Titre : L'Idée ouvrière : journal hebdomadaire paraissant le samedi
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1888-02-05
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327882527
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 158 Nombre total de vues : 158
Description : 05 février 1888 05 février 1888
Description : 1888/02/05 (A1,N22)-1888/02/11. 1888/02/05 (A1,N22)-1888/02/11.
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5545606d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-85206
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
ËREMïÊRe ANNÉE, N* 22. ■ .. CIN Q 'CE-:NTI:MES .. I).ÙS....AU.11^^188^*'
Akx compagnons de ridée Ouvrière,
Chers compagnons et. amis.
Cessez de vous tourmenter à mon
sujet — je vais bien et je travaille à
divers ouvrages — anarchistes bien
entendu.
D'ici à quelques jours je vous en-
verrai le feuilleton qui est pour vous.
L'ordre dans l'anarchie c'est, au-
tant qu'il nous est possible de le
concevoir maintenant, cette gravita-
tion libre des sociétés humaines dans
l'univers libre.
Merci de votre désir que le mal-
heureux Lucas soit remis en liberté'.
sj^lpé n'est, pas si souvent qu'on trouve •
i^iÉHBiî'heure^detjoie; dans ;là ^rïè^?-et
son retour dans sa famille en sera
une pour ces pauvres gens — peut-
être n'en auront-ils jamais d'autres,
Bien à vous,
Louise Michel.
LE VOTE
Regardons en arrière, rapide coup
d'oeil sur le peu que nous connais-
sons de la vie de l'Humanité. Que
voyons-nous? Toujours deux partis'
incessamment aux prises. A droite
les vieux barbons, mangeurs de
chair humaine ; privilégiés vivant
des monstruosités existantes, l'ava-
lant l'innombrable troupeau humain
tant bas possible, et armant leurs
esclaves pour arrêter la marche en
avant voulue par ceux de gauche,
hommes énergiques et fiers, las de
s'agenouiller devant leurs maîtres.
Toujours la progression — si mi-
nime soit-elle — ne s'est accomplie
qu'au prix de luttes meurtrières,
de chocs violents, entre les défen-
seurs d'i passé et les pionniers de
l'avenir. Toujours la Force, dans sa
brutalité fécondante, a été le grand
et unique facteur du progrès.
Et logiques, nous appuyant sur
ces faits, nous concluons que la
Force, norme de l'Humanité hier,
l'est aujourd'hui, et le sera aussi
longtemps que les peuples auront
' des obstacles à briser -, maîtres et
despotes à renverser.
Encore moins d'un siècle, nous
voyons la Bourgeoisie, riche et ins-
truite, ambitieuse de seule domi-
ner, d'être tout enfin ; demander à
la Force son émancipation et em-
ployer comme irréfutable argument
î'échafaud.
Et aujourd'hui satisfaite ; après
la période héroïque aspirant au re-
pos ; préférant ia fange au sang,
surtout désireuse de conserver in-
tégralement les prestiges conquis
— sans que, mince, bribe en re-
vienne au puissant allié de jadis, le
Prolétariat — elle réprouve avec un
frisson d'horreur, les sanglantes vio-
lences. Aux travailleurs, las de pei-
ner à son profit, eLdésiffeux de faire
trou à leur tour, elle explique les*'
déboires et déceptions qu'amène
après elle la Force. Elle leur prend
des mains le fusil, et leur remet, gé-
néreuse, l'arme qui doit — à son
•dire — pacifiquement le» affran-
chir. — Hosannah, pour le bulletin
de vote !
A l'entendre le suffrage universel
répond à tout ; grâce à lui toutes
les questions les plus ardues même,
se résolvent sans tiraillements.
Après semblables panégyriques,
on se demande comment ont pu
faire nos ancêtres pour arriver à
vivre sans posséder celte arme sou-
veraine.
Vraiment, nos bourgeois sont su-
perbes ! Mais d'abord respectent-ils
religieusement les décisions du scru-
tin électoral ? Est-ce qu'ils n'ont pas
vingt ans durant considéré le second
empire, comme dictature mons-
trueuse, résultat d'un guet-apens —
malgré tous les votes populaires, la
demi-douzaine de plébiscites qui
l'ont sanctionné ? Est-ce par le suf-
frage universel ou par un coup ré-
volutionnaire que cet empire de
boue et de sang a été jeté à l'égout ?
Et hier encore ne criaient-ils pas
aux armes — si non tous les bour-
geois, un certain nombre — et ne se
preparaient-ils pas à descendre dans
la rue pour éviter Ferry le Tonki-
nois ? Et. cependant, élu, il eut été
une émanation du suffrage univer-
sel au même titre que Sadi C.rétin.
Cette glorification du suffrage unfc
versel parla Bourgeoisie, s'explique;.
Autrefois, alors qu'il n'avait pas en-
core été expérimenté, elle pouvait
en redouter les effets ; mais après
quarante ans de mise en oeuvre,
elle s'est rassurée. Le socialisme ~^
moins scientifique, plus sentimen-
tal et pleurnicheur — était en 4$
à peu près aussi répandu qu'il l'est
de nos jours ; si donc alors et de*
puis, armé du bulletin de voté, il
n'a pas porté de coups mortels à
son ennemie, il n'y a pas, S craindre
qu'il la tue aujourd'hui.
C'est forte de ce raisonnement,
que la Bourgeoisie est heureuse de
voir le Prolétariat s'engoue):: «jftcores
de ce hoehet_etfonder de mirit^i^^
l&uts averiïïsawr son application. '
Entre la vieille société basée sttr
l'exploitation a outrance du prolé-
tariat et la société future, formée
d'hommes libres, il n'y a pas dé
transactions possibles. Tergiverser
et faire du parlementarisme au lieu
de la révolution ne peut que recu-
ler l'heure fatale ; restons en dehors
de toutes les compétitions, des am-
bitions malsaines qui grouillent au-
tour des urnes électorales ; à ce
prix seulement nous serons forts ;
refusons de sanctionner de notre
vote la machine gouvernementale.,
elle n'est puissante que de notre
acquiescement inconscient.
Vouloir employer cette arme si
libéralement octroyée, c'est tomber
dar.s la politique radicale, laquelle
n'a d'autre visée que de conserver
la vieille société, de prolonger son
existence au moyen d'habiles ré-
formes ou des semblants de replâ-
trages, alors qu'il faut démolir. Le
vieil ordre de choses s'effondre de
lui-même, croule de partout, n'a-
yons pas la naïveté de lui prêter nos
épaules pour le consolider ; restons
en expectative devant cette pourri-
ture et occupons-nous de besogne
plus sérieuse; empêchons que d'au-
tres parasites viennent prendre la
place de ceux qui sont en train de
râler.
Akx compagnons de ridée Ouvrière,
Chers compagnons et. amis.
Cessez de vous tourmenter à mon
sujet — je vais bien et je travaille à
divers ouvrages — anarchistes bien
entendu.
D'ici à quelques jours je vous en-
verrai le feuilleton qui est pour vous.
L'ordre dans l'anarchie c'est, au-
tant qu'il nous est possible de le
concevoir maintenant, cette gravita-
tion libre des sociétés humaines dans
l'univers libre.
Merci de votre désir que le mal-
heureux Lucas soit remis en liberté'.
sj^lpé n'est, pas si souvent qu'on trouve •
i^iÉHBiî'heure^detjoie; dans ;là ^rïè^?-et
son retour dans sa famille en sera
une pour ces pauvres gens — peut-
être n'en auront-ils jamais d'autres,
Bien à vous,
Louise Michel.
LE VOTE
Regardons en arrière, rapide coup
d'oeil sur le peu que nous connais-
sons de la vie de l'Humanité. Que
voyons-nous? Toujours deux partis'
incessamment aux prises. A droite
les vieux barbons, mangeurs de
chair humaine ; privilégiés vivant
des monstruosités existantes, l'ava-
lant l'innombrable troupeau humain
tant bas possible, et armant leurs
esclaves pour arrêter la marche en
avant voulue par ceux de gauche,
hommes énergiques et fiers, las de
s'agenouiller devant leurs maîtres.
Toujours la progression — si mi-
nime soit-elle — ne s'est accomplie
qu'au prix de luttes meurtrières,
de chocs violents, entre les défen-
seurs d'i passé et les pionniers de
l'avenir. Toujours la Force, dans sa
brutalité fécondante, a été le grand
et unique facteur du progrès.
Et logiques, nous appuyant sur
ces faits, nous concluons que la
Force, norme de l'Humanité hier,
l'est aujourd'hui, et le sera aussi
longtemps que les peuples auront
' des obstacles à briser -, maîtres et
despotes à renverser.
Encore moins d'un siècle, nous
voyons la Bourgeoisie, riche et ins-
truite, ambitieuse de seule domi-
ner, d'être tout enfin ; demander à
la Force son émancipation et em-
ployer comme irréfutable argument
î'échafaud.
Et aujourd'hui satisfaite ; après
la période héroïque aspirant au re-
pos ; préférant ia fange au sang,
surtout désireuse de conserver in-
tégralement les prestiges conquis
— sans que, mince, bribe en re-
vienne au puissant allié de jadis, le
Prolétariat — elle réprouve avec un
frisson d'horreur, les sanglantes vio-
lences. Aux travailleurs, las de pei-
ner à son profit, eLdésiffeux de faire
trou à leur tour, elle explique les*'
déboires et déceptions qu'amène
après elle la Force. Elle leur prend
des mains le fusil, et leur remet, gé-
néreuse, l'arme qui doit — à son
•dire — pacifiquement le» affran-
chir. — Hosannah, pour le bulletin
de vote !
A l'entendre le suffrage universel
répond à tout ; grâce à lui toutes
les questions les plus ardues même,
se résolvent sans tiraillements.
Après semblables panégyriques,
on se demande comment ont pu
faire nos ancêtres pour arriver à
vivre sans posséder celte arme sou-
veraine.
Vraiment, nos bourgeois sont su-
perbes ! Mais d'abord respectent-ils
religieusement les décisions du scru-
tin électoral ? Est-ce qu'ils n'ont pas
vingt ans durant considéré le second
empire, comme dictature mons-
trueuse, résultat d'un guet-apens —
malgré tous les votes populaires, la
demi-douzaine de plébiscites qui
l'ont sanctionné ? Est-ce par le suf-
frage universel ou par un coup ré-
volutionnaire que cet empire de
boue et de sang a été jeté à l'égout ?
Et hier encore ne criaient-ils pas
aux armes — si non tous les bour-
geois, un certain nombre — et ne se
preparaient-ils pas à descendre dans
la rue pour éviter Ferry le Tonki-
nois ? Et. cependant, élu, il eut été
une émanation du suffrage univer-
sel au même titre que Sadi C.rétin.
Cette glorification du suffrage unfc
versel parla Bourgeoisie, s'explique;.
Autrefois, alors qu'il n'avait pas en-
core été expérimenté, elle pouvait
en redouter les effets ; mais après
quarante ans de mise en oeuvre,
elle s'est rassurée. Le socialisme ~^
moins scientifique, plus sentimen-
tal et pleurnicheur — était en 4$
à peu près aussi répandu qu'il l'est
de nos jours ; si donc alors et de*
puis, armé du bulletin de voté, il
n'a pas porté de coups mortels à
son ennemie, il n'y a pas, S craindre
qu'il la tue aujourd'hui.
C'est forte de ce raisonnement,
que la Bourgeoisie est heureuse de
voir le Prolétariat s'engoue):: «jftcores
de ce hoehet_etfonder de mirit^i^^
l&uts averiïïsawr son application. '
Entre la vieille société basée sttr
l'exploitation a outrance du prolé-
tariat et la société future, formée
d'hommes libres, il n'y a pas dé
transactions possibles. Tergiverser
et faire du parlementarisme au lieu
de la révolution ne peut que recu-
ler l'heure fatale ; restons en dehors
de toutes les compétitions, des am-
bitions malsaines qui grouillent au-
tour des urnes électorales ; à ce
prix seulement nous serons forts ;
refusons de sanctionner de notre
vote la machine gouvernementale.,
elle n'est puissante que de notre
acquiescement inconscient.
Vouloir employer cette arme si
libéralement octroyée, c'est tomber
dar.s la politique radicale, laquelle
n'a d'autre visée que de conserver
la vieille société, de prolonger son
existence au moyen d'habiles ré-
formes ou des semblants de replâ-
trages, alors qu'il faut démolir. Le
vieil ordre de choses s'effondre de
lui-même, croule de partout, n'a-
yons pas la naïveté de lui prêter nos
épaules pour le consolider ; restons
en expectative devant cette pourri-
ture et occupons-nous de besogne
plus sérieuse; empêchons que d'au-
tres parasites viennent prendre la
place de ceux qui sont en train de
râler.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 85.8%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 85.8%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k5545606d/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k5545606d/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k5545606d/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k5545606d
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k5545606d
Facebook
Twitter