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férence, personne ne semblait le connaître; les larmes aux yeux, il
allait quitter ces lieux, quand, sur le seuil de sa maison, il aperçut
une vieille femme qui filait. C'était Marie Talbot, son ancienne servante,
qui se jeta dans ses bras et lui apprit enfin le motif de l'iso-
lement où il s'était trouvé devant la maison natale. Son père et sa
mère étaient morts, son frère parti aux Indes et sa soeur entrée au cou-
vent de Honfleur.
Bernardin n'avait donc plus de famille; rien qui le rattachât au
Havre : il partit pour ne plus revenir...
Il mourut à Eragny, près Paris, le 21 Janvier 1814, et fut inhumé au
Père-Lachaise.
Sa maison natale fut démolie en partie, en 1865, pour prolonger la
rue de la Halle vers la mer; en 1875, lors de la démolition totale de
la maison, M. Féré, propriétaire, sauva de la destruction des bal-
cons en fer et deux plaques de cheminées, décorées de reliefs représen-
tant une madone et un écusson fleurdelisé, que nous pouvons voir
dans la galerie archéologique, au Musée de notre ville.
En 1852, on plaça, devant le Musée-Bibliothèque, les deux statues de
Bernardin de Saint-Pierre et de Casimir Delavigne, exécutées par David
d'Angers.
Alfred de Musset, chancelier de l'Académie Française, prononça
une allocution et lat le magnifique discours de M. de Salvandy, où cet
académicien faisait l'éloge de Bernardin de Saint-Pierre et de Casimir
Delavigne; puis, Ancelot récita un poème dithyrambique où il célébrait
nos deux grands écrivains, M. Millet Saint-Pierre parla au nom de
la Société Havraise d'Études diverses, et, le 19 août 1852, M. Prévost-
Paradol lisait l'éloge de Bernardin de Saint-Pierre, discours qui rem-
porta le prix d'éloquence décerné par l'Académie Française.
Les deux statues ont été transférées, en février 1893, dans les squa-
res de la place de la Mâture, et la cérémonie de la nouvelle inaugura-
tion des statues eut lieu le 4 Avril 1893, date anniversaire de la nais-
sance de Casimir Delavigne, au milieu de belles fêles, sous la prési-
dence de François Coppée.
Telles sont les notes locales sur notre illustre compatriote;
mais Bernardin de Saint-Pierre nous a laissé des oeuvres immortelles,
et c'est pour vous les faire connaître, pour vous les faire admirer, que
la Société Havraise d'Études diverses vous a invités, et qu'elle a deman-
dé à M. Souriau, professeur à l'Université de Caen, ancien doyen de
la Faculté, de venir vous parler des beautés littéraires, de celte faci-
lité inépuisable, de cette abondance naturelle et de ce calme bienveil-
lant qui respirent partout dans ses écrits et qui leur communiquent
une attachante douceur.
