Titre : L'Universel : l'Évangile c'est la liberté ! / direction H. Huchet
Auteur : Mouvement pacifique chrétien de langue française. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1902-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32885496v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1902 01 janvier 1902
Description : 1902/01/01 (N1)-1902/01/31. 1902/01/01 (N1)-1902/01/31.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4565359v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-45090
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/09/2017
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GUERRE A LA GUERRE
4 e Année. N° 1
iyïlivsüel
JANVIER 1902
Celai qui m’aime, dit Jésus, gardera ma Paroi e
WWWWV A/WVWVAWWWW
L’ÉVANGILE, C’EST LA LIBERTÉ !
ÆBONNEJWENT
Gi aluit. La caisse du Journal n’est alimçntée
<1 lie par les dons volontaires des amis de la
vérité, de la paix et de la tempérance.
DIRECTION
H. HUCHE! et C. HÉBERT
ÉVANGÉLISTES
43, rue Frédéric Bellanger (Le Havre)
PlROPAGAl^lDE
(omillions spécialesaux e]iréliens réformistes
qui combattent l’injustice, la guerre, l’alcool
et toutes les mamvuvrcs du cléricalisme.
BONNE ANNÉE
L’Universel est heureux de pouvoir
adresser à tous ses lecteurs, ses meil
leurs vœux pour l’année 1902. Que le
Dieu de l’espérance vous remplisse de
toute joie et de toute paix dans la foi,
pour que vous abondiez en espérance,
par la puissance du Saint-Esprit.
L’UOTEBSSL BBATUIT
• Salut pour le monde.
Oui pour tout le monde, '
En Jésus abonde
• Sans argent sans aucun prix.
Nous voulons tout d’abord vous adresser
chers lecteurs et lectrices, tous nos remer
ciements pour les encouragements que nous
avons reçus.De toutes parts : France, Suis
se, Belgique, etc.., nous sont parvenus des
marques de sympathies qui nous ont vrai
ment émus.Noussommes reconnaissants et
nous en bénissons l’Eternel notre Dieu pour
ce lien de bonne fraternité qui existe entre
l’Universel et un si grand nombre de ses
abonnés.
Il nous serait absolument impossible
d’insérer toutes les lettres que nous possé
dons. Nous nous contenterons donc ,de don
ner comme spécimen celle que nous pu
blions ci-dessous :
Messieurs Huchet et Hébert
Chaque numéro de votre journal était une
arme portant un coup de mort aux ténèbres,
qui en ce moment régnent pleinement dans
notre France.Satan a pris peur et il s’est élevé
contre l 'Universel en cherchant à vous faire
imposer silence.
Mais le Dieu de la Vérité est plus fort que
le Père du Mensonge.
Il triomphera.
Ce qdi doit vous consoler, Messieurs, c’est
que vous n’avez pas écrit inutilement. Votre
journal a réjoui et donné de la conliance à
beaucoup d’âmes chrétiennes.
Que Dieu vous rendre en bénédictions tem
porelles et spirituelles pour tout le bien que
vous avez fait en vous montrant les amif de
la Vérité.
(Signature)
D’un autre côté, plusieurs de nos confrè
res nous ont offert leurs colonnes, certain
journal des plus répandus et des mieux no
tés nous a même proposé en nous unissant
à lui, de conserver la manchette de notre
feuille, pour continuer sous notre direction
le programme que nous avons suivi jus
qu’alors. Nous aimons rendre ici hommage
à ces frères pour leur largeur et leur fra
ternité chrétienne.
Et maintenant soutenu par tant d’affec
tions, notre devoir est plus que jamais,, de
continuer la campagne que nous avons
menée jusqu’ici. Campagne contre les fléaux
qui ravagent notre société, tels que : l’alcoo
lisme, l’immoralité, la guerre, sans oublier
le cléricalisme sous toutes ses. formes. En
agissant ainsi, nous recherchons avant
toutes choses, pour le bien de notre pays,
l’intérêt du Règne de notre Maitre.
L’Universel sera comme nous l’avons dit,
lidèleà son mandat ; nous préférerions dis
paraître honorablement que de vivre servi
lement. L’existence du journal pourrait
être assurée a de certaines conditions,
Nous aimons mieux l’incertitude et
marcher la tête haute devant tous, ca
tholiques et protestants.
L’expérience nous a appris que Dieu peut
béuir une œuvre utile au salut des âmes,
quelque soit même la faiblesse de ses ser
viteurs. L’important, c’est que ces servi
teurs sachent, coûte que coûte, pour la vé
rité, s’harmoniser avec l’esprit de l’Evan
gile.
Nous avons en caisse pour le tirage et
pour l’envoi de ce numéro, l’argent néces
saire, il nous reste même quelque* francs,
qui nous serviront pour le mois prochain.
Nous rappelons que ['Universel d’une ma
nière ollicieusea toujours él égratuit. Mais
à dater de ce jour, il le devient officielle
ment comme ses vaillantes sœurs la Cloche
d’Alarme et l’Avant-darde.
Tout abonnement payant est donc de
ce jour supprimé, le journal ne vivra que
par les dons que : les chrétiens amis de la
Vérité auront à cœur, de nous faire parve
nir, afin d’en assurer le tirage. Cela nous
permettra comme l’a annoncé le Seigneur
de publier le salut gratuit. « Vous t’avez
reçu gratuitement , ctonnez-U gratuitement.
C. HÉBERT.
INFAWIESJOCIALES
Pauvres Mousses !
Dans ma conférence sur le Prolétariat
maritim», — l’hiver dernier, à l’Université
populaire de Rennes, et à Saint-Brieuc, —
j’ai dit quelques mots du sort des mousses
à bord de nos navires de commerce, en par
ticulier sur nos bâtiments Islandais et Ter
reiteuriers. Mai* faute de t-;mps, je n'ai pu
qu’esquisser ce côté horrible d’un tableau
général naturellement sombre. J’ai cité,
d’après l’excellent livre de M. Le Gollic
(Sur la côte, Cens de mer; 1897, Colin,
édit., in-12), le cas du mousse du Baucis,
<« martyrisé par le subrécargoe, déchiqueté,
les os rompus ; celui d'un autre* «• qui
pour un- mot, pour un geste, lut empoi
gné par son capitaine, jeté vivant dans le
fourneau de la cambuse, qui s’en échappa
grillé aux trois quarts et se précipita par
dessus bord en hurlant de douleur. »
J'ai lu aussi deux pages de « Pêcheurs de
Terre-Neuve», l’émouvant récit anonyme
de M. LeTellier, aujourd’hui professeur de
l'enseignement secondaire, — jadis mousse,
puis pêcheur à hord des navires terreneu-
viers. Voici ces pages :
... Ce jour-là, toutes les chaloupes re
vinrent « chargées à couler. » Quaire mille
morues sur le pont !... Je suis chargé de
décoller (enlever proprement la tête de
ehaque poisson;, pour entretenir deux
« trancheurs» (ceux qui ouvrent la morue).
Vers la fin on est obligé do me stimuler par
quelques volées de coups do bâton,
« Entré dans le parc (sorte d’enclos) sur
le pont vers dix heures du malin, il est près
de onze heuresdu soir quand j’en sors pour
souper. On ne s’etet interrompu que pour une
collation rapide, et pour absorber quantité
de «bonjarons » d’eau-de-vie. Je n’ai plus la
force de manger. Depuis le lever, eela fait
environ 22 heures,
« Je gagne péniblement mon grabat où
je goûte un repos tourmenté. L’épouvante
de ce travail et des coups qui m’attendent
me suit en dormant. Mes deux ou trois
heures de repos, no sont qu’un affreux
cauchemar.
« Il n’est pas trois heures du matin qu’il
me faut recommencer. Véritable paquet de
douleurs, je me traîne avec les autres pour
boire une gorgée d’eau de feu, qui est aussi
une gorgée d’oubli.
« Je descends dans la cale, où il faut rem
plir les mannes à boëtte (appât) et pour
cela me résoudre à plonger dans le sel mes
mains brûlantes et tout écorchées par le
travail de la veille,
« Les chaloupes reviennent moins char
gées, mais c’est encore beaucoup trop pour
moi. Nos forces diminuent. Par moment je
ne peux plus sullire à ma tâche. Je sens
mes tempes se gonfler et mes oreilles bour
donner; mais derrière mon dos on agite le
bâton - un manahe de piquois gros comme
le poignet... Un instant je me butte n’en
pouvant plus. Les coups me lont demander
grâce. On rit de mes cris en les imitant.
« L’an ée précédente, mon prédécesseur,
jeune novice comme moi, avait été encore
roué do coups la veille de sa mort, et, le
matin même, comme il s’était déclaré inca
pable de se lever, le second du bord était
venu dans le poste de l’équipage etlui avait
asséné, dans son lit, plusieurs coups de
botte sur le ventre. « Frappez plus fort,
suppliait le malheureux. Tuez-moi tout de
suite, je ne demande plus autre chose. »
Enfin on le laissa. Lorsque les chaloupes
revinrent, il était mort ».
Direz vous, cher lecteur que je cite des
faits exceptionnels ? Alors lisez attentive
ment ce qui va suivre.
Cette année même, M. Léopold Aujar,
qui fut, lui aussi, mousse, novice et mate
lot, mais sur de longs courriers, M. Aujar,
dis je, a publié, dans la Grande Uevue , en
avril, un courageux article « Pour nos
mousses » ; puis, il y a quelques semaines,
chez Fasquelle, un premier volume de sou
venirs dans lequel il raconte les premiers
mois de sa vie de mousse. A la suite de
ces publications, quelques journaux en ont
reproduit des extraits avec des commen-
menlaires indignés. (L 'Aurore, 13 décem
bre 1901).
Mais, dira-t-on, quelles sont les causes
de ces horreurs? Quelles sont les responsa
bilités ? Surtout quels sont les remèdes à
un tel mal moral et social ? C’est ce que
j’étudierai très prochainement, peut-être,
dans des conférences et certainement en un
livre sur le prolétariat maritime.
Toutefois, si un lecteur a la candeur de
s’écrier : Mais « il y a des juges à Berlin 1»
je lui rérondrai qu’il n'y en a guère en
France, pour protéger les humbles en gé
néral et les mousses en particulier. Comme
dit M, Aujar :
« Le règlement déclare : « Les mousses
ne seront pas brutalisés. Les capitaines
sont responsables et peuvent être poursui
vis conformément à la loi. » — « Mais...
allez donc vous plaindre !... A moins qu’il
ne « porte les marques», qui croirait un
polit mousse ?»
D’ailleurs, le Code pénal de la marine
marchande !... Ah 1 l’édifiant chapitre que'
je lui réserve ' et à la composition des tri
bunaux maritimes! et à l’application de ce
Code !
Léon Vignols,
)
NJ
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GUERRE A LA GUERRE
4 e Année. N° 1
iyïlivsüel
JANVIER 1902
Celai qui m’aime, dit Jésus, gardera ma Paroi e
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L’ÉVANGILE, C’EST LA LIBERTÉ !
ÆBONNEJWENT
Gi aluit. La caisse du Journal n’est alimçntée
<1 lie par les dons volontaires des amis de la
vérité, de la paix et de la tempérance.
DIRECTION
H. HUCHE! et C. HÉBERT
ÉVANGÉLISTES
43, rue Frédéric Bellanger (Le Havre)
PlROPAGAl^lDE
(omillions spécialesaux e]iréliens réformistes
qui combattent l’injustice, la guerre, l’alcool
et toutes les mamvuvrcs du cléricalisme.
BONNE ANNÉE
L’Universel est heureux de pouvoir
adresser à tous ses lecteurs, ses meil
leurs vœux pour l’année 1902. Que le
Dieu de l’espérance vous remplisse de
toute joie et de toute paix dans la foi,
pour que vous abondiez en espérance,
par la puissance du Saint-Esprit.
L’UOTEBSSL BBATUIT
• Salut pour le monde.
Oui pour tout le monde, '
En Jésus abonde
• Sans argent sans aucun prix.
Nous voulons tout d’abord vous adresser
chers lecteurs et lectrices, tous nos remer
ciements pour les encouragements que nous
avons reçus.De toutes parts : France, Suis
se, Belgique, etc.., nous sont parvenus des
marques de sympathies qui nous ont vrai
ment émus.Noussommes reconnaissants et
nous en bénissons l’Eternel notre Dieu pour
ce lien de bonne fraternité qui existe entre
l’Universel et un si grand nombre de ses
abonnés.
Il nous serait absolument impossible
d’insérer toutes les lettres que nous possé
dons. Nous nous contenterons donc ,de don
ner comme spécimen celle que nous pu
blions ci-dessous :
Messieurs Huchet et Hébert
Chaque numéro de votre journal était une
arme portant un coup de mort aux ténèbres,
qui en ce moment régnent pleinement dans
notre France.Satan a pris peur et il s’est élevé
contre l 'Universel en cherchant à vous faire
imposer silence.
Mais le Dieu de la Vérité est plus fort que
le Père du Mensonge.
Il triomphera.
Ce qdi doit vous consoler, Messieurs, c’est
que vous n’avez pas écrit inutilement. Votre
journal a réjoui et donné de la conliance à
beaucoup d’âmes chrétiennes.
Que Dieu vous rendre en bénédictions tem
porelles et spirituelles pour tout le bien que
vous avez fait en vous montrant les amif de
la Vérité.
(Signature)
D’un autre côté, plusieurs de nos confrè
res nous ont offert leurs colonnes, certain
journal des plus répandus et des mieux no
tés nous a même proposé en nous unissant
à lui, de conserver la manchette de notre
feuille, pour continuer sous notre direction
le programme que nous avons suivi jus
qu’alors. Nous aimons rendre ici hommage
à ces frères pour leur largeur et leur fra
ternité chrétienne.
Et maintenant soutenu par tant d’affec
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continuer la campagne que nous avons
menée jusqu’ici. Campagne contre les fléaux
qui ravagent notre société, tels que : l’alcoo
lisme, l’immoralité, la guerre, sans oublier
le cléricalisme sous toutes ses. formes. En
agissant ainsi, nous recherchons avant
toutes choses, pour le bien de notre pays,
l’intérêt du Règne de notre Maitre.
L’Universel sera comme nous l’avons dit,
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Nous aimons mieux l’incertitude et
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L’expérience nous a appris que Dieu peut
béuir une œuvre utile au salut des âmes,
quelque soit même la faiblesse de ses ser
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Nous avons en caisse pour le tirage et
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Nous rappelons que ['Universel d’une ma
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ce jour supprimé, le journal ne vivra que
par les dons que : les chrétiens amis de la
Vérité auront à cœur, de nous faire parve
nir, afin d’en assurer le tirage. Cela nous
permettra comme l’a annoncé le Seigneur
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reçu gratuitement , ctonnez-U gratuitement.
C. HÉBERT.
INFAWIESJOCIALES
Pauvres Mousses !
Dans ma conférence sur le Prolétariat
maritim», — l’hiver dernier, à l’Université
populaire de Rennes, et à Saint-Brieuc, —
j’ai dit quelques mots du sort des mousses
à bord de nos navires de commerce, en par
ticulier sur nos bâtiments Islandais et Ter
reiteuriers. Mai* faute de t-;mps, je n'ai pu
qu’esquisser ce côté horrible d’un tableau
général naturellement sombre. J’ai cité,
d’après l’excellent livre de M. Le Gollic
(Sur la côte, Cens de mer; 1897, Colin,
édit., in-12), le cas du mousse du Baucis,
<« martyrisé par le subrécargoe, déchiqueté,
les os rompus ; celui d'un autre* «• qui
pour un- mot, pour un geste, lut empoi
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fourneau de la cambuse, qui s’en échappa
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dessus bord en hurlant de douleur. »
J'ai lu aussi deux pages de « Pêcheurs de
Terre-Neuve», l’émouvant récit anonyme
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l'enseignement secondaire, — jadis mousse,
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viers. Voici ces pages :
... Ce jour-là, toutes les chaloupes re
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Vers la fin on est obligé do me stimuler par
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le pont vers dix heures du malin, il est près
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collation rapide, et pour absorber quantité
de «bonjarons » d’eau-de-vie. Je n’ai plus la
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« Je gagne péniblement mon grabat où
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me suit en dormant. Mes deux ou trois
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« Il n’est pas trois heures du matin qu’il
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douleurs, je me traîne avec les autres pour
boire une gorgée d’eau de feu, qui est aussi
une gorgée d’oubli.
« Je descends dans la cale, où il faut rem
plir les mannes à boëtte (appât) et pour
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matin même, comme il s’était déclaré inca
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botte sur le ventre. « Frappez plus fort,
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suite, je ne demande plus autre chose. »
Enfin on le laissa. Lorsque les chaloupes
revinrent, il était mort ».
Direz vous, cher lecteur que je cite des
faits exceptionnels ? Alors lisez attentive
ment ce qui va suivre.
Cette année même, M. Léopold Aujar,
qui fut, lui aussi, mousse, novice et mate
lot, mais sur de longs courriers, M. Aujar,
dis je, a publié, dans la Grande Uevue , en
avril, un courageux article « Pour nos
mousses » ; puis, il y a quelques semaines,
chez Fasquelle, un premier volume de sou
venirs dans lequel il raconte les premiers
mois de sa vie de mousse. A la suite de
ces publications, quelques journaux en ont
reproduit des extraits avec des commen-
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néral et les mousses en particulier. Comme
dit M, Aujar :
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sont responsables et peuvent être poursui
vis conformément à la loi. » — « Mais...
allez donc vous plaindre !... A moins qu’il
ne « porte les marques», qui croirait un
polit mousse ?»
D’ailleurs, le Code pénal de la marine
marchande !... Ah 1 l’édifiant chapitre que'
je lui réserve ' et à la composition des tri
bunaux maritimes! et à l’application de ce
Code !
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