Titre : Le Patriote : organe français libre
Éditeur : (Le Havre)
Date d'édition : 1944-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32833905k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 48 Nombre total de vues : 48
Description : janvier 1944 janvier 1944
Description : 1944/01 (N14). 1944/01 (N14).
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k877731t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, RES-G-1470 (277)
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/10/2012
2— Année — N* 14
'1H
ORGANE LIBRE DE LA FRANCE ENCHAÎNÉE
UN DISCOURS
Récemment, le Maréchal Smuts a
prononcé un discours qui a fait grand
bruit et dont les paroles ont résonné
désagréablement a nos oreilles. Main
tenant que les remous s’en sont apai
sés. réfléchissons. Il y a, dit-on, que la
vérité qui blesse, rappelons nous les
leçons de La Fontaine sur les flateurs:
Smuts aurait-il dit la vérité?
Que la France soit humiliée, qu'elle
ait pour l'instant perdu son indépen
dance et sa place parmi les meneurs
du jeu mondial, que ses chefs, sinon
la majeure partie de sa population
t qui, elle, est dressé contre l'ennemi )
soient divisés, c’est vrai encore, qu'il
lui faille après guerre fournir un gros
effort pour retrouver le rang qu elle
n'aurait pas du perdre, c'est vrai, tou
jours vrai. Plus encore, il est indénia
ble qu'elle assume une grande part de
responsabilité dans ses malheurs, par
l'oubli de ses devoirs, son dépeuple
ment, sadésunion.la soif de jouissance
de trop de français, et qu’il faudra re
venir à plus de sagesse pour remonter
la pente.
Cela eut-il été dit sur le terrain pri
vé, amicalement, entre camarades qui
usent entre eux de franchise, il eut fal
lu remercier le maréchal Smuts. Ce
qui est choquant c’est la manière~ffrte
moment choisi pour cette diatribe.
Quand la France saigne et souffre,
quand elle paie très cher ses propres
fautes et celles des autres, on peut
trouver inélégant qu'un ancien allié,
fils d'une française parait-il, proclame
sa déchéance à tous les échos: le ma
réchal Smuts n’est pas un gentleman.
Un service en vaut un autre . Si le
maréchal Smuts a voulu nous éclairer,
rendons lui cette complaisance : oui
la France d'aujourd'hui est malheureu
se, mais de son malheur l'Angleterre
n'est pas innocente. Qui, après 1918 a
contribué puissamment au relèvement
de l'Allemagne, s’opposant à la fonda
tion d’une Rhénanie indépendante et
nous laissant seuls sur le Rhin ? l'An
gleterre I Qui a soutenu chez nous des
gouvernements désastreux dont la
seule politique était d’abandonner tous
nos gages, entraver nos armements et
faire passer nos avions en Espagne ?
L'Angleterre ! Qui nous a précipité
dans l'effroyable aventure actuelle
presque sans aide dans l'idée de nous
faire essuyer les plâtres ? L’Angleter
re ! A franchise, franchise et demi. Si
l’Angleterre recommence après cette
guerre-ci comme après l’autre, le ma
réchal Smuts pourra bien ne pas tarder
à la rayer aussi des grandes puissan-
ces: car il s'en est fallu d’un cheveu
qu'elle ne roule avec nousâ l'abime et
elle n'aura peut être pas une deuxième
fois le court répit de l’été 1940 qui au
prix de notre écrasement l'a, elle, sau
vée. La leçon vaut pour tous deux: pour
elle comme pour nous, et elle coûte
cher à l’un comme à l'autre .
' Merci au maréchal Smuts de son
avertissement, mais qu'il ne s’oublie
pas lui même.
Maintenant laissons là le ministre
sud-africain, et ouvrons les lèvres d'un
Anglais, d'un très grand Anglais, dont
le fils tué à l'autre guerre, repose main
tenant en terre de France, et laissons
chanter dans nos coeurs les vers de
Rudyard Kipling.
“ France "
Broke to every known inischance, lifted
l over ail
By the light rane joy of life
Rompue à tous les malheurs possi
bles, qu’elle surmonte par sa légère et
saine joie de vivre, déchaînée dans le
luxe, sans répit dans la peine, terrible
par la force qu'elle tire de .yon sol infa-
tiguable; première à suivre la vérité,
dernière à abandonner les traditions,
France! Chère à toute âme qui aime son
semblable! D'autres ont pu nous rete
nir pour un moment mais leur attrait
n'a pas duré. Nous les avons quitté à
l’appel de nos étreintes! Dans la coupe
l’un de l’autre nous avons mélangé
larmes et sang, France A camarade
nous avons depuis toujours vécu ma
gnifiquement!
La plus belle lettre
de Noël.
On parle d'améliorer la jeunesse
mais on s’y prend drôlement. Quelle
singulière idée de mêler les écoliers
au., douloureux débats de conscieuce
qui déchirent notre société ! Or s'en
étonnerait, si l'on ne pouvait là, démê
ler facilement, un “ battage " scanda
leux du farcèné qui s'appelle Abel
Bonnard.
La plus belle lettre de Noël ? Voici
comment on pourrait l'écrire.
“ Mon Cher Papa
Je suis navré que tu passe encore
ces jours de fête loin de chez nous. Je
n'v comprend rien: On nous répète en
classe que la famille est tout ce qu'il
V a de plus beau, et on t’empêche tout
le temps d’être à la maison: moi même,
comme enfant de zone côtière, je se
rai obligé d’être tout seul si maman ne
m’avait pas fait revenir en cachette. Si
tu avais vu comme elle était heureuse
quand elle m’a retrouvé! Elle a dit que
les bombes et l'évacuation ne lui fai
saient pas peur pourvu qu’on soit en
semble.
L’autre jour on m’a dit que tu fai
sais des travaux forcés, alors j'ai pleuré
et j'ai dit que ce n’était pas vrai, que
mon papa n'était pas un voleur,
Au catéchisme aussi, l’autre jour Mr.
le Curé a lu l'Évangile : Le bon Jésus
parlait des enfants et il disait : “ Mal
heur a celui qui fera de la peine a l’un
de ces petits. ’’
Alors comment se fait-il qu'on ne
nous donne pas assez à manger; ni
pournous habiller, ni pour nous chauf
fer et qu’on nous enlève nos papas?
Mon cher papa, la fête de Noël est
bien jolie; mais je crois que si le bon Jé
sus vient et qu’il voit que tu n'est pas
là il sera très mécontent et il criera:
Qu’est-ce qu’on a fait du papa de cet
enfant! qu'on se dépêche de le faire
revenir. A-t-on idée de lui faire creu
ser des trancheés et construire des
blockhaus pendant que sa famille pleu
re et qu'il n'a pas ce qui lui faut ? Ou
sont les méchants qui ont faiteelà pour
que mon Père les punisse ?
Ton petit Pierre.
LE VAGABOND BIEN AIMÉ PRÉ
SENTE a SES AMIS LECTEURS, SES
MEILLEURS VŒUX DE BONHEUR
POUR 1944.
'1H
ORGANE LIBRE DE LA FRANCE ENCHAÎNÉE
UN DISCOURS
Récemment, le Maréchal Smuts a
prononcé un discours qui a fait grand
bruit et dont les paroles ont résonné
désagréablement a nos oreilles. Main
tenant que les remous s’en sont apai
sés. réfléchissons. Il y a, dit-on, que la
vérité qui blesse, rappelons nous les
leçons de La Fontaine sur les flateurs:
Smuts aurait-il dit la vérité?
Que la France soit humiliée, qu'elle
ait pour l'instant perdu son indépen
dance et sa place parmi les meneurs
du jeu mondial, que ses chefs, sinon
la majeure partie de sa population
t qui, elle, est dressé contre l'ennemi )
soient divisés, c’est vrai encore, qu'il
lui faille après guerre fournir un gros
effort pour retrouver le rang qu elle
n'aurait pas du perdre, c'est vrai, tou
jours vrai. Plus encore, il est indénia
ble qu'elle assume une grande part de
responsabilité dans ses malheurs, par
l'oubli de ses devoirs, son dépeuple
ment, sadésunion.la soif de jouissance
de trop de français, et qu’il faudra re
venir à plus de sagesse pour remonter
la pente.
Cela eut-il été dit sur le terrain pri
vé, amicalement, entre camarades qui
usent entre eux de franchise, il eut fal
lu remercier le maréchal Smuts. Ce
qui est choquant c’est la manière~ffrte
moment choisi pour cette diatribe.
Quand la France saigne et souffre,
quand elle paie très cher ses propres
fautes et celles des autres, on peut
trouver inélégant qu'un ancien allié,
fils d'une française parait-il, proclame
sa déchéance à tous les échos: le ma
réchal Smuts n’est pas un gentleman.
Un service en vaut un autre . Si le
maréchal Smuts a voulu nous éclairer,
rendons lui cette complaisance : oui
la France d'aujourd'hui est malheureu
se, mais de son malheur l'Angleterre
n'est pas innocente. Qui, après 1918 a
contribué puissamment au relèvement
de l'Allemagne, s’opposant à la fonda
tion d’une Rhénanie indépendante et
nous laissant seuls sur le Rhin ? l'An
gleterre I Qui a soutenu chez nous des
gouvernements désastreux dont la
seule politique était d’abandonner tous
nos gages, entraver nos armements et
faire passer nos avions en Espagne ?
L'Angleterre ! Qui nous a précipité
dans l'effroyable aventure actuelle
presque sans aide dans l'idée de nous
faire essuyer les plâtres ? L’Angleter
re ! A franchise, franchise et demi. Si
l’Angleterre recommence après cette
guerre-ci comme après l’autre, le ma
réchal Smuts pourra bien ne pas tarder
à la rayer aussi des grandes puissan-
ces: car il s'en est fallu d’un cheveu
qu'elle ne roule avec nousâ l'abime et
elle n'aura peut être pas une deuxième
fois le court répit de l’été 1940 qui au
prix de notre écrasement l'a, elle, sau
vée. La leçon vaut pour tous deux: pour
elle comme pour nous, et elle coûte
cher à l’un comme à l'autre .
' Merci au maréchal Smuts de son
avertissement, mais qu'il ne s’oublie
pas lui même.
Maintenant laissons là le ministre
sud-africain, et ouvrons les lèvres d'un
Anglais, d'un très grand Anglais, dont
le fils tué à l'autre guerre, repose main
tenant en terre de France, et laissons
chanter dans nos coeurs les vers de
Rudyard Kipling.
“ France "
Broke to every known inischance, lifted
l over ail
By the light rane joy of life
Rompue à tous les malheurs possi
bles, qu’elle surmonte par sa légère et
saine joie de vivre, déchaînée dans le
luxe, sans répit dans la peine, terrible
par la force qu'elle tire de .yon sol infa-
tiguable; première à suivre la vérité,
dernière à abandonner les traditions,
France! Chère à toute âme qui aime son
semblable! D'autres ont pu nous rete
nir pour un moment mais leur attrait
n'a pas duré. Nous les avons quitté à
l’appel de nos étreintes! Dans la coupe
l’un de l’autre nous avons mélangé
larmes et sang, France A camarade
nous avons depuis toujours vécu ma
gnifiquement!
La plus belle lettre
de Noël.
On parle d'améliorer la jeunesse
mais on s’y prend drôlement. Quelle
singulière idée de mêler les écoliers
au., douloureux débats de conscieuce
qui déchirent notre société ! Or s'en
étonnerait, si l'on ne pouvait là, démê
ler facilement, un “ battage " scanda
leux du farcèné qui s'appelle Abel
Bonnard.
La plus belle lettre de Noël ? Voici
comment on pourrait l'écrire.
“ Mon Cher Papa
Je suis navré que tu passe encore
ces jours de fête loin de chez nous. Je
n'v comprend rien: On nous répète en
classe que la famille est tout ce qu'il
V a de plus beau, et on t’empêche tout
le temps d’être à la maison: moi même,
comme enfant de zone côtière, je se
rai obligé d’être tout seul si maman ne
m’avait pas fait revenir en cachette. Si
tu avais vu comme elle était heureuse
quand elle m’a retrouvé! Elle a dit que
les bombes et l'évacuation ne lui fai
saient pas peur pourvu qu’on soit en
semble.
L’autre jour on m’a dit que tu fai
sais des travaux forcés, alors j'ai pleuré
et j'ai dit que ce n’était pas vrai, que
mon papa n'était pas un voleur,
Au catéchisme aussi, l’autre jour Mr.
le Curé a lu l'Évangile : Le bon Jésus
parlait des enfants et il disait : “ Mal
heur a celui qui fera de la peine a l’un
de ces petits. ’’
Alors comment se fait-il qu'on ne
nous donne pas assez à manger; ni
pournous habiller, ni pour nous chauf
fer et qu’on nous enlève nos papas?
Mon cher papa, la fête de Noël est
bien jolie; mais je crois que si le bon Jé
sus vient et qu’il voit que tu n'est pas
là il sera très mécontent et il criera:
Qu’est-ce qu’on a fait du papa de cet
enfant! qu'on se dépêche de le faire
revenir. A-t-on idée de lui faire creu
ser des trancheés et construire des
blockhaus pendant que sa famille pleu
re et qu'il n'a pas ce qui lui faut ? Ou
sont les méchants qui ont faiteelà pour
que mon Père les punisse ?
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