets et des enfants arriérés ou anor
maux. Malgré l’existence de quelques établis
sements modèles et qui ont fait leurs preuves,
beaucoup de ces déshérités ou encombrent des
classes dans lesquelles ils ne peuvent faire au
cun progrq®, ou laissés à leurs familles cons
tituent une gêne pour la maman qui a besoin
de travailler à moins qu’ils ne soient aban
donnés à la rue plus redoutable encore pour
eux que pour les autres.
Notez que presque tous sont éducables ou
perfectibles. Sommes-nous trop riches en cn-
fanls ou espère-t-on quelque monstrueuse sé
lection naturelle ? Nous oublions que notre
devise parle d’Lgalité el de Fraternité.
NEUTRALITÉ
Nous avons eu plusieurs fois l’occasion de
souligner la neutralité qu’observent nos grou
pements, tant à l’égard des partis politiques
qu’en ce qui concerne les confessions.
Toutefois, nous avons également rappelé que
celle neutralité n’était nullement inconciliable
avec l’action défensive que' nous avons le de
voir d’organiser lorsque notre idéal est atta
qué.
Si, pour parler comme notre président Fran
çois Albert, les r. figions sont, dans l’Etat laï
que, l’objet de notre respectueuse indifférence
elles doivent, pour bénéficier de notre respect
et de notre neutralité, ne s’écarter en rien
du domaine qui leur appartient.
Mais la religion est, héla/s ! ce que les hom
mes la font. Les représentants de l’Eglise ca
tholique savent descendre dans l’arêne ; ils
se lancent dans la mêlée sociale pour se faire
les alliés des forces conservàtrrcep. Ils se sau
raient donc s’étonner de compter parmi leurs
adversaires des groupements qui, comme le®
nôtres, se réclament d’un idéal de progrès so
cial.
Et c’est pour nous l’occasion de souligner
la satisfaction que nous éprouvons en consla-
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lant que la Confédération Générale des Œu
vres laïques est maintenant en mesure de s’op
poser utilement, à la Fédération Nationale Ca
tholique.
C’est que l’activité des associations, aux des
tinées desquelles préside général de Castel
nau, ne se relâche pas. Le® comptes rendu.®
de leur i2 me Assemblée générale en témoi
gnent. Il nous suffira de reproduire l’extrait
suivant :
(c L’assemblée, à l’unanimité, a décidé que.
la propagande en faveur des principes d’égalité
et de justice, depuis longtemps posés devant
l’opinion publique, sera't poursuivie avec la
plus ferme persévérance ■ :
« i° Le droit d’enseigner pour tout Fran
çais qui présente les garanties nécessaires de
morale et de compétence ;
« 2 0 L’égalité de toutes les familles devant
les subsides de l’Etat, quelle que soit l’école
publique ou libre fréquentée par les enfants .
« 3° La lutte contre l’école unique chaque
fois qu’elle prendra l’aspect d’une atteinte à
la liberté d’enseignement ».
En ce qui concerne le premier point, le tex
te qst obscur ; cependant, on distingue aisé
ment le but poursuivi.
On peut tout d’abord s’étonner que la Fédé
ration catholique réclame un droit que les in
téressés se sont arrogé au mépris de la loi.
D'autre part, nous regrettons que les con
gressistes n’aienl pas précisé les « garantie®
de compétence » dont il convient de s’entou
rer. Peut-être alors auraient-ils, avec non®,
réclamé la disparition des vestiges de la
Falloux.
Quant à « l’égalité des familles devant le®
sifnsides die l’Etat », c’est la répartition pro
portionnelle scolaire que le législateur con
damne depuis cinquante ans.
Enfin, la résolution concernant, l’école uni
que mérite des commentaire^.
Il y a quelques années, la même Fédération
ne manquait pas d’affirmer et de faire publier
qu’Ecole unique et monopole de l’enseigne
ment étaient deux expressions semblables.
Celte réforme révolutionnaire devait porter
atteinte aux droits des familles ; tous les bons
Français devaient s’insurger contre un projet
aussi incohérent que démagogique. On igno
rait Condorcet, on reniait l’abbé Lemire, on
spéculait sur l’ignorance de la masse ; il fal
lait tromper l’opinion.
Mais les militants républicains ont réagi.
Une œuvre d’éducation s’imposait ; ils s’y
sonf. voués. Par des conférences, par des tracts,
par des articles reproduits dans les journaux,
le peuple a pu apprécier une réforme dont on
faisait un épouvantail. En apprenant à la con
naître, il a appris à l’aimer ; el son attache
ment à l’Ecole unique est si grand désormais
que la Fédération Catholique n’ose plus atta
quer le principe.
Ce changement d’attitude et, de lactique est
un hommage que nos adversaires rendent im
plicitement à la propagande laïque.
Clautk.
Jean Macé à Beblenheim
VIEUX SOUVENIRS
Beblenheim, où Jean Macé a passé une par
tie de sa vie, est un ancien village d’Alsace
dont les habitants cultivent tout ensemble le 1
blé vers la plaine du côté Est et la vigne sur
les coteaux sous-vosgiens à l’Ouest. Jusqu’en
1790, ce village dépendait de la seigneurie de
Biquewihr qui relevait, sous la souveraineté
français, du duché de Würtembcrg et dont les
officiers étaient nommés par la Régence xvür-
l< mbergeoise de Montbéliard. Or, en 1842, la
descendante d’un île ces officiers. Mlle Coralie
Vcrenet, qui désirait se consacrer à l’enseigne
ment des jeunes filles, fonda à Reblenheim un
pensionnat et fit élever, pour le loger, à l’ex
trémité Est du village, un grand bâtiment au
quel on donna le nom de Petit Château. Mlle
Vcrenet devint la bienfaitrice de la commune.
Beblenheim avait de bonnes écoles primaires,
mais on n’y recevait les enfants qu’à partir de
six ans. Pour les petits, Mlle Verenet créa, à
quelque distance du Petit Château, une salle
d’asile : nous disons aujourd’hui plus heureu
sement une école maternelle, ef cette salle
d’asile fut. inaugurée un beau dimanche du
mois d’octobre i85o.
Or, quelque temps auparavant, s’était pré
senté à Mlle Vcrenet un Parisien de trenle-
cinq ans qui faisait de la propagande', en Al- !
sace, pour le journal « Jm République », à une !
époque où la République était fort menacée ;
il était chargé par une mère d’une commission
près de la directrice. Ce Parisien '‘tait Jean
Macé. Il avait fait, comme boursier, de bril
lantes études secondaires au t.rès catholique
collège de Stanislas. De la classe de troisième
à celle de philosophie, il avait été lauréat au
concours général, puis il s’était lancé dans les
luttes politiques. Il avait combattu pour l'éta
blissement el le maintien de la Seconde Répu
blique. Après la journée du 12 Juin i84g, il
avait été réduit à se cacher ; après celle du 2
décembre i85i, il fut mis sur la liste des sus
pects ; bientôt il fut contraint de quitter Pa
ris et ses environs. Il se souvint alors de sa
visite à Beblenheim, en 1800, comme Mlle Ve-
i’'net se souvenait de lui. Elle lui offrit la pla
ce 1 de professeur principal dans son pensionnat
(jusqu’alors, les professeurs venaient, pour
chaque leçon, d e Colmar), et c’est ainsi que
Jean Macé arriva à Beblenheim, le 2 Janvier
185a, avec Mme Macé, car il venait de se ma
rier. On les logea dans le petit appartement
contigu a la salle d’asile et qui, en principe,
avait été destiné à la directrice de l’école en
fantine. Danp® cet appartement, Macé a logé de
Janvier i852 à septembre 1871 ; il y a fondé
la Ligue de l’Enseignement, et en frappant sur
le carreau qui séparait son appartement de la
salle d’asile, il a souvent rappelé à l’ordre les
bambins que nous étions.
Longtemps plus tard, en 1889, Jean Macé
écrivit : « Beblenheim ! Mon cœur se serre
quand se remuent en moi les souvenirs atta
chés a ec mot. Jour béni entre tous les jour®
de ma vie fut celui où ma course errante me
porta dans ce village qui n’avait alors d’alle-
m n d que le nom ». Et sans cesse, il parle de
la vie heureuse qu’il a menée dans son « cher
paradis » de Beblenheim. il y fut admirable
professeur. Tl y enseignait, au début, l’histoire
naturelle, qu’il connaissait fort bien ; mais
bientôt il attacha à son domaine l'arithméti
que, la littérature, l’histoire, la géographie,
Aille Y crenet n eut plus besoin de faire venir
ses professeurs de Colmar. Macé enseignait à
sa façon, cherchant avant tout à s e faire com
prendre de ses élèves, usant de toutes sortes de
comparaisons empruntées à la vie de tous les
joun®. De son enseignement sont sortis ses ou
vrages célèbres : L’Histoire d’une bouchée de
pain, Les serviteurs de l’estomac, L’Arithméti
que de Grand-pipa ; à Beblenheim, il a fondé
avec son ami Hetzel, le Magasin d’éducation el
de récréation. II y a créé une bibliothèque
communale dont les livres ont été les délices
de mon enfance ; il y a fondé, en 1864, la So
ciété des Bibliothèques communales du Haut-
Bliin, puis notre Ligue de l’Enseignement, qui
s’est développée et qst devenue une grande ins
titution. Le gouvernement impérial s’inquié-
lait et, à diverses reprises, s’adressait à la
Mairie du village pour l’inviter à une sorte de
surveillance.
Vint la guerre de 1870 : Mlle Verenet et
Jean Macé se retirèrent à Strasbourg, où ils
subirent le siège ; puis l’Alsace fut arrachée à
notre patrie. Ni Mlle Verenet, ni Jean Macé '
n’auraient pu se résigner à recevoir dans leur
cher pensionnat la visite d’un inspecteur alle
mand ; ils se décidèrent à le transporter de
1 autre coté des Vosges et cherchèrent long
temps un endroit propice. Or, il leur fallait
avoir quitté Beblenheim, avant l e i er octobre
1872, sous peine de se réveiller ce jour sujets
allemands. Le 3 septembre seulement, moins
d un mois avant l'échéance fatale, ils eurent
connaissance d’une maison à Monthiers, au
nord de Ghateau-1 hierry, où ils arrivèrent le
■29 au soir, avec ce qui leur restait de pension-
-naires, et c’est loin de leur chèr e Alsace que
s’éteignirent, en 1891, Mlle Verenet en 1894.
M. Macé. Devenu sénateur inamovible, Macé
venait de s’élever, au Sénat, contre l’expédition
de Madagascar ; il craignait qn’en créant un
empire colonial toujours plus étendu, la Fran
ce n’oubliât l’Alsace et ne se résignât à sa
perte. L Alsace l’a hanté à ses derniers mo
ments : 1 Alsace a eu sa dernière pensée.
A Beblenheim, on est demeuré fidèle à son
VÊTEMENTS
S. ilAB
il, Ru« Thi.r»
LE HAVIE
lois VOIS mmmim I GRAND BAZAR Sas fendant te Meilleur M
HAVRE - <21, Ram <*• Part. - LE HAVRE
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