Titre : Le Prolétaire normand : organe régional du Bloc ouvrier et paysan : ["puis" édité par le Parti communiste]
Auteur : Parti communiste français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Rouen)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Sotteville-lès-Rouen)
Date d'édition : 1931-05-08
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32844597d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 08 mai 1931 08 mai 1931
Description : 1931/05/08 (N243). 1931/05/08 (N243).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4571531h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-94118 (BIS)
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/11/2017
1
6' ANNEE. — N” 243.
LE NUMERO : 40 CENTIMES.
VENDREDI 8 MAI 1931.
JfeiPudétatoe
Organe Régional C J ; l;
du Stac Ouvrière!Paysan ^LimWTI/
EDITE PAR LE PARTI COMMUNISTE
ABONNEMENTS :
Un an 18 francs
Six mois 10 francs
RÉDACTION & ADMINISTRATION
16, Rue Damiette — ROIJEIM — Téléphone 45 78
Adresser le montant des abonnements et tous fonds au PROLETAIRE, 16, rue Damiette, Rouen
C. C. P. Rouen 122.90. R. C. A. 218.44
Pour la rédaction et tous renseignements concernant Le Havre,
s’adresser au « PROLETAIRE », Cercle Franklin, Le Havre, 2 e
étage).
La journée du 1 er Mai
Mdlgté les mesures policières et la répres -
sion,
Malgré les manœuvres patronales et réfor
mistes, les ouvriers du monde capitaliste ont
fait du l or mai 1931 une journée de lutte.
Dans notre région, deux grands centres :
Le Havre et Rouen furent les témoins 1 de dé
monstrations prolétariennes .
Au Havre, le matin du 1 er mai, de nom
breuses bourriques gardaient les usines, pour
empêcher nos camarades unitaires et commu
nistes de parler aux ouvriers.
Malgré cela h chômage fut important, 40
à 50 % dans la métallurgie, 100 % sur le
port, dans la terrasse, etc...
Legall, chef autonome, avait dans son ma
tériel, journal et affiches, proclamé la trêve
des tendances, mais il refusa de donner la
parole au camarade Vassart, délégué de la
C.G.T.U.
Voulant éviter les frictions entre travail
leurs nos camarades firent la réunion devant le
Cercle Franckfin ; 1.500 ouvriers parmi les
quels de nombreux dockers écoutèrent nos
orateurs et approuvèrent nos mots d’ordre.
Pendant que dans la salle, 500 ouvriers
dockers écoutèrent les orateurs autonomesqui
terminèrent rapidement leur réunion.
Nos camarades cheminots du dépôt du Ha
vre ont déposé leurs revendications et ont fait
grève sur le tas pour appuyer ! leur délégation.
A Rouen, le matin du 1 er mai, à la Bourse
du Travail, 600 ouvriers de toutes corpora
tions.
L’Union Régionale avait convoqué les tra
vailleurs à 9 heures du matin.
Engler fit faire une affiche les convoquant
à 10 heures.
De nombreux copains n’eurent pas la pa
tience d’attendre l’ouverture des portes.
D’abord, G. Goujon, après des efforts dé
sespérés qui durèrent trois quarts d’heure, ob
tint les applaudissements de deux de ses amis-
Notre camarade Rivière enleva 75 % de
salle, qui applaudit à plusieurs reprises ses
réponses aux attaques de G. Goujon contre
la C.G.T.U.
Engler fit une réponse pitoyable et les
ouvriers qui d’habitude F applaudissent ne
montrèrent pas très énergiquement qu’ils
étaient d’accord avec lui.
par le gouvernement à la dernière heure, plus
de 1.000 manifestants furent arrêtés, cernés
par des forces considérables de police.
Dans la banlieue parisienne, à Bezons, les
travailleurs brisèrent les barrages de police,
à Saint-Denis, Montrouge, etc., etc., chô
mage important et démonstration ouvrière.
En province, dans de nombreuses villes, à
Strasbourg, Mulhouse, Lille, Roubaix, Mar
seille, Bourges, etc., les travailleurs tinrent
le pavé.
xxx
A l’étranger, en Allemagne des manifes
tations monstres eurent lieu. A Duibourg, Es
sen, Francfort, Halle, Berlin, des centaines
de milliers d’ouvriers descendirent dans la
rue manifester leur volonté de lutte.
En Amérique, à New-York, 50.000 ou
vriers se rassemblèrent pour manifester.
Dans, toutes les grandes villes du paradis
américain, des dizaines et des dizaines de
milliers de manifestants.
En Espagne, à Bilbao et à Séville, puissan
tes démonstrations ouvrières.
En Chine, malgré le coupeur de têtes,
Shang Kai Shek, les travailleurs ont manifesté
au cri de vive le Parti Communiste, vive les
Soviets.
Le caractère des démonstrations ouvrières
dans tous les pays où le capitalisme est encore
roi, est nettement indicatif.
Partout les communistes sont avec les syn
diqués révolutionnaires à la tête des manifes
tations.
Les ouvriers font chaque jour T expérience
que le régime capitaliste c’est pour eux, et de
jour en jour, F exploitation renforcée.
Alors ils tournent les yeux du côté de FU.
R.S.S., où progressivement les travailleurs
voient leurs conditions de vie s’améliorer.
Sachant que c’est le Parti Communiste
russe qui a guidé 'les ouvriers et paysans dans
la lutte pour le pain et le pouvoir, les travail
leurs viendront dans nos rangs, pour activer
cela il faut aussi que nous fassions la démons
tration évidente sur le plan de. l’usine, du
chantier, etc., que nous sommes capables à
tous les instants et pour les revendications les
plus minimes, d’entraîner tous les travailleurs
dans la lutte.
Ainsi nous gagnerons la confiance des tra
vailleurs et nous préparerons des I 013 mai de
combat. M. DUPONT.
Pour leur fête Jeanne d’Arc
les préparatifs sont poussés activement
JUSQU’AU 31 MAI
UNE NUÉE DE CORBEAUX ET D OFFICIELS
vont descendre sur Rouen
Du radical-n?aire de Rouen. Métayer
au socialiste Weil-Raynald
les bourgeois de toutes nuances font lumen sacrée pour la fête
SEUL NOTRE PARTI COMMUNISTE
par son organe « Le Prolétaire Normand », par ses militants, ses adhérents et
sympathisants dénonce le caractère cocardier, chauvin et de préparation à la
guerre de ces fêtes bourgeoises, chauvines et calotines.
Gaspiller des millions de francs en cette période où des milliers de travailleurs
chôment et se sous-alimentent, est un défi au prolétariat de notre région.
Opposons-iui une énergique réponse.
En Riposte aux Fêtes Jeanne d'Ârc
Pour la propagande de notre Parti, participez à la
Grramfe S® emsgæ*£ p ti §«
Organisée par la Région Communiste de Basse-Seine
En réponse aux milliers.de francs versés par vos patrons à l’archevêque de Rouen.
Travailleurs! Avant le 31 Mai
Par milliers versez*votre obole de prolétaires
à la SOUSCRIPTION DU PARTI
Pour Souscrire:
SYMPATHISANTS, LECTEURS, ABONNES, CORRESPONDANTS,
Réclamez des listes de souscription, iàites-les circuler partout, dans vos ateliers,
chantiers, dans vos quartiers.
Vous trouverez des listes à nos permanences : à ROUEN, 16, rue Damiette; à SOT-
TEVILLE, à la Maison du Peuple ( 2 'étage), le soir de 5 h. à 7 h.; au HAVRE, Cercle
Franklin (2 e étage).
Vous pouvez également en réclamer aux membres du Parti que vous connaissez.
POUR LES CAMARADES ELOIGNES DES GRANDS CENTRES
Souscrivez par Compte Chèque Trouillard 122-90, Rouen 16, rue Damiette.
Demandez des listes, elles vous seront envoyées par ertour du courrier.
ui!^miiaiiim;BE!9^isiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiiiiiii8iiiii8iiiiiiiiaiiiimim9siiiiiiiiiii!iiii
fl bas la fête Jeanne-d’flpc
— \
Monseigneur conduit le bal
LE MEETING DU HAVRE
Vassart au Cercle Franklin
Peut-être comprennent-ils qu’ils font fausse
route.
A la sortie du meeting, la police fit fer
mer et garder la porte donnant sur la place de
la Haute-Vieille-Tour, car c’était > jour de
marché et la bourgeoisie avait peur d’une ma
nifestation.
Le soir, à Sotteville, les militants de l’U
nion régionale avec Vassart, délégué de la
C.G.T.U., allèrent aux atëliers de Sotteville
parler aux cheminots et les inviter à venir au
meeting de l’Eldorado.
Plus de 400 camarades étaient présents et
écoutèrent nos orateurs qui traitèrent de la
crise des revendications et de l’unité syndi
cale.
A Dieppe, les cheminots du dépôt dépo
sèrent leurs revendications et le soir, à la salle,
rue de fa Hallê-au-Blé, malgré les tentatives
de sabotage des réformistes, les travailleurs
vinrent écouter nos orateurs.
xxx
Dans notre l-xiys de puissantes manifesta
tions ont eu lieu.
A Paris, malgré la mobilisation des forces
policières, des manifestations de rues curent
lieu.
Faubourg du Temple, bouleVaul Hauss-
tnan, avenue de Clichy.
Autour du Cirque d’Hiver, où devait avoir
lieu le m'etiing de la 20° U.R.U., interdit
Le 1 er )VIai à Dieppe
A l’approche de cette journée de lutte
internationale, la bourgeoisie avait mobilisé
toutes ses forces pour le sabotage des affi
ches de la C.G.T.U., appelant les ouvriers
à faire grève et à assister à la réunion qui
avait lieu le i or mai. ■
Cela n’a pas empêché un certain nombre
d’ouvriers et d’ouvrières de manifester leur
mécontentement cette journée.
Les ouvriers et ouvrières des tabacs ont
chômé complètement.
Dans les cheminots, au dépôt, les ouvriers
ont désigné uns, délégation et déposé leurs
revendications.
Dans les autres corporations, un certain
chômage eut lieu également.
Les confédérés essayèrent de saboter la
réunion organisée le soir du i 01 ' mai par
l’Union locale unitaire, en convoquant à
la même heure les ouvriers dans une autre
salle, mais ils purent constater comment la
classe ouvrière répond à leur appel : une
dizaine de poilus y étaient présents.
Celte manœuvre les démasquera un peu
plus devant la classe ouvrière dieppoise.
(Lire la suite en locale).
Fête militaire.
Et fête religieuse.
L’armée tiendra un premier rôle.
L’Eglise, de tout son appareil, dominera,
fera du cinq-centenaire « Sa » démonstration
de force.
Aujourd’hui, pas de grandes manifesta
tions de la bourgeoisie sans goupillon.
La bourgeoisie de Voltaire est crevée dans
la crise générale d’un capitalisme qui fait ap
pel à toutes les formes d’exploitation mentale
pour maintenir sa domination, sauver ses pri
vilèges.
Maintenant, l’Eglise est républicaine.
Comme de Wendel, Rotschild, Loucheur,
Augustin Normand, Praenckel, Kulhmann,
Badin...
L’Eglise reconnaît l’école laïque. Elle
demande seulement une plus grosse part du
bourrage des crânes, car elle a fait ses preu
ves.
Son Bon Dieu (Français ici, Allemand là-
bas), sa Vierge, son Christ, ses martyrs des
temps héroïques ne suffisent plus pour atta
cher la crédulité des foules ignorantes.
L’Eglise fabrique encore des saints et des
saintes.
Toujours de nouvelles reliques, de nou
veaux lieux de pèlerinage.
Si l’Eglise catholique n’a plus ses mar
tyrs, elle a, par contre, beaucoup martyrisé
depuis des siècles.
Elle a brûlé I hérétique sur les bûchers de
l’Inquisition.
C’est parmi ses propres victimes que l’E
glise trouvera désormais saints et saintes.
Obéissante aux puissances du jour, qui
s’appelaient alors la féodalité, l’Eglise a, ra
conte l’histoire, fait brûler Jeanne d’Arc.
Qu’elle a donc bien agi pour la bourgeoisie
et la religion, modernes, de dresser ainsi ce
bûcher qui lui fournit une sainte éminente.
Donc, l’Eglise, au premier rang, célébrera
Jeanne d’Arc, devenue sainte 490 ans après sa
mort.
Devenue aussi, après 490 ans, simple coïn
cidence, la sainte du patriotisme des démocra
tes, des francs-maçons, des « laïques » !
C’est Monseigneur qui conduira le cortège
officiel et religieux.
Pour la première fois depuis fort longtemps,
les emblèmes, les bannières, les attributs du
catholicisme défileront en grande pompe dans
les rues de Rouen.
Deux cardinaux, 38 archevêques et évê
ques, des robçs rouges, violettes, noires pro-
cessionneront sous la protection vigilante des
flics, des gardes mobiles, de l’armée « laï
que ».
Le 30 mai, à la Cathédrale, panégyrique
de Jeanne d’Arc par un collègue de Monsei
gneur Cauchon.
Le 31 mai, grand’messe pontificale avec
solistes des grands concerts de Paris.
Dieu parlera par les meilleurs gosiers de
nos théâtres.
Le paradis est peut-être pour les pauvres ;
la Cathédrale sera réservée aux riches.
Les places se vendent 8 à 40 francs. Sauf
pour les notabilités « laïques » qui auront
leurs places réservées.
L’Eglise sait fort bien que l’argent est le
nerf de la guerre.
Chaque représentation à la Cathédrale re
présentera une recette de 60 à 80.000 francs,
sans les quêtes.
Monseigneur, pour recevoir dignement les
autres prélats, qui ne viendront pas pieds nus
ou à dos d’âne, a ouvert une grande souscrip
tion.
Déjà au moins 300.000 francs sont recueil
lis.
1 ous les capitalistes, qui savent ce qu’ils
font, donnent largement. On trouve parmi eux
des exploiteurs radicaux et protestants, et
aussi des plus fameux gros mercantis juifs de
Rouen ! C’est le front unique pour la mani
festation cléricale .et chauvine, pour renforcer
k religion « opium du peuple ».
Les travailleurs, ceux de la région rouen-
naise en particulier, doivent opposer à l’énor
me battage des fêtes Jeanne d’Arc, la pro
testation des exploités.
Et puisque seul, le Prolétaire ose dire ce
que 1 on entend dans tant de conversations,
il faut que tous nos lecteurs assurent le succès
rapide et complet de notre souscription des
6.000 francs, opposée à celle de l’archevê
ché.
Ce n’est qu’avec les gros sous des ouvriers
que notre journal peut vivre.
Comme c’est par l’argent des capitalistes
que peut durer la religion, poison destiné à
tuer l’esprit de classe du prolétariat.
A bas la souscription de Monseigneur !
A bas la fête Jeanne d’Arc !
En avant pour les 6.000 francs du Prolé
taire !
COSTENTIN.
Les Conseils Généraux
d’Eure et Seine-Inférieure
Le triomphe
de la Concentration
Les Conseils Généraux viennent de tenir
leur session de printemps.
Assemblées complètement réactionnaires
dans les deux départements de notre Basse-
Seine.
Dont le caractère réactionnaire se trouve
renforcé par le mode de votation, caricature
de suffrage universel, qui donne un élu au
canton de Sotteville avec 50.000 habitants,
et un élu au canton de Fauville avec 4 à
5.000. Assemblées rurales : un électeur de
la campagne vaut 10 électeurs de la ville.
Comédie d’Assemblée délibérante. Le
Conseil Général ne sert, par ses délibérations,
qu’à masquer la réalité qui est le gouverne
ment départemental par un seul, le Préfet,
agissant, non selon le Conseil Général, mais
selon les indications du gouvernement et des
organisations patronales.
Le Conseil Général, avec ses semblants
de discussion, entérine les décisions préfec
torales.
Il arrive même souvent au Conseil Général
de décider des choses déjà exécutées.
Cela ne signifie pas que nous devions nous
en désintéresser.
Ce groupement des principaux politiciens
bourgeois du département, ce petit Parlement
de quelques jours, est le reflet des divers
courants politiques.
On y retrouve les préoccupations du jour.
Puis, par lui, on parvient à connaître quel
que peu de quelle façon le département est
administré au profit de la bourgeoisie.
On y voit comment les politiciens bour
geois y piétinent leurs promesses électorales,
y pratiquent cyniquement leur action de dé
fenseurs choisis du régime.
Comme toujours, les Conseils Généraux
se sont, cette fois, ouverts par des discours
politiques.
Celui du radical Abel Lefebvre à Evreux.
Celui du républicain national Bignon à
Rouen.
Sous une forme différente, ils révèlent la
même inquiétude, les mêmes soucis, les mê
mes exigences.
Ces Messieurs ne parlent que d’union.
Ils voient la crise et ses effets. Ils tentent
bien de prendre le ton optimiste de rigueur,
mais sans conviction.
Ils oint les mêmes inquiétudes sur les rap
ports internationaux, la question douanière,
le développement de l’U.R.S.S.
Bignon ou Lefebvre, conseillers généraux
d’Eure ou de Seine-Inférieure, droitiers, cen
tristes, radicaux, tous souhaitent la construc
tion rapide de la grande concentration qui de
vra sortir fie régime de cette période critique.
Cette concentration déjà ébauchée sur le
plan départemental est d’ailleurs nettement
apparue dans -toutes les délibérations des
Conseils Généraux.
C’est ce que nous verrons les semaines qui
viennent.
ÇA & Z. A
LES MENACES DE LAVAL
Laval-tout-cru a discouru à La Courneuve. Endroit
bien choisi, célèbre par la formidable explosion d’un
dépôt de munitions. Laval sait qu’il y a encore des
explosions en perspective. « La limite des charges
est atteinte, sinon dépassée », a dit le Président du
Conseil. Cheminots et fonctionnaires, préparez-vous :
on va vous demander des « sacrifices » pour sauver
le veau d’or. « Il faut que le public réagisse contre
les moeurs qui permettent les réclamations inces
santes ». Payez, crevez de misère, mais fermez-la,
sinon, gare à la trique fasciste. « La crise implique
des réductions de salaires dans de nombreuses indus
tries ». Laval va s’y employer avec l’aide des chefs
confédérés qu’il remercie en disant : « ...Aux ou
vriers qui m’ont facilité ma tâche, j’adresse l’hom
mage de gratitude du pays. » Le pays de Laval,
c’est l’internationale des coffres-forts.
Aux ouvriers à faire leur profit des cris sinistres
du mauvais oiseau de La Courneuve, en préparant
leurs luttes.
Steeg-le-Marocain a, lui aussi, discouru. A Rouen
cette fois, au milieu des Bleus de Normandie qui
n’ont rien de comparable aux sans-culottes qui batti
rent en 93 les chouans vendéens.
Steeg a fait le discours-type du radical : une suite
de mots ronflants, du vent. Pas un mot contre le
gouvernement Laval-Tardieu, pas un mot de la
situation des ouvriers. Une seule chose positive :
l’attaque contre les communistes qui, ces méchants,
ne veulent pas voter pour les représentants de la
bourgeoisie !
XXX
D’ailleurs, la Dépêche de Rouen, si radicale,
donne une place de choix au discours de Laval,
faisant concurrence au Journal de Rouen. La même
Dépêche, après les sifflets toulousains contre Tar
dieu, n’a-t-elle pas célébré le cran, le succès de
cet aventurier?
NOTRE OPINION
La Loi de Juin 48
La répression prend un aspect de
plus en plus brutal.
La journée du I er Mai fut celle des
cosaques de Paul Boncour.
Les Meyer et Métayer avaient pré
paré de leur mieux Vassommade éven
tuelle des travailleurs.
Mais comme le régime a une figure
républicaine, il faut encore quelque
peu couvrir la répression d’un sem
blant de légalité.
Ainsi, le Gouvernement Laval-Tar
dieu-Briand a découvert un nouveau
délit.
Celui de « provocation à l’attroupe
ment par voie de presse ».
Et plusieurs gérants de journaux
communistes, dont celui de « F Hu
ma », sont poursuivis pour des articles
convoquant les travailleurs vers des
rassemblements.
Oh! c’est une vieille loi. Elle da
te de juin 1848.
Cela ne vous dit rien ?
En février 1848, la bourgeoisie fran
çaise avait chassé Louis-Philippe et
établi la République. Une révolution
dans le genre de la révolution espagno
le.
Mais il y avait crise économique ;
avec elle, la machine à vapeur avait
chassé des centaines de mille d’ou
vriers hors des ateliers. Les salaires
étaient baissés. C’était la misère noi
re.
Des chantiers nationaux furent créés,
fonctionnèrent jusqu’en juin.
Comme dit Laval « la limite des dé
penses étant atteinte », les ouvriers ne
furent plus payés.
Affamés, ils se révoltèrent.
La bourgeoisie républicaine fusilla
les travailleurs par centaines, comme
le fera la république espagnole.
Le chef du massacre fut le général
assassin Cavaignac, qui était ensuite
candidat « républicain » contre le si
nistre Napoléon-Badinguet.
C’est de ce même mois de juin 1848
que date la loi sur les provocations à
F attroupement. Elle n’a que 83 ans!
On comprend qu’en ce moment le
l^aval nous en fasse profiter.
Plus tard, on profitera d’un Wey-
gand, d’un Gouraud. Chaque chose en
son temps.
C’est avec la même légalité de cir
constance que f à l’aide de l’amende
ment du socialiste Gouin, on enferme
Monmousseau.
Mais pour les coloniaux « sujets
français », plus besoin de lois. On
embarque le militant communiste Tao
pour Tlndochine.
Là-bas, on assassine pour le moment
encore plus facilement qu ici.
Pourtant, que pèseront toutes les
mesures de répression des capitalistes,
quand s’ébranleront enfin les larges
masses du prolétariat?
Il faut, par notre activité, rapprocher
ce moment.
Brémont.
Aux travailleurs du textile
de Louviers et d’Elbeuf
L’attaque du patronat du textile est dé
clenchée dans F ensemble du pays contre les
travailleurs de cette corporation.
Aux bas salaires, à une rationalisation
intensive augmentant considérablement l’effort
physique, à i’emploi de matière de qualité
inférieure diminuant d’autant les salaires de
famine, aux brimades sans fin, s’ajoute un
chômage partiel qui réduit le gain de ces
travailleurs à un niveau tel qu’il ne leur est
plus possible de vivre.
Et le chômage complet frappe déjà dure
ment.
Le patronat qui veut conserver ses bénéfi
ces et son luxe malgré la crise, ne craint pas
de jeter les ouvriers et les ouvrières dans la
plus noire misère.
Il m’est pas encore satisfait. Il redouble
ses attaques.
Mais les exploités du patronat textile ne
peuvent pas en supporter davantage. Ils réa
gissent, ils s’organisent, et demain verra dans
l’ensemble du pays une levée en masse de
combattants contre la terreur et l’odieuse ex
ploitation patronale.
C’est la laine qui est particulièrement vi
sée. Nos camarades de Louviers et d ’Elbetif
sentiront que la lutte que préparent les ou
vriers du Nord est la leur. Ils se prépareront
à leur tour sans perdre une minute. Ils seront
d’accord pour faire payer les frais de la crise
au patronat, seul responsable.
Le patronat peut payer, il a fait assez de
bénéfice, le prolétariat ne doit pas payer,
il n’a jamais gagné de quoi vivre largement.
Voici quelques exemples qui montrent bien
la richesse patronale face à la misère du pro
létariat du textile.
Bénéfices en 1929 pour trois maisons :
Tiberghien. — En 1929, bénéfices nets de
l'exercice : 8.185.714 francs. Répartition, aux
actionnaires 3.000.000.
6' ANNEE. — N” 243.
LE NUMERO : 40 CENTIMES.
VENDREDI 8 MAI 1931.
JfeiPudétatoe
Organe Régional C J ; l;
du Stac Ouvrière!Paysan ^LimWTI/
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Un an 18 francs
Six mois 10 francs
RÉDACTION & ADMINISTRATION
16, Rue Damiette — ROIJEIM — Téléphone 45 78
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C. C. P. Rouen 122.90. R. C. A. 218.44
Pour la rédaction et tous renseignements concernant Le Havre,
s’adresser au « PROLETAIRE », Cercle Franklin, Le Havre, 2 e
étage).
La journée du 1 er Mai
Mdlgté les mesures policières et la répres -
sion,
Malgré les manœuvres patronales et réfor
mistes, les ouvriers du monde capitaliste ont
fait du l or mai 1931 une journée de lutte.
Dans notre région, deux grands centres :
Le Havre et Rouen furent les témoins 1 de dé
monstrations prolétariennes .
Au Havre, le matin du 1 er mai, de nom
breuses bourriques gardaient les usines, pour
empêcher nos camarades unitaires et commu
nistes de parler aux ouvriers.
Malgré cela h chômage fut important, 40
à 50 % dans la métallurgie, 100 % sur le
port, dans la terrasse, etc...
Legall, chef autonome, avait dans son ma
tériel, journal et affiches, proclamé la trêve
des tendances, mais il refusa de donner la
parole au camarade Vassart, délégué de la
C.G.T.U.
Voulant éviter les frictions entre travail
leurs nos camarades firent la réunion devant le
Cercle Franckfin ; 1.500 ouvriers parmi les
quels de nombreux dockers écoutèrent nos
orateurs et approuvèrent nos mots d’ordre.
Pendant que dans la salle, 500 ouvriers
dockers écoutèrent les orateurs autonomesqui
terminèrent rapidement leur réunion.
Nos camarades cheminots du dépôt du Ha
vre ont déposé leurs revendications et ont fait
grève sur le tas pour appuyer ! leur délégation.
A Rouen, le matin du 1 er mai, à la Bourse
du Travail, 600 ouvriers de toutes corpora
tions.
L’Union Régionale avait convoqué les tra
vailleurs à 9 heures du matin.
Engler fit faire une affiche les convoquant
à 10 heures.
De nombreux copains n’eurent pas la pa
tience d’attendre l’ouverture des portes.
D’abord, G. Goujon, après des efforts dé
sespérés qui durèrent trois quarts d’heure, ob
tint les applaudissements de deux de ses amis-
Notre camarade Rivière enleva 75 % de
salle, qui applaudit à plusieurs reprises ses
réponses aux attaques de G. Goujon contre
la C.G.T.U.
Engler fit une réponse pitoyable et les
ouvriers qui d’habitude F applaudissent ne
montrèrent pas très énergiquement qu’ils
étaient d’accord avec lui.
par le gouvernement à la dernière heure, plus
de 1.000 manifestants furent arrêtés, cernés
par des forces considérables de police.
Dans la banlieue parisienne, à Bezons, les
travailleurs brisèrent les barrages de police,
à Saint-Denis, Montrouge, etc., etc., chô
mage important et démonstration ouvrière.
En province, dans de nombreuses villes, à
Strasbourg, Mulhouse, Lille, Roubaix, Mar
seille, Bourges, etc., les travailleurs tinrent
le pavé.
xxx
A l’étranger, en Allemagne des manifes
tations monstres eurent lieu. A Duibourg, Es
sen, Francfort, Halle, Berlin, des centaines
de milliers d’ouvriers descendirent dans la
rue manifester leur volonté de lutte.
En Amérique, à New-York, 50.000 ou
vriers se rassemblèrent pour manifester.
Dans, toutes les grandes villes du paradis
américain, des dizaines et des dizaines de
milliers de manifestants.
En Espagne, à Bilbao et à Séville, puissan
tes démonstrations ouvrières.
En Chine, malgré le coupeur de têtes,
Shang Kai Shek, les travailleurs ont manifesté
au cri de vive le Parti Communiste, vive les
Soviets.
Le caractère des démonstrations ouvrières
dans tous les pays où le capitalisme est encore
roi, est nettement indicatif.
Partout les communistes sont avec les syn
diqués révolutionnaires à la tête des manifes
tations.
Les ouvriers font chaque jour T expérience
que le régime capitaliste c’est pour eux, et de
jour en jour, F exploitation renforcée.
Alors ils tournent les yeux du côté de FU.
R.S.S., où progressivement les travailleurs
voient leurs conditions de vie s’améliorer.
Sachant que c’est le Parti Communiste
russe qui a guidé 'les ouvriers et paysans dans
la lutte pour le pain et le pouvoir, les travail
leurs viendront dans nos rangs, pour activer
cela il faut aussi que nous fassions la démons
tration évidente sur le plan de. l’usine, du
chantier, etc., que nous sommes capables à
tous les instants et pour les revendications les
plus minimes, d’entraîner tous les travailleurs
dans la lutte.
Ainsi nous gagnerons la confiance des tra
vailleurs et nous préparerons des I 013 mai de
combat. M. DUPONT.
Pour leur fête Jeanne d’Arc
les préparatifs sont poussés activement
JUSQU’AU 31 MAI
UNE NUÉE DE CORBEAUX ET D OFFICIELS
vont descendre sur Rouen
Du radical-n?aire de Rouen. Métayer
au socialiste Weil-Raynald
les bourgeois de toutes nuances font lumen sacrée pour la fête
SEUL NOTRE PARTI COMMUNISTE
par son organe « Le Prolétaire Normand », par ses militants, ses adhérents et
sympathisants dénonce le caractère cocardier, chauvin et de préparation à la
guerre de ces fêtes bourgeoises, chauvines et calotines.
Gaspiller des millions de francs en cette période où des milliers de travailleurs
chôment et se sous-alimentent, est un défi au prolétariat de notre région.
Opposons-iui une énergique réponse.
En Riposte aux Fêtes Jeanne d'Ârc
Pour la propagande de notre Parti, participez à la
Grramfe S® emsgæ*£ p ti §«
Organisée par la Région Communiste de Basse-Seine
En réponse aux milliers.de francs versés par vos patrons à l’archevêque de Rouen.
Travailleurs! Avant le 31 Mai
Par milliers versez*votre obole de prolétaires
à la SOUSCRIPTION DU PARTI
Pour Souscrire:
SYMPATHISANTS, LECTEURS, ABONNES, CORRESPONDANTS,
Réclamez des listes de souscription, iàites-les circuler partout, dans vos ateliers,
chantiers, dans vos quartiers.
Vous trouverez des listes à nos permanences : à ROUEN, 16, rue Damiette; à SOT-
TEVILLE, à la Maison du Peuple ( 2 'étage), le soir de 5 h. à 7 h.; au HAVRE, Cercle
Franklin (2 e étage).
Vous pouvez également en réclamer aux membres du Parti que vous connaissez.
POUR LES CAMARADES ELOIGNES DES GRANDS CENTRES
Souscrivez par Compte Chèque Trouillard 122-90, Rouen 16, rue Damiette.
Demandez des listes, elles vous seront envoyées par ertour du courrier.
ui!^miiaiiim;BE!9^isiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiiiiiii8iiiii8iiiiiiiiaiiiimim9siiiiiiiiiii!iiii
fl bas la fête Jeanne-d’flpc
— \
Monseigneur conduit le bal
LE MEETING DU HAVRE
Vassart au Cercle Franklin
Peut-être comprennent-ils qu’ils font fausse
route.
A la sortie du meeting, la police fit fer
mer et garder la porte donnant sur la place de
la Haute-Vieille-Tour, car c’était > jour de
marché et la bourgeoisie avait peur d’une ma
nifestation.
Le soir, à Sotteville, les militants de l’U
nion régionale avec Vassart, délégué de la
C.G.T.U., allèrent aux atëliers de Sotteville
parler aux cheminots et les inviter à venir au
meeting de l’Eldorado.
Plus de 400 camarades étaient présents et
écoutèrent nos orateurs qui traitèrent de la
crise des revendications et de l’unité syndi
cale.
A Dieppe, les cheminots du dépôt dépo
sèrent leurs revendications et le soir, à la salle,
rue de fa Hallê-au-Blé, malgré les tentatives
de sabotage des réformistes, les travailleurs
vinrent écouter nos orateurs.
xxx
Dans notre l-xiys de puissantes manifesta
tions ont eu lieu.
A Paris, malgré la mobilisation des forces
policières, des manifestations de rues curent
lieu.
Faubourg du Temple, bouleVaul Hauss-
tnan, avenue de Clichy.
Autour du Cirque d’Hiver, où devait avoir
lieu le m'etiing de la 20° U.R.U., interdit
Le 1 er )VIai à Dieppe
A l’approche de cette journée de lutte
internationale, la bourgeoisie avait mobilisé
toutes ses forces pour le sabotage des affi
ches de la C.G.T.U., appelant les ouvriers
à faire grève et à assister à la réunion qui
avait lieu le i or mai. ■
Cela n’a pas empêché un certain nombre
d’ouvriers et d’ouvrières de manifester leur
mécontentement cette journée.
Les ouvriers et ouvrières des tabacs ont
chômé complètement.
Dans les cheminots, au dépôt, les ouvriers
ont désigné uns, délégation et déposé leurs
revendications.
Dans les autres corporations, un certain
chômage eut lieu également.
Les confédérés essayèrent de saboter la
réunion organisée le soir du i 01 ' mai par
l’Union locale unitaire, en convoquant à
la même heure les ouvriers dans une autre
salle, mais ils purent constater comment la
classe ouvrière répond à leur appel : une
dizaine de poilus y étaient présents.
Celte manœuvre les démasquera un peu
plus devant la classe ouvrière dieppoise.
(Lire la suite en locale).
Fête militaire.
Et fête religieuse.
L’armée tiendra un premier rôle.
L’Eglise, de tout son appareil, dominera,
fera du cinq-centenaire « Sa » démonstration
de force.
Aujourd’hui, pas de grandes manifesta
tions de la bourgeoisie sans goupillon.
La bourgeoisie de Voltaire est crevée dans
la crise générale d’un capitalisme qui fait ap
pel à toutes les formes d’exploitation mentale
pour maintenir sa domination, sauver ses pri
vilèges.
Maintenant, l’Eglise est républicaine.
Comme de Wendel, Rotschild, Loucheur,
Augustin Normand, Praenckel, Kulhmann,
Badin...
L’Eglise reconnaît l’école laïque. Elle
demande seulement une plus grosse part du
bourrage des crânes, car elle a fait ses preu
ves.
Son Bon Dieu (Français ici, Allemand là-
bas), sa Vierge, son Christ, ses martyrs des
temps héroïques ne suffisent plus pour atta
cher la crédulité des foules ignorantes.
L’Eglise fabrique encore des saints et des
saintes.
Toujours de nouvelles reliques, de nou
veaux lieux de pèlerinage.
Si l’Eglise catholique n’a plus ses mar
tyrs, elle a, par contre, beaucoup martyrisé
depuis des siècles.
Elle a brûlé I hérétique sur les bûchers de
l’Inquisition.
C’est parmi ses propres victimes que l’E
glise trouvera désormais saints et saintes.
Obéissante aux puissances du jour, qui
s’appelaient alors la féodalité, l’Eglise a, ra
conte l’histoire, fait brûler Jeanne d’Arc.
Qu’elle a donc bien agi pour la bourgeoisie
et la religion, modernes, de dresser ainsi ce
bûcher qui lui fournit une sainte éminente.
Donc, l’Eglise, au premier rang, célébrera
Jeanne d’Arc, devenue sainte 490 ans après sa
mort.
Devenue aussi, après 490 ans, simple coïn
cidence, la sainte du patriotisme des démocra
tes, des francs-maçons, des « laïques » !
C’est Monseigneur qui conduira le cortège
officiel et religieux.
Pour la première fois depuis fort longtemps,
les emblèmes, les bannières, les attributs du
catholicisme défileront en grande pompe dans
les rues de Rouen.
Deux cardinaux, 38 archevêques et évê
ques, des robçs rouges, violettes, noires pro-
cessionneront sous la protection vigilante des
flics, des gardes mobiles, de l’armée « laï
que ».
Le 30 mai, à la Cathédrale, panégyrique
de Jeanne d’Arc par un collègue de Monsei
gneur Cauchon.
Le 31 mai, grand’messe pontificale avec
solistes des grands concerts de Paris.
Dieu parlera par les meilleurs gosiers de
nos théâtres.
Le paradis est peut-être pour les pauvres ;
la Cathédrale sera réservée aux riches.
Les places se vendent 8 à 40 francs. Sauf
pour les notabilités « laïques » qui auront
leurs places réservées.
L’Eglise sait fort bien que l’argent est le
nerf de la guerre.
Chaque représentation à la Cathédrale re
présentera une recette de 60 à 80.000 francs,
sans les quêtes.
Monseigneur, pour recevoir dignement les
autres prélats, qui ne viendront pas pieds nus
ou à dos d’âne, a ouvert une grande souscrip
tion.
Déjà au moins 300.000 francs sont recueil
lis.
1 ous les capitalistes, qui savent ce qu’ils
font, donnent largement. On trouve parmi eux
des exploiteurs radicaux et protestants, et
aussi des plus fameux gros mercantis juifs de
Rouen ! C’est le front unique pour la mani
festation cléricale .et chauvine, pour renforcer
k religion « opium du peuple ».
Les travailleurs, ceux de la région rouen-
naise en particulier, doivent opposer à l’énor
me battage des fêtes Jeanne d’Arc, la pro
testation des exploités.
Et puisque seul, le Prolétaire ose dire ce
que 1 on entend dans tant de conversations,
il faut que tous nos lecteurs assurent le succès
rapide et complet de notre souscription des
6.000 francs, opposée à celle de l’archevê
ché.
Ce n’est qu’avec les gros sous des ouvriers
que notre journal peut vivre.
Comme c’est par l’argent des capitalistes
que peut durer la religion, poison destiné à
tuer l’esprit de classe du prolétariat.
A bas la souscription de Monseigneur !
A bas la fête Jeanne d’Arc !
En avant pour les 6.000 francs du Prolé
taire !
COSTENTIN.
Les Conseils Généraux
d’Eure et Seine-Inférieure
Le triomphe
de la Concentration
Les Conseils Généraux viennent de tenir
leur session de printemps.
Assemblées complètement réactionnaires
dans les deux départements de notre Basse-
Seine.
Dont le caractère réactionnaire se trouve
renforcé par le mode de votation, caricature
de suffrage universel, qui donne un élu au
canton de Sotteville avec 50.000 habitants,
et un élu au canton de Fauville avec 4 à
5.000. Assemblées rurales : un électeur de
la campagne vaut 10 électeurs de la ville.
Comédie d’Assemblée délibérante. Le
Conseil Général ne sert, par ses délibérations,
qu’à masquer la réalité qui est le gouverne
ment départemental par un seul, le Préfet,
agissant, non selon le Conseil Général, mais
selon les indications du gouvernement et des
organisations patronales.
Le Conseil Général, avec ses semblants
de discussion, entérine les décisions préfec
torales.
Il arrive même souvent au Conseil Général
de décider des choses déjà exécutées.
Cela ne signifie pas que nous devions nous
en désintéresser.
Ce groupement des principaux politiciens
bourgeois du département, ce petit Parlement
de quelques jours, est le reflet des divers
courants politiques.
On y retrouve les préoccupations du jour.
Puis, par lui, on parvient à connaître quel
que peu de quelle façon le département est
administré au profit de la bourgeoisie.
On y voit comment les politiciens bour
geois y piétinent leurs promesses électorales,
y pratiquent cyniquement leur action de dé
fenseurs choisis du régime.
Comme toujours, les Conseils Généraux
se sont, cette fois, ouverts par des discours
politiques.
Celui du radical Abel Lefebvre à Evreux.
Celui du républicain national Bignon à
Rouen.
Sous une forme différente, ils révèlent la
même inquiétude, les mêmes soucis, les mê
mes exigences.
Ces Messieurs ne parlent que d’union.
Ils voient la crise et ses effets. Ils tentent
bien de prendre le ton optimiste de rigueur,
mais sans conviction.
Ils oint les mêmes inquiétudes sur les rap
ports internationaux, la question douanière,
le développement de l’U.R.S.S.
Bignon ou Lefebvre, conseillers généraux
d’Eure ou de Seine-Inférieure, droitiers, cen
tristes, radicaux, tous souhaitent la construc
tion rapide de la grande concentration qui de
vra sortir fie régime de cette période critique.
Cette concentration déjà ébauchée sur le
plan départemental est d’ailleurs nettement
apparue dans -toutes les délibérations des
Conseils Généraux.
C’est ce que nous verrons les semaines qui
viennent.
ÇA & Z. A
LES MENACES DE LAVAL
Laval-tout-cru a discouru à La Courneuve. Endroit
bien choisi, célèbre par la formidable explosion d’un
dépôt de munitions. Laval sait qu’il y a encore des
explosions en perspective. « La limite des charges
est atteinte, sinon dépassée », a dit le Président du
Conseil. Cheminots et fonctionnaires, préparez-vous :
on va vous demander des « sacrifices » pour sauver
le veau d’or. « Il faut que le public réagisse contre
les moeurs qui permettent les réclamations inces
santes ». Payez, crevez de misère, mais fermez-la,
sinon, gare à la trique fasciste. « La crise implique
des réductions de salaires dans de nombreuses indus
tries ». Laval va s’y employer avec l’aide des chefs
confédérés qu’il remercie en disant : « ...Aux ou
vriers qui m’ont facilité ma tâche, j’adresse l’hom
mage de gratitude du pays. » Le pays de Laval,
c’est l’internationale des coffres-forts.
Aux ouvriers à faire leur profit des cris sinistres
du mauvais oiseau de La Courneuve, en préparant
leurs luttes.
Steeg-le-Marocain a, lui aussi, discouru. A Rouen
cette fois, au milieu des Bleus de Normandie qui
n’ont rien de comparable aux sans-culottes qui batti
rent en 93 les chouans vendéens.
Steeg a fait le discours-type du radical : une suite
de mots ronflants, du vent. Pas un mot contre le
gouvernement Laval-Tardieu, pas un mot de la
situation des ouvriers. Une seule chose positive :
l’attaque contre les communistes qui, ces méchants,
ne veulent pas voter pour les représentants de la
bourgeoisie !
XXX
D’ailleurs, la Dépêche de Rouen, si radicale,
donne une place de choix au discours de Laval,
faisant concurrence au Journal de Rouen. La même
Dépêche, après les sifflets toulousains contre Tar
dieu, n’a-t-elle pas célébré le cran, le succès de
cet aventurier?
NOTRE OPINION
La Loi de Juin 48
La répression prend un aspect de
plus en plus brutal.
La journée du I er Mai fut celle des
cosaques de Paul Boncour.
Les Meyer et Métayer avaient pré
paré de leur mieux Vassommade éven
tuelle des travailleurs.
Mais comme le régime a une figure
républicaine, il faut encore quelque
peu couvrir la répression d’un sem
blant de légalité.
Ainsi, le Gouvernement Laval-Tar
dieu-Briand a découvert un nouveau
délit.
Celui de « provocation à l’attroupe
ment par voie de presse ».
Et plusieurs gérants de journaux
communistes, dont celui de « F Hu
ma », sont poursuivis pour des articles
convoquant les travailleurs vers des
rassemblements.
Oh! c’est une vieille loi. Elle da
te de juin 1848.
Cela ne vous dit rien ?
En février 1848, la bourgeoisie fran
çaise avait chassé Louis-Philippe et
établi la République. Une révolution
dans le genre de la révolution espagno
le.
Mais il y avait crise économique ;
avec elle, la machine à vapeur avait
chassé des centaines de mille d’ou
vriers hors des ateliers. Les salaires
étaient baissés. C’était la misère noi
re.
Des chantiers nationaux furent créés,
fonctionnèrent jusqu’en juin.
Comme dit Laval « la limite des dé
penses étant atteinte », les ouvriers ne
furent plus payés.
Affamés, ils se révoltèrent.
La bourgeoisie républicaine fusilla
les travailleurs par centaines, comme
le fera la république espagnole.
Le chef du massacre fut le général
assassin Cavaignac, qui était ensuite
candidat « républicain » contre le si
nistre Napoléon-Badinguet.
C’est de ce même mois de juin 1848
que date la loi sur les provocations à
F attroupement. Elle n’a que 83 ans!
On comprend qu’en ce moment le
l^aval nous en fasse profiter.
Plus tard, on profitera d’un Wey-
gand, d’un Gouraud. Chaque chose en
son temps.
C’est avec la même légalité de cir
constance que f à l’aide de l’amende
ment du socialiste Gouin, on enferme
Monmousseau.
Mais pour les coloniaux « sujets
français », plus besoin de lois. On
embarque le militant communiste Tao
pour Tlndochine.
Là-bas, on assassine pour le moment
encore plus facilement qu ici.
Pourtant, que pèseront toutes les
mesures de répression des capitalistes,
quand s’ébranleront enfin les larges
masses du prolétariat?
Il faut, par notre activité, rapprocher
ce moment.
Brémont.
Aux travailleurs du textile
de Louviers et d’Elbeuf
L’attaque du patronat du textile est dé
clenchée dans F ensemble du pays contre les
travailleurs de cette corporation.
Aux bas salaires, à une rationalisation
intensive augmentant considérablement l’effort
physique, à i’emploi de matière de qualité
inférieure diminuant d’autant les salaires de
famine, aux brimades sans fin, s’ajoute un
chômage partiel qui réduit le gain de ces
travailleurs à un niveau tel qu’il ne leur est
plus possible de vivre.
Et le chômage complet frappe déjà dure
ment.
Le patronat qui veut conserver ses bénéfi
ces et son luxe malgré la crise, ne craint pas
de jeter les ouvriers et les ouvrières dans la
plus noire misère.
Il m’est pas encore satisfait. Il redouble
ses attaques.
Mais les exploités du patronat textile ne
peuvent pas en supporter davantage. Ils réa
gissent, ils s’organisent, et demain verra dans
l’ensemble du pays une levée en masse de
combattants contre la terreur et l’odieuse ex
ploitation patronale.
C’est la laine qui est particulièrement vi
sée. Nos camarades de Louviers et d ’Elbetif
sentiront que la lutte que préparent les ou
vriers du Nord est la leur. Ils se prépareront
à leur tour sans perdre une minute. Ils seront
d’accord pour faire payer les frais de la crise
au patronat, seul responsable.
Le patronat peut payer, il a fait assez de
bénéfice, le prolétariat ne doit pas payer,
il n’a jamais gagné de quoi vivre largement.
Voici quelques exemples qui montrent bien
la richesse patronale face à la misère du pro
létariat du textile.
Bénéfices en 1929 pour trois maisons :
Tiberghien. — En 1929, bénéfices nets de
l'exercice : 8.185.714 francs. Répartition, aux
actionnaires 3.000.000.
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