A une époque où la presse était encore peu répandue et fort laconique, les faits historiques locaux, les renseignements sur les familles et sur la société seraient aujourd'hui perdus, si quel- ques-uns de nos ancêtres n'avaient eu la bonne pensée de consi- gner par écrit ce qu'ils avaient vu ou entendu, en un mot s'ils n'avaient légué à la postérité ces livres de raison ou de maison, ces journaux de leur vie dont on retrouve quelques spécimens dans les papiers de famille, tel était le cas de Monsieur Ernest Dumont, notre regretté collègue dont nous avons retracé la biographie.
Il s'agit aujourd'hui du journal, resté manuscrit, d'un Havrais, Monsieur Aumont, fils d'un entrepreneur de Graville, qui nous a laissé sur les années 1847-1848 des faits et des incidents locaux très intéressants en ce sens que ce sont les images fidèles de ce qui avait frappé le narrateur.
Nous nous bornerons à extraire quelques passages de ces an- nales en éliminant ce qui a plutôt rapport à des souvenirs de famille, d'atelier ou de température, nous prendrons comme point de départ l'inauguration du chemin de fer et les préludes de la Révolution du 24 février 1848.
Ce nouveau moyen de transports en commun avait motivé parmi la population une certaine curiosité mêlée d'une crainte exagérée, à tel point que l'on n'osait répéter les premiers acci- dents qui se produisaient. Notre narrateur allait souvent observer
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