Titre : Recueil des publications de la Société havraise d'études diverses
Auteur : Société havraise d'études diverses. Auteur du texte
Éditeur : Impr. Lepelletier (Hâvre)
Éditeur : Société havraise d'études diversesSociété havraise d'études diverses (Le Havre)
Date d'édition : 1915-07-01
Contributeur : Michaud, Charles (secrétaire de la Société havraise d'études diverses). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32849663k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 37174 Nombre total de vues : 37174
Description : 01 juillet 1915 01 juillet 1915
Description : 1915/07/01 (A82)-1915/09/30. 1915/07/01 (A82)-1915/09/30.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5569871g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-157961
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
— 213 —
cérité. Et vraiment ce maître singulier préférait mille fois
l'originalité, même turbulente et hirsute, aux vertus négatives
qui font les honnêtes écoliers... et cela n'alla pas sans causer
du scandale.» (1)
*
En dehors de la rhétorique, Jules Lemaître était chargé des
cours de littérature à l'Institution dirigée par Mesdemoiselles
Gyselinck, rue d'Epréménil, n°s 27 et 29, dans les locaux
occupés depuis quinze ans par le patronage Nazareth de
Mademoiselle Girard. Là se trouvaient-réunies les jeunes filles
des familles les plus riches et les plus lettrées de la ville qui,
comme ses rhétoriciens, mais avec des nuances, l'adoraient et
n'avaient pas tardé à faire partager leur admiration enthou-
siaste à leurs respectables mères, attentives elles aussi à ses
leçons. Plus intimidé que ses élèves, n'osant pas lever les
yeux — ce qui ne veut pas dire qu'il ne les voyait pas ! — pour
rien au monde il n'aurait voulu leur causer le plus léger
chagrin. Il s'intéressait d'autant plus à elles, qu'elles écrivaient
d'instinct avec une plus grande facilité que ses garçons. Avec
elles, il s'en tenait beaucoup plus rigoureusement aux pro-
grammes imposés. Cependant il multipliait également les
lectures, d'abord des classiques, et aussi de ceux qu'il appelait
« les classiques de l'avenir. » Sous les voûtes austères du
pensionnat Gyselinck, retentirent donc aussi plusieurs pages
de Madame Bovary, d'ailleurs parfaitement choisies pour le
milieu. Jules Lemaître lut et commenta Hernani, engageant ses
élèves à profiter d'un voyage à Paris pour y applaudir Sarah
Bernhardt et Mounet-Sully dans les protagonistes de ce drame.
Je ne puis entrer dans les détails du cours de littérature. J'ai
cependant sous les yeux des notes qui y ont été prises, et par ce
(1) Dans une étude sur Racine et Jules Lemaître, M. Pierre de Quirielle dit que
Lemaltre « fut un délicieux professeur de rhétorique, au dire de ceux qui ont eu
le bonheur d'être de ses élèves, et ne croyez pas que ce soit peu de chose. » (Revue
hebdomadaire, 18 avril 1908, p. 338). — Déjà, en 1902, dans une étude critique inti-
tulée : Avant la Gloire; leurs débuts, M. Henri d'Alméras avait parlé des années
de professorat de Jules Lemaître en ces termes (1re série, p. 137) : « Sa carrière uni-
versitaire fut courte, mais brillante, et je ne puis la supprimer de sa vie littéraire,
car elle exerça sur son esprit et sur son oeuvre une influence durable. Même écrivain,
il resta, comme Weiss, comme Prèvost-Paradol, comme Sarcey, — mais avec moins
de dogmatisme et plus d'esprit, — normalien et professeur. »
cérité. Et vraiment ce maître singulier préférait mille fois
l'originalité, même turbulente et hirsute, aux vertus négatives
qui font les honnêtes écoliers... et cela n'alla pas sans causer
du scandale.» (1)
*
En dehors de la rhétorique, Jules Lemaître était chargé des
cours de littérature à l'Institution dirigée par Mesdemoiselles
Gyselinck, rue d'Epréménil, n°s 27 et 29, dans les locaux
occupés depuis quinze ans par le patronage Nazareth de
Mademoiselle Girard. Là se trouvaient-réunies les jeunes filles
des familles les plus riches et les plus lettrées de la ville qui,
comme ses rhétoriciens, mais avec des nuances, l'adoraient et
n'avaient pas tardé à faire partager leur admiration enthou-
siaste à leurs respectables mères, attentives elles aussi à ses
leçons. Plus intimidé que ses élèves, n'osant pas lever les
yeux — ce qui ne veut pas dire qu'il ne les voyait pas ! — pour
rien au monde il n'aurait voulu leur causer le plus léger
chagrin. Il s'intéressait d'autant plus à elles, qu'elles écrivaient
d'instinct avec une plus grande facilité que ses garçons. Avec
elles, il s'en tenait beaucoup plus rigoureusement aux pro-
grammes imposés. Cependant il multipliait également les
lectures, d'abord des classiques, et aussi de ceux qu'il appelait
« les classiques de l'avenir. » Sous les voûtes austères du
pensionnat Gyselinck, retentirent donc aussi plusieurs pages
de Madame Bovary, d'ailleurs parfaitement choisies pour le
milieu. Jules Lemaître lut et commenta Hernani, engageant ses
élèves à profiter d'un voyage à Paris pour y applaudir Sarah
Bernhardt et Mounet-Sully dans les protagonistes de ce drame.
Je ne puis entrer dans les détails du cours de littérature. J'ai
cependant sous les yeux des notes qui y ont été prises, et par ce
(1) Dans une étude sur Racine et Jules Lemaître, M. Pierre de Quirielle dit que
Lemaltre « fut un délicieux professeur de rhétorique, au dire de ceux qui ont eu
le bonheur d'être de ses élèves, et ne croyez pas que ce soit peu de chose. » (Revue
hebdomadaire, 18 avril 1908, p. 338). — Déjà, en 1902, dans une étude critique inti-
tulée : Avant la Gloire; leurs débuts, M. Henri d'Alméras avait parlé des années
de professorat de Jules Lemaître en ces termes (1re série, p. 137) : « Sa carrière uni-
versitaire fut courte, mais brillante, et je ne puis la supprimer de sa vie littéraire,
car elle exerça sur son esprit et sur son oeuvre une influence durable. Même écrivain,
il resta, comme Weiss, comme Prèvost-Paradol, comme Sarcey, — mais avec moins
de dogmatisme et plus d'esprit, — normalien et professeur. »
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