les maîtres anciens et modernes, il avait hâte de converser plus amplement avec eux et de leur demander, pour sa propre édifi- cation, pour celle des élèves qu'au-delà de son humble école il apercevait, par quel secret ils avaient enfanté tant de généra- tions d'écrivains, de philosophes, de jurisconsultes et de sa- vants.
Quelque temps après, nous le retrouvons aspirant maître- répétiteur à Alençon, puis au Havre, où il exerce, en 1875, au lycée, les fonctions de maître-répétiteur.
Si le tableau qu'en fait Alphonse Daudet est quelque peu chargé, on sait combien pourtant était pénible alors — elle s'est depuis heureusement améliorée— la situation du maître- répétiteur, perpétuellement à la chaîne, à peine rétribué, objet de la [art des élèves d'avanies de toutes sortes et ne rencon- trant pas toujours auprès de ses chefs l'appui qu'il eût eu droit d'en attendre.
Diard ne souffrit pas trop de cette condition précaire: en lui le commandement était naturel et, sans avoir, que rarement, besoin de recourir aux sévérités, il s'attirait l'affection et le res- pect. D'ailleurs, il allait toujours les yeux fixés sur son idéal, méprisant, ne sentant pour ainsi dire pas les épines semées sur sa route, tant il avait hâte d'acquérir les connaissances qui le devaient mettre au rang des doctes.
Du Havre, où il avait conquis le grade de licencié, il passe, en qualité de professeur cette fois, aux collèges d'Argentan, puis de Coulommiers, puis de Beauvais. En 1881, le lycée de Caen, en 1884, celui de Rennes, le reçoivent chargé de cours.
C'est à Rennes qu'il parachève ses succès en obtenant le di- plôme, dès l'abord convoité, d'agrégé des lettres.
Conçoit-on ce qu'il avait fallu à Diard d'énergique persévé- rance pour arriver à ce brillant résultat? La plupart de nos agrégés ont, dès le premier âge, commencé les études qui de- vaient les acheminer vers leur but. Du Lycée, l'Ecole normale supérieure les a reçus et, sous la direction immédiate et per- pétuelle de professeurs réputés parmi les plus savants, ils se sont préparés, non sans efforts assurément, mais calmes, tran- quilles, à un concours qui devait être la naturelle consécration de leurs travaux.
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