Titre : Recueil des publications de la Société havraise d'études diverses
Auteur : Société havraise d'études diverses. Auteur du texte
Éditeur : Impr. Lepelletier (Hâvre)
Éditeur : Société havraise d'études diversesSociété havraise d'études diverses (Le Havre)
Date d'édition : 1899-04-01
Contributeur : Michaud, Charles (secrétaire de la Société havraise d'études diverses). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32849663k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 37174 Nombre total de vues : 37174
Description : 01 avril 1899 01 avril 1899
Description : 1899/04/01 (A66)-1899/06/30. 1899/04/01 (A66)-1899/06/30.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5750456t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-157961
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
— 127 —
tant avaient hardiment sauté le pas et fréquentaient au palais
Lambertin. C'était la duchesse de Nevers, qui avait tout l'esprit
des Mortemart ; c'était l'adorable madame de Caylus, celle qui
arrivait, à force de grâce et d'esprit, à désennuyer un moment
le vieux roi; ou encore mademoiselle de Launay, et cette
madame de Loc-Maria que finit par épouser le fils de madame
de Lambert.
A ces femmes du monde il faut joindre quelques femmes de
lettres. Parmi ces bas-bleus du temps, je note madame des
Fontaines, auteur de romans parfaitement oubliés aujourd'hui,
mais que tout ce beau monde dévorait alors et que Voltaire dai-
gna louer lui-même ; et avec elle une petite-nièce de Corneille,
mademoiselle Bernard, qui lisait des vers agréables et des
tragédies cornéliennes qui le semblaient beaucoup moins, bien
qu'elle eût, paraît-il, Fontenelle pour collaborateur, — ou à
cause de cette collaboration. Vous vous rappelez la mordante
épigramme, de Racine qui prétendait faire remonter l'origine
des sifflets à l'Aspar du sieur de Fontenelle.
En résumé, on causait beaucoup et de tout, à ces fameux
mardis. On n'y jouait pas; au lieu de s'y ruiner au jeu, on se
ruinait seulement en frais de conversation et de bel esprit.
Passons aux réunions du mercredi.
C'est à elles que la marquise accordait toutes ses préférences.
Un jour, discutant avec son mardi une question de casuistique
sentimentale, et se trouvant seule de son opinion, elle termina
la discussion en lançant à ses adversaires cette singulière
apostrophe dont ils voulurent bien ne pas se blesser : « Vous
êtes tous des ignorants et des imbéciles; je proposerai la ques-
tion à mon mercredi et je gage qu'il pensera comme moi. »
Mairan, dont je vous parlais tout-à-1'heure, se chargea de ven-
ger sur le champ les non-intellectuels ainsi molestés par une
fine riposte; il se pencha vers la marquise et lui dit en souriant :
« En diriez-vous bien autant à votre mercredi? » C'est un peu'
le même cas que celui de M. Thiers s'oubliant un jour à dire
au roi Louis-Philippe que lui, Thiers, était plus intelligent que
le roi : « La preuve que vous avez tort, répliqua le monarque,
c'est que c'est vous qui le dites. » <
Quels étaient donc les héros de ces terribles mercredis? Avant
de venir à Fontenelle et à Lamotte, passons les principaux en
tant avaient hardiment sauté le pas et fréquentaient au palais
Lambertin. C'était la duchesse de Nevers, qui avait tout l'esprit
des Mortemart ; c'était l'adorable madame de Caylus, celle qui
arrivait, à force de grâce et d'esprit, à désennuyer un moment
le vieux roi; ou encore mademoiselle de Launay, et cette
madame de Loc-Maria que finit par épouser le fils de madame
de Lambert.
A ces femmes du monde il faut joindre quelques femmes de
lettres. Parmi ces bas-bleus du temps, je note madame des
Fontaines, auteur de romans parfaitement oubliés aujourd'hui,
mais que tout ce beau monde dévorait alors et que Voltaire dai-
gna louer lui-même ; et avec elle une petite-nièce de Corneille,
mademoiselle Bernard, qui lisait des vers agréables et des
tragédies cornéliennes qui le semblaient beaucoup moins, bien
qu'elle eût, paraît-il, Fontenelle pour collaborateur, — ou à
cause de cette collaboration. Vous vous rappelez la mordante
épigramme, de Racine qui prétendait faire remonter l'origine
des sifflets à l'Aspar du sieur de Fontenelle.
En résumé, on causait beaucoup et de tout, à ces fameux
mardis. On n'y jouait pas; au lieu de s'y ruiner au jeu, on se
ruinait seulement en frais de conversation et de bel esprit.
Passons aux réunions du mercredi.
C'est à elles que la marquise accordait toutes ses préférences.
Un jour, discutant avec son mardi une question de casuistique
sentimentale, et se trouvant seule de son opinion, elle termina
la discussion en lançant à ses adversaires cette singulière
apostrophe dont ils voulurent bien ne pas se blesser : « Vous
êtes tous des ignorants et des imbéciles; je proposerai la ques-
tion à mon mercredi et je gage qu'il pensera comme moi. »
Mairan, dont je vous parlais tout-à-1'heure, se chargea de ven-
ger sur le champ les non-intellectuels ainsi molestés par une
fine riposte; il se pencha vers la marquise et lui dit en souriant :
« En diriez-vous bien autant à votre mercredi? » C'est un peu'
le même cas que celui de M. Thiers s'oubliant un jour à dire
au roi Louis-Philippe que lui, Thiers, était plus intelligent que
le roi : « La preuve que vous avez tort, répliqua le monarque,
c'est que c'est vous qui le dites. » <
Quels étaient donc les héros de ces terribles mercredis? Avant
de venir à Fontenelle et à Lamotte, passons les principaux en
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