Titre : Revue du Havre et de la Seine-Inférieure : marine, commerce, agriculture, horticulture, histoire, sciences, littérature, beaux-arts, voyages, mémoires, mœurs, romans, nouvelles, feuilletons, tribunaux, théâtres, modes
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1846-12-06
Contributeur : Morlent, Joseph (1793-1861). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32859149v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 06 décembre 1846 06 décembre 1846
Description : 1846/12/06. 1846/12/06.
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque municipale du Havre, Y2-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/05/2014
LE COMTE DE HORN.
-, - nV l -' NS W v
La Une.
C'élait la régence .mtrs,
- s \ - - Kl sans hyperbole, ^
' % '\ Grèce aux pins méfies d? corps,
Ka France étuil folle.
T us les hommes s'amusaient
El les femmes se prêtaient
A la gaudriole, au gué,
A la gaudriole.
ItÉRANUEll.
Au centre d'un quartier populeux, outre 1 >s rues Saint-Denis et Samt-
Marlin, s'étend dans la mè ne direction un défié obscur do quatre cent
cinquante pas de long sur cinq de large, bor é par quatre-vingt-dix mai
sons d’une structure commune, et dont le soleil n’éclaire jamais que les
étages les plus élevés, loi fut l'ignoble C irrqusel où so Célébrèrent les
(êtes du système d r l.aw. Ou l'appell t ta ru-- Quitté impoix, et, qnoiqiio
sa grande renommée suit duo aux témérités de la régence, il est juste «le
dire que les dernières .exactions do Louis XI V y avaient déjà naturalisé
Fusute et l'agiotage. Le vieux roi était mort en 1715. et sa mémoire sem
blait vouée à la hame de la nation, ruinée, humiliée par les puissances
étrangères et par l'orgueil ridc ile du prince lui-même, à qui ni les
malheurs, ni lesini'rmi os, ni une vieillesse qui rapetissa jusqu'à sa sta
ture, ne puiem faire comprendre qu'il était formé d’une argile pareille à
celle des autres hommes. Li gu -r.o de la succession venait, il est vrai,
définir, mais elle avait été ruineuse; Cha nillarl, Desmarest qui lui
succéda, avaient eu recours à tous les moyens pour se procurer de l'ar
gent ; ils avaient l'un et l’autre renouvelé suris cesse la forme- des enga-
gem ois pour nve-.llur 11 eo ill mee d « usuriers et des trailans, auxqu ds
ils vendu eut les revenu- do 11 France : l’romsscs de la caisse des ern-
pruuts. billets de Legcndie, bilels de l'extraordinaire des guerres; ils
avaient donne tous les noms él toute-, les formes aux effets émis
Ç ar le gouvernement, afin d' leur rendre un peu do crédit ; niais tous
es ex, edi-ns étaient épuis's; les ef.ot.s royaux do toute espèce pers
daient de 70 à 8(1 pour cent; la recette était absorbée d'avunc i ; le-
compagnes étaient dépeuplées, le commerce ruiné, les troupes non
soldé s et ptêtes à so révolter, et 710 millions de bons royaux étaient
exigibles. Un très gros agiotage devait se faire sur ces promesses
de la c.iis-e des emprunts, sur ces b 11 ts de Legendre , ainsi que sur
les billets de Tt'xlraordiria're des guerres; or cet agiotage, avait en lieu
de tout temps dans la rue Q.tincampoix ; des juifs et des courtiers l'habi
taient; d'accord avec nés caissiers de l’état, ils y achetaiani à paroles
ordonnances do paiement. Ds- banquiers voisins leur prêtaient les
fonds, pour chaque affaire, à deux pour cent par heure, co qui lit appe
ler ce c iiiinii ic ■ le Vtèi à pendule. Les courtiers, en altendrnl les ven
deurs dans la me, s’oiilieleiian nt des nouvelles publiques qui intéres
saient leur négoce, et les spéculations au système y entrèrent naturel
lement.
Ce lieu où la fortune de la France changea si souvent de main, ne
s’appela plus, dit un historien aussi instruit des événemens de la ré
gence, que spirituel, ne s’appe’a plus la rue Qnincampoix, mais tout sim-
pieu ont la rue, co unie autrefois le monde subjugué upp 11 Home la ville.
B eniôl 1 ■ c .ncours p odig eux des joueurs nécessita l'intervention de la
police. Les deux ex rem P's de la rue furent garnies d’un corps-do•
garde et d’une grille dont le son d’une cloche annonçait Touver-
' ture à six lu ni es du malin otlaclôure à neuf heures do soir. Les
personnes distinguées des deux sexes entraient par la rue aux Ours et le
vulgaire par la rue Aubry~le-Boucher ; mais comme l'aristocratie elle-
même se courbe devant la nécessité, dès que la barrière était franchie, la
plus fraternelle égaillé reprenait ses droits.
La possession des moindres réduits dans cette enceinte privilégiée, dit
encore le même historien que nous allons laisser parler, passait pour le
comble do bonheur, et la cupidité les avaient multipliés avec une éion-
nante industrie ; iliaque parcelle d'habitation si changeait en petits
comptoirs; on eu trouvait des labyrinthes jusque dans les caves , à la
lueur des lampes infectes, tandis que d'autres banquiers pareils aux
oiseaux de proie avaient attaché leurs guérites sur les toits. Une mai
son ainsi dlstr buée constituait une ruche d’agioteurs animée dans
toutes ses part et par un mouvement perpétuel. Celle dont les revenus
ordinaiies étaient de six cents livres en rapportait alors cent mille. Les
spéculations sur les baux en totalité furent une source facile de ri
chesses. Mais la rencontre des essaims étrangers et les plus vives né
gocia ions se faisaient surtout dans la rue. C o.-t là qu’un attroupement
Bizarre confondait les tnngs , les âges et les sexes. Jan-énistes, mo-
linistis, seiguoms, fouîmes Mirées, magistrats, liions laquais, courii-
sance. s lu louaient et se pail.lient sans olonn ment. L’avidité, la crainte,
l’espérance, Teneur, 11 fou b ri ■. remuaient su s relA h • cette foule in-
tari.-sable ; une heure élevait les f.irlu e que renversait l’heure suivante.
La pire pi aliou éta t t gta.id , q ’u i ab ni livra im; unénient pour des
actions de la compagnie, m s e 1. s d enierremeni, et dans celle burles
que substitution, tes appl u 1 s-emens se partagèrent avec l’effronlerie du
vol et la malice de fèpigramme. Lebe.-on changea des hommes meubles, et parmi ceux qu'enrichir. ni ces métamorphoses, on cite un
soldat donl l'immense o uoplate valait un bureau, et un petit bossu sou
tenu par une muraille dévoua t on pupitre commode, sur lequel on tru -
sigea pour des m 1 ianls. I .'historien raconte encore qu'un artisan dont
l’échoppa omit appuyée contre le jardin du banquier Tourlon, gagnait
deux cents IM res par jour à louer son escabelle aux dames qui verni -ni
contempler ce spectacle iiioui. La colonie errante de l’indus'ro du la ruo
Quincampoix of rail un nté ange du tous les peuples. Parmi les etran
gers se distinguaient les Lorrains, les Flamands, les Suisses et les Ita
liens, tandis que les conlingeiis nationaux étaient principalement
fournis par la Normandie, Lyon, la Guienrte et lo Itjuph rté; quant aux
Parisiens, le système lut l’oujoi de leurs chansons tant qu’il réussi', et
celui du f ur confiance très qu'il dégénéra. Les natifs d ■ la ino Jer te Athè
nes conservèrent leur réputation u è re lus dupes les plus spirituelles de
la terre.
Celle fermentation si abjecte dans son foyer, épanchait pourlant an
loin de grands et salutaires i Lots. La réhabilitation soudaine ce tant de
papiers déshonorés lit périr l'usure et jaillir de toutes paris des flots do
richesses. Sans nulle industrie et en su laissant machina omenl aller au
cours des choses, celui qui, en 171 G. ava l confié dix mille liviesàla
banque do Lavv. fui, avant la lin du 1719, propriéia re d’im millim, non
d’tniu monnaie idéale, mais de valeuts qu'il pou ail à l'instant convertir
en or et en lerres. L'ait et l’audace obtenaient en trois mois les mêmes
fruits. Ce fut là l'origine de ces monstrueuses fortunes q d s’élevèrent,
non sur la misère publique, mais au sein de l’aisaucogéiit raie. S"iz ■ cents
saisies réelles furent levees dans la seule généralité de Parts. Il rt’y eut que
doux cent lettres desurséanc demandé s à la chancellerie, qui en déli> tait
annuellement quatre tnillu. L'intérêt tomba au denier quatre-vingts;
le nombre des manufactures s'accrut des trois cinquièmes, suivant les
rapports dos inspecteurs, cl les négocions allaient engager dans les hos
pices tout ce qui restait de bras valides parmi losenfans et lus vieillards;
l’agriculture et le trésor public s'enrichirent du l’alfluence des étrangers
et de l'en eme progrès des consommations.
Comme nous ne comptons retracer qu’un fait particulier de la régr n-
ce, et qui occupa à peine une semaine dans celle période rapide et bril
lante do système, nous ne craignons pas d'ajouter encore quelques li
gnes aux pages que nous venons d’emprunter a Lemontey, elles serviront
a fixer l'opinion du lecteur sur une époque quo, selon nous, Lemonley a
lo premier l’honneur d’avoir appréciée avec justesse. 11 ajoute ;
« La nation, emportée dans eu torrent d’alfaires et de délices, oublia
la bulle et les remontrance-, les conspirations des bâtards et la guer
re d’E-pagne ; elle eût vu paisiblement décimer le parlement, dé
trôner Philippe V, décapiter lu duc du Maine, et introduire lo dit:
anglican. Alors mourut la veuve de Louis XIV, aussi obscu e-
incnt que l’eût fait la veuve de Scarron , vieille fcc , dit Saint-
Simon , donl la baguette était rompue. Sainl-Cyr même , qui i’é-
cmiad comme un oracle et la Vénérait comme une'fondatrice, sen.it
plutôt le vide que le regret de sa perte, et trouva peu de larmes pour
ses cendres dans tous ces jeunes cœurs qu’elle avait éloignés d’elle par
une étiquette froid t et hautaine. Un affrqux incend'e détruisit en oniier
* viif. de Sainie-Menehnuld. Plusieurs de ses habitons, attristés par ce
grani dé-astre, restèrent pour toujours privés de la raison. Le mêm
fléau dévora la ville de Rennes. Neuf cents maisons furent consumées.
On découvrit, sous les décombres, des scories brillantes et variées, sor
ties, comme l’airain de Corinthe, dus combinaisons fortuites de la corri-
bitslio t ; le luxe façonna et la mode répandit ces lamentables débris. Ce
fut par des partiras de femmes, et par que’ques futiles bijoux, que la
plupart des Français apprirent la destruction de la capitale d’une grande
province,
Dis esprits ainsi disposés rendaient tout gouvernement facile; la
régence figurait en quelque sorte le personnage fantastique qui doit un
jour, par la transmutation des métaux, arriver à la puissance univer
selle. Au dehors, notre diplomatie, marchant les ma.ns pleines d’or,
abaissait tous 'es obstacles; l’armée puisait dans l’abondance sa force et
sa fidélité; notre considération politique s’établissait par l'admiration des
étrangers pour nos finances; et l’envoyait Londres, Amsterdam contre
fit re notre rue Q tincampoix avec la grossièreté de plagiaires. Eu dedans
les courtisans étaient comblés de faveurs; les rnéenniensse rapprochaient
d’un ennemi prodigue; le peuple bénissait la suppression de la plupart
des impôts sur les comestibles; l’administration s’honorait, par d’utiles
baveux, lois que le c mil do Montargis, le pont de Blois, l’égdse de St -
R mit, a Paris, et par l’enlièrecomposition de compagnies de maréchaus
sée. aussi corrompues que des janissaires, par des habitudes vénales et
d tnestiques; un au're bienfait plus susceptible d'utilité, élait l’élab is-
S' ment de l’in-lruciion gratuite daus l’université du Paris. Ilolliri le cé
lébra dans un discours qui fut le germe de son excellent Traité des éludes.
Le temps manqua seul à de plus vastes desseins. Law entreprit de
remplac r tous les impôts par un denier royal, qui prélèverait le cen
tième des biens, et produirait deux cents inillio ts, somme alors suffi
sante pour les dépensas publiques. Le budgéta cru, comme ou le voit!
Law prétendait établir la levée de ce tribut avec quatre millions de
francs et initie employés, au lieu de cette foule de perceptions inégales
et oppressives qui coûtaient à l’état vingt millions, et livraient le peuple
à la cruelle industrie de quarante préposés. I.’id»e, comme le besoin ‘de
frapper au cœur te monstre de la bureaucratie, ne sont pas choses
nouvelles. Cependant l'historien auquel nous empruntons ces details, lout
en lo aol la grandeur des idées de Law, et en admirant la liberté d'es
prit dont avau besoin cet homme, assis alors sur lo volcan du système,
tout en avançant que les édits étaient dressés, ne pense pas, dit-il, sans
effroi, au bouleversement produit par une entreprise aussi téméraire.
On était alors dans un temps d’audace, et Law était plus audacieux
que son temps. Il eut encore lo projet d’abolir la vénalité par lo
rembonrsi ment de toutes les charges et de substituer en parlement
amovible une vielle compagnie souveraine. Cette idée porte trop
l'empreinte des passions françaises, pour qu'on soit surpris d’ap
prendre qu’elle appartenait moins aux méditations de l.aw, qu’aux
suggestions de l’abbé Dubois et du duc de la Force. Mais quelques bons
citoyens s’effrayèrent de perdre la seule digue qui pût contenir la
cour et la consp ration permanente des opinions ultramontain ts. Saint-
Simon fil, dans cette circonstance, le sacrifice si grand pour lui, de son
resst ntiment à sa probité, et le régent, donl l’attribut suprême était de
discuter sans agir, épargna le parlement plutôt par indolence que par p i
li ique. Dans la caducité d’une monarchie formée au hasard, du pièces
ii legulières ; c’était ppurlant un utilo bien qu’un corps nombreux, qtt-
avait conservé d’anciennes traditions, des mœurs graves et une autorité
r -spectée. Ou pouvait le comparer a ces tours gothiques dont la vue est
impo-'aiite et l’habitation incommode, mais qui soutiennent lo reste de
Téd fice.
Tous les historiens qui ont parlé de la régence et de Law, si on en ex
cepte Al. Tltiors (t), ont été plus sévères que Lernontey; Murmontel l'a, -
pelle un alftonleur; il oublie que Law vint en Franc 1 avec trois millions,
elqiiBcelhi.mtnequi,ens’échapp ml (c’est le mot propre),envoya une bague
dci enl mille francs au duc du Bout bon, pour le remercier do lui avoir
prêté son carrosse, gagna Venise avec un peu pus do mille louis.
Dodos, dont l’esprit avait plus d’étendue et de profondeur que celui de
l’nuu-ui- dus Contes moraux, leconnatl à Law quelques latens, mais il
avance qu’il ii’uVüii ni plan, ni objet détermine; il nous semble que co
que nous venons d’établir an commencement de cet ouvrage répond as-
si z à celle Singulière assertion ; il ajoute encore :
« Le plus inconcevable dus prodiges pour c -ux qui ont été témoins de
ce temps-la. et qui le regardent aujourd’hui comme un rêve, c’est qu’il
n’en ait pas résulté une révolution subite, que lo régent et Law ii’aiont
pus péri tragiquement ; ils étaient en horreur, mais on se bornait, à des
murmures ; un désespoir sombre et limid. , une consternation stupide
avaient saisi tous lus esprits; les cœuis étuio.il trop avilis pour être ca
pables de crimes courageux.
O t tient'n ail parer à la fois que d’honnêtes fi milles ruinées, de
misères secrètes, do fortunes odieuses, de nouveaux riches étonnes et
indignes de l'être, do grands méprisables, do plaisirs insensés, do luxe
scandaleux. »
l’eut êtto I) iclos a-t-il codé, en parlant ainsi, à cette aiuorlume
vive et haineuse qui distingue son style, peut-être aussi n’a-t-il pas
voulu se placer à la hauteur ou, si Ton veut, à la distance nécessaire,
pour bien juger le système. Toujours est-il qu'il nu relève qu“ les fautes,
qu’il dissimule les avantages, el rejette injustement sur Law ce qu’on
no peut imputer qu’a l’avidité de la noblesse et à l’impru tenue du gou
vernement.
La régence a do tout temps aussi été signa’éa comme l'époque du re
lâchement des mœurs en France ; on a dit qu’a dater de ce moment les
ma uts du peuple s étaient corrompues, el que l’anlique vertu, comme
Tumique bonne-foi, avaient quitté les coimitetçans el la bourgeoisie de
Paris, quand les actions du Mississipi pat ment put mi eux, el se gar
dèrent bien do revenir lorsque les actions ne furent plus qu’un papier
stérile. Nous l'avouerons, en regru tant quo celle époque de perturba
tion sociale ait altéré les mœurs du peuple ; mais nous ferons remarquer
que celle observation a été fuite souvent par dos hommes d’une position
élevée, comme s’ils eussent réclamé un droit, comme si ceux qui se sont
t ni rompus, on s’égalant à eux, du moins par leurs richesses, lus eussent
pr.vés d'une chose dont ils avaient la propriété exclusive, eussent entamé
t tirs privilèges. Voyez eut homme de robe, ont-ils eu l’air de dire, ce
bourge iis, il est vicieux comme un duc et pair. S'iigulier amour-propre,
que t’on remarque généralement dans les mémoires cl lus lettres du
temps qui a suivi la régence.
Dots les premiers jours du mois de mars 1720, vers les cinq heures
et demie du matin, arriva vers la grille du la rue Quincampoix qui lou
chait à la rue Aubty-le-Bottcher ( nous espétons qu’on nous pardonnera
la digression que nous a fait faire cuite rtiej, un homme, d’ttnu cinquan
taine d’année environ, dont la ligure , otm r.e et joviale, portail itéati-
n oins les marques évidentes du l’in'elltgenco et de la (iue.-se; une per-
t uuuu ronde et sans poudre, cachait une partie de son front large et
uni, son visage rond,son teint clair ut ses yeux bleus décelaient l’homme
du nord, qu’un reconnaissait aussi à une déni .relie un pou lourde ci à
une taille epaisso quoique élevée; il perlait un habit mari on garni de bou
tons d’acier, la veste et le haut du chausses pareils, des bas gris, et ses
j) eds niaient bien à Taise dans de gros souder» qu’ai tachaient dus boucles
u’argent; une espèce de couteau de chasse, à q ii une poignée a’ucier
bien luisante donnait quelque ressemblance avec une ciuyiiieie, pen
dait lo long do sa cuis»e gauche. J dm Ramsay. tel était son nom, pa
raissait prêt à entreprunure un ong voyage, ou a demeurer, suivant que
les cit cons'a lices exigeraieul do lut ou le travail sédentaire d’un bureau,
ou la vte plus active d'un voyageur; cependant, John Ramsay avait une
compagne qui fai-ail penser qu'il travail nulle envie du quitter Taris, et
que lo costume qu’il portait lui était habituel: le couteau de chasse qu il
avait à son côte, et dont sa main cure sait de loinj*S > n tenqts la poi
gnée, pouvait être regardé, ainsi que nous l’avons dit, comme une épée,
oui ment donl loin lo monde était armé'alors, et d’.iill-uts les assitssi-
(I) Voyez uu i-xc,■lient article intitulé l.aw, et inséré dans la première livrai
son de T Encyclopédie Progressive. 18*#.
1 '; als ’ communs à Taris, et queue prévenaient pas la maréchaussée,dont
1 organisation était tou le nouvelle, rendaient celle ptécauiion aussi habi
tuelle que riects aire. I.a personne à qui il donnait le bras était une jeune
tille do dix-sept ans environ, sur les trails do laqu lie un caractère étran
ger set faisait liret encore plus facilement. Kalty R ntsay, car l’honnête
J«*nn donnait le bras à sa lille, avait une de cos figures avec Itsquelies
Waller Scott nous a familiarisés, mais dont le lype élait lout à fait
nouveau à l'imagination même des Parisiens. Le séjour de Jacques II à
St-Gei main avait attiré à Taris quelques Irlandaises, et les rapports na
turels entre les capitales di s doux grands royaumes, avaient aussi sou
vent amené des Anglaises à Paris ; mais l’Ecosse était, en 1720, tout au
tre qu’aiijoiird’hui : on peut dire qu’elle avait alors plus de clans que do
villes. La C'yde roulait ses eaux sur des rives presque désertes; la jolio
Glascow élait loin de mériter ce titre, et i 0 commerce dos deux mondes
n’enrichissait pas encore la superbe Edimbourg. Les Ecossais, à demi-
sauvage-, no quittaient guère leurs montagnes; et Katty que P ut
10 monde, excepté son père el quelques compatriotes, appt latent Ca
therine; Katty, disons-nous, avec sa figure ovale, ses traits purs et
arrêtés, ses yeux aussi b'eus que le ciel do ses montagnes et L pro
fusion de cheveux b onds qui couvrait un front d’nrio bluncneiu
aussi transparente quo celle de l’albâtre, offrait à l’œil l’ensemble
d'une beauté aussi nouvelle que remarquable ; sa taille, bien prise êt
svelte n’était pas élevée, et, si on la regardait auprès de son père
grand et robuste montagnard, elle pouvait passer pour une petite
femme ; vêtue modestement d’une étoffé commune, qu'on appelait
brune lie ou grisolle, et qui a donné son nom à celle classe de j. unes
filles, dut La Fontaine dit : une grisellc est un trésor, on aurait pu
facilement prendre John Ram»ay et Catherine pour un fermier ut sa fille
égarés dans Taris, après avoir payé un quartier à leur seigneur. John
frappa de sa large main les barreaux de la grille, et se mit a crier.
— llola! Jacques, ouvrez, la foule va venir, et il lant que Joint Ram
say soit liiez lui avant que les acheteurs no se présentent
Jacques sortit d'une petite guérile en bois adossée contre la gti'.le, et
plus semblable à une loge à chiens qu’à la demeure d'un homme, telle
ment on éta t économe de la place dans la tue Quincampoix, et il vint
ouvrir à l'Écossais c'. à sa fille.
— Monsieur John Ramsay, dit-il en ôtant un feutre demi-militaire qui
lui couvrait la têde.
L'Écos-ais passa, ainsi quo Kally, et la porte de fer roula sur ses gonds
pour refermer la grille.
— Heureusement, murmura Jacqnes entre ses dents, lentes les rues
de Taris ne sont pas ainsi, sans cela ce serait pire que les barricades dont
mon père trie parlait toujours.
John traversa la ruo, où l’agiotage s’éveillait déjà, d'un pas lourd , et
qui sentait son financier ; il atteignit bientôt à une maison formant le
coin dos rues Q tincampoix et de Venise, vis-à-vis le cabaret de l'iipée-
de-Bois. L’hôte était sur lu porte et regardait des ouvriers éiançum r
sa maison déjà vieille et dont la façade lézard *o menaçait ruine. Tandis
que Catherine se faisait ouvrir la porte de sa maison, John s’avança vers
le propriétaire de Ylipcc dc-IJois.
— Eh bien ! maître Rlai-eatt, lui dit-il avec un léger accent étranger,
11 paraît que les billets font crouler lu maison, c’est cependant plus léger
que Tir ; eh! maître B aiseau, qu’en dites-voti»?
— Je dis, répondit Blaisean en ôtant son bonnet de coton , cl on indi
quant du geste Catherine qui disparut dans l'allée , que vous avez là un
beau brin de (ill \ el que si vous le vouliez elle serait bientôt la mal.russe
de VEpie-de-Bois.
Un léger sourire de dédain vint entr’ouvrir les lèvres de Ramsay.
— Combien avez-vous gagné au système? demanda-t-il an cnbarolior
en employant la méthode écossaise de répondre à une question par une
autre.
— As c ez , répondit B!ais°au d'un air malin, pour laisser tomber VE-
pêe-dc-Ilnis , si la vieille ma Mon a fiit sou temps , et pour acheter un
duché au Mississipi ou une lerro en France, si vous Tailliez mit ux.
— Ecoutez, dit John Ramsay, vous avez cinquante ans bientôt?...
— Cinquante-deux, vienne la saint Antoine, mon patron.
— Vous avez cinquante-deux ans, vous ôte? plus vieux que moi; Kat
ty, ma fille, n’en a que dix-sepl ; vous avez la figure ronge et bourgeon-
née, elle a le leim blond et uni ; enfin, vos cheveux grisonnent, votre
ventre fait honneur à votre métier, et Kally, au contraire, a une taille à
onCuTtncM- dans les dix doigts cl dos cheveux blonds comme l’or... Non,
maître B'aisean, je no forai pas comme ces pères qui tourmentent leurs
enfanspour leur trouver un mari, et je ne dirai jamais à Kiliy ; épouse
celui-ci ou celui-là ; je lui laisserai choisir celui qu'elle voudra.
Le prudent Ecossais s’arrêta a ces mois et dit en lui-même en forme
de r siriclion moniale :
— Pourvu qu’il soit Ecossais et ne soit pas catholique.
Maître Bla seau fut obligé de se c intenter de la promesse quo lui fit
John dune pas s’opposer à son mariage si Catherine y consentait, et eu
rival obligeant il s’empressa d'instruire le pèro do l’amoar de T'erre, lo
m nuisier voi-in. qui avait co lé ta boutique à des agioteurs, et qui ré
duit toujours dans la nie rien que pour voir Catherine.
— Il y a encore, dit le cabatetier. le petit l.ur.toix, vous savez bien, co
polit Lacroix qui était tapissier dans la rue Saint-Ilonoré, et qui a vendu
son fonds pour faite le commerce des actions.
— Parfaitement, répondit l’Ecossais.
— Mais, ajouta maître Blaireau, ça n’a pas de conduite, ce sonl des
mignons du z qui l’urg nl s’en va comme il vieni : el quo que M. La
croix se, permette de faire les yeux doux à Mlle Catherine, je s„i, qu'il so
donne les airs d’un gros seigneur, et qu’il entretient une marqui»e.
— Une ntatqiiise! s'écria John.
— Du moins, dit mal rc Blaisean avec un gros rire, une femme qui
a ur. équipage el. des laquais... peut-ôlro un t m irquise de Missis»ipi...
Co dernier trait no parut pas plaire à John R unsny, qui f onça lu sour
cil, et so disposa à rentrer ch z lui, tout an songeant à ce que la gardo
d’une jeune fille avait du difficile pour un pète; mais il n’en avait pas
fini avec teaiire Bluisaau :
—J’espère,lui du le cabarelier.quo si je n'épouse pas la fille.je ne per
drai pas la pratique du pèro : que faut-il vous faire monter pour votre
dt jeûner? du vin? Ou 1 non, vous n’en buvez pas do si bonne heure;
vous vous tmy z fc»tomac avec cutlo ntaud ie herbe qu'on yous etnoio
d’Angleterre. Voulez-vous du gibier? J’ai là deux l'ai-ans qui avaient été
préparés pour M. do Noué, mais il a été souper au Palais-Royal. J'ai un
pâté d’atigu lè s, un gigot deCharonno ot des tartres à la financière; si
vous aim z mieux des goujons, on va m'en apporter... Jo vois ce quo
c’est, monsieur Joint, vous voulez des tranches de bœuf grillées, vous
appelez cela du... d» roos, du rog, enfin, du bœuf rôti... Soyez Irsti-
quille, à dix heures, mon gâ'e-sntice sera cliuz vous, el vous serez con
tent do la cuisine de VEpèe-de-Bois.
John R .ntsay quitta son voisin bavard et monta chez lui. Dans ce
temps, Gemme nous l'avons dit, la possession de deux ou trois hôtels
étaient moins coûteuse que celle de deux petites chambres dans les élo
ges les plus élevés d'une maison de la ru■■ Q titteampuix. John p issa à
travers des mille comptoirs qui s’échelonnaient les uns sur les autres et
il arriva jusqu'au cinquième éiage, dans un appal'iœnent composé do
deux pièces, qu'il avau louées aussi cher qu'un palais. Quand il fut sur
le pallier, il entendit la voix de Ca herine, la jeune fille paraissait être
m conversation réglée avec un étranger.
;>es o, dit—il, »craii-co lu petit Lacroix qui entretient une marquise
du Missi.-sipi, ou M. T,erre le menuisier?
Il enii'u brusquement, et vit Catherine debout et roulant son tablier
dans ses doigts; elle parlait à un homme assis et enveloppé dans son
manteau.
— Mon pèro no peut pas tarder à monter, disait-elle.
— Je voudrais que le bavard so mordît la langue jusqu’au sang , di
sait cet homme, s'il larde encore, va le chercher, Catherine, six heures
approchent et je ne peux pas ro-ter ici plus long-temps.
Joint entra, cl, regardant cet homme d'un air ré.-olu :
— Qu’y a-t-il, dtt-.I d'abord... Ah ! monseigneur, fit-il ensuite , qui
vous aurait reconnu , caché sous ce manteau et- colle énorme perruque ?
Je viens de chez vous, monseigneur; ou m’a dit que vous av.ez couche à
Saint-Cloud.
i
-, - nV l -' NS W v
La Une.
C'élait la régence .mtrs,
- s \ - - Kl sans hyperbole, ^
' % '\ Grèce aux pins méfies d? corps,
Ka France étuil folle.
T us les hommes s'amusaient
El les femmes se prêtaient
A la gaudriole, au gué,
A la gaudriole.
ItÉRANUEll.
Au centre d'un quartier populeux, outre 1 >s rues Saint-Denis et Samt-
Marlin, s'étend dans la mè ne direction un défié obscur do quatre cent
cinquante pas de long sur cinq de large, bor é par quatre-vingt-dix mai
sons d’une structure commune, et dont le soleil n’éclaire jamais que les
étages les plus élevés, loi fut l'ignoble C irrqusel où so Célébrèrent les
(êtes du système d r l.aw. Ou l'appell t ta ru-- Quitté impoix, et, qnoiqiio
sa grande renommée suit duo aux témérités de la régence, il est juste «le
dire que les dernières .exactions do Louis XI V y avaient déjà naturalisé
Fusute et l'agiotage. Le vieux roi était mort en 1715. et sa mémoire sem
blait vouée à la hame de la nation, ruinée, humiliée par les puissances
étrangères et par l'orgueil ridc ile du prince lui-même, à qui ni les
malheurs, ni lesini'rmi os, ni une vieillesse qui rapetissa jusqu'à sa sta
ture, ne puiem faire comprendre qu'il était formé d’une argile pareille à
celle des autres hommes. Li gu -r.o de la succession venait, il est vrai,
définir, mais elle avait été ruineuse; Cha nillarl, Desmarest qui lui
succéda, avaient eu recours à tous les moyens pour se procurer de l'ar
gent ; ils avaient l'un et l’autre renouvelé suris cesse la forme- des enga-
gem ois pour nve-.llur 11 eo ill mee d « usuriers et des trailans, auxqu ds
ils vendu eut les revenu- do 11 France : l’romsscs de la caisse des ern-
pruuts. billets de Legcndie, bilels de l'extraordinaire des guerres; ils
avaient donne tous les noms él toute-, les formes aux effets émis
Ç ar le gouvernement, afin d' leur rendre un peu do crédit ; niais tous
es ex, edi-ns étaient épuis's; les ef.ot.s royaux do toute espèce pers
daient de 70 à 8(1 pour cent; la recette était absorbée d'avunc i ; le-
compagnes étaient dépeuplées, le commerce ruiné, les troupes non
soldé s et ptêtes à so révolter, et 710 millions de bons royaux étaient
exigibles. Un très gros agiotage devait se faire sur ces promesses
de la c.iis-e des emprunts, sur ces b 11 ts de Legendre , ainsi que sur
les billets de Tt'xlraordiria're des guerres; or cet agiotage, avait en lieu
de tout temps dans la rue Q.tincampoix ; des juifs et des courtiers l'habi
taient; d'accord avec nés caissiers de l’état, ils y achetaiani à paroles
ordonnances do paiement. Ds- banquiers voisins leur prêtaient les
fonds, pour chaque affaire, à deux pour cent par heure, co qui lit appe
ler ce c iiiinii ic ■ le Vtèi à pendule. Les courtiers, en altendrnl les ven
deurs dans la me, s’oiilieleiian nt des nouvelles publiques qui intéres
saient leur négoce, et les spéculations au système y entrèrent naturel
lement.
Ce lieu où la fortune de la France changea si souvent de main, ne
s’appela plus, dit un historien aussi instruit des événemens de la ré
gence, que spirituel, ne s’appe’a plus la rue Qnincampoix, mais tout sim-
pieu ont la rue, co unie autrefois le monde subjugué upp 11 Home la ville.
B eniôl 1 ■ c .ncours p odig eux des joueurs nécessita l'intervention de la
police. Les deux ex rem P's de la rue furent garnies d’un corps-do•
garde et d’une grille dont le son d’une cloche annonçait Touver-
' ture à six lu ni es du malin otlaclôure à neuf heures do soir. Les
personnes distinguées des deux sexes entraient par la rue aux Ours et le
vulgaire par la rue Aubry~le-Boucher ; mais comme l'aristocratie elle-
même se courbe devant la nécessité, dès que la barrière était franchie, la
plus fraternelle égaillé reprenait ses droits.
La possession des moindres réduits dans cette enceinte privilégiée, dit
encore le même historien que nous allons laisser parler, passait pour le
comble do bonheur, et la cupidité les avaient multipliés avec une éion-
nante industrie ; iliaque parcelle d'habitation si changeait en petits
comptoirs; on eu trouvait des labyrinthes jusque dans les caves , à la
lueur des lampes infectes, tandis que d'autres banquiers pareils aux
oiseaux de proie avaient attaché leurs guérites sur les toits. Une mai
son ainsi dlstr buée constituait une ruche d’agioteurs animée dans
toutes ses part et par un mouvement perpétuel. Celle dont les revenus
ordinaiies étaient de six cents livres en rapportait alors cent mille. Les
spéculations sur les baux en totalité furent une source facile de ri
chesses. Mais la rencontre des essaims étrangers et les plus vives né
gocia ions se faisaient surtout dans la rue. C o.-t là qu’un attroupement
Bizarre confondait les tnngs , les âges et les sexes. Jan-énistes, mo-
linistis, seiguoms, fouîmes Mirées, magistrats, liions laquais, courii-
sance. s lu louaient et se pail.lient sans olonn ment. L’avidité, la crainte,
l’espérance, Teneur, 11 fou b ri ■. remuaient su s relA h • cette foule in-
tari.-sable ; une heure élevait les f.irlu e que renversait l’heure suivante.
La pire pi aliou éta t t gta.id , q ’u i ab ni livra im; unénient pour des
actions de la compagnie, m s e 1. s d enierremeni, et dans celle burles
que substitution, tes appl u 1 s-emens se partagèrent avec l’effronlerie du
vol et la malice de fèpigramme. Lebe.-on changea des hommes
soldat donl l'immense o uoplate valait un bureau, et un petit bossu sou
tenu par une muraille dévoua t on pupitre commode, sur lequel on tru -
sigea pour des m 1 ianls. I .'historien raconte encore qu'un artisan dont
l’échoppa omit appuyée contre le jardin du banquier Tourlon, gagnait
deux cents IM res par jour à louer son escabelle aux dames qui verni -ni
contempler ce spectacle iiioui. La colonie errante de l’indus'ro du la ruo
Quincampoix of rail un nté ange du tous les peuples. Parmi les etran
gers se distinguaient les Lorrains, les Flamands, les Suisses et les Ita
liens, tandis que les conlingeiis nationaux étaient principalement
fournis par la Normandie, Lyon, la Guienrte et lo Itjuph rté; quant aux
Parisiens, le système lut l’oujoi de leurs chansons tant qu’il réussi', et
celui du f ur confiance très qu'il dégénéra. Les natifs d ■ la ino Jer te Athè
nes conservèrent leur réputation u è re lus dupes les plus spirituelles de
la terre.
Celle fermentation si abjecte dans son foyer, épanchait pourlant an
loin de grands et salutaires i Lots. La réhabilitation soudaine ce tant de
papiers déshonorés lit périr l'usure et jaillir de toutes paris des flots do
richesses. Sans nulle industrie et en su laissant machina omenl aller au
cours des choses, celui qui, en 171 G. ava l confié dix mille liviesàla
banque do Lavv. fui, avant la lin du 1719, propriéia re d’im millim, non
d’tniu monnaie idéale, mais de valeuts qu'il pou ail à l'instant convertir
en or et en lerres. L'ait et l’audace obtenaient en trois mois les mêmes
fruits. Ce fut là l'origine de ces monstrueuses fortunes q d s’élevèrent,
non sur la misère publique, mais au sein de l’aisaucogéiit raie. S"iz ■ cents
saisies réelles furent levees dans la seule généralité de Parts. Il rt’y eut que
doux cent lettres desurséanc demandé s à la chancellerie, qui en déli> tait
annuellement quatre tnillu. L'intérêt tomba au denier quatre-vingts;
le nombre des manufactures s'accrut des trois cinquièmes, suivant les
rapports dos inspecteurs, cl les négocions allaient engager dans les hos
pices tout ce qui restait de bras valides parmi losenfans et lus vieillards;
l’agriculture et le trésor public s'enrichirent du l’alfluence des étrangers
et de l'en eme progrès des consommations.
Comme nous ne comptons retracer qu’un fait particulier de la régr n-
ce, et qui occupa à peine une semaine dans celle période rapide et bril
lante do système, nous ne craignons pas d'ajouter encore quelques li
gnes aux pages que nous venons d’emprunter a Lemontey, elles serviront
a fixer l'opinion du lecteur sur une époque quo, selon nous, Lemonley a
lo premier l’honneur d’avoir appréciée avec justesse. 11 ajoute ;
« La nation, emportée dans eu torrent d’alfaires et de délices, oublia
la bulle et les remontrance-, les conspirations des bâtards et la guer
re d’E-pagne ; elle eût vu paisiblement décimer le parlement, dé
trôner Philippe V, décapiter lu duc du Maine, et introduire lo dit:
anglican. Alors mourut la veuve de Louis XIV, aussi obscu e-
incnt que l’eût fait la veuve de Scarron , vieille fcc , dit Saint-
Simon , donl la baguette était rompue. Sainl-Cyr même , qui i’é-
cmiad comme un oracle et la Vénérait comme une'fondatrice, sen.it
plutôt le vide que le regret de sa perte, et trouva peu de larmes pour
ses cendres dans tous ces jeunes cœurs qu’elle avait éloignés d’elle par
une étiquette froid t et hautaine. Un affrqux incend'e détruisit en oniier
* viif. de Sainie-Menehnuld. Plusieurs de ses habitons, attristés par ce
grani dé-astre, restèrent pour toujours privés de la raison. Le mêm
fléau dévora la ville de Rennes. Neuf cents maisons furent consumées.
On découvrit, sous les décombres, des scories brillantes et variées, sor
ties, comme l’airain de Corinthe, dus combinaisons fortuites de la corri-
bitslio t ; le luxe façonna et la mode répandit ces lamentables débris. Ce
fut par des partiras de femmes, et par que’ques futiles bijoux, que la
plupart des Français apprirent la destruction de la capitale d’une grande
province,
Dis esprits ainsi disposés rendaient tout gouvernement facile; la
régence figurait en quelque sorte le personnage fantastique qui doit un
jour, par la transmutation des métaux, arriver à la puissance univer
selle. Au dehors, notre diplomatie, marchant les ma.ns pleines d’or,
abaissait tous 'es obstacles; l’armée puisait dans l’abondance sa force et
sa fidélité; notre considération politique s’établissait par l'admiration des
étrangers pour nos finances; et l’envoyait Londres, Amsterdam contre
fit re notre rue Q tincampoix avec la grossièreté de plagiaires. Eu dedans
les courtisans étaient comblés de faveurs; les rnéenniensse rapprochaient
d’un ennemi prodigue; le peuple bénissait la suppression de la plupart
des impôts sur les comestibles; l’administration s’honorait, par d’utiles
baveux, lois que le c mil do Montargis, le pont de Blois, l’égdse de St -
R mit, a Paris, et par l’enlièrecomposition de compagnies de maréchaus
sée. aussi corrompues que des janissaires, par des habitudes vénales et
d tnestiques; un au're bienfait plus susceptible d'utilité, élait l’élab is-
S' ment de l’in-lruciion gratuite daus l’université du Paris. Ilolliri le cé
lébra dans un discours qui fut le germe de son excellent Traité des éludes.
Le temps manqua seul à de plus vastes desseins. Law entreprit de
remplac r tous les impôts par un denier royal, qui prélèverait le cen
tième des biens, et produirait deux cents inillio ts, somme alors suffi
sante pour les dépensas publiques. Le budgéta cru, comme ou le voit!
Law prétendait établir la levée de ce tribut avec quatre millions de
francs et initie employés, au lieu de cette foule de perceptions inégales
et oppressives qui coûtaient à l’état vingt millions, et livraient le peuple
à la cruelle industrie de quarante préposés. I.’id»e, comme le besoin ‘de
frapper au cœur te monstre de la bureaucratie, ne sont pas choses
nouvelles. Cependant l'historien auquel nous empruntons ces details, lout
en lo aol la grandeur des idées de Law, et en admirant la liberté d'es
prit dont avau besoin cet homme, assis alors sur lo volcan du système,
tout en avançant que les édits étaient dressés, ne pense pas, dit-il, sans
effroi, au bouleversement produit par une entreprise aussi téméraire.
On était alors dans un temps d’audace, et Law était plus audacieux
que son temps. Il eut encore lo projet d’abolir la vénalité par lo
rembonrsi ment de toutes les charges et de substituer en parlement
amovible une vielle compagnie souveraine. Cette idée porte trop
l'empreinte des passions françaises, pour qu'on soit surpris d’ap
prendre qu’elle appartenait moins aux méditations de l.aw, qu’aux
suggestions de l’abbé Dubois et du duc de la Force. Mais quelques bons
citoyens s’effrayèrent de perdre la seule digue qui pût contenir la
cour et la consp ration permanente des opinions ultramontain ts. Saint-
Simon fil, dans cette circonstance, le sacrifice si grand pour lui, de son
resst ntiment à sa probité, et le régent, donl l’attribut suprême était de
discuter sans agir, épargna le parlement plutôt par indolence que par p i
li ique. Dans la caducité d’une monarchie formée au hasard, du pièces
ii legulières ; c’était ppurlant un utilo bien qu’un corps nombreux, qtt-
avait conservé d’anciennes traditions, des mœurs graves et une autorité
r -spectée. Ou pouvait le comparer a ces tours gothiques dont la vue est
impo-'aiite et l’habitation incommode, mais qui soutiennent lo reste de
Téd fice.
Tous les historiens qui ont parlé de la régence et de Law, si on en ex
cepte Al. Tltiors (t), ont été plus sévères que Lernontey; Murmontel l'a, -
pelle un alftonleur; il oublie que Law vint en Franc 1 avec trois millions,
elqiiBcelhi.mtnequi,ens’échapp ml (c’est le mot propre),envoya une bague
dci enl mille francs au duc du Bout bon, pour le remercier do lui avoir
prêté son carrosse, gagna Venise avec un peu pus do mille louis.
Dodos, dont l’esprit avait plus d’étendue et de profondeur que celui de
l’nuu-ui- dus Contes moraux, leconnatl à Law quelques latens, mais il
avance qu’il ii’uVüii ni plan, ni objet détermine; il nous semble que co
que nous venons d’établir an commencement de cet ouvrage répond as-
si z à celle Singulière assertion ; il ajoute encore :
« Le plus inconcevable dus prodiges pour c -ux qui ont été témoins de
ce temps-la. et qui le regardent aujourd’hui comme un rêve, c’est qu’il
n’en ait pas résulté une révolution subite, que lo régent et Law ii’aiont
pus péri tragiquement ; ils étaient en horreur, mais on se bornait, à des
murmures ; un désespoir sombre et limid. , une consternation stupide
avaient saisi tous lus esprits; les cœuis étuio.il trop avilis pour être ca
pables de crimes courageux.
O t tient'n ail parer à la fois que d’honnêtes fi milles ruinées, de
misères secrètes, do fortunes odieuses, de nouveaux riches étonnes et
indignes de l'être, do grands méprisables, do plaisirs insensés, do luxe
scandaleux. »
l’eut êtto I) iclos a-t-il codé, en parlant ainsi, à cette aiuorlume
vive et haineuse qui distingue son style, peut-être aussi n’a-t-il pas
voulu se placer à la hauteur ou, si Ton veut, à la distance nécessaire,
pour bien juger le système. Toujours est-il qu'il nu relève qu“ les fautes,
qu’il dissimule les avantages, el rejette injustement sur Law ce qu’on
no peut imputer qu’a l’avidité de la noblesse et à l’impru tenue du gou
vernement.
La régence a do tout temps aussi été signa’éa comme l'époque du re
lâchement des mœurs en France ; on a dit qu’a dater de ce moment les
ma uts du peuple s étaient corrompues, el que l’anlique vertu, comme
Tumique bonne-foi, avaient quitté les coimitetçans el la bourgeoisie de
Paris, quand les actions du Mississipi pat ment put mi eux, el se gar
dèrent bien do revenir lorsque les actions ne furent plus qu’un papier
stérile. Nous l'avouerons, en regru tant quo celle époque de perturba
tion sociale ait altéré les mœurs du peuple ; mais nous ferons remarquer
que celle observation a été fuite souvent par dos hommes d’une position
élevée, comme s’ils eussent réclamé un droit, comme si ceux qui se sont
t ni rompus, on s’égalant à eux, du moins par leurs richesses, lus eussent
pr.vés d'une chose dont ils avaient la propriété exclusive, eussent entamé
t tirs privilèges. Voyez eut homme de robe, ont-ils eu l’air de dire, ce
bourge iis, il est vicieux comme un duc et pair. S'iigulier amour-propre,
que t’on remarque généralement dans les mémoires cl lus lettres du
temps qui a suivi la régence.
Dots les premiers jours du mois de mars 1720, vers les cinq heures
et demie du matin, arriva vers la grille du la rue Quincampoix qui lou
chait à la rue Aubty-le-Bottcher ( nous espétons qu’on nous pardonnera
la digression que nous a fait faire cuite rtiej, un homme, d’ttnu cinquan
taine d’année environ, dont la ligure , otm r.e et joviale, portail itéati-
n oins les marques évidentes du l’in'elltgenco et de la (iue.-se; une per-
t uuuu ronde et sans poudre, cachait une partie de son front large et
uni, son visage rond,son teint clair ut ses yeux bleus décelaient l’homme
du nord, qu’un reconnaissait aussi à une déni .relie un pou lourde ci à
une taille epaisso quoique élevée; il perlait un habit mari on garni de bou
tons d’acier, la veste et le haut du chausses pareils, des bas gris, et ses
j) eds niaient bien à Taise dans de gros souder» qu’ai tachaient dus boucles
u’argent; une espèce de couteau de chasse, à q ii une poignée a’ucier
bien luisante donnait quelque ressemblance avec une ciuyiiieie, pen
dait lo long do sa cuis»e gauche. J dm Ramsay. tel était son nom, pa
raissait prêt à entreprunure un ong voyage, ou a demeurer, suivant que
les cit cons'a lices exigeraieul do lut ou le travail sédentaire d’un bureau,
ou la vte plus active d'un voyageur; cependant, John Ramsay avait une
compagne qui fai-ail penser qu'il travail nulle envie du quitter Taris, et
que lo costume qu’il portait lui était habituel: le couteau de chasse qu il
avait à son côte, et dont sa main cure sait de loinj*S > n tenqts la poi
gnée, pouvait être regardé, ainsi que nous l’avons dit, comme une épée,
oui ment donl loin lo monde était armé'alors, et d’.iill-uts les assitssi-
(I) Voyez uu i-xc,■lient article intitulé l.aw, et inséré dans la première livrai
son de T Encyclopédie Progressive. 18*#.
1 '; als ’ communs à Taris, et queue prévenaient pas la maréchaussée,dont
1 organisation était tou le nouvelle, rendaient celle ptécauiion aussi habi
tuelle que riects aire. I.a personne à qui il donnait le bras était une jeune
tille do dix-sept ans environ, sur les trails do laqu lie un caractère étran
ger set faisait liret encore plus facilement. Kalty R ntsay, car l’honnête
J«*nn donnait le bras à sa lille, avait une de cos figures avec Itsquelies
Waller Scott nous a familiarisés, mais dont le lype élait lout à fait
nouveau à l'imagination même des Parisiens. Le séjour de Jacques II à
St-Gei main avait attiré à Taris quelques Irlandaises, et les rapports na
turels entre les capitales di s doux grands royaumes, avaient aussi sou
vent amené des Anglaises à Paris ; mais l’Ecosse était, en 1720, tout au
tre qu’aiijoiird’hui : on peut dire qu’elle avait alors plus de clans que do
villes. La C'yde roulait ses eaux sur des rives presque désertes; la jolio
Glascow élait loin de mériter ce titre, et i 0 commerce dos deux mondes
n’enrichissait pas encore la superbe Edimbourg. Les Ecossais, à demi-
sauvage-, no quittaient guère leurs montagnes; et Katty que P ut
10 monde, excepté son père el quelques compatriotes, appt latent Ca
therine; Katty, disons-nous, avec sa figure ovale, ses traits purs et
arrêtés, ses yeux aussi b'eus que le ciel do ses montagnes et L pro
fusion de cheveux b onds qui couvrait un front d’nrio bluncneiu
aussi transparente quo celle de l’albâtre, offrait à l’œil l’ensemble
d'une beauté aussi nouvelle que remarquable ; sa taille, bien prise êt
svelte n’était pas élevée, et, si on la regardait auprès de son père
grand et robuste montagnard, elle pouvait passer pour une petite
femme ; vêtue modestement d’une étoffé commune, qu'on appelait
brune lie ou grisolle, et qui a donné son nom à celle classe de j. unes
filles, dut La Fontaine dit : une grisellc est un trésor, on aurait pu
facilement prendre John Ram»ay et Catherine pour un fermier ut sa fille
égarés dans Taris, après avoir payé un quartier à leur seigneur. John
frappa de sa large main les barreaux de la grille, et se mit a crier.
— llola! Jacques, ouvrez, la foule va venir, et il lant que Joint Ram
say soit liiez lui avant que les acheteurs no se présentent
Jacques sortit d'une petite guérile en bois adossée contre la gti'.le, et
plus semblable à une loge à chiens qu’à la demeure d'un homme, telle
ment on éta t économe de la place dans la tue Quincampoix, et il vint
ouvrir à l'Écossais c'. à sa fille.
— Monsieur John Ramsay, dit-il en ôtant un feutre demi-militaire qui
lui couvrait la têde.
L'Écos-ais passa, ainsi quo Kally, et la porte de fer roula sur ses gonds
pour refermer la grille.
— Heureusement, murmura Jacqnes entre ses dents, lentes les rues
de Taris ne sont pas ainsi, sans cela ce serait pire que les barricades dont
mon père trie parlait toujours.
John traversa la ruo, où l’agiotage s’éveillait déjà, d'un pas lourd , et
qui sentait son financier ; il atteignit bientôt à une maison formant le
coin dos rues Q tincampoix et de Venise, vis-à-vis le cabaret de l'iipée-
de-Bois. L’hôte était sur lu porte et regardait des ouvriers éiançum r
sa maison déjà vieille et dont la façade lézard *o menaçait ruine. Tandis
que Catherine se faisait ouvrir la porte de sa maison, John s’avança vers
le propriétaire de Ylipcc dc-IJois.
— Eh bien ! maître Rlai-eatt, lui dit-il avec un léger accent étranger,
11 paraît que les billets font crouler lu maison, c’est cependant plus léger
que Tir ; eh! maître B aiseau, qu’en dites-voti»?
— Je dis, répondit Blaisean en ôtant son bonnet de coton , cl on indi
quant du geste Catherine qui disparut dans l'allée , que vous avez là un
beau brin de (ill \ el que si vous le vouliez elle serait bientôt la mal.russe
de VEpie-de-Bois.
Un léger sourire de dédain vint entr’ouvrir les lèvres de Ramsay.
— Combien avez-vous gagné au système? demanda-t-il an cnbarolior
en employant la méthode écossaise de répondre à une question par une
autre.
— As c ez , répondit B!ais°au d'un air malin, pour laisser tomber VE-
pêe-dc-Ilnis , si la vieille ma Mon a fiit sou temps , et pour acheter un
duché au Mississipi ou une lerro en France, si vous Tailliez mit ux.
— Ecoutez, dit John Ramsay, vous avez cinquante ans bientôt?...
— Cinquante-deux, vienne la saint Antoine, mon patron.
— Vous avez cinquante-deux ans, vous ôte? plus vieux que moi; Kat
ty, ma fille, n’en a que dix-sepl ; vous avez la figure ronge et bourgeon-
née, elle a le leim blond et uni ; enfin, vos cheveux grisonnent, votre
ventre fait honneur à votre métier, et Kally, au contraire, a une taille à
onCuTtncM- dans les dix doigts cl dos cheveux blonds comme l’or... Non,
maître B'aisean, je no forai pas comme ces pères qui tourmentent leurs
enfanspour leur trouver un mari, et je ne dirai jamais à Kiliy ; épouse
celui-ci ou celui-là ; je lui laisserai choisir celui qu'elle voudra.
Le prudent Ecossais s’arrêta a ces mois et dit en lui-même en forme
de r siriclion moniale :
— Pourvu qu’il soit Ecossais et ne soit pas catholique.
Maître Bla seau fut obligé de se c intenter de la promesse quo lui fit
John dune pas s’opposer à son mariage si Catherine y consentait, et eu
rival obligeant il s’empressa d'instruire le pèro do l’amoar de T'erre, lo
m nuisier voi-in. qui avait co lé ta boutique à des agioteurs, et qui ré
duit toujours dans la nie rien que pour voir Catherine.
— Il y a encore, dit le cabatetier. le petit l.ur.toix, vous savez bien, co
polit Lacroix qui était tapissier dans la rue Saint-Ilonoré, et qui a vendu
son fonds pour faite le commerce des actions.
— Parfaitement, répondit l’Ecossais.
— Mais, ajouta maître Blaireau, ça n’a pas de conduite, ce sonl des
mignons du z qui l’urg nl s’en va comme il vieni : el quo que M. La
croix se, permette de faire les yeux doux à Mlle Catherine, je s„i, qu'il so
donne les airs d’un gros seigneur, et qu’il entretient une marqui»e.
— Une ntatqiiise! s'écria John.
— Du moins, dit mal rc Blaisean avec un gros rire, une femme qui
a ur. équipage el. des laquais... peut-ôlro un t m irquise de Missis»ipi...
Co dernier trait no parut pas plaire à John R unsny, qui f onça lu sour
cil, et so disposa à rentrer ch z lui, tout an songeant à ce que la gardo
d’une jeune fille avait du difficile pour un pète; mais il n’en avait pas
fini avec teaiire Bluisaau :
—J’espère,lui du le cabarelier.quo si je n'épouse pas la fille.je ne per
drai pas la pratique du pèro : que faut-il vous faire monter pour votre
dt jeûner? du vin? Ou 1 non, vous n’en buvez pas do si bonne heure;
vous vous tmy z fc»tomac avec cutlo ntaud ie herbe qu'on yous etnoio
d’Angleterre. Voulez-vous du gibier? J’ai là deux l'ai-ans qui avaient été
préparés pour M. do Noué, mais il a été souper au Palais-Royal. J'ai un
pâté d’atigu lè s, un gigot deCharonno ot des tartres à la financière; si
vous aim z mieux des goujons, on va m'en apporter... Jo vois ce quo
c’est, monsieur Joint, vous voulez des tranches de bœuf grillées, vous
appelez cela du... d» roos, du rog, enfin, du bœuf rôti... Soyez Irsti-
quille, à dix heures, mon gâ'e-sntice sera cliuz vous, el vous serez con
tent do la cuisine de VEpèe-de-Bois.
John R .ntsay quitta son voisin bavard et monta chez lui. Dans ce
temps, Gemme nous l'avons dit, la possession de deux ou trois hôtels
étaient moins coûteuse que celle de deux petites chambres dans les élo
ges les plus élevés d'une maison de la ru■■ Q titteampuix. John p issa à
travers des mille comptoirs qui s’échelonnaient les uns sur les autres et
il arriva jusqu'au cinquième éiage, dans un appal'iœnent composé do
deux pièces, qu'il avau louées aussi cher qu'un palais. Quand il fut sur
le pallier, il entendit la voix de Ca herine, la jeune fille paraissait être
m conversation réglée avec un étranger.
;>es o, dit—il, »craii-co lu petit Lacroix qui entretient une marquise
du Missi.-sipi, ou M. T,erre le menuisier?
Il enii'u brusquement, et vit Catherine debout et roulant son tablier
dans ses doigts; elle parlait à un homme assis et enveloppé dans son
manteau.
— Mon pèro no peut pas tarder à monter, disait-elle.
— Je voudrais que le bavard so mordît la langue jusqu’au sang , di
sait cet homme, s'il larde encore, va le chercher, Catherine, six heures
approchent et je ne peux pas ro-ter ici plus long-temps.
Joint entra, cl, regardant cet homme d'un air ré.-olu :
— Qu’y a-t-il, dtt-.I d'abord... Ah ! monseigneur, fit-il ensuite , qui
vous aurait reconnu , caché sous ce manteau et- colle énorme perruque ?
Je viens de chez vous, monseigneur; ou m’a dit que vous av.ez couche à
Saint-Cloud.
i
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