Titre : Le Travailleur normand havrais : paraissant le dimanche
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Rouen)
Date d'édition : 1909-10-17
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32880313v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 17 octobre 1909 17 octobre 1909
Description : 1909/10/17 (A18,N978). 1909/10/17 (A18,N978).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG14 Collection numérique : BIPFPIG14
Description : Collection numérique : BIPFPIG27 Collection numérique : BIPFPIG27
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6388847s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-90656, JO-90677
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/12/2012
i.)ix-Hui(ièmc Année-N° 978
Le Numéro DIX Centimes
Dimanche 17 Octobre 1909
LE TRAVAILLEUR '- MAVRAÏS
INSERTIONS :
Aunonces la ligne Ofr 60
Avis (l'inhumation.. - 1 fr. » !
KlclAines 2fr. n!
Rédaction A Administration :
1 Rite- Nalpalli, ItOUtiK
Bureaux au Havre :
Rue Jettu-Uaptisle Kyriès
Dépêt : VACHER, 6, place Gambetta
• Les abonnements se paient à
l'avance et se font à partir du
1er et 16 de chaque mois.
ORGANE RÉPUBLICAIN.
, .-
fl.oIiÎ'I"9fIII#. :-"f" - "",,,., .,,\ .: ,.;<. '<
.- de la Seine-Inférieure, de l'Eure et du Calvados
PARAISSANT LE DIMANCHE
ABONNEMENTS
Seinc-hifi-ricure, Eure et
dépHI'tcnH'lIh limitrophes.. 4 fr.
Autres;irLemeiits 5 fr.
SIX MOIS
Scine-Iiifrricure, liure et
départements limitrophes.. 2 IV. 10
Autres cl{-parlements. ,.", 2 fr. 7
Toulc la forresnondanoe conccr-
rwinl le journal tloitèlre 41I1 e:«sée
il M. le Directeur «lu Travailleur
Normand.
L'ASSASSINAT de FERRER
Il n'existe pus de ternie assez
vil pour qualifier comme il
convient l'acte odieux que vient
d'accomplir le gouvernement
espagnol.
On s'est débarrassé de Fran-
cisco Ferrer comme on se dé-
barrasse d'un chien galeux ou
d'un animal nuisible.
Ce n'est pas une (xéctltion,
c'est un lâche assassinat dont le
ministère Maura n'est que trop
responsable.
Quel était donc le crime de
Francisco Ferrer pour qu'on le
supprime avec autant de désin-
volture?
Etait-ce d'avoir essavé d ar-
f
racher l'Espagne à la dOlnina-
tion cléricale en préconisant la
laïcisation des institutions ibé-
riquesq
Et quand) bien même ceci
constituerait un crime envers
leghabitudes routinières de la
politique espagnole, les doctri-
nes de Ferrer n'étaient jusqu'a-
lo s qu'à l'état théorique et
* nulle preuve n'a encore établi
que le libre-penseur soit allé
personnellement jusqu'aux ac-
tesl
Toutes les nations civilisées
protestent avec véhémence
contre l'iniquité d'un châtiment
immérité dont elles compren-
nent toute l'horreur et dont les
conséquences apparaissent dès
maintenant comme devant
être terribles î
Quelle qu'en soit la gravilé,
on ne condamne plus à mort
pour un délit politique.
L'Espagne se livre encore à
des fantaisies de ce genre sous
la domination des moines et
des curés.
Fantaisie d'autant plus igno-
ble qu'aucune preuve maté-
rielle de culpabilité n'a été re-
levée contre Ferrer.
L'acte innommable du gou-
vernement espagnol a été jugé
très sévèrement par la presse à
quelle qu'opinion qu'elle appar-
tienne.
y « Désormais, nous dit le Son, le
forfait est perpétré, puisse le peuple
espagnol n'avoir pas à se repentir de
sa lâcheté. »
Sous le litre : « Un crime
politique », le Siècle s'est écrié :
« Le crime qui, hier, nous sem-
blait impossible, est accompli.
« Arrêté sans raisons, condamné
sans témoins et sans preuves, Ferrer
a été envoyé à la mort par un gou-
vernement qui a peifr et par un roi
qui n'a pas su avoir pitié. , , , , , ,
« Quant à ceux qui ont fait périr
Ferrer, ajoute-t-il plus loin, il ne dé-
pend plus à personne d'effacer leur
responsabilité. Il est trop tard pour
sauver la victime; il est trop lard
aussi pour sauver les bourreaux. »
Dans le Soleil, M. Dupuy re-
grette que « des raisons d'ordre
« public et de dignité nationale
« n'ait pas permis au gouverne-
« ment espagnol d'user de clé-
mence. »
M. Jaurès, dans Y Humanité,
déclare judicieusement que « la
« mort de Ferrer est un eauehe-
« mar sinis re qui va peser des
aannées sur la royauté et rls-
« pa gne. »
Le lladical dit :
« Francisco Ferrer est tombé de-
bout, la tète haute, plein de sérénité,
en héros et en martyr de ses con-
victions, victime de la haine impla-
cable que lui avait vouée le fana-
tisme clérical.
« Les soldats qui l'ont exécuté
n'ont été que l'instrument passif
d'une atroce vengeance. En réalité,
ce sont les prêtres qui l'ont fusillé,
espérant supprimer avec lui les droits
sacrés de l'intelligence, l'indépen-
dance de la conscience et la protes-
tation immortelle de la raison contre
les superstitions dont ils sont les
gardiens intéressés.
« La date du 12 octobre 11)09 est
pour l'Espagne celle d'un saut irré-
parable dans les ténèbres sanglantes
où s'éteignent toutes les clartés. »
« Le gouvernement qui a pcr-
« pétré ce forfait se met au ban
« de la civilisation » , ajoute
l'Aurore ; et dans ïAction, M.
Bérenger proteste énergiquc..
ment contre L. monstrueuse
exécution de Francesco Ferrer
qui n'est pas seulement le crime
d'un gouvernement, c'est aussi
le déshonneur d'une dynastie
et la honte d'une nation. La
conscience de l'humanité toute
entière protestera longtemps
contre une vengeance politique
et religieuse accomplie avec le
raffinement de froide atrocité
qui convenait au pays de Tor-
quemada et de Loyola, à ce
pays d'horreurs savantes im-
mortalisées par le génie d'un
Goya.
Jusqu'à la République Fran-
çaisc qui déclare, par la plume
de M. Fzy, qu'un point de vue
du gouvernement espagnol
Ferrer avait mérité vingt fois
la mort; tout de même, conclu t-
il, Machiavel n'aurait pas fu-
sillé Ferrer.
*
f ¥
On se rend aisément compte
de l'opinion générale et de la
haine plus où moins contenue
qu'éprouvenl Ú riieurc actuelle
les gens de tous les pays et de
tous les partis contre le jeune
tyran espagnol.
A Paris, une émeute a eu lien
au soir de l'exécution, un agent
de police y a troll é la mort,
victime du devoir; de nom-
breuses personnes ont été bles-
sées, tristes conséquences!
On attendait autre chose de
ce jeune souverain lors de sa
.I i ll loi-s ( 1 S«,l
protestation contre la papauté.
Il s'est cependant présenté
quelqu'un dans notre région
pour trouver que ce roi était
un monarque hwn, brave et
sympathique, et ce quelqu'un
n'est autre que le Journal de
Rouen.
Que d'indulgence !
L'ermite de la rue Saint-Lô,
considère Alphonse Xlii comme
un bon roi, probablement par-
ce qu'il n'a pas écoulé les sup-
pliques qui lui sont parvenues
de toutes parts et notamment
celle de Mlle Paz Ferrer, la fille
du supplieiél
Brave! parce qu'il n'a pas osé
résister aux menées cléricales et
aux conseils de l'Eglise catho-
lique !
Sympathique! La protesta-
tion universelle dont son gou-
vernement est actuellement
l'objet, est une marque de
sympathie bien contestable!
Mais le Journal de Rouen n'y
regarde pas de si près, et si la
grâce juvénile d'Alphonse XIII
fut un jour populai e à Paris,
chez les dames de la Halle, il
est fort probable qu'aujourd'hui
cette popularité a sensiblement
diminué!
Quoiqu'il en soit, Ferrer est
mort en martyr, victime de ses
opinions, victime de ses pen-
sées; jugé sans preuve et con-
damné injustement par un tri-
bunal composé de lâches bour-
reaux que regardait impassible
un monarque inconscient!
Au Travailleur Normand, nous
n'avons jamais été partisansdes
agissements révolutionnaires et
nous sommes loin d approuver
les faits et gestes des chambar-
deurs de- gouvernements. Mais
devant l'acte ignoble rçui vient
de salir les marches du trône
d'Espagne, nous nous associons
avec la plus grande énergie à la
protestation générale !
Jean MESNIL
Le Congrès républicain-radical
et radical-socialiste à Rouen
Le Congrès du parti républicain
radical et radical-socialiste qui vient
de se terminer à tantes, tiendra ses
prochaines assises à Rouen.
C'est donc la Fédération répuhli-
caine, radicale et radicale-socialiste
des comités de la Seine-Inférieure,
dont le président est M. Louis Millier,
qui sera chargée d'organiser, de
Il concert avec le Comité Exécutif, le
[ Congrès de 1910*
Le Cas du général d'Amade 1
Trop gratter cuit ! Trop parler
nuit ! ainsi peut se résumer le cas
du général d'Amade.
A peine cet officier est-il revenu
du Maroc, où, d'ailleurs, il conduisit
nos troupes avec une science de
stralégiste que chacun s'est plu à lui
reconnaître Ú son heure, que la ma-
nie l'a pris de discourir et de se faire
interviewer par les réducteurs d'un
journal à grandes informations.
Le général d'Amade avait proba-
blement lu, pendant les farniente du
camp, l'art d'apprendre à parler en
public, dont nous entretenait derniè-
rement l'ami Jean dans un quotidien
local.
Bref 1 le ministère a décidé de pro- 1
noncer sa mise en disponibilité.. j
Voilà à quoi lui a servi son incon-
tinence de lang «ge ; avait-il donc be-
soin de jeter le cri d'alarme à propos
des projets que l'on prèle à l'Espa-
gne sur le Maroc.
L'occupation du territoire maro-
cain par nos voisins d'Outre-Pyré-
nées présente un danger réel pour
nos frontières algériennes, mais il
n'appartenaitpas au général d'Amade
de lancer par la voie du Malin un
cri d'alarme, bien qu'il fut justifié
par de légitimes préoccupations pa-
triotiques.
Nous nous sommes inclinés na-
guère lorsque Monsieur Clémenceau
lrappa l'amiral Germinet, de même
que nous nous inclinons devant la
sentence qui frappe aujourd'hui le
général d'Amade.
Cet ollicier est un excellent servi-
teur, c'est entendu, mais dans son
intérêt, il eût mieux fait de se taire !
Un discours de M. Briand
M. Aristide Briand h prononcé,
dimanche dernier, à Périgueux, un
discours dont le retentissement a été
considérable dans le monde politi-
que et sur lequel la presse a émis
les appréciations les plus diverses.
Pendant que certains journaux
progressistes déclarent que c'est
M. Brhmd qui pense, mais ce sont
certainement ses partisans libres-
penseurs, socialistes et francs-ma-
çons, qui agissent, c'est le président
du conseil qui parle, mais ce sont
les chefs de la majorité qui font les
gestes, tt tons leurs gestes sont
odieux ; les socialistes découvrent
une contradiction complète entre
les paroles du chef du gouvernement
et les vœux de la majorité radi-
cale.
Chaque org nie politique n'a pas
manqué d'arranger le discours Briand
à la sauce qui convenait à son parti,
tout en l'assaisonnant de commen-
taires plus ou moins en contradic-
tion.
Quoiqu'il en soit, les déclarations
du président du conseil peuvent te-
nir lieu de programme à la politique
qu'il se dispose à suivre et les répu-
blicains auront jugé d'ores et déjà
que ces paroles étaient de bonne au-
gure.
INCOMPÉTENCE
Les événements d'Espagne arrivent
à propos pour servir d'exemple con-
tradictoire aux théories de VAvant-
Garde en matière de compétence
gouvernementale.
Alphonse XIII vient de donner la
preuve éclatante que pour diriger les
intérêts et la politique d'une nation
avec discernement, il faut être issu
de souche royale,
Voilà un garçon qui s'attire aujour-
d'hui la haine, non seulement de la
majeure partie de son peuple, niais
aussi celle de ses voisins.
Il avait cependant un moyen bien
simple pour coneitlier les habitudes
de son pays avec l'opinion publique,
c'était de faire expatrier Ferrer puis-
qu'il voyait en lui un gèncur. Point
n'était besoin (lul e fusiller l
Mais son altesse inexpérimentée,
à préférer suivie les conseils que lui
soufflent à l'oreille probablement que!
qu'émissaire du pape.
Qu'elle prenne bien garde son al-
tesse, les conseilleurs ne sont pas les
payeurs t
L'Ecole moderne
Pour nos futurs mailras d'école
L'Ecole moderne! c'est un noble
titre que revendiquait el un noble
but que poursuivait ce malheureux
Ferrer qui vient de succomber préci-
sément victime de l'école antique et
moyenâgeuse. Chez nous, l'école mo-
derne, c'est-à-dire laïque, prospère
heureusement s depuis longtemps.
Toutefois et précisément, parce
qu'elle est llorissante, il est permis
de signaler à l'occasion les petites
tares (oh! combien petites!) que ses
meilleurs ou plutôt ses futurs prota-
gonistes peuvent exceptionnellement
présenter.
Ainsi, par exemple, jeudi dernier
au début de l'après-midi, on pouvait
voir sur le Pont-Corneille, celui.
vous savez, qui relie la rive gauche
de la Seine Ú la rive droite du même
neuve, et réciproquement, selon la
pittoresque et saisissante expression
d'un ex-futur homme d'état, bien
connu dans notre ville - on pouvait
voir, disons-nous, une longue
théorie de jeunes gens revêtus d'un
uniforme avec palmes bleues au re-
vers du veston, suivant joyeusement
le trottoir d'amont.
(Jetaient les élèves de l'Ecole Nor-
male, nos instituteurs de l'avenir,
qui prenaient leur hebdomadaire
congé.
Le soleil, bien qu'un peu anémi-
que, luisait gentiment ; aussi, par ce
beau jour d'automne, dans l'oubli
des laborieuses besognes accoutu-
mées, leevisages s'éclairaient-ils d'une
juvénile et franche gaîté !
A cet âge surtout, la gailé est légi-
time, mais, il ne faut pas, cependant,
qu'elle devienne par trop exubérante,
car alors, elle n'est pas loin de dé-
passer la limite des convenances ;
c'est ainsi qu'il en advînt d'ailleurs
l'autre jour.
Trois modestes ouvrières, du reste
gentilles avec leurs toilettes d'alertes
trottins, vinrent à passer en sens in-
verse ; ce fut le signal de l'exubé-
raiffce 1 dans les rangs des normaliens,
d'un bout à l'autre de la bande, les
rires, les réflexions, les quolibets
fusèrent effrontément à l'adresse des
jouvencelles qui rougissaient et pa-
raissaient ne plus savoir où se
mettre.
Oh ! nous ne sommes pas des em-
pêcheurs de danser en rond, et nous
trouvons très naturel qu'un jitme
homme regarde une belle iille.,
mais de là, à se mettre cinquante
pour lancer des plaisanteries plus ou
moins spirituelles à l'adresse de trois
humbles midinettes qui rougissent
et sont ennuyées sous l'attaque, il y
a loin l
Que diable ! quand on porte un
uniforme sévère et qu'on se destine
au rôle d'éducateurs de l'enfance, un
peu plus de tenue sur la voie publi-
que est sans doute de rigueur. Mes-
sieurs les normaliens feront bien d'y
faire attention une autre fois.
Comme la femme de César, les
maîtres de l'école moderne, c'est à
dire laïque, doivent être insoup-
çonnés. Un passant
Le Numéro DIX Centimes
Dimanche 17 Octobre 1909
LE TRAVAILLEUR '- MAVRAÏS
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Aunonces la ligne Ofr 60
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1er et 16 de chaque mois.
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Autres
SIX MOIS
Scine-Iiifrricure, liure et
départements limitrophes.. 2 IV. 10
Autres cl{-parlements. ,.", 2 fr. 7
Toulc la forresnondanoe conccr-
rwinl le journal tloitèlre 41I1 e:«sée
il M. le Directeur «lu Travailleur
Normand.
L'ASSASSINAT de FERRER
Il n'existe pus de ternie assez
vil pour qualifier comme il
convient l'acte odieux que vient
d'accomplir le gouvernement
espagnol.
On s'est débarrassé de Fran-
cisco Ferrer comme on se dé-
barrasse d'un chien galeux ou
d'un animal nuisible.
Ce n'est pas une (xéctltion,
c'est un lâche assassinat dont le
ministère Maura n'est que trop
responsable.
Quel était donc le crime de
Francisco Ferrer pour qu'on le
supprime avec autant de désin-
volture?
Etait-ce d'avoir essavé d ar-
f
racher l'Espagne à la dOlnina-
tion cléricale en préconisant la
laïcisation des institutions ibé-
riquesq
Et quand) bien même ceci
constituerait un crime envers
leghabitudes routinières de la
politique espagnole, les doctri-
nes de Ferrer n'étaient jusqu'a-
lo s qu'à l'état théorique et
* nulle preuve n'a encore établi
que le libre-penseur soit allé
personnellement jusqu'aux ac-
tesl
Toutes les nations civilisées
protestent avec véhémence
contre l'iniquité d'un châtiment
immérité dont elles compren-
nent toute l'horreur et dont les
conséquences apparaissent dès
maintenant comme devant
être terribles î
Quelle qu'en soit la gravilé,
on ne condamne plus à mort
pour un délit politique.
L'Espagne se livre encore à
des fantaisies de ce genre sous
la domination des moines et
des curés.
Fantaisie d'autant plus igno-
ble qu'aucune preuve maté-
rielle de culpabilité n'a été re-
levée contre Ferrer.
L'acte innommable du gou-
vernement espagnol a été jugé
très sévèrement par la presse à
quelle qu'opinion qu'elle appar-
tienne.
y « Désormais, nous dit le Son, le
forfait est perpétré, puisse le peuple
espagnol n'avoir pas à se repentir de
sa lâcheté. »
Sous le litre : « Un crime
politique », le Siècle s'est écrié :
« Le crime qui, hier, nous sem-
blait impossible, est accompli.
« Arrêté sans raisons, condamné
sans témoins et sans preuves, Ferrer
a été envoyé à la mort par un gou-
vernement qui a peifr et par un roi
qui n'a pas su avoir pitié. , , , , , ,
« Quant à ceux qui ont fait périr
Ferrer, ajoute-t-il plus loin, il ne dé-
pend plus à personne d'effacer leur
responsabilité. Il est trop tard pour
sauver la victime; il est trop lard
aussi pour sauver les bourreaux. »
Dans le Soleil, M. Dupuy re-
grette que « des raisons d'ordre
« public et de dignité nationale
« n'ait pas permis au gouverne-
« ment espagnol d'user de clé-
mence. »
M. Jaurès, dans Y Humanité,
déclare judicieusement que « la
« mort de Ferrer est un eauehe-
« mar sinis re qui va peser des
aannées sur la royauté et rls-
« pa gne. »
Le lladical dit :
« Francisco Ferrer est tombé de-
bout, la tète haute, plein de sérénité,
en héros et en martyr de ses con-
victions, victime de la haine impla-
cable que lui avait vouée le fana-
tisme clérical.
« Les soldats qui l'ont exécuté
n'ont été que l'instrument passif
d'une atroce vengeance. En réalité,
ce sont les prêtres qui l'ont fusillé,
espérant supprimer avec lui les droits
sacrés de l'intelligence, l'indépen-
dance de la conscience et la protes-
tation immortelle de la raison contre
les superstitions dont ils sont les
gardiens intéressés.
« La date du 12 octobre 11)09 est
pour l'Espagne celle d'un saut irré-
parable dans les ténèbres sanglantes
où s'éteignent toutes les clartés. »
« Le gouvernement qui a pcr-
« pétré ce forfait se met au ban
« de la civilisation » , ajoute
l'Aurore ; et dans ïAction, M.
Bérenger proteste énergiquc..
ment contre L. monstrueuse
exécution de Francesco Ferrer
qui n'est pas seulement le crime
d'un gouvernement, c'est aussi
le déshonneur d'une dynastie
et la honte d'une nation. La
conscience de l'humanité toute
entière protestera longtemps
contre une vengeance politique
et religieuse accomplie avec le
raffinement de froide atrocité
qui convenait au pays de Tor-
quemada et de Loyola, à ce
pays d'horreurs savantes im-
mortalisées par le génie d'un
Goya.
Jusqu'à la République Fran-
çaisc qui déclare, par la plume
de M. Fzy, qu'un point de vue
du gouvernement espagnol
Ferrer avait mérité vingt fois
la mort; tout de même, conclu t-
il, Machiavel n'aurait pas fu-
sillé Ferrer.
*
f ¥
On se rend aisément compte
de l'opinion générale et de la
haine plus où moins contenue
qu'éprouvenl Ú riieurc actuelle
les gens de tous les pays et de
tous les partis contre le jeune
tyran espagnol.
A Paris, une émeute a eu lien
au soir de l'exécution, un agent
de police y a troll é la mort,
victime du devoir; de nom-
breuses personnes ont été bles-
sées, tristes conséquences!
On attendait autre chose de
ce jeune souverain lors de sa
.I i ll loi-s ( 1 S«,l
protestation contre la papauté.
Il s'est cependant présenté
quelqu'un dans notre région
pour trouver que ce roi était
un monarque hwn, brave et
sympathique, et ce quelqu'un
n'est autre que le Journal de
Rouen.
Que d'indulgence !
L'ermite de la rue Saint-Lô,
considère Alphonse Xlii comme
un bon roi, probablement par-
ce qu'il n'a pas écoulé les sup-
pliques qui lui sont parvenues
de toutes parts et notamment
celle de Mlle Paz Ferrer, la fille
du supplieiél
Brave! parce qu'il n'a pas osé
résister aux menées cléricales et
aux conseils de l'Eglise catho-
lique !
Sympathique! La protesta-
tion universelle dont son gou-
vernement est actuellement
l'objet, est une marque de
sympathie bien contestable!
Mais le Journal de Rouen n'y
regarde pas de si près, et si la
grâce juvénile d'Alphonse XIII
fut un jour populai e à Paris,
chez les dames de la Halle, il
est fort probable qu'aujourd'hui
cette popularité a sensiblement
diminué!
Quoiqu'il en soit, Ferrer est
mort en martyr, victime de ses
opinions, victime de ses pen-
sées; jugé sans preuve et con-
damné injustement par un tri-
bunal composé de lâches bour-
reaux que regardait impassible
un monarque inconscient!
Au Travailleur Normand, nous
n'avons jamais été partisansdes
agissements révolutionnaires et
nous sommes loin d approuver
les faits et gestes des chambar-
deurs de- gouvernements. Mais
devant l'acte ignoble rçui vient
de salir les marches du trône
d'Espagne, nous nous associons
avec la plus grande énergie à la
protestation générale !
Jean MESNIL
Le Congrès républicain-radical
et radical-socialiste à Rouen
Le Congrès du parti républicain
radical et radical-socialiste qui vient
de se terminer à tantes, tiendra ses
prochaines assises à Rouen.
C'est donc la Fédération répuhli-
caine, radicale et radicale-socialiste
des comités de la Seine-Inférieure,
dont le président est M. Louis Millier,
qui sera chargée d'organiser, de
Il concert avec le Comité Exécutif, le
[ Congrès de 1910*
Le Cas du général d'Amade 1
Trop gratter cuit ! Trop parler
nuit ! ainsi peut se résumer le cas
du général d'Amade.
A peine cet officier est-il revenu
du Maroc, où, d'ailleurs, il conduisit
nos troupes avec une science de
stralégiste que chacun s'est plu à lui
reconnaître Ú son heure, que la ma-
nie l'a pris de discourir et de se faire
interviewer par les réducteurs d'un
journal à grandes informations.
Le général d'Amade avait proba-
blement lu, pendant les farniente du
camp, l'art d'apprendre à parler en
public, dont nous entretenait derniè-
rement l'ami Jean dans un quotidien
local.
Bref 1 le ministère a décidé de pro- 1
noncer sa mise en disponibilité.. j
Voilà à quoi lui a servi son incon-
tinence de lang «ge ; avait-il donc be-
soin de jeter le cri d'alarme à propos
des projets que l'on prèle à l'Espa-
gne sur le Maroc.
L'occupation du territoire maro-
cain par nos voisins d'Outre-Pyré-
nées présente un danger réel pour
nos frontières algériennes, mais il
n'appartenaitpas au général d'Amade
de lancer par la voie du Malin un
cri d'alarme, bien qu'il fut justifié
par de légitimes préoccupations pa-
triotiques.
Nous nous sommes inclinés na-
guère lorsque Monsieur Clémenceau
lrappa l'amiral Germinet, de même
que nous nous inclinons devant la
sentence qui frappe aujourd'hui le
général d'Amade.
Cet ollicier est un excellent servi-
teur, c'est entendu, mais dans son
intérêt, il eût mieux fait de se taire !
Un discours de M. Briand
M. Aristide Briand h prononcé,
dimanche dernier, à Périgueux, un
discours dont le retentissement a été
considérable dans le monde politi-
que et sur lequel la presse a émis
les appréciations les plus diverses.
Pendant que certains journaux
progressistes déclarent que c'est
M. Brhmd qui pense, mais ce sont
certainement ses partisans libres-
penseurs, socialistes et francs-ma-
çons, qui agissent, c'est le président
du conseil qui parle, mais ce sont
les chefs de la majorité qui font les
gestes, tt tons leurs gestes sont
odieux ; les socialistes découvrent
une contradiction complète entre
les paroles du chef du gouvernement
et les vœux de la majorité radi-
cale.
Chaque org nie politique n'a pas
manqué d'arranger le discours Briand
à la sauce qui convenait à son parti,
tout en l'assaisonnant de commen-
taires plus ou moins en contradic-
tion.
Quoiqu'il en soit, les déclarations
du président du conseil peuvent te-
nir lieu de programme à la politique
qu'il se dispose à suivre et les répu-
blicains auront jugé d'ores et déjà
que ces paroles étaient de bonne au-
gure.
INCOMPÉTENCE
Les événements d'Espagne arrivent
à propos pour servir d'exemple con-
tradictoire aux théories de VAvant-
Garde en matière de compétence
gouvernementale.
Alphonse XIII vient de donner la
preuve éclatante que pour diriger les
intérêts et la politique d'une nation
avec discernement, il faut être issu
de souche royale,
Voilà un garçon qui s'attire aujour-
d'hui la haine, non seulement de la
majeure partie de son peuple, niais
aussi celle de ses voisins.
Il avait cependant un moyen bien
simple pour coneitlier les habitudes
de son pays avec l'opinion publique,
c'était de faire expatrier Ferrer puis-
qu'il voyait en lui un gèncur. Point
n'était besoin (lul e fusiller l
Mais son altesse inexpérimentée,
à préférer suivie les conseils que lui
soufflent à l'oreille probablement que!
qu'émissaire du pape.
Qu'elle prenne bien garde son al-
tesse, les conseilleurs ne sont pas les
payeurs t
L'Ecole moderne
Pour nos futurs mailras d'école
L'Ecole moderne! c'est un noble
titre que revendiquait el un noble
but que poursuivait ce malheureux
Ferrer qui vient de succomber préci-
sément victime de l'école antique et
moyenâgeuse. Chez nous, l'école mo-
derne, c'est-à-dire laïque, prospère
heureusement s depuis longtemps.
Toutefois et précisément, parce
qu'elle est llorissante, il est permis
de signaler à l'occasion les petites
tares (oh! combien petites!) que ses
meilleurs ou plutôt ses futurs prota-
gonistes peuvent exceptionnellement
présenter.
Ainsi, par exemple, jeudi dernier
au début de l'après-midi, on pouvait
voir sur le Pont-Corneille, celui.
vous savez, qui relie la rive gauche
de la Seine Ú la rive droite du même
neuve, et réciproquement, selon la
pittoresque et saisissante expression
d'un ex-futur homme d'état, bien
connu dans notre ville - on pouvait
voir, disons-nous, une longue
théorie de jeunes gens revêtus d'un
uniforme avec palmes bleues au re-
vers du veston, suivant joyeusement
le trottoir d'amont.
(Jetaient les élèves de l'Ecole Nor-
male, nos instituteurs de l'avenir,
qui prenaient leur hebdomadaire
congé.
Le soleil, bien qu'un peu anémi-
que, luisait gentiment ; aussi, par ce
beau jour d'automne, dans l'oubli
des laborieuses besognes accoutu-
mées, leevisages s'éclairaient-ils d'une
juvénile et franche gaîté !
A cet âge surtout, la gailé est légi-
time, mais, il ne faut pas, cependant,
qu'elle devienne par trop exubérante,
car alors, elle n'est pas loin de dé-
passer la limite des convenances ;
c'est ainsi qu'il en advînt d'ailleurs
l'autre jour.
Trois modestes ouvrières, du reste
gentilles avec leurs toilettes d'alertes
trottins, vinrent à passer en sens in-
verse ; ce fut le signal de l'exubé-
raiffce 1 dans les rangs des normaliens,
d'un bout à l'autre de la bande, les
rires, les réflexions, les quolibets
fusèrent effrontément à l'adresse des
jouvencelles qui rougissaient et pa-
raissaient ne plus savoir où se
mettre.
Oh ! nous ne sommes pas des em-
pêcheurs de danser en rond, et nous
trouvons très naturel qu'un jitme
homme regarde une belle iille.,
mais de là, à se mettre cinquante
pour lancer des plaisanteries plus ou
moins spirituelles à l'adresse de trois
humbles midinettes qui rougissent
et sont ennuyées sous l'attaque, il y
a loin l
Que diable ! quand on porte un
uniforme sévère et qu'on se destine
au rôle d'éducateurs de l'enfance, un
peu plus de tenue sur la voie publi-
que est sans doute de rigueur. Mes-
sieurs les normaliens feront bien d'y
faire attention une autre fois.
Comme la femme de César, les
maîtres de l'école moderne, c'est à
dire laïque, doivent être insoup-
çonnés. Un passant
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