la navigation havraise était la pêche de Terre-Neuve, faite par 92 navires. Mais, remarquait-il, la plupart n'appartiennent pas aux habitants. « Ce sont plutôt des facteurs que des marchands et des administrateurs de l'argent que des bourgeois de Paris et d'ailleurs mettent à la grosse aventure que des négociants de Terre-Neuve. »
On a vu cependant que Colbert, qui avait deviné l'avenir du Havre et devait apporter tous ses soins à améliorer son établis- sement maritime et à y constituer un arsenal, appela les négo- ciants havrais à élire deux d'entre eux, de concert avec les au- tres places maritimes et industrielles.
L'accroissement du commerce maritime, l'extension des rela- tions des négociants avec l'étranger, l'indépendance du pays pour ses transports et son trafic, furent les pensées dominan- tes de Colbert; il n'épargna rien pour les faire triompher. Pénétré avant tout de la grandeur du pays dont il fut un peu le roi, il ne la concevait pas sans une industrie prospère capa- ble de suppléer aux productions étrangères, sans une marine puissante assurant la navigation nationale en s'affranchissant des intermédiaires, et constituant la réserve où les escadres pourraient recruter leurs équipages.
En maints passages de sa correspondance et des actes offi- cfels rendus sous son inspiration reviennent ces préoccupa- tions constantes. Dans l'édit de septembre 1664, il recomman- dait de « donner la meilleure partie des soins au rétablisse- ment de la navigation et du commerce du dehors comme le seul moyen d'attirer l'abondance dans le royaume ». Il est plus explicite encore dans le préambule de l'édit d'août 1669. « Le commerce, dit-il, et particulièrement celui qui se fait par mer, est la source féconde qui apporte l'abondance dans les états et la répand sur les sujets à proportion de leur industrie et de leur travail » (1).
L'impulsion et les encouragements de Colbert eurent vite le succès qu'il en espérait. Les navires sortirent nombreux de nos ports et concurrencèrent nos rivaux, occupés à régler la prééminence maritime au profit de la marine française qui grandissait chaque année.
Depuis la fin des guerres de religion, le commerce havrais
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