Titre : Recueil des publications de la Société havraise d'études diverses
Auteur : Société havraise d'études diverses. Auteur du texte
Éditeur : Impr. Lepelletier (Hâvre)
Éditeur : Société havraise d'études diversesSociété havraise d'études diverses (Le Havre)
Date d'édition : 1898-04-01
Contributeur : Michaud, Charles (secrétaire de la Société havraise d'études diverses). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32849663k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 37174 Nombre total de vues : 37174
Description : 01 avril 1898 01 avril 1898
Description : 1898/04/01 (A65)-1898/06/30. 1898/04/01 (A65)-1898/06/30.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5750437g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-157961
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
— 214 —
Puis l'invasion s'écoula, se perdit sous des croix distribuées
à titre étranger, dans des sous-préfectures de 3e classe, dans
des emplois ministériels, — et de tout ce bruit, il resta, — car
il me semble bien que la réforme est accomplie à présent, — le
vers français remis en honneur, tel à peu près qu'il était, avec
une haine moins farouche de l'hiatus, mais ce n'est guère
nouveau ; ce n'est qu'un retour à la versification du prodi-
gieux seizième siècle, notre grand siècle littéraire, auquel
naguère on s'obstinait à préférer le dix-septième ; une dispo-
sition moins fixe et arbitraire des accents, par où en est
augmentée d'ailleurs la difficulté,, et une liberté plus ample.de
la rime,;qui n'est pas sans raison d'être.
» La rime, en effet, qui est le seul moyen d'expression que
nous -ayOris en nôtre poésie, n'a lieu et n'est que lorsqu'elle
épouse étroitement la pensée, que lorsqu'elle en fournit les
termes indispensables. Mais le nombre des mots à conson-
nances similaires étant restreint, notre paresse à tous renouvelle
trop souvent des accouplements usés de syllabes, au détriment
de la pensée d'abord et de l'agrément que doit produire un
poème. Et c'est justement la misère qui tua l'ancienne poésie.
Les classiques n'avaient pas à leur disposition deux douzaines
de rimes; encore étaient-elles, la plupart, mauvaises et d'une
sonorité, insuffisante. Corneille et après lui Jean Racine, en
tirèrent quand même d'heureux effets ; mais après eux vin;t.
Campistron! Hugo, Théophile Gautier, Banville, vingt poètes
admirables inaugurèrent des rimes neuves, ou d'anciennes
firent des merveilles de surprise et d'ingéniosité par l'art surhu-
main avec lequel ils les amenèrent ; mais après eux, Armand
Silvestré, autre Campistron aussi déplorablement fécond, lors-
qu'il n'est pas un conteur de farces, nous désespéra par la
monotonie de ses assonnances, et encore à la fin d'un vers
exigea sans cesse l'indicatif je ou il décore, ou le subjonctif de
ce verbe, et toutes les roses furent chez lui pour des yeux, des
mains ou des coeurs moroses, ou s'il n'y avait pas là de coeurs,
d'yeux ou de mains, elles-mêmes étaient moroses par destination.
Rien n'est plus misérable.
» Que firent donc les derniers venus ? Par colère de ces
faiblesses, ils mêlèrent des singuliers et des pluriels, un torrent
rima avec je rends, ils imitent avec des limites, et révolution-
naires seulement en apparence, ils rentrèrent ainsi dans la
Puis l'invasion s'écoula, se perdit sous des croix distribuées
à titre étranger, dans des sous-préfectures de 3e classe, dans
des emplois ministériels, — et de tout ce bruit, il resta, — car
il me semble bien que la réforme est accomplie à présent, — le
vers français remis en honneur, tel à peu près qu'il était, avec
une haine moins farouche de l'hiatus, mais ce n'est guère
nouveau ; ce n'est qu'un retour à la versification du prodi-
gieux seizième siècle, notre grand siècle littéraire, auquel
naguère on s'obstinait à préférer le dix-septième ; une dispo-
sition moins fixe et arbitraire des accents, par où en est
augmentée d'ailleurs la difficulté,, et une liberté plus ample.de
la rime,;qui n'est pas sans raison d'être.
» La rime, en effet, qui est le seul moyen d'expression que
nous -ayOris en nôtre poésie, n'a lieu et n'est que lorsqu'elle
épouse étroitement la pensée, que lorsqu'elle en fournit les
termes indispensables. Mais le nombre des mots à conson-
nances similaires étant restreint, notre paresse à tous renouvelle
trop souvent des accouplements usés de syllabes, au détriment
de la pensée d'abord et de l'agrément que doit produire un
poème. Et c'est justement la misère qui tua l'ancienne poésie.
Les classiques n'avaient pas à leur disposition deux douzaines
de rimes; encore étaient-elles, la plupart, mauvaises et d'une
sonorité, insuffisante. Corneille et après lui Jean Racine, en
tirèrent quand même d'heureux effets ; mais après eux vin;t.
Campistron! Hugo, Théophile Gautier, Banville, vingt poètes
admirables inaugurèrent des rimes neuves, ou d'anciennes
firent des merveilles de surprise et d'ingéniosité par l'art surhu-
main avec lequel ils les amenèrent ; mais après eux, Armand
Silvestré, autre Campistron aussi déplorablement fécond, lors-
qu'il n'est pas un conteur de farces, nous désespéra par la
monotonie de ses assonnances, et encore à la fin d'un vers
exigea sans cesse l'indicatif je ou il décore, ou le subjonctif de
ce verbe, et toutes les roses furent chez lui pour des yeux, des
mains ou des coeurs moroses, ou s'il n'y avait pas là de coeurs,
d'yeux ou de mains, elles-mêmes étaient moroses par destination.
Rien n'est plus misérable.
» Que firent donc les derniers venus ? Par colère de ces
faiblesses, ils mêlèrent des singuliers et des pluriels, un torrent
rima avec je rends, ils imitent avec des limites, et révolution-
naires seulement en apparence, ils rentrèrent ainsi dans la
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