Titre : L'Idée ouvrière : journal hebdomadaire paraissant le samedi
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1888-04-21
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327882527
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 158 Nombre total de vues : 158
Description : 21 avril 1888 21 avril 1888
Description : 1888/04/21 (A1,N33)-1888/04/28. 1888/04/21 (A1,N33)-1888/04/28.
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5545710n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-85206
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
PREMIÈRE ANNÉE- N° 'dû.
c I-N Q ■ -M-&-M'^i-XM^'
CïîïKEsratyair
: J)W$i M «g;Â^RILjJi|^>.
L'A:VtN i R
Dimanche, F élection de Boulan-
ger dans le Nord: a sonné le glus du
parlementarisme. Ce régime e.sl vidé;
dix-huit ans d'impuissance l'ont am-
plement prouvé ; le voilà couché
dans la fosse — que la terre lui soit
légère.
Ce n'est pas nous qui le pleure-
rons, quoique sa succession et ses
successeurs nous mettent l'angoisse
au coeur. Le péril, nous l'avions dé-
noncé, il y a longtemps déjà— nous
avons la triste satisfaction'd'avoirvu
clair.
Pas de faiblesses, l'heure est criti-
que ; soyons fermes, veillons au grain
et examinons froidement, la situation.
Il y a dix huit ans, après les hon-
tes de l'empire, après la défaite, la
République s'est levée radieuse dans
le ciel sombre. Le peuple a eu foi
en elle, il a cru toucher au bonheur,
réaliser enfin l'éden entrevu. C'était
vague et confus dans son cerveau,
un espoir — et cet espoir a été dé-
çu.
Opportunistes et radicaux sont des
banqueroutiers ;ilsn'ont su, ni voulu,
tenir aucune des promesses faites,
réaliser dans la plus infime propor-
tion le songe caressé par le peuple.
Ou mieux, ilsne l'ont pu ! Caries ré-
formes, môme les plus anodines et
les moins efficaces se tournaient
contre eux.
Libertés de presse et de réunion
ont été octroyées — avec de telles
réticences et si mauvaise grâce, que
ce qui avait été donné d'une main a
été repris de l'autre.
Lt d'ailleurs, il y a nombre de tra-
vailleurs qui aujourd'hui encore, pré-
fèrent une paire de sabots ou une
miche de pain à ces libertés illusoi-
res dont ils ne peuvent jouir.
Et puis, quoi !. Diminuer les im-
pôts, par exemple ? Mais, les char-
ges de l'État, avec quoi y faire face ?
Les. bneigétivores à engraieser, le
clergé à gaver, l'armée à entretenir^
les intérêts de la dette à payer ré-
gulièrement, etc. Vous objecterez
qu'il n'y aurait pas grand mal à sup-
primer tout cela — tel n'est pas l'a-
vis de l'état Au surplus, lesimpôls di-
minués, réduits à leur plus simple
expression, ce n'est pas une solu-
tion ; le salaire baisserait dans la
mêmeproporlion. La Belgique a des
impôts très légers, coqui ne l'empê-
che pas d'avoir un prolétariat très
malheureux.
Ainsi de toutes les autres réfor-
mes, toutes sont d'infranchissables
cercles vicieux. La société actuelle
est un casse-tête chinois, toutes les
combinaisons essayées pour la ren-
dre moins barbare aux pauvres, ne
changeront pas le;résultat défiinitif
qui est l'exploitation du peuple.
Qliant aux véritables réformes,
non pas politiques, mais économi-
ques, ctelles qui riuraient profondé-
ment modifié la vie sociale— est-il
besoin de dire que lés gouvernants
depuis dix-huit ans ne pouvaient pas
les désirer — à plus forte raison ne
pouvaient-ils pas essayer de les faire!
Une seule issue étaitouverte. Mais
la République parlementaire a prou-
vé par son atroce répression du mou^
vément de 1871, qu'elle n'entendait
pas suivre cette route. Il fallait faire
la Révolution ! Mais c'était une oeur
vre au dessus dé son énergie morale.
Ce n'était rien moins que son sui-
cidé et en môme temps celui de la
classe bourgeoise qu'elle incarnait —
et ce suicide au profit de la Sociale !
Elle ne pouvait qu'agir comme elle
a fait : piétiner sur place, tomber en
pourriture lambeau à lambeau.
Et pendant cette période de dé-
composition nous aurions dû prépa-
rer le terrain, afin qu'à l'heure où
tomberait le parlementarisme^ le so-
cialisme put surgir et crier : Présent !
Afin que fort et vigoureux, il pût
pousser au charnier la vieille société.
Pour cette oeuvre, bien des choses
nous ont manqué : peut-être l'éner-
gie — peut-être une perception nette
des événements — mais surtout le
puissant levier, sans lequel aujour-
d'hui rien n'est possible : l'argent !
Faibles, pauvres, ne disposant que
d'infinies moyens d'action, les résul-
tats de notre propagande ont été
mesquins.
- Du moins superficiellement ils
nous paraissent tels à l'heure pré-
sente; mais un peuple n'n pas la dé-
crépitude des individus, continuel-
lement les ieunes générations vien-
nent lui redonner une vigueur nou-
velle. Ne désespérons pas ; les idées
que nous répandons ne seront pas
des germes perdus ; à 1 heure fatale,
elles sourdront des masses prolon-
dus, d'autant plus resplendissantes,
qu'elles auront couvé.
Revenons à la situation. Lorsque
la coupe a débordé, que le dégoût
et la fatigue — conséquences logK
ques du système— ont été à leur
comble, la grande niasse aspirant au
mieux être, a manifesté son malaise.
Mais ne se guidant que d'après des
données superficielles et anti-scienti-
fiques, défiante des théories socia-
listes et ne voyant pas immédiate,
leur application r-et d'un autre côté
ne voulant pas retourner aux partis
du passé — elle est allée vers l'hom-
me providentiel qui dans ces mo-
ments d'inceititudesurgitfatalement.
Autour de cet homme se sont
groupés les plus hétérogènes élé-
ments ; tripoteurs, ambitieux, parti-
sans d'un passé démodé ; toutes les
rancunes se sont amalgamées pour
faire échec au régime actuel.
Que Boulanger soit un crétin, peu
importe ! Il fait pièce au gouverne-
ment et est une force toute négative.
Que demain, grâce à l'.aveugîenient
des uns, à îa roublardise des autres,
il monte sur le trône, cela est pos-
sible.
Le danger n'est pas là. Quand il
se trouvera aux.prises avec les dif-
ficultés économiques, il sera promp-
tement usé. Les rêves dorés qu'il a
fait naître, s'envoleront enJumée.
Ce qu'il y a à craindre, c'est que
l'Europe coalisée, comme il y a un
siècle, ne profite de cette servitude,
pour écraser et démembrer la France
— en faire une nouvelle Pologne.
Nulle période de la vie d'un peuple
n'étant plus favorable à l'invasion
étrangère, que celle où il est vautré
aux pieds d'un homme-dieu.
Nous ne sommes pas patriotes,
nous haïssons cette adoration mes-
quine, du champ où végète l'animal
c I-N Q ■ -M-&-M'^i-XM^'
CïîïKEsratyair
: J)W$i M «g;Â^RILjJi|^>.
L'A:VtN i R
Dimanche, F élection de Boulan-
ger dans le Nord: a sonné le glus du
parlementarisme. Ce régime e.sl vidé;
dix-huit ans d'impuissance l'ont am-
plement prouvé ; le voilà couché
dans la fosse — que la terre lui soit
légère.
Ce n'est pas nous qui le pleure-
rons, quoique sa succession et ses
successeurs nous mettent l'angoisse
au coeur. Le péril, nous l'avions dé-
noncé, il y a longtemps déjà— nous
avons la triste satisfaction'd'avoirvu
clair.
Pas de faiblesses, l'heure est criti-
que ; soyons fermes, veillons au grain
et examinons froidement, la situation.
Il y a dix huit ans, après les hon-
tes de l'empire, après la défaite, la
République s'est levée radieuse dans
le ciel sombre. Le peuple a eu foi
en elle, il a cru toucher au bonheur,
réaliser enfin l'éden entrevu. C'était
vague et confus dans son cerveau,
un espoir — et cet espoir a été dé-
çu.
Opportunistes et radicaux sont des
banqueroutiers ;ilsn'ont su, ni voulu,
tenir aucune des promesses faites,
réaliser dans la plus infime propor-
tion le songe caressé par le peuple.
Ou mieux, ilsne l'ont pu ! Caries ré-
formes, môme les plus anodines et
les moins efficaces se tournaient
contre eux.
Libertés de presse et de réunion
ont été octroyées — avec de telles
réticences et si mauvaise grâce, que
ce qui avait été donné d'une main a
été repris de l'autre.
Lt d'ailleurs, il y a nombre de tra-
vailleurs qui aujourd'hui encore, pré-
fèrent une paire de sabots ou une
miche de pain à ces libertés illusoi-
res dont ils ne peuvent jouir.
Et puis, quoi !. Diminuer les im-
pôts, par exemple ? Mais, les char-
ges de l'État, avec quoi y faire face ?
Les. bneigétivores à engraieser, le
clergé à gaver, l'armée à entretenir^
les intérêts de la dette à payer ré-
gulièrement, etc. Vous objecterez
qu'il n'y aurait pas grand mal à sup-
primer tout cela — tel n'est pas l'a-
vis de l'état Au surplus, lesimpôls di-
minués, réduits à leur plus simple
expression, ce n'est pas une solu-
tion ; le salaire baisserait dans la
mêmeproporlion. La Belgique a des
impôts très légers, coqui ne l'empê-
che pas d'avoir un prolétariat très
malheureux.
Ainsi de toutes les autres réfor-
mes, toutes sont d'infranchissables
cercles vicieux. La société actuelle
est un casse-tête chinois, toutes les
combinaisons essayées pour la ren-
dre moins barbare aux pauvres, ne
changeront pas le;résultat défiinitif
qui est l'exploitation du peuple.
Qliant aux véritables réformes,
non pas politiques, mais économi-
ques, ctelles qui riuraient profondé-
ment modifié la vie sociale— est-il
besoin de dire que lés gouvernants
depuis dix-huit ans ne pouvaient pas
les désirer — à plus forte raison ne
pouvaient-ils pas essayer de les faire!
Une seule issue étaitouverte. Mais
la République parlementaire a prou-
vé par son atroce répression du mou^
vément de 1871, qu'elle n'entendait
pas suivre cette route. Il fallait faire
la Révolution ! Mais c'était une oeur
vre au dessus dé son énergie morale.
Ce n'était rien moins que son sui-
cidé et en môme temps celui de la
classe bourgeoise qu'elle incarnait —
et ce suicide au profit de la Sociale !
Elle ne pouvait qu'agir comme elle
a fait : piétiner sur place, tomber en
pourriture lambeau à lambeau.
Et pendant cette période de dé-
composition nous aurions dû prépa-
rer le terrain, afin qu'à l'heure où
tomberait le parlementarisme^ le so-
cialisme put surgir et crier : Présent !
Afin que fort et vigoureux, il pût
pousser au charnier la vieille société.
Pour cette oeuvre, bien des choses
nous ont manqué : peut-être l'éner-
gie — peut-être une perception nette
des événements — mais surtout le
puissant levier, sans lequel aujour-
d'hui rien n'est possible : l'argent !
Faibles, pauvres, ne disposant que
d'infinies moyens d'action, les résul-
tats de notre propagande ont été
mesquins.
- Du moins superficiellement ils
nous paraissent tels à l'heure pré-
sente; mais un peuple n'n pas la dé-
crépitude des individus, continuel-
lement les ieunes générations vien-
nent lui redonner une vigueur nou-
velle. Ne désespérons pas ; les idées
que nous répandons ne seront pas
des germes perdus ; à 1 heure fatale,
elles sourdront des masses prolon-
dus, d'autant plus resplendissantes,
qu'elles auront couvé.
Revenons à la situation. Lorsque
la coupe a débordé, que le dégoût
et la fatigue — conséquences logK
ques du système— ont été à leur
comble, la grande niasse aspirant au
mieux être, a manifesté son malaise.
Mais ne se guidant que d'après des
données superficielles et anti-scienti-
fiques, défiante des théories socia-
listes et ne voyant pas immédiate,
leur application r-et d'un autre côté
ne voulant pas retourner aux partis
du passé — elle est allée vers l'hom-
me providentiel qui dans ces mo-
ments d'inceititudesurgitfatalement.
Autour de cet homme se sont
groupés les plus hétérogènes élé-
ments ; tripoteurs, ambitieux, parti-
sans d'un passé démodé ; toutes les
rancunes se sont amalgamées pour
faire échec au régime actuel.
Que Boulanger soit un crétin, peu
importe ! Il fait pièce au gouverne-
ment et est une force toute négative.
Que demain, grâce à l'.aveugîenient
des uns, à îa roublardise des autres,
il monte sur le trône, cela est pos-
sible.
Le danger n'est pas là. Quand il
se trouvera aux.prises avec les dif-
ficultés économiques, il sera promp-
tement usé. Les rêves dorés qu'il a
fait naître, s'envoleront enJumée.
Ce qu'il y a à craindre, c'est que
l'Europe coalisée, comme il y a un
siècle, ne profite de cette servitude,
pour écraser et démembrer la France
— en faire une nouvelle Pologne.
Nulle période de la vie d'un peuple
n'étant plus favorable à l'invasion
étrangère, que celle où il est vautré
aux pieds d'un homme-dieu.
Nous ne sommes pas patriotes,
nous haïssons cette adoration mes-
quine, du champ où végète l'animal
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 90.72%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 90.72%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k5545710n/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k5545710n/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k5545710n/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k5545710n
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k5545710n
Facebook
Twitter