avec un esprit de piété ont donné lieu à ces pratiques; par une suite de la même piété, les laboureurs se sont assujettis à imiter ces aumônes autant, que leur fortune le pouvait permettre, les uns et les autres s'aperçurent présentement que ces sortes de distributions devenues excessives, sont entière- ment perdues pour les vrais pauvres.
La profession de ces mendiants plus douce que celle de ceux qui s'occupent a excité l'envie des pauvres des villes et des bourgs, plusieurs d'entre eux ont pris l'usage d'aller à la campagne y mendier pendant la belle saison; les proscrits par le ban, les directeurs, les malfaiteurs qui ne peuvent choisir de lieu où ils puissent faire leur résidence sans crainte de tomber entre les mains de la justice ont augmenté leur nombre; presque tous sont devenus insolents jusqu'à demander l'aumône en objets dont ils ont osé désigner l'espèce et la quantité et qu'ils ont exigé sous peine de feu.
Il suit de ces observations que le travail qui devrait fournir à l'entretien des pauvres manque à plusieurs endroits, que l'aumône ne se trouve pas en tous lieux pour y suppléer, que plusieurs de ceux qui, par leur état, devraient faire la charité, usent de prétexte pour s'en dispenser; que ceux qui donnent le plus en aumônes les placent mal; qu'il est impossible de contraindre les pauvres à vivre chez eux sans avoir pris des arrangements pour leur fournir dans le lieu de leur domicile les objets qui leur sont indispensables, nécessaires pour y subsister: que le moyen de remédier à tout et qui présente le plus naturel et de fixer le denier de l'aumône, en sorte que tous ceux qui le devront y contribueront indispensablement en quantité proportionnelle dont personne ne puisse se soustraire. Par cet arrangement la nécessité ne sera plus une vertu ruineuse ; les deniers de l'aumône pris sur toutes les personnes et sur tous les objets étant assemblés en chaque paroisse ne seront point une charge sensible pour chaque personne en particulier et il ne subsistera aucun prétexte de mendier.
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