Titre : L'Idée ouvrière : journal hebdomadaire paraissant le samedi
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1887-12-17
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327882527
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 158 Nombre total de vues : 158
Description : 17 décembre 1887 17 décembre 1887
Description : 1887/12/17 (A1,N15)-1887/12/24. 1887/12/17 (A1,N15)-1887/12/24.
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
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Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k55455722
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-85206
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
PREMIÈRE ANNÉE, N» 15. CINQ CENTIMES Dul7Au24DÉc.l8Wiw^^lvJ^./
AVIS
L'intérêt même du journal, nous
force à avertir nos abonnés dont l'a-
bonnement est expiré, que l'envoi sera
cessé à partir du prochain numéro à
ceux qui n'aurontpas envoyé le mon-
tant du nouveau.
Nous prions les camarades qui se-
raient en possession de numéros 4 de
ï'Idée, et qui pourraient en disposer,
de bien vouloir nous en envoyer, ce
numéro étant complètement épuisé.
AUBERTIN I
Le samedi 10 Décembre vers les
trois heures, Ferry recevait au pa-
lais Bourbon la visite d'un nommé
Aubertin qui déchargeait sur lui trois
coups de revolver. Les blessures sont
bénignes peu nous importe. Ce que
nous voulons envisager, c'est l'acte
en lui-même, sans trop nous occu-
per de son auteur. Il n'est d'ailleurs
pas des nôtres, ce qui nous permet
la franchise de l'expression, sans
qu'il puisse venir à aucun la pensée
que nous plaidons, selon le proverbe,
pour notre maison.
Qu'est actuellement Ferry? Un
homme drapeau ; il incarne en lui
toute une classe : héritier de la pen-
sée de Gambetta — il a exprimé
sous une forme neuve les haines de
Thiers pour le peuple : « Le péril
est à gauche ! » — il a eu sa guerre,
le Tonkin — a affamé une popula-
tion, celle de Paris en 70. — Grâce
à tous ces actes, il a plu à la Bour-
geoisie, autant qu'il a axcité la haine
du peuple ; aussi les chacals de la
finance l'avaient choisi pour leur
candidat à la présidence ; sa comba-
tivité leur faisait espérer de beaux
jours de tripotages.
Par contre les radicaux qu'il vi-
sait directement l'accablaient d'ou-
trages, non sans raisons ; ils rappe-
laient ses crimes et il n'y a pas d'é-
pithèle infamante qui n'ait été'acco-
lée à son nom. Son élection si elle
eut eu lieu, ne se fut pas accomplie
sans massacre populaire.
Pesons ces faits et ne soyons pas
étonnés qu'un homme se soit trou-
vé aspirant à faire disparaître ce
monstre de discorde. Et qui donc
jettera la pierre à ce justicier? Ce
ne sont certes pas ceux qu'il a affa-
més en 70, ni ceux qui ont eu un
fils, un fiancé, un frère ou un ami,
mort là-bas par de là de l'océan,
dans les marais sinistres de la colo-
nie Tonkinoise. Oh ! non, ceux-là
n'ont eu qu'un bravo, et ils sont
nombreux parmi les travailleurs,
ceux qui ont appris avec joie qu'un
bras vengeur s'était levé !
Aubertin n'est certes pas un ré-
volutionnaire, mais c'est nn révolté.
A ce titre il a droit à nos respects.
Il n'est pas nécessaire qu'un homme
ait pendant des années affiché des
idées socialistes pour avoir droit de
se révolter. La souffrance n'a pas
de ces patiences.
Les radicaux eux ont renié le ven-
geur, il n'est pas des nôtres, ont-
ils crié, et ils se sont empressés de
le dépeindre sous les plus noires
couleurs avec la jésuitique arrière-
pensée de lui enlever les sympathies
des prolétaires. Ils craignent que le
revolver fumant de Aubertin ne soit
demain ramassé par un autre révolté
et que cette arme ne soit tourné
contre eux ; ils n'ont pas tort de
craindre, car ils sont aussi charla-
tans que les opportunistes et comme
eux n'ont d'autre visée que d'endor-
mir le peuple avec des fumisteries
réformatrices.
C'est au peuple à voir s'il consent
à subir ces nouveaux rapaces. Nous
sommes convaincus du contraire ;
le jour n'est pas éloigné où les tra-
vailleurs voudront se passer de gou-
vernants et de patrons — et ce jour
là, les Aubertin seront légion !
L4 GUERRE
La guerre au premier jour, telle
est l'opinion de beaucoup ; princi-
palement des revenchards idiots ou
ignorants impatients sans doute de
voir couler encore inutilement au
service d'une cause le sang des ci-
toyens les plus jeunes et les plus
vigoureux. C'est aussi la conviction
de tous les fainéants qui, voués à là
carrière militaire, sont intéressés
aux massacres de la guerre qu'ils di-
rigent au compte des gouvernements.
Mais tous ces gens-là, aveuglés
par l'ignorance ou l'intérêt ne rai-
sonnent pas ; et c'est à • nous révo-
lutionnaires, qui désapprouvons ces
luttes patriotes internationales, à
raisonner, à dire la vérité au peuple
toujours trompé d'abord, et marty-
risé ensuite. C'est à nous de lui dé-
montrer que la seule guerre pour
laquelle il doit s'enrôler et s'enthou-
siasmer, ne doit être que celle du
pauvre contre le riche, de l'esclave
de sa vie de fellah et désireux de
prendre sa part de jouissance, con-
tre le maître, ce despote de plus en
plus arrogant sous le titre de capi-
taliste. C'est pour cette guerre que
nous devons l'encourager à se pré-
parer le plus tôt possible. Car de
cette guerre, s'il en sort vainqueur,
surgira son émancipation.
Ah sans doute, les bourgeois,
quelle que soit la couleur de leur
drapeau politique s'indigneront.
Ils anathèmiseront et traiteront
comme des criminels, les hommes
justes qui pousseront le peuple à
ne pas écouter leur antienne patrio-
tique. Ils dépenseront toute leur
éloquence à vouloir prouver que les
socialistes sont des fomenteurs de
guerres civiles, des perturbateurs qui
poussent les prolétaires à se révol-
ter contre leurs patrons, députés, sé-
nateurs, et toute la kyrielle des
hauts placés, qui comme eux sont
fils de la mère commune, la Patrie.
Ces politiciens, ces menteurs cyni-
ques, viendront encore selon les
bourgeois nous dire que devant l'é-
tranger, tous les intérêts sont les mê-
mes, quand, la paix signée, les mal-
heureux prolétaires survivants de
l'hécatombe rentrant dans les bagnes
civilisés, modernisés, sous le nom
d'usines. Ils voudraient nous dire
ces vendus que nous devons recon-
naissance à la Patrie, poétisée sous
le nom de mère, qu'il faut la défen-
dre si elle est menacée, quand cette
Patrie nous donne comme tepdresse
maternelle, le casse-tête du 'sergent
AVIS
L'intérêt même du journal, nous
force à avertir nos abonnés dont l'a-
bonnement est expiré, que l'envoi sera
cessé à partir du prochain numéro à
ceux qui n'aurontpas envoyé le mon-
tant du nouveau.
Nous prions les camarades qui se-
raient en possession de numéros 4 de
ï'Idée, et qui pourraient en disposer,
de bien vouloir nous en envoyer, ce
numéro étant complètement épuisé.
AUBERTIN I
Le samedi 10 Décembre vers les
trois heures, Ferry recevait au pa-
lais Bourbon la visite d'un nommé
Aubertin qui déchargeait sur lui trois
coups de revolver. Les blessures sont
bénignes peu nous importe. Ce que
nous voulons envisager, c'est l'acte
en lui-même, sans trop nous occu-
per de son auteur. Il n'est d'ailleurs
pas des nôtres, ce qui nous permet
la franchise de l'expression, sans
qu'il puisse venir à aucun la pensée
que nous plaidons, selon le proverbe,
pour notre maison.
Qu'est actuellement Ferry? Un
homme drapeau ; il incarne en lui
toute une classe : héritier de la pen-
sée de Gambetta — il a exprimé
sous une forme neuve les haines de
Thiers pour le peuple : « Le péril
est à gauche ! » — il a eu sa guerre,
le Tonkin — a affamé une popula-
tion, celle de Paris en 70. — Grâce
à tous ces actes, il a plu à la Bour-
geoisie, autant qu'il a axcité la haine
du peuple ; aussi les chacals de la
finance l'avaient choisi pour leur
candidat à la présidence ; sa comba-
tivité leur faisait espérer de beaux
jours de tripotages.
Par contre les radicaux qu'il vi-
sait directement l'accablaient d'ou-
trages, non sans raisons ; ils rappe-
laient ses crimes et il n'y a pas d'é-
pithèle infamante qui n'ait été'acco-
lée à son nom. Son élection si elle
eut eu lieu, ne se fut pas accomplie
sans massacre populaire.
Pesons ces faits et ne soyons pas
étonnés qu'un homme se soit trou-
vé aspirant à faire disparaître ce
monstre de discorde. Et qui donc
jettera la pierre à ce justicier? Ce
ne sont certes pas ceux qu'il a affa-
més en 70, ni ceux qui ont eu un
fils, un fiancé, un frère ou un ami,
mort là-bas par de là de l'océan,
dans les marais sinistres de la colo-
nie Tonkinoise. Oh ! non, ceux-là
n'ont eu qu'un bravo, et ils sont
nombreux parmi les travailleurs,
ceux qui ont appris avec joie qu'un
bras vengeur s'était levé !
Aubertin n'est certes pas un ré-
volutionnaire, mais c'est nn révolté.
A ce titre il a droit à nos respects.
Il n'est pas nécessaire qu'un homme
ait pendant des années affiché des
idées socialistes pour avoir droit de
se révolter. La souffrance n'a pas
de ces patiences.
Les radicaux eux ont renié le ven-
geur, il n'est pas des nôtres, ont-
ils crié, et ils se sont empressés de
le dépeindre sous les plus noires
couleurs avec la jésuitique arrière-
pensée de lui enlever les sympathies
des prolétaires. Ils craignent que le
revolver fumant de Aubertin ne soit
demain ramassé par un autre révolté
et que cette arme ne soit tourné
contre eux ; ils n'ont pas tort de
craindre, car ils sont aussi charla-
tans que les opportunistes et comme
eux n'ont d'autre visée que d'endor-
mir le peuple avec des fumisteries
réformatrices.
C'est au peuple à voir s'il consent
à subir ces nouveaux rapaces. Nous
sommes convaincus du contraire ;
le jour n'est pas éloigné où les tra-
vailleurs voudront se passer de gou-
vernants et de patrons — et ce jour
là, les Aubertin seront légion !
L4 GUERRE
La guerre au premier jour, telle
est l'opinion de beaucoup ; princi-
palement des revenchards idiots ou
ignorants impatients sans doute de
voir couler encore inutilement au
service d'une cause le sang des ci-
toyens les plus jeunes et les plus
vigoureux. C'est aussi la conviction
de tous les fainéants qui, voués à là
carrière militaire, sont intéressés
aux massacres de la guerre qu'ils di-
rigent au compte des gouvernements.
Mais tous ces gens-là, aveuglés
par l'ignorance ou l'intérêt ne rai-
sonnent pas ; et c'est à • nous révo-
lutionnaires, qui désapprouvons ces
luttes patriotes internationales, à
raisonner, à dire la vérité au peuple
toujours trompé d'abord, et marty-
risé ensuite. C'est à nous de lui dé-
montrer que la seule guerre pour
laquelle il doit s'enrôler et s'enthou-
siasmer, ne doit être que celle du
pauvre contre le riche, de l'esclave
de sa vie de fellah et désireux de
prendre sa part de jouissance, con-
tre le maître, ce despote de plus en
plus arrogant sous le titre de capi-
taliste. C'est pour cette guerre que
nous devons l'encourager à se pré-
parer le plus tôt possible. Car de
cette guerre, s'il en sort vainqueur,
surgira son émancipation.
Ah sans doute, les bourgeois,
quelle que soit la couleur de leur
drapeau politique s'indigneront.
Ils anathèmiseront et traiteront
comme des criminels, les hommes
justes qui pousseront le peuple à
ne pas écouter leur antienne patrio-
tique. Ils dépenseront toute leur
éloquence à vouloir prouver que les
socialistes sont des fomenteurs de
guerres civiles, des perturbateurs qui
poussent les prolétaires à se révol-
ter contre leurs patrons, députés, sé-
nateurs, et toute la kyrielle des
hauts placés, qui comme eux sont
fils de la mère commune, la Patrie.
Ces politiciens, ces menteurs cyni-
ques, viendront encore selon les
bourgeois nous dire que devant l'é-
tranger, tous les intérêts sont les mê-
mes, quand, la paix signée, les mal-
heureux prolétaires survivants de
l'hécatombe rentrant dans les bagnes
civilisés, modernisés, sous le nom
d'usines. Ils voudraient nous dire
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