Titre : L'Idée ouvrière : journal hebdomadaire paraissant le samedi
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1888-01-07
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327882527
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 158 Nombre total de vues : 158
Description : 07 janvier 1888 07 janvier 1888
Description : 1888/01/07 (A1,N18)-1888/01/14. 1888/01/07 (A1,N18)-1888/01/14.
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
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Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5545582f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-85206
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
PREMIÈRE -ANNÉE, N° 18. CINQ CEN T I M E S Du 7 AU 14 3ANY^^^-^^^
, L/E S PAtS A N S:'-:
Jusqu'ici le cultivateur est resté à ;
. l'écajtdu mouvementrévolutionnaire ■
qui emporte les centres industiiels. '
Cette indifférence a été attribuée à
l'esprit réiVaelaire de l'ouvrier des ;
champs pour tout ce 'qui revêt une:
forme nouvelle. On le dit obtus, fer,-:
mé, rebelle aux idées de progrès, 1
conservateur en diable des vieilles
coutumes, et par cela même une base,
solide sur laquelle s'appuienl sans,
, crainte tous les réactionnaires. Les;
politiciens, furieux de trouver le
p.iysan si peu malléable et se lais-!
, saut difficilement preudre à leurs;
beaux .discours, ont des clichés àj
' foison pour expliquer cetentô.tement :.
il faut voir avec qu'elle moue dédai-
gneuse ils pai lentdes masses rurales !■!
Cette froideur du paysan pour la
révolution, vient principalement de
ce que jusqu'aujourd'hui, il n'a pas
entrevuson intérêt dans le boulever-
sement de la société actuelle. Aux
ouvriers des villes, les socialistes ont
exposé leurs idées de réorganisation
collectiviste ou communiste, la fa-
brique, l'usine, la mine; sont à divers
degrés des manifevi liions commu-
nistes qui leur ont rendu plus assi-
milables les idées qui leur étaient
présentées. Puislacondition primor-
diale de ces théories est Sa suppres-
sion de l\;.-.ploiteur, de là pour i'ou-
..'v-ri?/ lia intérêt palpable.
i;.. Mois ces mêmes théories n'ont rien
,. ; dit à. Tespril, du paysan qui possède
deux ou trois lopins de terre grands
chacun comme un mouchoir do po-
che. Les mirobolantes récoltes que
donnera dans l'aveuir la grande cul-
ture, l'ont séduit comme un beau
rêve, mais il est promptement re-
tombé dans la réalité, haussant les
épaules et concluant : nous ne ver-
rons pas ça ! C'est ù dire qu'il n'a
pas constaté dans celte transforma-
tion un intérêt immédiat; la mise en
pratique lui en semble trop raculée
pour qu'il se tracasse à ce sujet.
Trouvons le moyen de démontrer
au paysan — comme nous l'avons
fait, pour l'ouvrier — que son vérita-
ble intérêt est dans la révolution —
WIIIHIIIIIIMIMIIIBIMII llll ,,.. ^
et n'est que là. Ayons toujours pré- i
sente à l'esprit la parole dé Blanqui : ;
il faut que dès l'instant que la réyo- '
lution est commencée le peuple sente ;
que sa situation s'est améliorée, et;
qu'il est moins malheureux que la:
veillé. Prouvons par notre raison-;
nemerit que la réalisation immédia-
te clé ce bien-être est possible — et;
il viendra à nous.
Car sachons Une chose, le paysan)
a en haine tous les gouvernements.;
IL subit celui qui existe à contre-j ■
coeur et grâce à l'impossibilité-oàjt "
se trouve'dé faire autrement. Il paie' -
les impôts, ïàissé emmener ses en-i
fartts" à la caserneV mais parce qu'il
ne voit pas les moyens de s'en dts-i
penser. Aussi.ne se mêle-t?il jamais
des< querelles politiques, il laisse les
bourgeois de la ville se passiJO.(i«îèri
pour elles II a la notion que 's1o«s
les gouvernements se valent et ne
veut pas courir les risques d'un
changement, persuadé que le nou-
veau ressemblera à l'ancien.
Par son mépris de la politique il
est donc bien préparé pour recevoir
nos idées. A nous de les répandre
et surtout ayons soin de les présen-
ter sons une forme qui ne les rende
pas de prime abord rél'ractaires à
ceux que nous voulons convaincre.
Il y a une épithèle qui court les
campagnes pour définir le révolu-
. tionnaire de la ville : on dit que
c'est un yartageux. L^s théories so-
cialistes ont été exposées aux culti-
vateurs par nos ennemis, avec l'ar-
rière pensée de les aliéner à l'idée
nouvelle. On leur a affirmé qu'au
jour de fa révolution l'ouvrier des
villes viendrait prendre la terre. Fai-
sons disparaître ce malentendu, et
par notre largeur d'idées faisons com-
prendre aux paysans que jamais
nous n'avons prétendu leur dicter
notre volonté, que jamais nous ne
chercherons à leur imposer un ordre
social quelconque, inventé par nous
sous prétexte de faire leur bonheur.
Que le paysan prenne la terre ; qu'il
suive son instinct naturel, sapassion,
qu'il prenne la terre, toute la terre !
Le riçhjgî-bourgeois et le noble ont
d'immén^és domaines qu'il font cul-
tiver par des salariés." Ces terressont
les plus belles de la commune,. les
mieux exposées, les plus productives,
celles qui demandent le moins de fa-
tigué. Qu'il les prenne ! Et.si le pos-
sesseur résiste', eh ! bien, .qu'il se
souvienne de ses pères les Jacques, -
et qu'il soit digne d'eux,.;., Quand
l'heure avait sonnéj ils savaient, pen-
dre leur seigneur à la paterne de son
château ! •
Et qu'on ne craigne pas que cette
prise de possession, violente des ter-
res bourgAoisesy idoune au principe,
de la propriété ihêîvidiielle une nou-
velle vigueur. Ce qui fait la foriee de
la propriété c'est qu'fclle trouve sa
garantie dans la;^^ r^iisêcratiop juridi-
que et pôlitïque^ijçiï'-Ëtat,im donne : •
elle est un dro%trM'tà& un^ifpfe'aboli,
la propriété ;sera;^èdqite.&,yè£at de
wtyj)J,e;fàit.,: çt dépourvue clé {toute
sanction elle aura perdu toute sa ;v
puissance.
:— m • ——•■■■'■•■"-
LA
SITUATION ÉCONOMIQUE
Le peuple est las ; il se demande
où il en est, après s'être laissé si
longtemps berner et gouverner par
la bourgeoisie.
La réponse est dans la situation
économique actuelle de l'Europe;
La crise, autrefois calamité passa-
gère, est devenue chronique. La
crise du coton, la crise en métallur
, gie, la crise horlogère, toutes les
crises se déchaînent aujourd'hui à
la fois, s'installent en permanence.
Ou évalue à plusieurs millions le
nombre d'ouvriers sans travail, à
l'heure qu'il est, en Europe ; à des
dizaines de mille le nombre de ceux
qui rôdent de ville en ville en men-
diant, ou s'ameutent pour demander,
avec menaces, du travail ou du pain !
Comme les paysans de 1787 rôdaient
sur les routes par milliers, sans
trouver sur le riche sol de la France,
accaparé parles aristocrates un lopin
de terre pour cultiver et une pioche
pour la remuer, — demènié aujour-
d'hui, l'ouvrier reste les bras vides,
sans trouver la matière premlèrp et
l'instrument, nécessaires pour pro-
, L/E S PAtS A N S:'-:
Jusqu'ici le cultivateur est resté à ;
. l'écajtdu mouvementrévolutionnaire ■
qui emporte les centres industiiels. '
Cette indifférence a été attribuée à
l'esprit réiVaelaire de l'ouvrier des ;
champs pour tout ce 'qui revêt une:
forme nouvelle. On le dit obtus, fer,-:
mé, rebelle aux idées de progrès, 1
conservateur en diable des vieilles
coutumes, et par cela même une base,
solide sur laquelle s'appuienl sans,
, crainte tous les réactionnaires. Les;
politiciens, furieux de trouver le
p.iysan si peu malléable et se lais-!
, saut difficilement preudre à leurs;
beaux .discours, ont des clichés àj
' foison pour expliquer cetentô.tement :.
il faut voir avec qu'elle moue dédai-
gneuse ils pai lentdes masses rurales !■!
Cette froideur du paysan pour la
révolution, vient principalement de
ce que jusqu'aujourd'hui, il n'a pas
entrevuson intérêt dans le boulever-
sement de la société actuelle. Aux
ouvriers des villes, les socialistes ont
exposé leurs idées de réorganisation
collectiviste ou communiste, la fa-
brique, l'usine, la mine; sont à divers
degrés des manifevi liions commu-
nistes qui leur ont rendu plus assi-
milables les idées qui leur étaient
présentées. Puislacondition primor-
diale de ces théories est Sa suppres-
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,. ; dit à. Tespril, du paysan qui possède
deux ou trois lopins de terre grands
chacun comme un mouchoir do po-
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donnera dans l'aveuir la grande cul-
ture, l'ont séduit comme un beau
rêve, mais il est promptement re-
tombé dans la réalité, haussant les
épaules et concluant : nous ne ver-
rons pas ça ! C'est ù dire qu'il n'a
pas constaté dans celte transforma-
tion un intérêt immédiat; la mise en
pratique lui en semble trop raculée
pour qu'il se tracasse à ce sujet.
Trouvons le moyen de démontrer
au paysan — comme nous l'avons
fait, pour l'ouvrier — que son vérita-
ble intérêt est dans la révolution —
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et n'est que là. Ayons toujours pré- i
sente à l'esprit la parole dé Blanqui : ;
il faut que dès l'instant que la réyo- '
lution est commencée le peuple sente ;
que sa situation s'est améliorée, et;
qu'il est moins malheureux que la:
veillé. Prouvons par notre raison-;
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te clé ce bien-être est possible — et;
il viendra à nous.
Car sachons Une chose, le paysan)
a en haine tous les gouvernements.;
IL subit celui qui existe à contre-j ■
coeur et grâce à l'impossibilité-oàjt "
se trouve'dé faire autrement. Il paie' -
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ne voit pas les moyens de s'en dts-i
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bourgeois de la ville se passiJO.(i«îèri
pour elles II a la notion que 's1o«s
les gouvernements se valent et ne
veut pas courir les risques d'un
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veau ressemblera à l'ancien.
Par son mépris de la politique il
est donc bien préparé pour recevoir
nos idées. A nous de les répandre
et surtout ayons soin de les présen-
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pas de prime abord rél'ractaires à
ceux que nous voulons convaincre.
Il y a une épithèle qui court les
campagnes pour définir le révolu-
. tionnaire de la ville : on dit que
c'est un yartageux. L^s théories so-
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vateurs par nos ennemis, avec l'ar-
rière pensée de les aliéner à l'idée
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jour de fa révolution l'ouvrier des
villes viendrait prendre la terre. Fai-
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par notre largeur d'idées faisons com-
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nous n'avons prétendu leur dicter
notre volonté, que jamais nous ne
chercherons à leur imposer un ordre
social quelconque, inventé par nous
sous prétexte de faire leur bonheur.
Que le paysan prenne la terre ; qu'il
suive son instinct naturel, sapassion,
qu'il prenne la terre, toute la terre !
Le riçhjgî-bourgeois et le noble ont
d'immén^és domaines qu'il font cul-
tiver par des salariés." Ces terressont
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mieux exposées, les plus productives,
celles qui demandent le moins de fa-
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et qu'il soit digne d'eux,.;., Quand
l'heure avait sonnéj ils savaient, pen-
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château ! •
Et qu'on ne craigne pas que cette
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de la propriété ihêîvidiielle une nou-
velle vigueur. Ce qui fait la foriee de
la propriété c'est qu'fclle trouve sa
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LA
SITUATION ÉCONOMIQUE
Le peuple est las ; il se demande
où il en est, après s'être laissé si
longtemps berner et gouverner par
la bourgeoisie.
La réponse est dans la situation
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gère, est devenue chronique. La
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crises se déchaînent aujourd'hui à
la fois, s'installent en permanence.
Ou évalue à plusieurs millions le
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l'heure qu'il est, en Europe ; à des
dizaines de mille le nombre de ceux
qui rôdent de ville en ville en men-
diant, ou s'ameutent pour demander,
avec menaces, du travail ou du pain !
Comme les paysans de 1787 rôdaient
sur les routes par milliers, sans
trouver sur le riche sol de la France,
accaparé parles aristocrates un lopin
de terre pour cultiver et une pioche
pour la remuer, — demènié aujour-
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sans trouver la matière premlèrp et
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