Titre : Recueil des publications de la Société havraise d'études diverses
Auteur : Société havraise d'études diverses. Auteur du texte
Éditeur : Impr. Lepelletier (Hâvre)
Éditeur : Société havraise d'études diversesSociété havraise d'études diverses (Le Havre)
Date d'édition : 1918-04-01
Contributeur : Michaud, Charles (secrétaire de la Société havraise d'études diverses). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32849663k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 37174 Nombre total de vues : 37174
Description : 01 avril 1918 01 avril 1918
Description : 1918/04/01 (A85)-1918/06/30. 1918/04/01 (A85)-1918/06/30.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5808263m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-157961
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
— 221 —
plus grande Nouvelle-France qui se fût étendue du détroit de
Davis au golfe du Mexique et, en longitude, de l'un à l'autre
océan.
Toute inquiétude à cet égard était bannie par la réunion du
Canada à la couronne d'Angleterre. L'entente que la menace
étrangère avait resserrée ne devait pas survivre à sa dispa-
rition. Les difficultés financières où se débattait la mère-
patrie, l'orgueilleuse maladresse de ses gouvernants, l'état
de sujétion dans lequel elle prétendait reléguer les colons,
tendirent les rapports communs et mirent au grand jour une
mésintelligence qui était latente depuis une génération. Le
4 septembre 1774, le Congrès de Philadelphie, tout en protes-
tant de son parfait loyalisme, affirmait les droits des habitants
de la colonie et confirmait leurs griefs.
Quelques mois après, le gouverneur de Boston, Gagé, était
battu à Lexington par les miliciens du Congrès. La proclama-
tion de Georges III, du 25 août 1775, mettant les colons en
état de rébellion, donna un corps aux aspirations américaines
et précipita la rupture. Le 4 juillet 1776, le Congrès de Phila-
delphie, brisant les derniers liens qui l'unissaient à la Grande-
Bretagne, déclarait indépendants les treize états de l'Union.
Les symptômes prémonitoires de ce soulèvement n'avaient
pas échappé au gouvernement français. Se borna-t-il au rôle
de spectateur passif ou ne le seconda-t-il pas d'une façon
plus ou moins indirecte? Une contemporaine, Mademoiselle Le
Masson Le Golft, pensait qu'il les encouragea en laissant
vendre dix à douze mille fusils de la salle d'armes de la Cita-
delle par un officier de la garnison du Havre, M. de Belle-
garde (1). Traduit devant un conseil de guerre, il fut acquitté,
probablement parce qu'il put établir qu'il n'avait agi qu'en
vertu d'ordres supérieurs.
Cette vente peu ordinaire dut emprunter, pour parvenir à
sa destination, la voie des colonies françaises des Antilles.
Depuis l'arrêt de 1767, les navires étrangers, et spécialement
les bâtiments anglo-américains, fréquentaient librement le
port du Môle Saint-Nicolas. Sous le couvert des transactions
commerciales s'établissaient des relations assez suspectes que
il; LE MASSON LE GOLFT. — Annales, p. 140.
plus grande Nouvelle-France qui se fût étendue du détroit de
Davis au golfe du Mexique et, en longitude, de l'un à l'autre
océan.
Toute inquiétude à cet égard était bannie par la réunion du
Canada à la couronne d'Angleterre. L'entente que la menace
étrangère avait resserrée ne devait pas survivre à sa dispa-
rition. Les difficultés financières où se débattait la mère-
patrie, l'orgueilleuse maladresse de ses gouvernants, l'état
de sujétion dans lequel elle prétendait reléguer les colons,
tendirent les rapports communs et mirent au grand jour une
mésintelligence qui était latente depuis une génération. Le
4 septembre 1774, le Congrès de Philadelphie, tout en protes-
tant de son parfait loyalisme, affirmait les droits des habitants
de la colonie et confirmait leurs griefs.
Quelques mois après, le gouverneur de Boston, Gagé, était
battu à Lexington par les miliciens du Congrès. La proclama-
tion de Georges III, du 25 août 1775, mettant les colons en
état de rébellion, donna un corps aux aspirations américaines
et précipita la rupture. Le 4 juillet 1776, le Congrès de Phila-
delphie, brisant les derniers liens qui l'unissaient à la Grande-
Bretagne, déclarait indépendants les treize états de l'Union.
Les symptômes prémonitoires de ce soulèvement n'avaient
pas échappé au gouvernement français. Se borna-t-il au rôle
de spectateur passif ou ne le seconda-t-il pas d'une façon
plus ou moins indirecte? Une contemporaine, Mademoiselle Le
Masson Le Golft, pensait qu'il les encouragea en laissant
vendre dix à douze mille fusils de la salle d'armes de la Cita-
delle par un officier de la garnison du Havre, M. de Belle-
garde (1). Traduit devant un conseil de guerre, il fut acquitté,
probablement parce qu'il put établir qu'il n'avait agi qu'en
vertu d'ordres supérieurs.
Cette vente peu ordinaire dut emprunter, pour parvenir à
sa destination, la voie des colonies françaises des Antilles.
Depuis l'arrêt de 1767, les navires étrangers, et spécialement
les bâtiments anglo-américains, fréquentaient librement le
port du Môle Saint-Nicolas. Sous le couvert des transactions
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