paires de bas en laine jaune et des pantouffles vertes retenues à mes pieds par de petites cordes, j'étais sans gants, mon cheval avait une selle à la houzarde avec une schabraque en peau de mouton... Le chevalier de Beauvolliers s'était enveloppé d'une robe de procureur et avait un chapeau de femme par dessus un bonnet de laine... Les républi- cains suivaient de près l'armée vendéenne. Je m'arrêtai un instant dans une ferme avec ma mère (Madame de Donissau) pour demander à manger : nous aperçûmes les hussards ; il fallut rejoindre l'armée au grand galop. On entra à Savenay.
Situé sur les versants sud-est, sud et sud-ouest d'un coteau dominant au sud une plaine marécageuse, la petite ville de Savenay offre comme position défensive le grand avantage de ne pouvoir être facilement attaqué que du côté du nord, ce qui réduit le front de résistance et permettra à la petite armée de Fleuriot de tenter d'y arrêter la poursuite d'un ennemi qui lui est très supérieur en nombre; mais par contre, elle sera le tombeau des Vendéens en cas de défaite. En effet, au sud se trouve La Loire, dont Savenay est séparé par des marécages s'étendant de l'est à l'ouest, au couchant les marais de Mon- toire avec l'Océan pour horizon, au nord-ouest l'enchevêtre- ment des nombreux affluents de la Vilaine dont les ponts ont été coupés.
L'armée royale n'a qu'une voie de retraite : la chaussée de Guérande qui aboutit à la mer.
Il lui faut donc vaincre ou mourir ici. Résister en désespé- rés, appuyés à Savenay est la dernière ressource des Vendéens.
Dès son arrivée à Savenay, le brave Lyrot s'est empressé de placer des postes avancés et de faire élever quelques retran- chements indispensables, tandis que Marigny place ses pièces en batterie en face des principales avenues.
Quelques coups de feu éclatent soudain dans la plaine et des groupes de traînards font irruption dans Savenay, annonçant l'arrivée de hussards ennemis.
Réunissant en hâte les chefs, Fleuriot leur donne rapide- ment ses instructions. Il a vu le côté faible de la défense : si l'ennemi gagne les hauteurs nord, il aura de suite Savenay ; aussi donne-t-il l'ordre à Lyrot de gagner à une petite lieue de là, avec les plus valides, deux bouquets de bois, d'où il peut interdire à l'ennemi l'accès du plateau, le reste de l'armée demeurant en position d'attente à Savenay même.
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