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Deux semaines aussi avant de mourir, songeant à nous ses col-
lègues de la Société havraise d'Études diverses, il mettait de
côté, pour nous l'envoyer, un mémoire:Vie et aventures des prin-
cipaux héros de La Fontaine que son fils a bien voulu nous faire
parvenir. C'est une série de tableaux où revivent, non plus en
traits épars et disséminés ça et là, mais groupés sous forme de
biographies, le lion, le loup, le renard, le chat, les souris et
l'âne, tels que notre fabuliste les a conçus pour la plus grande
instruction des hommes qu'ils représentent.
Son oeuvre manuscrite, malgré ses nombreuses publications,
ne laisse pas d'être encore considérable. Sa famille garde de
lui, comme de précieuses reliques qu'il serait bien souhaita-
ble qu'elle fît connaître un jour, des Contes normands et autres,
des Souvenirs de Normandie et surtout des Mélanges littéraires,
sans compter maintes saynètes, esquisses diverses, pièces de
circonstance, pleines de finesse et de bon sens, enfin les Sou-
venirs d'un lycéen, dont de courts extraits, parus dans l'Avenir
de l'Orne, font encore plus désirer de connaître le reste.
Mais Diard n'était pas seulement une intelligence supérieure,
un travailleur obstiné, parfois même un humoriste avisé — on
a gardé souvenir au Havre du piquant discours qu'eût signé La
Bruyère et que, sur ce sujet « Fin de siècle » il prononça, en
1894, à la distribution des prix— c'était aussi un coeur d'or et
l'on conçoit, à voir de quelle affection il entourait les siens,
combien profonde a dû être pour eux la douleur de sa perte.
Son union, qu'aucun nuage n'a jamais ternie, avait été bénie
d'abord par la naissance d'un fils dont il a su faire un homme,
puis, douze ans après, par celle d'une fille qu'appelaient tous
ses voeux.
Sa Jeanne était pour lui, comme la Jeanne du poète, l'objet
d'une perpétuelle sollicitude: ses moindres gestes, ses moin-
dres mots, ses naïves et spirituelles saillies, il les notait. Ravi,
il n'a pu résister à la demande de ses amis, et, chez Lemerre,
sous ce titre : Les dits de Jeanne, il les a publiés en un volume
dont, entre autres comptes-rendus élogieux, la Concordia disait
en janvier 1899 : « Exquise comédie enfantine; naturel, sim-
plicité, grâce mutine, variété, telles sont les qualités pré-
cieuses de ce petit ouvrage. »
L'auteur y avait joint, sous cet autre titre: Les Paternelles,
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