Titre : L'Idée ouvrière : journal hebdomadaire paraissant le samedi
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1888-05-12
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327882527
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 158 Nombre total de vues : 158
Description : 12 mai 1888 12 mai 1888
Description : 1888/05/12 (A1,N36)-1888/05/19. 1888/05/12 (A1,N36)-1888/05/19.
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
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Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5545717j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-85206
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
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L'ABSTENTION
Nous engageons les travailleurs à
déserter les urnes électorales et à
ne pas se prêter à la comédie grotes-
que dont Us sont les premières vic-
times.
.Non pas que nous aimions à les
voir délaisser leurs intérêts person-
nels et n'avoir que mépris pour ce
qu'on esteonvenu actuellement d'ap-
pelet l'intérêt général. Au contraire
c'est parce que nous avons souci de
la dignité humaine et:qu'il nous est
pénible de voir des prolétaires : se
l'aire les complices de leur asservis-
sement économique, et sanction ner
l'arbitraire poli tique qu'il s subissent.
i Et leur acquiescement à l'impos-
ture légale, à l'exploitation-bour-
geoise, ils la donnent sous bien des
formes. Il n'est pas nécessaire qu'ils
votent pour les candidats:gouverne-
mentaux ; l'appui consiste, non dans
le vote pour tel ou tel candidat, niais
dans l'acceptation du vote comme
moyen de lutte.
Déposer un bulletin dans l'urne,
même au nom du plus révolution-
naire des candidats c'est une appro-
bation donnée à la vieille société —
aussi caractérisée, que de voter pour
lepi.usbourgeoisdes candidats. C'est
entrer en pourparlers avec elle, alors
qu'il ne peut être question que de
guerre sans répit.
D'ailleurs, l'Etat comprend com-
bien l'abstention lui serait, fatale. 11
la redoute par dessus tout. Peu lui
importe qu'on le combatte — qu'à
ses candidats on en oppose d'autres,
que ses adversaires soient élus. Ce
qu'il craint et veut éviter, c'est ie
vide autour des urnes ; car 3a dimi-
nution des votants est la preuve ÔVH
dente que la foi en son utilité .dimi-
nue dans le peuple.
Mais alors nous demandent les tra-
vailleurs non encore désillusionnés,
il faut donc se croiser les bras et
aisser nos adversaires prendre con-
tre nous ton les les mesures qu'ils
jugeront convenables : légiférer, dé-
créter, administrer à notre détri-
ment — et cela, parce que trop en-
tichés d'un principe, nous n'avons
pas voulu départir d'une rigidité dis-
cutable '?
Loin de là ; l'abstention telle que
nous la comprenons —'- et la prati-
quons — n'implique pas une- sou-
mission passive' aux volontés d'un
pouvoir tracassiez*. Mous n'acceptons
1 pas Jes_faits sans les discuter, et si
la force nous oblige à nous y sou-
mettre nous ne le faisons pas sans
protester.
Durant toute la campagne électo-
rale nous ne restons pas in actifs ;
notre propagande s'exalte pondant
cettepéi'iode. Kànslesréunions, pre-
nant a partie les candidats dé n'ini-r.
porle quelle couleur, nous l'acculons
dans ses derniers retranchements et
; le forçons à ayoner son i^ipuisâance
— ou même son ignorance.,: JPar des
meetings; des^lacards^ desàffiëhes,
nous cherchons à attirer l'attention
populaire et à faire toucher du doigt
à nos frères, de misère, l'inanité du
suffrage universel.
Et quoi, qu'en puissent dire ceux
qui se servent du suffrage universel
sim pi em en t com m e m o y en: d* agi ta-
tion —hï notre ^abstention est plus
active qtie teur;Pc.rticipaiion. Elle est
loin d'être une acceptation sceptique
des fanf.aisi.es gouvernementales : as-
semblées élues et délibérantes, ont
plus à craindre de nous que des chif-
fons de papier qui lancent un enne-
mi au milieu d'elles.-En restant nous-
mêmes, sans aucuns compromis,
nous faisons davantage pour le dé-
veloppement de' nos idées, et nous
enlevons plus explicitement sa forée
à la vieille société, que ne pourrait
le faire l'élection d'une demi-douzai-
ne de candidats à étiquette révolu-
tionnaire.
Dès que les travailleurs arrivent à
avoir conscience de leur situation
en face de la. bourgeoisie, ils cher-
chent, à faire leurs affaires eux-mê-
mes.
Dans cet ordre d'idées, la première
pensée est de choisir leurs représen-
tants parmi leurs pairs ; prendre ce-
lui qui depuis sa naissance a vécu
de la vie rude, laborieuse et souvent
difficile du prolétaire. Dès lors, tout
doit aller bien — mais comme la
. ... | , 1 r-TKii-TTMi^^iTKTiTTiiii^rTnifc—TTfllWIrJH'W
pratique fait vjic évanouir le rêve i
On nomme un camarade — en ad-
mettant que la pression qu'exercent
les grosses têtes,laisse au menu-fre-
tin Ja faculté de voter à sa fantaisie.
(Car chacun sait que les élections se
mijotent presque toujours entre gros
bourgeois, qui font voter les travail-
leurs qu'ils ontsouslourdépendance
pour qui ils veulent).
Le voila élu, le camarade : il est
conseiller municipal ou député. Que
va-t-il faire ? Défendre les intérêts
de ses électeurs — de ses anciens co-
pains -f car maintenant il n'est plus
travailleur, il à gravi quelques éche-
lons, sa' tête dépasse le niveau pro-
létarien.: V . ■.
-; 'Les premiers joursVoui ; il sera
tout feu^tont flammes, prendra^la
résolution de saper-tels abus, detûé-
poser tels projets de réforme, ètc
Quelques jours se passent et 11 s'a-
perçoit qu'il s'use en vains efforts
que ses tentatives viennent se briser
devant la routine administrative:':
Le dégoût s'empare de loi ; * en
outre, ses. confrères bourgeois l'en-
tourent et le. caressent. Petit à pe-
tit, il commence à rougir de son ori-
gine,et sans qu'il, s'en rende compte
on l'embourgeoisé.... H '=.\
Travailleurs, regardez autour-'.'dp
vous, rappelez-vous ceux qui partie
de votre milieu ' se sont, élevés" et
vous reconnaîtrez que nous;rais'o.n-
.nons juste ! '*%
Et puis, il faut de la logique-en
toute chose ! ■■.' - :
Quel est notre but ? Jeter ibas la
vieille société, supprimer toutes les
entraves qui s'opposent à-la libre ex-
pansion des individus. Drôle ite mo-
yen, pour accomplir une lelle'foeso-
gne, que d'aller habiter laeahute
qu'on veut démolir !; -\
Restons donc nous-mêmes^ tirons
à boulet rouge sur la soeiéïé actuel-
le ; mais tenons-nous à l'écart afin
de ne pas recevoir des éejaboussu-
res.
Chaque bulletin de prolétaire dé-
posé dans l'urne, c'est une ffoutto de
sang infusée dans les artères de la
moribonde. (T'est nous qui mainte-
nons sa vie artificielle ; coupons les
L'ABSTENTION
Nous engageons les travailleurs à
déserter les urnes électorales et à
ne pas se prêter à la comédie grotes-
que dont Us sont les premières vic-
times.
.Non pas que nous aimions à les
voir délaisser leurs intérêts person-
nels et n'avoir que mépris pour ce
qu'on esteonvenu actuellement d'ap-
pelet l'intérêt général. Au contraire
c'est parce que nous avons souci de
la dignité humaine et:qu'il nous est
pénible de voir des prolétaires : se
l'aire les complices de leur asservis-
sement économique, et sanction ner
l'arbitraire poli tique qu'il s subissent.
i Et leur acquiescement à l'impos-
ture légale, à l'exploitation-bour-
geoise, ils la donnent sous bien des
formes. Il n'est pas nécessaire qu'ils
votent pour les candidats:gouverne-
mentaux ; l'appui consiste, non dans
le vote pour tel ou tel candidat, niais
dans l'acceptation du vote comme
moyen de lutte.
Déposer un bulletin dans l'urne,
même au nom du plus révolution-
naire des candidats c'est une appro-
bation donnée à la vieille société —
aussi caractérisée, que de voter pour
lepi.usbourgeoisdes candidats. C'est
entrer en pourparlers avec elle, alors
qu'il ne peut être question que de
guerre sans répit.
D'ailleurs, l'Etat comprend com-
bien l'abstention lui serait, fatale. 11
la redoute par dessus tout. Peu lui
importe qu'on le combatte — qu'à
ses candidats on en oppose d'autres,
que ses adversaires soient élus. Ce
qu'il craint et veut éviter, c'est ie
vide autour des urnes ; car 3a dimi-
nution des votants est la preuve ÔVH
dente que la foi en son utilité .dimi-
nue dans le peuple.
Mais alors nous demandent les tra-
vailleurs non encore désillusionnés,
il faut donc se croiser les bras et
aisser nos adversaires prendre con-
tre nous ton les les mesures qu'ils
jugeront convenables : légiférer, dé-
créter, administrer à notre détri-
ment — et cela, parce que trop en-
tichés d'un principe, nous n'avons
pas voulu départir d'une rigidité dis-
cutable '?
Loin de là ; l'abstention telle que
nous la comprenons —'- et la prati-
quons — n'implique pas une- sou-
mission passive' aux volontés d'un
pouvoir tracassiez*. Mous n'acceptons
1 pas Jes_faits sans les discuter, et si
la force nous oblige à nous y sou-
mettre nous ne le faisons pas sans
protester.
Durant toute la campagne électo-
rale nous ne restons pas in actifs ;
notre propagande s'exalte pondant
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nant a partie les candidats dé n'ini-r.
porle quelle couleur, nous l'acculons
dans ses derniers retranchements et
; le forçons à ayoner son i^ipuisâance
— ou même son ignorance.,: JPar des
meetings; des^lacards^ desàffiëhes,
nous cherchons à attirer l'attention
populaire et à faire toucher du doigt
à nos frères, de misère, l'inanité du
suffrage universel.
Et quoi, qu'en puissent dire ceux
qui se servent du suffrage universel
sim pi em en t com m e m o y en: d* agi ta-
tion —hï notre ^abstention est plus
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loin d'être une acceptation sceptique
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semblées élues et délibérantes, ont
plus à craindre de nous que des chif-
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mi au milieu d'elles.-En restant nous-
mêmes, sans aucuns compromis,
nous faisons davantage pour le dé-
veloppement de' nos idées, et nous
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à la vieille société, que ne pourrait
le faire l'élection d'une demi-douzai-
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Dès que les travailleurs arrivent à
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Dans cet ordre d'idées, la première
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tants parmi leurs pairs ; prendre ce-
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doit aller bien — mais comme la
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On nomme un camarade — en ad-
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(Car chacun sait que les élections se
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pour qui ils veulent).
Le voila élu, le camarade : il est
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lons, sa' tête dépasse le niveau pro-
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perçoit qu'il s'use en vains efforts
que ses tentatives viennent se briser
devant la routine administrative:':
Le dégoût s'empare de loi ; * en
outre, ses. confrères bourgeois l'en-
tourent et le. caressent. Petit à pe-
tit, il commence à rougir de son ori-
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on l'embourgeoisé.... H '=.\
Travailleurs, regardez autour-'.'dp
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vieille société, supprimer toutes les
entraves qui s'opposent à-la libre ex-
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yen, pour accomplir une lelle'foeso-
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qu'on veut démolir !; -\
Restons donc nous-mêmes^ tirons
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