Titre : L'Universel : l'Évangile c'est la liberté ! / direction H. Huchet
Auteur : Mouvement pacifique chrétien de langue française. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1931-10-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32885496v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 octobre 1931 01 octobre 1931
Description : 1931/10/01-1931/12/31. 1931/10/01-1931/12/31.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4565318x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-45090
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2017
33°'ANNÉE
mu*
trimestriel
9
U SI F ER SEL
Fondé en 1898, supprimé par la censure militaire pendant la Guerre mondiale
Mouoement Pacifique Chrétien
« l’internationale de l’amour »
CONSEIL :
M me Henriette DUMESNIL-HUCHET, Secrétaire du Journal et du M. P C.
Pasteur Frédéric BONHOMME, Wilhem SCHWARZ, Henri NADEL, Pasteur Marcel BOURQUIN,
Henri SCHMITT, Louis GUÉTANT, Gaston MORMAL, Charles HAUS,
Miss P. H. PECKOVER, Claire GÉNIAUX, Mme MARFURT-TORFS,
M me R. MEYNARD-WIEDMER, A. STILMANT-OFFERS, A.-C. LUYTEN-BLOCK.
Les articles n?engagent que la responsabilité des rédacteurs.
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
Président d'Honneur : Rév. Docteur M. J. ELLIOTT
ADMINISTRATION :
Abonnement
:
Chèques postaux :
Un an
5 francs.
Docteur Marius DUMESNIL
Le numéro
O fr. 50
PARIS re° 217.31
11
38, Avenue Marceau, COURBEVOIE (Seine). Réceptions de 2 h. à 5 h. : Mardi, Jeudi, Samedi.
Souscriptions :
Membre adhérent 1 O francs.
Membre actif 20 francs.
Membre militant.... 50 francs
NOTRE TEMPS
Tel qu’il est, incertain, chaotique, vi
cieux, vieux jusqu’au délabrement et
pourtant jeune, comme l’enfant qui dort
encore dans le ventre maternel, j’aime
ce temps de l’après-guerre, et à l’immense
cortège de plaignants qu’il entraîne je
refuse de me joindre.
Est-il taré parce qu’il ne ressemble
pas aux temps qui furent ? Oui, je le
sais, les sourds de mon enfance ne man
quaient pas le sermon du dimanche et à
présent les jeunes, à l’ouïe fine, n’ont
d’oreille que pour le jazz. Je vois mourir
beaucoup d’honorables choses an milieu
de l’indifférence absolue : c’est le respect
des classiques, celui des églises, des pré
lats, des vieux ; ce sont des villes hier
peuplées et prospères qui s’endorment
dans la mort au milieu de leurs impériaux
souvenirs. On ne trouve plus Eulenspiegel
à la kermesse, Shakespeare n’a plus d’au
diteurs, Molière embourgeoisé n’est guère
vivant que dans la mémoire des lettrés,
des médecins, des avocats et des juges...
et tout le monde manque de tenue, même
la musique. Cette déesse qui a déménagé
de son temple, s’en va maintenant, comme
une gueuse, parler à tout le monde et
s’installer n’importe ou ; elle mange à
toutes les tables ; les jeunes gens se
couchent et se lèvent avec elle ; ce n’est
pas convenable. Ees prêtres qui la ser
vaient doctement dans le mystère du
temple, frémissent d’indignation mais
ne parviennent pas à la faire rentrer : le
Monde est maintenant sa Boîte à Musique !
Sous les porches des cathédrales ogi
vales, sous les plafonds à caissons des
châteaux renaissance, défilent par petits
groupes, les amateurs de vitraux, d’art
médiéval, de lucarnes blasonnées et de
fenêtres à meneaux. Mais sur la place
de l’église, une foule bruyante, compacte,
jacassante et mal odorante, canalisée,
avec peine, par des agents, attend l’ou
verture de la porte du cinéma. Elle tourne
le dos à l’imagerie de pierre et de verre
de ses ancêtres et se rue vers les images
de son siècle, lumineuses, mouvantes,
innombrables, impalpables et vivantes,
qu’elle regarde sur l’écran, ce livre qui
n’a qu’une page blanche géante pour ses
milliers d’images magiques.
Hier : art dense, limité, localisé, sta
tique ; aujourd’hui : cinéma, T. S. F.,
télévision, impondérabilité, élévation,
plafonds à 16.000 mètres d’altitude,
temples sans murs, omniprésence, dy
namisme, intangibilité. Ce fleuve d’images,
cette marée de sons emportent la foule
pâmée et le roi des instruments, celui dont
la voix céleste ne s’élevait que dans les
temples, chante, à présent aussi, dans les
cinémas. Profanation ? non, symbolisme.
Ees peuples cherchent à tâtons leur
grande âme collective. Eglises et partis
n’offrent qu’un pain rassis couvert de
la poussière des ans et qui pourrait vivre
toujours de conserves ? En ces temps
où la voix d’un seul homme s’entend au
même instant sur toute l’étendue de la
terre, comment croire encore à la sain
teté exclusive d’un bâtiment, l’église ?
Ea religion aussi comme la musique sort
de son temple et toute la terre est le lieu
saint qu’habite la divinité. Impossible l
vieux mot que l’on ne comprend plus.
Je vois les églises transformées en musée
ou démolies, qui ne seront jamais rem
placées et la science qui vient au secours
de l’adoration en Esprit et en Vérité.
Nos regards se tournent vers l’avenir
aucun des anciens arts ne peut exprimer
les temps qui commencent ; seules les
récentes découvertes permettent d’avoir
foi dans la naissance d’un art nouveau
qui, tout en participant de tous les autres,
sera davantage et autre chose : humain
et cosmique, réel et fictif, vivant et im
mortel, qui sera forme, couleur, mouve
ment et son, une synthèse puissante, un
art de vibration qui succédera à celui
de la contemplation. Dans cet art-là,
les peuples se reconnaîtront et façonne
ront leur nouvelle âme collective.
Oue l’abjection on l’absurdité du ci
néma actuel ne nous cachent pas ses
possibilités ; que les noms de Fabst,
Eisenstein et Ruttmann soient salués
comme ceux de pionniers d’un nouvel
âge. C’est à l’église immatérielle des
peuples de toute race que travaillent
aussi ces metteurs en scène qui tournent
leur vision géniale de la peine et de la
grandeur des hommes, sans se laisser
décourager par la bêtise, la vulgarité et
la sensualité du cinéma des vedettes
au sourire niais. I v a sculpture a eu Michel-
Ange, la peinture Giotto, la musique
Mozart, le drame Shakespeare, la comé
die Molière, la danse Isadora, nous atten
dons maintenant le génie de l’écran,
non pas Chaplin, le solitaire devancier,
mais celui qui créera le drame cosmique
actuel et fera déferler des ondes de joie
nouvelle sur toute la surface du globe,
abattra les murs romains de notre vision
et permettra à nos regards d’embrasser
la terre entière.
Laboratoires, studios, chambres des
sages, lieux sacrés où les mêmes forces
coulées en des moules différents tra
vaillent à la construction d’un monde
plus intelligent et fraternel.
Henriette DUMESNIE-HUCHET.
INITIATIVE
Pour une police
internationale
Réponse à M. J. CHATEAUTÉBAUD
les carac-
d’agents
Des amis nous prient de respecter scrupu
leusement le droit d’opinion dans l'Universel,
comme il est mentionné dans la manchette :
Les articles n'engagent que la respon
sabilité des rédacteurs.
Règle générale : nous accueillons, impartia
lement toutes les initiatives de nos militants,
seul un veto de cinq membres internationaux
peut limiter le droit des auteurs. Encore que
ceux-ci peuvent toujours faire appel à un
referendum du M. P. C. Mais nous pensons
que la critique mondaine et les questions
sociales ne doivent pas dépasser le cadre des
Echos et de la Bibliographie , comme étant,
le plus souvent, étrangères au pacifisme bien
qu’intéressantes pour l’humanité.
Proposition de loi du député Georges Richard
L’article ig3 du Code de justice militaire est com
plété ainsi qu’il suit :
« Toutefois n’est pas considéré comme insoumis
celui qui, en temps de paix et au moins trente mois
avant la conscription a déclaré professer des doctrines
philosophiques ou religieuses interdisant de partici
per à une guerre quelle qu’elle soit.
« L’objecteur de conscience » devra prendre l’enga
gement d’accepter tout travail ou toute fonction
n’ayant pas la guerre pour objet, et ce, pendant une
cfitrée égale à celle du service militaire auquel il au
rait été légalement astreint, il devra également prou
ver qu’il appartient à une organisation de résistants
à la guerre depuis au moins trente mois avant son
incorporation. »
Tojt d’abord, grand merci d’avoir bien
voulu répondre à mes articles du 2 e et 3 e
trimestre.
Vous exprimez vos préférences pour une
armée (supra-nationale) de VOLONTAIRES
comme celle de nos amis anglo-saxons et
de nos camarades austro-allemands. Ou
encore, pour une milice internationale, genre
suisse, composée de citoyens soldats, et
sans officiers de carrière.
Question de détail, n’est-il pas vrai ?
Y a-t-il vraiment une différence entre
votre manière de voir et la mienne ? Pas
que je sache (sauf, peut-être, que votre
choix n’est pas fait, entre le VOLONTA
RIAT et le service militaire obligatoire.)
J’ai dit : « Le recrutement des agents su
balternes s’inspirerait de celui des polices de
nos grandes villes. (Conditions d’admission
en conséquence plus rigoureuses que pour
es volontaires de carrière des armées
actuelles. »)
En somme, ceci tend à faire disparaître
tout ce qui rappelle l’armée et à donner
a nouvelle organisation préconisée
tères d'une POLICE formée
conscients de la noblesse de leurs devoirs
envers la S. D. N. Des instructeurs spé
ciaux, des pédagogues, des apôtres de la
solidarité humaine, devraient, au surplus,
poursuivre l’éducation et l’instruction de ces
troupes supra-nationales.
: La milice internationale devrait être
composée, dites-vous, d’un « pourcentage
national selon le chiffre de la population à
défendre. »
Je n’y vois, pour ma part aucun inconvé
nient.
Mais, je ne vois pas non plus pour quels
motifs il serait indispensable que, parmi
les troupes internationales, il y eût beaucoup
plus de Russes que d’Allemands, plus
d’Allemands que de Français, beaucoup
plus de Français que de Suisses, etc... Le
chiffre de la population doit-il compter
pour établir la SUPÉRIORITÉ d’un pays?
Toutefois brisons là : lorsque des troubles
éclatent à Bruxelles, je ne demande pas
si les soldats (ou les gendarmes) qui débar
quent pour rétablir l’ordre sont, en majorité ,
originaires d’Ostende, ou d’Anvers, ou d’Ar-
lon, ou d’ailleurs. Et eux-mêmes ne se le
demandent jamais, je pense...
Disons donc que seules devraient être
prises en considération : le savoir, la mora
lité (mettons même la question moralité en
tête..,) et les qualités de cœur des candidats
aux postes de 1’ « Europolice ».
En vérité, pourquoi ne viendraient-ils
pas ?...
Voici : deux hommes échangent des pro
pos aigres-doux; le ton de leur « conversa
tion » s’élève et leur fait monter le sang à la
tête... Déjà l’un deux lève le bras, veut
frapper... Mais les passants se précipitent,
s'interposent. Voilà les adversaires séparés.
Ces passants ne se sont pas occupés du point
de savoir lequel des deux antagonistes avait
tort. Ils ne se sont pas souciés non plus
d’examiner lequel des deux allait frapper
l’autre.
Pourquoi dites-le moi, parmi ces pas
sants, n’y aurait-il pas d’objecteurs de cons
cience ?...
A vouloir ainsi SEPARER deux frères
ennemis (ennemis pour le quart d’heure) on
risque bien d’attraper quelques coups. Noble
tâche. Et qui pourrait bien tenter quelques
objecteurs de conscience, si j’en crois ce que
je lis dans « La Percée » de Runham
Brown. « Le résistant à la guerre résistera
à l’incorporation dans l’armée rouge exacte
ment comme il résiste à l’incorporation dans
l’armée blanche ».
(C’est bien ce que je disais à propos des
deux adversaires : le résistant ne s’inquiète
pas de déterminer lequel des deux a braqué
l’arme le PREMIER).
Ecoutons la suite : « En fait, il ne prendra
aucune part à aucune violence armée orga
nisée. Toutefois, très peu de résistants à la
guerre se contenteront de la neutralité dans
une lutte où leur idéal final est en jeu. La
résistance à la guerre est un moyen de réa
liser cet idéal, non une manière d'éviter de
prendre part à la lutte . » (Je signale que
c’est moi qui ai souligné ce texte...)
Séparer deux messieurs qui, de méchante
humeur, veulent en découdre; — se mettre
entre eux; — risquer parfois, de recevoir
des coups qui ne vous sont d’ailleurs pas
destinés : si pareille tâche est susceptible de
plaire à certains Résistants à la Guerre ou
à quelques objecteurs de consciences, qu’ils
viennent.
Mais il n’entre nullement dans mes inten
tions de les contraindre. Je crois avoir été
assez explicite à ce sujet.
AU MOINS puis-je (peut-être) espérer
qu’on ne vouera pas à tous les diables de
l’enfer (parce que n’obéissant pas à la loi du
Christ...) les passants courageux et d’initia
tive qui, au lieu de suivre, de loin, les mains
dans les poches, un combat singulier, se
seront précipités et auront évité, par leur
INTERVENTION, une bataille en règle..,
et, peut-être, la mort d’un homme...
EUROPOLICE.
mm
mm
Un livre d or de la Paix
à M. Aristide Briand
Quant à l’Objection de Conscience : ce
problème se pose-t-il en l’occurence ? Vous
parlez d’une armée de VOLONTAIRES.
Et moi d’une police — évidemment aussi
formée de VOLONTAIRES; — on ne de
vient pas policier contre son gré.
Mais, s’il se présente aux bureaux d’en
rôlements des objecteurs de conscience
désireux de se dévouer, il n’entre pas
dans mes intentions de dédaigner leur con
cours.
Qu’ils viennent...
Un livre d’or de la Paix vient d’être remis
à M. Aristide Briand.
L’initiative de la chose a été prise par un
groupe d’anciens combattants et d’ouvriers
de Bordeaux.
Plus de trois millions de Français ont
donné leur adhésion en signant ce livre à la
politique de Paix de M. Briand.
Les élections législatives de iç 32 prouve
ront au monde que le peuple français est de
cœur et d’âme avec celui qui incarne la
bonne volonté à l’égard des hommes.
Les bellicistes de toutes les nations seront
alors jugés selon leurs œuvres de haine.
Encore un an et Aristide sera vainqueur,
plus que vainqueur!
mu*
trimestriel
9
U SI F ER SEL
Fondé en 1898, supprimé par la censure militaire pendant la Guerre mondiale
Mouoement Pacifique Chrétien
« l’internationale de l’amour »
CONSEIL :
M me Henriette DUMESNIL-HUCHET, Secrétaire du Journal et du M. P C.
Pasteur Frédéric BONHOMME, Wilhem SCHWARZ, Henri NADEL, Pasteur Marcel BOURQUIN,
Henri SCHMITT, Louis GUÉTANT, Gaston MORMAL, Charles HAUS,
Miss P. H. PECKOVER, Claire GÉNIAUX, Mme MARFURT-TORFS,
M me R. MEYNARD-WIEDMER, A. STILMANT-OFFERS, A.-C. LUYTEN-BLOCK.
Les articles n?engagent que la responsabilité des rédacteurs.
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
Président d'Honneur : Rév. Docteur M. J. ELLIOTT
ADMINISTRATION :
Abonnement
:
Chèques postaux :
Un an
5 francs.
Docteur Marius DUMESNIL
Le numéro
O fr. 50
PARIS re° 217.31
11
38, Avenue Marceau, COURBEVOIE (Seine). Réceptions de 2 h. à 5 h. : Mardi, Jeudi, Samedi.
Souscriptions :
Membre adhérent 1 O francs.
Membre actif 20 francs.
Membre militant.... 50 francs
NOTRE TEMPS
Tel qu’il est, incertain, chaotique, vi
cieux, vieux jusqu’au délabrement et
pourtant jeune, comme l’enfant qui dort
encore dans le ventre maternel, j’aime
ce temps de l’après-guerre, et à l’immense
cortège de plaignants qu’il entraîne je
refuse de me joindre.
Est-il taré parce qu’il ne ressemble
pas aux temps qui furent ? Oui, je le
sais, les sourds de mon enfance ne man
quaient pas le sermon du dimanche et à
présent les jeunes, à l’ouïe fine, n’ont
d’oreille que pour le jazz. Je vois mourir
beaucoup d’honorables choses an milieu
de l’indifférence absolue : c’est le respect
des classiques, celui des églises, des pré
lats, des vieux ; ce sont des villes hier
peuplées et prospères qui s’endorment
dans la mort au milieu de leurs impériaux
souvenirs. On ne trouve plus Eulenspiegel
à la kermesse, Shakespeare n’a plus d’au
diteurs, Molière embourgeoisé n’est guère
vivant que dans la mémoire des lettrés,
des médecins, des avocats et des juges...
et tout le monde manque de tenue, même
la musique. Cette déesse qui a déménagé
de son temple, s’en va maintenant, comme
une gueuse, parler à tout le monde et
s’installer n’importe ou ; elle mange à
toutes les tables ; les jeunes gens se
couchent et se lèvent avec elle ; ce n’est
pas convenable. Ees prêtres qui la ser
vaient doctement dans le mystère du
temple, frémissent d’indignation mais
ne parviennent pas à la faire rentrer : le
Monde est maintenant sa Boîte à Musique !
Sous les porches des cathédrales ogi
vales, sous les plafonds à caissons des
châteaux renaissance, défilent par petits
groupes, les amateurs de vitraux, d’art
médiéval, de lucarnes blasonnées et de
fenêtres à meneaux. Mais sur la place
de l’église, une foule bruyante, compacte,
jacassante et mal odorante, canalisée,
avec peine, par des agents, attend l’ou
verture de la porte du cinéma. Elle tourne
le dos à l’imagerie de pierre et de verre
de ses ancêtres et se rue vers les images
de son siècle, lumineuses, mouvantes,
innombrables, impalpables et vivantes,
qu’elle regarde sur l’écran, ce livre qui
n’a qu’une page blanche géante pour ses
milliers d’images magiques.
Hier : art dense, limité, localisé, sta
tique ; aujourd’hui : cinéma, T. S. F.,
télévision, impondérabilité, élévation,
plafonds à 16.000 mètres d’altitude,
temples sans murs, omniprésence, dy
namisme, intangibilité. Ce fleuve d’images,
cette marée de sons emportent la foule
pâmée et le roi des instruments, celui dont
la voix céleste ne s’élevait que dans les
temples, chante, à présent aussi, dans les
cinémas. Profanation ? non, symbolisme.
Ees peuples cherchent à tâtons leur
grande âme collective. Eglises et partis
n’offrent qu’un pain rassis couvert de
la poussière des ans et qui pourrait vivre
toujours de conserves ? En ces temps
où la voix d’un seul homme s’entend au
même instant sur toute l’étendue de la
terre, comment croire encore à la sain
teté exclusive d’un bâtiment, l’église ?
Ea religion aussi comme la musique sort
de son temple et toute la terre est le lieu
saint qu’habite la divinité. Impossible l
vieux mot que l’on ne comprend plus.
Je vois les églises transformées en musée
ou démolies, qui ne seront jamais rem
placées et la science qui vient au secours
de l’adoration en Esprit et en Vérité.
Nos regards se tournent vers l’avenir
aucun des anciens arts ne peut exprimer
les temps qui commencent ; seules les
récentes découvertes permettent d’avoir
foi dans la naissance d’un art nouveau
qui, tout en participant de tous les autres,
sera davantage et autre chose : humain
et cosmique, réel et fictif, vivant et im
mortel, qui sera forme, couleur, mouve
ment et son, une synthèse puissante, un
art de vibration qui succédera à celui
de la contemplation. Dans cet art-là,
les peuples se reconnaîtront et façonne
ront leur nouvelle âme collective.
Oue l’abjection on l’absurdité du ci
néma actuel ne nous cachent pas ses
possibilités ; que les noms de Fabst,
Eisenstein et Ruttmann soient salués
comme ceux de pionniers d’un nouvel
âge. C’est à l’église immatérielle des
peuples de toute race que travaillent
aussi ces metteurs en scène qui tournent
leur vision géniale de la peine et de la
grandeur des hommes, sans se laisser
décourager par la bêtise, la vulgarité et
la sensualité du cinéma des vedettes
au sourire niais. I v a sculpture a eu Michel-
Ange, la peinture Giotto, la musique
Mozart, le drame Shakespeare, la comé
die Molière, la danse Isadora, nous atten
dons maintenant le génie de l’écran,
non pas Chaplin, le solitaire devancier,
mais celui qui créera le drame cosmique
actuel et fera déferler des ondes de joie
nouvelle sur toute la surface du globe,
abattra les murs romains de notre vision
et permettra à nos regards d’embrasser
la terre entière.
Laboratoires, studios, chambres des
sages, lieux sacrés où les mêmes forces
coulées en des moules différents tra
vaillent à la construction d’un monde
plus intelligent et fraternel.
Henriette DUMESNIE-HUCHET.
INITIATIVE
Pour une police
internationale
Réponse à M. J. CHATEAUTÉBAUD
les carac-
d’agents
Des amis nous prient de respecter scrupu
leusement le droit d’opinion dans l'Universel,
comme il est mentionné dans la manchette :
Les articles n'engagent que la respon
sabilité des rédacteurs.
Règle générale : nous accueillons, impartia
lement toutes les initiatives de nos militants,
seul un veto de cinq membres internationaux
peut limiter le droit des auteurs. Encore que
ceux-ci peuvent toujours faire appel à un
referendum du M. P. C. Mais nous pensons
que la critique mondaine et les questions
sociales ne doivent pas dépasser le cadre des
Echos et de la Bibliographie , comme étant,
le plus souvent, étrangères au pacifisme bien
qu’intéressantes pour l’humanité.
Proposition de loi du député Georges Richard
L’article ig3 du Code de justice militaire est com
plété ainsi qu’il suit :
« Toutefois n’est pas considéré comme insoumis
celui qui, en temps de paix et au moins trente mois
avant la conscription a déclaré professer des doctrines
philosophiques ou religieuses interdisant de partici
per à une guerre quelle qu’elle soit.
« L’objecteur de conscience » devra prendre l’enga
gement d’accepter tout travail ou toute fonction
n’ayant pas la guerre pour objet, et ce, pendant une
cfitrée égale à celle du service militaire auquel il au
rait été légalement astreint, il devra également prou
ver qu’il appartient à une organisation de résistants
à la guerre depuis au moins trente mois avant son
incorporation. »
Tojt d’abord, grand merci d’avoir bien
voulu répondre à mes articles du 2 e et 3 e
trimestre.
Vous exprimez vos préférences pour une
armée (supra-nationale) de VOLONTAIRES
comme celle de nos amis anglo-saxons et
de nos camarades austro-allemands. Ou
encore, pour une milice internationale, genre
suisse, composée de citoyens soldats, et
sans officiers de carrière.
Question de détail, n’est-il pas vrai ?
Y a-t-il vraiment une différence entre
votre manière de voir et la mienne ? Pas
que je sache (sauf, peut-être, que votre
choix n’est pas fait, entre le VOLONTA
RIAT et le service militaire obligatoire.)
J’ai dit : « Le recrutement des agents su
balternes s’inspirerait de celui des polices de
nos grandes villes. (Conditions d’admission
en conséquence plus rigoureuses que pour
es volontaires de carrière des armées
actuelles. »)
En somme, ceci tend à faire disparaître
tout ce qui rappelle l’armée et à donner
a nouvelle organisation préconisée
tères d'une POLICE formée
conscients de la noblesse de leurs devoirs
envers la S. D. N. Des instructeurs spé
ciaux, des pédagogues, des apôtres de la
solidarité humaine, devraient, au surplus,
poursuivre l’éducation et l’instruction de ces
troupes supra-nationales.
: La milice internationale devrait être
composée, dites-vous, d’un « pourcentage
national selon le chiffre de la population à
défendre. »
Je n’y vois, pour ma part aucun inconvé
nient.
Mais, je ne vois pas non plus pour quels
motifs il serait indispensable que, parmi
les troupes internationales, il y eût beaucoup
plus de Russes que d’Allemands, plus
d’Allemands que de Français, beaucoup
plus de Français que de Suisses, etc... Le
chiffre de la population doit-il compter
pour établir la SUPÉRIORITÉ d’un pays?
Toutefois brisons là : lorsque des troubles
éclatent à Bruxelles, je ne demande pas
si les soldats (ou les gendarmes) qui débar
quent pour rétablir l’ordre sont, en majorité ,
originaires d’Ostende, ou d’Anvers, ou d’Ar-
lon, ou d’ailleurs. Et eux-mêmes ne se le
demandent jamais, je pense...
Disons donc que seules devraient être
prises en considération : le savoir, la mora
lité (mettons même la question moralité en
tête..,) et les qualités de cœur des candidats
aux postes de 1’ « Europolice ».
En vérité, pourquoi ne viendraient-ils
pas ?...
Voici : deux hommes échangent des pro
pos aigres-doux; le ton de leur « conversa
tion » s’élève et leur fait monter le sang à la
tête... Déjà l’un deux lève le bras, veut
frapper... Mais les passants se précipitent,
s'interposent. Voilà les adversaires séparés.
Ces passants ne se sont pas occupés du point
de savoir lequel des deux antagonistes avait
tort. Ils ne se sont pas souciés non plus
d’examiner lequel des deux allait frapper
l’autre.
Pourquoi dites-le moi, parmi ces pas
sants, n’y aurait-il pas d’objecteurs de cons
cience ?...
A vouloir ainsi SEPARER deux frères
ennemis (ennemis pour le quart d’heure) on
risque bien d’attraper quelques coups. Noble
tâche. Et qui pourrait bien tenter quelques
objecteurs de conscience, si j’en crois ce que
je lis dans « La Percée » de Runham
Brown. « Le résistant à la guerre résistera
à l’incorporation dans l’armée rouge exacte
ment comme il résiste à l’incorporation dans
l’armée blanche ».
(C’est bien ce que je disais à propos des
deux adversaires : le résistant ne s’inquiète
pas de déterminer lequel des deux a braqué
l’arme le PREMIER).
Ecoutons la suite : « En fait, il ne prendra
aucune part à aucune violence armée orga
nisée. Toutefois, très peu de résistants à la
guerre se contenteront de la neutralité dans
une lutte où leur idéal final est en jeu. La
résistance à la guerre est un moyen de réa
liser cet idéal, non une manière d'éviter de
prendre part à la lutte . » (Je signale que
c’est moi qui ai souligné ce texte...)
Séparer deux messieurs qui, de méchante
humeur, veulent en découdre; — se mettre
entre eux; — risquer parfois, de recevoir
des coups qui ne vous sont d’ailleurs pas
destinés : si pareille tâche est susceptible de
plaire à certains Résistants à la Guerre ou
à quelques objecteurs de consciences, qu’ils
viennent.
Mais il n’entre nullement dans mes inten
tions de les contraindre. Je crois avoir été
assez explicite à ce sujet.
AU MOINS puis-je (peut-être) espérer
qu’on ne vouera pas à tous les diables de
l’enfer (parce que n’obéissant pas à la loi du
Christ...) les passants courageux et d’initia
tive qui, au lieu de suivre, de loin, les mains
dans les poches, un combat singulier, se
seront précipités et auront évité, par leur
INTERVENTION, une bataille en règle..,
et, peut-être, la mort d’un homme...
EUROPOLICE.
mm
mm
Un livre d or de la Paix
à M. Aristide Briand
Quant à l’Objection de Conscience : ce
problème se pose-t-il en l’occurence ? Vous
parlez d’une armée de VOLONTAIRES.
Et moi d’une police — évidemment aussi
formée de VOLONTAIRES; — on ne de
vient pas policier contre son gré.
Mais, s’il se présente aux bureaux d’en
rôlements des objecteurs de conscience
désireux de se dévouer, il n’entre pas
dans mes intentions de dédaigner leur con
cours.
Qu’ils viennent...
Un livre d’or de la Paix vient d’être remis
à M. Aristide Briand.
L’initiative de la chose a été prise par un
groupe d’anciens combattants et d’ouvriers
de Bordeaux.
Plus de trois millions de Français ont
donné leur adhésion en signant ce livre à la
politique de Paix de M. Briand.
Les élections législatives de iç 32 prouve
ront au monde que le peuple français est de
cœur et d’âme avec celui qui incarne la
bonne volonté à l’égard des hommes.
Les bellicistes de toutes les nations seront
alors jugés selon leurs œuvres de haine.
Encore un an et Aristide sera vainqueur,
plus que vainqueur!
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.24%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.24%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k4565318x/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k4565318x/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k4565318x/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k4565318x
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k4565318x
Facebook
Twitter