l'autre lui montre le ciel ou la gloire, disent certaines notices.
Deux squelettes à peine drapés dans un suaire soutiennent en cariatides la voûte de la chapelle de leurs bras décharnés. L'effet un peu trop théâtral est néanmoins impressionnant, et lugubre est l'antithèse de ces livrées de la vie riche et fas- tueuse et de la mort grimaçante et niveleuse.
Le soir tombait lorsque nous sommes repassés par Germi- gny-des-Prés et par Saint-Benoît, le soir qui teint l'horizon de pourpre, aux lointains infinis comme ceux de la mer, en ce pays de plaine où la Loire a tracé son facile voyage.
Sur ce fond aux tons éclatants comme sur un rideau majes- tueux drapé tout exprès par un artiste divin, se profilaient les .silhouettes des basiliques millénaires, merveilleux reliquaires des saints et d'une légion de religieux qui ont joué un rôle si considérable dans l'histoire nationale. Je songeais à ce moine aux yeux clairs et stoïques qui allait partir demain et qui s'y était attaché, attisant avec amour le feu de leurs souvenirs.
De tant de vertus, de renoncements, de mortifications, de souffrances résignées, de lamentations et de cantiques, de bienfaits et de science glorieuse, de tant de labeur et de charité méconnus, oubliés des uns et que d'autres par ces temps trou- blés sont parfois tentés, dans leur lassitude, de trouver stériles et vains, ne reste-t-il pas cependant comme une cendre encore chaude parmi ces pierres et ces sculptures rongées par le temps? Et ces légers flocons de nuages violets ou roses qui s'élèvent dans le calme incendie du ciel, ne sont-ils pas comme une prière éternelle et féconde montant de ces brûle-parfums ar- chaïques vers Celui, qui dans la lutte et la souffrance, a pro- clamé que « son Royaume n'était pas de ce monde » ?
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