Titre : Recueil des publications de la Société havraise d'études diverses
Auteur : Société havraise d'études diverses. Auteur du texte
Éditeur : Impr. Lepelletier (Hâvre)
Éditeur : Société havraise d'études diversesSociété havraise d'études diverses (Le Havre)
Date d'édition : 1909-10-01
Contributeur : Michaud, Charles (secrétaire de la Société havraise d'études diverses). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32849663k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 37174 Nombre total de vues : 37174
Description : 01 octobre 1909 01 octobre 1909
Description : 1909/10/01 (A76)-1909/12/31. 1909/10/01 (A76)-1909/12/31.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6112552s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-157961
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
- Aller à la page de la table des matières407
- 1er fascicule - 1er trimestre
- .......... Page(s) .......... 5
- .......... Page(s) .......... 5
- .......... Page(s) .......... 6
- .......... Page(s) .......... 8
- .......... Page(s) .......... 8
- .......... Page(s) .......... 11
- .......... Page(s) .......... 17
- .......... Page(s) .......... 63
- .......... Page(s) .......... 73
- .......... Page(s) .......... 115
- .......... Page(s) .......... 125
- 2me fascicule - 2me trimestre
- 3me fascicule - 3me trimestre
- 4me fascicule - 4me trimestre
— 295 —
deur! Comme on admirait Victor Hugo! » Il eût pu ajouter : et
comme on s'efforçait surtout d'imiter les habitués du petit Céna-
cle, les Gérard de Merval, les Jehan du Seigneur, les Augustus
Mac-Keat, les Joseph Bouchardy, les Pétrus Borel, les Théophile
Gauthier et les Devéria ! Comme on trouvait admirables leurs
extravagances, les pourpoints rouges, noirs, roses se laçant
par derrière, les jaquettes à larges revers de velours dont ils
s'affublaient, les rubans de moire qui leur tenaient lieu de cra-
vate et de col de chemise, l'idée géniale qui leur avait fait rem-
placer la banale pendule par une tête de mort, symbole de la
fuite irrémissible du temps, et jusqu'aux orgies byroniennes,
où ils buvaient tour à tour le vin de l'amitié dans le crâne d'un
tambour-major tué à la Moskova !
Lui aussi, Gustave Flaubert, avait alors dans sa chambre une
tête de mort, sur laquelle il avait écrit : « Pauvre crâne vide,
que veux tu me dire avec ta grimace? » Lui aussi, il voyait
le monde à travers je ne sais quel vitrail peint en jaune, avec
des arabesques d'or. Lui aussi, il se prenait contre les profa-
nes, les vils bourgeois, d'une haine qui ne désarma jamais.
Bientôt, pour se distinguer d'eux, il laissera pousser ses che-
veux, qu'il couvrira d'un feutre aux larges bords, il adoptera le
veston, le pantalon à la hussarde, la cravate La Vallière, et ne
sera jamais plus satisfait que lorsqu'il pourra crier le mépris
qu'il leur a voué. A E. Chevalier il écrit : « Le bourgeois de
Rouen est toujours quelque chose de grotesquement assommant
et de pyramidalemenl bête », et à Louise Colet : « J'ai été à
Rouen au concert entendre Alard, le violoniste, et j'en ai vu là
des balles ! C'était la haute société. Quelles têtes que celles de
mes compatriotes! »
Nul philistin n'était à l'abri de ses coups. Un jour qu'il voya-
geait de Rouen à Dieppe avec trois industriels, dont l'un M. Cor-
dier, depuis mort sénateur, et qu'il avait souvent rencontré
chez son frère le Dr Achille, la conversation étant venue à tom-
ber sur Salammbô : « Comment se fait-il, demanda M. Cordier,
que de Carthage, qui jadis occupa dans le monde une si grande
place, il ne reste plus aujourd'hui que des ruines? » — «. Tu
veux le savoir, ô Cordier, répliqua Flaubert de son air le plus
solennel, c'est qu'à Carthage ils faisaient tous de la Rouenne-
rie », et il s'enfonça dans la lecture d'un bouquin, ravi du
trait qu'il venait de lancer.
deur! Comme on admirait Victor Hugo! » Il eût pu ajouter : et
comme on s'efforçait surtout d'imiter les habitués du petit Céna-
cle, les Gérard de Merval, les Jehan du Seigneur, les Augustus
Mac-Keat, les Joseph Bouchardy, les Pétrus Borel, les Théophile
Gauthier et les Devéria ! Comme on trouvait admirables leurs
extravagances, les pourpoints rouges, noirs, roses se laçant
par derrière, les jaquettes à larges revers de velours dont ils
s'affublaient, les rubans de moire qui leur tenaient lieu de cra-
vate et de col de chemise, l'idée géniale qui leur avait fait rem-
placer la banale pendule par une tête de mort, symbole de la
fuite irrémissible du temps, et jusqu'aux orgies byroniennes,
où ils buvaient tour à tour le vin de l'amitié dans le crâne d'un
tambour-major tué à la Moskova !
Lui aussi, Gustave Flaubert, avait alors dans sa chambre une
tête de mort, sur laquelle il avait écrit : « Pauvre crâne vide,
que veux tu me dire avec ta grimace? » Lui aussi, il voyait
le monde à travers je ne sais quel vitrail peint en jaune, avec
des arabesques d'or. Lui aussi, il se prenait contre les profa-
nes, les vils bourgeois, d'une haine qui ne désarma jamais.
Bientôt, pour se distinguer d'eux, il laissera pousser ses che-
veux, qu'il couvrira d'un feutre aux larges bords, il adoptera le
veston, le pantalon à la hussarde, la cravate La Vallière, et ne
sera jamais plus satisfait que lorsqu'il pourra crier le mépris
qu'il leur a voué. A E. Chevalier il écrit : « Le bourgeois de
Rouen est toujours quelque chose de grotesquement assommant
et de pyramidalemenl bête », et à Louise Colet : « J'ai été à
Rouen au concert entendre Alard, le violoniste, et j'en ai vu là
des balles ! C'était la haute société. Quelles têtes que celles de
mes compatriotes! »
Nul philistin n'était à l'abri de ses coups. Un jour qu'il voya-
geait de Rouen à Dieppe avec trois industriels, dont l'un M. Cor-
dier, depuis mort sénateur, et qu'il avait souvent rencontré
chez son frère le Dr Achille, la conversation étant venue à tom-
ber sur Salammbô : « Comment se fait-il, demanda M. Cordier,
que de Carthage, qui jadis occupa dans le monde une si grande
place, il ne reste plus aujourd'hui que des ruines? » — «. Tu
veux le savoir, ô Cordier, répliqua Flaubert de son air le plus
solennel, c'est qu'à Carthage ils faisaient tous de la Rouenne-
rie », et il s'enfonça dans la lecture d'un bouquin, ravi du
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