Titre : Recueil des publications de la Société havraise d'études diverses
Auteur : Société havraise d'études diverses. Auteur du texte
Éditeur : Impr. Lepelletier (Hâvre)
Éditeur : Société havraise d'études diversesSociété havraise d'études diverses (Le Havre)
Date d'édition : 1918-07-01
Contributeur : Michaud, Charles (secrétaire de la Société havraise d'études diverses). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32849663k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 37174 Nombre total de vues : 37174
Description : 01 juillet 1918 01 juillet 1918
Description : 1918/07/01 (A85)-1918/09/30. 1918/07/01 (A85)-1918/09/30.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k58082641
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-157961
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/01/2012
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Il est spécialement délicat de mesurer l'apport des éléments
proprement scandinaves dans l'alliage composite qu'est l'art
ornemental de la Normandie romane : ce rapport a été sans
doute exagéré par la plupart des auteurs, surtout par
Ruprich Robert. Les motifs scandinaves et les motifs francs et
saxons ont des similitudes bien faites pour embarrasser
l'analyste. Si le Pays de Caux a emprunté aux langues du Nord
un fort contingent de noms de lieux, si les Normands de tous
les temps ont dû à leurs aïeux immigrés leur éminent esprit
d'entreprise, il est de bien moindre évidence que les parures,
le mobilier, les armes et les barques des envahisseurs aient eu
sur l'évolution de l'art des envahis une action directe. D'où
proviennent les dragons, les serpents monstrueux qui enche-
vêtrent leurs anneaux aux corbeilles des chapiteaux? Des
pierres à reliefs, des linteaux de bois, des chaires de Scandi-
navie? Des plaques ajourées carolingiennes? Des manuscrits
anglo-saxons ou irlandais des Xe et XIe siècles? Des petits
bronzes orientaux, de cet Orient qui, avant les exodes des
Normands, avait déjà influencé la naissance des arts dans leur
pays? C'est une énigme dans l'état présent des recherches.
Car notre imagier a sous la main des oeuvres diverses d'arts
lointains, produits de longues évolutions ; ses yeux sont surpris,
charmés, par les formes de ces « curiosités » ; sa timidité, son
inexpérience dans le maniement de ses outils lui rendent plus
aisée l'imitation que la composition : il s'appliquera à copier,
en toute occasion, les décors des étoffes, des ivoires, des
bronzes que les anciens archéologues groupaient sous l'éti-
quette, partiellement juste, mais vague, de « byzantins ». Des
exemples de ces plagiats enfantins sont célèbres : tel le chapi-
teau du rond-point de La Trinité de Caen, où est figuré un
éléphant chargé d'un pavillon à draperies; l'animal est
dépourvu de trompe et de défenses : le modèle était sans doute
un pion d'échiquier en ivoire, dont les saillants, défenses et
trompe, avaient été brisés par les joueurs. L'on sait le renom
de cet écoinçon de la nef de Bayeux, où un personnage aux
pommettes saillantes, aux yeux bridés, a dû être emprunté à
quelque bronze d'Extrême-Orient.
D'autres pièces n'étaient pas seulement de provenance loin-
taine et rare : elles étaient en quelque sorte sacrées. Des étoffes
étaient arrivées avec les reliques qu'elles enveloppaient;
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Il est spécialement délicat de mesurer l'apport des éléments
proprement scandinaves dans l'alliage composite qu'est l'art
ornemental de la Normandie romane : ce rapport a été sans
doute exagéré par la plupart des auteurs, surtout par
Ruprich Robert. Les motifs scandinaves et les motifs francs et
saxons ont des similitudes bien faites pour embarrasser
l'analyste. Si le Pays de Caux a emprunté aux langues du Nord
un fort contingent de noms de lieux, si les Normands de tous
les temps ont dû à leurs aïeux immigrés leur éminent esprit
d'entreprise, il est de bien moindre évidence que les parures,
le mobilier, les armes et les barques des envahisseurs aient eu
sur l'évolution de l'art des envahis une action directe. D'où
proviennent les dragons, les serpents monstrueux qui enche-
vêtrent leurs anneaux aux corbeilles des chapiteaux? Des
pierres à reliefs, des linteaux de bois, des chaires de Scandi-
navie? Des plaques ajourées carolingiennes? Des manuscrits
anglo-saxons ou irlandais des Xe et XIe siècles? Des petits
bronzes orientaux, de cet Orient qui, avant les exodes des
Normands, avait déjà influencé la naissance des arts dans leur
pays? C'est une énigme dans l'état présent des recherches.
Car notre imagier a sous la main des oeuvres diverses d'arts
lointains, produits de longues évolutions ; ses yeux sont surpris,
charmés, par les formes de ces « curiosités » ; sa timidité, son
inexpérience dans le maniement de ses outils lui rendent plus
aisée l'imitation que la composition : il s'appliquera à copier,
en toute occasion, les décors des étoffes, des ivoires, des
bronzes que les anciens archéologues groupaient sous l'éti-
quette, partiellement juste, mais vague, de « byzantins ». Des
exemples de ces plagiats enfantins sont célèbres : tel le chapi-
teau du rond-point de La Trinité de Caen, où est figuré un
éléphant chargé d'un pavillon à draperies; l'animal est
dépourvu de trompe et de défenses : le modèle était sans doute
un pion d'échiquier en ivoire, dont les saillants, défenses et
trompe, avaient été brisés par les joueurs. L'on sait le renom
de cet écoinçon de la nef de Bayeux, où un personnage aux
pommettes saillantes, aux yeux bridés, a dû être emprunté à
quelque bronze d'Extrême-Orient.
D'autres pièces n'étaient pas seulement de provenance loin-
taine et rare : elles étaient en quelque sorte sacrées. Des étoffes
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