Titre : La Science à la maison : journal hebdomadaire illustré / [gérant H. Édouard]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Éditeur : Imprimerie du XXe siècleImprimerie du XXe siècle (Le Havre)
Date d'édition : 1916-05-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32865836p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 mai 1916 01 mai 1916
Description : 1916/05/01 (A4,N70)-1916/05/31. 1916/05/01 (A4,N70)-1916/05/31.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5401216t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-66646
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/12/2008
S'OCCUPER
Un « poilu », depuis longtemps au front, m'a écrit
•dernièrement une lettre dont j'extrais les passages sui-
vants :
« ... Il serait donc vrai qu'il peut sortir quelque bien
des plus grands maux, car c'est étonnant ce que cette
■guerre aura fait de bien à certains. Ainsi ici, dans le
génie, on nous a appris à exécuter avec presque pas
d'outils et des matériaux rudimentaires, une foule de
travaux que nous n'aurions mênie pas eu l'idée de ten-
ter... La nécessité est une bonne école et nous nous
découvrons chaque jour des capacités nouvelles et puis
mous prenons goût, nous trouvons ' maintenant des
attraits à quantité d'occupations auxquelles nous n'a-
vions jamais songé dans le civil. ... On s'instruit aussi
©entre camarades ; pour ma part, j'apprends, chaque
jour, quelque chose de neuf sur ce qui m'entoure et
quand j'y réfléchis, je me demande comment on peut
vivre jusqu'à plus de trente ans en ignorant des faits
qui semblent si simples et si évidents, une fois qu'on
les comprends... J'ai si bien appris à m'occuper pendant
les repos- qu'il me semble que, de retour à la maison,
je prendrai grand plaisir à faire des petits travaux, mê-
me à lire, pour étudier ce qui m'aurait rudement
« embêté » il y a vingt mois... Mes gosses seront' joli- .
jment contents quand je leur ferai des bibelots et ma
femme, donc ! vu que je n'aurai plus besoin de sortir
tous les soirs pour aller chez.., tuer le temps et le ver. »
Savoir s'occuper, tout est là, et il a fallu la guerre
pour que ce « poilu » apprenne cette éblouissante vérité.
Déjà était sorti des tranchées un bienfait social :
réunis dans une existence commune, face à la mort, là
où le « bluff » et l'hypocrisie ne sont plus de mise, nos
héroïques défenseurs avaient appris à se mieux connaî-
tre, partant à mieux s'apprécier. Heureux gage du
(maintien de « l'union sacrée » après la victoire.
Un bienfait physique avait résulté aussi pour un
très grand nombre de la vie aux armées : vie au grand
air, régulière, où tous les excès sont bannis. L'aspect
florissant des permissionnaires le proclame.
Voici maintenant que cette lettre de mon « poilu »
nous révèle un troisième bienfait, moral celui-ci, et
annonce du même coup toute l'importance de ses effets
futurs. Empêcher un homme « d'alle temps et le ver » ne paraît rien ; en réalité, c'est formi-
dable, s'il s'agit de dizaines et de centaines de mille de
Français, car ce serait une autre grande victoire, celle
contre le terrible fléau social d'où découle tout un
monde de misères : l'alcoolisme, puisqu'il faut l'app. 1er
|>an' son nom.
Aussi, quel précieux enseignement à tirer pour tous,,
grands et petits, de ces quelques mots du o poilu »,
particulièrement pour tous ceux qui ont charge de jeu-
nes âmes. Que vos enfants jouent, c'est nécessaire et
♦le leur âge, mais efforcez-vous de diriger ces jeux vers
des amusements instructifs, des petits travaux dont
toute la jeunesse, d'ailleurs, raffole ; loin de l'arrêter,
excitez en eux le désir qu'ils ont de s'occuper. Au lieu
des contes de fées, ineptes et vides, donnez leur à lire ce
qui va au-devant de leurs véritables aspirations et
pourra développer leurs goûts. Qu'ils soient collection-
neurs,chimistes,mécaniciens,charpeiitiers en herbe,qu'ilB-
construisent, à grand renfort de clous, des cabanes bran-
lantes, pour avoir le plaisir d'y narguer la pluie ; ma-
çons, qu'ils élèvent des fours dont la fumée les mettra
en liesse.
Veillez aux dangers, mais laissez-les faire et ne soyez-
jamais plus heureux que lorsque vous les verrez s'occu-
per, leur bonheur est au bout. Vous-mêmes, donné*-
l'exemple, à la maison, à la promenade, à la vill»,.
à la campagne, à la mer, c'est l'occupation qui manque
le moins. Partout, à toute heure, pour profiter de la»
vie, pour en'goûter les seules jouissances vraies, occupez-
vous ! Le Coin.
La OonQ.\iêt© ci© l'Ooéan
Sans vouloir en médire, on ne peut s'empêcher de
regretter que les progrès de l'électricité, de l'auto-
mobilisme et de la navigation aérienne aient absorbé,
canalisé en quelque sorte pendant ces dernières années,
toutes les initiatives au détriment de ce merveilleux
domaine des mers dont les ressources inépuisables
apporteraient tant de bien-être à la société humaine.
Si les sous-marins de guerre et les torpilles ont été
suffisamment mis au point pour pouvoir éventrer les
plus puissants cuirassés et les engloutir sous les flots
au milieu d'hécatombes de marins nmtilés ; qu'a-t-on
fait pour les eng'ins pacifiques d'exploration et de
conquête de l'océan ?
Aujourd'hui, nous nous sommes rendus maîtres de
toutes les parties solides de notre planète. De hardis
navigateurs ont pu relever toutes les terres du globe
et planter le drapeau de leur patrie sur ses pôles. Des
explorateurs intrépides ont parcouru en tous sens, les-
contrées les plus sauvages. Des mineurs s'enfoncent,
jusque dans les entrailles de la terre et sous le sol
même de la mer pour extraire la houille, les métaux
et les gemmes précieux. Des acronautes, pleins d'au-
dace, se sont élevés à des kilomètres dans l'atmos-
phère et des aviateurs non moins braves ont pu, nou-
veaux Icares, prendre leur essor sur le plus lourd que
l'air et franchir à vol d'oiseau les contrées et les mers.
Mais à l'aurore de ce vingtième siècle, en cet an
de grâce 1916, aucun homme ne peut se targuer
d'avoir posé le pied sur le sol marin, à soixante-cinq
mètres au-dessous du niveau des vagues et l'immense
étendue des terres immergées qui forme les soixante-
et-onze centièmes, presque les trois quarts, de la surface
totale du spéroïde terrestre, est encore inconnue. ■
(A suivre) Capitaine Nemo.'.
Un « poilu », depuis longtemps au front, m'a écrit
•dernièrement une lettre dont j'extrais les passages sui-
vants :
« ... Il serait donc vrai qu'il peut sortir quelque bien
des plus grands maux, car c'est étonnant ce que cette
■guerre aura fait de bien à certains. Ainsi ici, dans le
génie, on nous a appris à exécuter avec presque pas
d'outils et des matériaux rudimentaires, une foule de
travaux que nous n'aurions mênie pas eu l'idée de ten-
ter... La nécessité est une bonne école et nous nous
découvrons chaque jour des capacités nouvelles et puis
mous prenons goût, nous trouvons ' maintenant des
attraits à quantité d'occupations auxquelles nous n'a-
vions jamais songé dans le civil. ... On s'instruit aussi
©entre camarades ; pour ma part, j'apprends, chaque
jour, quelque chose de neuf sur ce qui m'entoure et
quand j'y réfléchis, je me demande comment on peut
vivre jusqu'à plus de trente ans en ignorant des faits
qui semblent si simples et si évidents, une fois qu'on
les comprends... J'ai si bien appris à m'occuper pendant
les repos- qu'il me semble que, de retour à la maison,
je prendrai grand plaisir à faire des petits travaux, mê-
me à lire, pour étudier ce qui m'aurait rudement
« embêté » il y a vingt mois... Mes gosses seront' joli- .
jment contents quand je leur ferai des bibelots et ma
femme, donc ! vu que je n'aurai plus besoin de sortir
tous les soirs pour aller chez.., tuer le temps et le ver. »
Savoir s'occuper, tout est là, et il a fallu la guerre
pour que ce « poilu » apprenne cette éblouissante vérité.
Déjà était sorti des tranchées un bienfait social :
réunis dans une existence commune, face à la mort, là
où le « bluff » et l'hypocrisie ne sont plus de mise, nos
héroïques défenseurs avaient appris à se mieux connaî-
tre, partant à mieux s'apprécier. Heureux gage du
(maintien de « l'union sacrée » après la victoire.
Un bienfait physique avait résulté aussi pour un
très grand nombre de la vie aux armées : vie au grand
air, régulière, où tous les excès sont bannis. L'aspect
florissant des permissionnaires le proclame.
Voici maintenant que cette lettre de mon « poilu »
nous révèle un troisième bienfait, moral celui-ci, et
annonce du même coup toute l'importance de ses effets
futurs. Empêcher un homme « d'alle
dable, s'il s'agit de dizaines et de centaines de mille de
Français, car ce serait une autre grande victoire, celle
contre le terrible fléau social d'où découle tout un
monde de misères : l'alcoolisme, puisqu'il faut l'app. 1er
|>an' son nom.
Aussi, quel précieux enseignement à tirer pour tous,,
grands et petits, de ces quelques mots du o poilu »,
particulièrement pour tous ceux qui ont charge de jeu-
nes âmes. Que vos enfants jouent, c'est nécessaire et
♦le leur âge, mais efforcez-vous de diriger ces jeux vers
des amusements instructifs, des petits travaux dont
toute la jeunesse, d'ailleurs, raffole ; loin de l'arrêter,
excitez en eux le désir qu'ils ont de s'occuper. Au lieu
des contes de fées, ineptes et vides, donnez leur à lire ce
qui va au-devant de leurs véritables aspirations et
pourra développer leurs goûts. Qu'ils soient collection-
neurs,chimistes,mécaniciens,charpeiitiers en herbe,qu'ilB-
construisent, à grand renfort de clous, des cabanes bran-
lantes, pour avoir le plaisir d'y narguer la pluie ; ma-
çons, qu'ils élèvent des fours dont la fumée les mettra
en liesse.
Veillez aux dangers, mais laissez-les faire et ne soyez-
jamais plus heureux que lorsque vous les verrez s'occu-
per, leur bonheur est au bout. Vous-mêmes, donné*-
l'exemple, à la maison, à la promenade, à la vill»,.
à la campagne, à la mer, c'est l'occupation qui manque
le moins. Partout, à toute heure, pour profiter de la»
vie, pour en'goûter les seules jouissances vraies, occupez-
vous ! Le Coin.
La OonQ.\iêt© ci© l'Ooéan
Sans vouloir en médire, on ne peut s'empêcher de
regretter que les progrès de l'électricité, de l'auto-
mobilisme et de la navigation aérienne aient absorbé,
canalisé en quelque sorte pendant ces dernières années,
toutes les initiatives au détriment de ce merveilleux
domaine des mers dont les ressources inépuisables
apporteraient tant de bien-être à la société humaine.
Si les sous-marins de guerre et les torpilles ont été
suffisamment mis au point pour pouvoir éventrer les
plus puissants cuirassés et les engloutir sous les flots
au milieu d'hécatombes de marins nmtilés ; qu'a-t-on
fait pour les eng'ins pacifiques d'exploration et de
conquête de l'océan ?
Aujourd'hui, nous nous sommes rendus maîtres de
toutes les parties solides de notre planète. De hardis
navigateurs ont pu relever toutes les terres du globe
et planter le drapeau de leur patrie sur ses pôles. Des
explorateurs intrépides ont parcouru en tous sens, les-
contrées les plus sauvages. Des mineurs s'enfoncent,
jusque dans les entrailles de la terre et sous le sol
même de la mer pour extraire la houille, les métaux
et les gemmes précieux. Des acronautes, pleins d'au-
dace, se sont élevés à des kilomètres dans l'atmos-
phère et des aviateurs non moins braves ont pu, nou-
veaux Icares, prendre leur essor sur le plus lourd que
l'air et franchir à vol d'oiseau les contrées et les mers.
Mais à l'aurore de ce vingtième siècle, en cet an
de grâce 1916, aucun homme ne peut se targuer
d'avoir posé le pied sur le sol marin, à soixante-cinq
mètres au-dessous du niveau des vagues et l'immense
étendue des terres immergées qui forme les soixante-
et-onze centièmes, presque les trois quarts, de la surface
totale du spéroïde terrestre, est encore inconnue. ■
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