Titre : Le Prolétaire normand : organe régional du Bloc ouvrier et paysan : ["puis" édité par le Parti communiste]
Auteur : Parti communiste français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Rouen)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Sotteville-lès-Rouen)
Date d'édition : 1931-05-29
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32844597d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 29 mai 1931 29 mai 1931
Description : 1931/05/29 (N246). 1931/05/29 (N246).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4571534r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-94118 (BIS)
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/11/2017
6“ ANNEE. — N° 246.
LE NUMERO : 40 CENTIMES.
VENDREDI 29 MAI 1931.
JCerfooiétaVie
Organe Régional £ J; l;
du Bloc OuvrieretPaysan 'QàdùAdFsDL
EDITE PAR LE PARTI COMMUNISTE
ABONNEMENTS
Un an ..
Six mois
18 francs
10 francs
RÉDACTION & ADMINISTRATION
16, Rue Damiette — ROUEN? — Téléphone 45 78
Adresser le montant de* abonnements et tou* fonds au PROLETAIRE, 16, rue Damiette, Rouen
G. C. P. Rouen 122.90. R. C. A. 218.44
Pour la rédaction et tous renseignements concernant Le Havre,
s’adresser au « PROLETAIRE », Cercle Franklin, Le Havre, 2 e
étage).
Jk bas i&s Fêtes mJeasaiMte
Bourrage de erâr)e?
Travailleurs, travailleuses du textile vive la commune !
Gomme les 120.000 combattants du Nord
Contre les affameurs!
Luttez pour arracher vos revendications
Nommez par usines vos délégués et déléguées
aux Comités de lutte et de chômeurs
Discutez de ces revendications et élaborez celles de votre usine
1° Contre la diminution des salaires horaires et aux pièces ;
2° Pour une augmentation minimum des salaires de 3 francs par jour, pour tou
tes les catégories, sur le taux horaire et sur les pièces ;
3° Pour la journée de 7 heures, semaine de 40 heures, tarif 48 heures ;
4° Pour i’ouyerture du fonds de chômage dans toutes les communes ;
5° Pour une indemnité minimum de 10 francs par demi-journée perdue aux chô
meurs partiels ;
6° Pour une indemnité de 20 francs par jour aux chômeurs complets ;
7° Pour l'incorporation de l'indemnité de vie chère au salaire ;
8° Pour de véritables assurances sociales aux frais de la bourgeoisie ;
9° Contre l’augmentation du rendement individuel.
Illlllllllllllllllflllllllllllllllllllllllllllilllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllill
■t- Vii
ües luttes ouvrières
Deux jours de §rève
dans les Tramways de Rouet)
Quel est le but poursuivi ?
Convertir les immenses masses populaires
au patriotisme, à l’amour de la patrie capi
taliste.
En utilisant le goût du merveilleux, de la
légende.
En envêloppant les héros ou les pseudo
héros de l’histoire d’une auréole de sublime-
Jeanne d’Arc vient à point. La bourgeoisie
ne pouvait trouver mieux.
Avec la Pucelle, le trait d’union est créé.
Jeanne d’Arc a uni la bourgeoisie de « gau
che », avec Métayer-Richard, le Parti so
cialiste avec Morel, Weill-Raynal et Lebret,
la droite avec Bignon-Anquetil, la franc-ma-
çonnerie, l’Eglise protestante et l’Eglise ca
tholique.
Jeanne d’Arc est un drapeau. C’est aussi
un paravent.
Des gens se sont étonnés, même parmi les
Français moyens, qu’il soit tant dépensé pour
ces fêtes au moment ou la misère est telle
ment apparente.
Mais il faut frapper d’autant plus puis
samment les imaginations que les travailleurs
sont fortement enclins à examiner l’idée de
patrie à travers leurs bas salaires,< la rationa
lisation, le chômage, les tueries de demain,
à travers les profits capitalistes, les grasses
faces des parasites, le luxe insàlent et les
orgies des maîtres du jour.
Des fêtes exceptionnelles, avec toutes les
attractions possibles, depuis le bal de quar
tier jusqu’au cortège officiel.
Le tout gravitant autour du sujet central :
Jeanne d’Arc, Christ brûlé de la religion,
Patrie.
A cette foi du jour, les masses sont prépa
ies depuis des dizaines d’années, depuis
l’enfance.
C’est l’école, quelle s’intitule libre ou
laïque, qui a longuement préparé le culte de
l’héroïne.
Culte qui trouve son apothéose, cette se 1-
maine, dans une glorification solennelle et
tricolore de la patrie capitaliste, des crises et
des guerres.
Mais, pour faire de Jeanne d’Arc la plus
glorieuse des saintes, il faut « arranger »
G histoire.
Les manuels scolaires s’en chargent. La
presse et les conférenciers aussi.
De l’abbé Lemire au professeur socialiste
Weil-Raynal, c’est la même propagande.
Et ces Messieurs profitent de l’occasion
pour tirer l’Eglise d’un mauvais pas.
Dans quelque temps, il sera prouvé que
Jeanne d’Arc fut brûlée {si elle l’a été ?)
malgré l’Eglise catholique !
Notre devoir... Continuer.
Notre concours finit le 31 mai, dans quel
ques jours.
3.000 mois d’abonnements ont été recueilli
par une dizaine de camarades.
Les derniers jours vont-ils nous réserver
des surprises, le classement va-t-il être
changé ?
Nous l’ignorons. Peut-être qu’un concur
rent a gardé plusieurs abonnements d un an
pour les derniers jours, pour gravir un ou deux
échelons.
Quelles conclusions pratiques et politiques
doit-on tirer du concours ?
1 0 Examinons où ont été fait les abonne
ments. Ils ont été faits surtout dans des petites
villes et par des camarades qui ne sont pas
liés avec de grandes masses de travailleurs,
du fait qu’ils ne travaillent pas dans de gran
des entreprises.
De plus, ces camarades sont déjà surchar
gés de travail.
C’est donc un effort méritoire qu’ils ont
produit puisque malgré leur manque de liai
son avec de grandes masses de travailleurs sur
le lieu du travail, ils ont puisé dans cette mas
se de nouveaux abonnés.
Pourquoi nos camarades se sont mis à faire
des abonnements, demandez-leur ?
Ils vous répondront : notre Parti nous de
mande 1.000 abonnés nouveaux, nous savons
que cela est nécessaire car, dans des circu
laires, dans des réunions et dans le « Prolé
taire », on nous l’a expliqué.
Nous nous sommes mis à la tâche et à 8,
nous lui apportons 230 abonnés nouveaux.
Notre désir, c’est de répandre nos idées
communistes et, en diffusant, en donnant à
notre « Prolo » les moyens de tenir le coup
et de se développer, nous ferons notre tra
vail de communistes et nous continuerons à
Il sera prouvé que Cauchon a été calomnié !
Les livres d’histoire de nos écoles laïques
s’emploient assez déjà à disculper l’Eglise.
Pas un qui dise la vérité. Tous s’attachent
à fabriquer une belle légende.
Bourrage de crânes utilitaire. Quant à ana
lyser la décadence économique et politique
de la féodalité, les premiers pas de la bour
geoisie, les conditions matérielles d’existence
des masses au XV e siècle, les grandes dé
couvertes et inventions et leurs rapports avec
le régime et ses changements, quant à recher
cher la vraie signification de la guerre de
Cent Ans ? Impossible : le mythe de Jeanne
d’Arc n’y résisterait pas.
De même, il est nécessaire d’escamoter l’his
toire des vingt dernières années de la guerre
de Cent Ans, de terminer celle-ci au bûcher
du Vieux-Marché. Le rôle de l’Eglise ? On
sait quelle fait et est au service des puissances
du jour.
En 1431, c’étaient la royauté anglaise, ou
plutôt anglo-française et le duché de Bour
gogne.
L’Eglise leur a fourni le prétexte, l’héré
sie, pour faire disparaître Jeanne d’Arc.
Tout l’appareil de F Eglise a été mis en
branle pour le procès, depuis le curé de Saint-
Vivien de Rouen jusqu’aux docteurs reli
gieux de F Université de Paris, officine pa
pale, en passant par l’illustre Cauchon.
Dire que le procès s’est fait sans l’Eglise,
voilà un mensonge bien impudent.
D’ailleurs, avant et après Jeanne d’Arc,
l’Eglise en a brûlé bien d’autres.
Elle n’en a pas encore fait des saints parce
que le régime capitaliste ne le lui a pas de
mandé.
Ne désespérons pas de voir, à côté de
Sainte Thérèse et de Sainte Jeanne, Saint
Colas et Saint Chevalier de la Barre...
« Adore ce que tu as brûlé », dit le dogme.
Celui de Monseigneur.
Et celui de M. Métayer.
Le malheur pour la cause de la patrie
capitaliste est que le rassemblement, en mai
1931, des élus bourgeois de droite et de gau
che, des militaires, des soutanes, des patrons,
prend un caractère de classe, de conservation
de ce régime pourri, qui ne peut être camou
flé par tout le bourrage de crâne sur Jeanne
d’Arc.
Cette semaine, on fête la patrie bourgeoise.
Les semaines prochaines, la patrie bour
geoise présentera sa note aux travailleurs.
A ceux qui se demandent s’ils pourront
manger du pain toute l’année.
faire des abonnements pour atteindre et dé
passer (c’est possible) l’objectif fixé. Ce sont
des centaines de camarades qui devaient se
mettre au travail, qui vont se mettre au tra
vail, parce que c’est nécessaire.
Ceux des grands bagnes industriels, des
grandes villes au logis enfumés, ipsalubres ;
ceux-ci ont de grandes possibilités, ils peuvent
faire des abonnés.
Que tous nos camarades se mettent au ''tra
vail. En avant ! et nous aurons 1.000 abon
nés nouveaux.
xxx
Pour permettre aux camarades concur
rents qui habitent loin d’un bureau e de
poste, de nous envoyer les abonnements
qu’ils peuvent encore faire le DIMANCHE
31 MAI, jour de la clôture, nous enregistre
rons jusqu’au 2 JUIN AU MATIN les abon
nements qui nous parviendront.
GLASSEMEN T
au 26 Mai
l or Vimart, 618 mois ; 2° Baudry, 453
mois ; 3° James, 399 mois ; 4° Rose Brière,
393 mois ; 5° Graneau, 309 mois ; 6 e Be
noist, 198 mois ; 7 e Larcher, 136 mois ;
8 e Mourant, 138 mois.
'iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiimiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiv
Chaque membre du Parti doit être abon
né obligatoirement au « Prolétaire ».
En ne t’abonnant pas, camarade, tu com
promets l'exi8tenoe et le développement de
notre « Prolo ».
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiimiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
La grève des Traminots de Rouen, lancée
le vendredi soir par une assemblée enthou
siaste fut effective samedi et dimanche.
L’admirable combativité des employés et
employées mérite d’être citée en exemple à
tous les ouvriers pt ouvrières de notre région.
Leur mouvement magnifique, riche en en
seignements de toute sorte, sera précieux pour
toutes nos organisations qui vont avoir à pré
parer leur propre lutte.
Arrêtons-nous un instant sur la préparation
du mouvement.
Elle fut insuffisante. Pourquoi ? Parce que,
dès le début de la préparation, nos camarades
syndiqués ne furent pas convaincus qu’un mou
vement était possible dans les tramways. Ils
écoutaient encore trop les paroles d’Engler
qui déclarait le 25 avril : « Je ne demanderai
pas aux camarades de passer à Faction di
recte ». Le 9 mai, Engler déclarait encore :
« Je ne demanderai pas aux camarades de
passer à Faction si eux-mêmes ne la veulent
pas » et enfin, le 16 mai, 8 jours avant la
grève : « J’estime que ce spir, ce n’est pas
suffisant. Je ne ferai pas de démagogie, pas
de surenchère, êtes-vous capables de lutter ? »
C’est le pessimisme jeté comme une dou
che glacée sur la tête de nos syndiqués qui
leur a fait douter de la possibilité d’un mou
vement et qui les a gênés dans leur prépara
tion.
C’est seulement lorsque les interventions
répétées des militants de la Fédération, de
la région et du syndicat eurent redonné la
confiance que nos militants se mirent au tra
vail .
Combien de temps de perdu, alors que
nous n’en avions pas à perdre ?
Et enfin, le vendredi 22, une salle aussi
nombreuse et enthousiaste que celle de 1929
décidait la grève pour le samedi matin.
Les piquets de grève furent à leur place
dès l’aube, mais il faut le reconnaître, in
suffisamment nombreux. Ce manque de dis
cipline fut préjudiciable à notre mouvement,
ainsi que l’état d’esprit qui régnait chez plu
sieurs camarades, les entraînant à penser que
l’on ne pouvait plus demander aux employés
de se coucher sur la voie, comme en 1929.
Les employés et surtout les employées ont
montré à Trianon, le matin à 5 heures et
l’après-midi à 2 heures, à Blosseville, que
leur courage n’était pas diminué.
Il convient de signaler ici la brutalité des
gardes mobiles qui ont chargé sur le terri
toire de Sotteville comme à Rouen, sans que
Métayer ni Tilloy n’aient dit un seul mot.
Leur accord avec les gardes mobiles et les
actionnaires était total pour briser la grève!
11 faudra s’en souvenir.
Il faudra également se rappeler que la po
lice n’a plus d’égard pour les fonctionnaires,
les femmes, elle charge avec la même sauva
gerie partout pour toutes les corporations.
C’est une des grandes différences entre
1929 et 1931. En 1929, on faisait couler
l’eau pour faire déranger les employés et
employées couchés sur la voie ; en 1931,
on charge sabre au clair, à coups de crosse
ou en se servant d’un camion comme d’un
tank.
Le mouvement lui-même s’est bien compor
té, quoique nous avons eu de grosses difficul
tés pour maintenir le moral de quelques ca
marades qu’une crainte injustifiée dominait.
Nous devons encore signaler la volonté
unanime de tous et de toutes pour continuer
la grève au meeting de samedi soir et le désir
ardent qui animait la plus grosse partie des
grévistes pour prolonger le mouvement di
manche soir.
Nos arguments ont prévalu, nos camarades
s y sont ralliés. Certes, nous étions loin d’être
battus, mais il était préférable de rentrer tous
en bloc avec les quelques avantages acquis
et se mettre au travail pour renforcer notre
syndicat unitaire qui sort grandi de cette lutte,
pour imposer l’ensemble du cahier de reven
dications.
Il reste, pour tous les syndicats de notre
région, que ce sont les Tramways qui ont
donné l’exemple de la lutte pour l’augmenta
tion des salaires.
Nous pensons que les dockers et le Bâti
ment, qui auraient dû être à l’avant, vont,
sans tarder, se mettre au travail pour repren
dre aux patrons ce qu’ils leur ont arraché et
imposer l’augmentation de salaire qui leur
revient.
Et vous, mes camarades des Tramways,
qui avez pris l’engagement de.donner 500
adhérents à votre syndicat, œuvrez sans trê
ve, avec la même énergie que vous avez lutté
contre la police, pour remener dans l’organb
sation ceux que la presse pourrie de Rouen
a trompés et ceux surtout qui ont vaillamment
battu à vos côtés.
Jean RlVlÈRE.
A Saint-Etienne du Rouvray
Près de 10.000 ouvriers et ouvrières sans travail
à la “Coto”
Mardi 26 mai, la région était prévenue que
des centaines d ouvriers et d’ouvrières étaient
licenciés.
Nous nous sommes rendus sur les lieux.
Plusieurs centaines de travailleurs étaient dans
les rues et attendaient les résultats de l’inter
vention du maire de Saint-Etienne auprès de
ses amis, ceux qui venaient de licencier la
moitié du personnel.
Le maire, démocrate dictateur, avait inter
dit 1’ accès de la salle en son absence.
A son arrivée, il débute en déclarant qu’il
venait de travailler pour les licenciés. En fait
il venait de les trahir.
Au lieu des 12 jours de salaires auxquels
ils ont droit, après l’intervention de Moreau,
le politicien bourgeois, les ouvriers et ouvriè
res n’auraient droit qu’à 6 jours de salaire
sans prime, si la Région n’intervenait pas et
si les travailleurs ne s’organisaient pas.
(Voir la suite en 2 e page, 6 e colonne).
Défense nationale
ou guerre civile
Dimanche prochain, des dizaines de milliers
de travailleurs parisiens célébreront la mémoire
et l’exemple des Communards.
Pendant qu’à Rouen se déroulent les plus
chauvines fêtes en l’honneur de Jeanne d’Arc,
fondatrice de la patrie des bourgeois, fête de
préparation morale à la guerre, le prolétariat
parisien ,, face à la bourgeoisie, marquera for
tement qu’il n’a pas oublié les leçons de la
Commune.
Le défilé du Mur du Père Lachaise se
déroule aussi au moment où le Parti socialiste
discute par quels moyens il pourra répéter sa
trahison de 1914 et tenter d’entraîner encore
le prolétariat dans la a Défense nationale ».
Voici, à ce propos, qe que disait Lénine,
en 1908, de la Commune de Paris :
En 1870, la bourgeoisie constitua un gou
vernement de Défense nationale. En réalité,
c’était un gouvernement de trahison nationale
qui se considérait appelé à lutter contre le
prolétariat de Paris. Le prolétariat ne remar
quait pas cela, aveuglé qu’il était par ses
illusions patriotiques. L’idée patriotique tire
encore ses origines de la grande Révolution
de 1789.
? L erreur funeste des socialistes français fut
d’unir deux objectifs contradictoires : le so
cialisme et le patriotisme. Déjà, en septembre
1870, Marx mit en garde le prolétariat fran
çais contre l’engouement pour l’idée nationale
fausse ; de profonds changements se sont
accomplis depuis 1793, les contradictions de
classe se sont accentuées et alors, la lutte con
tre la réaction de toute l’Europe groupait tou
te la nation révolutionnaire, tandis qu’en 1870,
le prolétariat ne peut déjà plus unir ses inté
rêts à ceux des autres classes adverses. Que
la bourgeoisie prenne ses responsabilités pour
« l’humiliation » faite à la « nation », l’œu
vre du prolétariat est de lutter pour l’affran
chissement socialiste du travail du joug de
la bourgeoisie.
Le véritable dessous du « patriotisme »
bourgeois ne tarda pas à se révéler. Après
avoir conclu une paix honteuse avec les Prus
siens, le gouvernement de Versailles s’atta
cha à sa tâche directe : il s’attaqua à l’ar
mement, terrible pour lui, du prolétariat de
Paris. Les ouvriers y répondirent en procla
mant la Commune et la guerre civile.
_ ■ #p*i ; * • «T»
Mais deux erreurs anéantirent les fruits de
la brillante victoire ouvrière. Le prolétariat
s’arrêta à mi-chemin au lieu de procéder à
« l’expropriation des expropriateurs »... La
seconde erreur, ce fut la magnanimité super
flue du prolétariat, il devait anéantir ses en
nemis..., il traîna en longueur et donna le
temps au gouvernement de Versailles de pré
parer la semaine sanglante de Mai.
Malgré cela, la Commune est le plus grand
exemple du plus grand mouvement prolétarien
du XIX e siècle. Marx en a donné une haute
appréciation : si au cours de la traîtresse atta
que des bandes versaillaises, les ouvriers
s’étaient laissé désarmer sans combat, la dé
moralisation causée par une telle faiblesse
aurait eu des suites beaucoup plus funestes
que les pertes pénibles subies par la classe
ouvrière.
La Commune a mis .en branle le mouvement
socialiste en Europe, çlle a montré la force
de la guerre civile.
La leçon reçue par le prolétariat ne sera
pas oubliée.
Le prolétariat ne doit pas dédaigner les
armes de la lutte pacifique — elles servent ses
besoins journaliers, courants, elles sont né
cessaires dans la période de préparation de
la révolution — en outre, il ne doit jamais
oublier que, dans certaines conditions, la
lutte de classe dégénère en lutte armée et en
guerre civile, qu’à certains moments les inté
rêts du prolétariat exigent la destruction im
pitoyable des ennemis dans des combats ou
verts. Le prolétariat français a montré cela
pour la première fois pendant la Commune,
et le prolétariat russe l’a brillamment con
firmé en décembre 1905.
Une nouvelle insurrection se produira à la
quelle le prolétariat socialiste sortira complè
tement victorieux.
V.-J. Lénine.
(. D’un discours prononcé à Genève, le 18
mars 1908).
NOTRE OPINION
A l r Eldorado
Une bonne réunion.
On a eu le plaisir d’avoir au bureau
du meeting, aux côtés de Rivière et
Pigné, le camarade Le Corre, contre
lequel l’administration de l’enseigne
ment, en accord avec la municipalité
pupiste d’Oissel, essaie de monter en
ce moment une affaire répressive.
On a eu surtout le plaisir d’y Voir le
représentant du vaillant Syndicat des
î Tramways de-Rouen. Et c’était là tout
un symbole.
Le cinquantenaire de l’école lai-
que ?
Un instituteur inquiété pour délit
d’opinion et pour avoir dénoncé la dé
plorable situation matérielle des éco
liers.
La fête Jeanne d’Arc?
Les travailleurs des tramways à qui
une administration municipale et une
Compagnie, qui jettent les millions
par les fenêtres pour leur mascarade
refusent toute augmentation de salai
re.
A. Costentin et surtout Marcelle
Durand, institutrice, et Baby, profes
seur, ont dénoncé comme il convenait
la préparation morale à la guerre que
représente la fête Jeanne d’Arc.
Ils ont dénoncé le caractère de dé
fense de la classe capitaliste que re
présente l’école laique.
Ils ont dénoncé le rôle social dé
l’Eglise.
Ils ont dit comment la religion est,
avec le réformisme, le meilleur moyen
pour le capitalisme de pousser la clas
se ouvrière à la résignation, à l’accep
tation de son sort, d’empêcher le pro
létariat de se révolter.
Les orateurs de T enseignement uni
taire ont été acclamés.
On ne peut en dire autant du con
tradicteur confédéré-socialiste Weil-
Raynal venu, paraît-il, tout exprès de
Tours pour écraser une fois de plüs le
communisme.
Pour lui, la bourgeoisie a établi
l’école laique afin d’aider le proléta
riat à faire la Révolution, c’est-à-dire
à abattre la bourgeoisie I ?
Pour lui, la formule républicaine
« liberté, égalité, fraternité et... pro
priété », contient tout le socialisme?l t
Quelques autres bourdes du même
genre.
Il ne faut retenir que l’essentiel. Et
l’essentiel, c’est le fait reconnu :
Le socialiste confédéré Weil-Raynal
a reconnu faire partie , aux côtés du
délégué de Farchevêché le chanoine
Jouen, du Comité du Congrès Histori
que des Fêtes Jeanne d’Arc.
Avec au Comité d’Honneur, le Pré
sident de la République, Laval, Poin
caré, le maréchal Lyautey, le cardinal
Verdier, etc.
Weil-Raynal trouve cela très bien.
Tilloy aussi, qui l’applaudissait.
Monseigneur aussi.
Mais qu’en pensent les ouvriers so
cialistes ?
En somme, Weil-Raynal est venu
donner tout son sens au meeting con
tre la fête Jeanne d’Arc en montrant
l’union sacrée réalisée à cette occa
sion des socialistes aux fascistes et aux
calotins.
Comme en 1914.
Pour célébrer la patrie capitaliste
qui affame la classe ouvrière en atten
dant de l’envoyer au massacre.
BREMONT.
En riposte aux
fêtes chauvines et calotines
de Jeanne d’Arc
Travailleurs !
Souscrivez en grand nombre
Malgré le chômage qui touche des mil
liers de travailleurs, notre souscription du
Parti rend.
Les prolétaires comprennent, pour une gran
de partie, les lendemains que préparent de
telles fêtes.
IIs se souviennent qu’avant 1914 des fêtes
semblables eurent lieu et que les travailleurs,
après avoir payé sur leurs maigres salaires,
payèrent de leur peau sur les charniers.
Et le plus ardent désir de ceux qui savent
à quoi servent’ ces fêtes, c’est de convaincre
l’ensemble des- travailleurs.
Ils le font à l’usine, en causant avec leur
copains de boulot.
II y a aussi le « Prolétaire Normand » qui
est notre organe de liaison avec les ouvriers.
Mais ce n’est pas suffisant.
Malgré toute notre bonne volonté, nous
ne pouvons toucher tous les ouvriers avec les
moyens cités plus haut.
Le Parti a donc édité un matériel de masse,-
qui va nous coûter des milliers de francs.
Nous faisons donc appel à tous nos amis
A. Costentin.
Le Concours d’Abonnements
LE NUMERO : 40 CENTIMES.
VENDREDI 29 MAI 1931.
JCerfooiétaVie
Organe Régional £ J; l;
du Bloc OuvrieretPaysan 'QàdùAdFsDL
EDITE PAR LE PARTI COMMUNISTE
ABONNEMENTS
Un an ..
Six mois
18 francs
10 francs
RÉDACTION & ADMINISTRATION
16, Rue Damiette — ROUEN? — Téléphone 45 78
Adresser le montant de* abonnements et tou* fonds au PROLETAIRE, 16, rue Damiette, Rouen
G. C. P. Rouen 122.90. R. C. A. 218.44
Pour la rédaction et tous renseignements concernant Le Havre,
s’adresser au « PROLETAIRE », Cercle Franklin, Le Havre, 2 e
étage).
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Bourrage de erâr)e?
Travailleurs, travailleuses du textile vive la commune !
Gomme les 120.000 combattants du Nord
Contre les affameurs!
Luttez pour arracher vos revendications
Nommez par usines vos délégués et déléguées
aux Comités de lutte et de chômeurs
Discutez de ces revendications et élaborez celles de votre usine
1° Contre la diminution des salaires horaires et aux pièces ;
2° Pour une augmentation minimum des salaires de 3 francs par jour, pour tou
tes les catégories, sur le taux horaire et sur les pièces ;
3° Pour la journée de 7 heures, semaine de 40 heures, tarif 48 heures ;
4° Pour i’ouyerture du fonds de chômage dans toutes les communes ;
5° Pour une indemnité minimum de 10 francs par demi-journée perdue aux chô
meurs partiels ;
6° Pour une indemnité de 20 francs par jour aux chômeurs complets ;
7° Pour l'incorporation de l'indemnité de vie chère au salaire ;
8° Pour de véritables assurances sociales aux frais de la bourgeoisie ;
9° Contre l’augmentation du rendement individuel.
Illlllllllllllllllflllllllllllllllllllllllllllilllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllill
■t- Vii
ües luttes ouvrières
Deux jours de §rève
dans les Tramways de Rouet)
Quel est le but poursuivi ?
Convertir les immenses masses populaires
au patriotisme, à l’amour de la patrie capi
taliste.
En utilisant le goût du merveilleux, de la
légende.
En envêloppant les héros ou les pseudo
héros de l’histoire d’une auréole de sublime-
Jeanne d’Arc vient à point. La bourgeoisie
ne pouvait trouver mieux.
Avec la Pucelle, le trait d’union est créé.
Jeanne d’Arc a uni la bourgeoisie de « gau
che », avec Métayer-Richard, le Parti so
cialiste avec Morel, Weill-Raynal et Lebret,
la droite avec Bignon-Anquetil, la franc-ma-
çonnerie, l’Eglise protestante et l’Eglise ca
tholique.
Jeanne d’Arc est un drapeau. C’est aussi
un paravent.
Des gens se sont étonnés, même parmi les
Français moyens, qu’il soit tant dépensé pour
ces fêtes au moment ou la misère est telle
ment apparente.
Mais il faut frapper d’autant plus puis
samment les imaginations que les travailleurs
sont fortement enclins à examiner l’idée de
patrie à travers leurs bas salaires,< la rationa
lisation, le chômage, les tueries de demain,
à travers les profits capitalistes, les grasses
faces des parasites, le luxe insàlent et les
orgies des maîtres du jour.
Des fêtes exceptionnelles, avec toutes les
attractions possibles, depuis le bal de quar
tier jusqu’au cortège officiel.
Le tout gravitant autour du sujet central :
Jeanne d’Arc, Christ brûlé de la religion,
Patrie.
A cette foi du jour, les masses sont prépa
ies depuis des dizaines d’années, depuis
l’enfance.
C’est l’école, quelle s’intitule libre ou
laïque, qui a longuement préparé le culte de
l’héroïne.
Culte qui trouve son apothéose, cette se 1-
maine, dans une glorification solennelle et
tricolore de la patrie capitaliste, des crises et
des guerres.
Mais, pour faire de Jeanne d’Arc la plus
glorieuse des saintes, il faut « arranger »
G histoire.
Les manuels scolaires s’en chargent. La
presse et les conférenciers aussi.
De l’abbé Lemire au professeur socialiste
Weil-Raynal, c’est la même propagande.
Et ces Messieurs profitent de l’occasion
pour tirer l’Eglise d’un mauvais pas.
Dans quelque temps, il sera prouvé que
Jeanne d’Arc fut brûlée {si elle l’a été ?)
malgré l’Eglise catholique !
Notre devoir... Continuer.
Notre concours finit le 31 mai, dans quel
ques jours.
3.000 mois d’abonnements ont été recueilli
par une dizaine de camarades.
Les derniers jours vont-ils nous réserver
des surprises, le classement va-t-il être
changé ?
Nous l’ignorons. Peut-être qu’un concur
rent a gardé plusieurs abonnements d un an
pour les derniers jours, pour gravir un ou deux
échelons.
Quelles conclusions pratiques et politiques
doit-on tirer du concours ?
1 0 Examinons où ont été fait les abonne
ments. Ils ont été faits surtout dans des petites
villes et par des camarades qui ne sont pas
liés avec de grandes masses de travailleurs,
du fait qu’ils ne travaillent pas dans de gran
des entreprises.
De plus, ces camarades sont déjà surchar
gés de travail.
C’est donc un effort méritoire qu’ils ont
produit puisque malgré leur manque de liai
son avec de grandes masses de travailleurs sur
le lieu du travail, ils ont puisé dans cette mas
se de nouveaux abonnés.
Pourquoi nos camarades se sont mis à faire
des abonnements, demandez-leur ?
Ils vous répondront : notre Parti nous de
mande 1.000 abonnés nouveaux, nous savons
que cela est nécessaire car, dans des circu
laires, dans des réunions et dans le « Prolé
taire », on nous l’a expliqué.
Nous nous sommes mis à la tâche et à 8,
nous lui apportons 230 abonnés nouveaux.
Notre désir, c’est de répandre nos idées
communistes et, en diffusant, en donnant à
notre « Prolo » les moyens de tenir le coup
et de se développer, nous ferons notre tra
vail de communistes et nous continuerons à
Il sera prouvé que Cauchon a été calomnié !
Les livres d’histoire de nos écoles laïques
s’emploient assez déjà à disculper l’Eglise.
Pas un qui dise la vérité. Tous s’attachent
à fabriquer une belle légende.
Bourrage de crânes utilitaire. Quant à ana
lyser la décadence économique et politique
de la féodalité, les premiers pas de la bour
geoisie, les conditions matérielles d’existence
des masses au XV e siècle, les grandes dé
couvertes et inventions et leurs rapports avec
le régime et ses changements, quant à recher
cher la vraie signification de la guerre de
Cent Ans ? Impossible : le mythe de Jeanne
d’Arc n’y résisterait pas.
De même, il est nécessaire d’escamoter l’his
toire des vingt dernières années de la guerre
de Cent Ans, de terminer celle-ci au bûcher
du Vieux-Marché. Le rôle de l’Eglise ? On
sait quelle fait et est au service des puissances
du jour.
En 1431, c’étaient la royauté anglaise, ou
plutôt anglo-française et le duché de Bour
gogne.
L’Eglise leur a fourni le prétexte, l’héré
sie, pour faire disparaître Jeanne d’Arc.
Tout l’appareil de F Eglise a été mis en
branle pour le procès, depuis le curé de Saint-
Vivien de Rouen jusqu’aux docteurs reli
gieux de F Université de Paris, officine pa
pale, en passant par l’illustre Cauchon.
Dire que le procès s’est fait sans l’Eglise,
voilà un mensonge bien impudent.
D’ailleurs, avant et après Jeanne d’Arc,
l’Eglise en a brûlé bien d’autres.
Elle n’en a pas encore fait des saints parce
que le régime capitaliste ne le lui a pas de
mandé.
Ne désespérons pas de voir, à côté de
Sainte Thérèse et de Sainte Jeanne, Saint
Colas et Saint Chevalier de la Barre...
« Adore ce que tu as brûlé », dit le dogme.
Celui de Monseigneur.
Et celui de M. Métayer.
Le malheur pour la cause de la patrie
capitaliste est que le rassemblement, en mai
1931, des élus bourgeois de droite et de gau
che, des militaires, des soutanes, des patrons,
prend un caractère de classe, de conservation
de ce régime pourri, qui ne peut être camou
flé par tout le bourrage de crâne sur Jeanne
d’Arc.
Cette semaine, on fête la patrie bourgeoise.
Les semaines prochaines, la patrie bour
geoise présentera sa note aux travailleurs.
A ceux qui se demandent s’ils pourront
manger du pain toute l’année.
faire des abonnements pour atteindre et dé
passer (c’est possible) l’objectif fixé. Ce sont
des centaines de camarades qui devaient se
mettre au travail, qui vont se mettre au tra
vail, parce que c’est nécessaire.
Ceux des grands bagnes industriels, des
grandes villes au logis enfumés, ipsalubres ;
ceux-ci ont de grandes possibilités, ils peuvent
faire des abonnés.
Que tous nos camarades se mettent au ''tra
vail. En avant ! et nous aurons 1.000 abon
nés nouveaux.
xxx
Pour permettre aux camarades concur
rents qui habitent loin d’un bureau e de
poste, de nous envoyer les abonnements
qu’ils peuvent encore faire le DIMANCHE
31 MAI, jour de la clôture, nous enregistre
rons jusqu’au 2 JUIN AU MATIN les abon
nements qui nous parviendront.
GLASSEMEN T
au 26 Mai
l or Vimart, 618 mois ; 2° Baudry, 453
mois ; 3° James, 399 mois ; 4° Rose Brière,
393 mois ; 5° Graneau, 309 mois ; 6 e Be
noist, 198 mois ; 7 e Larcher, 136 mois ;
8 e Mourant, 138 mois.
'iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiimiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiv
Chaque membre du Parti doit être abon
né obligatoirement au « Prolétaire ».
En ne t’abonnant pas, camarade, tu com
promets l'exi8tenoe et le développement de
notre « Prolo ».
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiimiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
La grève des Traminots de Rouen, lancée
le vendredi soir par une assemblée enthou
siaste fut effective samedi et dimanche.
L’admirable combativité des employés et
employées mérite d’être citée en exemple à
tous les ouvriers pt ouvrières de notre région.
Leur mouvement magnifique, riche en en
seignements de toute sorte, sera précieux pour
toutes nos organisations qui vont avoir à pré
parer leur propre lutte.
Arrêtons-nous un instant sur la préparation
du mouvement.
Elle fut insuffisante. Pourquoi ? Parce que,
dès le début de la préparation, nos camarades
syndiqués ne furent pas convaincus qu’un mou
vement était possible dans les tramways. Ils
écoutaient encore trop les paroles d’Engler
qui déclarait le 25 avril : « Je ne demanderai
pas aux camarades de passer à Faction di
recte ». Le 9 mai, Engler déclarait encore :
« Je ne demanderai pas aux camarades de
passer à Faction si eux-mêmes ne la veulent
pas » et enfin, le 16 mai, 8 jours avant la
grève : « J’estime que ce spir, ce n’est pas
suffisant. Je ne ferai pas de démagogie, pas
de surenchère, êtes-vous capables de lutter ? »
C’est le pessimisme jeté comme une dou
che glacée sur la tête de nos syndiqués qui
leur a fait douter de la possibilité d’un mou
vement et qui les a gênés dans leur prépara
tion.
C’est seulement lorsque les interventions
répétées des militants de la Fédération, de
la région et du syndicat eurent redonné la
confiance que nos militants se mirent au tra
vail .
Combien de temps de perdu, alors que
nous n’en avions pas à perdre ?
Et enfin, le vendredi 22, une salle aussi
nombreuse et enthousiaste que celle de 1929
décidait la grève pour le samedi matin.
Les piquets de grève furent à leur place
dès l’aube, mais il faut le reconnaître, in
suffisamment nombreux. Ce manque de dis
cipline fut préjudiciable à notre mouvement,
ainsi que l’état d’esprit qui régnait chez plu
sieurs camarades, les entraînant à penser que
l’on ne pouvait plus demander aux employés
de se coucher sur la voie, comme en 1929.
Les employés et surtout les employées ont
montré à Trianon, le matin à 5 heures et
l’après-midi à 2 heures, à Blosseville, que
leur courage n’était pas diminué.
Il convient de signaler ici la brutalité des
gardes mobiles qui ont chargé sur le terri
toire de Sotteville comme à Rouen, sans que
Métayer ni Tilloy n’aient dit un seul mot.
Leur accord avec les gardes mobiles et les
actionnaires était total pour briser la grève!
11 faudra s’en souvenir.
Il faudra également se rappeler que la po
lice n’a plus d’égard pour les fonctionnaires,
les femmes, elle charge avec la même sauva
gerie partout pour toutes les corporations.
C’est une des grandes différences entre
1929 et 1931. En 1929, on faisait couler
l’eau pour faire déranger les employés et
employées couchés sur la voie ; en 1931,
on charge sabre au clair, à coups de crosse
ou en se servant d’un camion comme d’un
tank.
Le mouvement lui-même s’est bien compor
té, quoique nous avons eu de grosses difficul
tés pour maintenir le moral de quelques ca
marades qu’une crainte injustifiée dominait.
Nous devons encore signaler la volonté
unanime de tous et de toutes pour continuer
la grève au meeting de samedi soir et le désir
ardent qui animait la plus grosse partie des
grévistes pour prolonger le mouvement di
manche soir.
Nos arguments ont prévalu, nos camarades
s y sont ralliés. Certes, nous étions loin d’être
battus, mais il était préférable de rentrer tous
en bloc avec les quelques avantages acquis
et se mettre au travail pour renforcer notre
syndicat unitaire qui sort grandi de cette lutte,
pour imposer l’ensemble du cahier de reven
dications.
Il reste, pour tous les syndicats de notre
région, que ce sont les Tramways qui ont
donné l’exemple de la lutte pour l’augmenta
tion des salaires.
Nous pensons que les dockers et le Bâti
ment, qui auraient dû être à l’avant, vont,
sans tarder, se mettre au travail pour repren
dre aux patrons ce qu’ils leur ont arraché et
imposer l’augmentation de salaire qui leur
revient.
Et vous, mes camarades des Tramways,
qui avez pris l’engagement de.donner 500
adhérents à votre syndicat, œuvrez sans trê
ve, avec la même énergie que vous avez lutté
contre la police, pour remener dans l’organb
sation ceux que la presse pourrie de Rouen
a trompés et ceux surtout qui ont vaillamment
battu à vos côtés.
Jean RlVlÈRE.
A Saint-Etienne du Rouvray
Près de 10.000 ouvriers et ouvrières sans travail
à la “Coto”
Mardi 26 mai, la région était prévenue que
des centaines d ouvriers et d’ouvrières étaient
licenciés.
Nous nous sommes rendus sur les lieux.
Plusieurs centaines de travailleurs étaient dans
les rues et attendaient les résultats de l’inter
vention du maire de Saint-Etienne auprès de
ses amis, ceux qui venaient de licencier la
moitié du personnel.
Le maire, démocrate dictateur, avait inter
dit 1’ accès de la salle en son absence.
A son arrivée, il débute en déclarant qu’il
venait de travailler pour les licenciés. En fait
il venait de les trahir.
Au lieu des 12 jours de salaires auxquels
ils ont droit, après l’intervention de Moreau,
le politicien bourgeois, les ouvriers et ouvriè
res n’auraient droit qu’à 6 jours de salaire
sans prime, si la Région n’intervenait pas et
si les travailleurs ne s’organisaient pas.
(Voir la suite en 2 e page, 6 e colonne).
Défense nationale
ou guerre civile
Dimanche prochain, des dizaines de milliers
de travailleurs parisiens célébreront la mémoire
et l’exemple des Communards.
Pendant qu’à Rouen se déroulent les plus
chauvines fêtes en l’honneur de Jeanne d’Arc,
fondatrice de la patrie des bourgeois, fête de
préparation morale à la guerre, le prolétariat
parisien ,, face à la bourgeoisie, marquera for
tement qu’il n’a pas oublié les leçons de la
Commune.
Le défilé du Mur du Père Lachaise se
déroule aussi au moment où le Parti socialiste
discute par quels moyens il pourra répéter sa
trahison de 1914 et tenter d’entraîner encore
le prolétariat dans la a Défense nationale ».
Voici, à ce propos, qe que disait Lénine,
en 1908, de la Commune de Paris :
En 1870, la bourgeoisie constitua un gou
vernement de Défense nationale. En réalité,
c’était un gouvernement de trahison nationale
qui se considérait appelé à lutter contre le
prolétariat de Paris. Le prolétariat ne remar
quait pas cela, aveuglé qu’il était par ses
illusions patriotiques. L’idée patriotique tire
encore ses origines de la grande Révolution
de 1789.
? L erreur funeste des socialistes français fut
d’unir deux objectifs contradictoires : le so
cialisme et le patriotisme. Déjà, en septembre
1870, Marx mit en garde le prolétariat fran
çais contre l’engouement pour l’idée nationale
fausse ; de profonds changements se sont
accomplis depuis 1793, les contradictions de
classe se sont accentuées et alors, la lutte con
tre la réaction de toute l’Europe groupait tou
te la nation révolutionnaire, tandis qu’en 1870,
le prolétariat ne peut déjà plus unir ses inté
rêts à ceux des autres classes adverses. Que
la bourgeoisie prenne ses responsabilités pour
« l’humiliation » faite à la « nation », l’œu
vre du prolétariat est de lutter pour l’affran
chissement socialiste du travail du joug de
la bourgeoisie.
Le véritable dessous du « patriotisme »
bourgeois ne tarda pas à se révéler. Après
avoir conclu une paix honteuse avec les Prus
siens, le gouvernement de Versailles s’atta
cha à sa tâche directe : il s’attaqua à l’ar
mement, terrible pour lui, du prolétariat de
Paris. Les ouvriers y répondirent en procla
mant la Commune et la guerre civile.
_ ■ #p*i ; * • «T»
Mais deux erreurs anéantirent les fruits de
la brillante victoire ouvrière. Le prolétariat
s’arrêta à mi-chemin au lieu de procéder à
« l’expropriation des expropriateurs »... La
seconde erreur, ce fut la magnanimité super
flue du prolétariat, il devait anéantir ses en
nemis..., il traîna en longueur et donna le
temps au gouvernement de Versailles de pré
parer la semaine sanglante de Mai.
Malgré cela, la Commune est le plus grand
exemple du plus grand mouvement prolétarien
du XIX e siècle. Marx en a donné une haute
appréciation : si au cours de la traîtresse atta
que des bandes versaillaises, les ouvriers
s’étaient laissé désarmer sans combat, la dé
moralisation causée par une telle faiblesse
aurait eu des suites beaucoup plus funestes
que les pertes pénibles subies par la classe
ouvrière.
La Commune a mis .en branle le mouvement
socialiste en Europe, çlle a montré la force
de la guerre civile.
La leçon reçue par le prolétariat ne sera
pas oubliée.
Le prolétariat ne doit pas dédaigner les
armes de la lutte pacifique — elles servent ses
besoins journaliers, courants, elles sont né
cessaires dans la période de préparation de
la révolution — en outre, il ne doit jamais
oublier que, dans certaines conditions, la
lutte de classe dégénère en lutte armée et en
guerre civile, qu’à certains moments les inté
rêts du prolétariat exigent la destruction im
pitoyable des ennemis dans des combats ou
verts. Le prolétariat français a montré cela
pour la première fois pendant la Commune,
et le prolétariat russe l’a brillamment con
firmé en décembre 1905.
Une nouvelle insurrection se produira à la
quelle le prolétariat socialiste sortira complè
tement victorieux.
V.-J. Lénine.
(. D’un discours prononcé à Genève, le 18
mars 1908).
NOTRE OPINION
A l r Eldorado
Une bonne réunion.
On a eu le plaisir d’avoir au bureau
du meeting, aux côtés de Rivière et
Pigné, le camarade Le Corre, contre
lequel l’administration de l’enseigne
ment, en accord avec la municipalité
pupiste d’Oissel, essaie de monter en
ce moment une affaire répressive.
On a eu surtout le plaisir d’y Voir le
représentant du vaillant Syndicat des
î Tramways de-Rouen. Et c’était là tout
un symbole.
Le cinquantenaire de l’école lai-
que ?
Un instituteur inquiété pour délit
d’opinion et pour avoir dénoncé la dé
plorable situation matérielle des éco
liers.
La fête Jeanne d’Arc?
Les travailleurs des tramways à qui
une administration municipale et une
Compagnie, qui jettent les millions
par les fenêtres pour leur mascarade
refusent toute augmentation de salai
re.
A. Costentin et surtout Marcelle
Durand, institutrice, et Baby, profes
seur, ont dénoncé comme il convenait
la préparation morale à la guerre que
représente la fête Jeanne d’Arc.
Ils ont dénoncé le caractère de dé
fense de la classe capitaliste que re
présente l’école laique.
Ils ont dénoncé le rôle social dé
l’Eglise.
Ils ont dit comment la religion est,
avec le réformisme, le meilleur moyen
pour le capitalisme de pousser la clas
se ouvrière à la résignation, à l’accep
tation de son sort, d’empêcher le pro
létariat de se révolter.
Les orateurs de T enseignement uni
taire ont été acclamés.
On ne peut en dire autant du con
tradicteur confédéré-socialiste Weil-
Raynal venu, paraît-il, tout exprès de
Tours pour écraser une fois de plüs le
communisme.
Pour lui, la bourgeoisie a établi
l’école laique afin d’aider le proléta
riat à faire la Révolution, c’est-à-dire
à abattre la bourgeoisie I ?
Pour lui, la formule républicaine
« liberté, égalité, fraternité et... pro
priété », contient tout le socialisme?l t
Quelques autres bourdes du même
genre.
Il ne faut retenir que l’essentiel. Et
l’essentiel, c’est le fait reconnu :
Le socialiste confédéré Weil-Raynal
a reconnu faire partie , aux côtés du
délégué de Farchevêché le chanoine
Jouen, du Comité du Congrès Histori
que des Fêtes Jeanne d’Arc.
Avec au Comité d’Honneur, le Pré
sident de la République, Laval, Poin
caré, le maréchal Lyautey, le cardinal
Verdier, etc.
Weil-Raynal trouve cela très bien.
Tilloy aussi, qui l’applaudissait.
Monseigneur aussi.
Mais qu’en pensent les ouvriers so
cialistes ?
En somme, Weil-Raynal est venu
donner tout son sens au meeting con
tre la fête Jeanne d’Arc en montrant
l’union sacrée réalisée à cette occa
sion des socialistes aux fascistes et aux
calotins.
Comme en 1914.
Pour célébrer la patrie capitaliste
qui affame la classe ouvrière en atten
dant de l’envoyer au massacre.
BREMONT.
En riposte aux
fêtes chauvines et calotines
de Jeanne d’Arc
Travailleurs !
Souscrivez en grand nombre
Malgré le chômage qui touche des mil
liers de travailleurs, notre souscription du
Parti rend.
Les prolétaires comprennent, pour une gran
de partie, les lendemains que préparent de
telles fêtes.
IIs se souviennent qu’avant 1914 des fêtes
semblables eurent lieu et que les travailleurs,
après avoir payé sur leurs maigres salaires,
payèrent de leur peau sur les charniers.
Et le plus ardent désir de ceux qui savent
à quoi servent’ ces fêtes, c’est de convaincre
l’ensemble des- travailleurs.
Ils le font à l’usine, en causant avec leur
copains de boulot.
II y a aussi le « Prolétaire Normand » qui
est notre organe de liaison avec les ouvriers.
Mais ce n’est pas suffisant.
Malgré toute notre bonne volonté, nous
ne pouvons toucher tous les ouvriers avec les
moyens cités plus haut.
Le Parti a donc édité un matériel de masse,-
qui va nous coûter des milliers de francs.
Nous faisons donc appel à tous nos amis
A. Costentin.
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