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- TABLE ANALYTIQUE DE L'ANNEE 1923
- TABLE
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accepter que l'idée soit là; résignons-nous, non pas pour
demain, ni pour l'avenir, mais pour le moment, et ne nourris-
sons pas de ressentiment contre cette intruse. Au lieu de « la
recevoir au salon », tournons-lui le dos avec tout ce que nous
trouverons en nous d'apathie à lui opposer. Délaissée, mépri-
sée, faisant tapisserie, elle finira par se morfondre dans son
coin, maigrira, et, finalement, n'existera plus qu'à l'état de
vague fantôme, qui nous visitera encore dans nos moments de
dépression, mais sans que sa présence amène sur nos lèvres
autre chose qu'un sourire de mépris.
Après avoir adopté l'indifférence à l'égard d'une idée mau-
vaise en tant qu'elle est apparition mentale, sachons que nous
pouvons agir cependant contre elle en tant qu'elle a sa réper-
cussion musculaire. Une idée qui se réalise dans des gestes se
nourrit par son extériorisation même. Si nous l'empêchons de
se manifester au dehors, nous la coupons de sa vraie base de
ravitaillement. Surveillons donc les gestes mauvais, pour les
arrêter. Une idée déprimante passe dans les muscles du visage
ou dans l'attitude, pour nous donner un air mélancolique ou
abattu? Redressons-nous et sourions, sourions contre l'idée,
rien que pour lui jouer un mauvais tour et pour l'éteindre.
Tous les parents savent que pour effacer une bouderie chez un
enfant il suffit de l'inviter aimablement à sourire. L'enfant
résiste, il est soumis encore à l'idée pénible qui le possède:
vous lui répétez gaîment : « Regarde-moi, allons, déplisse
ta bouche, souris un peu ». Vous attendez, et soudain c'est
un véritable éclat de rire qui part. Il a suffi d'un sourire,
signe extérieur de la joie, pour que fût évoquée l'idée de la joie,
qui a balayé l'idée de l'ennui. Nous sommes moins mobiles
que l'enfant, mais nous avons la même constitution psycholo-
gique, et, chez nous, comme chez lui, pour détruire une idée
il faut en comprimer les traductions extérieures.
Il nous est permis de faire plus encore, non seulement con-
tre une idée déprimante, isolée, mais contre tout un ensemble
de représentations hostiles à vaincre. Nous sommes, par exem-
ple, dans une de ces heures où « cela ne va pas », et nous sen-
tons comme un poids sur notre mentalité, ou, pour traduire
plus exactement notre impression, nous nous sentons l'esprit
« crispé », tendu, esclave, et nous aspirons à la liberté. Rappe-
accepter que l'idée soit là; résignons-nous, non pas pour
demain, ni pour l'avenir, mais pour le moment, et ne nourris-
sons pas de ressentiment contre cette intruse. Au lieu de « la
recevoir au salon », tournons-lui le dos avec tout ce que nous
trouverons en nous d'apathie à lui opposer. Délaissée, mépri-
sée, faisant tapisserie, elle finira par se morfondre dans son
coin, maigrira, et, finalement, n'existera plus qu'à l'état de
vague fantôme, qui nous visitera encore dans nos moments de
dépression, mais sans que sa présence amène sur nos lèvres
autre chose qu'un sourire de mépris.
Après avoir adopté l'indifférence à l'égard d'une idée mau-
vaise en tant qu'elle est apparition mentale, sachons que nous
pouvons agir cependant contre elle en tant qu'elle a sa réper-
cussion musculaire. Une idée qui se réalise dans des gestes se
nourrit par son extériorisation même. Si nous l'empêchons de
se manifester au dehors, nous la coupons de sa vraie base de
ravitaillement. Surveillons donc les gestes mauvais, pour les
arrêter. Une idée déprimante passe dans les muscles du visage
ou dans l'attitude, pour nous donner un air mélancolique ou
abattu? Redressons-nous et sourions, sourions contre l'idée,
rien que pour lui jouer un mauvais tour et pour l'éteindre.
Tous les parents savent que pour effacer une bouderie chez un
enfant il suffit de l'inviter aimablement à sourire. L'enfant
résiste, il est soumis encore à l'idée pénible qui le possède:
vous lui répétez gaîment : « Regarde-moi, allons, déplisse
ta bouche, souris un peu ». Vous attendez, et soudain c'est
un véritable éclat de rire qui part. Il a suffi d'un sourire,
signe extérieur de la joie, pour que fût évoquée l'idée de la joie,
qui a balayé l'idée de l'ennui. Nous sommes moins mobiles
que l'enfant, mais nous avons la même constitution psycholo-
gique, et, chez nous, comme chez lui, pour détruire une idée
il faut en comprimer les traductions extérieures.
Il nous est permis de faire plus encore, non seulement con-
tre une idée déprimante, isolée, mais contre tout un ensemble
de représentations hostiles à vaincre. Nous sommes, par exem-
ple, dans une de ces heures où « cela ne va pas », et nous sen-
tons comme un poids sur notre mentalité, ou, pour traduire
plus exactement notre impression, nous nous sentons l'esprit
« crispé », tendu, esclave, et nous aspirons à la liberté. Rappe-
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