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- TABLE ANALYTIQUE DE L'ANNEE 1908
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— 31 —
Journal de la Révolution opérée dans le Pérou par le général
Vivançou, années 1856-1857, écrit par Frédéric Lavoisier, maître
fondeur attaché au service de l'escadron d'artillerie de la ville
d'Aréquipa. (Copie.)
Le 10 du mois de novembre 1856, j'étais à Arequipa traver-
sant le Pérou pour me rendre à Pugno y accomplir un enga-
gement passé avec MM. Engler et Cie, de Paris. J'étais donc à
Arequipa, me reposant d'une route longue et pénible, quand
le soir même, nous fûmes éveillés par le tocsin sonnant à toutes
les églises d'Arequipa et appelant le peuple aux armes : ce
fut une rumeur sourde comme un flot de la mer qui s'élève
peu à peu et qui devient en peu de temps une tempête effroya-
ble. Pour nous, étrangers aux pays et craignant d'être mas-
sacrés par la populace, nous nous renfermâmes chez nous au
nombre de six Français, chargeâmes nos armes et attendîmes
ainsi le jour dans une anxiété facile à comprendre. — Voici
ce qui se passait dans la ville. Au premier tintement de la
cloche, les troupes de la caserne se formèrent sur la grande
place de la cathédrale où elles occupèrent militairement la rue
aboutissante à la place, puis les autorités vinrent se placer en
face de la troupe et sommèrent le peuple de se retirer. A
cette sommation, le peuple se jeta sur la troupe el la força
à se replier sur le pont, ce qu'elle fit en bon ordre. Un coup
de feu partit des rangs de la troupe, blessa un ouvrier sellier.
Le peuple fit feu, mais ne voulant pas massacrer la petite
troupe, la laissa se retirer avec armes et bagages, accompagnée
des autorités de la ville, ce qu'elle fit.
A dix heures un quart du soir, des barricades se formèrent.
Aussitôt, on ferma l'entrée de la ville aux troupes ; la ville fut
occupée militairement par le peuple; la révolution était accom-
plie sans effusion de sang. Immédiatement après, un gouverne-
ment provisoire fut établi, formé des citoyens : Masias, lieutenant
général de Domingo ; Gamio, commandant la ville ; de Béren-
guelle, préfet, et de Frederico Lafuente, général d'artillerie.
Le premier acte du gouvernement provisoire fut l'organisation
de la troupe et la fondicion de quatre obusiers et de deux
canons en bronze destinés pour la ville d'Arequipa, ce dont
je fus chargé comme maître fondeur. Puis une levée en masse
de tous les hommes en état de porter les armes. Un emprunt
Journal de la Révolution opérée dans le Pérou par le général
Vivançou, années 1856-1857, écrit par Frédéric Lavoisier, maître
fondeur attaché au service de l'escadron d'artillerie de la ville
d'Aréquipa. (Copie.)
Le 10 du mois de novembre 1856, j'étais à Arequipa traver-
sant le Pérou pour me rendre à Pugno y accomplir un enga-
gement passé avec MM. Engler et Cie, de Paris. J'étais donc à
Arequipa, me reposant d'une route longue et pénible, quand
le soir même, nous fûmes éveillés par le tocsin sonnant à toutes
les églises d'Arequipa et appelant le peuple aux armes : ce
fut une rumeur sourde comme un flot de la mer qui s'élève
peu à peu et qui devient en peu de temps une tempête effroya-
ble. Pour nous, étrangers aux pays et craignant d'être mas-
sacrés par la populace, nous nous renfermâmes chez nous au
nombre de six Français, chargeâmes nos armes et attendîmes
ainsi le jour dans une anxiété facile à comprendre. — Voici
ce qui se passait dans la ville. Au premier tintement de la
cloche, les troupes de la caserne se formèrent sur la grande
place de la cathédrale où elles occupèrent militairement la rue
aboutissante à la place, puis les autorités vinrent se placer en
face de la troupe et sommèrent le peuple de se retirer. A
cette sommation, le peuple se jeta sur la troupe el la força
à se replier sur le pont, ce qu'elle fit en bon ordre. Un coup
de feu partit des rangs de la troupe, blessa un ouvrier sellier.
Le peuple fit feu, mais ne voulant pas massacrer la petite
troupe, la laissa se retirer avec armes et bagages, accompagnée
des autorités de la ville, ce qu'elle fit.
A dix heures un quart du soir, des barricades se formèrent.
Aussitôt, on ferma l'entrée de la ville aux troupes ; la ville fut
occupée militairement par le peuple; la révolution était accom-
plie sans effusion de sang. Immédiatement après, un gouverne-
ment provisoire fut établi, formé des citoyens : Masias, lieutenant
général de Domingo ; Gamio, commandant la ville ; de Béren-
guelle, préfet, et de Frederico Lafuente, général d'artillerie.
Le premier acte du gouvernement provisoire fut l'organisation
de la troupe et la fondicion de quatre obusiers et de deux
canons en bronze destinés pour la ville d'Arequipa, ce dont
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de tous les hommes en état de porter les armes. Un emprunt
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